J'ai pas le temps de continuer le débat avec Kaitlyn pour le coup, la discussion se remettra à plus tard, pour l'instant, y'a plus urgent à gérer. La silhouette qu'on a vu se raidit et s'échappe sans que j'ai le temps de tout comprendre. Pas l'occasion de lui tirer dessus et vu le gabarit, y'a de grandes chances pour que ça soit un gamin ou un truc du genre, j'ai pas encore placé l'infanticide sur la liste de mes pêchés, malgré tout ce qu'on en pense. Mais je démarre, plus vite que Kaitlyn que j'imagine sur mes talons, avant de rattraper la petite.

Je lui agrippe le bras et la tire brutalement en arrière, mon autre poigne vient lui cerner les épaules fermement et je l'empêche de ruer en la mobilisant au sol. Elle essaie de se débattre, cela dit, c'est pas ça qui change grand chose. Elle est plus faible que moi, faut dire que je ménage pas mes efforts malgré tout. C'est pas elle néanmoins qui me tire de cet échange mais la voix à côté qui vient me dire de relâcher la petite. Mes yeux se lèvent vers un gosse encore - décidément, c'est le défilé : Moi c'est madame pétasse, petit con !

Je viens foutre la gamine entre lui et moi, la main sur sa gorge, je l'immobilise pour de bon alors que je tire mon couteau de sa place pour venir le placer au niveau de son oeil : Et je te conseille de baisser ton arme si tu veux pas que je lui arrache la gueule, s'il m'en croit pas capable, tout dans mon attitude devrait le convaincre du contraire : Vous venez suffisamment tirer nos réserves pour savoir qu'on est pas des gentils si on vous met la main dessus, que je lui rappelle froidement, dans un grognement mécontent. Alors si tu veux une chance de vous en sortir tous les deux, t'as plutôt intérêt à m'obéir, c'est ma seule proposition qui passera. Et où est Kait, bordel ?

Ou est Kait, bordel? Une chose est certaine c'est qu'elle n'est pas derrière toi, elle semble avoir disparue. Le gamin est tendu, il tremble mais il n'a pas baisser son arme pour autant. C'est un fusil de chasse calibre 12, autant dire que s'il tire à cette distance il va faire un trou large comme une pastèque dans sa sœur et certainement à travers toi aussi. Il est pâle, et ses cheveux blonds lui colle au front. Il est dans le même état que sa sœur, il n'a pas l'air en forme, il semble sale, et sous alimenté. Et, Dieu, mais quel est cette odeur qui se dégage de la fenêtre de l'appartement à laquelle tu fais face. En vérité tu ne tarde pas à comprendre en entendant un grognement caractéristique. Ils ont un macchabée dans leur appartement. Ça ressemble plus à un cauchemar qu'à la réalité. Une brise fait de nouveau bouger les rideaux qui délimite la frontière entre toi et le gamin qui pointe son fusil sur ton visage. Il est à la limite de se pisser dessus mais rassemble son courage.

-"Lâche ma soeur, Madame connasse, ou je te jure que je te bute, tu peux pas t'enfuir, et si tu lui fait du mal..." Mais il n'a pas le temps de finir ses menaces. La porte de l'appartement s'ouvre avec fracas. Tu ne peux pas voir l'entrée de là ou tu te trouve, mais le gosse tourne son flingue dans la direction du bruit. C'est la voix de kaitlyn!

-"Lâche ton flingue petit con, tu braque mon amie. J'hésiterais pas! On peut parler, tu penses pas?" Il n'y a pas de réponse... Le gosse tiens son fusil dans la direction ou doit se trouver Kait et son regard passe de toi à elle avec une terreur lisible. Tu entends juste Kait parler, surement pour elle même... "Putain, c'est quoi ça?"

-"Faites pas de mal à notre grand père!"

La gamine à cessé de résister, comme si elle comprenait la situation mieux que son frère. Ses petites mains enserre la tienne que tu maintien sur sa gorge et elle gémit.

-"Pitié m'dame, on l'fera plus."
-"Tais-toi Elona, je gères..."

Spoiler:

Tu ferais mieux de rester tranquille, que je siffle d'une voix menaçante, en rivant sur ce sale gamin un regard acéré. Je vais l'enculer à ce rythme, et j'y prendrais du plaisir. Kaitlyn, il est flippé, garde-le en joue... Je sais pas où elle est embusquée, je parviens pas à l'entendre et à discerner sa présence, mais je sais qu'elle est là, c'est déjà un bon début. Un soupir m'échappe alors que je vais pour avancer, quand la situation bascule.

Le gamin essaie de tirer en direction du plafond, et une salve part plus vite pour le toucher à la jambe. Bam ! Je sursaute, ramène la gamine contre moi qui hurle, le mort s'agite encore plus en grognant plus fort. En bref, c'est la merde ! Putain ! Le gamin en a lâché son arme et s'est retrouvé au sol, brusquement, il crit de douleur en pissant le sang. Allez, pousse-toi, je bouscule la petit, pour m'avancer.

Il est méfiant, essaie de me repousser mais mes gestes sont brusques alors que je l'en empêche. Je suis plus forte que lui de toute façon, et là, c'est moi qui décide : Si tu veux pas perdre ta jambe, tu me laisses faire, petit con ! C'est suffisant pour le convaincre apparemment, d'autant que je viens compresser fermement sa plaie par balle, sans ménager sa douleur. Oui, je suis pas tendre, mais ils m'emmerdent. Je scrute autour de moi, à la recherche d'une autre menace.

Après coup, je me sers d'une ceinture pour parvenir à faire un garot, ou en tout cas, une compresse suffisante. On verra quand ça sera plus clean pour le conduire à Em. On arrête l'hémorragie, que je souffle, avant de lui coller une sale taloche sur la tempe : Pourquoi vous gardez un putain de mort-vivant avec vous ?! Il est pâle comme un cul, fébrile comme pas deux. Normal, après s'être fait tirer dessus, on est rarement bien. Vous voulez crever de quelle maladie, hein ?! Ces gosses sont inconscients...

-"Moi ça va, merci. Pas de problème." Je me redresse en époussetant la platre qui est tombé sur moi. Deux coups de fusil. Le premier à laissé un trou large comme un ballon de foot à quelques centimètres de ma tête, dans le mur à ma gauche, tandis que l'autre à crevé le plafond au dessus de moi. Pendant un moment, j'ai cru que j'étais morte. Finalement plus de peur que de mal, sauf que le gamin est blessé. Je ne voulais pas le tuer, j'ai visé dans la jambe en espérant toucher au bon endroit. J'espère juste que la balle à traversé et n'a pas sectionner une artère. Yulia à réagit rapidement et fait exactement ce qu'il fallait, enfin je crois. Je me relève, récupère mon arme et vérifie que tout soit en place. Mon amie est en train de terminer le garrot sur la jambe du gosse. La petite est entrée dans l'appartement, et observe, par dessus l'épaule de Yulia, ce qu'elle trafique, jusqu'à ce qu'elle les questionne au sujet du mordeur sanglé au matelas. Au moment ou Yulia tourne son attention vers lui, la gosse se précipite pour faire barrage de son corps, les bras en croix comme un christ protecteur.

-"Lui faites pas d'mal, c'est not'e Papy." Quel âge elle a? Six ou huit ans? Et lui, dix, douze? Je repense à notre affaire avec Jo lorsque l'on a visité la distillerie. Je ne peux m'empêcher d'éprouver de la peine pour les deux gosses, livrés à eux même, seuls, ici, certainement trop effrayés et trop conscient du danger pour s’approcher d'adultes qu'ils ne connaissent pas. Le gosse, toujours allongé dans sa mare de sang, le teint pâle et de large cernes sous les yeux regarde Yulia comme s'il comprenait que c'est elle qui va décider de leurs destins. Dans le monde dans lequel nous vivons, rien n'est écrit à l'avance, et je l'imagine envisager les possibilités: Esclaves, Esclaves sexuels, repas de choix pour cannibales, chair à saucisse pour rôdeurs, animal de compagnie, monnaie d'échange... Il y a tellement de possibilités qu'ils ne voudraient pas imaginer, et tant d'autres si atroces que leurs esprit d'enfant ne peut même pas concevoir.

-"C'est notre grand-père." Explique le garçon, la voix empreinte d'une souffrance qu'il contient formidablement pour son jeune âge. "Il nous à protéger et il nous à gardé en vie après la mort de nos parents, au début de tout ça." Je suis carrément surprise de le voir si fort, et s'exprimer aussi bien, presque comme un adulte. "On ne pouvait pas... Quand il a été mordu il nous a demandé de le faire, mais on a pas pu. On le nourrit avec des chats, des rats, des trucs comme ça. C'est le plus merveilleux des papy." Il nous explique ça les dents serrés et des larmes au bords des yeux. La gamine renifle, incapable, pour sa part de retenir ses larmes, ou d'accepter qu'on lui enlève son papy. Le cadavre en question tente de se redressé en claquant des dents dans la direction de la gosse.

Je sais que c'est à Yulia de décider de ces choses, c'est elle la cheffe. Moi, je m'approche de la fenêtre par laquelle ils sont arrivés. Je pensais qu'on était tirés d'affaire, j'espérais que maintenant qu'on avait attrapé les gosses, tout irais bien, quelque soit la décision de Yulia à leur sujet. Mais ce n'est pas dans ce genre de monde que l'on vie.

-"Yulia, on va avoir un problème." Je me tourne vers elle. Elle a peut-être déjà compris ce que je m’apprête à lui dire. "Ils ont entendu les coups de feu, et ils sont nombreux."

J'ai un soupir de circonstances en les écoutant, me tournant surtout vers l'ainé des deux qui semble quand même plus raisonnable et en même temps soumis à une vive émotion : Ecoutez... Je sais pas comment leur dire ça : Je comprends ça, ok ? C'est dur, encore plus quand on perd quelqu'un qu'on aime autant : Mais votre grand-père, il aimerait pas ce que vous faites, en fait, pas du tout : Ces trucs que vous attrapez pour lui, vous devriez les garder pour vous nourrir, les faire bien cuir et que vous puissiez manger, tout simplement. Je dis ça parce que je suis maman, et que j'aimerais pas que Lukas et Analya se tuent comme ça pour mon cadavre.

Il aimerait pas non plus que vous veniez voler chez nous pour vous en sortir, je suis pas sûre qu'il leur ait appris ça. Mais surtout, il aimerait pas que vous preniez des risques inconsidérés, je soupire en le disant : Les morts comme lui, ils bougent encore, mais ils se décomposent toujours. Et du coup quand on vit à côté d'eux ou avec eux, on contracte des maladies qui finissent par nous faire beaucoup de mal. Votre papy, il détesterait l'idée de vous fragiliser et d'vous faire du mal, vous comprenez ça ? Je sais pas si ça touche quelque chose en eux, s'ils m'écouteront.

Quoi qu'il en soit, Kait arrive avec des nouvelles plus chiantes : Ok... Je réfléchis rapidement : Vous allez venir avec nous, l'temps d'nous mettre à l'abri de cette horde. J'vais te porter, ça va pas être sympa mais, chez nous, on a une jeune femme qui te fera un bon pansement, que je souffle au garçon, qui a été blessé et qui a toutes les raisons de s'inquiéter. Ensuite, on discutera une fois en sécurité, pour votre papy. Pour l'instant on le laisse là, et on y touche pas, mais on va revenir... que je leur annonce fermement : Vous devez le libérer de sa maladie, et lui offrir une vraie tombe où reposer en paix, ils lui doivent ça : Je vais te porter, Kait va m'aider à te sangler pour que tu ne tombes pas et que tu me gènes pas non plus en courant, elle va s'occuper de ta soeur aussi, c'est pas discutable.

Je ferme la porte, c'est plus un réflexe qu'un acte réfléchis. Yulia a déjà pris les choses en main et j'apprécie sa prise de décision et la rapidité avec laquelle elle fait ses choix. C'est une survivante, et une meneuse, à n'en pas douter. La petite fille s'approche de nous alors que nous nous occupons du garçon. Je prends quelques secondes pour vérifier le garrot. Ce n'est pas une merveille mais je ne pense pas que nous aurions pu faire mieux avec ce que nous avons sou la main. Alors que nous le sanglons selon les indications de Yulia je ne peux m'empêcher de regarder les trous dans le mur et le plafond, tout autour de l'endroit ou je me tenait un peu plus tôt. J'ai eue de la chance de ne pas être touchée par le garçon, sinon nous aurions été dans une belle panade. Le vieux "papy" claque des dents et râle en relevant sa tête décharnée dans notre direction. Je me demande comment les gosses ont pu réussir à vivre avec ça à côté. J'imagine avec beaucoup d'amour. Bon sang, je ne comprends pas. Bien que cela me rapelle l'incident qui à provoqué la dispute entre moi et Dana, je n'arrive pas à me faire à l'idée de préserver les gens qu'on aime dans cet état. En attendant Yulia à une approche plutôt similaire à la mienne: Même si l'idée serait de libérer le pauvre vieux de sa prison de chair pourrissante, inutile de la faire devant les gosses, et de provoquer leur colère ou une profonde tristesse qui serait plus dommageable qu'autre chose dans notre situation.

La gamine regarde par la fenêtre. Je n'ai pas besoin. J'entends les râles et les pas traînant dans la rue, en bas. On va en chier et ça va pas être jolis. La gosse revient voir Yulia. Elle a compris qui commande et qui prend les décisions ici.

-"On ne peut pas sortir par la rue." Dit-elle avec une maturité qui ne colle pas à son âge. "Mais on peut passer par les toits." Elona regarde son frère qui acquiesce silencieusement. "Kilian et moi on passe souvent par les toits pour éviter les rôdeurs, ils sont nombreux en ville." Elle tire la manche de Yulia pour lui montrer la direction tandis que moi et elle prenont Kilian pour l'aider à nous suivre. Je ne suis pas certaine que les toits soient une bonne idée, vue l'état du garçon, mais je suis sur que la rue est une idée encore plus mauvaise. Je regarde Yulia pour lui demander ce que nous faisons. Je n'ai pas besoin de poser la moindre question, je sais qu'elle prendra la seule décision viable.

J'imagine qu'il faut réfléchir rapidement, et honnêtement avec toute cette pression, j'ai surtout l'angoisse de réfléchir trop vite et trop mal pour nous sauver la mise. Je sais pas trop si je vais pas foirer quelque chose ou nous mettre dans une impasse au pire moment, mais quoi qu'il en soit, j'essaie de garder la tête froide et de me dire qu'on peut y arriver quand même. Kaitlyn, combien a-t-on de temps devant nous pour bouger ? Que je demande à ma complice, en lui adressant un regard perçant. En attendant son analyse, je fais signe à la gamine d'un claquement de doigt de se bouger.

Passe-moi ce drap, je le désigne fermement, et à l'aide de mon couteau, vient le couper en deux, au milieu, en le déchirant. Je vais te porter sur mon dos, accroche-toi bien, je dois libérer mes bras pour éviter d'être gêné, que j'ajoute en essayant de hisser le gamin comme il faut sur mes hanches. Je viens le cerner comme je le ferais avec Analya, et avant elle, Lukas. Sûr qu'il est plus grand mais il est maigrichon, et pèse pas si lourd. Je peux gérer son poids sans trop de difficultés, c'est surtout qu'il va devoir se faire le moins encombrant possible pour la suite.

Il grogne, la douleur à sa jambe est pas là pour aider et très franchement, c'est dommage mais il va falloir serrer les dents de toute façon. Mon sac à dos revient à la gamine : Je sais que c'est pas confortable, mais y'a que comme ça qu'on aura une chance, que j'ajoute pour me justifier, avant de me redresser en passant machinalement mes bras sous ses jambes pour les redresser et venir les attacher devant moi. J'vais tenter de pas tomber ou quoi, mais dans tous les cas, je pense que comme ça, ça va le faire. J'ai déjà vécu pire que ça à l'évidence alors... On te suit, Kait, couvre-nous, que j'annonce.