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Un dernier café avant la fin du monde ~ 3 octobre 2015 (PV.Ziggy)

Mar 17 Nov - 19:30

L’après-midi était grise, triste, mais elle n’avait pas envie de rester enfermée. Le ciel métallique envoyait clairement le message que l’été était terminé et que l’automne serait maussade. Impossible de savoir que dans la réalité, il serait pire que ça. Il menaçait de pleuvoir et elle avait déjà des tas de choses à travailler pour l’université – sans compter cette fantaisie de Chopin qu’elle boudait depuis la veille. A la base, Selene voulait simplement aller boire un café dans un Starbuck en faisait mine d’être immergée dans un devoir pour qu’on ne la dérange pas. Elle avait enfilé une robe bordeaux frappés de plusieurs croix noirs, un legging sombre et ses Doc’ à hauts talons achetées le samedi passé. Après avoir rangé son ordinateur portable dans sa housse et mit son manteau sombre, la jeune femme était descendu dans rue.

Voilà ce qui l’avait amenée à attendre, comme une lycéenne éprise, dans un coin de la boutique « Magic does exist ». L’enseigne l’avait intriguée. Le propriétaire lui avait plu. Il avait l’air original, intelligent et… intéressant. C’était ça en fait. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas trouvé quelqu’un intéressant. A croire qu’elle avait été dégoutée par son adolescence libérée, ou qu’elle fuyait quelque chose. Le monde était fade, froid, en nuances de gris ; un peu comme elle quand il était question de sentiments.

Ziggy. Il s’appelait Ziggy. Il avait l’air bien plus vieux qu’elle. Ça lui rappelait le nombre incroyable d’histoires que l’une de ses camarades de fac lui avait raconté à propos d’hommes de plus de 30 ans draguant les étudiantes. A l’écouter, Selene finirait très certainement son samedi dans un caniveau violée, dépecée et dépossédée de ses yeux... et de sa petite culotte, pour faire bonne mesure. Elle sourit toute seule et fit semblant de s’intéresser à la quatrième de couverture d’un livre de tours pour les nuls qu’elle relisait pour la sixième fois. Ziggy n’avait pas l’air d’un criminel – ce qui n’était pas une excuse en soi – il l’avait juste invitée à prendre un café à la fin de sa journée. Juste ça. Et c’était parfait.

La pianiste se sentait dévisagée chaque fois que quelqu’un entrait dans la boutique. Est-ce qu’elle avait l’air bizarre ? Est-ce qu’elle détonait avec le décor ? Elle passait sans arrêts ses mains dans ses cheveux châtain, faute de pouvoir en faire autre chose de passionnant. Mon dieu c’était ridicule. Pas de copain en 2 ans et ça y est, elle se sentait aussi fébrile d’une vierge catholique le soir de sa nuit de noce. Elle n’avait plus l’habitude. Lassée de faire semblant d’être détachée, Selene se décida à retourner voir Ziggy. L’heure approchait de toute façon. Ses grands yeux bleus embrassèrent un instant ce qui l’entourait et elle lui adressa un sourire timide.

- Excuse-moi, je me posais une question : ton sujet c’est surtout la prestidigitation je me trompe ? Mais est-ce que… enfin… tu t’intéresses aussi aux sciences ésotériques ? Pour justifier ses propos, elle pointa un doigt en l’air et récita avec malice : « Magic does exist ».

Et elle, y croyait-elle ? Elle ne croyait pas en dieu. Ou en tout cas, elle ne croyait en aucune religion. Par contre, elle ne pouvait nier se sentir parfois à l’étroit dans son propre corps. Prisonnière. Une camisole charnelle. Alors y avait-il autre chose, ailleurs, qui appelait son esprit ?... elle aimait se dire que oui. C’était peut-être ce qui l’avait attirée dans cette boutique aujourd’hui et ce qui l’amenait à accepter de prendre un café avec un inconnu. Cette « vibration mystique », ce goût de l’original.

- D’ailleurs…, reprit-elle immédiatement en feignant réfléchir, tu me montrerais un tour ? Je garderais le secret, promis.

Selene mima le geste de fermer ses lèvres pâles avec une fermeture éclair, ses orbes topaze pétillant illuminaient son visage ivoirin.
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#E39024

Mar 17 Nov - 21:59

Un dernier café avant la fin du monde. | Pv. Selene

« Magic Does Exist » est une boutique qui marchait bien. On peut dire qu’elle marchait bien, du point de vue du chiffre d’affaire de sa première année d’existence et surtout grâce aux petits plus que Ziggy avait mit en place. Il servait de Point Relais, ce qui lui offrait un quasi salaire régulier de la part de la Poste elle-même. De plus, quand un client venait récupérer un colis, il n’était pas rare qu’il reparte avec une ou deux babioles du comptoir. C’était une technique commerciale comme une autre, mais ça avait marché. Ziggy n’avait pas spécialement d’expérience dans le métier, mais il avait gagné sa croûte pendant toute sa jeunesse en faisant des spectacles de magie, alors il avait un certain sens des affaires. La boutique lui permettait de faire de jolies rencontres, comme celle-ci.

Dans son costume tape à l’œil violet nuit en velours lui tenait assez chaud par ce jour sombre d’automne. On sentait que les beaux jours commençaient à se faire la malle mais aussi que les fêtes de fin d’années commençaient à se faire attendre. Bonne nouvelle pour Ziggy et sa petite boutique. Il avait rencontré Selene, un peu plus tôt dans la journée. Une cliente vraiment mignonne. Plus jeune, presque mystique avec sa jolie robe et son manteau noir. Vraiment jolie. Ziggy était loin d’être timide et ne se refusait aucun petit plaisir de la vie. Ces derniers temps, il ne voyait personne, alors pourquoi pas, s’était-il dit, lui donner un rendez-vous pour faire plus ample connaissance. Étonnement, elle avait accepté. Il n’avait qu’à finir sa journée au magasin et la retrouver dans un des fameux Starbuck de la ville.

Arrivé en fin d’après midi, Ziggy commençait à regarder sa montre un peu trop souvent. Il ne voulait pas faire attendre la jeune femme et commençait à sortir l’argent de la caisse pour le mettre dans le coffre fort avant de fermer. Il entendit qu’on passait la porte. Un client de dernière minute ? Non, c’était bien Selene, dans sa même petite robe qui lui allait comme un gant, avec le même manteau long et les mêmes yeux charbonneux. Elle lui posa une question sans même un bonjour, comme s’ils s’étaient quittés depuis quelques minutes seulement. « Les sciences ésotériques ? Ah… C’est une bien bonne question ma p’tite dame ! » Plaisanta-t-il en se mettant à rire avant de passer un main dans ses cheveux. « Je suis plutôt ouvert, mais j’préfère mes simples petit tour de passe-passe. » Avoua Ziggy en hochant la tête.

Il compta les billets, les fit tourner dans ses mains comme le parfait croupier et rangea la petite boîte en métal noir à clé, clé qu’il glissa dans sa poche. Selene lui demanda de lui faire un tour. Ziggy fit volte-face vers elle après s’être baissé pour ranger la petite boîte dans le coffre fort derrière le comptoir. « D’accord ! Tu m’passes ton téléphone ? » Il prit le dit téléphone après qu’elle le lui ait donné et ouvrit un sachet qu’il y avait en tête de gondole à côté du comptoir, qui contenait de simples ballons de baudruches. « Ouvre moi ça et donne moi un ballon… » Il leva les yeux vers elle en déverrouillant le téléphone « Pendant que je note mon numéro dans ton répertoire. Merci. » Il fit un petit sourire en coin, le sourire du dragueur qui ne veut pas se l’admettre et fit bien ce qu’il venait de lui dire.

Il gonfla ensuite le ballon de baudruche et plaça le téléphone derrière ce dernier, en parallèle de la sortie d’air. « Bon regarde bien… » En relâchant l’air du ballon et en un geste très rapide et précis, le téléphone fût aspiré par le ballon, enfermé à l’intérieur du caoutchouc. « C’est pas à ce moment là que tu dois applaudir. » Précisa-t-il d’une voix monotone, comme si elle s’apprêter à le faire. Il ria de sa propre blague et montra le ballon qui avait désormais une forme rectangulaire. « Bon… J’te l’rend quand même, j’suis pas un salaud. » Plaisanta Ziggy en regonflant le ballon. Un nouveau petit geste de la main et le téléphone réapparut en dehors du ballon, comme neuf.

« Ca fait un malheur. Quand j’étais gosse ça marchait avec un paquet de carte ou une boite d’allumettes. Les téléphones étaient pas rectangulaires en 1830. » Ziggy avait toujours de la répartie, et se sentait toujours tout de suite à l’aise avec ses interlocuteurs. Il appréciait tout particulièrement le regard que la jeune femme portait sur lui. Il se sentait néanmoins beaucoup plus âgé qu’à l’ordinaire, un effet très étrange.
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Re: Un dernier café avant la fin du monde ~ 3 octobre 2015 (PV.Ziggy)

Mer 18 Nov - 22:33

Même la façon dont il passait la main dans ses cheveux était unique. En fait, dans son costume violet, il avait l’air en show permanent. Elle était musicienne et mordue de musique rock alors… tout ce qui touchait au spectacle, ça ne la laissait pas indifférente. Fronçant légèrement ses yeux bleus, Selene lui tendit son téléphone et fit ce qu’on lui demandait. Elle eut un léger sourire en coin quand il avoua ajouter son numéro à ses contacts – il était visiblement très sûr de lui – mais elle ne souleva pas et lui tendit son ballon. La jeune femme eut beau rester concentrée sur le tour, impossible de voir le « truc ». Elle eut une moue impressionnée et rit brièvement à la plaisanterie de Ziggy.

- 1830…, commenta-t-elle en récupérant son téléphone, je dois comprendre que tu es un vampire ou quelque chose comme ça ? Je te préviens, je déteste Twilight.

La brunette laissa un instant planer le doute. Impassible, elle rangea son portable dans son sac et dévisagea le propriétaire de la boutique. Elle était rarement très expansive : toutes ses émotions éclataient à l’intérieur, mêlées aux doutes et aux questions. Son visage ivoirin était souvent plus froid, plus distant, comme une protection instinctive. Pourtant, elle finit par sourire et confia sur le ton de la conversation :

- Je préfère Anne Rice en fait. Question littérature fantastique, c’est carrément au-dessus du niveau de ce qu’a pondu Stéphanie Meyer.

Presque embarrassée, elle baissa les yeux et passa une main dans ses cheveux. Voilà qu’elle parlait de romans de vampires maintenant… elle allait passer pour une gamine. Selene aurait parié qu’à l’époque où Ziggy avait son âge, même Harry Potter n’était pas encore sorti. Il ne devait clairement pas avoir les mêmes centres d’intérêt. C’était bien pour ça qu’elle détestait parler d’ailleurs. Heureusement, l’heure était venue de quitter les lieux pour aller prendre ce fameux café. Un instant, l’étudiante songea à son travail universitaire et son piano qui l’attendaient toujours mais décidément : elle avait beau être passionnée, le cœur n’y était pas. C’était presque un sixième sens. Comme si chaque fibre de son corps lui soufflait de profiter de ce samedi, parce qu’il n’y en aurait peut-être plus aucun des semblables. Ridicule.

Dehors, la lumière chétive du jour grisonnant touchait déjà au crépuscule. Un coucher de soleil aussi triste que ne l’avait été l’aurore, sans éclat, sans couleur, sans panache. Il ne pleuvait pas et pourtant, on croirait ces atmosphères britanniques, grises et menaçantes, où les nuages pouvaient se fendre d’un moment à l’autre. Il y avait moins de monde dans les rues que d’ordinaire. Les gens devaient se dépêcher de rentrer chez eux. Au cours du mois de septembre, plusieurs affaires étranges d’agressions avaient éclaté en ville. A priori sans liens, sans revendications en tout cas, mais il n’en fallait pas moins pour que plane sur certains quartiers de Seattle l’ombre d’une légende urbaine.

Selene regarda Ziggy. C’était marrant, même dans sa différence, elle avait l’impression que quelque chose les rapprochaient. Il était haut en couleur, elle se sentait pâle et délavée. Comme ces affiches qui restent trop longtemps exposée, usées par les intempéries. Une sensation d’écho ; étrange et déroutante. Alors que leur destination approchait, la jeune femme avoua non sans un léger sourire :

- Tu me prends vraiment pour une gamine si je ne prends pas de café ? En fait… j’aime me dire que je vais en boire quand j’ai l’intention de me mettre à travailler ; mais là, je prendrais plutôt un chocolat chaud. Après trois pas elle ajouta : et j’espère que tu me raconteras comment tu en es venu à créer cette boutique. Sérieux : je suis nulle quand il s’agit de parler de moi.

Ou bien on avait vite fait le tour. A ses yeux, contrairement à l’adolescence où elle s’était érigée un statut de survivante pour attirer l’attention, sa vie lui paraissait inintéressante. Elle était mademoiselle-tout-le-monde, avec une famille morcelée et rien de transcendant à raconter. Vraiment. Il la fuirait comme la peste si elle ouvrait la bouche.
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#E39024

Jeu 19 Nov - 17:18

Un dernier café avant la fin du monde. | Pv. Selene

Le tour avait fait son petit effet. Enfin… Ziggy n’en était pas sûr. Mais ce n’était pas grave. Quand il avait rencontré Betty à l’hôpital des enfants, elle était bien trop vieille pour assister au spectacle de magie qu’il donnait aux petits pensionnaires forcés de l’hôpital. Mais elle l’avait observé de son dernier œil qui lui serait bientôt retiré. Elle avait aimé sa voix, lui avait-elle confié un jour pendant une chimiothérapie. Dans la carrière de magicien de Ziggy, cette remarque lui était restée. Il faisait toujours très attention à sa locution tout comme à sa façon de bouger ses mains par exemple. Selene avait réagi à sa remarque idiote et alimentait le chmilblik, seulement, comme le soupçonnait Ziggy, pour faire la conversation, ou l’écouter parler. « Twilight ? Je connais juste Twilight Zone d’Iron Maiden, désolé. » Avoua-t-il en haussant ses épaules dans sa veste de costume près du corps.

Cette petite phrase glissée mine de rien permettait à Ziggy de délier un peu plus la langue de la jeune femme qui paraissait quelque peu renfermé. Ziggy était un original, il pouvait paraître extraverti mais contrairement à ce qu’on pouvait penser de lui, il n’avait besoin de personne pour être heureux dans son monde. Il était enfermé dans ses fantasmagories sans se soucier du monde extérieur, parce qu’il était assez intelligent pour s’en détacher ou blasé de l’horreur de celui-ci. Au choix. Selene était plutôt jeune comparée à lui, et ça lui plaisait. Honnêtement, Ziggy se sentait un peu quelqu’un d’autre et en même temps, une possibilité s’offrait naturellement à lui : Être lui-même avec quelqu’un qui ne connaissait rien de lui. Il est difficile d’être soi-même quand on fait face à l’inconnu, mais peut-être que s’il y parvenait avec la jolie brune, c’est que quelque chose était possible entre eux. Pourquoi pas après tout ?

Ziggy sourit à Selene en la voyant baisser le regard. Il acquiesça sans autres formes de protestation. Il lisait énormément, de tout, mais ne voyait jamais l’intérêt de s’attarder sur les auteurs. Ce qui l’intéressait, c’était les histoires. Peut-être aussi, il faut l’avouer, le processus de création mais sans plus. La folie des narrations grandiloquentes le fascinait. Il garda son petit sourire en coin espiègle tout en fermant la grille du magasin, une ville grille qu’il fallait abaisser à la main, sa grande taille l’aidant pas mal. Il la laissa passer la première, lui tenant la porte de l’enseigne. Ce soir-là, il y avait pas mal de monde, même si les gens commençaient à migrer vers les restaurants plutôt que les cafés. Drôle d’idée d’inviter une jolie fille à boire un thé ou un chocolat chaud plutôt qu’une boisson alcoolisée, mais Ziggy préférait donner un rendez-vous agréable, voir réconfortant. Ce lieu était donc idéal pour amener la chose.  

« On va prendre deux chocolats chaud et deux de vos énormes cookies merci. » Annonça-t-il à une serveuse avant d’aller s’asseoir dans un coin plutôt calme, enfoncé dans la boutique, où ils seraient tranquilles. « Je bois pas de café. J’trouve ça dégueulasse. Je déteste l’amertume, du coup j’bois pas trop tout court non plus. » Ziggy était honnête sur ce point-là. Là où il ne l’était pas totalement, c’était le fait qu’il ne buvait pas aussi parce qu’il pouvait se montrer légèrement violent et plus impulsif que d’ordinaire s’il était en état d’ébriété. Il ne pensait pas la boisson comme nécessaire, mais comprenait que des gens en aient besoin pour se libérer. Il avait déjà l’esprit assez tordu pour avoir besoin de ça. Il n’avait pas répondu lorsque la jeune femme l’avait averti. Elle avait l’air assez renfermé, et cela plaisait à Ziggy. Il fit un petit sourire à son adresse et hocha la tête en retirant sa veste. Il portait une chemise verte et un nœud papillon qu’il était justement en train de dénouer. Son costume le faisait ressembler au Joker, en beaucoup moins angoissant. C’était déjà ça de gagné.

« Je suis sûr que t’as un tas de trucs chouette à me raconter sur toi. » Affirma Ziggy en passant de nouveau une main dans ses cheveux. Il ne pouvait pas admettre qu’une fille aussi jolie ne puisse se laisser aller et être à l’aise en sa compagnie. Il savait qu’il n’était pas dangereux et même de très bonne compagnie. Ses intentions étaient bonnes, Ziggy n’était pas un salaud. « Ma boutique c’est un des seuls trucs cool qui me soient arrivés dans la vie. » Expliqua-t-il en toute quiétude en se mettant à l’aise sur la banquette où il était assis. « Toi tu es encore étudiante ? » Demanda-t-il ensuite pour l’encourager à rentrer dans le bain en sa compagnie.
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Re: Un dernier café avant la fin du monde ~ 3 octobre 2015 (PV.Ziggy)

Jeu 19 Nov - 21:52

Spoiler:

Chocolat chaud et cookie, c’était parfait. En une commande banale, Ziggy venait de réduire l’écart évident entre leurs générations respectives. Il suffisait de choses simples pour que deux personnes se plaisent. Un goût, une couleur, une anecdote, un souvenir… même s’il ne le savait pas, le magicien partait du très bon pied pour séduire la femme écorchée qu’était Selene. En revanche, il confia ne pas boire d’alcool et à ce sujet, l’étudiante observa un silence pudique. Il y avait longtemps qu’elle avait mis un point d’arrêt aux beuveries qui la rendaient malade, mais elle avait un passif de débauchée assez notoire quand on songeait à son âge. Ce n’était pas le genre de chose qu’on abordait à un premier rendez-vous.

Avant de s’asseoir, elle ôta également son manteau. Ses cheveux sauvages cascadèrent sur ses épaules frêles, ses bras dénudés étaient fins. La couleur automnale de sa robe faisait bien pâle figure aux côtés de la chemise de Ziggy. Est-ce qu’il s’habillait toujours comme ça ou bien est-ce que c’était une sorte d’habit de fonction ? Il incarnait à merveille l’image de « l’excentrique », mais dans le bon sens. Pas « loufoque et bizarre » mais plutôt « classe et original ». Et voilà qu’il insistait pour la connaître !

La musicienne ne savait pas si elle était gênée ou touchée. Un peu des deux sans doute. Pour chercher une diversion, elle chercha des yeux la serveuse en charge de leur commande, mais ce n’était pas prêt. En plus, son acolyte était visiblement aussi un amateur de l’autoflagellation. Cette partie de ping-pong pouvait durer assez longtemps s’il s’y mettait à deux. La seule différence était que le commerçant avait l’air parfaitement à l’aise alors que les yeux bleus de Selene s’évertuaient à s’évader dans le vide. Elle se redressa un peu, rentra brièvement la tête dans ses épaules à la manière d’une petite fille, et répondit :

- Je suis étudiante oui… au Cornish College of the Arts. Je prépare le diplôme de musique.

Elle osa releva un peu la tête mais le regard de Ziggy était difficile à soutenir. Pourtant, elle n’était pas fondamentalement timide. Simplement… se dévoiler était un exercice auquel elle n’était pas très douée. Heureusement, une pause lui fut offerte par la mise à disposition de leurs commandes. Les cookies étaient réellement énormes ; pour elle en tout cas. Après avoir remercié la serveuse, la jeune femme s’était immédiatement emparée de son gobelet de chocolat chaud pour le faire tourner entre ses doigts délicats.

- Je suis pianiste aussi. Enfin… je fais beaucoup de piano depuis mes 10 ans, corrigea-t-elle, le conservatoire était trop cher, mais j’ai pu aller dans une petite école privée. J’aimerais beaucoup être pianiste interprète ; répertoire romantique jusqu’aux débuts de Prokofiev.

Selene s’interrompit brusquement et cette fois, ses yeux topaze s’ancrèrent dans ceux de son interlocuteur. Elle sourit, un de ces sourires étrangement rayonnant et un peu trop rare. Il l’avait eu, il la faisait parler, et elle avait peur d’aimer ça. Toutefois inquiète de l’ennuyer, elle tenta une gorgée de son chocolat – encore trop chaud – et reprit avec un geste vague de la main.

- Je te parle peut-être chinois, désolée. De toute façon, c’est un milieu qui reste assez masculin, voire machiste. Des solistes femmes il n’y en a pas beaucoup, et celles qui donnent leurs propres concerts encore moins… je me dis qu’au pire, je trouverai bien un métier dans l’ombre des artistes.

Elle se mordit la lèvre inférieure et laissa s'échapper un petit rire cristallin. Pour rien. Juste parce que la décontraction de Ziggy lui faisait perdre ses repères. Les années d’expérience parlaient ? L’étudiante se sentait comme une enfant fragile et ingénue entre les mains d’un spécialiste. Ce n’était pas déplaisant, juste déroutant.

- Mais aller à toi ! J’ai joué le jeu, j’ai parlé, tu n’as plus le droit d’esquiver. Pourquoi une boutique de magie ? C’est quoi ton parcours ? Tu faisais des spectacles avant ? Je suppose qu’il ne suffisait pas de mettre des costumes violets et d’introduire son numéro dans le répertoire des clientes, taquina-t-elle malicieusement.

L’œil rieur, Selene but une longue gorgée de son breuvage. Cette fois elle ne se laisserait pas avoir : elle écouterait. C’était ce qu’elle préférait. On apprenait toujours beaucoup des gens en les écoutant, même quand ils ne disaient pas tout. Elle aimait connaître les autres mais craignait qu’on ne la connaisse ; c’était presque maladif, mais c’était comme ça.
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#E39024

Ven 20 Nov - 14:40

Un dernier café avant la fin du monde. | Pv. Selene

Ziggy savait très bien qu’en étant à l’aise, il incitait son interlocuteur à l’imiter. Il n’y avait aucune pression dans ce rendez-vous. Il trouvait cette femme charmante, elle avait l’air innocente, fragile. Mais ça lui plaisait. Ziggy n’aimait pas les filles qui se faisaient remarquer ou qui étaient volontairement allumeuses. Peut-être que l’adolescence avait transformé Selene, mais l’intérêt était sa personnalité présente. Elle n’avait pas besoin de jouer un rôle avec un type comme Ziggy. Il se contenterait de ce qu’elle était réellement. Elle était dans une école du musique, pour concentrer sa carrière dessus. Ziggy haussa les sourcils, intéressé par ce qu’elle lui racontait, tandis qu’il joignait ses longues mains pour y appuyer son menton dessus. « Une étudiante ! » Commenta-t-il d’un air impressionné, un sourire en coin. Il soulignait l’écart d’âge qu’il y avait entre eux, qui ne se voyait pas tellement d’ailleurs, mais surtout le fait qu’elle allait encore à l’école.

Il jetait un petit coup d’œil intéressé à Selene lorsqu’elle retirait son manteau. Elle avait une allure très subtile, chacun de ses gestes avaient quelque chose de subtil et de délicat. Elle lui confia être aussi une pianiste aguerrit, elle pratiquait depuis longtemps. Ziggy hocha la tête, en arquant un sourcil lorsqu’elle lui exprimait en détail son intérêt pour la musique romantique. « Je connais pas. Mais j’aime bien la musique classique donc tu marques un point. » Expliqua Ziggy en lui lançant un petit sourire complice, juste avant de se racler la gorge en croisant les jambes, sa cheville sur son genoux. Elle disait vrai en ce qui concernait les femmes pianistes.

Ziggy hochait de nouveau la tête, d’accord avec ses dires. Dans le milieu de la magie, l’ambiance était assez similaire. Les femmes dans le milieu du spectacle, et de la magie notamment, étaient surtout des pimbêches, un sourire niais sur leurs visages, qui tenaient les accessoires de magie de l’intéressé, étriquées dans des petites tenues moulantes. Ziggy avait une image un peu kitch du spectacle de magie, s’en servait en le détournant pour en faire quelque chose de nouveau.

« Je connais Valentina Lisitsa, la pianiste ukrainienne. Elle a interprété Sonate au clair de Lune à la perfection ! » Reconnu Ziggy en citant cette femme dont il avait regardé les vidéos sur Internet. Comme quoi, le monde de la musique classique avait tort de ne pas accorder une place de choix aux femmes instrumentalistes. Selene avait du mal à se concentrer sur Ziggy, son regard déambulait dans la pièce, elle tournait le chocolat entre ses mains pour se réchauffer. Ziggy eu un petit sourire en coin en rompant le cookie en un morceau qu’il amena très vite à sa bouche. Pendant qu’il mangeait, avant de boire une gorgée de chocolat encore fumant, et manquant de peu de se brûler la langue, Selene ramena la conversation sur l’activité de Ziggy. Il eu un petit sourire amusé, comme s’il constatait un chaton apeuré qui sortait de sa cachette pour venir voir ce qui se trame. Adorable.

Il finit par prendre une cuillère et remuer un peu le chocolat pour qu’il se refroidisse, en réfléchissant. Il n’avait pas spécialement de soucis à parler de lui-même ou de ce qu’il avait pu vivre dans sa vie. Mais il se savait légèrement égocentrique, il ne voulait pas tout ramener à lui une fois de plus. « J’fais d’la magie depuis tout gamin. J’adore ça. J’étais pas très bon à l’école mais j’ai commencé très jeune à faire des tours bénévolement dans des associations, ou payé pour les anniversaires, ce genre de truc. » L’hôpital des enfants de Seattle et le fantôme de Betty planait au dessus de la conversation. Autant les inviter à la fête. Ziggy eu un petit sourire en repensant à ces éléments, les éléments les plus important de sa vie. « Quand j’avais dix-neuf ans, je faisais des tours à l’hôpital des enfants de Seattle. J’y ai rencontré une ado de mon âge là-bas. Je suis resté en bon terme avec ses parents, alors quand j’ai voulut ouvrir ma boutique, ils m’ont aidé dans la démarche. »

Ziggy n’avait pas encore mentionné ni le nom ni le destin funeste qui avait foudroyé sa petite amie. Il ne savait pas vraiment si Selene voulait le savoir, et ne voulait pas forcer Betty à entrer dans la vie d’une concurrente potentielle. « J’ai eu de la chance. Bon ça fera pas ressusciter Betty mais j’suis content de ma boutique. Ça marche pas trop mal, voir même plutôt bien ! » Avoua-t-il en toute honnêteté, sur un ton très détendu. Il but une nouvelle gorgée de chocolat en regardant Selene par-dessus son gobelet qu’il tenait des deux mains. Il lui attribua un petit clin d’œil pour dédramatiser la situation. Cette histoire était vieille, Betty morte depuis longtemps et même si il regrettait plus que tout ce qui lui était arrivé, Ziggy continuait de vivre sans pour autant en pleurer chaque jour. Ainsi va la vie.
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Re: Un dernier café avant la fin du monde ~ 3 octobre 2015 (PV.Ziggy)

Dim 22 Nov - 22:04

Ziggy avait encore marqué un point en disant qu’il aimait la musique classique. Bon en soi, ça ne signifiait pas grand-chose : la plupart des gens qui disaient ça étaient en réalité incapables de distinguer les différents courants et mettaient Bach, Schubert, Debussy et Schönberg dans le même panier. La musicienne était de ceux pour qui le terme "classique" correspondait à une esthétique particulière et uniquement au trio viennois Haydn - Mozart - Beethoven. Mais bon, l’heure n’était pas à un débat unilatéral sur les différentes couleurs musicales ; au moins, il n’avait pas rejeté ses goûts en bloc en la traitant de snob ou de coincée. Selene préféra se concentre sur le récit de la vie du magicien. Elle était étrangement plus à l’aise quand c’était lui qui parlait. Cassant un morceau de son cookie pour pouvoir commencer à le manger, elle se détendit un peu, son regard clair dévorant le trentenaire avec curiosité.

Elle aimait l’idée qu’il ait pratiqué la magie depuis toujours. C’était comme un signe qu’il était différent de fait, et pas par choix ou par nécessité. La jeune femme n’aimait pas vraiment les baratineurs ; ceux qui se créaient des rôles pour paraître plus intéressants qu’ils ne le sont en vrai. Certainement parce que c’est ce qu’avait été son adolescence : s’inventer une image, un rôle, une personnalité… alors qu’en fait, elle n’était rien d’autre qu’une pauvre fille monoparentale. Une fille malheureuse et mal dans sa peau.

Même si elle admirait le dévouement de Ziggy pour les enfants handicapés, ce fut son authenticité qui la toucha réellement. C’était un mec droit, sincère, presque trop idéal – à ses yeux – pour être réel. Néanmoins, même s’il dédramatisa son histoire en lui adressant un clin d’œil, elle devina le trésor de sentiments qui se cachait derrière les apparences. N’était-ce pas ce qu’elle avait toujours fait avec sa mère ? Ne pas pleurer, en parler comme une anecdote, comme un accident, mais au fond… le vide existait toujours. Un trou béant dans son cœur et dans sa vie.

Un sourire mystérieux – et un peu triste – s’étira sur les lèvres de Selene. C’était à ce moment qu’elle réalisait qu’elle avait le béguin pour lui, alors que l’entrevue n’était pas terminée. Elle voulait connaître cet homme. Ses histoires, ses goûts, ses envies, ses amours, ses peines. C’était une impression idiote mais elle était instinctive ; et son instinct lui dictait que même si elle était bien plus jeune, quelque chose de bien pouvait exister. Pour se donner un peu de temps, la jeune femme dégusta une nouvelle bouchée de son cookie.

- Très franchement, je trouve super cool ce que tu as fait. Cette Betty, et tous les enfants à qui tu as joué des tours, ils ont eu de la chance que tu sois là. Je déconne pas, assura la musicienne, si j’étais atteinte d’une maladie grave, j’adorerais que quelqu’un comme toi vienne me faire sourire.

Elle rosit légèrement et baissa la tête. Une cascade de cheveux sombre tomba masquer une partie de ses traits. Quelque part, n’était-ce pas ce qu’il faisait déjà ? Sa maladie, son cancer, c’était cette tristesse omniprésente. Comme une tumeur accrochée à ses émotions exacerbées : Selene avait une vie complète, mais elle était malheureuse en même temps. Elle hocha légèrement la tête, comme si elle acquiesçait à ses propres pensées, et dit en releva ses yeux bleus :

- On est un peu pareils toi et moi : nos vies tournent autour de nos passions. J’étais plutôt douée à l’école avant j’avoue, mais j’ai commencé à faire n’importe quoi à partir de mes 13 ans… si ça n’avait pas été pour pouvoir entrer au Cornish College of the Arts, je crois que j’aurais jamais fait l’effort de remonter mes résultats en dernière année de lycée.

D’un geste subtil, elle repoussa une mèche châtain de devant son visage pour pouvoir boire de son chocolat chaud. Dehors, le soleil était presque entièrement couché. Il régnait dans le starbuck une tranquillité apaisante, à croire que les lieux leur appartenait. L’étudiante croisa les jambes et s’enfonça un peu dans son siège. Ça y est, elle se déliait, sous le charme du magicien.

- Pour revenir sur Valentina Lisitsa, je la connais aussi ! C'est vrai que sa sonate Clair de lune est bien interprétée. Par contre je n'aime pas la façon dont elle joue les études symphoniques de Schumann, et encore moins sa version de la Rhapsodie hongroise n°2 de Liszt... c'est important pour moi parce que j'aime beaucoup ces œuvres, se justifia la jeune femme avec un petit rire, mais je t’ai perdu peut-être ?

Un sourire rayonnant resta accroché à son visage ivoirin. Elle brisa délicatement un autre morceau de son cookie, lui jeta un regard malicieux et ajouta avec une nonchalance mesurée :

- Si on a l’occasion de se revoir, je te les jouerai si tu veux. Au moins la rhapsodie, les études sont un peu longues pour un non-initié.
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Re: Un dernier café avant la fin du monde ~ 3 octobre 2015 (PV.Ziggy)

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