Un dernier regard en direction d’Amalia, et voilà que la voiture s’éloigne de manière un peu chaotique pour tenter d’emporter une partie de la horde dans son sillage. Connor fait visiblement de son mieux, mais l’état du véhicule laisse clairement à désirer, et ce ne sont ni les morts qui les talonnent, ni les coups de volant hasardeux qui vont pour rassurer la petite brune. Elle va pour se retourner et regarder à travers le pare-brise arrière quand celui-ci vole soudainement en éclats, la forçant à s’aplatir sur la banquette tout en se protégeant le visage. C’est la première fois qu’on lui tire dessus, et ce n’est que par miracle qu’elle parvient à garder son sang-froid. D’autres balles ricochent sur la carlingue heureusement renforcée de la voiture, et la jeune femme jette un coup d’œil à ses deux acolytes pour vérifier qu’aucun d’eux n’a été touché.

Son regard se pose sur Connor, et à la mine qu’il tire tout en essayant d’écraser son pied sur le frein, elle comprend que les emmerdes ne font que commencer. Profitant d’une accalmie, elle redresse légèrement la tête pour regarder la horde qui les suit toujours, tentant d’évaluer proprement la situation. « Y a des vivants là-dedans. Une demi-douzaine au moins, à vue de nez. Peut-être plus. » Ces types ont beau être recouverts de trippes et de boyaux, ils n’en restent pas moins identifiables dans ce torrent de mordeurs décérébrés. « Y en a un avec une sorte de boitier à la ceinture. On dirait un talkie. » S’ils échangent entre eux, cela risque de compliquer les choses. Est-ce qu’ils en ont tous un ? Difficile de dire entre la pénombre et la pluie.

Une secousse la propulse contre le siège passager et son regard tombe sur l’arme de Connor. « Je t’emprunte ça. » Sans attendre sa réponse – ce n’est clairement pas le moment de faire des échanges de politesse – elle s’empare de l’arme de poing. Elle prend appui sur le dossier de la banquette arrière pour éviter de trembler et tente de calmer sa respiration et les battements de son cœur. Elle ne veut même pas penser qu’elle va tirer pour la première fois sur un autre être humain. Elle vise l’homme qu’elle a repéré avec le boitier à la ceinture, expire avec lenteur et presse la détente. Comme au ralenti, elle voit l’homme s’effondrer en se tenant la cuisse, et il lui faut plusieurs longues secondes avant de réaliser qu’elle a réussi à le toucher. « J’en ai eu un. » Sa voix est un peu fébrile, et elle s’enfonce dans la banquette pour essayer de reprendre ses esprits.

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Sienna peine à réguler les battements de son cœur, et lorsque ses yeux tombent sur l’homme sur le siège passager et la blessure sanglante qu’il arbore sur le front, elle sent une sorte de torpeur l’envahir et lui engourdir les membres. Il affirme que ça va aller, mais l’entaille à l’air profonde. La petite brune se force à prendre une profonde inspiration dans le but de se calmer, consciente que tomber dans les pommes dans un moment pareil serait une véritable catastrophe. Au volant, Connor fait de son mieux, mais ça ne les empêche pas d’être tous fortement secoués à chaque embardée. Peu désireuse de s’en aller valdinguer contre la carlingue, Sienna s’enroule partiellement avec une des ceintures sans l’attacher, comptant sur le blocage automatique de ces dernières pour s’assurer une stabilité toute relative tandis qu’elle pointe à nouveau son arme vers la horde.

Son harnais de fortune lui sauve la mise lorsque le conducteur met un gros coup de volant pour stabiliser le véhicule, et Sienna en profite pour tirer sur l’un des vivants se trouvant dans sa ligne de mire, le touchant lui aussi à la jambe. « Encore un ! » L’homme roule au sol avec agilité et parvient par miracle à s’échapper des crocs de la horde en claudiquant, n’emportant malheureusement aucun mort dans son sillage. La jeune femme sent une goutte de sueur lui couler dans la nuque et un frisson glacé lui parcourir les doigts, mais elle s’accroche et met en joug une autre cible vivante. Le coup part, et la balle vient se loger dans l’épaule d’un rôdeur ayant dévié de sa trajectoire au dernier moment, faisant malgré lui office de bouclier. « Mierda… » Elle est loin d’être une tireuse émérite, et les secousses du véhicule n’arrangent rien, mais il faut qu’elle se concentre. Trop de vies sont en jeu.

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