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Re: Ghost of me
Dim 26 Nov 2023 - 15:23
Puis parfois, les autres ont tellement de douleurs en eux qu'ils ont besoin d'une raison pour souffrir autant. Ils la créent, sans trop savoir si ça va pas en rajouter une couche ou non.
En enfilant mes gants et mes projections pour les yeux, je commence à dégrossir le bois progressivement.
C'est le plus dur à digérer. Mais au final, faut se demander s'il l'a vraiment aimé pour autre chose que pour pouvoir profiter d'elle. Elle était jeune, naïve et amoureuse. Donc facile à bien des égards :
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Re: Ghost of me
Mar 28 Nov 2023 - 21:25
J'y peux rien, non - mais qu'est-ce que j'aimerais, là, tout de suite. Ce qu'il me dit est sombre, au même titre que ses pensées les plus cachées, finalement. Je l'écoute en silence, le profil bas. Je n'aime pas ce ton, dans sa voix. Et je vois bien qu'il galère, mais je n'ai aucune réponse à lui offrir, malheureusement. Je ne suis pas du genre à lui sortir des bêtises juste parce que. Et je suis aussi paumée que lui, sinon plus. Sauf qu'il parle de causes perdues, et je relève mon regard sur lui aussitôt. «Si c'est ta façon de me dire que j'en suis une, j'avais déjà compris, hein. » que je lance en essayant de le faire rire. Mon sourire s'efface pourtant rapidement, tandis que mes yeux glissent lâchement sur le bois et les outils qu'il manipule.
Et si je m'étonne un peu de le voir continuer de parler, je fronce les sourcils dès qu'il ose prétendre être responsable des malheurs les plus acides de sa vie. «Tu n'as pas le moindre contrôle sur les décisions que peuvent prendre les autres, Ruben. » Je viens poser ma main sur le morceau de bois en le disant, pour le forcer à s'arrêter dans son geste. Pour le forcer à m'entendre, même si je sais qu'il m'écoute. Je le fixe, immobile. Je ne savais pas qu'il portait autant de culpabilité sur ses épaules.
«Je sais que - que ça fait peur de penser au conditionnel. » Je soupire, enlevant ma main de là. Mais c'est bel et bien cette éternelle question qui fait particulièrement mal, oui; et si? «Sauf que c'est un plan pour ruminer jusqu'à la fin de l'éternité, tu vois. » Ironique, quand même. Parce que c'est exactement ce que je fais depuis que je suis rentrée - ça me frappe en plein visage, sur le coup. «Je regrette de m'être fait prendre. » que j'ose avouer en regardant dans le vide, maintenant. «Je - je sais pas si je regrette les mauvais coups, le procès, les bombes, les morts. »
«Je devrais... non? » C'est pas simple dans mon crâne, là, tout de suite. «C'est un brin difficile de regretter ce qui fait que je suis libre, aujourd'hui, dans ce monde de débiles. Et quand je pense à tout le sang que j'ai versé, je n'ai pas le choix de me dire que c'était un mal nécessaire. Enfin. Peut-être que j'fais qu'essayer de me convaincre. » Mes rêves agités ne sont pas du même avis que ma cervelle, d'ailleurs. Je fronce les sourcils, confuse par mes propres pensées - faut le faire, quand même. «Je regrette surtout pour Vi. » que j'ajoute dans la foulée. Tant qu'à être honnête, aussi bien le faire jusqu'au bout. C'est Ruben, devant moi, et non pas n'importe quel con. «Je sais que je ne suis plus la même, à ses yeux. Qu'elle est déçue, comme beaucoup de gens ici. Je pensais pas que ça me ferait autant chier, mais voilà. »
Ça me fait vriller. Ça me démonte complètement, même. Et je suis la première surprise.
And I roam again, I ain't got no home. On my own again, but I never felt so close to them. My only feeling. A lonely feeling. L o n e l y f e e l i n g s.
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Re: Ghost of me
Dim 10 Mar 2024 - 15:54
Un soupir m'échappe. C'est pas contre elle, mes questions sont sincères et honnêtement, je sais qu'elles sont pas simples à répondre. Mais elles me semblent indigestes et je les ai sur le coeur :
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Re: Ghost of me
Lun 18 Mar 2024 - 5:15
Il n'aime pas ma réponse, je crois. C'est la vérité, pourtant. Enfin, c'est ce que j'ai appris, au fil du temps. Les décisions que peuvent prendre les gens, ça ne nous concerne pas. Ça n'a que très peu à faire avec nous, du moins. Même si on souhaite souvent en avoir le contrôle. Certes, peut-être qu'avoir une certaine influence est possible, à condition que la personne concernée nous porte moindrement un peu d'estime, je crois. Je l'écoute toujours, l'observant silencieusement se défaire de ce qui semble le perturber depuis un moment.
«On pèse dans la balance, mais parfois on fait pas le poids, et ce n'est la faute de personne. » J'imagine que c'est dur à accepter, oui. Peut-être que j'ai déjà abandonné, moi, contrairement à Ruben. J'en sais rien. «Les aimer pour les guider, au mieux. Leurs opinions et leurs actions ne sont quand même pas les nôtres. Et c'est pour le mieux, sûrement. » Mais je sais que c'est difficile de voir les choses de la sorte. Et que j'ai voulu refuser cette réalité pendant longtemps.
Enfin, j'ose me confesser à haute voix en lui parlant de mes regrets et de Vi. Je lève les cils quand il mentionne exactement de ce qui me plombe, d'ailleurs. Ce que je peux lire dans le regard des autres. Mes billes glissent sur le bois, tandis qu'il déplore l'absence de mode d'emploi pour gérer cette vie qui - de toute évidence - n'est facile ni pour lui, ni pour moi. Surtout quand il est question de nos relations avec autrui. Je viens hocher de la tête à la mention de ce qu'il a vécu lors de son départ, mais je baisse la tête quand il aborde la distance et le temps. C'est déprimant. Et je ne sais pas si je veux de la distance et du temps entre mes relations. Oh, j'imagine que ce n'est pas moi qui décide, justement.
Je le regarde arriver à la même conclusion que moi, finalement, tandis qu'il réalise que les gens vont toujours faire ce qu'ils veulent, peu importe le reste.
«C'est exactement pour ça qu'il faut s'en détacher. » que j'ajoute donc, ne sachant pas si c'est plutôt triste ou si c'est simplement un brin de sagesse qui pousse en nous. C'est plus facile à dire qu'à faire, dans tous les cas. «Tu penses que c'est ça, grandir? Accepter l'inacceptable? » Un peu plus et je deviens poète, putain. Mais c'est vraiment ce que je ressens, là, tout de suite. Et les mots me viennent plus facilement, quand je glande avec lui. Glander, oui - parce qu'il fait tout le boulot, et que je reste là comme une idiote, avec ma patte cassée.
Je me relève, du coup, m'approchant pour venir croiser les bras en tournant lentement autour de sa petite station de travail. «À quel moment je participe, m'sieur? » que je demande en soupirant, tentant de chasser cette éprouvante amertume qui semble nous empoisonner tous les deux. Je suis incapable de rester en place, de toute façon - je crois qu'il le sait déjà. «Si seulement j'avais encore mes bâtons de ski. »
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Re: Ghost of me
Mar 26 Mar 2024 - 13:24
Joachim a peut-être toujours été égoïste. J'ai toujours pensé qu'il était timide, retranché, solitaire à la limite. J'imaginais pas que c'était au fond de l'égocentrisme, mais quand on aime les gens, on doit les accepter avec des défauts qui nous parlent pas. Et je dois pas être mieux en définitive, donc autant pas se prendre la tête.
Parce qu'on est loin de tout savoir honnêtement, et je pense pas qu'il y ait grand chose à sauver de notre génération.
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Re: Ghost of me
Mer 8 Mai 2024 - 5:32
Je suis toujours aussi fascinée par la facilité avec laquelle il est capable d'exprimer ce qui me prendrait des heures à cracher. Je devrais vraiment prendre exemple sur lui. Ce qu'il révèle sur sa façon d'être - et sa façon d'aimer les autres - me déstabilise un peu, le pire. J'imagine que je suis confrontée à mes propres idées, à ma propre rigidité. Les conditions que j'impose à ceux qui comptent, et le moule auquel je tente de correspondre pour eux. Je suis surtout triste de noter la déception et l'acidité dans sa voix, quand il parle de Joachim.
Enfin, j'esquisse un sourire en réponse au sien, quand il déforme mes propos. Je ne parle évidemment pas d'indifférence, je crois qu'il le sait. «Je ne parle pas de se résigner. Juste de mieux vivre avec la merde, je sais pas. Trouver une façon de faire mieux, sans vriller. » Je pense tout haut - c'est un peu pêle-mêle, sûrement. Mais la sagesse n'est pas l'apathie, après tout. Pas pour moi, dans tous les cas. Même si je ne sais pas vraiment comment démêler tout ça, au final. «Je crois que personne n'est vraiment expert en la matière. Les plus vieux ne font que frimer et prétendre, de toute façon. J'en suis sûre. » Je souffle du nez en rigolant, préférant ne pas trop m'attarder sur le sujet.
«Je vais te le planter où je pense, le couteau, si tu continues comme ça! » que je lâche ensuite en riant, faussement insultée par ses conneries. Je m'éloigne un peu, me dirigeant vers les pièces à poncer sans rouspéter. C'est plus simple que de tailler des morceaux que je risque de couper à la mauvaise taille, non? Peu importe. J'avance en m'appuyant sur ma bonne jambe, sautillant jusqu'à la paire de gants avant de les enfiler, plongée dans mes pensées. Je n'ai pas toujours besoin de parler, avec Ruben. C'est ce qui est bien, avec lui. Il est toujours là, même sans les mots. Sa présence est suffisante. On bosse un peu chacun de notre côté, du coup. Tout est calme, ma tête est plus silencieuse, pour une fois. Enfin, jusqu'à ce que ma patte ne commence à me déranger. Je tente de changer de position, de m'étirer - rien n'est vraiment suffisant. J'enlève mes gants, posant les fesses sur une table de fortune pour faire passer la douleur que je tente de dissimuler au mieux.
«On peut continuer demain? Je viens te rejoindre ici après le dispensaire, okay? » que je lâche en me remettant debout, non sans un effort considérable. Je lui offre un nouveau sourire, et j'hésite un instant avant d'ouvrir la bouche une fois de plus, en me retournant vers lui. «Je - tu pèses dans la balance pour moi, Ruben. » J'ose reprendre ses mots, oui. Ceux-là même qu'il exprimait la seconde d'avant, à propos de ses doutes partagés. Je ne sais pas pourquoi j'ai besoin de le lui dire. Peut-être que je l'apprécie plus que jamais, depuis mon retour. J'espère sincèrement qu'il le sait.
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