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Neil Berry
Jeu 6 Oct 2016 - 19:12
27 ans • AMERICAIN • TANGUY • TRAVELER
Pour une fois dans sa vie, il se sent mieux seul que mal accompagné, presque rendu responsable par le danger de mort imminent.
Bizarrement calme, il a toujours l’air déphasé, toujours une dégaine de martien et s’il arrive à maintenir un contact oculaire, il a une certaine tendance à regarder à travers les gens plutôt que leur face.
Aussi fluent en anglais qu'espagnol, il sait refuser de parler dans les deux langues. Peu enclin à donner plus d’informations qu’il en reçoit, surtout personnelles, il ne s'approche que rarement des gens. Presque comme un rongeur sauvage, ses instincts sont dirigés principalement autour de son manque de bouffe. Ça et dormir au chaud.
Si la nature est moins exténuante pour son mental, passer sa vie à courir n’aide pas à calmer son insécurité. Il est d’autant plus chelou quand il est stressé, parlant seul, ou à son cheval, même aux rôdeurs parfois. La solitude le pèse et les groupes le font fuir à toutes jambes. Trop de tensions qu’il éponge mal, trop de considérations dont il n’est pas le sujet principal, la vie en communauté l’effraie autant que les zombies. Il a tenté, ça s’est toujours mal passé, parfois uniquement de son fait.
Hermétique à la critique, les gens s'arrachent les cheveux quand il est question de le faire bouger.
Ce sont ses accès de panique qui sont à redouter.
D’un naturel plutôt docile, au moins autant qu’impressionnable, il est pacifique et assez facilement manipulable. Acculé ou désemparé, il prend toutes les mauvaises décisions, se base sur un instinct de survie inexistant et devient la hantise de toute organisation.
Obtenir sa confiance n'est pas chose aisée, et n'est pas synonyme de loyauté.
Bizarrement calme, il a toujours l’air déphasé, toujours une dégaine de martien et s’il arrive à maintenir un contact oculaire, il a une certaine tendance à regarder à travers les gens plutôt que leur face.
Aussi fluent en anglais qu'espagnol, il sait refuser de parler dans les deux langues. Peu enclin à donner plus d’informations qu’il en reçoit, surtout personnelles, il ne s'approche que rarement des gens. Presque comme un rongeur sauvage, ses instincts sont dirigés principalement autour de son manque de bouffe. Ça et dormir au chaud.
Si la nature est moins exténuante pour son mental, passer sa vie à courir n’aide pas à calmer son insécurité. Il est d’autant plus chelou quand il est stressé, parlant seul, ou à son cheval, même aux rôdeurs parfois. La solitude le pèse et les groupes le font fuir à toutes jambes. Trop de tensions qu’il éponge mal, trop de considérations dont il n’est pas le sujet principal, la vie en communauté l’effraie autant que les zombies. Il a tenté, ça s’est toujours mal passé, parfois uniquement de son fait.
Hermétique à la critique, les gens s'arrachent les cheveux quand il est question de le faire bouger.
Ce sont ses accès de panique qui sont à redouter.
D’un naturel plutôt docile, au moins autant qu’impressionnable, il est pacifique et assez facilement manipulable. Acculé ou désemparé, il prend toutes les mauvaises décisions, se base sur un instinct de survie inexistant et devient la hantise de toute organisation.
Obtenir sa confiance n'est pas chose aisée, et n'est pas synonyme de loyauté.
Ce n’est pas la carrure de bodybuilder qui va impressionner le tout-venant. A vrai dire, sans sa pilosité aussi aléatoire que fournie, il serait carrément efféminé. Déjà qu’il a entreprit de laisser pousser ses cheveux pour une raison que le bon gout ignore, surtout sans peigne, les fringues trop grandes n’aident pas vraiment à le prendre pour une menace.
Il se donne des airs de gourou avec ses lunettes sans correction, son pendentif de rappeur et ses pauvres 70kg répartis sur 1m80. Déjà pas bien en chair avant, depuis la fin du monde on voit ses côtes dès qu’il lève le bras.
On entend rarement son timbre, à peine soufflé à mi-voix lorsqu’il ne peut en faire l’économie. A la limite quand on le touche, là il gueule, y a pas de soucis. Aiguë et un peu nasillarde, sa voix porte foutrement bien quand il est question d’hurler sur quelqu’un. Mise à part cette situation, obtenir la moindre étincelle de vie ou d’énergie est une bataille en soi.
Mou et taciturne, il ramasse son corps dans des positions plus ou moins improbables, essayant de prendre le moins de place possible. Il pose un regard éteint, entre brun et vert, sur tout autour de lui, les sourcils marqués ne bougent jamais, participant probablement à son image d'attardé mental. Les émotions sont dures à discerner, ses traits restant éternellement figés.
Il se donne des airs de gourou avec ses lunettes sans correction, son pendentif de rappeur et ses pauvres 70kg répartis sur 1m80. Déjà pas bien en chair avant, depuis la fin du monde on voit ses côtes dès qu’il lève le bras.
On entend rarement son timbre, à peine soufflé à mi-voix lorsqu’il ne peut en faire l’économie. A la limite quand on le touche, là il gueule, y a pas de soucis. Aiguë et un peu nasillarde, sa voix porte foutrement bien quand il est question d’hurler sur quelqu’un. Mise à part cette situation, obtenir la moindre étincelle de vie ou d’énergie est une bataille en soi.
Mou et taciturne, il ramasse son corps dans des positions plus ou moins improbables, essayant de prendre le moins de place possible. Il pose un regard éteint, entre brun et vert, sur tout autour de lui, les sourcils marqués ne bougent jamais, participant probablement à son image d'attardé mental. Les émotions sont dures à discerner, ses traits restant éternellement figés.
Maman était colombienne, papa né à Washington.
Petit Neil a grandi avec l’assomption que les mamas étaient les reines de la maison. En termes de volume sonore au moins, la dominance était totale.
Le premier appartement de la famille était assez petit, mais en centre-ville, pratique pour une maman active qui courrait entre les associations plus ou moins caritatives. Petit Neil glandait dans une école publique sans vraiment se mêler des embrouilles du couple. A vrai dire il n’y comprenait pas assez.
Un jour papa a eu une promotion. Pendant un an c’était bien, ils avaient un appartement plus grand, dans un autre coin de Salem. Ensuite ça a recommencé à gueuler, maman ne voulait pas être une femme au foyer et quelques mois plus tard, elle recommençait à travailler.
On a collé une nounou mexicaine au gamin, à vrai dire elle faisait tout. Le ménage, la bouffe et les devoirs, des fois elle devait même le coucher. Elle aussi elle gueulait, Delfina Delaura Espinoza, une bonne femme aussi large que haute qui à force d’années était devenue sa confidente. Elle et son éternelle tresse.
Papa a commencé à faire des voyages plus souvent et un jour, a proposé de déménager. Pas dans Salem cette fois, à Washington. S’en est suivi crises, pleurs et gueulantes jusqu’à ce qu’il parte, tout seul. Neil avait dans les dix ans, et fourré dans les jupes longues de Delfina, il faisait la gueule à sa mère. Ça l’aurait pas emmerdé, lui, de bouger. Alors il l’accusait du mauvais temps, du départ de son père et des plats de la cantine. Gamin déjà bien buté, même la morale mexicaine ne le raisonnait pas.
Maman regrettait un peu l’état des choses, se faisait plus branlante quand il s’agissait de refuser un peu plus à un gamin qui avait découvert le pouvoir de pleurnicher sur commande. Pourvu qu’elle soit en retard, tout passait ; à Delfina de se débrouiller pour recadrer le petit roi.
L’autorité était devenue une blague pour le pré-adolescent qui avait décidé de ne plus rien faire. Il n’y avait aucune conséquence dans son petit monde. Son père n’osait pas l’engueuler par téléphone interposé, d’autant qu’ils se croisaient réellement deux fois dans l’année. Pour le consoler on l’a poussé à se trouver une activité, et comme il trouvait ça ennuyeux, il a essayé tout ce à quoi il pouvait penser. Equitation, tennis, batterie ou danse il a enchainé des trucs dont il se foutait, juste pour asseoir son autorité sur la mama.
En échec scolaire de plus en plus flagrant, mais avec la street cred auprès de ses pairs, son petit monde était bien rôdé. Sa mère était incapable de le faire parler et il n’avait que des reproches à son sujet. Désespérée d’améliorer la situation, elle finit même par arrêter de travailler. Un précepteur venait remplacer Delfina. La réponse vint une semaine plus tard, sous forme d’une lettre d’exclusion de son école.
Condamné à rester barricadé dans l’appart de sa daronne, il faisait encore son possible pour rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. Il s’est successivement inventé un groupe de musique, une petite-amie et une troupe de théâtre pour zoner des journées durant, ignorant les appels manqués et les interdits.
Il ne savait même plus pourquoi il lui en voulait mais il s’était dévoué à l’enfoncer.
Un jour c’est son père qui a débarqué, soudainement revenu quand il est question de l’engueuler.
C’est à peu près à la seconde où il a ouvert la bouche que Neil a pété un plomb. Foutrement incapable de mettre des mots sur ce qui le rongeait, il s‘est barré pour convoquer toutes ses connaissances. Franchement pas aussi fiables que prévues, c’est après deux semaines de galère qu’il retournait à l’appartement la queue entre les jambes.
Les choses se sont apaisées, principalement parce qu’il était dépité, mais il n’était pas prêt à s’y remettre, la vie, le taf, tous ces trucs… il ne se sentait pas. Mama, trop flippée de le revoir fuguer, concédait amoureusement et abandonnait secrètement. Déterminée à prouver à son fils qu’elle le soutenait, elle le laissait vivre comme un pacha, trop contente de ne plus être la cible unique de sa rage.
Les mêmes excuses ont fini par revenir, un mensonge routinier que tout le monde avait fini par accepter. Si a dix ans il était colérique, à vingt il était apathique, les humains lui collaient de l’urticaire et il s’emmurait plus que se renfermait. Quelques années plus tard, il ne sortait qu’en ermite, au milieu de la nuit, pour aller squatter une demi-heure la ruelle d’une tapin.
Il espérait que ça tienne comme ça, indéfiniment. C’était monotone et chiant et les journées duraient une éternité, mais c’était sa vie. De temps en temps il faisait un effort, parce que la daronne l’avait gavé, et de mauvaise volonté, foirait inlassablement. Ça le confortait un peu plus, calmait les ardeurs de sa mère et il pouvait retourner à sa torpeur pour quelques mois.
Petit Neil a grandi avec l’assomption que les mamas étaient les reines de la maison. En termes de volume sonore au moins, la dominance était totale.
Le premier appartement de la famille était assez petit, mais en centre-ville, pratique pour une maman active qui courrait entre les associations plus ou moins caritatives. Petit Neil glandait dans une école publique sans vraiment se mêler des embrouilles du couple. A vrai dire il n’y comprenait pas assez.
Un jour papa a eu une promotion. Pendant un an c’était bien, ils avaient un appartement plus grand, dans un autre coin de Salem. Ensuite ça a recommencé à gueuler, maman ne voulait pas être une femme au foyer et quelques mois plus tard, elle recommençait à travailler.
On a collé une nounou mexicaine au gamin, à vrai dire elle faisait tout. Le ménage, la bouffe et les devoirs, des fois elle devait même le coucher. Elle aussi elle gueulait, Delfina Delaura Espinoza, une bonne femme aussi large que haute qui à force d’années était devenue sa confidente. Elle et son éternelle tresse.
Papa a commencé à faire des voyages plus souvent et un jour, a proposé de déménager. Pas dans Salem cette fois, à Washington. S’en est suivi crises, pleurs et gueulantes jusqu’à ce qu’il parte, tout seul. Neil avait dans les dix ans, et fourré dans les jupes longues de Delfina, il faisait la gueule à sa mère. Ça l’aurait pas emmerdé, lui, de bouger. Alors il l’accusait du mauvais temps, du départ de son père et des plats de la cantine. Gamin déjà bien buté, même la morale mexicaine ne le raisonnait pas.
Maman regrettait un peu l’état des choses, se faisait plus branlante quand il s’agissait de refuser un peu plus à un gamin qui avait découvert le pouvoir de pleurnicher sur commande. Pourvu qu’elle soit en retard, tout passait ; à Delfina de se débrouiller pour recadrer le petit roi.
L’autorité était devenue une blague pour le pré-adolescent qui avait décidé de ne plus rien faire. Il n’y avait aucune conséquence dans son petit monde. Son père n’osait pas l’engueuler par téléphone interposé, d’autant qu’ils se croisaient réellement deux fois dans l’année. Pour le consoler on l’a poussé à se trouver une activité, et comme il trouvait ça ennuyeux, il a essayé tout ce à quoi il pouvait penser. Equitation, tennis, batterie ou danse il a enchainé des trucs dont il se foutait, juste pour asseoir son autorité sur la mama.
En échec scolaire de plus en plus flagrant, mais avec la street cred auprès de ses pairs, son petit monde était bien rôdé. Sa mère était incapable de le faire parler et il n’avait que des reproches à son sujet. Désespérée d’améliorer la situation, elle finit même par arrêter de travailler. Un précepteur venait remplacer Delfina. La réponse vint une semaine plus tard, sous forme d’une lettre d’exclusion de son école.
Condamné à rester barricadé dans l’appart de sa daronne, il faisait encore son possible pour rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. Il s’est successivement inventé un groupe de musique, une petite-amie et une troupe de théâtre pour zoner des journées durant, ignorant les appels manqués et les interdits.
Il ne savait même plus pourquoi il lui en voulait mais il s’était dévoué à l’enfoncer.
Un jour c’est son père qui a débarqué, soudainement revenu quand il est question de l’engueuler.
C’est à peu près à la seconde où il a ouvert la bouche que Neil a pété un plomb. Foutrement incapable de mettre des mots sur ce qui le rongeait, il s‘est barré pour convoquer toutes ses connaissances. Franchement pas aussi fiables que prévues, c’est après deux semaines de galère qu’il retournait à l’appartement la queue entre les jambes.
Les choses se sont apaisées, principalement parce qu’il était dépité, mais il n’était pas prêt à s’y remettre, la vie, le taf, tous ces trucs… il ne se sentait pas. Mama, trop flippée de le revoir fuguer, concédait amoureusement et abandonnait secrètement. Déterminée à prouver à son fils qu’elle le soutenait, elle le laissait vivre comme un pacha, trop contente de ne plus être la cible unique de sa rage.
Les mêmes excuses ont fini par revenir, un mensonge routinier que tout le monde avait fini par accepter. Si a dix ans il était colérique, à vingt il était apathique, les humains lui collaient de l’urticaire et il s’emmurait plus que se renfermait. Quelques années plus tard, il ne sortait qu’en ermite, au milieu de la nuit, pour aller squatter une demi-heure la ruelle d’une tapin.
Il espérait que ça tienne comme ça, indéfiniment. C’était monotone et chiant et les journées duraient une éternité, mais c’était sa vie. De temps en temps il faisait un effort, parce que la daronne l’avait gavé, et de mauvaise volonté, foirait inlassablement. Ça le confortait un peu plus, calmait les ardeurs de sa mère et il pouvait retourner à sa torpeur pour quelques mois.
Aussi débile que ça puisse paraitre, il y croyait.
Son univers soigneusement orchestré, dont il était l’unique créateur et centre d’intérêt, il le pensait éternel. Et puis le flash spécial. Rupture des programmes, les frontières ont fermé. L’épidémie est généralisée, les plus sauvages ont commencé à piller, la loi martiale est renforcée.
Dans son cocon très restreint, il reste emmitouflé sur le canapé, attendant que sa mère revienne des courses. Déjà terrifié par des images pixelisées, il les fixe tourner en boucle pour retenir chaque mot prononcé. Quand elle revient c’est avec de pires nouvelles. Le chaos à surgit en ville, la bibliothèque est tombée pour barrer la porte déjà verrouillée.
La plupart des immeubles tombent à cours d’électricité, les camps sont dressés, mais Neil refuse d’y aller. Malgré les supplications, les gueulantes ou les arguments, il reste buté et prostré. Sa mère doit bientôt faire la tournée du pallier. Heureusement elle avait conservé les clés de la vieille à chats, lui promettant de s’occuper des bestioles en attendant la fin de l’épidémie. Le mois de novembre, ils ne tiennent que sur des conserves de mamie, au moins ils ont des chats pour leur tenir compagnie.
Temps que l’électricité est maintenu, Neil est encore gérable, se contentant de regarder en boucle le même loop d’informations depuis près d’un mois.
Désespérée de l’inutilité de son rejeton, c’est maman qui doit bientôt défoncer la porte des voisins. Le mois de décembre entamé, même les matous sont affamés.
Le camp survit, la centrale a encore l’air de tourner, au moins pour quelques quartiers. Le statu quo se maintient à Salem, mais les rôdeurs commencent à remplir les rues. Le 10 janvier, un sms arrive d’outre-tombe. Son père s’exprime rapidement : Je vais à Seattle, rejoins-moi là-bas. Impossible de l’appeler, Neil ne peut obtenir que sa messagerie. De la fenêtre du huitième, il regarde les corps déambuler à longueur de journées pendant que sa mère fait des pieds et des mains pour le protéger. Quelques semaines passent encore avant qu’elle ne décide de s’attaquer à un autre pallié pour trouver de quoi les sustenter. Elle revient en furie après une rencontre des plus traumatisantes.
Le vieux Tyson était resté lui aussi dans son appartement, semble-t-il moins dégourdi, la faim avait dû l’emporter. Elle s’est fait surprendre dans son trois pièces, arrivant tout juste à claquer la porte pour fuir les lieux. Elle revient en sang, terrifiant le gamin trop fragile qui est maintenant incapable de s’arrêter de trembler.
Complètement paumé, il veille à côté de son lit un moment. Elle a réussi à stopper le saignement, mais incapable de plus, s’est écroulée dans les draps. Tournant en rond un moment, câliner les chats ne l’aide pas. Il chouine sur la messagerie de son père et le supplie de décrocher.
Le lendemain il l’entend enfin bouger. Fatigué, quoique rassuré, il va pour la voir, claquant aussitôt la porte avec horreur. Elle bute contre la porte qu’il tient de toutes ses forces, râlant comme une bestiole enragée qui n’a plus rien de conscient.
Il est resté une semaine, enfermé comme ça, puis les plombs ont sautés.
Seul avec ses chats, un zombie dans la chambre principale, il compte les jours de plus en plus longs. Elle gratte à la porte à longueur de journée, il reste tétanisé dans le canapé. Les réserves maigres s’épuisent vite, l’appartement se transforme en véritable chantier. Tout traine, tout est sale et il a même retourné une poubelle à la recherche de bouffe. Un chat est mort aussi, faute de meilleure idée, il l’a juste jeté par la fenêtre. Possiblement déterminé à mourir de faim, il relit en boucle le message de son père plutôt que de se risquer à sortir. Seattle est loin, il est déjà peu certain de survivre à traverser la rue.
Catatonique, il vit un cauchemar éveillé quand la porte est défoncée. Il hurle comme un gosse et réveille la daronne un peu calmée. Trois types louches et armés entrent sans plus de ménagement, lui gueulant dessus plus qu’autre chose. Le temps de bégayer un truc, il en entend un ouvrir la porte de la chambre. Retenu par les autres, il s’égosille pour rien pendant que sa mère se fait exécuter. Soudainement muet, les trois mecs se demandent ce que l’ermite a bien pu branler des derniers mois. Il ne répond pas.
Seule la promesse de la bouffe le fait bouger, il concède à préparer un sac.
A vrai dire totalement terrifié par les intrus, il tente de les tenir à l’écart de sa chambre sans grand succès, s’écrase sous les remarques et refuse de sortir un son de plus. Il les a suivis un moment, sans vraiment savoir ce qui se passait. Son téléphone s’est éteint pour ne jamais se rallumer moins de trois jours après son départ et les chats abandonnés à leur sort n’ont pas dû tenir bien plus longtemps.
On l’a collé avec les femmes du groupe en constatant son incapacité à tenir un bâton. Trop flippé pour tenter de se mêler aux décisions, il se contentait de se laisser promener et protéger, jusqu’à ce que ça parte en couilles. Leur groupe a croisé la route d’un autre, plus restreint et martial. Ayant un bout de chemin en commun, ils se sont associés, au moins pour un temps.
Les nouvelles têtes ne lui revenaient guère, et ils semblaient partager cet avis. Beaucoup moins patients, les quatres nouveaux avaient une prédisposition à la violence, et pas que sur les rôdeurs. Quand l’engueulade a éclaté, Neil était déjà parti se réfugier plus loin. En une heure l’histoire était réglé, les nouveaux leaders proposant, bons seigneurs, à tous les détracteurs de rejoindre les anciens dans la tombe. Toujours aussi courageux, Neil se contentait de ne pas moufter.
Les semaines suivantes étaient plus compliquées. Les rôdeurs n’étaient plus vraiment leur souci quotidien, ils avaient pris possession des restes d’un commissariat dont les grilles étaient encore résistantes. Neil n’était pas le plus mal loti, les meufs prenaient réellement cher dans leur face et leurs fesses et il s’estimait heureux de ne recevoir que des claques et insultes.
Presque un mois anxiogène était passé et tout le monde larbinait autour des quatre figures de pouvoir sensées les protéger. Le malaise s’installait et bientôt l’un d’eux le collait de trop près. Ce n’est pourtant pas Neil qui a tout fait éclater. En début de nuit, courant avril, la petite Clara a planté son agresseur régulier. Surement plus paniquée que préparée, elle a hurlé aussi fort que lui, attirant toutes les attentions.
Il en a profité pour se barrer. Sans demander son reste, avec juste un sac, un pull et une bouteille d’eau, il s’est enfuit aussi loin que possible des coups de feu tirés dans la nuit. Perché sur un arbre, il ne lui a pas fallu une heure pour regretter. Les rôdeurs, attirés par le son, défilaient inlassablement en dessous lui, à tel point qu’il se demandait si tout le pays rappliquait.
Après quelques heures de sommeil grattées tant bien que mal, il partait au hasard.
Longeant la rivière quelques jours, il finit par croiser un groupe d’hispaniques.
En voyant des gamins d’à peine dix ans, il avait bon espoir de tomber sur moins psychopathes que les précédents. Pour une fois pas trop déçu, il réussit à trouver une place presque confortable au milieu de la famille. La plupart maitrisant mal l’anglais, il avait même une compétence utile. Se sentant un peu moins alien, il les avait encouragé à se diriger vers Seattle. Faute de meilleure idée, la troupe s’y dirigeait. De nouvelles venaient bientôt les conforter, de la part d’un autre groupe. Le téléphone arabe était parvenu jusqu’à eux, et la prise du lycée s’était transformé en opération de grande ampleur. Maintenant persuadés que la ville était sous contrôle de l’armée, espoir et courage leur revenaient pour avancer plus rapidement. Seattle était encore loin et s’ils étaient jeunes, le grand air n’était pas moins hospitalier.
Un peu apaisé, il s’était rapproché d’un adolescent probablement plus mature que lui avec qui il arrivait à peu près à communiquer. Pendant les trois mois qu’ils passèrent ensemble, ils restaient collés au maximum, se faisant d’autant plus discrets quand il s’agissait d’intimité. Pas franchement mieux dégourdis l’un que l’autre, ils étaient timides dans leurs étreintes et refusaient d’un commun accord d’ébruiter leur histoire.
Et puis la horde.
A vue de nez, il leur restait moins d’une semaine de trajet. Ils arrivaient à hauteur de Tacoma, depuis quatre mois ils n’avaient pas eu de mort à déplorer et le meilleur était encore devant eux. Plein d’une espérance puérile, ils s’étaient accordés une journée pour glander. Les voitures garées sur le bas-côté de la route, ils s’étaient posés en bordure de forêt pour manger.
Le cimetière de voitures arrêtées faisait un bon spot pour observer la zone dégagée et les plus jeunes fouillaient toutes les boites à gants accessibles. Les deux amants s’étaient éclipsés en forêt sous couvert de chercher quelque chose de frais à grailler. Occupés à leur affaire, ils ont failli se faire surprendre par la horde, et coupés net dans leur élan, ne pouvaient que les regarder traverser depuis leurs fourrés. La masse écervelée passait loin d’eux, mais leurs râles sourds se propageaient dans la forêt.
Lui retenir le bras ne suffisait pas, et bientôt João était parti. Neil restait seul, trouillard et tétanisé, au milieu des arbres et des buissons. L’adolescent était plus téméraire que lui, et s’il s’inquiétait du sort de la famille, le nombre de morts qui ne cessait de défiler lui faisait redouter le pire. Il n’avait jamais croisé de horde encore et avait le plus grand mal du monde à se contenir encore. Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun de visible, Neil restait terré comme un lapin apeuré.
Quand il remontait vers la route, presque une heure le temps de se calmer, il n’y avait plus grand-chose à observer.
Deux des véhicules étaient encore là, le troisième envolé.
La seule trace qu’il restait de la famille était le cadavre à moitié bouffé d’Hermina. Deux rôdeurs s’étaient coincés entre des voitures et le calme était revenu. « Attends-moi, je reviendrais te chercher. » João s’était tiré. Neil profitait des deux morts vivants entravés pour passer ses nerfs. Peut-être, s’il allait assez vite, il les rattraperait. S’ils se dirigeaient toujours vers Seattle ils n’avaient pas dû quitter la route, et le coffre était encore plein de denrées. Aussitôt il reprenait une voiture pour continuer d’avancer, espérant retrouver leur trace avant le coucher du soleil.
En fin de journée il tombait en panne d’essence. Trop peu prévoyant, il n’avait même pas pensé à checker et les voitures les plus proches se trouvaient quelques kilomètres en arrière. Arrêté au milieu de nulle part, avec une borne kilométrique pour tout repère, Neil finit par s’endormir en vrac sur la banquette arrière, espérant ne pas se faire réveiller. Le lendemain il était tout aussi seul et se résignait à continuer à pieds.
Les morts le suivaient, loin derrière sur la route, l‘empêchant de s’arrêter plus d’une minute pour pisser. Il n’en revenait pas qu’il ait pu l’abandonner, se demandant si ne devait pas le considérer comme mort. D’ici peu il le serait probablement aussi de toutes façons.
Ayant embarqué toute la bouffe et la flotte qu’il pouvait porter, et trop encombré, il se rendait compte en milieu de journée qu’il ne toucherait pas la ville avant la nuit. S’il voulait trouver un local à peu près fermé, il devrait se rabattre sur moins habitable. C’est dans une station essence déjà facturée qu’il a passé sa deuxième nuit en solitaire, depuis qu’il avait quitté l’appartement de sa mère.
En observant un atlas routier, il se décidait à emprunter les chemins de traverse plutôt que les artères. Maintenant seul, il préférait s’éviter les rencontres humaines, parfois plus dangereuses que les morts eux-mêmes. Il devait toujours rejoindre Seattle, parce qu’il n’avait pas d’autre idée, et peut-être que son père l’y attendait. Définitivement, il devait s’y être installé. La ville était sous contrôle, il y serait en sécurité. Bercé par ses illusions, il s’endormait encore calmement.
Dans la journée, il devait contourner une masse de corps agglutinés près de la route qu’il comptait emprunter. Deux jours plus tard ce sont des coups de feu dans le lointain qui l’ont fait dévier. A force de faire, il finissait par couper à travers champs et quitter définitivement tout ce qui lui servait à s’orienter. Pensant aller plein Nord, il s’enfonçait dans les forêts à l’Est, mettant des montagnes entre lui et Seattle.
En deux semaines d’errance il avait quasiment tout épuisé jusqu’aux dernières allumettes, tournant en rond dans la zone verte de sa carte. La seule rencontre vivante qu’il parvient à faire avait au moins eu le mérite de le faire sourire. Un cheval trottinait dans une clairière pour s’éloigner des mangeurs de chair. Le bide irrité par un harnachement qu’il devait se trainer depuis des semaines, l’animal avait moins l’air noble qu’éreinté et s’était laissé approcher en moins d’une heure.
Débarrassé du poids de sa selle, la jument acceptait de suivre le mec paumé qui tenait les rênes. A vrai dire dormir n’était plus une option et jusqu’à trouver un cabanon de chasseur ou ranger, ils avaient suivis des sentiers sans trop savoir sur quoi ils allaient tomber.
Tous deux barricadés dans le salon, et un peu gelés, ils se sont endormis comme des masses. Au moins, grâce à la carte du parc national olympique, ils se savent paumés, c’est déjà un progrès.
Son univers soigneusement orchestré, dont il était l’unique créateur et centre d’intérêt, il le pensait éternel. Et puis le flash spécial. Rupture des programmes, les frontières ont fermé. L’épidémie est généralisée, les plus sauvages ont commencé à piller, la loi martiale est renforcée.
Dans son cocon très restreint, il reste emmitouflé sur le canapé, attendant que sa mère revienne des courses. Déjà terrifié par des images pixelisées, il les fixe tourner en boucle pour retenir chaque mot prononcé. Quand elle revient c’est avec de pires nouvelles. Le chaos à surgit en ville, la bibliothèque est tombée pour barrer la porte déjà verrouillée.
La plupart des immeubles tombent à cours d’électricité, les camps sont dressés, mais Neil refuse d’y aller. Malgré les supplications, les gueulantes ou les arguments, il reste buté et prostré. Sa mère doit bientôt faire la tournée du pallier. Heureusement elle avait conservé les clés de la vieille à chats, lui promettant de s’occuper des bestioles en attendant la fin de l’épidémie. Le mois de novembre, ils ne tiennent que sur des conserves de mamie, au moins ils ont des chats pour leur tenir compagnie.
Temps que l’électricité est maintenu, Neil est encore gérable, se contentant de regarder en boucle le même loop d’informations depuis près d’un mois.
Désespérée de l’inutilité de son rejeton, c’est maman qui doit bientôt défoncer la porte des voisins. Le mois de décembre entamé, même les matous sont affamés.
Le camp survit, la centrale a encore l’air de tourner, au moins pour quelques quartiers. Le statu quo se maintient à Salem, mais les rôdeurs commencent à remplir les rues. Le 10 janvier, un sms arrive d’outre-tombe. Son père s’exprime rapidement : Je vais à Seattle, rejoins-moi là-bas. Impossible de l’appeler, Neil ne peut obtenir que sa messagerie. De la fenêtre du huitième, il regarde les corps déambuler à longueur de journées pendant que sa mère fait des pieds et des mains pour le protéger. Quelques semaines passent encore avant qu’elle ne décide de s’attaquer à un autre pallié pour trouver de quoi les sustenter. Elle revient en furie après une rencontre des plus traumatisantes.
Le vieux Tyson était resté lui aussi dans son appartement, semble-t-il moins dégourdi, la faim avait dû l’emporter. Elle s’est fait surprendre dans son trois pièces, arrivant tout juste à claquer la porte pour fuir les lieux. Elle revient en sang, terrifiant le gamin trop fragile qui est maintenant incapable de s’arrêter de trembler.
Complètement paumé, il veille à côté de son lit un moment. Elle a réussi à stopper le saignement, mais incapable de plus, s’est écroulée dans les draps. Tournant en rond un moment, câliner les chats ne l’aide pas. Il chouine sur la messagerie de son père et le supplie de décrocher.
Le lendemain il l’entend enfin bouger. Fatigué, quoique rassuré, il va pour la voir, claquant aussitôt la porte avec horreur. Elle bute contre la porte qu’il tient de toutes ses forces, râlant comme une bestiole enragée qui n’a plus rien de conscient.
Il est resté une semaine, enfermé comme ça, puis les plombs ont sautés.
Seul avec ses chats, un zombie dans la chambre principale, il compte les jours de plus en plus longs. Elle gratte à la porte à longueur de journée, il reste tétanisé dans le canapé. Les réserves maigres s’épuisent vite, l’appartement se transforme en véritable chantier. Tout traine, tout est sale et il a même retourné une poubelle à la recherche de bouffe. Un chat est mort aussi, faute de meilleure idée, il l’a juste jeté par la fenêtre. Possiblement déterminé à mourir de faim, il relit en boucle le message de son père plutôt que de se risquer à sortir. Seattle est loin, il est déjà peu certain de survivre à traverser la rue.
Catatonique, il vit un cauchemar éveillé quand la porte est défoncée. Il hurle comme un gosse et réveille la daronne un peu calmée. Trois types louches et armés entrent sans plus de ménagement, lui gueulant dessus plus qu’autre chose. Le temps de bégayer un truc, il en entend un ouvrir la porte de la chambre. Retenu par les autres, il s’égosille pour rien pendant que sa mère se fait exécuter. Soudainement muet, les trois mecs se demandent ce que l’ermite a bien pu branler des derniers mois. Il ne répond pas.
Seule la promesse de la bouffe le fait bouger, il concède à préparer un sac.
A vrai dire totalement terrifié par les intrus, il tente de les tenir à l’écart de sa chambre sans grand succès, s’écrase sous les remarques et refuse de sortir un son de plus. Il les a suivis un moment, sans vraiment savoir ce qui se passait. Son téléphone s’est éteint pour ne jamais se rallumer moins de trois jours après son départ et les chats abandonnés à leur sort n’ont pas dû tenir bien plus longtemps.
On l’a collé avec les femmes du groupe en constatant son incapacité à tenir un bâton. Trop flippé pour tenter de se mêler aux décisions, il se contentait de se laisser promener et protéger, jusqu’à ce que ça parte en couilles. Leur groupe a croisé la route d’un autre, plus restreint et martial. Ayant un bout de chemin en commun, ils se sont associés, au moins pour un temps.
Les nouvelles têtes ne lui revenaient guère, et ils semblaient partager cet avis. Beaucoup moins patients, les quatres nouveaux avaient une prédisposition à la violence, et pas que sur les rôdeurs. Quand l’engueulade a éclaté, Neil était déjà parti se réfugier plus loin. En une heure l’histoire était réglé, les nouveaux leaders proposant, bons seigneurs, à tous les détracteurs de rejoindre les anciens dans la tombe. Toujours aussi courageux, Neil se contentait de ne pas moufter.
Les semaines suivantes étaient plus compliquées. Les rôdeurs n’étaient plus vraiment leur souci quotidien, ils avaient pris possession des restes d’un commissariat dont les grilles étaient encore résistantes. Neil n’était pas le plus mal loti, les meufs prenaient réellement cher dans leur face et leurs fesses et il s’estimait heureux de ne recevoir que des claques et insultes.
Presque un mois anxiogène était passé et tout le monde larbinait autour des quatre figures de pouvoir sensées les protéger. Le malaise s’installait et bientôt l’un d’eux le collait de trop près. Ce n’est pourtant pas Neil qui a tout fait éclater. En début de nuit, courant avril, la petite Clara a planté son agresseur régulier. Surement plus paniquée que préparée, elle a hurlé aussi fort que lui, attirant toutes les attentions.
Il en a profité pour se barrer. Sans demander son reste, avec juste un sac, un pull et une bouteille d’eau, il s’est enfuit aussi loin que possible des coups de feu tirés dans la nuit. Perché sur un arbre, il ne lui a pas fallu une heure pour regretter. Les rôdeurs, attirés par le son, défilaient inlassablement en dessous lui, à tel point qu’il se demandait si tout le pays rappliquait.
Après quelques heures de sommeil grattées tant bien que mal, il partait au hasard.
Longeant la rivière quelques jours, il finit par croiser un groupe d’hispaniques.
En voyant des gamins d’à peine dix ans, il avait bon espoir de tomber sur moins psychopathes que les précédents. Pour une fois pas trop déçu, il réussit à trouver une place presque confortable au milieu de la famille. La plupart maitrisant mal l’anglais, il avait même une compétence utile. Se sentant un peu moins alien, il les avait encouragé à se diriger vers Seattle. Faute de meilleure idée, la troupe s’y dirigeait. De nouvelles venaient bientôt les conforter, de la part d’un autre groupe. Le téléphone arabe était parvenu jusqu’à eux, et la prise du lycée s’était transformé en opération de grande ampleur. Maintenant persuadés que la ville était sous contrôle de l’armée, espoir et courage leur revenaient pour avancer plus rapidement. Seattle était encore loin et s’ils étaient jeunes, le grand air n’était pas moins hospitalier.
Un peu apaisé, il s’était rapproché d’un adolescent probablement plus mature que lui avec qui il arrivait à peu près à communiquer. Pendant les trois mois qu’ils passèrent ensemble, ils restaient collés au maximum, se faisant d’autant plus discrets quand il s’agissait d’intimité. Pas franchement mieux dégourdis l’un que l’autre, ils étaient timides dans leurs étreintes et refusaient d’un commun accord d’ébruiter leur histoire.
Et puis la horde.
A vue de nez, il leur restait moins d’une semaine de trajet. Ils arrivaient à hauteur de Tacoma, depuis quatre mois ils n’avaient pas eu de mort à déplorer et le meilleur était encore devant eux. Plein d’une espérance puérile, ils s’étaient accordés une journée pour glander. Les voitures garées sur le bas-côté de la route, ils s’étaient posés en bordure de forêt pour manger.
Le cimetière de voitures arrêtées faisait un bon spot pour observer la zone dégagée et les plus jeunes fouillaient toutes les boites à gants accessibles. Les deux amants s’étaient éclipsés en forêt sous couvert de chercher quelque chose de frais à grailler. Occupés à leur affaire, ils ont failli se faire surprendre par la horde, et coupés net dans leur élan, ne pouvaient que les regarder traverser depuis leurs fourrés. La masse écervelée passait loin d’eux, mais leurs râles sourds se propageaient dans la forêt.
Lui retenir le bras ne suffisait pas, et bientôt João était parti. Neil restait seul, trouillard et tétanisé, au milieu des arbres et des buissons. L’adolescent était plus téméraire que lui, et s’il s’inquiétait du sort de la famille, le nombre de morts qui ne cessait de défiler lui faisait redouter le pire. Il n’avait jamais croisé de horde encore et avait le plus grand mal du monde à se contenir encore. Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun de visible, Neil restait terré comme un lapin apeuré.
Quand il remontait vers la route, presque une heure le temps de se calmer, il n’y avait plus grand-chose à observer.
Deux des véhicules étaient encore là, le troisième envolé.
La seule trace qu’il restait de la famille était le cadavre à moitié bouffé d’Hermina. Deux rôdeurs s’étaient coincés entre des voitures et le calme était revenu. « Attends-moi, je reviendrais te chercher. » João s’était tiré. Neil profitait des deux morts vivants entravés pour passer ses nerfs. Peut-être, s’il allait assez vite, il les rattraperait. S’ils se dirigeaient toujours vers Seattle ils n’avaient pas dû quitter la route, et le coffre était encore plein de denrées. Aussitôt il reprenait une voiture pour continuer d’avancer, espérant retrouver leur trace avant le coucher du soleil.
En fin de journée il tombait en panne d’essence. Trop peu prévoyant, il n’avait même pas pensé à checker et les voitures les plus proches se trouvaient quelques kilomètres en arrière. Arrêté au milieu de nulle part, avec une borne kilométrique pour tout repère, Neil finit par s’endormir en vrac sur la banquette arrière, espérant ne pas se faire réveiller. Le lendemain il était tout aussi seul et se résignait à continuer à pieds.
Les morts le suivaient, loin derrière sur la route, l‘empêchant de s’arrêter plus d’une minute pour pisser. Il n’en revenait pas qu’il ait pu l’abandonner, se demandant si ne devait pas le considérer comme mort. D’ici peu il le serait probablement aussi de toutes façons.
Ayant embarqué toute la bouffe et la flotte qu’il pouvait porter, et trop encombré, il se rendait compte en milieu de journée qu’il ne toucherait pas la ville avant la nuit. S’il voulait trouver un local à peu près fermé, il devrait se rabattre sur moins habitable. C’est dans une station essence déjà facturée qu’il a passé sa deuxième nuit en solitaire, depuis qu’il avait quitté l’appartement de sa mère.
En observant un atlas routier, il se décidait à emprunter les chemins de traverse plutôt que les artères. Maintenant seul, il préférait s’éviter les rencontres humaines, parfois plus dangereuses que les morts eux-mêmes. Il devait toujours rejoindre Seattle, parce qu’il n’avait pas d’autre idée, et peut-être que son père l’y attendait. Définitivement, il devait s’y être installé. La ville était sous contrôle, il y serait en sécurité. Bercé par ses illusions, il s’endormait encore calmement.
Dans la journée, il devait contourner une masse de corps agglutinés près de la route qu’il comptait emprunter. Deux jours plus tard ce sont des coups de feu dans le lointain qui l’ont fait dévier. A force de faire, il finissait par couper à travers champs et quitter définitivement tout ce qui lui servait à s’orienter. Pensant aller plein Nord, il s’enfonçait dans les forêts à l’Est, mettant des montagnes entre lui et Seattle.
En deux semaines d’errance il avait quasiment tout épuisé jusqu’aux dernières allumettes, tournant en rond dans la zone verte de sa carte. La seule rencontre vivante qu’il parvient à faire avait au moins eu le mérite de le faire sourire. Un cheval trottinait dans une clairière pour s’éloigner des mangeurs de chair. Le bide irrité par un harnachement qu’il devait se trainer depuis des semaines, l’animal avait moins l’air noble qu’éreinté et s’était laissé approcher en moins d’une heure.
Débarrassé du poids de sa selle, la jument acceptait de suivre le mec paumé qui tenait les rênes. A vrai dire dormir n’était plus une option et jusqu’à trouver un cabanon de chasseur ou ranger, ils avaient suivis des sentiers sans trop savoir sur quoi ils allaient tomber.
Tous deux barricadés dans le salon, et un peu gelés, ils se sont endormis comme des masses. Au moins, grâce à la carte du parc national olympique, ils se savent paumés, c’est déjà un progrès.
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Re: Neil Berry
Jeu 6 Oct 2016 - 19:21
Bienvenuuuue !
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
- Yulia Iojov
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