Récemment, trop de choses s'étaient enchaîner et Leroy ne parvenait plus à faire la part des choses.

Avec la mort de Lena, des aveux avaient été fait. Luke, Shannon et Jenna étaient de mèches dans le fait de cacher une information au colosse. De ça en découlait une réaction excessive du maçon qui en était venu à passer son ami à tabac avant de menacer les femmes. Et puis il avait banni l'ouvrier et la rousse s'était tirée. Plus rien n'allait. Absolument rien.
Exacerbé par le fait de se retrouver en tête à tête avec Shannon dont le comportement n'aidait pas non à garder son calme, Leroy décida de quitter la baraque l'espace de quelques heures. Il en avait besoin. Expressément besoin.

Être dehors. En solo, c'est ça qui lui manquait au Leroy. Il n'avait pas pour habitude de rester avec tellement de gens, a veiller sur les autres. Être seul, profiter de la solitude, c'est ça qu'il lui fallait, tout ce qu'il demandait. Être loin de ce merdier dans lequel ils étaient plongés. Est-ce qu'il se sentait coupable de tout ce qui était arrivé ? Pas vraiment. Du moins, à moitié. Il se sentait encore responsable de la mort de Lena et d'avoir menacer Jenna et Shannon mais il trouvait plus que légitime le sort de Luke. Il l'avait mérité. Faisant fi de la sécurité, il se baladait presque main dans les poches dans les rues autrefois animées. Les vivants avaient été remplacés par les infectés, les voitures devenaient des carcasses. Plus aucun magasin ne vivait. L'économie brisée. La survie, pure et simple, c'est tout ce qu'il restait aux survivants de la Nouvelle Ère. Est-ce que c'était censé ressembler à ça l’Armageddon ou autre saloperies religieuses que lui avait apprit sa mère ? Beh putain, elle ne se doutait clairement pas que ça pouvait être le pire châtiment qu'il pouvait exister. Mourir définitivement était une délivrance, surtout quand on savait qu'il était possible de revenir errer sur les terres maudites.

Repensant à tout cela, jouant presque aux sept différences, Leroy ne s'arrêta qu'au détour d'une ruelle en entendant un bruit familier. Des aboiements. S'il entendait la bestiole, il se doutait qu'il n'était pas le seul à avoir aperçu ce son. Un instant d'hésitation et il se dirigea vers le canidé pour tenter de voir ce qu'il se tramait. Peut-être était-ce simplement un groupe de deux ou trois machins, un truc facile à dézinguer. Tirant la lame au clair, le maçon s'avança prudemment de la source et se stoppa net en comprenant que non, il ne s'agissait en rien d'une poignée de tête. C'était plusieurs poignées qui s'approchaient. L'animal vint jusqu'à l'homme et se mit à grogner, dans le doute.

- Tout doux, sale bête.

Mais déjà l'animal s'écarta, préférant reprendre sa course pour la survie de son côté. C'était la merde. Les rues débordaient déjà de vagues de démons. Leroy n'eut d'autres solutions que reculer pour aller se mettre à l'abris. Malheureusement, le temps qu'il avait passé à contempler la bête, c'était le temps perdu à ignorer que la menace pouvait aussi venir dans son dos et là, il était mit sur le fait accomplit. Serrant les dents et pestant intérieurement, Roy chercha des yeux une solution. Courir, il devait courir, fuir l'étau qui commençait à se former non loin de lui. La horde finirait pas se rassembler et là, ce serait plus que dangereux. S'élançant alors, l'homme prit une direction qui ne semblait pas encore atteinte. Il changea plusieurs fois d'artères, certaines trop encombrées ou juste infestées. Plus d'une fois il manqua de se casser la gueule. Ouais, ces machins n'allaient pas vite, c'était pas ça le problème. Le plus gros soucis, c'était le nombre et clairement, tout seul, ce serait infaisable. Enfin il s'arrêta devant une bâtisse alors que devant lui aussi les ruelles commençait à être envahies. Pas le choix, il devait s'engouffrer dans un lieu safe, quitte a devoir immédiatement dégommer du monstre.

Usant de toute sa force, le chef de chantier se mit à enfoncer la porte de l'épaule mais son seul effort ne suffisait pas à la faire céder.

- Putain ! Ouvre toi, bon sang !

Il avait besoin de parler, de s'énerver et surtout de se mettre à l'abris. Redoublant d'efforts, il se remit à cogner le seul barrage menant à la safe zone qu'il visait. Maudit clébard. Puis en plus il s'était déjà enfuit ce caniche à la con. Au bout d'un instant, il finissait par avoir mal à l'épaule, ce truc refusait de s'ouvrir et les autres avançaient toujours plus. Oh bordel !

Retourner là, tout près de ce qui avait été son chez lui pendant toutes ces années, ce quartier qui renfermait une partie de ses souvenirs, de ce qui avait composé sa vie, c'était une sensation presque bizarre. Il n'avait fait que repousser l'échéance, au départ parce-que les rues de la ville étaient bien trop infestées de putrides, puis il était parti, et depuis son retour dans le coin, il y pensait bien trop souvent. L'annonce de la mort de Molly avait tout chamboulé en lui, lui qui avait encore l'espoir profond il y a deux semaines qu'elle était en sécurité à Salem, qu'il pourrait aller la retrouver... tout s'était effondré en quelques instants. Une photo montrée au frère et au pote de Jonah, quelques mots lui affirmant qu'elle n'avait pas survécu... Et un monde qui s'effondre. Il avait d'abord passé le plus clair de son temps enfermé à la station, n'en sortant que pour ses quelques tours de garde, c'était à peine s'il avait mangé avec ses compagnons, perdant quelques kilos au passage. Le blond était partagé entre cette voix au fond de lui qui le poussait à se laisser complètement aller, ne plus croire en rien, et son caractère de battant qui lui donnait envie de se venger sur le monde entier, de crier sa colère et de détruire tout ce qu'il trouvait.

Une fois encore, il s'était réveillé avec des cernes bien prononcées tant la nuit avait été difficile, comme s'il revivait sans cesse la mort de Molly, ce qui lui avait été décrit du moins ; d'abord ses parents, maintenant elle... L'homme d'affaire se laissait noyer par une culpabilité étouffante, depuis que tout avait commencé il n'avait jamais su arriver à temps pour aucun membre de sa famille, n'avait pas retrouvé d'amis ni quoi que ce soit. La seule tête connue sur laquelle il était tombé était cette toxico qu'il pensait déjà morte depuis longtemps. Il ne pouvait qu'admirer la patience de Jonah qui ne l'avait étrangement pas encore envoyé paître. Zack avait espéré inconsciemment que cette colère sourde passe, que cette foutue douleur s'efface miraculeusement... mais il n'en était rien et il tournait dans l’entrepôt comme un lion en cage. Il devait sortir. Prendre l'air.

Et c'est ce qu'il avait fait après avoir enfilé un vieux jean, un tee-shirt et sa veste. Il prévint Nick qu'il sortait pour la journée, et sorti à la clarté du jour, plissant les yeux pour les protéger de ce soleil agressif qui filtrait à travers les nuages ces derniers jours. Grimpant sur une des motos qu'ils avaient trouvé peu après leur arrivée à la station, il s'était mit en route direction les quartiers Est de la ville. Il y arriva en un peu moins d'une heure, n'ayant d'autres choix que de faire des détours par moments pour éviter des carcasses de bagnoles ou des putréfiés un peu trop intéressés. Oh il aurait pu marcher, après tout il n'avait désormais plus rien d'autre à faire de sa vie, mais ils avaient déjà parcourus tellement de kilomètres que le blond préféra la facilité à la discrétion. Peut-être était-ce une erreur, mais il s'en foutait royalement, tout ce dont il avait besoin était un bol d'air frais, se changer les idées.

Il n'eut d'autre choix que de faire demi tour dans une rue, ayant attiré un nombre relativement important de putrides. Après encore quelques minutes à tourner en rond, il éteint le moteur et se met à pousser lentement le deux-roues, jetant des regards à la fois perdus et nostalgiques sur tout ce qui l'entourait. Ce quartier qu'il connaissait pourtant si bien n'avait plus rien de ce qu'il était avant, il n'y avais plus toutes ces lumières, tous ces foutus richards qui se pavanaient d'une boutique chicos à l'autre... Plus rien. Même lui semblait être comme l'ombre de ce qu'il était auparavant, même s'il n'avait en rien perdu son caractère arrogant et nombriliste. Alors qu'il approchait du Madison Park, il vit non loin un groupe plus important de putrides ; mieux valait ne pas jouer au con... S'arrachant de force à l'observation de ce quartier qu'il connaissait si bien avant, il s'engouffra dans un bâtiment avec une grande porte coulissante et rangea sa moto à l'intérieur -là, elle était à l'abri- avant d'en ressortir et de s'engager dans un autre bâtiment à la porte entrouverte de l'autre côté de la rue. Zack fit de son mieux pour condamner la porte. Un aboiement quelques rues plus loin attira son attention, mais alors qu'il pénétra dans une autre pièce, un putride fit son apparition. Sortant de sa poche son poing américain il lui martela le crâne dans émotion jusqu'à ce qu'il ne soit même plus reconnaissable ; cette colère... il fallait qu'elle sorte. Accroupi devant le mort, il cala une cigarette entre ses lèvres et l'alluma, tirant une de ces bouffées presque salvatrices en fermant les yeux. Il avait le temps pas vrai ? Autant s'accorder quelques instants avant de fouiller le reste du bâtiment, peut-être même irait-il chez lui plus tard...

L'homme d'affaire fut sorti de ses pensées par des coups juste contre la porte devant lui. Ainsi donc ce bâtiment était communicant entre les deux rues. Se relevant il s'approcha prudemment de la porte, zieutant le mécanisme qui avait mit en place certainement pour empêcher quelqu'un d'entrer. De nouveau coups violents s'abattirent de l'extérieur, le faisant reculer d'un pas. Bordel il a pas bientôt finit ?! L'agacement le prenait peu à peu et il était évident que ce n'était pas un putride au vu de la force des coups. Glissant ses doigts dans son point américain, il ouvrit le mécanisme de la porte de l'autre ; dans la foulée, le gars qui semblait taper depuis avant s'engouffra dans la pièce, peut-être mu par un nouvel élan pour défoncer la porte.  Arquant un sourcil interrogateur, il ne quittait pas des yeux l'inconnu, la main toujours posée sur la porte. La clope toujours maintenue entre ses lèvres, il fit un signe du menton vers l'homme. « Tu joues à quoi toi ? »

Frapper contre la porte en murmurant des "Ouvre toi ! Ouvre toi !" n'avait pas l'air de fonctionner, pourtant ça n'empêchait pas Leroy de frapper toujours plus fort pour imposer sa volonté à la seule barrière qui le protégeait des Déchus qui s'apprêtaient à lui grignoter un morceau. Alors que les machins approchaient toujours plus, dans un nouvel élan il fonça vers la porte et... Elle s'ouvrit bien avant qu'il puisse la toucher, le faisant par conséquent entrer brutalement dans la pièce, manquant de se casser la figure. La surprise fut telle que son palpitant manqua un battement, son souffle se stoppa et ses muscles se crispèrent. Comment ? Pourquoi ? Y avait quelqu'un depuis le début et ce n'était que maintenant que la horde était sur le pas de la porte qu'on lui ouvrait ? Comme quoi, y avait plus connard que lui dans ce monde. La horde... Putain mais oui ! Pendant que l'inconnu ouvrait sa bouche pour savoir c'qu'il se passait sans rien capter à la situation, le maçon s'approcha, ignorant son arme et le poussa loin de l'ouverture pour pouvoir la fermer et l'obstruer. Maudit cabot qui avait rameuter la moitié de la ville !

Se laissant tomber au sol, l'homme se mit à soupirer et se passa la main dans les cheveux. Dire que le matin même il avait préféré sortir pour respirer un coup pendant que Shannon se remettait doucement de ses douleurs. Ce n'était pas la grande forme pour elle à cause de contusions et des bleus mais il avait prit la peine de la soigner et de la garder en vie alors qu'il aurait juste pu la laisser crever. Il ne voulait juste pas être seul et surtout pas perdre le dernier lien qu'il pouvait avoir avec Jenna, même s'il appréciait la brune pour elle-même. Se souvenant alors qu'il n'était pas seul, il arqua un sourcil et leva les yeux vers l'autre qui avait juste suivi la scène d'un air blasé. Le colosse se releva, épousseta son pantalon puis examina un instant le survivant. Clairement, il ne le remercierait pas et ne lui ferait pas la causette. Pas intéressant. Puis il avait autre chose à foutre. S'éloignant de son côté, le maçon se mit à regarder ce qui traînait ici et là, retournant certain trucs du pied tout en gardant la main proche de sa réplique d'Airsoft, premier moyen de dissuasion qu'il portait et si ce n'était pas suffisant, il avait encore son Glock, véritable arme cette fois.

Les yeux de Leroy fixaient tous les endroits possible et imaginable, cherchant un moyen de sortir assez rapidement en évitant le tsunami d'infectés amassé contre les murs de l'immeuble. Bon, puisqu'ils étaient là encore un moment, l'homme en profita pour chercher de quoi faire ses courses, deux ou trois vêtements, une boite de conserves et une pile, c'était déjà pas dégueu. Son regard fut attiré par un plan sur le mur. S'en approchant, le colosse se mit à le détailler un long moment, trouvant rapidement sa position. Le bâtiment était suffisamment grand pour pouvoir trouver pas mal de choses, normalement. En se frottant le menton il essayait d'estimer combien de temps cela prendrait de visiter tout le bordel, sans compter les potentiels ennemis ou malades à exécuter. Ses yeux se tournèrent enfin vers l'autre et il soupira une nouvelle fois. Bon. Fallait s'lancer.

- Hey ! Machin, t'as d'jà fait le tour ou pas ?

Mais bien sûr, tout en finesse Leroy. Il n'avait clairement pas peur de se foutre à dos un inconnu. Pas qu'il présumait pouvoir gagner à tous les coups, si y avait bataille, puisqu'il ne savait pas quel était l'arsenal du survivant adverse mais il était déjà très irrité alors forcément, être bloqué avec un connard vivant, ça l'irritait encore plus. Basiquement, ils partaient toujours à deux en expé et puisque la moitié de sa troupe s'était tirée et que son dernier membre était alité à cause de ses blessures... C'était la merde en somme. Reposant ses yeux sur le plan, il tentait, par la même occasion, de trouver les différentes issues de secours pour pouvoir se tirer rapidement quand il aurait trouver de quoi remplir son sac à dos.

Zack était à la fois partagé entre l'étonnement, l'amusement et l'agacement. Ce gars qui avait déboulé de la porte avait pas l'air d'une petite nature, sûrement qu'il savait se défendre alors pourquoi il fuyait ? Un voile d'amusement passa dans son regard. Pourquoi t'as été aussi con toi de taper comme ça hein ? Et si j'avais pas ouvert ? pensa-t-il. Mais en parallèle à cela, le blond se sentait prit d'un agacement horripilant, lui qui avait juste envie d'être tranquille, se remémorer les moments passées dans ce quartier, c'était foutu. Quand l'inconnu se précipita pour refermer la porte, il ne jugea pas utile d'en demander d'avantage, se contentant de hausser un sourcil blasé. Peut-être aurait-il mieux fait de ne pas ouvrir au final. Mais s'il ne l'avait pas fait et que ce type avait réussit à défoncer la porte, il n'y aurait plus eut aucune barrière entre l'homme d'affaire et cette horde qui semblait attendre dehors.

Alors que l'inconnu reprenait doucement de ses émotions, Zack tira une dernière fois sur sa cigarette avant de la jeter au sol et de l'écraser, expirant la fumée lentement comme pour se calmer. Sa main était toujours parée de son arme de poing, juste au cas où le type déciderait de jouer au con ; comme s'il ne l'avait pas déjà été suffisamment en rameutant tous ces putrides. Les sourcils froncés, le blond soupira légèrement. Il cherchait quoi en fait ce gars ? Les cognements des putrides incessants contre la porte l'irritaient au plus haut poins, et la phrase de l'inconnu fut la goutte d'eau. Il se prend pour qui lui ? Comment ne pas être encore plus agacé ? Lui adressant un regard à la fois méprisant et hautain, il répondit d'une voix acerbe qu'il contrôlait difficilement bien qu'elle soit restée parfaitement calme. « J'aurais peut-être pu si t'avais pas cogné à la porte comme un con. » Il soupira une nouvelle fois en secouant la tête puis se passe une main nerveuse dans les cheveux.

Se calmer, c'était la meilleure chose à faire. Ce type n'y pouvait rien que Molly soit morte, ni que le blond n'accepte pas la chose mais après tant de temps, il s'était juste pointé là au mauvais moment et  malheureusement c'était déjà bien trop. Zack aurait peut-être dû anticiper et ne pas prendre de cigarette à peine rentré finalement. Levant les yeux au ciel il reprit d'un ton plus neutre bien qu'un peu tendu. « De toute façon ça va être compliqué d'se tirer d'ici tant qu'ils sont encore là, ça en a sûrement attirés d'autres de l'autre côté aussi. » Se dirigeant vers le plan que l'inconnu zieutait, l'homme d'affaire enregistra la composition des différents étages, et poursuivit. « Quitte à rester ici, autant voir ce qu'il y a d'intéressant. » Oh il n'avait pas l'intention de se la jouer copain-copain dans le style ''oh regardes ce que j'ai trouvé de chouette !''. Ils étaient coincés ici et l'un comme l'autre n'en avait certainement pas l'envie ; qui de toute façon appréciait de se retrouver bloqué avec quelqu'un qu'il ne connaissait absolument pas dans ce nouveau monde où il n'y avait plus aucune règle ?

Contournant le cadavre au sol en jetant un léger coup d’œil à ce qu'il restait de son visage, il eut un petit sourire en coin, se disant que si le gars derrière se décidait à le prendre par surprise, il ne suffirait que d'une lésion faite par son poing américain pour qu'il contracte l'infection. L'homme d'affaire s'engagea dans les escaliers se menant au premier étage ; il n'y avait qu'une petite fenêtre pour éclairer le tout mais elle apportait la lumière suffisante pour distinguer s'il y avait une silhouette devant ou pas. Poussant la porte pour accéder à l'étage, il plissa un instant les yeux pour s'habituer à la lumière ; une grande salle avec plusieurs bureaux sur lesquels étaient figés des ordinateurs qui jamais plus ne fonctionneraient. L'endroit avait l'air calme mais mieux valait rester sur ses gardes, d'autant plus parce-qu'il y avait également un autre humain dans l'équation. Le suivait-il d'ailleurs ? Qu'importe.

Laissant traîner son regard sur les bureaux, Zack fut comme captivé par tous ces objets fragiles, que ce soit les écrans, ou des bibelots en verre qui trônaient à côté... Il avait soudain cette envie folle de tout envoyer valdinguer, tout foutre en l'air ; comme si cela pourrait d'une quelconque manière apaiser sa douleur, sa culpabilité... Serrant les dents ainsi que ses doigts autour de l'arme, il s'aventurait dans la pièce à la recherche de quelque chose d'utile.

Leroy avait écouté l'autre tête de gland parler. A la première remarque, il retint de justesse un "Moh, pardon princesse ! Je te dérange ?" mais préféra s'abstenir. Inutile de chercher la merde ici. Il avait mieux à foutre. Et puis, il fut bien d'accord avec l'autre. Quitte à rester coincé dans le coin, autant s'amuser à chercher nécessaire de survie. D'après le plan il y avait quatre étage en tout. Sans électricité, forcément, l'ascenseur ne fonctionnerait pas, inutile d'y penser dans ce cas. Alors que machin s'écarta de suite après avoir donné son idée, Leroy haussa les épaules. Qu'il prenne de l'avance si ça l'amusait, y avait encore de quoi faire et puis il n'avait pas particulièrement envie de suivre ou de se faire suivre. L'ambiance était déjà assez désagréable comme ça et se connaissant, il finirait par s'énerver et vouloir sauter à la gorge de l'autre pour lui casser la gueule. Nerveux, en colère, stressé ? Totalement. Il s'inquiétait pour Luke, pour Jenna, veillait sur la santé de Shannon mal en point. Il était seul, juste simplement seul. Et si habituellement ça ne le dérangeait pas, ce qui le gavait, c'était le fait de devoir accepter le fait d'être bloqué dans un putain de bâtiment, avec un putain d'inconnu qui tenterait sans doute de le prendre à revers pour lui voler ce qu'il possédait. Bon, à ce niveau là, il était pas plus mal loti, flingue et couteau, il avait de quoi faire. Physiquement parlant, il pouvait aussi carrément s'en sortir, sachant parfaitement que ses patates pouvaient être plus violentes que celles des forains. Non et puis, ce qui commençait déjà à le gaver, c'était le ton hautain que prenait l'autre branquignol. Rah ! Ok... Zen, zen, zen. Ne pas s'énerver.

Une fois certain que l'autre était monté, Leroy l'imita, dépassant le premier étage où il l'avait vu s'activer. Le second était pour lui. C'était pas vraiment le top du top cet immeuble. Bureaux, salle de repos, rien de bien plus attrayant que ça en tout cas. C'était quoi c't'endroit ? Un lieu de création de jeux vidéos par des ados boutonneux ? Même la déco était celle d'un gamin de quatorze ans devant son écran à jouer en ligne comme un mongole. Ou alors, c'était un cyber café. En tout cas, cet étage semblait pas particulièrement intéressant. Le maçon entendit quelques râles. Un malade se baladait non loin de lui. Prenant un clavier dont il découpa le câble rapidement, il vint frapper de toutes ses forces le crâne adverse, faisant ainsi voler de nombreuses touches. L'objet informatique, lui, se brisa en deux, preuve de la violence du colosse. Se servant toujours de son arme de fortune, il revint frapper la créature au point de définitivement séparer les deux morceaux. La monstruosité au sol, Leroy vint enfoncer un coin dans la tête à la face arrachée et s'acharna dessus. Oh ouais, bordel, qu'est-ce que ça faisait du bien !

- J'aurais du être joueur de baseball, avec une frappe comme ça, j'aurais fait Home Run sur Home Run !

Attiré par le bruit et la voix, un second damné apparu. Leroy recommença alors son manège. Un nouveau clavier rendit l'âme. Il craquait, ça y est. Il pouvait enfin se lâcher et qu'est-ce que ça faisait du bien. Au plafond, une LED clignotait. Eh beh, encore un détecteur de fumée opérationnel ? Souriant en coin, le maçon se mit à avoir une idée. En montant sur une table, il récupéra le petit objet. Puis, allumant une clope, il laissa la fumée s'évaporer de cette dernière. Heureusement que ces conneries fonctionnaient à pile. Alors que les premiers cris de l'alarme se faisaient entendre, il ouvrit rapidement une fenêtre et balança l'objet à l'extérieur. Voilà que certaines bêtes se retournaient pour se diriger vers la source sonore. L'homme ricana un instant et se mit à fouiller. Des trucs à grignoter, des restes de bouteilles d'eau. Rien de bien intéressant finalement. Prenant un nouveau clavier, l'homme se mit à grimper les marches pour atteindre le quatrième étage. Putain qu'c'était épuisant ces merdes.

Malgré l'état alerte de l'homme d'affaire, cet étage semblait parfaitement calme, peut-être que les quelques putrides restés coincés étaient dans les autres étages, admirer la vue tout ça. Il n'y avait rien à cet étage, foutrement rien. Levant les yeux au ciel, le blond ouvrit les tiroirs des bureaux et tomba tout de même sur deux paquets de cigarette à moitié entamés. Ah voilà ! C'est tout ce qu'il fallait ! Levant légèrement les yeux au ciel, il les fourra dans son sac et s'apprêta à aller zieuter le reste quand l'agitation se fit entendre d'au dessus ; fronçant les sourcils, il se demanda pourquoi ce type faisait autant de bruit. Pestant intérieurement, il s'effraya quand un bruit strident dégringola devant la fenêtre, s'y précipitant pour voir de quoi il s'agissait ; les putréfiés commençaient à se réunir autour, comme des moustiques autour d'une lampe. L'idée n'était pas mauvaise mais elle aurait été plus utile quand ils se décideront à sortir du bâtiment.

Se dirigeant vers les escaliers, Zack reprit sa montée et aperçu au détour du second étage un corps étendu au sol ; arquant un sourcil inquisiteur quant à l'état pitoyable du crâne, il poursuivit son ascension avant de s'arrêter au troisième. Cette fois-ci il ne fut pas seul. A peine ouvrit-il la porte qu'un putride lui rentrait dedans, manquant de lui agripper la joue avec ses doigts décharnés. Le repoussant en arrière, ses yeux se font exaspéré, et pourtant la colère prend le dessus ; depuis que le blond a apprit qu'il ne reverrait plus jamais Molly, qu'il a perdu l'espoir, son seul moyen d'extérioriser un peu sa colère sourde et de s'acharner sur ces putrides. Toujours mieux que de le faire sur tout ce qui l'entoure, même si parfois ce ne serait pas plus mal...

Lui assenant de violents coups de poing américain, il s'en débarrasse en quelques secondes et le laisse s'écrouler mollement au sol avant de promener son regard dans la pièce. Même schéma qu'en bas ; des ordinateurs, encore et encore. Et des bibelots hideux. En attrapant un, Zack se promène jusqu'au bout de l'étage en faisant jongler l'objet dans sa seule main gauche. Il arriva devant une petite salle vitrée où un nouveau putréfié cognait ; penchant la tête sur le côté, le blond remarqua un distributeur dans le coin. Il ouvrit la porte tout aussi vitrée que le reste et s'engouffra dans la petite pièce à peine plus grande qu'un cagibi. « A nous deux mon gars. » Un léger sourire aux lèvre, il brisa sur le crâne du cadavre l'objet en verre tenu dans sa main gauche ; une sorte de raquette de tennis sur un socle teinté en vert. Ridicule. L'objet se brisa alors que l'homme d'affaire retira vivement sa main pour éviter toute coupure et donc risque d'infection ; il termina le travail avec son arme de prédilection. Poussant du pied le corps inanimé, le trentenaire de cala devant la machine et se mit à fouiller à l'intérieur ; là, sous des rouages, il tomba sur une barre de chocolat au lait et un paquet de chips. Les deux avaient déjà dépassé leurs dates de péremption mais avait-il seulement le droit de faire son difficile ? Haussant les épaules, il rangea le tout sans son sac, se notant mentalement de ne pas laisser fondre le chocolat dans son sac et le donner aux autres avant.

Il finit par ressortir de la pièce après s'être assuré qu'il n'y avait rien d'autre d'intéressant et se planta devant une fenêtre. Posant les doigts de sa main gauche sur la vitre, Zack se perdit un instant dans la contemplation du quartier extérieur. Qu'est-ce qu'il avait envie de rentrer chez lui, reprendre son rythme de vie et retrouver son confort, aller voir Molly et George pour un barbecue, revoir ses parents, ses amis... Mais tout cela n'arriverait plus jamais. Et il avait beau être entouré de Jonah, Malcolm et Nick, ce ne serait jamais pareil ; retrouver quelqu'un que l'on connaissait avant tout ce bordel, c'était ça qui permettait de ne pas perdre pied par moments. Soupirant, l'homme d'affaire ferma un instant les yeux en serrant les dents. Quelle idée de revenir ici... et pourtant, une petite voix au fond de lui l'incitait à rentrer dans son appartement, prendre ce qu'il restait potentiellement... mais le blond n'était pas prêt au fond, pas encore.

N'y tenant plus, il se laisse une nouvelle fois submerger par la colère et cogne rageusement contre la vitre. Un nouveau soupire et il rouvre les yeux, son regard est voilé par cette rage et cette culpabilité qu'il n'arrive pas à envoyer valdinguer ailleurs, lui, le type pourtant sans scrupules... Se retournant vivement, il chope un nouvel objet et le balance cette fois-ci violemment contre le mur ; le bruit ne passe pas inaperçu mais il s'en fout royalement, ne parvenant pas à ce moment précis à contrôler sa colère. Un écran d'ordinateur rejoint rapidement les débris de l'objet au sol. Après d'innombrables lancés, le blond se laisse retomber dans une chaise, oubliant complètement la présence de l'autre type dans le bâtiment. Sortant une clope de sa poche, il l'allume rapidement, laissant retomber sa tête contre le dossier moelleux de la chaise à roulette. Le plus gros de la colère étant retombé, il se contente désormais d'encaisser la peine ; bien qu'il n'y ait qu'une infime distance entre les deux.

Terminus, dernier étage du bâtiment et encore des salles pleines d'ordinateurs en tout genre. A peine entré qu'une poignet de macchabées firent leur apparition. Oh bordel, comment passer cette invasion à petite échelle ?! Sans réellement réfléchir, le temps que les monstruosités approchent, Leroy enroula le reste du câble usb du clavier autour de son avant bras, câlant l'outil informatique de sorte à ce que ça donne l'impression d'avoir un bien faible bouclier, tel un Captain America en mousse, pas préparé du tout et complètement dépourvu de moyen. Bref, un Captain système D. Se protégeant ainsi le corps, bras gauche en avant, parant les coups de mâchoires, le maçon repoussa deux des assaillants, lui laissant le temps d'exterminé l'un d'eux tandis que les autres revenaient à la charge. Pas question de se servir de son arme à feu ici alors, redoublant d'efforts, le colosse repoussait et achevait pour enfin laisser cinq cadavre au sol, définitivement morts cette fois. Il avait eu énormément de chance de s'en sortir pour le coup, déjà que c'était galère d'en affronter deux, alors cinq... Sans plus de façon, il détacha son bouclier de fortune pour le laisser tomber sur une des têtes défigurées, tentant tant bien que mal de reprendre son souffle. Si on lui avait dit qu'il finirait par vivre dans un bordel pareil, il aurait clairement prit des cours de combat afin de se fatiguer beaucoup moins. En se reprenant, l'homme se mit d'abord à fouiller les cadavres ne trouvant rien de plus qu'un sachet de tabac et des feuilles à rouler. Bon, c'était déjà pas mal. En poursuivant l'inspection des lieux, le fils de mormone découvrit une petite boîte remplit de sucrerie. Ni une, ni deux, il ne réfléchit pas en la rangeant directement dans son sac ainsi qu'une petite bouteille de jus d'orange pas ouverte.

Le tour était vite fait, plus un machin bouffeur d'humain, pas un bruit, pas... Ah, raté pour le bruit. La princesse d'en bas semblait passer ses nerfs sur tout le mobilier, explosait les trucs sur d'autres trucs. Bref, il foutait un bordel monstre. Le chef de chantier récupéra les détecteurs de fumées, les foutant dans ses poches puis quitta l'étage désormais vide. En redescendant, Leroy soupira en roulant des yeux, s'arrêtant au troisième, se calant à l'encadrement des portes, admirant les dégâts causés. Avec un sourire amusé sur les lèvres, l'ouvrier se passa la main dans les cheveux, balançant enfin sa pique.

- Hey princesse ! J'suis pas contre l'idée que tu veuilles saccager les ordis et tout mais, quitte à servir à quelque chose, tu pourrais aussi les balancer par dessus bord. Tu sais, en bas, y a des machins qui veulent nous bouffer, alors rend toi utile, si tu pètes le matos, balance le sur eux, des têtes en moins, c'est toujours ça de gagner.

Un petit salut de la main et Roy dévala tranquillement les marches menant au rez-de-chaussé. Bon, il était temps de revoir le plan pour les issus de secours. A l'aide de son couteau, il détacha le papelard et se mit à l'aise, dans un des fauteuil. Alors... En bas, deux issues de secours mais bloquée à cause de la hordes donc il faudrait voir les autres étages, il y avait probablement une passerelle donnant accès à une ruelle qui aurait aidé les pompiers si jamais l'immeuble prenait feu par exemple, non ? Soupir et étirement. Super, c'était reparti pour un tour. Vivement qu'il se tire de ce guêpier. Pourtant l'homme ne se leva pas, se contentant, finalement, de s'allumer une clope pour fumer paisiblement affalé. S'il ne le savait pas, Leroy aurait presque pu se demander combien de temps il aurait pu rester là, à attendre que les damnés se lassent de ne pas les voir sortir. Mais il le savait, ces machins là ne se lassaient pas. Jamais. Ils pouvaient bien attendre l'éternité que ça ne les dérangeait pas. Laissant la cendre de son bâton de tabac tomber au sol, il se mit à revoir le temps où il était avec ses potes, dans son salon, ou même avec son ex, installé tranquillement, à siroter et fumer, où dehors, ce n'était que des gens normaux.

Normaux... Plus rien n'était normal désormais. Ce n'était tellement plus normal qu'il en était venu à tirer dans le bras d'un mec qu'il considérait presque comme un frère, ce n'était tellement plus normal qu'il l'avait banni. Et ce n'était tellement plus normal qu'il s'était mis à ressentir des choses pour une femme qui s'était tirée en laissant sa frangine agonisante sur le parquet de leur squatte. Repenser à ses épisodes eut pour effet de faire remonter une dose de rage ce qui lui fit serrer un poing. Rien n'était normal. Absolument rien. Les saloperies dehors, le fait de blesser, de voler, de tuer. Ce n'était pas normal mais après tout, ça ne le dérangeait pas. C'était un monde qui lui convenait à lui. Alors pourquoi est-ce qu'il essayait encore de se raccrocher à une part d'humanité, cette part pour laquelle il avait lutté tant d'années durant. Pour entrer dans le moule. Pourtant, il n'avait pas voulu rejoindre les camps de survivants, faisant son rebelle et entraînant un homme qui aurait peut-être pu être en sécurité. Mais qu'est-ce qu'il racontait bordel ?! Ces camps finiraient en cacahuète, la maladie parviendrait à se propager et elle décimerait chaque être vivant enfermés entre les quatre murs militaires. Bordel, non, heureusement qu'il s'y était pas rendu et qu'il avait empêché Luke de faire la même connerie. Ils avaient appris vite. Aucun d'entre eux n'avait plus personne à perdre ou à retrouver alors quelle importance de voir d'autres mourir sous leur yeux ? Un instant le souvenir de Lena revint dans la mémoire du colosse. Lena ce n'était pas pareil, elle faisait partie de la famille et il n'avait pas pu la sauver malgré tous les efforts qu'il avait fourni... Les iris bloquées sur la clope, Roy ne réfléchissait plus vraiment et vint éteindre le mégot dans sa main gauche, faisant fi de la douleur que procurait la brûlure. Il n'avait jamais été porté sur l'auto mutilation mais c'était un besoin, à défaut de pouvoir sortir exploser des têtes.

Une grimace vint tout de même lui barrer le visage. Oui, ça faisait mal aussi après coup. Il se soignerait en rentrant, ce n'était pas bien important. En se levant, il décida de rejoindre les étages et de chercher le moyen de sortir. Il n'avait pas spécialement envie de rester avec Princesse toute la nuit, sachant qu'il avait quelqu'un qui comptait sur lui depuis un petit moment. Shannon n'était pas suffisamment remise pour qu'il se permette de la laisser longtemps seule. Résultat... Trouver dès à présent le moyen de se tirer, purement et simplement, aussi con que ça.