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A mechanical tragedy

Dim 24 Juil 2016 - 5:10

La clé 9x16 glissa de sa main huileuse et alla se frayer un chemin dans les entrailles du Humvee immobilisé. Avec un soupir excédé, il se mit à fouiller de la main comme un aveugle. Ne pas se frustrer pour ça ! Ne pas s’énerver avec un foutu tas de métal payé par Oncle Sam. Reste que lorsqu’il se rendit compte que la clé était perdue pour de bon, il donna un coup de pied sur le pneu du Hummer glorifié. Bien sa chance, son orteil percuta le métal de la jante et il dansa sur un pied en serrant les dents comme un crétin. Lorsqu’il retrouva sensation dans son pied, il s’appuya contre le véhicule en regardant le ciel. Aujourd’hui on avait droit à un joli gris terne. Pas de pluie par contre, si on se fie au taux d’humidité et deux trois autres facteurs. Farrell n’avait plus de rapport météo détaillé chaque matin mais connaissait quelques rudiments du domaine.

Le ciel, ça le calmait. C’était son élément. Mais il n’était pas certain d’y retourner dans un futur prochain. Ses yeux se promenèrent sur la façade du  Lycée. Sa nouvelle maison depuis quoi, quelques mois déjà ? Trois ou quatre. Le pilote cherchait encore une manière de partir. De retourner à Lewis faire son rapport. De voler à nouveau. L’espoir fait vivre dit-on. En tout cas, jusqu’ici. Toujours est-il que les possibilités étaient et restaient mauvaises. Entre les politiques du camp qui obligent les sorties à trois minimum, le regard méfiant des civils sur lui et les tâches assignées qui le gardait occupé, pas beaucoup de temps pour planifier une sortie « permanente ». Les vivres étaient rangés, les armes étaient stockées. Si Farrell passait la barricade, il serait loin d’avoir le nécessaire pour voyager. Du suicide.

Alors il était là à essayer de réparer le humvee qui avait refusé de démarrer ce matin. Diagnostic simple, batterie ou alternateur. Une batterie, c’est facile à vérifier. Tu en prends une autre et tu testes. Oui, non ? Oui. Alors c’est l’alternateur. Mais là c’est moins jojo. Un moteur militaire, c’est chiant. Tout est loin, tout est compliqué. Matthew n’était pas forcément très doué non plus, autant le préciser. Avec un dernier regard vers les nuages, il se frotta les mains pour s’encourager et coucher sous la carcasse dans l’espoir de récupérer à la fois son outil mais aussi la fameuse pièce brisée. Avec un peu de chance, il arriverait au moins à voir les spécifications. Une question plus sombre se posait évidemment dans un coin de son crâne, où allait-il trouver de quoi remplacer ? Le militaire fait surtout joujou avec ses semblables d’habitude. Il poussa son bras un peu plus loin. Il y était presque. Une pièce était dans le chemin. Si seulement le type avait trois mains… Le sort se montra favorable, parce qu’une paire de pied passa à côté du humvee.

« Hé, toi ! Tu peux me donner un coup de main ? Prend la clé 4x6, desserre les joints de l’intake et déplace l’entrée du cold flow quelques  centimètres à droite. Après, prend la lampe et pointe l’undercarriage tu veux ? »

Pas de réaction. La tête de Matthew se dégagea à moitié et jeta un œil au passant. Il chercha ses mots tout en réalisant que son bras était coincé. Typique de Farrell. Il avait déjà vu le gars mas ne lui avait jamais parlé. Tout ce qu’il savait à son sujet, c’était qu’il était souvent en retard. Ça fait un peu stalkeur, mais quand on est un militaire qui vit sur les minutes des échéanciers, c’est le genre de truc qu’on remarque souvent, si ce n’est pas tout le temps.  Le type semblait un bon vivant mais vivait peut-être la même méfiance à l’égard de Farrell que les autres. Matthew avait bien l’impression d’être le prochain espion communiste parfois ! Ne préférant juger de rien, il tenta une autre approche

« Euh… Tom c’est ça ? Le gros tube… Pousse sur le gros tube qui sort du moteur, j’en ai pour une seconde. »

On était loin de Megan Fox qui se penche sur Bumblebee dans Transformer, mais c’était un début…
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Re: A mechanical tragedy

Dim 24 Juil 2016 - 13:36

Je marche tranquillement. Pour rejoindre la cour principale ou le réfectoire. Voir si quelqu'un a besoin d'un coup de main quelque part. Ou sinon juste discuter. La routine est bien ancrée dans le camp. Au tout début il y avait des tonnes de choses à faire. C'était moins organisé. Aujourd'hui tout le monde sait ce qu'il doit faire. Tout le monde sait quand il doit le faire. Le reste c'est temps libre, discussion, jeu à la con. Presque détente. Sans pour autant oublier le monde qui nous entoure. Enfin tout le monde est pas comme moi. Il y en a qui tirent un peu plus la tronche que d'autres. Surtout ces derniers jours. Pas mon cas. Même si je module un peu plus mon comportement en fonction d'avec qui je parle. Pour froisser personne. Je peux paraître insouciant, comme un petit gamin mais j'ai conscience de la situation dans laquelle on est. Je suis pas con. Et ça tout le monde le sait. Ou alors certains font semblant de pas le savoir.

Je viens d'aller jeter un œil au potager. Comme tous les jours. Sans vouloir me vanter, je suis pas peu fier. Ca pousse. Ca pousse bien. On a déjà pu goutter quelques fraises, des haricots. Ca m'a réveillé les papilles. Et je dis pas ça parce que ça vient de notre potager. Bon ok je dis ça parce que ça vient de chez nous. Donc oui je suis fier. De cette parcelle de terrain qui s'est rapidement transformée. Pas que grâce à moi je précise. Juste que ces derniers temps, avec tout ce qu'il s'est passé avec Rosa, je serre le poing, je me suis un peu plus occupé de notre potager. J'ai multiplié les sorties aussi. Autant pour retrouver ce salopard que pour les missions ravitaillement. J'ai toujours eu un peu le bougeant. Rarement resté chez moi à rien foutre de ma journée. Donc je sors. Jamais seul. Humhum. Rarement seul. Je fais pas le con. Humhum. Je fais rarement le con. Mais je m'écarte jamais très loin. C'est juste histoire de vider l'esprit et de démolir les quelques rôdeurs qui s'aventurent un peu trop près. Alors ouais c'est dangereux, c'est jamais de tout repos, on doit maintenant partir pour plus loin, pour plus longtemps mais la vérité c'est que ça me plaît. Plus que de rester au camp pour aider à faire du « bricolage ».  

A moitié perdu dans mes pensées parce qu'il y a personne à qui je peux raconter une demie-blague, je marche. Jusqu'à ce que j'entende quelqu'un m'appeler. Je tourne la tête. Je vois pas trop d'où ça vient puis je remarque quelqu'un qu'est en train de toucher aux véhicules militaires. Pour être honnête je comprends pas tout ce qu'il me dit. Coup de main ça va. Clé 4x6 ça va. Desserre joints ça va. Intake, clod flow ça va moins bien. Il m'a pris pour un Sanchez ou quoi ? Bon du coup je m'approche. Même si j'ai bité que dalle à ce qu'il m'a balancé. Ou presque. Pourtant je connais un peu de mécanique. Un peu du peu. Même si ça fait longtemps. Plus de dix ans maintenant que j'ai fini de réparer la bécane qu'on avait acheté avec mon père. Donc j'ai oublié pas mal. Parce que c'était pas important comme information le cold flow. Parce que je m'y suis plus intéressé par la suite. Il doit bien voir qu'il est pas tombé sur la bonne personne, ou plutôt que c'est pas la bonne personne qui lui est tombée dessus. Alors il reprend. Il c'est Matt. J'ai jamais compris tout le bordel qu'il y avait eu autour de sa personne. Comme si ça avait pas suffit qu'il se crache en hélico fallait aussi l'interroger comme si c'était un terroriste ou un connard de l'armée en mission secrète. Comme la « garde rapprochée » qu'on lui avait collé pendant plus d'un mois. C'était une connerie. Ils pensaient quoi ? Que le mec allait nous assassiner un par un dans notre sommeil ? Qu'il ferait razzia sur Emerald ? Qu'il allait nous kidnapper pour nous examiner à lui tout seul ? J'avais légèrement donné mon avis sur la question mais mon avis était, un, pas le bon, deux, pas l'avis que les gens prendraient en compte. Ma voix a bien moins d'importance que celle d'un Jay ou d'un Ken. Pour ne citer qu'eux. Mais ça me va très bien comme ça.

Bon du coup il me reparle en langage plus normal. Hésitant sur mon prénom. Il est amnésique ou quoi ? Tout le monde connaît Tom non ? Tout le monde a déjà papoté avec Tom non ? S'il avait hésité sur le prénom de … Ayden par exemple. Ok. Parce qu'Ayden est pas super bavard. Ahah. Bon ok c'est une blague de moyen goût. Enfin.

« Euh ouais c'est ça … Bon je t'avoue j'ai pas tout saisi la première fois. Bien que j'ai fait un peu de mécano quand j'avais seize, dix-sept ans. On a retapé une vieille bécane avec mon père. Bon c'est vrai qu'au début c'est lui qui retapait et moi qui étais plutôt spectateur. Ou je passais un outil de temps en temps. Mais j'ai du m'y mettre un peu plus sérieusement quand il est décédé. J'ai un peu – beaucoup – oublié le peu que j'ai pu apprendre donc bon. Si jamais tu peux toujours demander aux Sanchez. Ils avaient un garage à Seattle. Mais poussez le gros tube ça je crois que je sais encore faire. Ahah. »

Ce sur quoi j'ai poussé le gros tube. Parce que bon je vais pas lui parler pendant quinze minutes et le laisser misérer. Je suis encore capable de faire deux choses à la fois. Surtout parler plus faire un autre truc. Parler c'est une seconde nature. C'est pas comme si je devais être concentré sur ce que je dis de toute façon. Porter un meuble et parler je sais faire. Bricoler et parler je sais faire. Comme si la mâchoire avait son propre « cerveau » et qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait sans que le reste du corps en pâtisse.

« Là c'est bon ? Monter un meuble ou tenter de réparer l'électricité, la plomberie je peux faire mais la mécanique c'est particulier. Les deux seules fois où on est tombé en panne avec le camion c'est Adam qui a regardé ce qu'il clochait. Pendant que j'appelais les clients qu'on aurait du retard donc même là j'étais pas au dessus de son épaule pour le regarder faire. Et puis bon, avec les trois Sanchez déjà ça sert à rien que je me mette à apprendre la mécanique. J'en ai déjà assez avec les haricots, les tomates et les patates. Ahah. »

Il doit probablement s'en foutre qu'Adam a regardé le moteur du camion mais comme d'habitude, je parle. De la vie d'avant, de la vie de maintenant. Puis bon, je pense qu'on a jamais vraiment discuté avec Matt. Pas que j'ai quelque chose contre lui mais … Bah je sais pas. On a jamais eu l'occasion de se trouver au même endroit, au même moment peut-être. Un moment comme maintenant quoi. Alors c'est l'occasion. Puis si je l'emmerde il devrait pas se gêner pour me le dire. Sans pour autant me le dire comme un connard. Bon. Après avoir poussé le gros tube ? Je fais quoi ? Je pousse le petit tube ? Le moyen tube ? Je la ferme ? Ahah.
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Re: A mechanical tragedy

Dim 24 Juil 2016 - 16:56

Un certain soulagement quand l’intake grince en se poussant sur le côté.  Il allait avoir un joli bleu sur la main. Mais il s’en foutait royalement. Le dénommé Tom confirma son identité, semblait surpris par le ton de sa voix que Matthew n’en soit pas certain. Ne cherche pas trop loin, mon vieux. J’ai une mémoire des noms absolument affreuse. Farrell appelle son docteur « docteur » et son dentiste « madame la dentiste ». Il était bien meilleur avec des coordonnées géographiques ou encore des adresses. Des données barométriques. Ce genre de truc ennuyeux. Ceci étant dit, il trouva intéressant les propos de l’homme tout en avançant son bras de quelques précieux centimètres dans le compartiment moteur. Il y était presque !

« Désolé, je suis pas doué pour les noms. Moi c’est Matt. Alors tu te tapais une moto ? Quel modèle ? Elle est devenue quoi ? J’étais sur le point de m’en acheter une juste avant mon dernier déploiement. Un truc rapide mais assez grand pour moi et… Judy… Enfin bref, je regardais pour une VFR800 d’Honda. Je sais, je sais, pourquoi pas une Harlem ? Je n’ai jamais trop aimé la vibration et le son du moteur en fait. Puis, c’est vraiment trop cher. »

Une goutte d’huile tomba sur sa joue et il frotta en grognant. Voilà, il aurait l’air du parfait petit mécano quand il sortirait de là. Matthew commença à dévisser les derniers boulons retenant la pièce.

« Garde une pression, c’est parfait.  Alors tu parlais des Sanchez ? Tu as sans doute raison mais pour eux, ça doit être un jeu d’enfant ce que je fais, alors je ne voulais pas leur faire perdre leur temps. C’est aussi vrai que c’est un peu inutile avec eux dans le coin vu que ce sont des vrais mécanos. Mais si je n’essaie pas de me rendre utile, je vais faire une dépression. À moins qu’on trouve un hélico dans une canne de conserve demain matin, je n’ai pas grand talent à exploiter pour le groupe. »

D’une certaine façon, Matthew n’était pas certain lui-même de s’être intégré au groupe même après plusieurs mois. Il s’entendait bien avec tout le monde mais ça s’arrêtait là. Pourtant, le pilote n’avait jamais eu de difficulté à se faire des amis. Le contexte était probablement trop bizarre. Quelque part dans la ville, une carcasse de Black Hawk lui rappelait que la vie était un bien sur temps emprunté. Il avait peut-être changé. Ou bien il se berçait d’illusions.

« Un jardinier, alors ? Je sais ce que c’est. Mon père est agriculteur. Du moins, il l’était. Je n’ai pas eu de nouvelles de lui depuis… Depuis tout ça, quoi. On avait un lopin de terre dans l’Oregon, un vingtaine de tête de bétails, une douzaine de poules. On cultivait surtout le maïs mais ma mère avait un jardin derrière la maison, rien de commercial mais de quoi avoir quelques légumes à  chaque repas. Où tu as appris à travailler la terre ?»

Un petit clic, puis la grosse pièce de calibre militaire se détacha et se déposa dans ses mains. Petite exclamation de victoire, puis il s’extirpa enfin des viscères de l’humvee. Il s’essuya la main sur son t-shirt déjà assez ruiné avant de la tendre vers Tom.

« Tu étais… Déménageur je pense ? J’ai déjà entendu quelqu’un mentionner ça quelque part. Ravi de faire vraie connaissance, Tom. Et grâce à toi on en arrive au nœud du problème. »

Il retourna l’alternateur entre ses mains. La pièce était de la taille d’un ballon de foot en beaucoup plus lourd. Ses yeux se promenèrent sur les spécifications apposés sur une des étiquettes qui l’ornait, puis il le tendit à Tom pour qu’il jette un œil aussi.

« C’est un alternateur mais je suppose que tu le savais déjà, ça existe en plus petit sur les motos. De ce que j’en sais, c’est ce qui permet au moteur de garder la batterie chargée et de faire fonctionner à la bonne tension les trucs électriques dans le véhicule. Sans ça, la batterie meurt très vite et plus rien fonctionne. Comme maintenant quoi. On a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que tous les véhicules ont un alternateur. »

Il se retourna vers le capot relevé de l’humvee, ses yeux se fixant sur le puissant moteur V8 de l’engin militaire.

« La mauvaise c’est qu’on a affaire à un véhicule qui demande un alternateur plus puissant et aux spécificités particulières… Autrement dit, il nous faudra une pièce spécifique d’un véhicule semblable. Ça ou espérer qu’un texan a décidé de venir en vacance à Seattle avec son Hummer. Des idées ? »

Dans tous les cas, il n’allait pas trouver ça dans les limites du lycée. Une petite sortie s’imposait. Allez, allons risquer nos vies pour un bout de métal. Le groupe pouvait difficilement se passer d’un des seuls véhicules blindés à leur disposition. Ils n’iraient pas loin en Corolla s’ils se faisaient attaquer ou que les infectés passaient la barricade.  

« Peut-être l’University District. Beaucoup de fils à papa dans ce coin-là. Quelqu’un doit bien se pavaner en H1 pour épater la galerie. Tu dois connaître le coin vu ton ancien boulot. Ça te dis rien ? »


Le pilote croisa les bras en réfléchissant.
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Re: A mechanical tragedy

Lun 25 Juil 2016 - 13:09

Ah bah je me disais bien que c'était pas normal qu'il connaisse pas Tom. Jamais été doué à l'école mais les prénoms et les visages j'ai souvent retenu. Mais Tom bon sang. C'est court, c'est facile à retenir. On fait plein de jeux de mots débiles dessus. Il était un petit Tom. Pirouette, cacahuète. Franchement. Ou alors c'est justement trop simple. Trop banal. Et puis il fait style je connais pas son prénom. Genre tout le monde ici est au courant de comment tu t'appelles. Enfin ton nom d'espion j'entends. Ahah. Ouais il y avait quelques boutades là-dessus. Je m'étais dit que Jack ça lui allait bien. Mais Matt c'est pas trop mal. C'est hyper commun mais pas trop mal. Ahah. Puis il me raconte sa petite vie d'avant. Mais attends. Pourquoi on s'est jamais parlé lui et moi ? Putain on en a des trucs à se dire …

« Ouais je sais bien. Et ouais. Une Bonneville T120. Dernier modèle. Vieux modèle. Mais c'est le but si tu veux retaper une moto. Il y avait pour ainsi dire plus rien quand mon père l'a acheté pour une bouchée de pain mais à la sortie elle était juste parfaite. Ca a pris beaucoup de temps parce qu'on travaillait pas trop souvent dessus mais bon. J'ai du rouler quelques fois avec. Et me connaissant je savais que j'aurais pas fait une demie-année de plus sans un accident grave. Genre très grave. Puis comme je venais de perdre mon père, je voulais pas infliger ça à ma mère. Je l'ai laissée dans le garage un moment avant de la revendre à quelqu'un qu'en aurait plus l'utilité que moi. Voilà voila. Mais je vois bien le genre la Honda. A choisir je prendrais quand même la Harlem. Ahah. Vraiment trop cher … Tu vas pas me dire que t'avais pas les moyens de t'en payer une ? »

Il se fout de ma gueule. Le mec est pilote d'hélico dans l'armée et il me dit à moi, déménageur, que c'est cher. Pas pour autant que je lui en veux de m'avoir dit ça. Puis façon, ta vie d'avant a plus vraiment d'importance en ce moment. Ah ouais t'es multi milliardaire ? Ah ouais t'étais avocat au plus grand barreau de Seattle ? Ah ouais c'est toi qu'a fait les plans du nouveau super building qu'on était en train de bâtir ? Content pour toi. Moi c'est Tom. Et j'ai plus rien. Comme toi en fait. Ahah. Bon je fais genre mais ton métier passé peut avoir une quelconque importance. Médecin, militaire, mécano. Que des 'M'. Sacré coïncidence. Heureux d'en compter parmi nous. Très heureux même. On ferait quoi sans personne pour soigner les bobos ? Parlant de mécano tiens. Sanchez. Réflexion un peu bête qu'il me sort le Matthew. Leur faire perdre du temps ? C'est pas comme si on en avait pas à revendre du temps … Puis bon, sont là pour ça.

« Nan mais tu sais ça les dérangerait pas hein. C'est un peu leur job j'ai envie de dire. Par contre je comprends parfaitement le fait de faire quelque chose d'utile. On est tous un peu comme ça ici. Je crois qu'on peut toujours trouver de quoi faire. Aménager un bâtiment, et cetera mais le camp est bien ficelé. On a chacun notre petit boulot c'est pas plus mal comme ça. 'Fin non pas que c'est pas plus mal. C'est l'idéal. T'imagines si tout le monde faisait ce qu'il voulait ? Anarchie quoi. Moi aussi ça me démange de parfois rester à rien faire. Alors je discute. On voit jamais le temps passer quand on papote. Puis paraît que j'ai souvent des trucs à dire alors … J'essaye de souvent partir dehors. Explorer Seattle. Et promis si je trouve un hélico dans une boite aux lettres je t'appelle. Ahah »

C'est vrai qu'un pilote d'hélico, sans hélico, c'est un peu con. Et à moins qu'il soit un putain d'ingénieur – ce qu'il a pas l'air d'être parce que visiblement il galère juste un peu à réparer ce véhicule – et bah un hélico il en touchera plus jamais un de sa vie. Ou alors ce sera un miniature. Ou une carcasse. Et je continue de faire ce qu'il me demande. En faisant attention. Pas envie de tout casser pour qu'il me flanche un coup de clé de douze en plein front. Difficile par contre de garder tout son sérieux quand il me demande si je suis jardinier. Oh le con. Ahah. Pardon. Ravi d'apprendre ses origines mais il fait erreur là. Jardinier. Non mais quelle idée ? Bon par contre il pourrait nous être utile pour le potager. Pas qu'on manque de bras mais c'est toujours bon à savoir qu'on peut lui faire confiance là-dessus. Je le laisse faire son petit bazar, sortir, reprendre la parole. Et me demander si j'étais déménageur. Ca c'est mieux. Ca c'est moi. Jardinier ? Il me tend la main. Enchanté de te rencontrer, et cetera. Euh ouais. Je lui sers la pince en retour. Petit signe de tête. Normal. On aurait pu aussi se dire 'Enchanté' il y a plus d'un mois mais passons. Je vais pas l'effrayer non plus.

« Ahah. Pas du tout jardinier non. De circonstances je dirais. En fait j'ai soumis l'idée y'a quelques mois. A la suite d'une réflexion con. Je m'en souviendrais toute ma vie celle-là. On tapait quelques balles avec Kaycee. Douée la gamine. Sacrée batteuse. Et d'un coup je me suis dit que le terrain ressemblait de plus en plus à un champ de patates. Champ de patates ! Boum ! Et la lumière fut. Du soir j'ai demandé à tout le monde pour qu'on se mobilise et qu'on se fasse un potager. Voilà l'histoire. Donc apprenti jardinier je dirais. J'y connaissais que dalle avant. Mais y'a quelques bouquins là dessus à la biblio plus le savoir de l'une ou l'autre personne. Ca me plaît pas plus que de faire des sorties explorations mais … entre nous c'est un peu mon petit bébé ce potager. Ahah. Pourtant pas campagnard pour un sou. Né à Seattle. Grandit à Seattle. Passé toute ma vie à Seattle. Déménageur ouais. Depuis que je suis sorti du lycée. Un job comme un autre. Pas doué pour les études donc bon. Puis faut bien travailler. Mais je me plains pas. Pas mal d'anecdotes de boulot en huit années de carrière … »

Et de là dessus on enchaîne sur le pourquoi du comment on est tous les deux là. Problème d'alternateur donc. Problème de gros alternateur. C'est con parce que des voitures 'normales' il y en a des centaines dans les rues. Des milliers. Mais il y a bien des grosses voitures dans le lot non ? Hummer comme il le dit si bien. Avant de me demander mon avis. Avant qu'il ne réponde lui même à sa question. University District ? J'entends bien ? University District ? Il est fou ou quoi ? C'est genre loin. Genre très loin. On va bien trouver notre bonheur dans un endroit plus proche.

« Je veux pas faire le rabat-joie. En temps normal je dirais qu'à University District on peut trouver ouais …Facile ... Mais c'est vraiment loin. 'Fin. On pourrait y aller. Mais y'a plus près je pense. Parce que c'est à combien en temps normal ? Quinze, vingt minutes en voiture ? En prenant l'Interstate 5. T'as vu l'état de l'Interstate 5 ? Ouais, des voitures abandonnées en veux-tu en voilà. Impossible d'y aller en voiture donc. Et le pont juste à côté ça doit être la même merde. Et à pied t'imagines la durée ? Deux heures en marchant bien et sans trop d'ennuis. Deux heures aller ! Et pas avoir d'ennuis pendant deux heures c'est un peu comme trouver un hélico en parfait état dans le bloc d'à côté tu vois. C'est un rêve, un miracle. Je crois pas aux miracles … Non moi je pense qu'il vaudrait mieux aller voir du coté de … Ah je sais plus le nom ... Pas très loin de l'échangeur entre l'I-5, justement, et la I-90. Y'a quelques garages là-bas. Beaucoup plus proche que Uniservity D. »

Ca ça me paraît être un bon plan. Ou alors faudrait analyser une carte de la ville en quelque sorte. Voir où est-ce que des militaires auraient pu se rassembler. Un peu comme ici. Mais en plus petit. Parce qu'il y a pas eu des dizaines de camps de réfugiés qui se sont formés. Pas comme le notre j'entends. Ou bien. Autre bonne idée. Se taper l'I-90 vers l'est. L'armée aura peut-être ériger des barrages pour pas qu'on sorte, ni n'entre en ville. C'est pas excessivement loin. En comparaison avec University D. Fin bref.

« Mais si tu veux sortir faudrait pas trop tarder. Le temps de prévenir Jay et Ken. Voir si d'autres personnes sont dispos pour venir avec nous. Préparer le matos. Après on peut faire ça demain.  Ou un autre jour. Juste que je m'arrange par rapport aux tours de garde quoi. Sinon paré pour vadrouiller. »

Forcément que j'ai envie de faire une nouvelle sortie. Puis ça permettra de faire connaissance avec Matt. Comme il a pas sa langue dans sa poche. Et donc je le regarde. Tu me dis go, on y go.
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Re: A mechanical tragedy

Mar 26 Juil 2016 - 8:13

« Une Bonneville ? Ça c’était un beau modèle, c’est vrai. Puissant, surtout sur la dernière génération. Un beau projet, je suis sûr. Dommage que tu t’en sois débarrassé. J’aurais fait mon sentimental moi. Mais t’as fait le bon choix je pense. »

La remarque sur l’argent le fit rire et il haussa les épaules avec un certain regard d’innocence.

« Tu as pas tort, je gagnais bien ma vie, plutôt je commençais. Je n’ai pas vingt ans de service devant moi, hein... Mais j’ai construit une maison pour moi et Judy il y a environ un an et demi et j’ai, plutôt j’avais une hypothèque à rembourser. On était à Kent sur le bord du lac Meridian Park et autant te le dire, ce n’est pas donné. Mais c’était un beau coin et Judy a insisté et bon… Mais tout ça n’a plus aucune importance. De nos jours, se lever le matin et respirer, c’est déjà pas mal. »

Que Farrell le croit ou pas avait aucune importance. Il reporta son attention sur la pièce entre ses mains. Les mots du déménageur le fit sourire. Tom était un type très terre-à-terre, il passait son message à sa façon et le pilote pouvait respecter ça. Mais Tom ne se doutait peut-être pas de son obstination sur ce genre de  chose. S’il voulait faire ça par lui-même, alors ce serait comme ça. Sinon autant jeter la pièce et le humvee avec, et aller faire autre chose.

« Je reste un militaire, Tom. Avec tous les stéréotypes qui vont avec. Je préfère écouter et faire que de délibérer. On pourrait en parler aux Sanchez, sûrement… Ou bien on s’en occupe nous-même. Dans le cas présent, même un bon mécano peut pas inventer une pièce. Et il y a rien ici qui soit compatible sinon les autres véhicules blindés. On va pas ruiner un véhicule pour en sauver un autre… »

Il l’écouta parler du jardin. Farrell avait mal choisi ses mots, le pilote avait parlé de jardinier comme un hobby, pas comme son boulot. Matt balaya la pensée. Tom aimait parler et expliquer. Alors le pilote écouta et commenta.

« Haha… Je ne pense pas que venir de la campagne soit important pour être un bon agriculteur. Je n’étais pas vraiment doué à l’école non plus. Ça m’emmerdait. Mais mon père ne voulait pas que je devienne fermier alors j’ai pas eu trop le choix. J’ai eu beaucoup de chance. Mais je pense que tu as le droit d’être fier de ton jardin. De même pour ton boulot. J’ai passé la moitié de mon service de pilote à transporter des gens et du matériel du point A au point B. Il n’y a pas tant de différence entre nous, à la vraie base.  J’ai eu mon lot d’histoires aussi. Tu m’en raconteras quand on reviendra de notre expédition, hein.»

Inutile d’expliquer l’autre moitié. Ça aurait sans doute brutalement changé le chemin de la conversation, ha. Les infos de Tom se rassemblant dans sa tête, il évalua ses options  silencieusement quelques instants, les bras croisés.

« Désolé, j’ai encore tendance à voir les distances à vol d’oiseau. Tu as raison, c’est beaucoup trop loin. I-5 et I-90, tu dis ?... Je pense que tu parles du Docteur Park, ou un truc du genre. Judy allait souvent promener les chiens de sa clinique dans ce coin-là. J’en sais pas plus. Mais je crois que ce serait le meilleur plan. Il y aura forcément beaucoup de voitures stationnées et tes garages. »

Si tu veux sortir. Matthew n’aimait pas prendre ce genre de décision. Il préférait qu’on lui dise quoi faire, c’était plus simple, et ça dégageait la responsabilité. Allons-y, Tom, mais si tu crèves, ce sera sur ma tête, c’est ça ? Bon… S’il partait avec ce genre de mentalité ni lui ni l’autre n’en reviendrait. Farrell n’avait pas peur de sortir mais bien de revenir seul en fait. Parce qu’il n’hésiterait pas si…

« Je pense que c’est la meilleure chose à faire. Il y a une carte de la ville dans l’école, je vais confirmer l’adresse et notre trajet. Ça doit faire une heure de marche grand maximum aller et retour. La pièce est pas grosse, suffira d’un sac. Et si on trouve autre chose en chemin, on aura un peu de place. Sinon, ça doit faire quoi, quinze minute d’auto si on prend en compte les chemins obstrués. En supposant qu’on arrive à se rendre sans être bloqués. »

C’était des estimations mais Farrell allait tout recalculer à la minute près. Ce genre de détails était essentiel pour lui et sa nature calculatrice. C’était son petit tic à lui.

« Il va nous falloir avertir Jayden ou Kendall en effet. Et trouver un troisième gars. Peut-être Fitzgerald ? »

Fitzgerald, en bon soldat, se méfiait aussi de Farrell. Mais pour la même raison, il restait courtois et professionnel et sa présence sur l’expédition serait un atout. Il hocha la tête en regardant la pièce.

« On sort, on fouille, on revient. Simple. Si tu es d’attaque, on fait ça. Va avertir les leaders et rassembler tes trucs, je vais parler à Fitz. On se donne rendez-vous dans quinze minutes ? »
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Re: A mechanical tragedy

Mar 26 Juil 2016 - 20:57

Oh tout de suite il exagère. Déjà pas si mal d'être en vie ... Bon ouais ok on fait partie des 0.1 pour cents de survivants. Ou peut être moins. Jamais été bon en statistiques. On a de la chance. Quoique. Parfois je me demande lesquels sont les plus chanceux. N'empêche. Je réitère. On a de la chance. D'être en vie. D'être ici aussi. Plutôt que dans une maison de luxe sur les bords d'un lac. Où il y a personnes à dix miles à la ronde. Je m'imagine mal mener une vie en solitaire. Il avait du casquer pour avoir une maison là-bas. Surtout pour faire bâtir. Mais il a raison. Après tout ça sert à quoi d'avoir un million sur ton compte si c'est pour rien faire avec. Le faire fructifier ? Des conneries moi je dis. Puis ils avaient un sacré boulot tous les deux.

« Et ouais du sacré gâchis. Bâtir la maison de tes rêves pour n'y habiter que quelques mois … Mais au moins vous êtes en vie tous les deux. Je crois qu'il y a que ça qui compte maintenant. Se lever, respirer, en étant entier c'est bien. Mais perso, si je me lève le matin c'est plus pour vivre que pour survivre. S'il y avait pas eu Emerald, s'il y avait pas eu tous ces gens là, j'aurais pas donné cher de ma peau ... »

Je veux pas trop m'éterniser sur le sujet. Sinon je vais devoir sortir les violons, les mouchoirs et compagnie. Ouais je suis content d'être là. Ca me met du baume au cœur. Compte tenu de la situation évidemment. Je préférerais être allongé sur la plage, doigts de pieds en éventail, cocktail en main, soleil qui tape, avec une fille sur le transat d'à coté. Comme lui préférerait être chez lui à faire du jet ski sur son lac. Bien que voyant le gaillard, je me dis que c'est surtout son job qui lui manque. Un vrai militaire quoi. Comme il le dit lui-même. Toujours été très reconnaissant envers les forces armées de notre pays. Respect de l'uniforme. Des morts pour la patrie. Toujours jusqu'à noël de l'année dernière bien sûr. Où tu te mets à penser qu'au final, les mecs sont juste des robots qui font ce qu'on leur dit. Sans la moindre réflexion.  Ecouter et faire. Avec obéir entre les deux surtout. Et je le rejoins sur le fait qu'il faut agir plutôt que parler. Bien que j'adore parler.

Je veux bien qu'il faut pas nécessairement être né paysan, sans préjugé ou sous-entendu, pour être un bon agriculteur. Mais quand t'as passé les vingt-sept années de ta vie dans les immeubles, les pots d'échappement, l'univers urbain. Pas très alléchant dis comme ça mais c'est pour la caricature. Que tout ce que tu connais des légumes c'est que ça s'achète en magasin et que ça se cuisine. Bin c'est pas gagné pour avoir la main verte. Même ne serait-ce qu'un doigt vert. Mais je suis fier ouais. En tout cas content pour lui d'apprendre qu'il a pas du perpétuer la tradition de fermier de père en fils. C'est pas une vie être agriculteur. Tu te lèves à pas d'heure. Tu te couches à pas d'heure. Avec entre les deux boulot boulot boulot. Pour au final du mois avoir juste un peu d'argent. Parce que les commerçants ou les intermédiaires t'achètent ça peanuts et te les revends quadruple du prix. J'aurais du faire intermédiaire putain. Ahah. Ahah comme quand il nous compare. Pas tant de différences.... Quand nous on se claquait la tête dans le tableau de bord parce qu'on était ENCORE dans des putains d'embout, toi tu papillonnais tranquillement au dessus tout le monde. Et c'est qu'une différence parmi tant d'autres.

« Mouais … Y'a pas tant de différence mais quand tu dis aux gens que t'es pilote d'hélico. Que tu transportes du bétail, un VIP ou un escadron t'es tout de suite mieux regardé qu'un déménageur. Pas qu'on soit mal regardé non plus. Juste que le mot 'pilote' ça attire l'oreille, la curiosité. Et t'en fais pas pour mes petites histoires. T'auras pas besoin t'en demander que ça te tombera dessus. Puis si je te saoule tu me dis. Tu seras pas le premier à me faire une remarque. Tu seras pas le dernier non plus. J'espère. Ou alors ça voudra dire que tout le monde aimera m'entendre raconter mes chroniques. Autant de chance que de trouver un alternateur dans un kinder. Ahah. »

Alors déjà trouver un kinder en ce moment ça relève de l'exploit. Mais trouver un kinder, avec un alternateur dedans je te dis pas. Ahah. Alors que je lui parle de son demi-plan foireux d'aller si loin et que du coup j'attends qu'il me dise quoi. Bah j'attends. Parce qu'il réfléchit. Pensif. Quoi ? Me dis pas que tu veux vraiment te taper University District ? Ah bah non. Ouais c'est sûr que si on avait un hélico on y serait vite. Mais si on avait un hélico ça ferait un bail que tu serais reparti. A moins qu'Emerald en ait décidé autrement. Docteur Park ? Aucune idée. En tout cas ça me dit rien. Mais bien sûr que c'est la meilleure des solutions. Je le regarde perplexe. Militaire dans toute sa splendeur. Plan de route. Itinéraire. Calcul du chemin le plus rapide. Ou moins risqué. Ce qu'il faut prendre comme équipement. Direction du vent. Température et pression. Si on est parti pisser ou pas avant de démarrer. J'en rajoute. Un max. Mais c'est l'impression que ça donne. Pas besoin de se prendre la tête. Je peux grosso modo nous amener là-bas. Sans carte. Sans avoir rien prévu à l'avance. Mais c'est peut-être un maniaque du contrôle ou un truc du style. Tant que c'est que ça.

« T'emmerde pas trop non plus. Mais tant qu'on y est autant en profiter pour ramener plus qu'un bête alternateur. Que ça soit des autres pièces de voitures ou des autres trucs rien à voir. De la bouffe, des armes, des médocs, de la quincaillerie. Tout ce qui peut toujours être utile. Ou même un arrêt à un magasin de jouets pour gamins. Même si j'entends déjà des reproches. « Vous prenez des risques, vous perdez du temps… Tout ça pour un seul alternateur et des babioles. Bla bla bla » Tu vois le genre … Quant à y aller en voiture je sais pas. C'est quand même vachement le bordel. Si on doit s'arrêter toutes les trente secondes pour dégager le chemin ou faire des détours de détours de détours …   »

Parce que je le sens venir ça. La 18th est bloquée. Bah pas de soucis prenons la suivante. Ah bah elle aussi elle est bloquée. Ah bah la suivante. Et ainsi de suite. Puis une heure, deux heures de marche. Pas grand chose. On est deux bons gaillards.

« Ouais ça marche. Je crois que Fitz est pas en garde là donc il devrait venir. Puis trois c'est bien. A nous trois on est sûr de pas se traîner un boulet. Toujours une plaie de sortir avec quelqu'un qui a pas l'habitude. Même si, oui, je sais, il faut que tout le monde apprenne ce qu'il y a à l'extérieur, comment ça marche quand on sort, qu'il se 'forme'. Et que certains sont moins doués que d'autres. Mais pas de ça aujourd'hui. Je fais au plus vite mais fonction de si je les trouve rapidement ou pas ça peut me retarder. Suffit qu'ils soient aux opposés du lycée. Suffit que je tombe sur n'importe qui et je lui cause deux minutes. Mais promis je m'égare pas. »

J'essaye. Quinze minutes ça devrait le faire quand même ? Hein ? Mais oui ça va le faire. Puis maintenant c'est la routine que de préparer l'équipement. Et si jamais je trouve pas les chefs. Je dirais à machin de dire à machin qu'on est parti. Et on sera rentré avant même qu'on ait noté notre absence. Bien qu'avec les événement de ce début de mois, on va éviter de laisser un simple mot sur une table ... Et avoir l'accord verbal de Kendalou c'est toujours plus rassurant. On se fera pas engueuler quand on rentrera tout content avec notre alternateur et un gros nounours en peluche. Allez. Quinze minutes. Et pas quinze minutes de Tom. Ahah.

« Allez à toute. »
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Re: A mechanical tragedy

Jeu 28 Juil 2016 - 17:19

Farrell écoutait le déménageur tout en le détaillant. Tom lui donnait l’impression d’un type qui n’avait pas pu faire ce qu’il avait voulu, aussi simple soit son rêve. Beaucoup de gens ne réussissait pas à atteindre leurs buts pour toutes sortes de raisons. Tom avait l’air d’un gars qui aurait voulu en faire plus, et être reconnu pour ça. Matthew ne croyait pas une seconde que Tom soit satisfait de sa vie d’avant. Pas cinq minutes, et ils parlent déjà de salaire et de reconnaissance. Le déménageur aurait voulu plus, et avait certainement le potentiel. Les raisons pour lesquelles il en était encore là lui appartenaient. Tom avait l’air travaillant et assidu, alors l’idée était peut-être très basique : il avait dû choisir.

Ce n’était pas la première fois qu’on faisait ce genre de remarque à Matt, du moins sur le prestige de pilote et ce genre de chose. L’armée faisait beaucoup d’effort pour faire paraître les pilotes comme des héros. On peinture des dessins de guerre sur les appareils, on donne des noms de code et des médailles. Les uniformes sont étincelants et les applaudissements, longs et nombreux. Dire que ça ne lui faisait rien aurait été un mensonge éhonté. Farrell était fier de son travail parce que c’est la seule chose qu’il savait bien faire. C’était le seul champ d’expertise où il sortait de l’ordinaire, et il y tenait plus que tout. Maintenant, c’était fini, mais ce n’était pas pareil. Tom avait peut-être choisi mais pas lui. Et en cela, il avait eu de la chance, peut-être bien plus que le déménageur.

Le bizarre avec ce genre de conversation à sens unique, c’est la réponse qu’on attend de lui. Oui, c’est vraiment génial d’être considéré et respecté à cause de mon boulot. Mon casque de pilote fait sur mesure a coûté 850 000 dollars américains. Et mon hélico ? 32 millions. 120 000 $ par année pour abattre des terroristes dans un déluge de feu et de calibre 50. 200 000 $ dans dix ans. Plus la pension à vie. Judy avec sa clinique fera ça d’ici trois ou quatre ans. Je prendrai ma retraite avant mes 50 ans, avec une résidence secondaire en Floride. Une GTR Nismo dans le garage, Judy dans son gros Escalade et une Panigale rangée dans un coin. Une Mustang Shelby 1968 comme petit projet personnel. Mon gamin ira à l’école privée, question de ne pas finir… Déménageur ?

Non, tu leurs répond ça, ils t’explosent la tête. De toute façon, Matt n’était pas comme ça. Il avait toujours été discret sur la question parce qu’elle ne l’intéressait pas vraiment. L’argent, c’est une chose, mais ça ne vaudra jamais le sentiment du devoir accompli. En réalité, Farrell se demandait bien comment il ferait sans l’armée plus tard, sans pouvoir partir en mission et trop vieux pour être déployé.

« Les gens sont faciles à impressionner. Au final, je suis qu’un type sans diplôme qui a eu beaucoup de chance. Et désormais, je pense qu’un type avec des bras en troncs d’arbre comme les tiens a beaucoup plus de valeur qu’un pilote sans appareil. Puis, je suis certain que tu as vu des trucs que personne ne se doute. Je parie que tu as déjà déménagé des stars ou des gens importants, par exemple. Tu me raconteras ça. Si tu étais énervant, je te l’aurais déjà dit de toute façon, Tom. Un militaire, n’oublie pas. Quand il y a un problème, je tire dessus. Pas littéralement, heureusement. Pas toujours du moins. »

Petit rire, puis il considéra le reste du discours du type.

« Ouais évidemment, on ramasse tout ce qui a de la valeur pour nous. Voyons l’alternateur comme l’objectif primaire, c’est tout. Et ouais, à pied ça semble préférable comme tu dis. On fait ça.»

Après s’être entendu sur un planning, ils se séparèrent d’un petit signe de la main. Farrell rassembla les outils dont il aurait besoin pour retirer la pièce s’ils trouvaient un véhicule potable, puis retourna au lycée chercher ses affaires et sortir une arme de l’armurerie. Regard méfiant lorsqu’il demande son M4, mais Fitzgerald passait dans le coin alors il put faire d’une pierre deux coups en expliquant son projet et le besoin d’avoir de quoi se défendre. Fitz ne semblait pas trop certain mais en tant que militaire voyait autant que le pilote le besoin d’avoir le humvee en état de marche en cas de pépin. L’épais blindage de la carrosserie pouvait faire toute la différence.

Arme en bandoulière, il accompagna l’autre soldat en balançant un sac de randonné sur son épaule. Matt n’apportait que le strict nécessaire, question de rester léger. Ils ne partaient pas en guerre après tout. Comme il l’avait dit, il sortit la fameuse carte et l’appuyant sur le capot d’une automobile, encercla la destination au crayon feutre et regarda les différents trajets possible en calculant les distances mentalement. Il échangea quelques mots avec Fitzgerald pour connaître l’état de certaines rues. Des endroits à découvert ou risqués ? Lorsque les quinze minutes prirent fin, Farrell était renseigné, calculé et prêt à partir.

La question qui brûle toutes les lèvres, Tom serait-il à l’heure ?
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