Shawna fut heureuse de voir Leroy venir s’installer à ses côtés. Et non, la belle n’avait pas attendu son autorisation pour prendre place sur le canapé, ce n’était pas tellement dans ses habitudes de prêter attention à ce genre de chose. Et puis, à vrai dire, elle commençait à être légèrement fatiguée, surtout après cette longue marche qui les avaient menés jusqu’ici. Néanmoins, la métisse ne regrettait pas d’avoir accepté la proposition du jeune homme, impatiente d’en découvrir plus sur lui. Le laissant caresser sa main, elle se remit à sourire. Puis elle l’écouta, attentive, lorsqu’il lui expliqua que l’appartement appartenait à son entreprise. « J’aime beaucoup ! Rien à voir avec mon petit appartement minable… Et c’est pas ma patronne qui va me filer un logement comme celui-là ! » Oh, elle n’avait pas à se plaindre… Mais évidemment, pour avoir un appartement en plein centre de Seattle avec son maigre salaire de coiffeuse, elle n’avait pas pu se permettre de voir les choses en grand. Un petit deux pièces, avec une chambre où elle avait beaucoup de mal à faire tenir son immense garde-robe et toutes ses paires de chaussures… Alors, voir un appartement aussi spacieux, ça la faisait rêver.

Lorsque Leroy se leva pour préparer le café, elle ne le quitta pas des yeux, ayant même du mal à lâcher sa main. Un petit sourire en coin se dessina sur ses lèvres, ne cachant pas son impatience de le voir revenir rapidement à ses côtés. Une fois le charmant jeune homme occupé à préparer le café, Shawna se mit encore plus à son aise, enlevant ses chaussures. Scrutant la pièce du regard, elle la détailla longuement, espérant en apprendre plus sur le beau blond. Mais, il n’y avait pas grand-chose à vrai dire. Peu de décoration, pas de photo, mis à part un portrait. Quelqu’un de sa famille, peut-être ? La coiffeuse n’y porta pas vraiment attention, reportant son regard sur Leroy qui revenait avec un plateau. Il avait fait ça bien, et la jeune femme remarqua l’intention. « Merci. » Dit-elle simplement lorsqu’il la servit. Shawna se rapprocha alors de la table pour attraper un morceau de sucre et le laisser tomber dans sa tasse, avant d’y ajouter un peu de crème.

Shawna prit la tasse, tournant sa cuillère pour en mélanger le contenu. Puis elle y trempa les lèvres, buvant doucement pour ne pas se brûler. Elle reposa sa tasse et Leroy lui demanda alors où elle travaillait. Prête à répondre, elle sentit alors la main du maçon venir se poser sur son genou. Alors, elle sourit encore avant de reprendre « Je travaille dans un petit salon sur E. Pike Street, c’est près du centre-ville. Ce n’est pas bien grand mais il est très sympa. Et ça sera avec plaisir de t’y accueillir, quand tu voudras… » Son sourire s’élargit davantage alors que sa main vint se poser sur celle de Leroy. Puis, leurs regards se croisèrent encore et l’homme posa enfin sa main sur la joue de la métisse. Plongé dans les yeux bleus de son compagnon, Shawna sembla s’y perdre pendant de longues secondes, en rien gênée par cette proximité. Au contraire, le désir de se rapprocher encore un peu plus du blond se faisait de plus en plus présente… Alors, elle vint de nouveau prendre possession des lèvres de Leroy, lui offrant un baiser bien plus passionné que les précédents. Profitant de cet instant, elle se rapprocha de lui. Puis rompant le contact avec les lèvres de son partenaire, elle murmura, amusée « Te rendre plus beau que tu l’est déjà, ça me paraît compliqué… Mais j’peux essayer… » Elle lui vola un autre baiser. Bien sûr qu’il était à son goût… Comment ne pas tomber sous son charme ? Leroy était vraiment le genre de gars qu’elle aimait et elle avait bien du mal à le cacher…

Est-ce qu'à un seul moment, l'homme se serait imaginé en train de ramener cette inconnue chez lui ? Habituellement, il préférait cent fois aller chez elles, refusant éperdument d'inviter une simple conquête dans son petit nid douillet. Pour lui, ç'aurait été comme étant une invitation à rester, à poser ses valises et à dire "Soyons ensemble". Mais pas cette fois. Non, cette fois, il avait invité la petite femme dans sa piaule, il l'avait invité à voir ce qu'était sa vie, ses habitudes, il l'avait invité à découvrir son intimité. Ce n'était pas la première fois, depuis qu'il avait commencé à fréquenter les femmes, mais ça ne faisait pas si longtemps qu'il s'était installé à Seattle et il ne voulait pas déjà s'enliser dans une histoire. Pourtant... Cette femme lui plaisait énormément. Rien à voir avec toutes les folles qu'il fréquentait habituellement. Non pas qu'il se voyait déjà fonder une famille, lui passer la bague au doigt ou même rencontrer ses darons ou ses amis mais elle dégageait toujours autant ce quelque chose qui l'incitait à être patient, doux et attentionné. Ce qu'il était, au bout du compte.

Les yeux bleus rivés sur ceux, noisettes, de la jeune femme donnaient l'impression que le monde extérieur n'existait plus. La demoiselle parlait et il répondait par de simples sourires amusés. Elle disait qu'il lui semblait difficile de rendre le mastodonte plus beau qu'il ne l'était déjà et lui estimait silencieusement qu'elle avait un don pour le caresser dans le sens du poil et de flatter son égo, bien que pas si surdimensionné que ça. Dans un geste irréfléchi, le grand blond vint passer une bras au niveau des côtes de sa belle pour l'attirer contre lui, sur ses genoux, la faisant prendre place face à lui. De ses bras musclés, il entoura la taille de la métisse et vint délicatement lui voler quelques tendres baisers.

- S'il y a quelqu'un qui peut le faire, c'est toi, j'en suis persuadé.

Des mots dans le but de séduire un peu plus sa proie ? Absolument pas. Est-ce qu'on pouvait, d'ailleurs, considérer la coiffeuse comme une proie ? Non, absolument pas. Bien au contraire, dans le cas présent, c'était lui qui cédait du terrain face à elle, prenant les devants, prêt à accepter chacune de ses demandes. Enfin... Presque. Tranquillement, le philadelphien s'enfonça dans le canapé de cuir, laissant glisser ses mains sur les cuisses de la métisse, lui offrant encore et toujours le même sourire charmeur. Il la voulait toujours autant mais... Plus qu'une nuit. Plus que deux nuits. L'idée même que demain, elle change d'homme le faisait bouillir de l'intérieur. Une sorte de jalousie et de possessivité ? Non, du moins, il n'en était pas certain. Peut-être qu'il l'appréciait vraiment beaucoup, voilà tout. Est-ce qu'elle était du genre à enchaîner les conquêtes, d'ailleurs ? Et si le week-end prochain ils se recroisaient dans la boîte et qu'elle l'ignorait, préférant chercher un autre ? Cette idée déplu immédiatement à l'ouvrier du bâtiment, au point de s'en mordiller la lèvre inférieure, comme à chaque fois qu'une chose le contrariait. Plutôt que de se laisser submerger par son imagination, il préféra revenir coller ses lèvres contre celle de la demoiselle, se montrant plus passionné que jamais. Délicat, il libéra sa bouche pour venir embrasser sa joue droite, remontant aussi lentement, à coup de baisers, jusqu'à son oreille pour y chuchoter.

- Reste avec moi, ce soir. Et même s'il ne se passe rien, je n'ai pas envie que tu rentres chez toi. J'ai envie de te garder dans mes bras toute la nuit.

Une honnêteté à en couper le souffle. Même lui, bien qu'il faisait en sorte de ne pas le montrer, s'étonnait par cette demande. A la base, quand on ramenait une fille chez soit, c'était pour qu'il y ait quelque chose, non ? Eh bien non, pas ce coup-ci. Toujours avenant, l'homme vint récupérer entre les siennes, les mains de la jeune femme, les passant autour de son cou, incitant ainsi la coiffeuse à se coller un peu plus à lui. Une envie de simplement prendre soin d'elle venait de naître dans le coeur du charmeur. Les doigts du travailleur vinrent glisser le long des bras de Shawna, s'arrêtèrent aux épaules alors que sa bouche réclamait de la sienne de nombreux échanges, pleins de désir. Tendrement, il vint retrouver la taille féminine puis ses cuisses, l'amenant ainsi à être complètement contre lui. Pouvait-elle sentir les battements de son palpitant ? Pouvait-elle sentir ses frissons ou encore sa respiration saccadée ? Elle le rendait fou sans avoir rien à faire. Et si finalement il s'agissait de coup de foudre ? Possible ? Bizarre surtout, quand on savait d'où ça partait. Une rencontre dans un lieu d'amusement. Sérieusement ? Ouais, surtout bizarre...