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Re: The watch
Mer 16 Mar 2016 - 17:23
Edwin avait écouté Samson parler de sa vie, expliquant qu'il était à la rue depuis un bail déjà. De ce que pouvait supposer le fauconnier, d'après les dires de son camarade, un malheur était arrivé, ce qui faisait que sa situation avait changé. Ed pouvait parfaitement comprendre cela. Après tout, il était devenu fauconnier suite à un tragique accident. Il aurait pu être papa mais on lui avait retiré l'occasion de l'être. En regardant le monde dans lequel ils vivaient tous aujourd'hui, c'était peut-être pas plus mal. Sans doute qu'il aurait été deux fois plus déchiré si on lui avait enlevé Travis et son tout petit. Pourtant, le soigneur n'hésita pas à sourire en coin au sans-abris, se contentant de le regarder longuement avant de prendre la parole.
- J'admire ton courage. Tu as tenu quinze ans dans un monde qui te rejetait parce que pour les gens, tu n'étais qu'un déchet. C'est pas donné à tout le monde. Et puis tu es là. T'es devenu un maillon important de l'Humanité. T'imagine si on est qu'une poignée d'êtres humains à lutter contre ces... choses ? Chaque vie est précieuse et toi, mon ami, qu'importe ce que tu as été aux yeux de tous, tu fais parti, désormais, d'un groupe de héros. Tu as défendu des vies, des familles, des enfants. Tu risques encore ta vie ce soir en montant la garde, comme beaucoup d'autres. T'es loin d'être un rebut de la société.
Le jeune homme faillit ajouter que quiconque oserait dire le contraire aurait affaire à lui car il ne permettrait pas qu'on insulte un vaillant survivant. C'était loin d'être du fayotage mais juste la vérité telle qu'il la pensait et la ressentait. Ed éprouvait un profond respect pour chaque personne ayant prit les armes, risquant ainsi sa vie pour ceux qui ne parvenait pas à se défendre, trop terrifiés à l'idée de mourir. Ils avaient été nombreux à voir la mort de près. Le michiganais soupira, tapotant une seconde la crosse de son Beretta. Il n'arrivait pas à s'en séparer. C'était son arme à lui, personne d'autre n'avait le droit de la prendre, il n'arrivait pas à s'y résoudre. C'était le flingue avec lequel il avait donné la mort, il s'agissait de son poids et quelque part, sa conscience.
En tous les cas, le brun inspira et resta un instant perché sur la rambarde, balançant lentement ses pieds jusqu'à ce que l'attitude de son camarade lui fasse relever les yeux. Intrigué, Ed descendit du perchoir et tenta de percer les ténèbres du regard pour voir ce que son ami observait. Enfin, il l'aperçu. Le corps déséquilibré, avançant plus que difficilement, se ramassant et se relevant. Il se dirigeait vers eux. Fronçant alors les sourcils, l'ancien n'eut qu'un réflexe, détacher sa lame de sa ceinture. Tapotant l'épaule du garde de nuit, il lui fit un signe de tête.
- Tu me couvres ?
Ne laissant pas réellement le temps à Samson d’acquiescer, le fauconnier fit le tour pour poser les pieds dans la neige. La poudreuse mouilla instantanément son pantalon et l'eau vint humidifier ses jambes. Brrr... Froid c'bordel ! L'intrépide siffla un peu et la chose se tourna vers lui, râlant, tendant un bras vers lui alors qu'il ne restait qu'un moignon de l'autre. Malgré son air humain, on comprenait facilement que le truc n'avait plus aucune humanité. Attendant encore un peu que cet ancien vivant s'approche, le dresseur déstabilisa un instant le monstre et lui planta le couteau dans le crâne, d'un coup puissant et sec. Un de moins. Comme à chaque fois, son coeur battait la chamade, l'adrénaline commandait encore un instant ses mouvements, laissant encore la trace du "eux ou nous" dans son esprit. Eux ou nous... C'était la réalité du monde.
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Re: The watch
Mer 16 Mar 2016 - 21:12
The watch
Ed avait raison. Le monde avait changé. Pas seulement parce que les morts marchaient en quête de chair à ronger, mais aussi parce que Samson essuyait un regard différent de la part des autres. Avant, on l'ignorait la plupart du temps, et quand on le regardait, c'était avec un mélange de pitié et de dégoût. Aujourd'hui, ici, parmi ces gens, c'était différent. Il s'en était aperçu, autant chez Ed que chez quelques autres, on le regardait avec respect. Parce qu'il avait réussi à survivre à Centurylink Field, et qu'ils savaient ce que ça avait été. Ils savaient ce qu'il avait certainement dû faire pour s'en sortir. Ils savaient qu'il avait sans doute tué, probablement sauvé des dizaines de vies. Ils savaient qu'il avait donné tout ce qu'il pouvait, jusqu'à risquer sa vie pour aider des inconnus, qui auront certainement fini par se faire tuer quand même. Ils savaient, parce qu'ils avaient fait la même chose. Chacun d'eux. S'ils étaient arrivés jusqu'ici, c'était parce qu'ils avaient trouvé la force, le courage de se lever et de faire ce qui était nécessaire.
Sans remercier Ed pour sa considération, ni minimiser ses mots, Samson se contenta de pincer les lèvres en hochant imperceptiblement la tête.
C'était le moment qu'avait choisi le garde forestier pour sortir en ballade. Après que Samson l'ait signalé, il l'avait pointé du doigt. Ed le chercha un instant – dans cette obscurité, difficile de voir nettement – mais finit par trouver le corps trébuchant dans la neige. Il semblait décidé à ne pas le laisser errer dans le coin, ce qui aurait pourtant pu être fait, puisqu'il y avait peu de chances qu'il trouve son chemin jusqu'au chalet.
- « Tu me couvres ?
Ce pouvait être autant de quelque autre Geignard qui s'aventurerait hors de la forêt que du garde forestier lui-même, au cas où.
– Ça marche. »
Ed descendit souplement et avança droit vers l'autre, qui continuait son manège, entrer marche maladroite et se vautrer dans la neige. Le fauconnier attira l'attention de l'autre, qui grogna et entama un demi-tour empoté. Il finit une fois de plus étalé dans la poudreuse, et reçut une bonne lame dans le crâne.
Après avoir suivi toute la scène au travers de la lunette de son fusil, Samson abaissa son arme. Il s'était attendu à tout sauf à ça. Une élimination silencieuse et efficace. Ce type savait ce qu'il faisait.
- « Ben mon vieux… quelle leçon ! J'aurais utilisé mon arme, mais ça aurait été beaucoup plus bruyant. »
Et ils le savaient, les Grogneurs avaient le chic pour entendre les bruits les plus faibles. Un coup de feu, ça s'entendait sur des kilomètres. Sans parler du fait que ça puisse réveiller la moitié du chalet, et mettre en panique l'autre.
Ed était à compter parmi les gens fiables. Plus que jamais, plus que dans la rue, il faudrait maintenant faire avec ce genre de critères. Le plus fort, le plus résistant, le plus rapide, le plus agile, le plus intelligent, le plus courageux… La survie du plus adapté.
Tu entends ça, Charles Darwin ? Ta théorie se montre vraie, encore plus aujourd'hui. C'était en somme un retour aux sources. Parce que Plaute aussi, avait raison. L'homme est un loup pour l'homme. Mais ce que Plaute n'avait pas vu venir, pas plus que n'importe qui d'autre, c'était que le loup serait en fait l'homme mort.
Et ça, ça faisait une foutue bonne différence.
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