J'étais pas plus mal tout seul moi finalement. On m'avait missionné pour trouver une pièce spécifique de voiture, et j'étais un peu parti à l'aveugle. Mais un quartier jadis vivant, ça devait bien abriter quelques bagnoles, non ?
Et puis bon, aussi peu mécanique que j'étais, j'avais noté une description de la pièce nécessaire, et j'avais eu le droit à un joli dessin, et à un haussement des yeux. Je faisais ce que je pouvais pour être utile à des gens, et qu'on ne décide pas de me tuer trop vite. J'étais un beau parleur, mais si je n'étais pas assez efficace à aider les gens à survivre, je n'allais pas faire bien long-feu. Et seul livré à moi-même non plus.

Alors j'étais allé à pas de velours dans des rues un peu moins larges, histoire de trouver un peu moins de monde, et surtout un peu moins de morts. Entre les carcasses calcinées du début de la catastrophe et les détritus du vent dans les rues, je n'avançais pas beaucoup dans mes recherches. "Ca sera sûrement dans un camion" qu'on m'avait dit. Encore fallait-il trouver un camion. Et c'est peut-être cette pensée qui fut mon illumination. J'étais dans une rue pleine de commerce, ils devaient bien se faire livrer quelque part. Alors ni une ni deux, à travers une boutique poussiéreuse, pour arriver dans la ruelle de derrière, par la porte de service. Et bingo. Deux camionnettes garées. Une complètement en ruines, désossée, pneus crevés et j'en passe. Mais la deuxième brillait tellement elle était neuve. Enfin non, mais elle avait l'air un peu plus en forme que l'autre. Ca devait même appartenir à quelqu'un, mais bon. Il y avait un peu de poussière dedans, pas de traces de vie, alors je pouvais me servir.

J'ouvrai le capot du moteur, pour regarder tout ça. Un tas de tuyaux, de fils, de tubes et de trucs en tous genres. Ca, je reconnais, c'est une bougie. Pas besoin, mais j'en mets une dans ma poche, au cas où. Ca.... non, ça.... ah ! Trouvé ! Le petit fil rouge et la pièce attachée entre la batterie et le fil. On y était doucement.

Je me retournais brusquement, lorsque j'entendis un bruit. Comme des pas, ou une porte qui se claque. Et vu comme ça, je n'avais aucune envie de me battre, ou même de courir face au danger.

- Heu... Y'a quelqu'un ?

Comme si quelqu'un allait répondre oui, en voulant me surprendre et me tuer. Main dans la poche, autour du manche de mon couteau, au cas où.

Il y avait un jeu bizarre qui s'installait. Un peu de séduction étrangement comique dans une situation pas banale. On aurait pu se tuer quelques secondes plus tôt, mais on s'échangeait des compliments un peu... précoces. Je ne la connaissais pas, mais c'était agréable d'avoir un peu d'humour rapidement. J'avais toujours un peu peur de me faire égorger, mais bon. C'était une peur qui ne nous quittait jamais vraiment.

- Oh moi aussi, faut me voir en sortant de la douche, bien rasé !

Bizarre un peu. Est-ce nécessaire de desescalader ça ? Non, pas vraiment, en tout cas le faciès de mon interlocutrice ne semblait pas plus effarouché que ça.

Mon estomac grognait, comme pour répondre à sa question à ma place.

- Un vrai repas, ça doit faire bien deux trois jours. J'ai grignoté des trucs par-ci par-là, mais bon... J'ai bien besoin de trouver ce que je cherche ici.

C'était clairement un rêve que je faisais chaque nuit maintenant, d'avoir un boin repas chaud, à un abri un peu plus accueillant que la bicoque où j'étais seul.

Je marmonne un peu, ne sachant pas vraiment si j'avais le bon cable. Ca y ressemblait en tous cas, mais bon... Mon attention fut dérivée quand elle parla d'un groupe, et d'une radio qui allait fonctionner. Beaucoup d'infos. Mais un radio ? Si elle fonctionnait ça serait fou.

- Vous êtes nombreux chez vous ? Et vous pensez capter quelque chose ? Ca serait utile, c'est certain.

Peut-être retrouver Tom, si il était toujours en vie quelque part. Mais vu comme je galérais à survivre au jour le jour, j'avais peu d'espoir. Il était meilleur que moi pour ça, mais tout de même.

Bonne question ça, la longueur. Pour moi, c'était plutôt standard, mais ça devait varier en fonction des véhicules.

- Heu... Aucune idée, mais t'as raison, je vais voir si j'en trouve des différents, histoire de bouffer ce soir. Ca serait bien.

Petit soupir.

- Et heu... Tu faisais quoi avant tout ça ? Quand la vie était normale ?