Excusez-moi, Sierra. Je suis maladroit, souffle-t-il rapidement, un peu rouge à cause de ce côté gauche chez lui. Mais la brune rit rapidement de tout ça, et il force un sourire sans pouvoir chasser ce malaise qui est le sien. Il ne peut pas se voir dans un miroir, alors il fera confiance en la jeune femme pour la suite, il n'a pas vraiment le choix de toute façon. S'il reste un temps comme ça, c'est elle qui entame un semblant de conversation. Oui, plutôt, répond-t-il. Doit-il énuméré ?

Probablement, sinon, la question est un peu légère pour les attentes qu'elle doit avoir. J'ai un fils, qui lui même a un enfant, ma petite fille donc. Et trois enfants en bas age que j'ai eu avec ma... Femme, difficile de savoir comment qualifier Tasya, qui s'échine depuis son retour à ne pas vouloir être quoi que ce soit avec lui. Dommage, alors qu'ils ont eu des enfants ensemble, des enfants qui ont besoin d'eux. Jacob a l'impression que c'est un cauchemar qui se répète. Eva, Elio et Alba, énumère-t-il.

Il aime chacun avec toute la force qu'il a en lui. Il essaie de les préserver de l'ambiance triste de leur foyer. Mais entre l'envie de fuir Tasya, et celle de ses protéger, il est aussi déchiré. Parce qu'il semble impossible de pouvoir faire les deux pour l'instant. En tout cas, ça essaie, répond-t-il en se laissant manipuler par Sierra, quand elle lui demande de se redresser, de pencher la tête, et tout ça. Quelques mois auparavant, ça aurait été un mensonge, ou la forme d'une prison dorée, explique-t-il.

Mais les changements avec ce groupe sont déjà visible, même si on a du mal à y croire tout de suite, c'est une évidence pour qui sait regarder un peu mieux que ça. Il soupire en se laissant toujours faire : Mais depuis que le Grand Général Phillips a repris la tête du campement, il y a des changements importants, il y fait bon vivre, honnêtement. Et ça n'est pas seulement mu par l'admiration qu'il a pour Armand. Vous comptez repartir, Sierra ?

Pendant que je taille quelques mèches de cheveux, mon client m’énumère sa petite famille. Il a une petite-fille ? J’arque les sourcils, surprise en fait.

- Vous n’avez pas la tête d’un grand-père, mais félicitations. J’ai l’impression que c’est quand même plus rare de nos jours qu’on puisse devenir grands-parents.

C’est un peu la preuve en fait que New Eden est assez bien installé pour ça ? Assez sécuritaire ? Ou alors c’est complètement la merde et les jeunes popent des bébés de partout. Les deux ne sont pas incompatibles non plus.

- Ce sont de jolis prénoms ! Je ne pousse pas trop non plus, car j’ai bien entendu la petite hésitation concernant sa femme.

Est-ce que c’est parce que c’est une nouvelle union ? Parce qu’ils ne s’entendent plus ? Ouh, j’adore les potins, mais j’aime aussi être payé pour le boulot que je fais. Si je le froisse, il risque de se lever et de partir. Du coup, je serai sage pour l’instant.

- Oh ? Il s’est passé un truc pour que ça change aussi rapidement ? Enfin, que ça essaie ?

Prison dorée… Je me demande ce qu’il lui fait dire ça. Comment ça peut être pour qu’on le décrive avec cette expression ? Moi, je sais que ce qu’on m’a dit depuis l’Idaho… du coup, ce qu’on a bien voulu partager sur ce groupe. Kit et Conrad ont décidés de joindre directement, moi j’ai mes réserves. Aller savoir pourquoi. Cette envie aussi de m’assurer que je fais le bon choix. La peur peut-être de me poser et de risquer de m’attacher… D’oublier les dangers… C’est pas clair même dans ma tête.

- Oui. C’est peut-être pas futé, mais je veux voir mes options avant de me poser. J’ai un rire sans joie, comme pour dédramatiser un peu. Cette décision… ça me donne peut-être l’impression d’être plus en contrôle ? Dans ce monde de merde… Vous connaissez un peu l’État Jacob ?

Traduction : est-ce qu’il a des tuyaux pour moi ou est-ce qu’il vit dans sa prison dorée qui est un peu mieux depuis le dénommé Armand ?

- Vous n’avez pas l’air d’un grand-père en tout cas. Ouais, c’est un compliment, je lui aurais pas donné plus de la quarantaine.

Il a peut-être pas plus de la quarantaine non plus cela dit, les grossesses à l’adolescence ça a toujours existé. Qu’il en soit lui-même le fruit et son fils aussi. Bref, je juge pas. C’est peut-être un quinquagénaire sexy aussi ? Ça existe ! J’en ai vu plein avec mon job.

- Que c’est une ville autonome et sécuritaire. Qu’on peut y vivre comme au temps d’avant. Qu’il y a des élections, des boutiques, un hôpital et tout un tas de belles choses qui me semblent trop belles pour être réelles. Il y a une attrape, c’est ça ? Je rigole doucement en le demandant.

Peut-être que j’y crois, peut-être que non. Peut-être que ça me fait un peu peur de revenir au temps d’avant aussi, peut-être que j’ai envie de voir si c’est réellement ici que je souhaite m’installer. Je n’ai pas le droit de visiter et c’est un peu ça qui m’a refroidie. Je les rejoins ou je reste à l’avant-poste. Ça m’a rendu méfiance immédiatement.

J’écoute quand même avec intérêt l’information un peu plus… réaliste que me donne Jacob. Le portrait semble moins rose et je me félicite de mon instinct. « Lois arbitraires et misogynes »… Ça a changé que depuis quelques mois… trop frais à mon goût. Mais un truc me surprend plus que tout.

- Il y a des gens immunisés ?! Je m’arrête carrément dans ma coupe.

Ça chamboule un peu tout ce que je pensais savoir. J’y connais rien en médical et en maladie, je vais même pas prétendre l’inverse, mais jamais en cent ans je me serais imaginé qu’on pouvait être immunisé contre cette merde qui ranime les morts à la vie !

- Ah, comme je vais faire un petit bout de chemin, je veux bien s’il vous plait Jacob. Je reprends ma coupe doucement, tout en écoutant les descriptions qu’il me fera des lieux.

Le plus j’en sais, le mieux c’est à mon avis.

- Et… vous avez quel âge Jacob ? Parce que moi je vous donne pas plus de la quarantaine hein. Peut-être la mi-quarantaine, mais pas plus ! J’ai un grand sourire en disant ça.

Ça m’amuse et ça doit s’entendre dans ma voix. Pour autant, je mens pas cette fois. Je suis sincère ! Ça m’arrive quand même.

Bon, quoi qu’il en soit, je termine la coupe de cheveux et je m’occupe maintenant de tailler la barbe de mon client. Je le laisse parler et répondre à mes questions, j’ai l’habitude de travailler pendant des conversations. Surtout que je ne rase rien, donc ça va. Les ciseaux d’une main, le peigne de l’autre, je lui refais une belle beauté à ce grand-père trop sexy.

Je note bien ce nom : Adonaï. Pas un nom que je connaisse spécialement, mais ça semble être leur ancien leader. Immunisé… pfff, je peux comprendre pourquoi il a été mis sur un piédestal ! Le souci, c’est que si c’est que le seul truc qui détermine si on devient le leader d’une grosse communauté… c’est la merde. N’importe quel con qui a gagné à la loterie génétique obtient un pouvoir de malade d’un coup.

Je suis peut-être immunisée sans le savoir tien ? J’ai pas trop envie de tester cela dit. Du coup, je préfère écouter ce que Jacob veut bien partager avec moi. Comme je reprends la route demain, il vaut mieux que j’en apprenne le plus possible sur les environs.

- Éviter le sud, c’est grave noté. Que je lance en faisant de gros yeux.

Pas du tout envie de tomber sur ces Oblivions. Quelle bande de malades ! Pourquoi les gens sont aussi cinglés sérieux ?! Ils pourraient pas juste voler leur prochain comme des gens normaux ?

- Merci ! Non, sincèrement parce que j’avais dans l’idée d’aller plus au sud…

Je termine la taille de la barbe et je sors une serviette pour tout nettoyer et retirer les cheveux coupés. Hop, je sors un miroir de mon sac et je le tends à mon client.

- Voilà ! Laissez-moi savoir si ça vous va. J’ai raccourci un petit peu vos cheveux, et simplement tailler la barbe, histoire de structurer un peu le tout. Je peux faire des retouches au besoin.