Le cerf avait l'air plutôt jeune, environ deux ans, je dirais. Il semblait étrangement calme, comme si cet endroit était épargné par tout ce qui nous arrivait. Je suivis Zack, qui s'accroupit derrière un buisson. Je m'assis par terre, à la fois pour ne pas faire de bruit, et en même temps pour reposer mes jambes. Mine de rien, cela faisait bien une heure que nous marchions pour trouver à manger. L'observation dura quelques minutes, dans un silence total. Aucun bruit ne venait perturber ce mangeur d'herbe. Finalement, je me retournai vers mon acolyte, et l'interrogeai du regard. Comment allions-nous nous y prendre ? Zack tenait un flingue dans sa main, mais à cette distance-là, c'était pas évident de le toucher du premier coup. Le mieux était qu'on se sépare pour rattraper le cerf si le coup de feu venait à le manquer, ou simplement le blesser, comme ça je pourrais l'achever d'un coup de couteau, et nous pourrions nous barrer rapidement avant que les Khodok nous rattrape. Je fis signe à Zack, enfin plutôt je tentais de lui expliquer ma stratégie par des signes. Je me pointai du doigt et dessinai le contour des buissons, puis je le pointai du doigt en imitant un flingue vers le cerf. Espérons qu'il comprenne. Sans attendre sa réponse, je me levai et marchai le plus discrètement possible vers le point que je m'étais fixée. Mon ventre gargouillait, je crevais vraiment la dalle.. Une fois installée derrière le cerf, tapie dans la pénombre, je fis un signe de la main à Zack, juste au-dessus du buisson. Pourvu que ça marche..

Tous deux installés derrière le buisson, ils observaient sans mot dire le cerf un peu plus loin. Zack se rappelait des quelques gibiers qu'il avait réussit à descendre quand il était seul dans le chalet ; l'homme d'affaire avait alors jugé plus prudent de ne pas utiliser son arme à feu qui risquerait d'ameuter tous les putrides de la forêt et s'était contenté de poser des pièges pour attraper du petit gibier. Mais ce cervidé là... il donnait foutrement envie. Les sourcils froncés, il regardait l'animal comme si, d'un seul coup, une idée allait fuser de n'importe où. Sentant un regard fixé sur lui, il tourna vivement la tête vers sa gauche. Ah je l'avais presque oublié elle, se dit-il en retenant un soupir d'agacement. L'homme d'affaire se contentait de regarda tour à tour la brune et le gibier, haussant les épaules avec une indifférence non feinte.

Et Svetlana sembla avoir une idée. Reportant toute son attention sur elle, le blond la toisait en fronçant les sourcils. Elle fit des signes, décrivant un certain plan, avant de se redresser et de s'atteler à contourner le cerf. Zack resta un instant interdit, regardant son arme d'un air peu convaincu. Les munitions ne coulaient pas à flot, et le bruit causé par le coup de feu pouvait s'avérer franchement dangereux pour eux... Le signe de la toxico le sorti de ses réflexions ; c'était maintenant ou jamais, s'il traînait trop, l'animal risquait de sentir quelque chose et se tailler en vitesse. Soupirant, l'homme braqua le gibier de son arme. Il utiliserait une unique balle, pas une de plus ; s'il se ratait, ce serait tant pis pour eux. Bloquant sa respiration un instant, il tira. Droit dans le flanc. Et le cerf parti.

Ni une ni deux, le blond se redressa et se lança à la poursuite de l'animal. Il avait fait mouche, sans aucun doute, les taches de sang au sol en attestaient ; restait plus qu'à savoir où la bête avait été touchée. Rapidement rejoint pas la russe, ils n'eurent besoin de parcourir que quelques mètres pour trouver, derrière des broussailles, la bête agonisante au sol ; ils devaient l'achever. Faisant un signe du menton vers leur proie, Zack rangea le Desert Eagle dans on holster. « A toi l'honneur. » Il ne l'avait en effet pas manqué et la balle qui était entrée dans le flanc gauche de l'animal avait dû endommager des organes vitaux.

Bien, maintenant que le blond avait tenu sa parole en aidant la femme à chercher son petit déjeuner, il pouvait s'en aller, s'éloigner des dangers qu'avait dû attirer le coup de feu, mais la vue de l'animal bien en chair qu'ils avaient devant eux semblait plus intéressante que l'idée de repartir le ventre quasiment vide. L'homme d'affaire lança alors des regards suspicieux aux alentours, écouter le moindre son qui serait suspect, le moindre râle. Pourquoi n'était-il pas ce genre de type à se balader avec un arc ou une arbalète ? Ç'aurait été bien utile pour le coup, mais il savait bien mieux tirer avec une arme à feu, et la blessure du cervidé en était une confirmation. S'il avait eu un fusil, il serait mort sur le coup, mais le calibre de son arme faisait moins de dégâts. « Je sais pas combien de temps on a avant que les putréfiés arrivent, mais faut se dépêcher. Tu sais le vider ? » L'homme avait repris son ton suffisant, cet air hautain lui était tellement habituel que s'en était devenu inconscient mais qu'importe, il n'avait pas l'intention de considérer la russe comme autre chose que ce qu'elle était. Transporter le cerf alors qu'il était plein ne serait peut-être pas chose aisée ; bien qu'il était encore jeune, tout ça, ça pesait lourd. Alors la brune avait intérêt à se grouiller, ou au moins à lui dire qu'elle n'en était pas capable pour qu'il s'en charge et qu'ils puissent se tirer du coin fissa.