S’ils se débrouillent plutôt bien jusque-là, l’euphorie retombe rapidement lorsque la voiture se retrouve bloquée. Chase a beau appuyer sur l’accélérateur, le véhicule patine. Jetant un œil dans le rétroviseur, Otis a peur que la horde arrive rapidement. Heureusement, ils ont un peu d’avance et Dante n’hésite pas à sortir pour tenter de débloquer la voiture. « Je viens avec toi ! » S’écrit alors le métis qui rejoint son coéquipier à l’extérieur.

La voiture est sacrément embourbée, ils vont devoir trouver un moyen de la sortir de là. A la demande de Dante, le dessinateur cherche des objets à placer devant les roues. Otis fait ce qu’il peut mais cela ne change rien. Cela n’aide pas Chase à dégager le véhicule. Les pneus patinent toujours, le duo n’est visiblement pas d’une grande aide. Et s’il finit par plaquer ses mains contre la voiture pour l’aider à avancer, ce n’est pas ça qui aide la voiture à avancer brusquement. Manquant de glisser par terre, l’artiste parvient à ne pas tomber.

Le conducteur appuie plus fort sur l’accélérateur et parvient finalement à sortir. « C’est bon ! Il a réussi ! Viens ! Dans la voiture ! » S’exclame Otis qui fait signe à son partenaire de regagner le véhicule. Claquant la portière, il souffle bruyamment « Bien joué ! »

Eh bien, on est complètement nul, mais il en faut peu pour motiver Chase à appuyer sur l'champignon. A la demande d'Otis, je me jette comme un dingue dans la bagnole, non sans douiller de douleur, mon crane toujours à deux doigts d'exploser. J'entends le conducteur nous recommander de balancer des lacrymos, ce à quoi j'réponds par un pouce levé. J'vois rien de ce que je fais, mais soit, on ne va pas réfléchir, les tirs à l'aveugle, ça a bien fonctionné jusque là. Dégoupillant ma grenade, je la jette par la vitre de la porte arrière, gueulant au passage : « Yippee ki-yay, pauvre con ! »

Et je me laissera bien mourir dans l'siège, sauf que mon talkie crachote un signal qui m'oblige à m'redresser. . . . - - - . . .. J'me fige, j'ai bien entendu j'pense. « Merdasse, les mecs, c'est du morse pour SOS, vous entendez ?! » Je jette un œil à Otis, un partenaire d'enfer jusque là. Il semble capter un truc, et j'suis ses tripes quand il pense qu'ce sont les enfants qui encourent un grave danger. J'songe à Kass, la kiddo qu'j'ai promis de pas lâcher, et j'agrippe l'siège avant de Chase. « Chase, qu'est-ce qu'tu fous ? Les gosses sont dans la mouise, fais demi-tour, on y va ! On a dû ralentir ces enfoirés dans la horde s'ils sont pas d'jà crevés, go go, c'est l'occasion d'rejoindre les autres ! » J'me rends pas compte que ma tête me lancine, que j'peux encore sombrer à tout moment. J'pense qu'aux gamins, peu importe que j'les connaisse pas très bien pour la plupart, on va pas les laisser aux mains d'ces rats. Je t'amène à Tortuga, point barre ! T'as l'oeil sur la joue, ou ce qu'il en reste, tu tiens déjà pas debout, Otis est tellement en stress qu'il est à deux doigts d'imploser, je suis à peu près le seul à tenir la route de nous trois, et tu crois qu'on va aider qui que ce soit ?! Si on est capable d'entendre, les autres l'ont sans doute aussi entendu, ils iront aidé, en attendant, je suis responsable de vous deux, et je dois t'amener voir un médecin pour te sauver la vie !

J'vais imploser. J'ai envie d'le secouer, d'lui casser la tête sur le tableau de bord, sauf que j'me sens irrémédiablement attiré par l'néant aussi. « T'es pas sérieux d'me jouer ce coup-là, eh cono ! » J'requiers du soutien du côté d'mon camarade, mais ça n'prend pas. Fais chier ! On va lâcher les chiards dans c'bourbier, on est à ce point des connards ? J'ai pas d'race pour fuir généralement, mais ça me fout un coup là, malgré tout. Hargneux, j'active de nouveau mon talkie, et je lance un regard noir dans l'rétroviseur. Que Chase essaie même pas d'm'arrêter alors que je m'apprête à lancer un message à tous les Expendables branchés sur la fréquence. « Ici Rome, on pense qu'London est en danger. A qui reçoit c'message, envoyez du renfort pour London ! » Ceci est un foutu SOS, et j'espère qu'ils vont tous l'capter.

Jeu:

Le véhicule repart. Otis se laisse tomber contre le siège passager. Il souffle un bon coup, heureux d’être reparti avant qu’ils soient rattrapés par la horde. Lorsque Chase leur demande de lancer une lacrymo, le métis s’exécute sans broncher. Et si Dante laisse éclater son enthousiasme, l’artiste ne se sent pas bien. Et lorsque le talkie grésille, il se décompose encore un peu plus. « Il faut qu’on y retourne ! Ils ont besoin de nous ! » S’exclame-t-il à son tour.

Mais Chase ne semble pas décidé à les écouter. Leur conducteur ne bronche pas, ils ne feront pas demi-tour. Le dessinateur n’y croit pas ses oreilles. Il jette un œil désespéré vers Dante, espérant qu’il parviendra à convaincre Chase. Mais rien n’y fait. « Chase… S’il te plait… On doit aller les aider… » Des larmes lui montent aux yeux, mais l’homme reste insensible à sa détresse. Il ignore les paroles de l’artiste, se concentrant à présent sur la route.

Et si Dante semble prêt à exploser, le métis vient prendre sa tête entre ses mains. S’il arrive quelque chose aux enfants, il s’en voudra toute sa vie. Malheureusement, il n’y peut rien. Sa respiration se fait brusquement plus difficile et l’angoisse commence à monter. Des larmes silencieuses coulent le long de ses joues. Il est en colère contre Chase mais il est incapable de l’exprimer, complètement impuissant face à la décision de son coéquipier. Derrière lui, Dante passe un message au talkie mais il l’entend à peine. Il faut qu’il se concentre sur autre chose… Alors, il se met à murmurer quelques mots, commençant un décompte à partir de 1000…