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La saveur du bonheur? ft Bobby

Mar 21 Juin 2016 - 16:27

Abigail était au refuge depuis quelques jours. Elle avait eu le temps de se remettre de sa fatigue et de sa faim. Son visage avait retrouvé des couleurs, son corps lui faisait moins mal et ses cheveux étaient de nouveau coiffés et propres. Elle se sentait mieux, vivante, humaine. Elle profitait de l'endroit, qui était d'une quiétude et d'une sérénité que jamais elle n'aurait imaginé trouver encore aujourd'hui, dans ce monde. Elle aimait au petit matin récupérer les prises des pièges qu'elle avait posé la veille et sentir l'odeur de la forêt. Pour une fois depuis des semaines, elle n'avait plus l'impression d'avoir sans répit autour d'elle cette senteur de mort, de corps en putréfaction, de chaires pourries. Elle récupérait ses proies et revenait au chalet, détendue. Parfois, elle croisait un mort ou les voyait passer au loin. Mais elle se contentait de les éviter. Elle se faisait discrète et filait à travers les arbres. Elle voulait retrouver un semblant de vie normale, du moins en illusion. Parce que tout n'était qu'illusion. Cette tranquillité, ses sourires, son âme apaisée... Ce n'était qu'illusions. Elle savait au fond d'elle qu'ils étaient constamment en danger, parce que la paix n’existait plus à présent. Elle savait également que ses démons étaient bels et biens présent au creux de sa poitrine, nichés dans son cœur, tapis dans son âme. Elle les avait fait taire un instant. Elle avait eut la force de maintenir la porte de la cage fermée jusqu'ici. Dieu sait combien de temps sa fureur latente pourrait-elle dormir encore. Mais pour le moment, l'imposture lui suffisait.

Cette journée-là avait été paisible. Elle s'était occupée l'après-midi de nettoyer la maison et de ramasser les rares légumes qui avaient poussé dans le petit potager. Le soir tombait. Flann et Aori finissaient de ranger la cuisine, après le repas pris tous ensemble et Abigail demanda à aller coucher le petit Arun. Doucement, elle monta les marches de l'escalier et rejoignit l'enfant dans sa chambre. Elle lui raconta une histoire, caressa ses cheveux noirs et lui sourit tendrement avant d'embrasser son front et de le laisser se reposer. Le petit garçon était une des rares personnes à pouvoir lui faire oublier, ne serait-ce que quelques minutes, ses doux rêves de violence et de vengeance. Lorsqu'elle referma la porte de la chambre, elle tourna la tête et découvrit Bobby. Elle lui adressa un sourire avant de lui faire signe de ne pas faire de bruit. C'était étrange. Encore une illusion d'une vie quotidienne qui pourrait être ce qu'ils vivraient encore des semaines, des mois, des années. Bobby était d'ailleurs le garant de cette illusion si douce, si rassurante. Il représentait tout cela, toute cette sécurité, cette bonté, cette harmonie qui pouvait régner ici depuis qu'elle était arrivée. Comme une mascotte. Mais les nouvelles cicatrices de son ami lui rappelait ce leurre. Le Mal était présent, quelque part, et il pouvait frapper n'importe quand et n'importe où.

Alors qu'elle se dirigeait vers l'escalier pour rejoindre les autres, Bobby lui attrapa délicatement le bras. Elle leva la tête vers son ami et il lui fit comprendre d'un signe de tête de le suivre. Elle le suivit alors, silencieuse et intriguée. Que voulait lui dire Robert ? Pourquoi voulait-il qu'ils soient seuls ? Est-ce qu'il y avait un problème ? Est-ce qu'il ne se sentait pas bien ici ? Est-ce qu'il avait découvert un danger ou une vérité dérangeante ? Des centaines de questions flottaient dans l'esprit vif de la jeune femme et surtout elle commençait à s'angoisser. L'illusion était-elle prête à disparaître ? Déjà ? Si vite ? Elle en avait si peu profité... Elle voulait encore un peu se noyer dans cette féérie, cette duperie qui lui faisait croire qu'elle était sage et équilibré, comme avant. Elle suivit Bobby jusque dans sa propre chambre, là où Selene dormait également. Avec une fausse innocence, comme pour se persuader elle même qu'il n'y avait rien, elle se jeta sur son lit et s'installa en tailleur sur le drap.

« Alors ? Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda-t-elle à Robert, un sourire aux lèvres, mais ses yeux et sa voix trahissant une pointe d'angoisse. Elle n'était pas habituée à voir Bobby avec un air si sérieux sur son visage robuste.
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Re: La saveur du bonheur? ft Bobby

Mer 22 Juin 2016 - 14:10

Une autre journée bien remplie venait de se terminer pour le colosse. Il avait fini le dernier piège à pieux et aussi il avait été enterré un seau de survie. Quand il avait expliqué ce que papi faisait avec le moonshine pour ne pas se le faire voler ni saisir, l’ange de porcelaine avait bien aimé l’idée. Les deux êtres, les frères et sœurs d’âme, avaient commencé à mettre des bouteilles d’eau, de l’équipement de survie, de la nourriture en conserves et un couteau dans des gros seaux en plastique que le simplet enterrait à une bonne distance du refuge. Selene gravait à proximité une note de musique sur le tronc d’un arbre, indiquant aux membres de la faction qu’une capsule de survie était cachée dans les environs. Comme cela si les membres de la famille devaient se sauver du refuge en cas de gros danger, les gens pourront trouver le minimum pour survivre le temps que tous se regroupent. Enfin installé à la table commune, le regard attendri du monstre de foire se posa sur chacun des membres de sa famille d’adoption.

Chaque membre de la tablée avait conquis à sa façon le cœur immense du golem de chair. Que ce soit par gentillesse, bonté, humour ou bien juste de par sa présence, tous ses visages réjouis possédaient un fragment de l’âme si pure de l’homme difforme. Laissant tout un chacun se servir à sa guise dans la pitance du soir, le géant prit comme à son habitude le strict minimum pour lui. Il voulait que le petit garçon mange à sa faim, que Flann aussi puisse se restaurer à sa faim. Si tous avaient bien mangé, des fois le colosse se reprenait un peu de nourriture. Mais cette soirée, ces sourires et ces yeux brillants, Robert voulait les ciseler dans la pierre brute de sa mémoire. Demain matin il partirait pour aller à Seattle. Selene était au courant et les autres, mais l’ange à la chevelure d’or n’en savait rien. La bête voulait avertir la belle de son départ et passer un peu de temps avec elle. Car l’empathique créature décelait un trouble, une angoisse qui voilaient les traits divins de la jeune femme. Abigail se leva pour border le petit garçon et Bobby se leva pour suivre le mouvement.

Se transformant en l’ombre grotesque de l’Irlandaise, l’homme difforme progressa vers les chambres. Rendu à destination, il s’appuya au cadrage de la porte du lieu de vie du couple de femmes et du garçonnet. Pour une des rares fois de sa vie, il avait été parfaitement silencieux. Comme si les astres et la vie voulaient que l’image de la douce scène s’imprime sur les pupilles de l’erreur de la nature. Entendre le conte, revoir le doux baiser et les caresses dans la chevelure noir de jais d’Arun fit projeter l’esprit lent de Robert à trois époques de son passé.

Quand il était lui-même enfant, il n’avait jamais eu cette attention, cette tendresse lors de son coucher. Le garçonnet affreux qui allait devenir monstrueux devait s’occuper de lui-même. Sa mère trop absorbée par la boisson ou bien les drogues. Il aurait tellement aimé recevoir ce genre d’attention que pourvoyait l’être de lumière à l’enfant à cet instant. Les deux autres séquences de sa misérable vie furent au moins autant similaires que remplies d’affection. C’était lui qui bordait le lit de Rosalie et ensuite de Sandra. Il chantait doucement des berceuses et caressait la chevelure de ses raisons de vivre. Luttant à grand-peine devant l’assaut impitoyable de ses souvenirs tristes et heureux à la fois, le mineur refoula ses larmes. Ses traits atypiques devinrent alors durs comme le granit, transformant l’apparence du golem en une sorte de gargouille balafré. Sentant le regard bleuté, si semblable au sien, le percuter de plein fouet, la pathétique créature fut ramenée dans ce présent où le chaos régnait en roi.

Hochant docilement la tête pour signifier son accord muet devant le signe que la blonde fit pour le silence, il la suivit dans le corridor. Voyant la silhouette gracile se diriger vers l’escalier, la main immense et rugueuse du colosse se referma sur le biceps d’Abigail. La puissante poigne aurait pu broyer l’appendice de l’ange, mais le geste était tout en douceur et démontrant de la tendresse que portait la créature répugnante à la beauté céleste. Le mouvement tout en grâce fut arrêter et les traits harmonieux de la divine apparition se transformèrent en questionnement. Robert vit la porte de la chambre qu’elle partageait avec Selene et le regard océanique de l’homme se fit implorant. Saisissant le message aucunement subtil, la blonde ouvrit la marche et s’assit sur son lit en tailleur. Bien que son visage parfait scintillait de joie, une lueur d’inquiétude, même d’angoisse troublaient la pureté des lacs qui reposaient dans ses yeux. Une pensée fugace traversa alors le désert vaste et vide du géant balafré. Que sa famille d’adoption regorgeait de femmes superbes et d’hommes virils. Il était l’ombre au tableau, l’erreur dans la perfection.

Perdu dans cette nouvelle réalité qui venait d’exploser à son visage, les paroles chantées et douces de l’ange le ramenèrent sur terre. Loin de ses pensées désolantes. Laissant apparaître un mince sourire sur ses lèvres exsangues, accentuant par la même occasion la laideur de sa balafre ignoble, le géant plaça ses mains immenses dans ses poches. De son sourire et de son regard bleuté si pur, Abi pouvait lire toute l’affection et la tendresse que le mineur portait à son encontre. Peu de gens pouvaient oublier la laideur du réceptacle pour se concentrer sur la beauté aveuglante de son âme. Un murmure s’extirpa de la gorge immonde du monstre de foire. Mais la ribambelle de mots semblait enveloppée de douceur et de gentillesse.

Robert- Je voulais te dire merci Abi… Euh… D’être tout simplement là. Tu fais naître des sourires à tout le monde et aussi tu aides notre famille… Euh… Tu m’as redonné une parcelle de mon cœur qui semblait t’avoir accompagnée… Euh… C’est bizarre à dire, mais j’étais prêt à donner mon âme pour te savoir en sécurité. Tu es heureuse ici? Car depuis que tu es là je suis heureux aussi…

Pendant la réponse de l’ange à la cascade doré, le sosie de Frankenstein s’avança dans la chambre. S’assoyant lourdement sur le plancher près du lit, le mastodonte hocha la tête pour encourager la jeune femme à s’exprimer librement. Il appuya son dos au mur et le mineur déposa ses grosses mains rugueuses et couvertes de cicatrices sur ses genoux. Il n’avait jamais pris place dans un lit, à part chez Ziggy. Il n’avait jamais éprouvé ce doux sentiment de liberté de se plonger dans les draps et de laisser Morphée le bercer dans ses bras. Comme lui avait déjà dit sa mère dans un accès de colère, les lits étaient réservés aux humains et non aux monstres. Ces paroles l’avaient toujours hanté et interdisent de s’étendre confortablement. La grande carcasse de l’homme difforme dormait soit dans un fauteuil ou bien au sol. Essayant de cacher son profil répugnant comme il avait pris l’habitude depuis sa terrible blessure, le géant au corps ingrat écouta attentivement l’Irlandaise. Quand le regard si pénétrant et sublime de la blonde plongea dans les yeux de Robert, celui-ci crut un instant que l’être de lumière fouilla son âme.

Robert- Tu sais Abi je vais devoir partir pour quelques jours à Seattle… Euh… Je ne veux pas t’abandonner ou les autres, mais je dois y aller… Euh… Ramener des trucs pour la famille, des jouets pour Poussin et des choses pour Breann. Tu as besoin de quelque chose?

À la mention de la journaliste, une bataille interne semblait se livrer au plus profond de l’âme débordant de bonté de la chose. Le duel se reflétait dans le regard océanique de Robert, les fenêtres donnant un aperçu sur le véritable Bobby. Non l’enveloppe affreuse que tous pouvaient craindre ou haïr. D’une part un amour et une affection tout simplement magnifique. D’un l’autre part une tristesse et une honte de s’être fait rejeté de nouveau. De se voir interdit surement à jamais une tendresse, un sentiment doux qui venait de naître. De la peur de comprendre ce que tous les gens lui avaient répété. Que le monstre de foire, la lie de l’humanité ne pourront jamais connaître un amour et une relation avec un ange. Essayant de refouler à grand-peine ce nouveau tourment qui s’ajouta à tous les autres, le colosse sourit pauvrement.
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Re: La saveur du bonheur? ft Bobby

Mar 28 Juin 2016 - 12:57

Abigail fronça les sourcils. Partir ? Pour quoi faire ? Aller chercher quoi ? Ils avaient tous ce dont ils avaient besoin ici. Il n'avait pas besoin de se jeter à corps perdu dans l'enfer de la ville. Qui pouvait bien lui demander une chose pareille ? Breann ? C'était elle qui le poussait à risquer sa vie pour qu'il lui rapporte des « trucs » ? Le sourire d'Abigail s'effaça lentement. Elle était contre. Totalement contre. Elle croisa les bras, le visage soudainement endurci. Elle avait remarqué le rapprochement entre Bobby et Breann. Si au début elle voulait se réjouir que Bobby puisse enfin avoir près de lui une femme, elle s'était très vit rendue compte que quelque chose clochait. Elle n'avait pas confiance en cette jeune et jolie demoiselle, qui semblait trop douce, trop tendre pour être honnête. A vrai dire, les semaines passées seule dans la forêt avaient quelque peu altéré la réalité d'Abigail. Elle se méfiait de tout et tout le monde, même ceux qui devaient être sa nouvelle famille. Les seuls en qui elle ferait confiance les yeux fermés étaient Bobby et Selene. Pour le reste, elle avait toujours cette réticence, notamment envers Breann et Harold.

Quoi qu'il en soit, elle refusait que son ami, son Bobby risque sa vie pour des étrangers, pour cette fille, pour rien. « Non. » répondit-elle simplement. Elle planta son regard dans celui de Robert. Cette fois-ci, la tendresse et la douceur avaient laissé place à une détermination et une certaine froideur. « Pourquoi tu devrais risquer ta vie ? Pourquoi tu devrais aller là bas ? Je ne veux pas que tu partes. C'est l'enfer Seattle et je sais que tu es fort. Mais tu n'as pas le droit de me faire ça. » Sa voix tremblait légèrement. Ce n'était pas la peine, la tristesse. C'était la colère qui parlait. Depuis son retour, même si elle faisait des efforts, la moindre contrariété la mettait dans tous ses états. Comme si à la moindre excuse toute sa rage ne cherchait qu'à sortir. Comme un dragon affamé.

Elle se releva et commença à faire les cent pas. Elle ne comprenait pas. Elle ne voulait pas comprendre. Bobby devait rester ici, point final. Elle ressemblait à une enfant capricieuse qui refusait que son père parte travailler. Elle posa les mains sur ses hanches et se posta devant son ami, toujours sur le sol. « Je ne suis pas d'accord. Tu en as parlé à Selene ? Qu'est-ce que tu dois rapporter, hein ? De quoi on aurait besoin ? Si c'est une excursion, alors je viens avec toi. Tu ne peux pas aller là bas tout seul. Selene n'aura qu'à nous faire une liste, pour tout le groupe. On ne peut pas se permettre de faire les courses de chacun. » Elle sentait ses mains commencer à trembler et sa poitrine s'enflammer. Elle serrait les dents et rugissait intérieurement.

« Qu'est-ce qu'il se passe avec Breann ? » demanda-t-elle enfin. Elle tentait de se calmer, de ne pas le braquer. Mais elle ressemblait à une petite fille en colère. « J'ai vu vos regards, vos sourires... Et maintenant, regardes-toi : quand tu parles d'elle tu sembles malheureux. Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? » Elle s'approcha de Bobby et s'accroupit face à lui. Elle posa délicatement ses mains sur celles robustes du géant. Et alors, elle planta une nouvelle fois son regard dans le sien. Cette fois, ces yeux trahissaient la tempête qui vibrait en elle. « Si elle t'a fait du mal, je te vengerai. » dit-elle d'une voix basse, presque grave. Et elle le pensait. Elle le pensait tellement que son regard s'assombrit, que son visage semblait se déformer par la férocité. Si elle avait brisé le cœur de l'homme auquel elle tenait le plus aujourd'hui, alors elle lui briserait le cou en retour. Peu importe ce que les autres en penseront, peu importe si elle sera forcée de partir après cet acte. Elle ne vivait que pour la vengeance. Qu'on lui déchire son âme, elle arrachera des cœurs. Elle n'avait plus peur de tuer. Elle l'avait fait avec Selene, à Costco. Ca avait été facile de retirer une vie. Elle pourrait le refaire. Un seul mot de Bobby et Breann ne serait déjà qu'un vieux souvenir.
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Re: La saveur du bonheur? ft Bobby

Mer 29 Juin 2016 - 14:22

Aibgail se transforma alors devant les yeux ébahis du golem de chair. La douce apparition céleste qui avait pour un temps fait chavirer sans le savoir le cœur et l’âme du colosse avait cédé le pas à une pâle représentation de l’ange de la compassion. Ses traits s’étaient tordus par la colère et ses yeux s’étaient enflammés. Elle avait craché sa dernière phrase comme si c’était un poison odieux qui avait été sécrété par des mandibules camoufler parmi sa dentition parfaite. Une vision d’horreur pour le simplet à l’âme si pure. Le goliath au visage balafré et à laideur repoussant avait déjà plongé son regard quelques fois dans les tourbillons d’une rage latente et d’une folie passagère. Il ne put empêcher une frisson de courir son échine et les traits de son horrible faciès étaient devenus un masque de confusion. Mais même durant cette réflexion, ce temps d’incertitude, le regard bleuté du géant ne reflétait que de la tendresse et de l’amour pour l’Irlandaise. Même devant le démon en personne, la pureté d’âme de l’homme difforme ne verrait que l’once de bien caché au fin fond de la noirceur de son cœur.

Les mains rugueuses et immenses de Robert engloutirent la perfection gracile et soyeuse des doigts de la belle. La bête avait accompli ce mouvement avec une bienveillance et un amour qui ne devait pas avoir sa place dans ce corps disgracieux. Une douce chaleur se propage des doigts de Robert vers ceux de l’ange à la cascade doré. Souriant tendrement, il laissa ses yeux d’un bleu comparable à une mer calme sous un ciel d’été se déverser dans la fournaise qui tourbillonnait dans le regard d’Abigail. Une tendresse, une compassion et une sérénité jaillissaient directement de son âme pour apaiser une de ses raisons de vivre et de se lever chaque matin. Sa voix rauque, mais authentique de par sa gentillesse, caressa tout doucement l’ouïe de la jeune femme.

Robert- Je dois y aller tu sais… Euh… Je dois passer par l’appartement que Rosalie et Sandra avaient. Je dois aller chercher des fragments de mon cœur et de mon âme là-bas… Euh… Des souvenirs chers que j’aimerais partager avec toi… Des chansons et des photos. Car tu es très importante pour moi.

Un petit sourire plein de malice effleura les lèvres exsangues de l’homme. Une lueur d’espièglerie troubla un instant le regard océanique de Bobby.

Robert- Aussi je dois aller me chercher d’autres trucs pour m’habiller tu sais… Euh… Presque plus de chemise et de pantalon et je ne crois pas que tu veux me voir juste en caleçon… Euh… Tu vas faire des cauchemars. Mais les méchants qui mordent qui vont me voir comme ça ne viendront pas ici… Dégouté.

Riant franchement et avec une joie presque enfantine de sa propre répugnance, faisant preuve d’une autodérision de bonne entente, Robert prit quelques instants pour se ressaisir. Les épaules massives tressautèrent au rythme du rire. Tout en continuant de parler, les pouces démesurés du géant roulèrent sur la peau satinée des mains de la divine apparition.

Robert- Aussi je voudrais faire des surprises. Harold aimerait un cognac. Arun des jeux et des livres de dessins. Breann des trucs dans son appartement. Du chocolat pour Selene et des vêtements de bébé pour Flann… Euh… Personne ne m’a demandé ça, tu sais. Je veux juste faire plaisirs et rendre heureux… Euh… J’aimerais te rendre heureuse, aussi tu sais. Tu aimerais quoi? Mais je dois y aller et je ne veux pas te laisser, derrière tu sais.

Respirant profondément, le colosse laissa les mains graciles de l’Irlandaise pour déposer ses paumes sur les joues à la douceur exquise. Il s’avança avec lenteur, comme si la bête allait déposer un doux baiser sur les lèvres pleines de la belle. Mais au lieu de ce moment touchant, le golem de chair déposa son front sur celui de l’étudiante. Les yeux des deux âmes se mélangèrent à cet instant pour ne former qu’un regard. Le contact de la peau disgracieuse du monstre sur la douceur même de l’ange fit l’effet d’une pluie apaisante, une purification de l’esprit. Comme si le géant au cœur d’or donnait de sa vigueur, de sa vie elle-même pour faire diminuer les tourments de l’être qui comptait tellement pour lui.

Robert- Tu n’as pas à me venger, tu sais… Euh… Il n’y a pas rien de mal. J’ai juste dit que j’aimais Breann, mais elle a peur de ces mots, je crois… Euh… On va rester amis. Tu sais la douleur et la joie font partie de nous… Euh… On doit vivre avec les deux. Tu es gentille de prendre soin de moi, tu sais… Euh…

Essayant de rattraper ses pensées vagabondes, le colosse se jeta à l’eau.

Robert- C’est drôle quand je me suis fait tirer dessus j’étais comme dehors de mon corps… Euh… Sandra voulait que je la rejoigne dans la lumière. Mais tu es arrivé… Euh… J’ai vu que tu t’es couché sur moi comme pour me dire de rester… Euh… C’est grâce à toi que je suis resté. Je ne voulais pas te laisser… Euh… C’est dur à expliquer pas bon avec les mots.

Ravalant sa salive, le colosse rajouta d’une petite voix.

Robert- Jamais personne avant toi n’avait osé me toucher comme tu le fais tu sais… Euh… je me sens humain avec toi. Et je ne veux pas que rien de méchant ne t’arrive. Si il a quelque chose dis-le moi ok...

Souriant grandement, la belle devait se douter que la bête ne pouvait mentir même pour sauver sa misérable existence. Chaque mot était issu de son cœur et passait outre son esprit lent pour s’exprimer avec affection et franchise…
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Re: La saveur du bonheur? ft Bobby

Jeu 30 Juin 2016 - 12:52

Elle avait l'impression qu'il ne comprenait pas. Qu'il ne voulait pas comprendre. Tout cela était terminé. C'était une autre vie, un autre monde... Plus rien ne ressemblait à leur vie d'avant. Il devait comprendre qu'il devait laisser les souvenirs là où ils étaient, qu'il ne devait pas remuer le passé. Ca le rendrait faible, ça le rendrait nostalgique et il n'aurait plus envie de se battre. Quand Abi pensait à ses parents certainement morts, à Kate se débattant pathétiquement sur le sol du local à poubelles, son cœur se serrait, ses jambes ne la portaient plus et elle n'avait qu'une seule envie : mourir. Il devait laisser dans un coin de son cœur et de son âme cette vie, cette famille et comprendre que tout cela était fini. Que ça ne reviendra plus. Qu'elles ne reviendront plus. Jamais.

Elle le regardait rire. Bobby avait toujours ce bonheur aux lèvres, cette joie dans les yeux. Elle se demandait comment il faisait pour sembler avoir le cœur si léger aujourd'hui. Celui d'Abigail lui paraissait si lourd dans sa poitrine. Parfois même, elle rêvait qu'il cessait de battre et qu'il se transformait en pierre. Elle détourna le regard du visage de son ami. Il ne comprenait pas et elle ne comprenait pas. Elle ne voulait plus l'écouter. Elle s'était braquée, comme une enfant capricieuse. Il lui arrivait de prendre cet air agacé et revêche comme à cet instant quand son père lui faisait des remarques ou qu'elle n'était pas d'accord avec lui. Il finissait par sourire tendrement et laisser la petite blonde croiser les bras et bouder. « Je ne veux rien. » finit-elle par déclarer d'un ton morose.

Elle soupira légèrement et reposa le regard sur lui lorsqu'elle le vit du coin de l'oeil bouger. Lentement, il s'approcha de son visage pour déposer un doux baiser sur son front. Le geste, une fois encore, lui rappela celui de son père. Il avait pris pour habitude, depuis qu'elle était bébé, de l'embrasser à cet endroit à chaque fois qu'il devait l'embrasser ou qu'il le voulait. Elle ne put empêcher son cœur de s'attendrir face à ce geste. Son visage s'adoucit légèrement et son regard se fit moins dur. Néanmoins, elle restait quelque peu fâchée de son départ. Bobby continua de parler et cette fois-ci elle s'était décidée à l'écouter. Au fond, elle savait bien qu'il avait raison à propos de Breann. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une profonde colère envers la jeune femme. Parce que personne n'avait le droit de faire du mal à Bobby et de s'en sortir aussi facilement. Mais elle comprit qu'en touchant Breann, elle toucherait forcément son ami. Peut-être que faire du mal à la jeune femme n'était pas la bonne solution ? Peut-être que la vengeance n'était pas une si bonne idée ? Elle ne savait plus. Mais dans tous les cas, elle comptait faire payer, avec n'importe quel moyen, la nouvelle blessure qu'elle venait d'infliger au cœur déjà abîmé de Bobby.

Aux mots du géant, elle finit par sourire doucement. Décidément, Robert était l'homme le plus surprenant qu'elle avait rencontré. En quelques instants, il avait réussi à calmer la fureur qui tremblait en elle. Elle vint alors s'asseoir aux côtés de son ami, plaque son dos contre le mur et étendit ses jambes devant elle.  Elle laissa tomber sa tête sur l'épaule de Robert et ferma les yeux un instant.

« Papa m'embrassait comme tu l'as fait. Il disait que c'était le baiser protecteur et qu'ainsi je serai toute la journée sous sa protection. Il prenait soin de moi comme tu le fais. Il ne voulait pas qu'il m'arrive quelque chose. Parfois j'étouffais, je lui hurlais qu'il m'agaçait, qu'il devait me laisser tranquille... Mais aujourd'hui je sais qu'il faisait tout ça par amour... Il me manque... » Et voilà. Elle retombait dans l'infernale spirale des souvenirs, de la tristesse, de la mort... Elle soupira une nouvelle fois, cette fois-ci légèrement tremblante de sanglots. Son sentiment revenait : elle voulait juste mourir. Les rejoindre. Les prendre dans ses bras, les serrer fort, les embrasser et leur raconter comment jusqu'à maintenant elle avait été forte. Après un court silence, elle se releva subitement et se racla la gorge tentant d'effacer la tristesse qui s'était emparée de son âme.

« Mais c'est fini tout ça. » déclara-t-elle dans un sourire nostalgique avant de se rasseoir sur son lit qui grinça légèrement. « Je t'ai toi maintenant. Tu prends soin de moi comme il le faisait. J'ai Selene aussi. Il faut laisser le passé où il est. Ce n'est pas bon de remuer tout ça. Il faut les laisser partir. »
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Re: La saveur du bonheur? ft Bobby

Ven 1 Juil 2016 - 15:14

La tempête qui semblait avoir élu domicile dans le cœur et l’âme de l’Irlandaise s’éteignit avec douceur sous l’assaut de la bonté et de la gentillesse de la parodie d’homme. Le monstre de foire écouta chaque parole, chaque mot soufflé par l’ange à la cascade doré. L’être divin parlait de son père, de ses ressemblances dans ses actes avec ceux du golem de chair. Mais ce qui fit mal ce fut lorsqu’Abigail déclara qu’on devait oublier le passé. Pendant quelques longs instants, une éternité dans ce monde où la douleur et le chaos pouvaient arracher la vie à une âme bonne en une seconde, le silence se fut lourd et écrasant. Les pensées vagabondes de l’homme difforme se sauvaient dans toutes les directions de la plaine aride de son intellect limité. Se relevant avec difficulté, le mineur n’ayant aucune grâce ni l’équilibre que pouvait démontrer aisément les graciles anges qui partageaient sa misérable vie, Bobby se retourna et regarda dans les yeux l’être de lumière assise sur le matelas.  Leurs yeux si semblables se fusionnèrent, laissant inonder leurs âmes d’une affection et d’une tendresse surnaturelle entre deux êtres si différents et si semblables à la fois. La voix rauque et lente du colosse à l’apparence répugnante s’éleva dans les airs.

Robert- Je peux m’assoir avec toi sur le lit? Je n’ai jamais eu de lit, tu sais… Euh… Pas fait pour moi selon ma mère et j’ai pris l’habitude de dormir à terre ou bien dans un fauteuil si je suis chanceux.

Ayant le consentement d’Abigail, le géant balafré s’assit avec une hésitation et une douceur qui devrait être étrangère de ce corps malhabile et gauche.  Les ressorts grincèrent et le golem de chair se figea, peu certain de la marche à suivre. Devait-il se relever ou prendre la chance de casser le mobilier? Mais une main racée, douce et à la chaleur si humaine se déposé sur son avant-bras épais comme un tronc et lézarder de cicatrices immondes. Ce simple geste permis un apaisement des criantes de Robert et de le faire sourire simplement, mais avec une telle ardeur que sa beauté intérieure se révéla avec la force de dix soleils. Laissant son fessier ferme et immense se déposer sur le lit, le colosse laissa chaque muscle de son corps gigantisme se relaxer. Ses épaules massives s’affaissèrent un peu et son dos habituellement droit comme une barre se laissa fléchir.  Un sourire soulagé vint ponctuer cet état de grâce. Inconsciemment, le malabar avait placé son profil le moins répugnant à la vue de l’ange, comme pour la préserver de sa laideur chronique préserver son aura de pureté. Depuis qu’il avait reçu le long stigmate qui courait de ses lèvres exsangues au sommet de son orbite, le géant s’était persuadé qu’il ressemblait plus que jamais à une gargouille immonde, un monstre de conte de fées. Il essayait maintenant de cacher cette inqualifiable horreur au regard des gens, cette nouvelle atrocité perdue sur un océan de chair sanctifié par la méchanceté des hommes. Déposant ses larges mains sur le matelas pour apprécier la douceur, l’homme parla dans un chuchotement et les mots porteurs d’une douceur infinie vinrent caresser l’ouïe de la dame à la beauté majestueuse.

Robert- Ça à l’air bien… Euh… D’habitude si j’ose entrer dans une chambre avec quelqu’un qui dort dans le lit, je m’assis près d’elle à terre… Euh… Veut pas la déranger.

Les traits du monstre de foire, horrible et atypique, se figèrent alors dans un masque ayant la dureté de la concentration et la douceur de la bonté innée.

Robert- Je n’ai jamais eu de père, tu sais… Euh… Pas connu. Et j’en serais jamais un… Euh… Dames ne veulent pas de moi je crois. Surtout qu’il y a des hommes 100 fois mieux que moi partout.  Je ne remplace pas ton père Abi. Je suis ton ami. Si tu veux que je trouve un autre endroit pour te donner un bisou, ce sera notre endroit secret et je n’embrasserai personne d’autre là… Euh… À part toi, Selene et Breann je n’ai jamais osé faire ça, tu sais.

Une rougeur écarlate se propagea sur le visage du colosse en pleine gêne devant ce simple aveu. Depuis que l’apocalypse était présent aux portes de leurs existences, des anges magnifiques et au cœur pur avaient surgi dans la vie médiocre du simplet aux muscles disproportionnés.

Robert- On va rester ensemble le temps que tu veux, on va se protéger et sourire ensemble tu sais… Euh… Il n’y a pas un jour que je n’ai pensé à toi… Euh… J’ai même été deux ou trois fois à Seattle pour essayer de te trouver… Euh… C’est dur à expliquer, mais c’était comme il me manquait un morceau de mon cœur, de mon âme, car tu étais pas là.

Le regard océanique de la bête semblait submerger par la mélancolie, la tristesse de ces jours à essayer de retrouver l’ange qui l’avait tant sourire, tant rêver. Sans le savoir, il avait été amoureux de l’Irlandaise, mais il n’avait connu ce sentiment puissant et Robert n’avait pas eu le courage à cette époque de lui dire ce que chaque parcelle de son corps éprouvait.

Robert- Je ne crois pas qu’on doit tout oublier, du passé tu sait… Euh… Sandra m’avait dit un jour qu’on peut connaître les gens en connaissant le passé. Comme ça on comprend le présent aussi… Euh…  Je pense à un truc.

Fouillant dans sa poche de pantalon, le mastodonte en sortit un écrin de satin noir. Il l’ouvrit délicatement et exhiba un médaillon. Timidement il le tendit à l’ange assis à ses côtés.

Robert- Je l’ai trouvé, un peu avant de te retrouver à Seattle tu sais… Euh… C’est un truc de ton pays. J’aime beaucoup, car c’est comme toi à mes yeux… Euh… Un ange avec la pierre de la couleur de tes yeux… Euh… Je l’ai gardé depuis qu’on s’est perdu pour te le redonner. Comme ça on commence notre nouvelle vie ensemble… Euh… Désolé je suis tout mélangée les mots sortent mal de ma bouche. On laisse le passé où il est on travaille sur l’avenir. Tu le veux? Je ne veux que tu sois heureuse... Aussi longtemps que tu vas l'voir, mon esprit sera près de toi et aussi une partie de mon cœur.

Un ange passa, laissant la main tendue du colosse vers l’être de compassion avec son présent. Un mince sourire zébra l’horrible faciès de l’être de cauchemar. Mais la bonté, la gentillesse et la tendresse envers Abigail qui se déversa de l’océan bleuté de son regard parlaient amplement pour le colosse médusé.
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Re: La saveur du bonheur? ft Bobby

Mer 20 Juil 2016 - 11:50

Abigail tendit sa main et Bobby y posa délicatement l'écrin. Doucement, elle ouvrit la boite, comme s'il s'agissait de la chose la plus précieuse et la plus fragile qu'elle ait vu depuis le début de la fin. Elle découvrit alors le médaillon et la chaîne couleur argent qui le retenait. Un sourire timide naquit sur les lèvres pâles de la jeune femme pendant qu'elle admirait avec émerveillement le bijou. Elle ne savait pas comment son ami avait pu tomber sur ça, mais elle ne pourrait jamais assez le remercier de ce cadeau. Le médaillon représentait tellement.

C'était un soleil celte. Ca lui rappelait son pays, les paysages, les châteaux, les légendes et les histoires qu'elle connaissait par cœur. Elle avait toujours adoré son Irlande natale et tout le fantasme que représentait sa terre. Mais plus encore, la signification du soleil celtique la touchait. Traditionnellement, le soleil était représentatif de la femme celte. Forte, courageuse, indépendant, guerrière mais chaleureuse et indispensable à la vie de tous. Elle savait que Robert ignorait cela, parce que seuls les Irlandais ou les personnes passionnées de la culture celte pouvait connaître. Mais elle voulait croire en un signe. En quelque chose qui avait poussé son géant à penser à elle en voyant ce soleil.

Elle soupira légèrement et leva ses yeux humides vers Bobby. Elle était émue. C'était certainement le plus beau cadeau qu'on ne lui avait jamais fait. Ca avait un sens. Alors elle se jeta sur Robert, enroulant ses bras frêles autour de son cou comme une enfant. « Merci » souffla-t-elle dans un murmure.

Après quelques secondes, elle s'éloigna de nouveau de son ami et lui sourit. Elle n'avait pas besoin de lui dire ce qu'elle ressentait, parce qu'il le savait. Il pouvait lire en elle à cet instant précis. Même si parfois elle lui échappait, même si parfois il ne pouvait pas comprendre le tourment qui grattait son cœur et son âme, cette fois, sa joie, son bonheur ne pouvait que l'éblouir. Une larme coula, lentement, et elle l'effaça d'un revers de main.

Délicatement, elle prit le collier qu'elle accrocha à son cou. « Je l'adore ! » dit-elle, quelque peu remise de l'émotion que lui avait procuré le présent. Mais elle se rendit soudain compte qu'elle n'avait rien pour lui. Rien à lui offrir. Pas seulement un objet. Elle n'avait rien à lui apporter, concrètement et dans sa vie. Elle n'était que colère et souffrance. Robert était trop bon, trop pur pour qu'elle ne le salisse par sa noirceur. Son sourire s'effaça, et pour ne pas qu'il s'inquiète, pour ne pas qu'il se rende compte qu'elle se sentait si coupable qu'il lui porte autant d'attention, elle reprit la parole.

« Tu sais ce que ça signifie le soleil, dans notre culture ancestrale ? » demanda-t-elle dans un léger sourire. « C'est la femme. Chez nous, les femmes sont admirées. La femme celte est forte, indépendante et indispensable. » Et puis son visage s'assombrit. Elle se rendait compte qu'elle ne méritait pas ce soleil. A la limite, la lune aurait été plus appropriée au cauchemar qu'elle devenait. « Je... Je ne sais pas si... » Pensive, elle touchait le médaillon, les yeux baissés. Elle voulait lui rendre. Lui dire qu'elle n'était pas digne de porter ce soleil. Mais elle pensa au fait qu'il avait toujours été là. Qu'il avait toujours été cette main qui la tirait de toutes ses forces de l'enfer dans lequel elle plongeait peu à peu. Ce cadeau prenait un autre sens. Ce n'était pas elle. Du moins, pas maintenant, peut-être jamais. Mais c'était Robert, c'était sa main, c'était sa force, c'était sa patience qui maintenait Abigail la tête hors de l'eau, qui faisait qu'elle ne sombrait pas. Ce soleil c'était parfaitement eux.

« Non rien. » reprit-elle avant de poser de nouveau les yeux sur son ami, souriante. Comme une amulette, le collier la protégerait de sa folie, de son ombre, du démon qui sommeillait en elle. « Comment tu fais pour être aussi bon ? » demanda-t-elle subitement d'un air innocent. Elle ne comprenait pas comment il faisait pour avoir toujours les mots, toujours les gestes, toujours les pensées qui apaisent chaque personne ici. Elle ne comprenait pas comment il faisait pour ne pas tomber dans la folie, la rage, le désespoir. Elle voulait comprendre.
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Re: La saveur du bonheur? ft Bobby

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