Au moins, ils étaient d'accord sur le fait que y'avait du monde. Gary contempla le dit couloir avec la mine frustrée de celui qui avait envie que ça se passe sans mal et que y'ait rien à faire. Vrai que ç'aurait été sans doute plus simple et presque aussi sympa d'y aller sans se faire emmerder une seule seconde par qui ou quoi que ce soit. Mais fallait se faire à l'idée qu'aujourd'hui rien était simple, et au contraire tout compliqué. Que ça soit le fait de manger, de boire, de discuter avec ses semblables, c'était toujours la même merde et le même bordel infâme et ça faisait chier.

Alors ouais, faudrait forcément s'en occuper à un moment donné. Loin d'enchanter le traqueur, il hocha la tête quand Arthur le signala, et à la suite quand Lilou s'inquiéta. Celle là, souvent, il avait l'impression qu'elle allait lui fondre en larmes entre les mains sans qu'il puisse rien y faire. Assez courageuse pour sortir mais qui regrettait désormais sa décision ? Ç'aurait pas été étonnant. Ils allaient pas faire demi-tour pour la ramener à la maison, ça serait une perte de temps qu'il aurait du mal à encaisser, mais faudrait bien à un moment qu'elle s'y fasse non ?

Respire, on va pas y aller à poil sans réfléchir.

D'abord les pièces vides dans l'espoir d'y décrocher un miracle ou un truc du genre. L'histoire touchante du type qui a voulu prévenir les autres en s'enfermant avec des morts dans un coin rempli de munitions et de flingues, ça lui en touchait une sans faire bouger l'autre. Lui, le Gary, il voulait ce qu'ils étaient tous venus chercher, à savoir des armes pour se défendre contre des connards plein de dents qui hésiteront jamais à planter les crocs.

Fallait il prendre son temps et faire tous ensemble les quatre portes qui se présentaient à eux ou y allait à deux pour faire deux pièces pour chaque groupe ? Il était le seul avec un arme silencieuse, mais à côté de ça, Ethan et Arthur étaient des hommes capables d'être discret. Lilou quand à elle avait réussi à garder son sang froid pour l'instant, assez pour être encore avec eux sans être partie en courant. Elle irait avec lui, c'était décidé.

Vous faites les portes de droite, nous celles de gauche ? Demanda-t-il à Arthur et Ethan en s'avançant vers le couloir.

D'abord celle qui avait de la lumière, pour être sûr d'y voir quelques choses. Ensuite, ils iraient avec une lampe torche pour les autres, histoire de pas avoir l'air trop con. Et enfin, ils iraient voir ce qu'il se passe en bas. Mais inutile de rappeler que la discrétion était encore de mise.

Il avança jusqu'à la première porte à sa portée et planta l'oreille contre celle-ci. Il se concentra pour essayer d'entendre un bruit, mais pas un râle, pas un son. S'il y avait quelque chose coincé là-dedans, il était probablement silencieux, ou mort de chez mort. Tenant son arbalète, il invita Lilou à venir se placer pas loin. C'est elle qui ouvrirait la porte, lui avait ses deux mains occupées.

Me pinçant pensivement la pointe barbue de mon menton, j'écoute et pèse l'avis de chacun d'entre eux. Ils évoquent l'évidence, mais ils ont l'intelligence de le faire. Fouiller les endroits semblant vides avant le reste, c'est la bonne idée. Histoire de ne pas passer à côté d'une surprise.. Bonne ou mauvaise. Prévoir plusieurs plans de retraites, assez de portes à imposer aux infectés qu'il faudra très certainement finir par déranger. Et puis, qui sait.. un gros coup de bol ? Je n'y crois que peu, mais ça me fait sourire par dessus ma main maintenant figée.

Je regarde Gary, qui veut prendre soin de la dame. Au moins a t il une arme silencieuse, même si elle ne frappe qu'un coup. Reste à espérer que la blonde aura l'extrême obligeance de ressembler à cette arbalète. Faire à nouveau " équipe " avec Ethan, ouais. J'le connais, il me connait. On a l'expérience de ce genre de situation. D'ailleurs, c'est sûrement ça qui me ferait bien émettre un doute sur la composition des duos, si je ne connaissais pas aussi Gary. J'lui fais confiance, ça c'est un type qui sait ce qu'il fait.
Ainsi donc, j'approuve silencieusement, d'un geste de la tête, les paupières closes un court instant.

Je me met à imiter les gestes de grise-mine, invitant Ethan à me suivre. Quelques pas feutrés, la lame prête à frapper le diable surgissant hors de sa boite. Ca fait bien longtemps qu'il n'est plus en mesure de me surprendre, ce con. En tout cas, certainement pas quand je suis en plein coeur de l'action. Je pose l'oreille contre la porte faisant face à celle dont s'occupent Gary et Lilou, retenant ma respiration. Je m'accroupis même légèrement. Mon regard se perd dans le vide, ne faisant maintenant confiance qu'à mon ouïe. Rien ne m'alerte. Ainsi donc, clignant des yeux deux fois, je fixe le regard d'Ethan, cherchant à savoir s'il partage mon jugement, et s'il est prêt à en avoir le coeur net.

Un léger hochement de la tête encore, et la main qui tient la lampe tourne doucement la poignée. La porte s'ouvre lentement et je grimace quand elle se met à grincer. Un grincement léger, mais qui pourrait trahir notre présence. Faudra faire avec..
Un clic pour éteindre temporairement la lampe. Un dernier regard déterminé, yeux grands ouverts à mon ami, et je mime un " Go " à peine plus audible que ma respiration.
Ensuite, tel une ombre, je me faufile dans cette pièce..

Lilou savait qu'elle passait pour une pleureuse sur ce coup. Mais quand elle y regardait à deux fois, ils avaient mille fois plus d'expérience qu'elle quand au fait de s'exposer au danger. Quand Century est tombé, sans nulle doute serait-elle morte si ce n'était pas grâce à Edwin. Puis quand les survivants se sont installés au chalet, longuement, elle a pensé qu'elle n'était pas battit pour cette vie, qu'elle voulait mourir avant d'être rongée par la peur. Puis en regardant le fauconnier de plus près, après tout, ce n'était plus vraiment impossible. Lui non plus n'était pas battit pour un monde de violence, avec son oiseau il avait plus l'air d'un trappeur que d'un guerrier. Et elle était loin d'alimenter la séparation homme/femme qui sous entendrait que la femme doit rester à la maison. Elle grinçait des dents quand elle comprit qu'elle jouait les trop prudente. La réflexion de Gary en rajoutait une couche. S'il se voulait rassurant, il se montra surtout agaçant et insultant. Au moins Ethan essaya de faire un effort. Mais les nerfs à vif, elle voulu le frapper en pleine face quand il insinua que ce qu'ils cherchaient était là d'où venait les bruits. Putain c'est parce qu'elle était simple civile ou une femme qu'on lui donnait aucun crédit. Elle se contenta de soupirer, son visage ne marqua que l'angoisse et masqua à la perfection la nervosité qui grimpait dans son échine. Au moins, plus la situation la mettait en colère, comme avec Edwin quelques heures plus tôt, plus la peur semblait s'en aller.

Ils décident de se séparer et faire des équipes de 2. L'impression première de Lilou c'était qu'ils avaient tout faux. Se séparait diminuer la force d'attaque et pauvre Gary, il n'était pas fièrement aidé. Mais au bout du compte, ils n'ont pas vraiment tord, sans nulle doute que ça allait faire beaucoup de bruit d'ici peu de temps et ceux qui grouille dehors allaient certainement les encerclés s'ils s'éternisent. Alors elle suit les ordres comme un bon petit bon soldat et arrête de la ramener.

Se tenant debout devant la première porte, elle observa docile Gary guêttait un bruit suspect. Sans un mot, à l'aide de geste, il lui fait comprendre qu'il la couvrait et qu'elle devrait être ses mains, le temps qu'il tienne son arbalète en cas de problème. Alors elle passe devant. Elle ne manquait pas de confiance, mais l'oreille d'une musicienne était parfois plus aguérit qu'un homme qui entends les éclats assourdissants des armes depuis longtemps. Elle était à la recherche de n'importe quoi, même d'un déplacement de sourie. Mais rien ne semblait satisfaire son ouïe. Pour autant, elle ne manquerait pas de vigilance quand sa main se posa doucement sur la poignée, la tournant le plus silencieusement possible pour en déloger la pêne de la porte. Un léger cliquetis se fit entendre et d'un geste sec elle ouvrit cette dernière en retenant son souffle. S'ouvrant béatement sur...

Un bureau.

Encore beaucoup de paperasse, des placards, sûrement rempli d'archives, mais aucun mort pour venir les attraper et les bouffer. Lilou en était soulagée et sans se tourner, elle se demandait si Gary n'en serait pas déçu. Elle lève la tête vers lui quand il arrive à sa hauteur.

-On fouille la pièce où l'on passe à l'autre tout de suite ?

La porte s'ouvrit à la volée grâce à Lilou et Gary s'engouffra à la suite, l'arme tendue devant lui et prêt à tirer une flèche pour en finir avec ce qui pouvait vivre à l'intérieur. Mais comme ils s'en doutaient tous les deux, il n'y avait rien. Pas un bruit, pas un chat, rien du tout. Juste des papiers, un bureau laissé abandonné, de la poussière même, mais pas la trace d'un mort ou d'un danger. Si on enlève l’agrafeuse peut-être. L'homme poussa un soupir, faisant demi-tour presque immédiatement pour retourner dans le couloir.

Ethan et Arthur étaient aussi occupés qu'eux, il était temps de toute façon de passer à la seconde pièce à côté, qui l'inquiétait plus. Naturellement, parce qu'elle ne disposait d'aucune lumière, visiblement. Sortant sa lampe torche, il vérifia que les piles étaient encore en vie avant de répondre à la petite blonde à ses côtés :

L'autre d'abord, on fouille après.

Parce qu'il était prêt, là, et que faire retomber l'adrénaline tout de suite serait pas une bonne idée. Maintenant que ses sens étaient aux aguets, qu'il était disposé à tuer de sang froid, valait mieux en profiter dans l'immédiat. Il permit à la jeune femme de le dépasser, puisqu'elle serait les mains les plus utiles dans l'histoire.

A nouveau, ils se positionnèrent tous les deux comme il le fallait. Arme tendue et déjà prête, lampe torche placée comme il le fallait, il vérifia à nouveau qu'elle marchait, pour ne pas faire de bêtises. Et comme tout à l'heure, les deux se placèrent contre la porte pour entendre à l'intérieur. La suite fut comme une chorégraphie qu'ils auraient répété ensemble. Comme il n'y eut à nouveau aucun son leurs parvenant, ils se regardèrent et décidèrent en silence qu'il valait mieux vérifier par eux même. Lilou plaça sa main sur la poignée et la baissa vivement. La porte s'ouvrit plus franchement quand Gary pénétra à l'intérieur. Il y faisait sombre, très sombre... Mais il perçut des étagères, tout plein.

La salle des archives visiblement. Et ils y voyaient aussi bien que dans une pelle.

Y'avait peut-être quelque chose à en tirer, il n'en savait rien. Ce qui l'inquiétait plus, c'était que la pièce semblait ne pas avoir de fin. Elle se perdait, en dédales d'étagères, à en perdre la raison. Devaient-ils aller jusqu'au bout pour voir s'il y avait quelque chose à en tirer ? Pour tout dire, le fait de devoir s'aventurer plus loin lui foutait un peu le cafard. Quel genre de rat de bibliothèque aurait pu s'enthousiasmer à l'idée de passer du temps entre des dossiers de crimes en tout genre ? Enfin... C'était pas non plus comme si Maple Grove était un nid à psychopathe. Y'avait sans doute pas des femmes découpées dans ces cartons.

Y'a un étage, souffla Gary alors qu'ils s'aventuraient sans trop savoir ce qu'ils cherchaient.

L'homme se tourna vers Lilou, éclairant l'escalier vers lequel ils venaient d'arriver. Pas question de laisser cet endroit avec un habitant, s'il y en avait un, en prenant un risque énorme finalement. Fallait aller au bout des choses, même s'il savait que ça n'enchantait pas la rouquine avec qui il faisait équipe.

Juste pour être sûr, argumenta le chasseur en proposant à Lilou de rester derrière lui, au cas où.