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Re: On the road, our hearts connect.

Lun 20 Nov 2023 - 14:43

Le brun fait son grand retour dans la cellule, ayant même l’obligeance de se racler la gorge pour ne pas la surprendre. Elle lui jette un regard par-dessus son épaule et lui offre un sourire un peu plus détendu que tout à l’heure tout en continuant à démêler ses cheveux dans un geste presque mécanique. Ils sont trop longs, il va falloir qu’elle songe à les couper. Elle s’interrompt dans sa tâche lorsqu’il lui demande si elle a besoin de son aide sur un ton emprunté, visiblement toujours aussi mal à l’aise, et un souffle aussi amusé qu’attendri lui échappe. En cet instant, une drôle de certitude la prend, et la gêne qui lui étreignait plus tôt l’estomac disparaît presque entièrement. Cet homme ne lui fera jamais de mal sciemment. « Tu sais, si tu me brosses les cheveux, ça risque de devenir une véritable soirée pyjama » plaisante-t-elle dans l’espoir de l’aider à se détendre un peu – et elle aussi par la même occasion, tout en se remettant à l’œuvre. La situation est loin d’être idéale, autant pour lui que pour elle de toute évidence, mais ce n’est pas une raison pour rendre les choses plus bizarres qu’elles ne le sont réellement.

Des adultes qui dorment ensemble par la force des choses, c’est un truc naturel de nos jours à cause du manque de place et de confort amené par l’apocalypse, alors il n’y a pas vraiment de quoi fouetter un chat. Pas vrai ? Roman lui plaît, et peut-être même un peu trop, mais ça n’entre pas en ligne de compte. Elle ne veut pas que ça rentre. Elle n’est pas prête pour ça. Avec dextérité, elle tresse ses longs cheveux humides à présent démêlés et les nouent à l’aide d’un élastique, sans vraiment réaliser qu’elle dégage ses épaules et le haut de son dos balafré à la vue du brun. « Je crois que Nascha nous a mis de la soupe dans un thermos, regarde dans mon sac. » Partager un repas ensemble et repousser l’heure du coucher leur permettra peut-être de se détendre et surtout de ramener un semblant de normalité entre eux. Elle se relève de la chaise et attrape son sweat à capuche sur le lit pour l’enfiler et se réchauffer un peu, se protégeant de l’air glacé et humide circulant dans la prison malgré les braseros. « Elle est surement froide, mais c’est toujours mieux qu’se coucher le ventre vide » annonce-t-elle en se tournant finalement vers lui.


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Re: On the road, our hearts connect.

Lun 20 Nov 2023 - 19:20

Le sourire qui s'affiche à nouveau sur son visage m'aide à me détendre alors que je continue de me rapprocher d'elle. Sa remarque me fait sourire à mon tour. C'est sûrement moi qui me suis fait des films tout seul dans ma tête. Après tout, il ne s'agit que de passer une nuit dans une même pièce, aussi petite soit-elle. Tu pourrais peut-être m'apprendre que je lui indique en montrant sa natte du doigt. Après tout, avec le nombre de filles à Junk Town, je suis sûr que ça pourrait m'être utile. Quand elle met son pull, j'ai un réflexe de détourner le regard pour ne pas paraître trop grossier. Je profite de sa demande pour ne pas rester planté là à la regarder comme un con. Je récupère le thermos et commence à nous servir deux bols de soupe, froide oui, comme elle l'avait prédit.

Je manque presque de m'étouffer quand je vois le pull qu'elle porte. Oh wow c'est ... Un chouette pull que tu as là. Pas le choix, il faut que je lui explique pourquoi je rigole. Je ne veux pas qu'elle croit que c'est purement moqueur, même si, ça l'est un peu dans le fond quand même. Mais après tout, on s'habillait tous un peu avec ce que l'on trouvait de nos jours. J'étais loin de m'habiller comme ça avant. Costume toujours tiré à quatre épingles. Rasé de près, frais en fin de compte. Mais il lui va bien, ça l'adoucit encore un peu. Je lui tend un des bols et me pose au sol contre l'un des murs pour commencer à avaler ma soupe. Heureusement qu'il y a des gens qui savent encore cuisiner que je commence. Le sujet est bateau, mais j'ai l'impression qu'il faut que l'on retrouve un peu cette ambiance que nous avions dans la voiture avant de reparler de nous. La gêne de l'endroit doit passer et pour cela, rien de mieux que les premières banalités. Je pense que je mourrais de faim bien avant quoi que ce soit d'autre si je me retrouvais seul à nouveau. Et naturellement, je rajoute : Ma femme était la meilleure cuisinière que j'ai connu, et de loin. Penser à elle me fait toujours sourire, maintenant que j'ai réussi à ne garder que les bons souvenirs.

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Re: On the road, our hearts connect.

Lun 20 Nov 2023 - 20:13

Il ne faut parfois pas grand-chose de plus qu’un sourire pour détendre une atmosphère légèrement tendue, et c’est avec un soulagement à peine dissimulé qu’elle accueille celui de Roman après leurs derniers échanges plutôt pesants. Le malaise se fait la malle presqu’aussi vite qui s’est installé, et les deux survivants retombent dans un semblant de discussion confortable. « Je suis sûre que les petites adoreraient que tu leur nattes les cheveux. La plupart du temps c’est moi qui m’y colle. » Sasha est la plus demandeuse à ce niveau-là, surtout lorsqu’Otis se trouve dans les parages, mais Roksana préfère ne pas amener le sujet. Elle sait à quel point les hommes du campement peuvent se montrer protecteur envers elle – et c’est aussi son cas pour être honnête, mais elle sait aussi qu’il est important de laisser les plus jeunes faire leurs propres expériences. En les surveillant toujours du coin de l’œil évidemment. En voyant son pull lorsqu’elle se retourne, le brun manque de s’étouffer de rire, et l’ancienne militaire pose ses mains sur ses hanches, lui jetant un faux regard désapprobateur. « Te moque pas, j’me suis fait avoir par Sasha. Elle m’a fait son truc là » explique-t-elle en tentant de mimer le fameux air de chien battu de la gamine.

S’il y a bien un truc sur laquelle Roksana doit baisser, c’est sur sa capacité à dire non dans ce genre de situation, parce que bientôt, toute sa maigre garde-robe finira par y passer. Et ce n’est même pas d’une question d’esthétisme. Elle est plus musclée que la gosse, et elle mesure facilement une quinzaine de centimètres de plus, alors pour éviter de se retrouver le ventre à l’air à chaque fois qu’elle lève les bras, il vaudrait qu’elle trouve rapidement la force de lui tenir tête. « J’me fais avoir à chaque fois. » Un agacement mêlé de tendresse dans la voix, comme un parent qui parlerait de son enfant un peu turbulent mais pas moins aimé pour autant. Roman lui tend un bol et plutôt que de rester sur sa chaise, elle s’avance pour venir s’asseoir par terre à côté de lui, s’appuyant elle aussi le dos contre le mur. « J’te le fais pas dire. J’serais surement capable de faire cramer une casserole avec l’eau des pâtes. » Des années à manger à la cantine de Fort Lewis ou à avaler des rations militaires durant ses opérations extérieures n’avaient pas vraiment fait d’elle une cheffe hors pair. « Elle était comment, ta femme ? » C’est un sujet qui semble le faire sourire de manière profondément sincère, et la brune n’a pas envie que ça s’arrête.


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Re: On the road, our hearts connect.

Lun 20 Nov 2023 - 21:52

Je crois que je ferai un bien piètre coiffeur, que je lui réponds, mais je suis sûr que l'intention leur fera plaisir. Je hausse les sourcils et les épaules. Oui, elles sont de véritables manipulatrices quand il s'agit de ce genre de choses. Et ce n'est pas une remarque négative. Car c'est ce que font les enfants, ils manipulent leurs parents pour obtenir ce dont ils ont besoin. Mais les parents eux, se laissent parfois aussi volontiers manipuler par les petites têtes blondes, le plaisir étant ainsi partagé. Mais rassures-toi, il te va très bien que j'ajoute, comme pour m'excuser si j'avais réussi à l'offenser malgré moi. Je crois que je suis aussi mauvais que toi la dessus. C'est peut être par nos âges, nos expériences passées qui fait que nous avons tendance à vouloir tout faire pour qu'elles ne manquent de rien.

Elle vient finalement s'installer à côté de moi et je dois dire que ce n'est pas déplaisant. Peut être que de se rapprocher un peu avant nous permettra d'être moins mal à l'aise pour la suite de notre nuit. Même si la perspective de dormir avec elle m'effraie au plus haut point et, évidemment, je ne peux pas me permettre de le lui dire. Cela amènerait à des sujets que je ne suis pas encore prêt à partager. Je rigole discrètement quand elle me parle de cuisine. Donc, si on se perd en chemin, on mourra de faim toi et moi. Ce n'est pas très reluisant je dois dire mais c'est amusant malgré tout car le ton de la discussion est à nouveau plus léger. Je prends une ration de soupe avant de me lancer sur le sujet de Flora. Elle était ... Je ferme les yeux et sourit. Puis je pose mes prunelles sur Roksana. Elle était parfaite. C'est peut être cliché ou bateau de dire ça de sa femme, mais pour le coup, pour réussir à me supporter, il fallait bien ça. Et puis je continue, petite, brune, italienne. Et je rigole, elle avait un sacré caractère de cochon, un peu comme toi. Mais c'était sûrement ça mon point faible. Les femmes qui savaient ce qu'elle voulait et qui faisait en sorte de l'obtenir. Mais j'avais aussi besoin qu'on réussissent à me canaliser. Elle avait ce don pour réussir  à me calmer, elle était d'une douceur incroyable et ... Elle avait toujours les mots justes pour me faire comprendre quand je ... Je devenais un peu trop ronchon. Et avant qu'elle ne pose la question, car je sais qu'elle suit en règle générale j'ajoute : Elle est morte avant la pandémie. Et je m'arrête là. Et toi, tu étais mariée ?
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Re: On the road, our hearts connect.

Lun 20 Nov 2023 - 23:50

S’il y a bien une chose qu’ils ont en commun, c’est cette tendresse qu’ils partagent pour les deux plus jeunes de leur petite tribu, et ça s’entend dans la manière dont ils en parlent avec ce mélange de bienveillance et d’objectivité. Elles font ce que toutes les gamines de leur âge devraient faire : rire, grandir, s’amuser à faire tourner les adultes en bourrique et bien sûr user de leur adorable charme juvénile pour parvenir à leurs fins. Roksana râle pour son pull, mais ce n’est évidemment que pour la forme, parce qu’elle sait qu’elle abandonnerait jusqu’à sa dernière paire de chaussettes pour parvenir à leur arracher un sourire heureux. « J’imagine que j’peux m’estimer heureuse qu’il soit pas rose avec des licornes. Ça aurait été dommage de survivre jusqu’ici pour mourir de honte ce soir » répond-elle finalement à Roman lorsque ce dernier lui affirme que le pull lui va bien, peut-être pour lui faire oublier qu’il vient ouvertement de lui rire au nez. C’est un son si agréable que l’ancienne militaire ne pense même pas à s’en formaliser. Elle hausse les épaules lorsqu’il affirme qu’ils mourraient probablement de faim s’ils venaient un jour à se perdre en route. « Y a des chances, ouais. D’autant qu’si on se montre aussi discret qu’la dernière fois qu’on s’est retrouvé dehors ensemble, on risque pas de réussir à attraper quoi que ce soit. » Le souvenir de leur mini expédition foireuse à travers les bois lui arrache un sourire amusé, et elle ne résiste pas à l’envie de remettre cette histoire sur le tapis. La discussion redevient aussi naturelle que durant leur petit trajet en voiture.

Elle lui pose une question sur sa femme, et peut-être que c’est affreusement trop personnel, mais il s’exécute malgré tout, et si son sourire est une indication fiable, il semble heureux de pouvoir en parler. Il la décrit avec tellement de tendresse dans la voix que Roksana est bien incapable de ne pas sourire à son tour en le regardant, émue par ce qu’elle entend. Elle n’a jamais été une grande sentimentale, mais difficile de rester de marbre face à la manière dont il la décrit comme la personne à laquelle il tenait visiblement le plus au monde. « Elle avait l’air génial… » souffle la brune avec sincérité sans se départir de son sourire. Il en parle au passé, et finalement lui confirme ce qu’elle avait déjà compris en l’écoutant parler, mais la brune ne pose aucune question sur la manière dont son décès est survenu. Cette histoire lui appartient. Lorsqu’il lui demande si elle-même étais mariée, la question la prend tellement de court qu’elle répond sans réfléchir. « Oui. Non. Enfin, pas vraiment. Pas avant l’épidémie, en tout cas. » Des mots contradictoires et confus qui réussissent l’exploit d’en dire à la fois trop et pas assez. Elle boit plusieurs longues gorgées de soupe comme si cela pouvait lui faire gagner du temps, puis elle se décide à prendre le taureau par les cornes. La vérité finit toujours par se savoir. « Avant d’arriver à Junk Town, j’étais à New Eden » annonce-t-elle finalement d’une voix empruntée sans oser le regarder. « Mais c’est une longue histoire. » Une manière de lui faire comprendre qu’elle est disposée à en parler, s’il se montre disposé à l’écouter.


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Re: On the road, our hearts connect.

Mar 21 Nov 2023 - 20:47

Je la regarde avec de la tendresse dans les yeux. Je suis sûr que même avec un pull rose, tu serais très belle que je réponds, comme si j'avais simplement oublié tout le malaise qui s'était installé quelques minutes auparavant. Je rigole à sa remarque suivante. Tu l'as dit, je crois qu'on nous entend encore d'ailleurs, si tu tends bien l'oreille. Pas de quoi être fier de notre dernière sortie, mais je dois dire que j'ai été quelque peu déconcentré par cette femme assise à coté de moi.

C'est un nouveau regard tendre que je jette à Roksana, accompagné d'un sourire sincère. Oui ... Elle l'était. Et puis ma question semble la surprendre, mais sa réponse n'est pourtant pas très claire. Oui et non. Cela veut tout dire et rien dire en même temps rien du tout. Je ne sais pas si elle est disposée à en parler, mais elle ajoute des détails. New Eden. Je ne peux pas m’empêcher de grimacer parce que je sais très bien ce que les femmes endurent la bas, et je crois que comprendre son hésitation sur le fait d'avoir été mariée. Je serre mon poing droit. Je crois que je le serre un peu trop fort car je sens mes ongles s'enfoncer dans ma chair. Je ne peux qu'imaginer la suite de l'histoire. Je ne sais pas vraiment si j'ai envie de l'entendre, mais je finis malgré tout par poser la question. Tu ... Tu veux en parler ? J'crois qu'on a le temps pour une longue histoire que j'ajoute en haussant les épaules. J'accepterais qu'elle refuse de le faire et ne me vexerais pas. Je ne sais pas si j'aurais la force de parler de ce que j'ai fait, mais certaines personnes avaient besoin de parler pour exorciser leurs démons. Je me lève, récupère une des couvertures sur le lit et la dispose sur les jambes de la brune. Je me rassied à côté et la rejoins sous cette couverture. Enfin ... C'est seulement si ... Si tu le sens.
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Re: On the road, our hearts connect.

Mar 21 Nov 2023 - 21:33


TW : NEW EDEN ET TOUTES LES VILAINIES QUI ONT PU S'Y PRODUIRE

En silence, et sans se presser, l’ancienne militaire termine son bol de soupe malgré sa gorge nouée par l’appréhension à l’idée d’évoquer cette partie sombre de son passé. Un sourire triste lui étire les lèvres quand Roman vient poser une couverture sur ses jambes avant de revenir s’asseoir près d’elle. Elle prend une profonde inspiration pour se donner du courage, et c’est les yeux rivés sur le mur face à elle, fuyant ceux de son compagnon de cellule, qu’elle se lance dans sa tirade. « Pendant plus d’un an, cet endroit a tenu toutes ses promesses, et même plus encore. On accueillait des survivants venus des quatre coins de l’Etat, on avait réussi à récréer une communauté où tout le monde pouvait vivre en sécurité. Evidemment, ça n’a pas duré… » C’est étrange de raconter cette histoire depuis le début maintenant qu’elle sait de qu’elle manière elle finit, comme si sa conclusion lui apparaissait maintenant fatalement évidente. Il est évidemment plus facile d’assembler toutes les pièces du puzzle quand on a la photo complète sous le nez, mais ça ne rend pas la brune moins amère pour autant. « C’est arrivé tellement doucement que j’ai rien vu venir avant qu’il soit trop tard. Quelle conne, quand j’y pense… Petit à petit, on m’a confié de moins en moins de missions à l’extérieur, et puis on m’a demandé de laisser mes armes à l’armurerie parce que ça effrayait les civils à l’intérieur de la ville… » poursuit-elle avec un petit rire ironique.

Avec le recul, elle réalise que c’est probablement à ce moment précis qu’elle aurait dû se douter de quelque chose et prendre la tangente, mais la confiance qu’elle portait encore aux forces armées à cette époque lui avait fait baisser sa garde. « J’crois que tout a commencé à merder quand Richardson – notre chef, s’est fait mordre et qu’il s’est pas transformé. Y a un truc qu’a vrillé dans sa tête. Sa politique d’encouragement des naissances s’est rapidement transformée en chasse aux sorcières. Il y a eu des exécutions. Beaucoup d’exécutions. » Les nombreuses victimes du joug de l’Adonaï n’avaient bien sûr jamais eu droit à un quelconque procès, et tous ceux qui avaient tenté de s’y opposer n’avaient pas tarder à les rejoindre dans l’au-delà. « Les femmes ont été écartées des opérations de terrain pour être cantonnées à des jobs plus adaptés » explique-t-elle, incapable de masquer l’ironie dans sa voix lorsqu’elle évoque les métiers auxquels les représentantes de la gent féminine avaient été reléguées. Nourrices, couturières, femmes de chambre, mères au foyer, … La liste est presque exhaustive. « Et toutes celles qui étaient encore en âge d’avoir des gosses et qui avaient réussi à passer entre les gouttes jusque là se sont vues imposer un mariage. » C’est contrainte et forcée qu’elle s’était retrouvée mariée à un milicien du nom d’Abner Carver qu’elle n’avait même jamais rencontré auparavant et avec lequel elle n’avait évidemment aucune forme d’affinité. Pour elle, ce mariage n’avait aucune valeur légale, mais ça ne le ferait pas disparaître pour autant.

Elle avait cru s’en tirer à bon compte, au début, et sa toute première erreur dans cette relation imposée avait été de penser que l’homme ne parviendrait jamais à prendre le dessus sur elle. Une question d’égo, surement, mais qu’elle avait malheureusement fini par payer de manière assez cruelle. « J’me suis retrouvée mariée à un type qui avait du mal à lacer ses godasses tout seul, alors t’imagines bien qu’il essayait même pas d’me tenir tête. J’ai été tranquille pendant plusieurs mois, et ça aurait pu continuer comme ça longtemps si j’avais pas merdé. » Parce que c’est toujours comme ça, pas vrai ? Elle qui à l’époque n’avait jamais douté de sa force, et encore moins du bienfondé de ses convictions, n'avait pas pensé une seule seconde au retour de flamme. Ou peut-être qu’elle l’avait envisagé comme un éventuel mal nécessaire. « J’pense que je t’apprends rien si j’te dis que j’suis pas du genre à baisser les yeux quand on cherche à m’intimider. » Ils ne se connaissent que depuis quelques mois, mais il l’a déjà vue à l’œuvre en de nombreuses occasions. Agir sans réfléchir aux conséquences, c’est un peu sa marque de fabrique, et ce même si son expérience lui a méchamment prouvé que ce n’était jamais la meilleure marche à suivre. « Avec d’autres femmes, ont a décidé de monter au créneau et de provoquer un soulèvement en ville. On pensait que si quelques personnes osaient défier le pouvoir en place… » murmure-t-elle sans parvenir à terminer, la voix lourde de ressentiment.

Evidemment, personne n’avait ne serait-ce que levé le petit doigt lorsque les choses avaient finalement tourné au vinaigre, se contentant de regarder de loin avec un mélange de crainte et de curiosité malsaine. Soixante-trois femmes avaient été arrêtées ce jour-là. « J’peux te garantir que ces fils de putes ont jamais manqué d’moyens de te faire passer l’goût de la dissidence, mais là… Là, ils voulaient faire un exemple. Pour que tous les autres sachent ce qui se passerait s’il leur prenait l’envie de se révolter. » Avec le recul, elle était bien forcée d’admettre que leurs bourreaux avaient eu un coup de génie, parce qu’il n’y avait rien de tel qu’un châtiment public pour instaurer un sentiment de terreur chez tout le monde. « Ils nous l’ont joué bien moyenâgeux pour le coup. Ils ont construit des piloris sur la place devant la prison, et ils nous y ont toutes envoyées à tour de rôle. On entendait les hurlements jusque dans nos cellules, c’était un putain de cauchemar… » Sa gorge se serre et les mots ont du mal à sortir. Elle ne précise pas la nature de la barbarie perpétrée à leur encontre, sachant que la suite sera suffisamment évocatrice. « Mon dos à mis des mois à guérir complètement ; la douleur était insupportable et je pouvais à peine bouger. Evidemment, c’est à ce moment-là que mon cher mari a décidé qu’ma vie n’était pas assez merdique comme ça et s’est mis prendre son rôle à cœur. » Là non plus, elle ne précise pas, se figurant que Roman comprendra facilement par lui-même ce qu’elle n’évoque qu’à demi-mots.

Lorsqu’elle repense à ce qui s’est passé à partir de ce moment particulièrement marquant de sa survie entre les murs de Walla Walla, elle ressent bien sûr de la colère, mais surtout de la honte. Comme accablée par la certitude qu’elle aurait dû se défendre mieux, continuer à se battre malgré les blessures qui ne cessaient de se rouvrir dans son dos et de la fièvre qui lui brûlait tout le corps. « Après ça, j’ai… Baissé les bras » admet-elle en baissant les yeux, comme si ce simple aveu la déshonorait encore plus que tout ce qu’elle avait vécu jusqu’ici. « J’avais plus la force de rien, et j’en prenais tellement plein la gueule que j’aurais même pas su par où commencer pour essayer d’sortir la tête de l’eau. » Elle qui n’avait jamais eu peur de se battre pour ses idées avait fini par ployer le genou face à l’ennemi, et petit à petit, ce dernier l’avait dépossédée de tout ce qui constituait sa personnalité profonde. Cette confession lui coûte, et elle rabat un peu plus la couverture contre elle, comme si ça pouvait la protéger de son propre passé. « Et puis, y a eu l’petit au milieu de tout ça, ce qui n’a rien arrangé. » Probablement la partie de son histoire qu’elle regrette le plus aujourd’hui. « Il s’appelle… Maksim. Oui, il est toujours en vie. Oui, je l’ai laissé là-bas. Et oui, j’suis un monstre. Mais honnêtement, je crois que ça mérite plus qu’un chapitre dans toute cette histoire merdique. » Il faudrait plus que quelques mots balancés comme ça pour véritablement lui rendre justice.

Elle n’a jamais réussi à l’aimer, parce qu’elle n’avait jamais été capable de regarder son visage d’enfant sans y voir apparaître celui de son père, mais elle savait au plus profond d’elle que ce petit ne lui avait jamais fait de mal. Lorsqu’elle était revenue de Colville, elle avait découvert que l’enfant avait été placé dans une famille aimante, et après sept mois passés loin de lui, elle avait décidé que le mieux à faire était de le laisser à ces deux personnes qui semblaient prêt à l’aimer envers et contre tout. Les séquelles pulmonaires dont il souffrait ne lui aurait probablement laissé aucune chance dehors de toute façon, et Roksana n’aurait jamais eu les épaules pour s’en occuper seule. « Ça fait beaucoup d’infos » murmure-t-elle toujours sans le regarder, honteuse. « Et j’imagine que tu te doutes que le pire est encore à venir. » Elle n’a fait qu’effleurer la surface de son histoire, et elle commence à peine à toucher du bout du doigt toutes les horreurs dont elle a été la victime, et parfois même l’exécutrice contre sa volonté. La dernière chose qu’elle veut, c’est mettre son compagnon de cellule mal à l’aise pour apaiser ce besoin soudain et impérieux de vider son sac. « Si tu préfères que je m’arrête là, je comprendrais. » Elle veut lui laisser une chance de fermer les yeux sur tout ça, et de faire comme si rien ne s’était passé. Peut-être qu’elle a peur de le salir lui aussi en lui jetant de telles histoires sordides au visage. Il n’a rien demandé, après tout.


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