L'ambiance avait semblé se détendre un peu. Sans que je sache réellement pourquoi, la doyenne semblait m'apprécier et, de mon point de vue, elle n'avait pas l'air si horrible que ça... quoi que je craignais un peu ses représailles si toutefois j'avais osé refuser son offre. J'avais haussé les épaules en souriant légèrement à la remarque de la brune, certes un coup de bâton faisait moins peur qu'un quelconque sort, mais je n'avais pas envie de tenter le diable pour autant.

    Ana cependant, dans sa franchise absolue, ne manqua pas d'amener Nolan sur le tapis, refroidissant instantanément l'atmosphère. Machinalement, je posais une main sur la sienne, la serrant légèrement pour lui intimer de changer de sujet. Rien que d'y penser avait le don de me mettre dans une réelle colère, alors ce devait être encore pire pour Carmen qui peinait encore à passer outre ce qui était arrivé.

« Le train ça ira très bien. »

    Souriant à la remarque de Lexie, je secouais la tête en levant légèrement les yeux au ciel. De toute façon, avec son téléphone constamment dans les mains, elle ne risquait pas de rater l'heure d'arrivée ; quoi que le manque d'envie pouvait faire beaucoup. Remerciant rapidement ma meilleure amie en récupérant l'assiette qu'elle me tendais, j'en pris un morceau après l'avoir zieuté une seconde. L'instant d'après, je manquais de m'étouffer, les joues devenus rouges comme des tomates et des larmes perlant aux coins de mes yeux. Affligeant l'aînée d'un coup de coude, je toussais d'un air idiot.

« Ça va pas... de sortir des conneries pareilles ? »

    N'ayant ni l'envie d'appeler mon gosse Dezbah, ni pour projet de me marier avec Ana, je poursuivis néanmoins sur un ton mesquin.

« T'en fais pas pour moi, d'ici là la doyenne ne jurera plus que par moi. »

« Elle n'a pas tord Axel. »

    Riant légèrement devant l'air un peu outré de la brune, je m'étais stoppé net à la réplique on ne peut plus sérieuse de sa sœur. Manquait plus que ça. Levant les yeux au ciel en secouant la tête, je reportais mon attention sur mon assiette devenue d'un seul coup foutrement intéressante ; moi, me marier et avoir des enfants ? Ce n'était pas dans les projets pour l'instant. Pas tant que je ne serais pas mieux dans ma peau. Ana me lâcha finalement la main, me gratifiant d'une légère tape sur l'épaule, et s'éloigna pour discuter avec des amies à elle.

    Reportant mon attention sur Carmen, je mâchais lentement en écoutant ses dires. C'est vrai que l'endroit n'était pas si mal, il y régnait une certaine sérénité qu'il n'y avait pas à Seattle, comme si ici, rien ne pourrait jamais arriver, comme s'ils étaient intouchables dans leur monde. Hochant la tête, je réponds en regardant Ana au loin.

« C'est vrai qu'ici elle a vraiment l'air chez elle, mais ça ne peut pas convenir à tout le monde, tu n'as pas à te reprocher quoi que ce soit pour ça. »

    Qui pouvait le lui reprocher d'ailleurs ? Sa grand-mère, sans aucun doute, mais on ne pouvait pas persuader quelqu'un de si ancré dans ses conviction de les changer du tout au tout. Personne n'était fautif ni blâmable dans cette histoire, chacun défendait ses principes et son mode de vie. Le ton à nouveau taquin de la brune m'arracha un nouveau sourire alors que je dardais sur elle un regard faussement sérieux.

« Si je dois rester ici, tu n'en partiras plus. »

    Je ne précisais pas si je sous-entendais que je lui manquerais trop pour qu'elle parte, ou si je me contenterais de la garder ici pour qu'elle subisse aussi les lubies de son peuple, me contentant simplement de sourire un peu plus. Reprenant un peu de crabe, je savourais le goût en fermant un instant les yeux.

« Mais t'avais raison sur un point, la nourriture, rien que ça, ça vaut le coup ! »

    Ce n'était pas tous les jours que je mangeais ce genre de choses, j'avais presque l'impression d'être dans un galas de la haute, avec pleins de choses qui sortent de l'ordinaire. Mais hors de question de dire ça à Dezbah, elle ne manquerait pas de me rappeler quel paysan j'étais.

« Après le repas c'est quoi ? Couvre-feu ou la célébration continue avec des danses et ce genre de trucs ? »

    Je me sentais un peu idiot de demander ça, et en même temps je craignais qu'en effet, il y ait ''ce genre de trucs''.

Allez visage pâle, remets toi. Avait lancé la brune en éclatant de rire face à l'air terriblement coincé qu'avait pu prendre Axel en entendant les mots mariages et traditions. Ana avait eu beau prendre un air outré, la brune lui avait lancé un regard qui réclamait l'indulgence. Si Ana avait semblé déçue d'une telle réaction, elle retrouva rapidement le sourire en retrouvant une de ses amies non loin d'eux, les abandonnant là alors qu'ils refaisaient le monde en imaginant Axel coincé à vie ici.

Oui, la vie à Seattle serait trop dur sans toi et tes tisanes camomille. tunkashila va. Lâcha t-elle en riant à nouveau sous le regard incompréhensif du brun. Ca veut dire grand père. Précisa t-elle en lui offrant un clin d'oeil provocateur, terminant de goûter à tous les mets présentés sur la table. La suite du programme ? Un rapide coup d'oeil au portable d'Alejandra avant que leur grand mère ne lui retire des mains en hurlant lui confirma qu'il était plus d'une heure du matin.

Non, on ne vas pas danser autour d'un feu, on va s'y asseoir...

Attrapant le brun par le bras pour le faire s'installer en tailleur aux côtés des autres alors qu'Ama reprenait la parole dans cette langue dont elle ne connaissait rien, elle laissa Ana faire la traduction.

C'est le remerciement, et le final de la soirée. Et comme ce soir, y'a des inconnus à la réserve, ils ont prévu quelque chose de particulier.
Et allez... N'avait pu s'empêcher de soupirer Carmen en entendant les trois quart de la police tribale entamer le chant de guerre du camp, rapidement repris en choeur par une Ana survoltée, tandis que Carmen essayait tant bien que mal de suivre le rythme avec les deux mots qu'elle connaissait des paroles.
En revanche, elle n'avait pu s'empêcher de sourire en voyant le calumet arriver vers elle, remerciant Nathorod qui le lui tendit cérémonieusement après avoir terminé la préparation.

Quand un étranger est considéré comme un ami de la réserve, il à le droit de toucher à ça.Sens toi comme un vip. Dit-elle en aspirant une longue bouffée du mélange avant d'en recracher une longue bouffée. Santé. se moqua t-elle en lui tendant le bec du calumet, alors qu'Ama observait la scène avec un sourire satisfait.
Sans doute que le mélange de menthe et d'herbe allait purger ses poumons jusqu'à la fin de la semaine, mais qu'importait. Croisant le regard de la vieille, Carmen lui fit un clin d'oeil complice alors que cette dernière hochait la tête. La soirée dura jusqu'aux alentours de 3heures du matin, alors qu'enfin, le calme revenait dans la réserve. Ama avait remercié la plupart des invités, alors que tout le monde partait se coucher. Profitant que la vieille soit partie parmi les premières, Carmen était restée près du feu en troquant les vêtements cérémoniels contre son jean et une veste longue pour se protéger du froid, fumant une cigarette à l'abri des regards.
S'amusant de constater le contraste entre les habitants privilégiant le confort du mobilhome aux vieux qui s'acharnaient à dormir dans leurs maisons rondes en bois. Par chance, Ama avait eu la décence de lui laisser une chambre seule, sans avoir à supporté Alejandra.

Les bruits de pas dans son dos la sortirent de sa torpeur, alors qu'elle reconnaissait Axel. Lui faisant signe de s'approcher pour qu'il prenne à côté de lui, elle tira à nouveau sur sa cigarette, savourant l'interdit du geste.

Alors ? Pressé de retourner dans le monde moderne ?

    ''Grand-père'', je lui en aurait foutu des grands-pères. Levant exagérément les yeux au ciel à sa traduction, je fis néanmoins une moue amusée ; elle avait l'entendre son Dezbah, c'était sûr. Un léger coup d'épaule pour accentuer encore un peu mon outrage feint avant que je ne centre mon attention sur la doyenne qui pestait contre Alejandra, l'air sur mon visage montrait clairement que je n'aurais pas aimé être à sa place. Et Carmen aborda le sujet plus sérieux de la suite de la soirée. Penchant légèrement la tête sur le côté les sourcils légèrement froncés comme si je réfléchissais à ce que sous entendais ses paroles, je la laissais me prendre par le bras.

« Allons-y alors. »

    Je n'avais rien contre l'idée de m'asseoir autour d'un feu, ç'avait toujours un certain côté apaisant, mais là entouré d'autant de monde... j'avais du mal à me sentir à l'aise et cette gêne se ressentait probablement au vu de mon corps légèrement crispé. C'était vraiment étrange ce sentiment d'être entouré d'un monde parfaitement inconnu, ne rien en savoir ; j'avais déjà mis du temps à m'habituer au monde urbain, alors ce n'était pas en une soirée que je me ferais à cette culture, mais il n'empêchait que ça me semblait moins atroce que ce à quoi je m'étais attendu.

    Installé là, j'écoutais attentivement la traduction de ma petite amie sans réellement en capter le sens profond, zieutant à nouveau tous ces gens autour, le feu qui crépitait. Un chant s'éleva, me rendant un peu plus attentif ; je n'y comprenais absolument rien du tout mais je m'étais laissé embarqué par les intonations. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire légèrement amusé quand ma meilleure amie essaya de suivre, ne balançant que quelques mots par-ci par-là. Me penchant vers elle, je chuchotais sur un ton moqueur.

« Y a encore du boulot pour que t'y arrive hein. »

    Souriant un peu plus d'un air parfaitement innocent au vu du regard noir qu'elle m'adressait, je remarquais que son prétendant était assis juste à côté d'elle et lui tendait le calumet. Alors ça non plus ce n'était pas une légende, même eux le faisaient. Observant des yeux ronds, je soupirais légèrement quand elle m'annonça que je pouvais me sentir comme un VIP ; ainsi j'étais donc devenu un ami de la réserve. Prenant l'objet en le regardant d'un air un peu hagard, peu envieux d'y goûter, je ne pu faire autrement en croisant rapidement le regard engageant de la doyenne. Un petit sourire forcé avant d'en prendre une bouffée et de le passer à mon voisin, je retins tant bien que mal un toussotement.

    Le reste de la soirée se déroula dans une ambiance franchement positive, tout le monde parlait avec tout le monde de toutes sortes de sujet ; rien que ça, c'était totalement différent de la vie en ville, où tout le monde avait l'air d'évoluer dans des mondes parallèles qui étaient propres à chacun. Je m'étais laissé entraîné par Ana qui avait insisté pour me présenter une amie à elle, celle sur laquelle elle s'était jetée à notre arrivée. Pas très bavard comme à mon habitude, je faisais de mon mieux pour faire bonne figure et ne pas me mettre toute la communauté à dos ; ce serait idiot quand même de devoir trouver un hôtel et d'errer dans les alentours jusqu'à ce que la célébration soit terminée. Ama nous avait rejoint un court instant, annonçant qu'elle allait se coucher et nous souhaitant à tous une bonne nuit ; une nouvelle fois, elle m'avait tapoté l'épaule avant de partir, m'adressant un regard bienveillant qui me laissa légèrement sceptique. Comment ces gens pouvaient être capable d'accepter aussi facilement des inconnus ? Je n'avais jamais été dans la capacité de le faire, faire confiance à quelqu'un rapidement, voir le meilleur en lui, et ça n'allait pas changer, alors tout ça, ça resterait un mystère pour moi.

    Quittant le petit groupe pour prendre un peu l'air, je marchais les mains dans les poches, repensant à ce qui avait été dit, aux croyances du groupe, à la manière dont ils vivaient. Reconnaissant Carmen au loin, je m'approchais d'elle d'un pas lent, lui adressant un sourire quand elle me regarda. M'installant juste à côté d'elle, je souriais légèrement en voyant sa cigarette.

« Mon appartement et ma solitude me manquent un peu, mais je devrais survivre. Toi par contre tu n'auras pas résisté bien longtemps. »

    J'avais lancé cela en faisant un signe du menton vers sa cigarette, presque rassuré pour elle que la grand-mère soit couchée ; si toutefois elle l'était vraiment. Soupirant légèrement en fixant un point abstrait en face de moi, j'essayais de ne pas me formaliser de la fumée qui venait jusqu'à moi.

« Je m'étais vraiment attendu à pire en venant ici, mais au final, c'est franchement des vacances après les deux jours horribles en voiture. »

    Un fin sourire avait à nouveau étiré mes lèvres alors que j'essayais de ne pas penser à quoi ressemblerait le trajet retour. Penchant la tête sur le côté en zieutant la brune du coin de l'oeil, je lui donnais un petit coup de coude amical.

« C'est clair que tout ça, ça change de ce que je connais, mais je suis content d'en avoir appris un peu plus sur votre culture. Je devrais probablement te remercier de m'avoir traîné jusqu'ici mais étant donné que tu l'as fait juste pour ne pas être seule... je vais m'abstenir. »

Carmen avait souri, observant sa cigarette qui se consumait avant d'en faire tomber la cendre, admettant ce que lui faisait remarquer son meilleur ami.

C'est mon seul vice, ça va. Je me drogue pas, je ne bois pas, et je suis célibataire donc aucun risque de traumatiser la famille en leur annonçant que je suis enceinte d'un blanc. Ou pire, d'un mexicain. Prenant un air faussement effrayé avant de rire, elle tira à nouveau sur sa cigarette, précisant tout de même Enfin, y'a de bonnes raisons hein...Du peu que je me souvienne, Ama à toujours mis tous les latino dans le même sac depuis que mon père à quitté maman pour une américaine pure. Mais c'est une dame âgée, alors je n'irai pas la cataloguer de raciste ou quoi que ce soit.

D'autant qu'elle n'avait jamais pensé de la sorte. Malgré toute l'espérance de sa grand mère, ses ex petits amis avaient rarement été au goût de sa grand mère. Soit hispanique, soit à l'opposé, avec une peau blanche.
Souriant à la remarque d'Axel, elle opina en tirant à nouveau sur sa cigarette, avant d'admettre à son tour.

Je dois avouer que je me suis franchement amusée cette année, même si Ama à passé la soirée à me convaincre de rester plus longtemps, tout en m'expliquant comment elle avait brûlé la réserve d'alcool du vieux Longshadow pour éviter qu'il n'en fasse profiter les plus jeunes. Y'a pas mal de réserves qui sombrent dans la drogue ou l'alcoolisme, et elle se bat pour éviter que la nôtre ne fasse de même.

C'était agréable, de ne pas penser au BlackList ou à la tonne de choses qu'elle aurait à faire en revenant. Jouant avec le pendentif que lui avait donné la vieille dame au cours de la soirée et qu'elle n'avait plus quitté depuis, elle effaça distraitement un reste de peinture noire qui trônait sur son avant bras avant de rajouter.

C'est con, mais ça me fait plaisir que tu ai apprécié. Quand j'étais gosse, je n'osais pas en parler à l'école de peur qu'on me regarde bizarrement.

Riant doucement en y repensant, la jeune femme releva les yeux vers le ciel, appréciant les étoiles qui y brillaient en l'absence de lumière artificielle comme au coeur de Seattle. Saluant d'un signe de tête un des policiers qui terminait son tour de garde, elle reprit. Et je sais surtout qu'Ana à dû être folle de joie que tu ne partes pas en courant. Vu comme ses origines lui tiennent à coeur, ça doit lui faire du bien de pouvoir partager ça avec toi.

A la différence d'Alejandra d'ailleurs. Elle l'avait observé partir en catimini pour rallumer son téléphone et appeler ses amies très certainement en disant qu'elle devait êtreà Seattle et non pas en plein milieu d'une soirée culturelle.

Tu devrais essayer d'aller dormir un peu par contre. Pas sûr que demain, Ana ne te laisse te reposer dans la voiture, elle aura trop de questions sur ce que tu as pensé de tn séjour.

    Un léger sourire flottait encore sur mes lèvres suite aux paroles de la brune concernant ses petits-amis jamais à la hauteur aux yeux de la doyenne, partagé entre le sentiment d'une grand-mère trop buté pour laisser sa petite fille choisir son bonheur, et l'attendrissement qu'elle s'en inquiète de la sorte. Qu'aurait dit ma propre grand-mère si elle m'avait vu grandir ? Quitter mes racines et m'enfermer dans un monde vide de tout sens ? Au fond, je n'étais pas certain que j'aurais été prêt à affronter la déception dans son regard, celle de mes parents était déjà suffisamment lourde à supporter.

    J'avais hoché la tête quand vint le sujet de la réserve d'alcool de Longshadow ; décidément, dans ses principes extrêmes, la vieille dame n'avaient pas que des effets négatifs. C'était réellement une bonne chose, faisant de cet endroit déjà si particulier un lieu complètement coupé du monde. Nul doute que les gens qui repartaient d'ici se sentaient parfaitement ressourcés ; si évidemment ils ne s'engageaient pas une foutue route de deux jours entourés de trois hystériques. Manquant de pouffer à mes pensées, je repris rapidement mon faciès sérieux, souriant à ma meilleur amie en appuyant un peu mon épaule contre la sienne.

« T'en fais pas, je te trouves louche depuis qu'on se connaît alors... »

    Souriant un peu plus, je hoche la tête quand elle me parle d'Ana. Il est vrai qu'ici, elle avait l'air bien, chez elle, différente de sa manière d'être en ville, mais elle quand même... c'était assez étrange en y pensant, mais enthousiasme dont elle faisait preuve était communicatif.

« Elle avait l'air ravie oui, ça m'a fait plaisir de la voir dans son élément, même si je ne suis pas certain d'être prêt à m'installer ici un jour. »

    Secouant la tête en affichant une moue amusée, je ne pu nier que de toute façon, nous n'en étions pas encore à ce stade avec Ana, mais qui sait ce que l'avenir réservait ? Nous n'avions même pas encore abordé le sujet d'un réel engagement, et ce n'était pas dans mon optique, bien trop anxieux à l'idée de me retrouver dépendant de quelqu'un. Bâillant à m'en décrocher la mâchoire, je reportais mon attention sur ma meilleure amie, bloquant un instant sur la fin de ses paroles. Que devais-je penser de ça ? Est-ce que j'étais rassuré de savoir que le trajet retour ne serait peut-être pas aussi tendue que l'aller, mais que j'allais devoir parler, encore et encore, répondre aux questions de ma petite amie... pas vraiment en fait.

« Oui tu as raison, je vais y aller. »

    Me relevant en époussetant machinalement mon pantalon, j'ébouriffais amicalement les cheveux de la brune en lui lançant un bonne nuit, avant de m'éloigner pour rejoindre le sac de couchage qui me servirait de lit ; ce n'était pas du grand luxe mais qu'importe.






« Réveilles toi Ax ! Aller, il faut partir ! »

    Ouvrant les yeux, je mis un instant à resituer le lieu, savoir où j'étais, passablement agacé par les cheveux d'Ana qui me chatouillaient la joue.

« Déjà ? »

    Son petit rire s'éleva de ses lèvres, me réveillant encore un peu plus tandis qu'elle repartait. Pourquoi fallait-il que chaque réveil soit aussi difficile ? Ou chaque nuit aussi courte ? J'enviais parfois les ours qui pouvaient hiberner des mois entiers, pas certain cependant qu'il était possible de faire des réserves de sommeil. Me levant en grimaçant sous mon dos qui me tirait légèrement, je m'étirais avant de prendre des affaires, me changer rapidement, et empaqueter le reste dans mon sac. Après l'avoir hissé sur mon dos j'étais sorti pour rejoindre les autres.

« On a déjà mangé, je t'ai mis quelques trucs dans un chiffon. »

    Un chiffon. Décidément, Ana était toujours pleine de classe. La remerciant d'un simple sourire en acceptant son présent, je cherchais du regard des têtes connues.