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Monsters are real
Sam 7 Mai 2016 - 12:35
Il faisait chaud, en cette matinée de Juillet. L'odeur du café emplissait la cuisine alors que Carmen terminait de fumer sa cigarette, observant le brouhaha incessant de Seattle. Seattle rempli de vie, du bruit incessant des klaxons, des vendeurs à la sauvette... Si elle fermait les yeux, elle pouvait presque entendre chacune de ces personnes se plaindre de leur situation du moment. Un air de musique sortait de la radio qu'elle allumait toujours par réflexe dès qu'elle se levait, alors qu'Ana sirotait son café, prête à sortir avec ses amies.
J'adore cette musique. C'est apaisant...
Ouais. C'est toujours plus agréable d'écouter Franck Sinatra au réveil que le hard rock de Kenny.
Ana ria légèrement, alors qu'elle reposait la tasse contre la table en observant d'un air désobligeant la cigarette qui se consumait entre les doigts de son aînée.
C'est l'anniversaire de Lex demain. Tu pensera à l'appeler ?
Oui, mais il semblerait que les lignes soient coupées.
Quoi ?
La pièce semblait s'assombrir. La tasse de café possédait une félûre qu'elle n'avait pas auparavant, alors que le brouhaha de la ville semblait diminuer. Le ciel s'était assombri, et même Ana avait le teint plus pâle que d'habitude. Son haut rose poudré semblait plus sale, son teint cadavérique. Le bruit de l'extérieur changea, laissant place à des cris, ou de la fumée sortant de certains batîments.
Je n'arrive plus à joindre Kenny. Tout le monde est mort tu sais ?
C'était un rêve. Elle rêvait, et elle devait se réveiller de toute urgence. Mais comme pour lui jouer un mauvais tour, elle ne parvint pas à sortir de cette situation, aors que sa cuisine était désormais poussiéreuse, et que la radio grésillait pour entendre les incessants conseils pour éviter les infectés. Carmen jeta à peine un regard en direction de la ville pour se rendre compte que cette dernière n'était plus. Sinistre, silencieuse. Abîmée par les événements. La panique la gagnait, alors qu'Ana avait disparu de son champ de vision, jusqu'à ce qu'elle ne se retourne pour se retrouver face à un cadavre grimaçant. Le sang séché craquelait sur sa peau tiré, alors que ses orbites avaient disparus. Lesmains de sa soeur vinrent se planter contre ses épaules, lui donnant l'impression de déchirer sa peau.
Je ne voulais pas mourir.
Elle devait se débattre. Et pourtant, elle semblait figée, alors que sa soeur morte se penchait prête à planter ses crocs dans sa gorge, jusqu'à ce qu'enfin, elle n'ouvre les yeux, éveillée de force par son propre hurlement.
Son corps tremblait, une sueur froide coulant le long de ses omoplates, alors qu'elle peinait à retrouver un semblant d'air qui semblait ne jamais vouloir retrouver le chemin de ses poumons. Jetant les couvertures dans lesquelles elle s'était empêtrée, ses yeux s'habituèrent un instant a la pénombre alors qu'elle enfilait son jean de la veille. Sa respiration rauque était synonyme d'une crise d'angoisse comme elle n'en avait plus fait depuis une éternité, et seule, elle ne parviendrait pas à gérer. Etrangement, la première personne qui lui vint à l'esprit fût Axel, alors qu'elle sortait en catastrophe de sa chambre d'un pas chancelant, des larmes de panique naissant au coin de ses yeux noirs alors qu'elle rejoignait la chambre de son meilleur ami en courant, paniquée. Ils avaient beau être en froid depuis quelques mois, il fallait qu'elle lui parle. Lui seul avait connu Ana par le passé, et serait sans doute plus à même de la calmer.
Sans doute qu'il prit peur en la voyant débouler dans sa chambre, tremblante, alors qu'elle ne parvenait pas à se calmer.
Ana à voulu me tuer. Elle me déteste, elle...
Un sanglot s'échappa de sa gorge alors qu'elle tombait à genoux au bord du lit d'Axel, peinant à se calmer ne serait-ce qu'un instant.
J'arrive plus à respirer...
Il aurait très bien pu la laisser mourir là qu'elle l'aurait mérité. Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir besoin de son aide, malgré leur froid, malgré toutes les horreurs qu'il avait pu lui cracher au visage suite à la mort d'Ana.
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Re: Monsters are real
Lun 9 Mai 2016 - 18:43
Cela faisait maintenant plusieurs mois déjà que nous étions arrivés chez Jack, plusieurs mois déjà qu'Ana était morte et que tout avait été chamboulé. J'avais peu à peu récupérer un rythme de sommeil correct, bien qu'il se passait rarement une nuit sans que je ne me réveille soit par quelqu'un qui descendait chercher quelque chose ou simplement par les ronflements d'Alsea ; parfois même je me réveillais en sueur à cause d'un cauchemar. C'était certainement l'un des points négatifs de cette apocalypse, parce-qu'avant les cauchemars n'étaient pas réellement dans ma vie ; comme disait Thom Yorke, les rêves dans lesquels je meurt sont les meilleurs que j'ai jamais eu. Parce-que c'était ça, avant, j'attendais que quelque chose vienne me chercher, parce-que ce monde était foutrement pas fait pour moi. Mais maintenant que je m'y sentais enfin bien, les cauchemars se multipliaient et encore plus depuis le décès d'Ana et le fait que oui, les membres de ma famille étaient certainement morts eux aussi.
J'avais longuement fixé le plafond en y pensant, comme si les souvenirs qui venaient me hanter la nuit ne suffisaient pas, je devais encore me torturer moi-même à remettre tout ça sur le tapis. Et le sommeil ne venait pas. En y pensant, je me disais qu'avant je serais peut-être monté pour papoter avec Carmen, mais je n'avais aucunement l'envie de le faire, parce-que j'ai toujours été carrément rancunier, et que ce qu'elle m'avait craché à la figure devant cette église avait brisé quelque chose et elle était désormais la dernière personne vers qui j'irai raconter mes maux. Fierté mal placée ? Peut-être bien. J'en venais presque à me dire que je ferais peut-être mieux d'aller voir le psy qui dormait aussi en haut ; dans d'autres circonstances j'aurai souri en y pensant, mais là je m'étais contenté de soupirer en espérant que l'idée sortirait rapidement de ma tête. Pour faire passer tout ça, j'avais prit un fond de verre de vieux bourbon et m'étais rallongé sur le canapé avec un livre que j'avais trouvé ici et commencé quelques jours plus tôt ; un thriller de Stieg Larsson qui avait d'après mes souvenirs été adapté en film mais que je n'avais pas prit le temps de regarder avant.
Je ne sais pas au final combien de temps j'ai lu, moins longtemps que prévu apparemment puisque je me fait réveiller par des bruits lourds dans l'escalier, comme quelqu'un qui en descend en trombe. Le livre à moitié sur la tête je me redresse en trombe, jetant des regards presque paniqués aux alentours.
« Quoi ? Ils arrivent ? Y en a tout autour de la maison ? »
Je suis pas du genre à paniquer à cause des macchabées, mais faut bien dire que se faire réveiller en pleine nuit comme ça alors que d'habitude les habitant de la maison descendent sur la pointe des pieds, ça aide pas. Et puis j'entends les mots de Carmen et quelques secondes après elle est effondrée par terre, aux pieds du canapé. Comment ça Ana a voulut la tuer ? Forcément vu qu'elle l'a laissé tourner avant de l'achever ! Serrant les dents, je refoule la vague d'émotions qui essaye de me submerger ; à la fois pleine de colère, comme si tout ce qu'elle m'avait dit remontait à la surface, et à la fois une énorme tristesse de voir ma si proche amie dans cet état. Fronçant les yeux, je la regarde d'abord interdit avant finalement soupirer et poser une main dans son dos.
« Calme-toi, respire doucement. »
Malgré toute la colère que je peux ressentir, surtout maintenant qu'elle a parlé d'Ana, je ne peux me résigner à la laisser dans sa merde, parce-que malgré tout ce que je peux dire et penser, elle est tout ce qu'il me reste. Me penchant légèrement, je prend sur la table le verre encore à moitié plein et lui tend.
« Tiens prends. Un mauvais rêve ? »
La regardant désormais totalement réveillé, mon regard est dur et quasiment vide de sentiments, parce-que même si je suis là pour elle et que je ne l'envoie pas paître, je ne digère pas tout ce qui a été dit. Etant bien conscient d'avoir également ma part de responsabilité dans cette histoire, j'ai mit du temps à ne pas culpabiliser et je suis conscient que j'ai des excuses à lui faire. Mais j'en attend tout autant d'elle et n'est pas réellement certain d'être prêt à écouter une quelconque justification sur ce qu'elle a laissé subir à sa soeur.
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Re: Monsters are real
Lun 23 Mai 2016 - 14:32
Elle s'était contentée de secouer la tête pour le rassurer. Non, aucun rôdeur n'était autour de leur repaire, et ils n'auraient pas à s'enfuir comme ils avaient dû le faire au motel quelques mois auparavant.
Sa gorge la brûlait, alors qu'elle peinait à retrouver un rythme cardiaque normal en sentant à peine la main de son meilleur ami dans son dos.
Une demi seconde, elle parvint à bloquer sa respiration avant d'inspirer longuement, attrapant le verre que lui tendait Axel sans mot dire, se contenant d'en boire une brève gorgée. Doucement, elle retrouvait un semblant de respiration calme, retrouvant peu à peu ses esprits alors que son regard captait celui d'Axel. Elle s'était attendue à ce que la situation n'efface pas leur rancoeur passée, mais ce fût tout de même une drôle d'impression que de le voir l'observer ainsi. Détournant le regard alors qu'elle reposait le verre sur la table, écoutant sa question.
Un mauvais rêve donc.
En quelque sorte. souffla t-elle en ramenant les cheveux qui tombaient sur son front en arrière, inspirant doucement.
Elle s'était bien attendue à ce qu'un jour, ils se retrouvent en chien de faïence, l'un reprochant à l'autre ses insultes, ou la façon de faire. Ils n'avaient plus jamais rediscuté depuis la mort d'Ana, et même si Carmen admettait bien volontiers à elle même quand personne ne l'entendait, qu'elle avait commis une erreur, jamais encore elle n'était venue le dire clairement à Axel depuis tout ce temps. Plus de 4 mois déjà, en fin de compte. Pas étonnant qu'il ne vienne pas la prendre dans ses bras pour la bercer ou lui remonter le moral.
J'ai rêvé d'avant. J'étais dans la cuisine, avec Ana. On discutait de tout, de rien. Et d'un coup, tout s'est assombri. Les immeubles ont noirci, et Ana s'est transformé en wendigo en ayant de me dévorer vivante. Elle disait qu'elle ne voulait pas... mourir. En gros.
C'était un bien gros raccourci de ce rêve, mais l'idée de rentrer dans les détails allait lui déclencher une nouvelle crise d'angoisse alors... Ramenant ses jambes contre sa poitrine en les entourant de ses bras, elle inspira à nouveau profondément, sentant les battements de son coeur retrouver un rythme cardiaque presque normal. Et le fait de reparler de sa soeur défunte, lui rappela exactement toutes les horreurs qu'Axel avait pu lui dire suite à sa crise de nerf. Elle avait laissé sa soeur se transformer, n'était qu'un monstre, pouvait aller se faire foutre. Tous ces souvenirs cognèrent contre sa poitrine désagréablement, avant qu'elle ne reprenne enfin la parole.
Tu sais. On en à jamais vraiment discuté, mais si j'ai laissé Ana revenir, ce n'est pas pour rien. C'est parce que je ne pouvais pas accepter l'idée de planter un couteau dans la tempe de ma petite soeur.
C'était étrange de mettre des mots sur ce qu'il s'était passé, après 4 mois de silence endeuillé. Elle ne sut vraiment si c'était un soulagement ou une plaie qui se rouvrait, mais rajouta tout de même.
Je l'ai élevée. J'ai été là dans les mauvais moments, comme les bons, du moins quand je pouvais. Alors non. Je ne pouvais pas accepter l'idée de faire ça. C'était... trop difficile, je pense.
Elle ne savait même pas si il comprendrait. peut-être s'en foutait-il royalement après tout, lui qui aimait tant ce nouveau monde.
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Re: Monsters are real
Mer 25 Mai 2016 - 22:15
Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine inquiétude à voir Carmen accablée de la sorte par une douleur insoutenable qu'avaient amené tant de souvenirs. Malgré tout le temps qui avait passé depuis la mort d'Ana, nous n'avions pas prit la peine de revenir sur le sujet et une colère sourde était restée en moi, n'attendant que d'en sortir. Mais en croisant les yeux de la brune, ma seule pensée fut que malgré son acte et sa décision de laisser tourner sa sœur, moi aussi j'avais des souvenirs avec elles, et je ne pouvais nier qu'elle était désormais tout ce qu'il me restait. Je n'en dit cependant pas plus, attendant qu'elle se décide à parler et justifier le fait de m'avoir réveillé en pleine nuit.
Carmen avançait dans son récit, me racontant comment elle avait vu Ana en rêve, si toutefois on pouvait qualifier ça d'un rêve. J'avais hoché la tête, ne sachant que dire d'autre et comprenant qu'il ne valait mieux pas en demander d'avantage. A quoi ça aurait servit de toute façon ? Elle était déjà suffisamment remuée pour que je n'enfonce pas le couteau dans la plaie, me gardant bien de lui cracher à la figure qu'évidemment Ana ne voulait pas mourir, mais qu'elle voulait encore moins se réveiller.
J'étais enclin à l'écouter, mais la discussion sur laquelle elle se lança inévitablement... Je n'étais pas prêt, pas encore, pas comme ça alors que j'avais encore les idées floues. Détournant le regard vers la cheminée éteinte, mes dents se serraient frénétiquement et une de mes mains formait un poing. Oh je n'avais évidemment pas l'intention de lui mettre en pleine figure ; je n'étais pas certain d'avoir déjà dépassé ce stade de colère mais je savais pertinemment que ça ne changerait rien à ce qui avait été fait et que ça n'apaiserait ni ma peine ni la sienne.
Que pouvais-je bien répondre ? Non je ne pouvais pas comprendre, ou peut-être juste que je ne voulais pas prendre la peine d'essayer, et oui ce qu'elle avait dit concernant ma famille n'avait été que la goutte en trop dans tout ce que nous avions eut à encaisser en si peu de temps. Peut-être que si elle n'avait rien dit je ne me serais pas senti autant rongé par la colère, et peut-être que nous aurions pu nous soutenir mutuellement pour surmonter la mort d'Ana ; mais nous étions l'un comme l'autre têtus et la brune n'avait jamais mâché ses mots avec qui que ce soit. Je finis finalement par fermer les yeux en soupirant, essayant d'accepter les mots de ma meilleure amie, la comprendre était au dessus de mes forces.
« J'imagine qu'on gère tous les pertes d'une manière différente. »
Réponse cliché que j'aurai pu sortir à un client de la librairie sur un ton de discussion banale. Mais je préférais opter pour une neutralité plutôt que de me laisser prendre par ma colère. Je n'avais toujours pas reposé mes yeux sur Carmen, et s'il y avait bien une chose que je ne pouvais nier, c'était que depuis tous ces mois, j'étais à la fois tiraillé entre la perte de celle que j'avais aimé et le manque de ma meilleure amie. Et ce manque venait de m'exploser à la figure alors que je tentais tant bien que mal de ne pas y prêter attention. Carmen avait probablement raison concernant mes parents et mes frères, elle n'avait certes pas utilisé les bons mots mais comment auraient-ils pu survivre depuis tout ce temps ? S'ils étaient encore en vie ils seraient arrivés en ville depuis bien longtemps. Une nouvelle vérité s'imposa à moi : je ne pouvais pas perdre la dernière personne qu'il me restait. Posant cette fois-ci mes yeux sur elle sans toutefois la toucher, je restais silencieux encore quelques secondes avant de lui dire ce que j'avais sur le cœur.
« Tu sais Carmy... Je sais qu'Ana était pas ma sœur,que notre lien n'était pas grand chose comparé au votre mais... Tu peux en rire mais j'ai toujours dans l'idée que les âmes de tous ces gens sont toujours quelque part au fond de ces cadavres... Et savoir Ana tournée... ça m'a juste rendu dingue, parce-que je veux ça pour aucun de vous. »
Je marquais une pause serrant une nouvelle fois les dents avant de finir d'une traite l'alcool qui restait encore dans le verre. Je ne pouvais pas m'arrêter là, et je n'avais jamais ressenti le besoin de me justifier envers qui que ce soit, mais avec elle c'était différent.
« Je sais que j'ai pas utilisé les mots qu'il fallait et que c'était vraiment pas le moment pour te tourner le dos. Mais... J'me suis toujours senti bien depuis que le monde est tombé, et peut-être que personne me comprendra pour ça, le truc c'est que j'avais pas prévu de perdre quelqu'un alors quand c'est arrivé... J'ai comme eut l'impression que tout ça, tout ce qui a fait que le monde d'avant me poussait vers le fond, ça me quitterait jamais. »
Mon visage ne transmettait aucune émotion, seuls mes yeux laissaient entrevoir le trouble et la peine insupportable que je ressentais. Ravalant la boule qui s'était formée dans ma gorge, je repris en tournant à nouveau les yeux dans le vide.
« Je sais que j'ai aucune excuse, et je sais que rien ne pourra être effacé en un claquement de doigts. Mais cette situation là, entre nous, c'est juste plus possible. »
Une vague de culpabilité m'avait prit au fur et à mesure de mes paroles. Ma meilleure amie était venue me voir parce-qu'elle ne pouvait plus gérer tous les souvenirs qui la hantaient, et moi j'avais indéniablement tourné la conversation vers le mal qui me rongeait au lieu d'apaiser ses peines... mais peut-être était-ce précisément ce point qui nous permettrait d'avancer ensemble, comme avant ?
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Re: Monsters are real
Dim 19 Juin 2016 - 23:25
C'était peut-être ça. Chacun gérait la perte à sa manière. Et l'idée de devoir achever sa soeur pour l'empêcher de revenir, avait été au dessus de ses forces. Ne pas la reconnaître quand ses yeux laiteux s'étaient ouverts sur le monde avait finalement été le mobile qui avait pu lui permettre de reposer en paix, ou qu'elle fût. Sans doute avec sa mère, vu qu'elles partageaient les mêmes croyances amérindiennes...
A son tour, elle écouta Axel lui dire son point de vue, comprenant sa colère de voir revenir Ana ne serait-ce qu'une demi seconde à l'idée que l'âme de sa soeur ait peut-être pu être encore emprisonnée dans son propre corps. Bien sûr qu'elle comprenait, mais ça n'empêchait pas que si elle avait eu à revivre cette scène, elle aurait agi de la même façon.
Je sais. Souffa t-elle enfin après avoir laissé Axel vider son sac.
Toutes ces choses jamais dites, accumulés si longtemps. Il était grand temps qu'elles finissent par sortir, qu'ils se parlent enfin. Attirée par les voix basses, elle vit Alsea rejoindre le salon, venant se coller contre ses jambes alors qu'elle lui flattait la tête, un infime sourire aux lèvres.
Pour Ana, l'âme des gens disparaît dès l'instant ou ils meurent. Ils remontent avec leurs ancêtres, une fois brûlés. On avait eu une discussion une fois, sur le sujet. Si je devais mourir, elle devait faire de même avec moi.
Un rire amer s'échappa de ses lèvres en y songeant. Et dire que finalement, c'était elle qui avait incinéré sa petite soeur, alors que c'aurait dû être l'inverse. Elle avait pourtant, toutes les facilités pour survivre; ses études d'infirmière, leur culture Navajo. Pister, chasser, Ana avait toujours su s'en sortir en milieu naturel, à sa grande différence. Elle s'était contentée d'apprendre sur le tas, en se concentrant sur ce que sa soeur lui chuchotait.
Je ne t'en veux pas, pour ce qu'il s'est passé. Je t'ai dis des choses affreuses aussi, et je n'aurai pas dû. Mais... Je me sentais perdue, vide. Comme si une partie de moi avait disparu en même temps qu'elle. Et même si ça n'excuse rien, dis toi que je suis désolée.
Etait-ce le moment, pour lui dire qu'elle avait pu compter sur Jasper qui l'avait forcée à sortir de sa solitude ? Il aurait été capable de mal le prendre, en y songeant bien.
Tu as toujours été comme un frère pour moi, et dans un monde aussi dingue que le nôtre, on doit se soutenir. Je ne garantis pas qu'on redeviendra comme avant en une seconde, mais je pense qu'on en est capable. Donner des secondes chances, ça devient presque quotidien maintenant. Regarde avec les autres. On les à tous acceptés alors qu'au début on tenait à rester en petit groupe au début.
L'ex gérante soupira un instant, levant les yeux au plafond avant de finalement tourner la tête vers Axel.
Mais du coup, on à beaucoup de choses à se raconter, depuis la dernière fois qu'on s'est ... Hurlés dessus y'a quelques mois en arrières.
Et quel meilleur moyen pour relancer une vraie conversation avec son meilleur ami que de faire remarquer de façon anodine.
T'as l'air de plutôt bien t'entendre avec Shawna de ce que j'ai compris...
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Re: Monsters are real
Lun 20 Juin 2016 - 23:17
C'était vraiment bizarre de discuter comme ça aussi ouvertement après des mois à ne même pas vouloir la voir en peinture. Il avait bien fallu qu'on cohabite évidemment, et on était devenus maîtres dans l'art de l'ignorance, mais ça pouvait plus continuer. Je peux pas nier que je suis quelqu'un dans rancunier, ça fait parti de mes nombreux défauts et Dieu sait que je suis pas un gars facile, mais Carmen était certainement la dernière personne à présent encore en vie dans tout ce foutu monde à qui je serais prêt à tout pardonner. Parce-que malgré ses mots durs, et ce que je lui avais aussi craché à la gueule, elle était la dernière famille qu'il me restait. L'ambiance ces derniers temps avait vraiment été catastrophique et ce n'était pas prêt de s'arranger, surtout pas avec le départ de Jack et Happy il y a presque une semaine qui ont décidé d'accompagner Zoey je ne sais où. Peut-être que tout ce dont on avait besoin au final c'était de prendre de la distance, évaluer dans quelle situation se trouvait l'autre, laisser le temps panser les plaies.
Je m'étais contenté de hocher la tête à son expliquant, serrant ma mâchoire tant la culpabilité était forte et bien souvent trop noyée par la colère et mon égoïsme constant. Ana m'avait déjà parlé à l'époque de sa culture et ses valeurs, mais je ne pouvais nier que jamais je ne m'étais demandé comment elle-même réagirait face à tout ça. Une fois encore je n'avais agi qu'égoïstement en reprochant à Carmen de l'avoir laissée tourner. Mais est-ce que mes valeurs avaient plus de légitimité et de valeur que les leurs ? Le doute était permis. La voyant trembler encore un peu, je prend un plaid qui est plié au coin du canapé et lui couvre les épaules en parlant d'une voix calme.
« Je sais qu'il faudra du temps, et je suis pas prêt à tout... oublier. Mais je suis désolé moi aussi, pour ce que j'ai dit, et surtout de pas avoir été là après. »
Il était le vrai problème pas vrai ? J'aurai très bien pu mettre ma fierté et mon ego de côté et être pour elle cette épaule solide dont elle avait certainement eut besoin. Et au lieu de ça je m'étais contenté de la regarder se défaire un peu plus chaque jour, ne ressentant que ma propre douleur. Non, c'était évident que nous ne pouvions effacer tout ça en une seconde, et il ne servait plus à rien désormais de s'en vouloir pour ci ou ça. Nous devions nous soutenir, elle avait raison et même si une partie de moi me poussait à ne pas la laisser s'en sortir aussi facilement, je ne pouvais plus continuer avec tout ce poids. Quand Carmen reposa ses yeux sur moi, je n'y vis plus cette colère sourde à laquelle j'avais eu droit ces derniers mois, de même que je ne lui adressais plus ce regard blasé qu'écopaient les autres ; nous étions prêts à avancer à nouveau, côte à côte, il le fallait en tous cas.
Lui adressant un léger sourire d'encouragement, j'attends qu'elle me parle de ''toutes ces choses qu'elle a à raconter''... mais mon sourire s'évanouit rapidement, laissant place à une expression de surprise non dissimulé. Elle est sérieuse ou elle déconne là ?
« Moi qui pensais que t'avais d'autres choses à me raconter que m'interroger. »
Je hausse les yeux au ciel d'un air exagérément blasé avant de répondre d'un air à la fois amusé de pouvoir discuter de choses aussi banales, et nerveux de mettre des mots sur mes pensées.
« Je crois bien qu'elle ait aussi chiante que moi hein ? Enfin, on va dire que ça m'amuse bien de la faire ronchonner. »
Dès le jour où je l'avais trouvé dans ce salon sont caractère boudeur m'avait au fond plus amusé qu'agacé, même si parfois elle en faisait trop, mais c'était peut-être ça qui la rendait attachante au final. Et peut-être que sans elle la vie dans le groupe serait plus tendue. Arquant alors un sourcil interrogateur, je relance la question vers la brune.
« Et toi, Jasper ? Il a l'air au petit soin. »
Plus que ce que je ne l'ai été ces derniers mois. Lui par contre j'avais un mal fou à le cerner et restais encore bien souvent sur mes gardes, son air de psy avait tendance à m'horripiler. Mais je ne pouvais nier le fait que s'il n'avait pas été là, Carmen aurait été seule pour tout affronter.
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Re: Monsters are real
Jeu 23 Juin 2016 - 13:50
Je ne t'en veux pas. Assura Carmen en souriant légèrement à Axel, rassurée de voir qu'ils arrivaient finalement à se reparler. Ce n'était pas la fluidité qu'ils pouvaient avoir auparavant, mais nul doute que ça reviendrait. Elle avait confiance en toutes ces années d'amitié pour que le temps fasse son office.
Alors, elle n'avait pas pu s'empêcher de demander à son meilleur ami ce qu'il se passait entre lui et Shawna. Après tout, ils avaient plutôt eu l'air de bien s'entendre malgré leurs même caractères difficiles à vivre. Ce qu'il lui confirma d'ailleurs de son côté, alors qu'elle riait légèrement en répliquant avec un sourire malicieux.
Tu sais ce qu'on dit. Qui se ressemble s'assemble...
En revanche, elle déchanta rapidement quand il lui fit remarquer que de son côté, elle avait eu l'air aussi de se rapprocher de quelqu'un durant leur moment de froid. Pour le coup, ce fût à elle de cesser de rire, alors qu'elle avait presque l'impression qu'il avait compris qu'il se passait quelque chose entre eux. Jasper semblait aux petits soins. Un instant, elle resta silencieuse, pesant les bons mots à dire.
Jasper à été très présent pour moi, après la mort d'Ana. Il m'a aidé à surmonter ça, avec les moyens du bord.
Devait-elle vraiment préciser toute son histoire avec lui ? Non, sans doute pas. Certainement pas maintenant qu'ils venaient tout juste de se réconcilier à moitié. Et puis, comme depuis le début de sa relation avec Jasper, elle avait cette impression que ne rien dire protégeait cette relation entre eux.
Il m'a écouté parler sans me juger, m'a forcé à sortir un peu de ma bulle... Tout ça. Il n'est pas si mauvais que tu l'imagines tu sais ?
Elle n'oubliait pas cette inimitié entre eux, qui avait pourtant disparu le temps d'une soirée alors qu'ils avaient fêté leur retrouvailles. Et depuis, tout était revenu à la normale. Axel ne le sentait pas sans expliquer pourquoi, alors qu'il ne connaissait que la moitié de leur histoire. Si en plus Carmen avait parlé du vol de la voiture, elle n'imaginait même pas la tête que tirerait Axel là tout de suite...
Mais désormais, il était grands temps de changer de sujet rapidement.
J'ai aussi rencontré un type durant un ravitaillement, qui disait te connaître. Un certain Dwight, ça te dit quelque chose ? Un grand blond, barbu. Il ressemblait plus à un viking qu'un américain en y repensant. Remarqua t-elle d'un air songeur en se rappelant de la taille de son allié improvisé. Ca te parle ?
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