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One day, the shadows will surround us...
Sam 29 Oct 2016 - 15:07
En quittant la voiture de Lex, Emy s'était mis en marche automatique. Elle avait croisé bien des regards pourtant, sans les voir. C'était comme si elle était coincée dans un monde abstrait, à tenter de survivre à ce qu'elle avait pu voir. Depuis longtemps, cette douleur intime et profonde couvait dans son être, et il ne lui fallait pas grand chose pour la raviver. Depuis février, en fin de compte, où elle avait commis le pire. Même si c'était pour sauver sa fille, prouver qu'elle était une bonne mère, qui ferait n'importe quoi pour son enfant. Sauf que l'acte en lui-même l'avait profondément dégoûté d'elle-même. Elle s'était jusqu'ici pensée incapable de retirer une vie, volontairement en tout cas. Son métier et son éducation impliquaient qu'elle fasse tout son possible pour sauver le plus de gens possible.
Mais par deux fois, elle avait pressé la détente pour tuer. Et elle avait détesté ça. Durant les mois qui suivirent la révolte, la blonde avait tout fait pour enfouir ces images atroces au fond de sa tête, et ne jamais, ô grand jamais, les ressortir. Bien sûr, ça avait causé du tort à son couple, à sa famille, à ses amis. Elle s'était renfermée, éloignée, luttant de tout son soul juste pour essayer de survivre à ça, alors qu'il fallait survivre à plus grand. La dépression l'avait regardé de très près, s'attendant à pouvoir l'étreindre. Mais jusqu'ici, la chirurgienne avait réussi à sortir la tête de l'eau, à la garder à la surface, à reprendre son souffle et à continuer à vivre.
Sauf que là, c'était un coup bas. Un coup douloureux, qui lui plongeait à nouveau la tête sous l'eau. Dans un état de sidération sans pareille, elle avançait, couverte de sang jusqu'aux coudes, le T-shirt imbibé d'hémoglobine, pour se rendre jusqu'à sa chambre où elle finirait pas se cacher. Se rouler en boule dans un coin, et attendre que ce sentiment de désespoir la quitte. Elle avait besoin de solitude, de se retrouver elle-même, parce qu'elle était profondément perdue et surtout, incroyablement malheureuse. Plus que tout au monde, elle avait voulu sauver la vie de ce petit garçon, et elle avait lamentablement échoué. Et tout ça était de sa faute. Elle était nulle. Mauvaise. Incapable.
D'elle-même, Emy pensait toutes les pires atrocités qu'elle n'aurait jamais osé adresser à sa pire ennemie. La force de cette femme, et sans doute sa naïveté la plus grande, était de voir en chacun le meilleur, et de toujours chercher à l'exploiter. Mais Emy ne faisait plus rien de bien, elle avait l'intime conviction d'être un déchet, une moins que rien, de ne mériter ni l'amour de ses proches, ni la considération de ses amis. Ce monde ne valait pas le coup, elle encore moins. Alors à quoi bon. Posant sa main sur la poignée de la porte, elle rentra dans la chambre d'une démarche traînante, comme si personne n'habitait sa chaire.
Et elle releva finalement les yeux, pour croiser le regard de son mari. Un regard qu'elle connaissait si bien, mais qui ne lui inspirait rien du tout pour l'instant. Elle resta coite un long moment, alors qu'il lui sembla que Kendale la tenait par les épaules pour savoir si elle était blessée, si elle avait un problème, pour comprendre. « Pas mon sang... » Fut la seule chose qu'elle réussit à articuler à son époux, et qui suffisait bien à lui expliquer qu'elle n'était pas prête à en parler. Elle ne se sentait pas méritante pour lui parler, encore moins pour recevoir sa compassion et tout le reste. Elle avait laissé filé la vie d'un enfant, quel genre de monstre était-elle ?
Celui de la pire espère. Emy en était convaincue. Elle resta plantée un long moment face à son mari, le regard vide, la voix monotone, incapable d'articuler, d'essayer, seulement essayer. Elle était couverte de sang. Et même si ça n'allait pas, là, elle savait que si elle ne faisait pas quelque chose, le moindre courant d'air finirait pas l'emporter. « J'ai besoin que tu me sers. Le plus fort que tu peux. » Murmura-t-elle à Kendale en sentant les larmes lui monter finalement aux yeux. Jusqu'ici, elle n'avait rien ressenti du tout. Et soudainement, les émotions prenaient place dans son corps comme un véritable ras-de-marée.
Mais par deux fois, elle avait pressé la détente pour tuer. Et elle avait détesté ça. Durant les mois qui suivirent la révolte, la blonde avait tout fait pour enfouir ces images atroces au fond de sa tête, et ne jamais, ô grand jamais, les ressortir. Bien sûr, ça avait causé du tort à son couple, à sa famille, à ses amis. Elle s'était renfermée, éloignée, luttant de tout son soul juste pour essayer de survivre à ça, alors qu'il fallait survivre à plus grand. La dépression l'avait regardé de très près, s'attendant à pouvoir l'étreindre. Mais jusqu'ici, la chirurgienne avait réussi à sortir la tête de l'eau, à la garder à la surface, à reprendre son souffle et à continuer à vivre.
Sauf que là, c'était un coup bas. Un coup douloureux, qui lui plongeait à nouveau la tête sous l'eau. Dans un état de sidération sans pareille, elle avançait, couverte de sang jusqu'aux coudes, le T-shirt imbibé d'hémoglobine, pour se rendre jusqu'à sa chambre où elle finirait pas se cacher. Se rouler en boule dans un coin, et attendre que ce sentiment de désespoir la quitte. Elle avait besoin de solitude, de se retrouver elle-même, parce qu'elle était profondément perdue et surtout, incroyablement malheureuse. Plus que tout au monde, elle avait voulu sauver la vie de ce petit garçon, et elle avait lamentablement échoué. Et tout ça était de sa faute. Elle était nulle. Mauvaise. Incapable.
D'elle-même, Emy pensait toutes les pires atrocités qu'elle n'aurait jamais osé adresser à sa pire ennemie. La force de cette femme, et sans doute sa naïveté la plus grande, était de voir en chacun le meilleur, et de toujours chercher à l'exploiter. Mais Emy ne faisait plus rien de bien, elle avait l'intime conviction d'être un déchet, une moins que rien, de ne mériter ni l'amour de ses proches, ni la considération de ses amis. Ce monde ne valait pas le coup, elle encore moins. Alors à quoi bon. Posant sa main sur la poignée de la porte, elle rentra dans la chambre d'une démarche traînante, comme si personne n'habitait sa chaire.
Et elle releva finalement les yeux, pour croiser le regard de son mari. Un regard qu'elle connaissait si bien, mais qui ne lui inspirait rien du tout pour l'instant. Elle resta coite un long moment, alors qu'il lui sembla que Kendale la tenait par les épaules pour savoir si elle était blessée, si elle avait un problème, pour comprendre. « Pas mon sang... » Fut la seule chose qu'elle réussit à articuler à son époux, et qui suffisait bien à lui expliquer qu'elle n'était pas prête à en parler. Elle ne se sentait pas méritante pour lui parler, encore moins pour recevoir sa compassion et tout le reste. Elle avait laissé filé la vie d'un enfant, quel genre de monstre était-elle ?
Celui de la pire espère. Emy en était convaincue. Elle resta plantée un long moment face à son mari, le regard vide, la voix monotone, incapable d'articuler, d'essayer, seulement essayer. Elle était couverte de sang. Et même si ça n'allait pas, là, elle savait que si elle ne faisait pas quelque chose, le moindre courant d'air finirait pas l'emporter. « J'ai besoin que tu me sers. Le plus fort que tu peux. » Murmura-t-elle à Kendale en sentant les larmes lui monter finalement aux yeux. Jusqu'ici, elle n'avait rien ressenti du tout. Et soudainement, les émotions prenaient place dans son corps comme un véritable ras-de-marée.
What a lovely day.
- Maxine E. Reynolds
- Administratrice
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: One day, the shadows will surround us...
Mer 2 Nov 2016 - 9:38
Déjà un moment que j’attends, là, devant cette grille qui nous protège de l’extérieur. Je scrute chaque coin de rue, tentant de repérer le moindre mouvement. Tout est calme, trop calme. J’ai bien essayé de faire comme si de rien n’était mais je n’ai pas réussi, et l’inquiétude ne cesse de croître en moi. Où est-elle ? Pourquoi n’est-elle pas encore rentrée ? Je reste là, immobile, jusqu’à ce qu’une voix ne m’arrache de mes pensées. « Eh mec ! T’inquiètes pas ! Elles ne vont pas tarder. Tu devrais aller faire autre chose pour t’changer les idées… » Je soupire, affichant un air pas franchement ravi. Oh, j’dois tirer la gueule depuis qu’Emy est partie… Et si j’ai dans l’idée de me montrer désagréable contre mon vis-à-vis, je prends sur moi pour rester calme. Il doit avoir raison sûrement… Emerson et Alex vont certainement rentrer dans quelques minutes…
Me contentant d’affirmer ses dires d’un signe de la tête, je m’en vais d’un pas las, grommelant néanmoins. La patience n’a jamais été une de mes grandes qualités, et c’est toujours la même chose dès qu’Emerson part en expédition. Ça ne me plaît pas, vraiment pas. Mais je ne peux pas lui interdire de sortir. Nous avons eu suffisamment de discussion sur le sujet et j’ai dû finir par m’y faire. Vivre avec cette peur qu’il leur arrive quelque chose, à Emy ou à Kaycee, cela fait partie de nos vies à présent. Aussi insupportable que cela puisse être, j’dois faire avec. Tout le monde doit faire avec… Croisant d’autres membres du lycée, je réponds avec peu d’enthousiasme aux paroles qu’ils peuvent avoir à mon égard, les ignorant presque. Je dois vraiment passer pour le pire des cons lorsque je suis d’aussi mauvaise humeur, mais je n’y peux rien. S’il arrivait quelque chose à Emerson, jamais je ne pourrais m’en remettre. Et vu ce qui nous entoure, là dehors, j’ai de bonnes raisons de m’inquiéter non ? Je sais qu’elle sait se débrouiller, je sais qu’elle est forte mais il y a toujours des risques…
Il faut que je m’isole un peu. C’est sûrement ce que j’ai de mieux à faire, si je ne veux pas m’emporter… Je me dirige donc jusqu’à notre chambre, le visage fermé. En tirant la poignée, j’ai bon espoir d’y retrouver Kaycee, histoire que l’on puisse discuter un peu. Malheureusement la chambre est vide. Alors je m’affaire, rangeant un peu, faisant n’importe quoi pour me vider la tête. Mais rien n’y fait. Alors je finis par m’asseoir sur le bord, et j’attends, faisant tout mon possible pour ne pas me ronger les ongles. Les coudes posés sur les cuisses, les paumes de mes mains se rejoignent, puis je viens y poser ma tête, soufflant encore. « T’es qu’un idiot Barnett… Elle va revenir… » Un murmure, presque inaudible…
Puis quelques minutes plus tard, la porte de la chambre s’ouvre. Je me retourne alors, et mon visage se fige. Emerson est bien là, face à moi, mais un détail m’interpelle. Je me lève d’un bond. Pourquoi est-elle recouverte de sang ? De l’inquiétude peut se lire dans mon regard, et je la questionne immédiatement… A qui est tout ce sang ? A qui ? « Tu… Tu es blessée ? Emy ? Réponds-moi ? » Ma femme semble ailleurs, complètement dans un autre monde. Elle finit tout de même par me répondre que ce n’est pas le sien mais cela ne suffit pas à me rassurer. Elle semble préoccupée, complètement abattue pas quelque chose. Je m’approche d’elle, alors qu’elle me demande de la prendre dans mes bras. Alors je m’exécute, sans chercher à comprendre, pas pour l’instant. Elle tremble, et bientôt des sanglots se font entendre. « Chuuuut… Je suis là. Ça va aller… » Je resserre mon étreinte, embrassant doucement son front. Puis tout en la gardant dans mes bras, je lui demande, faisant tout mon possible pour ne pas la brusquer « Qu’est ce qui s’est passé Emy ? Qu’est ce qui y’a ? » Je sais que c’est grave… Je ne supporte pas la voir comme ça, je ne le supporte pas… Je ferme alors les yeux, et je la serre encore plus fort. Je ne pose plus aucune question, je sais qu’elle finira par me parler de ce qui la tourmente… Mais pour l’instant, elle a juste besoin d’être dans mes bras. Ça ira mieux après, enfin, j’espère…
- Kendale J. Barnett
- Survivor
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: One day, the shadows will surround us...
Lun 7 Nov 2016 - 12:59
« Je suis tellement désolée, Kendale... » Dans le creux des bras de son époux, Emy continua à se répandre en excuses un long moment avant de retrouver son souffle. Entre deux sanglots, elle voulait le pardon pour avoir échoué, pour être si inutile sur cette terre. Dire qu'elle s'en voulait était probablement un euphémisme, c'était pire que ça. Elle tremblait, et pleurait, sur l'épaule de son mari sans pouvoir s'arrêter, et elle ne sut sur le moment si elle parviendrait à retrouver son calme. Alors forcément, quand Kendale la serra en lui demandant de lui expliquer ce qu'il s'était passé, ses larmes redoublèrent. Elle fut incapable d'articuler, se contentant de fondre un peu plus, se laissant presque totalement soutenir par l'homme qu'elle aimait plus que tout au monde. Il était là oui. Il lui répétait pour qu'elle le sache, mais pour combien de temps ? C'était ça qui lui faisait peur. Pour combien de temps aurait-elle la chance d'être aimé par son mari ? Pour combien de temps Kaycee serait toujours son adorable petite fille ? Est-ce que ça changerait un jour ?
Sa vie d'avant lui manquait. Elle n'était pas taillée pour les horreurs qu'elle vivait aujourd'hui. Elle n'était pas faite pour ce monde si hostile, si dur, si froid. Elle avait besoin d'espoir, de vie, d'amour, elle ne jurait que par tout ça, et ça s'était effondré. Il n'y avait plus que mort et désolation autour d'eux. Alors comment faire ? Il lui fallut un long moment avant de réussir à se calmer. Une heure peut-être ? Elle ne sut le dire. Ils se retrouvèrent tous les deux allongés sur leurs matelas, installés l'un contre l'autre, Kendale lui caressait doucement les cheveux pour l'apaiser, et ce fut la seule chose qui réussit vraiment à tarir le flot de larmes qu'elle avait fait couler aujourd'hui. Emy fixait le vide, écoutant juste les battements réguliers et puissants du cœur de son mari, avec une fascination certaine. Ça pulsait encore là-dessous, et c'était bien la seule chose qui importait à la blonde ; il était là, lui.
« Il y avait un petit garçon dehors. » Murmura-t-elle à Kendale d'une voix blanche, sans le regarder. Là, elle allait commencer à lui raconter le cauchemar qu'elle avait vécu, ce qu'elle n'avait pas pu changer. « On s'est rendu dans un centre commercial avec Lex, pour voir ce qu'il y avait. Mais la grande surface était prise par les rôdeurs, il y en avait tellement, tu n'imagines pas... » Rien qu'en le disant, sa voix s'étrangla sensiblement dans sa gorge. Elle les revoyait, tous, titubant entre les allées, sans but, attendant probablement quelque chose. Et les grognements, les souffles longs et tout le reste. Emy ferma les yeux pour faire partir ces images de toutes ses forces, avant de reprendre : « Au milieu des morts, j'ai vu une petite silhouette aller se cacher. C'était ce garçon... Il était vivant au milieu de tous, essayant de récupérer des provisions et... »
Elle s'interrompit en essayant de rassembler désormais son courage, du mieux qu'elle le put. « Les choses se sont précipitées, je ne sais pas trop comment. Lex a essayé de le récupérer, mais... ça ne s'est pas bien passé. On s'est retrouvés séparé, le garçon a réussi à s'enfuir. Avec Lex, on s'est dit qu'il fallait le retrouver, le ramener ici, pour qu'il soit à l'abri... » Dans ce petit garçon, elle ne put s'empêcher de voir sa petite fille. Kaycee. Ça aurait pu être elle, toute seule, dehors. A risquer sa vie pour se nourrir, sans y parvenir pour autant. Peut-être qu'un jour, ça pourrait lui arriver, ça. Peut-être qu'un jour, elle se retrouverait toute seule à l'extérieur, sans personne pour l'aider. Sans parent pour la sauver. « Il avait réussi à s'échapper mais dehors, des rôdeurs l'ont... » Elle cacha son visage comme elle le put, et avoua finalement à Kendale : « J'ai rien pu faire Kendale. »
C'était horrible. Elle avait sentit son petit cœur tout frêle cesser progressivement de battre. Elle avait sentit chaque pulsation se faire de plus en plus faibles, diffuses, éloignées,... Chacune d'entre elles. Le mener définitivement vers la fin. Pour une femme comme elle, c'était tout simplement insupportable.
Sa vie d'avant lui manquait. Elle n'était pas taillée pour les horreurs qu'elle vivait aujourd'hui. Elle n'était pas faite pour ce monde si hostile, si dur, si froid. Elle avait besoin d'espoir, de vie, d'amour, elle ne jurait que par tout ça, et ça s'était effondré. Il n'y avait plus que mort et désolation autour d'eux. Alors comment faire ? Il lui fallut un long moment avant de réussir à se calmer. Une heure peut-être ? Elle ne sut le dire. Ils se retrouvèrent tous les deux allongés sur leurs matelas, installés l'un contre l'autre, Kendale lui caressait doucement les cheveux pour l'apaiser, et ce fut la seule chose qui réussit vraiment à tarir le flot de larmes qu'elle avait fait couler aujourd'hui. Emy fixait le vide, écoutant juste les battements réguliers et puissants du cœur de son mari, avec une fascination certaine. Ça pulsait encore là-dessous, et c'était bien la seule chose qui importait à la blonde ; il était là, lui.
« Il y avait un petit garçon dehors. » Murmura-t-elle à Kendale d'une voix blanche, sans le regarder. Là, elle allait commencer à lui raconter le cauchemar qu'elle avait vécu, ce qu'elle n'avait pas pu changer. « On s'est rendu dans un centre commercial avec Lex, pour voir ce qu'il y avait. Mais la grande surface était prise par les rôdeurs, il y en avait tellement, tu n'imagines pas... » Rien qu'en le disant, sa voix s'étrangla sensiblement dans sa gorge. Elle les revoyait, tous, titubant entre les allées, sans but, attendant probablement quelque chose. Et les grognements, les souffles longs et tout le reste. Emy ferma les yeux pour faire partir ces images de toutes ses forces, avant de reprendre : « Au milieu des morts, j'ai vu une petite silhouette aller se cacher. C'était ce garçon... Il était vivant au milieu de tous, essayant de récupérer des provisions et... »
Elle s'interrompit en essayant de rassembler désormais son courage, du mieux qu'elle le put. « Les choses se sont précipitées, je ne sais pas trop comment. Lex a essayé de le récupérer, mais... ça ne s'est pas bien passé. On s'est retrouvés séparé, le garçon a réussi à s'enfuir. Avec Lex, on s'est dit qu'il fallait le retrouver, le ramener ici, pour qu'il soit à l'abri... » Dans ce petit garçon, elle ne put s'empêcher de voir sa petite fille. Kaycee. Ça aurait pu être elle, toute seule, dehors. A risquer sa vie pour se nourrir, sans y parvenir pour autant. Peut-être qu'un jour, ça pourrait lui arriver, ça. Peut-être qu'un jour, elle se retrouverait toute seule à l'extérieur, sans personne pour l'aider. Sans parent pour la sauver. « Il avait réussi à s'échapper mais dehors, des rôdeurs l'ont... » Elle cacha son visage comme elle le put, et avoua finalement à Kendale : « J'ai rien pu faire Kendale. »
C'était horrible. Elle avait sentit son petit cœur tout frêle cesser progressivement de battre. Elle avait sentit chaque pulsation se faire de plus en plus faibles, diffuses, éloignées,... Chacune d'entre elles. Le mener définitivement vers la fin. Pour une femme comme elle, c'était tout simplement insupportable.
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- Maxine E. Reynolds
- Administratrice
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- Feuille de personnage
Re: One day, the shadows will surround us...
Dim 20 Nov 2016 - 22:57
Emerson tremble tout contre moi. J’essaye de la faire parler, je veux qu’elle m’explique pourquoi elle est dans cet état. Mais je ne fais qu’empirer les choses. Mon cœur se serre, me sentant terriblement coupable de ne pas réussir à calmer ses maux et ses larmes. Je reste là, avec elle, la serrant aussi fort que je peux mais rien n’y fait. Les minutes défilent, les heures passent et je fais tout mon possible pour apaiser ses sanglots qui me bouleversent. Allongés sur le lit, je tiens Emy contre moi, laissant une main caresser ses cheveux. Attendre qu’elle se calme, il n’y a que ça que je peux faire. Ça me tue de la voir aussi triste mais je n’ai pas le choix, je sais qu’elle finira par tout me dire. Comme à chaque fois. Mais là, le temps me semble horriblement long. Qu’importe, je resterai là toute la nuit s’il le faut. Je ne peux pas la laisser comme ça, non.
Sa voix vient alors mettre un terme à ce silence insoutenable. Elle résonne à peine dans notre chambre et je sais déjà que ça va être un moment difficile à passer. Je le sens, rien qu’au son de sa voix. Déchirante. J’écoute, silencieux. Je prends sa main, je la sers de plus en plus, en espérant que ça lui donne la force de me parler, de tout me raconter. C’est ce qu’elle fait d’ailleurs. Malheureusement, les mots qui suivent sont insupportables, et je comprends très vite l’horreur qu’elle a traversé. Je reste impassible, ne faisant qu’écouter ses paroles emplies de sanglots. Je sais alors ce qu’Emerson ressent à cet instant, je l’entends dans sa voix. Et cette façon qu’elle a, de cacher son visage. Elle s’en veut. Je la connais par cœur et je sais qu’elle se sent coupable de ne pas avoir pu quelque chose pour ce petit garçon.
Je soupire doucement, me redressant sur le lit je la prends dans mes bras. Je la berce un instant, fermant les yeux quelques secondes. « Emy… » Je chuchote, je ne veux pas la brusquer. Mes mains se glissent sur ses joues, encadrant son visage, et avec la plus grande douceur je relève son visage pour planter mon regard dans le sien. J’embrasse son front avant de venir y poser le mien. Refermant les yeux un instant, je les rouvre finalement pour essayer une de ses larmes du bout de mon pouce. « Tu ne dois pas t’en vouloir. Tu as fait ce que tu as pu. Je sais que c’est difficile, que c’est injuste. Mais tu ne dois pas te sentir coupable… » Je sais que ça ne suffira pas, mais je veux qu’elle l’entende. Elle ne doit pas s’en vouloir. « Il avait été mordu, c’était trop tard… » Je me rends compte que mes mots sont sûrement un peu trop directs mais ai-je le choix ? Je ne fais que dire la vérité, je sais que ce sera certainement difficile à entendre mais je ne peux faire autrement. « Ecoute Emy. Je sais que tu as tout essayé pour le sauver, je te connais. Je sais que tu n’as rien lâché, que tu as tout fait pour qu’il survive, mais c’était impossible. Il aurait fini par mourir, il aurait certainement souffert encore plus. Je sais que c’est horrible, c’était un enfant, mais c’est comme ça… » Je parle d’une voix calme, posée. Il faut qu’elle comprenne… Qu’elle arrête de s’en vouloir. Mais ai-je les mots justes ? « Quand je me suis battu contre les hommes de Moore… Y’avait ce p’tit gars, Matthew. Il devait avoir à peine vingt ans. Il n’avait jamais tenu une arme entre ses mains mais il était là, face à moi. Je lui ai promis que tout irait bien, qu’on allait réussir. On a réussi oui… Mais il est mort, par ma faute. En entrant dans une des salles de classe, y’avait un gars planqué dans un coin. Il a failli m’avoir mais Matthew a essayé de le désarmer. Il m’a sauvé. J’ai voulu descendre l’autre type mais c’est Matthew que j’ai touché. Il est tombé, mort. » Je ne lui avais jamais parlé de tout ça. Parce que je ne voulais pas qu’elle sache ce que j’avais fait. Je soupire alors, c’est difficile d’évoquer tout cela mais je n’ai pas le choix. « Tu sais… Il n’y a pas un jour où je ne pense pas à ce gamin. Pas un jour où je vois son visage. Je m’en suis voulu, tu sais. Beaucoup. Mais qu’aurais-je pu faire de plus ? » Je serre encore un peu plus sa main, alors que de nouveau le silence s’installe autour de nous.
« On aimerait tous que ça se passe autrement. Depuis qu’on est y ici, il s’est passé tellement de choses injustes, tellement de choses horribles… On ne peut pas tout contrôler. C’est impossible. Ni toi. Ni moi. Non. Nous ne sommes jamais sûrs que ce que nous faisons va réussir, si nous allons nous en sortir… Tu n’as pas échoué Emy. Tu ne pouvais rien pour lui… » Je la serre alors dans mes bras, aussi fort que je peux. Je lui donne toute la force que je peux, du moins j’essaye.
- Kendale J. Barnett
- Survivor
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: One day, the shadows will surround us...
Sam 26 Nov 2016 - 13:43
Kendale avait raison, et les mots dits d'une voix si douce pour la rassurer, firent cesser ses sanglots. Elle ne pleurait plus, regardant son époux droit dans les yeux, alors qu'il lui répétait qu'elle ne pouvait rien y faire, qu'il avait été mordu, qu'à partir de là elle était juste totalement impuissante vis-à-vis de tout ça. Et c'était absolument déroutant, assommant, pour une femme comme elle qui donnait tout et plus encore juste pour la survie des siens. Il lui demandait de renoncer, et c'était au-dessus de ses forces. Pourtant, là, elle n'avait plus rien à offrir tant elle se sentait vide à l'intérieur, comme si cette existence était en train de l'user profondément. Elle se croyait forte, mais affaiblie par la dépression qu'elle ressentait depuis la révolte de février, plus les horreurs qu'elle devait affronter jour après jour...
La blonde eut du mal à avaler. Elle réalisa que depuis tout ce temps, elle était en marche forcée. Elle avait vu tellement d'atrocités. La mort de Carter en premier lieu, après les mois de harcèlement psychologique qu'elle avait éprouvé loin de sa famille. Tout ça a cause d'une maladie... Une putain de maladie. Emy n'était pas vulgaire, jamais un mot plus haut que l'autre. Mais là, elle avait un torrent d'injures pour parler des conséquences de cette pandémie. « Il nous faut un vaccin... » Murmura-t-elle finalement en fixant son homme, sans être capable d'expliquer d'où ça lui venait. Bien sûr qu'il fallait un vaccin, une solution, contre ce mal indicible qui les bouleversait profondément depuis.
Ça n'était peut-être que des mots, lancé à la va vite. Peut-être. Emy ne savait pas ce qu'elle pourrait faire de ça, en attendant... Elle fut de toute façon coupée dans ses pensées quand Kendale lui raconta une histoire. Une tragédie. Se déroulant durant le pire jour de sa vie, de leurs vies... Elle sentit les larmes lui remonter aux yeux, mais fit tout pour se contenir. Passant la main sur la joue de son homme pour le rassurer comme elle le pouvait, à sa manière, elle vint déposer un léger baiser sur ses lèvres. Un baiser mouillé, il fallait le dire, vu les larmes qu'elle avait versé un peu avant, et l'ambiance si pesante qu'il y avait autour d'eux. Pourtant à cet instant, elle était en sécurité dans les bras du seul homme qui l'avait un jour rendu heureuse.
« Kendale, je- » Commença-t-elle d'une voix éteinte avant de s'interrompre. Elle n'avait aucune foutue idée de ce qu'elle devait dire à cet instant. Devait-elle le rassurer ? Lui dire que ça n'était pas de sa faute ? Parce que c'était évident, c'était un accident. Un accident avec lequel il devait vivre jusqu'à la fin de ses jours, sans savoir quand la fin de ses jours arriveraient. Peut-être plus tôt que prévu. Kendale avait déjà du affronter la mort de Sean, des temps sombres pour eux, dans leur couple. Elle se souvenait des disputes et de la douleur, tout ça lui semblait si loin aujourd'hui et si... anodin. « Je ne sais pas quoi dire... » Confia-t-elle à son mari.
Là encore elle se sentait terriblement impuissante. Venant un peu mieux se blottir tout contre lui, elle passa ses doigts dans sa barbe naissante, qu'il tâchait d'entretenir comme il pouvait pourtant. Quand ils étaient encore tout jeune couple, ils en passaient du temps, allongé l'un à côté de l'autre, à refaire le monde. Un temps révolu. « Cette révolte a été un cauchemar, Kendale... » Lui fit Emy avec une voix blanche, qui tentait de cacher ses émotions. Elle avait caché son aigreur pendant un long moment, avant que ça ne soit plus possible du tout. Quand elle ne pouvait plus s'empêcher de pleurer devant son mari, en tentant de rester la plus courageuse possible.
Mais systématiquement, elle se revoyait abattre deux hommes, méthodiquement, mécaniquement. Et elle savait que si elle avait échoué, Kendale aurait récupéré les corps de sa fille et de sa femme, dans une marre de sang, probablement transformés au passage. « Je suis tellement désolée que tu ais été obligé de faire ça. » Fit-elle à l'homme en embrassant ses lèvres à nouveau. Elle renifla, venant éponger ses larmes avec les manches de son vêtement. « Je déteste notre vie depuis que tout ça a commencé. Mais je me hais encore plus depuis la révolte, c'est... Je hais ce lycée, je hais le gymnase,... Je revois sans arrêt les scènes là-bas. »
Sa voix s'étrangla dans sa gorge. Elle était assommée par le fait que son mari ait pu faire ça sans le vouloir. Kendale était un homme trop bon, qui avait déjà trop souffert de tout ça. Elle était aigre à l'idée d'être obligé de poursuivre ainsi. Emy n'était pas faite pour ce monde, décidément. « Je hais cette vie parce qu'à la moindre de nos actions peut tout faire basculer. Ce n'est jamais anodin, c'est nos amis qui peuvent mourir. » C'était eux qui pouvaient mourir aussi. Et ça... C'était pire que tout. « Je ne sais plus quoi faire... » Avoua-t-elle.
La blonde eut du mal à avaler. Elle réalisa que depuis tout ce temps, elle était en marche forcée. Elle avait vu tellement d'atrocités. La mort de Carter en premier lieu, après les mois de harcèlement psychologique qu'elle avait éprouvé loin de sa famille. Tout ça a cause d'une maladie... Une putain de maladie. Emy n'était pas vulgaire, jamais un mot plus haut que l'autre. Mais là, elle avait un torrent d'injures pour parler des conséquences de cette pandémie. « Il nous faut un vaccin... » Murmura-t-elle finalement en fixant son homme, sans être capable d'expliquer d'où ça lui venait. Bien sûr qu'il fallait un vaccin, une solution, contre ce mal indicible qui les bouleversait profondément depuis.
Ça n'était peut-être que des mots, lancé à la va vite. Peut-être. Emy ne savait pas ce qu'elle pourrait faire de ça, en attendant... Elle fut de toute façon coupée dans ses pensées quand Kendale lui raconta une histoire. Une tragédie. Se déroulant durant le pire jour de sa vie, de leurs vies... Elle sentit les larmes lui remonter aux yeux, mais fit tout pour se contenir. Passant la main sur la joue de son homme pour le rassurer comme elle le pouvait, à sa manière, elle vint déposer un léger baiser sur ses lèvres. Un baiser mouillé, il fallait le dire, vu les larmes qu'elle avait versé un peu avant, et l'ambiance si pesante qu'il y avait autour d'eux. Pourtant à cet instant, elle était en sécurité dans les bras du seul homme qui l'avait un jour rendu heureuse.
« Kendale, je- » Commença-t-elle d'une voix éteinte avant de s'interrompre. Elle n'avait aucune foutue idée de ce qu'elle devait dire à cet instant. Devait-elle le rassurer ? Lui dire que ça n'était pas de sa faute ? Parce que c'était évident, c'était un accident. Un accident avec lequel il devait vivre jusqu'à la fin de ses jours, sans savoir quand la fin de ses jours arriveraient. Peut-être plus tôt que prévu. Kendale avait déjà du affronter la mort de Sean, des temps sombres pour eux, dans leur couple. Elle se souvenait des disputes et de la douleur, tout ça lui semblait si loin aujourd'hui et si... anodin. « Je ne sais pas quoi dire... » Confia-t-elle à son mari.
Là encore elle se sentait terriblement impuissante. Venant un peu mieux se blottir tout contre lui, elle passa ses doigts dans sa barbe naissante, qu'il tâchait d'entretenir comme il pouvait pourtant. Quand ils étaient encore tout jeune couple, ils en passaient du temps, allongé l'un à côté de l'autre, à refaire le monde. Un temps révolu. « Cette révolte a été un cauchemar, Kendale... » Lui fit Emy avec une voix blanche, qui tentait de cacher ses émotions. Elle avait caché son aigreur pendant un long moment, avant que ça ne soit plus possible du tout. Quand elle ne pouvait plus s'empêcher de pleurer devant son mari, en tentant de rester la plus courageuse possible.
Mais systématiquement, elle se revoyait abattre deux hommes, méthodiquement, mécaniquement. Et elle savait que si elle avait échoué, Kendale aurait récupéré les corps de sa fille et de sa femme, dans une marre de sang, probablement transformés au passage. « Je suis tellement désolée que tu ais été obligé de faire ça. » Fit-elle à l'homme en embrassant ses lèvres à nouveau. Elle renifla, venant éponger ses larmes avec les manches de son vêtement. « Je déteste notre vie depuis que tout ça a commencé. Mais je me hais encore plus depuis la révolte, c'est... Je hais ce lycée, je hais le gymnase,... Je revois sans arrêt les scènes là-bas. »
Sa voix s'étrangla dans sa gorge. Elle était assommée par le fait que son mari ait pu faire ça sans le vouloir. Kendale était un homme trop bon, qui avait déjà trop souffert de tout ça. Elle était aigre à l'idée d'être obligé de poursuivre ainsi. Emy n'était pas faite pour ce monde, décidément. « Je hais cette vie parce qu'à la moindre de nos actions peut tout faire basculer. Ce n'est jamais anodin, c'est nos amis qui peuvent mourir. » C'était eux qui pouvaient mourir aussi. Et ça... C'était pire que tout. « Je ne sais plus quoi faire... » Avoua-t-elle.
What a lovely day.
- Maxine E. Reynolds
- Administratrice
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: One day, the shadows will surround us...
Jeu 29 Déc 2016 - 17:24
J’ai parlé le plus calmement possible, tentant par tous les moyens de ne pas flancher. Ma voix a sûrement tremblé par moment mais j’ai raconté cette histoire à Emerson, jusqu’au bout. Et maintenant que c’est fait, je me dis que j’aurais dû lui confier tout cela depuis bien longtemps. D’un coup, je me sens mieux, comme si toute cette peine que je ressentais jusque-là semble peser un peu moins lourd sur mes épaules. Malheureusement je remarque très vite que mes mots la bouleversent, son regard se remplit de larmes et elle vient poser sa main sur ma joue. Puis elle s’approche, venant déposer ses lèvres sur les miennes. Mes paupières sont closes. Je resserre alors notre étreinte, refermant mes bras autour d’elle. La voix d’Emerson se fait entendre de nouveau, quelques mots qu’elle peine à souffler. Je rouvre les yeux, plongeant alors mon regard dans le sien. Je vois bien que ce que je viens de lui confier l’a troublé, elle finit d’ailleurs par me confier qu’elle ne sait pas quoi me dire. Cela n’a pas d’importance. Tout ce dont j’ai besoin c’est d’être avec elle, de la sentir contre moi. D’ailleurs elle finit par se blottir dans mes bras, sa main toujours sur ma joue.
Puis elle se mit à parler, évoquant cette révolte dont ils avaient tous souffert quelques mois plus tôt. Un cauchemar, oui. Tellement de pauvres gens tués, de familles brisées. Nous avons eu beaucoup de chance mais à quel prix ? Je vois bien que tout cela a complètement traumatisé Emerson. Alors quand elle se dit désolée de ce qui m’est arrivé, de ce que j’ai fait. Je me sens coupable, terriblement coupable. D’autant plus quand elle se remet à parler. Je comprends alors qu’elle est bien plus mal en point que je ne le pensais. Ses mots me glacent le sang, je prends un sacré coup dans la gueule. Une fois encore, des larmes coulent le long de ses joues et je ne sais plus quoi faire pour la réconforter, incapable de lui dire quoi que ce soit.
Elle continue de parler, et je m’en veux de ne pas avoir remarqué tout ça, de ne pas avoir été là pour elle. Je sais qu’elle n’a jamais vraiment aimé être ici, au lycée, mais je ne pensais pas qu’elle le détestait à ce point. Elle en a assez de cette vie, de cette épée de Damoclès qui nous menace à chaque instant, nous ou nos amis. Malheureusement, je ne peux pas lui promettre que tout finira par s’arranger. Prenant sa main dans la mienne, je finis par souffler. « Emy… » Je veux qu’elle m’écoute, qu’elle entende ce que j’ai à lui dire. « C’est moi qui suis désolé. Je… Je savais que tu avais du mal à vivre ici. Mais je n’avais pas conscience de tout ça. Je suis désolé. J’aurais dû voir tout ça. On aurait dû parler de tout ça avant… » Je soupire, avant de venir essuyer une de ses joues humides du bout des doigts. « Moi aussi, je préférerais être ailleurs… Reprendre notre vie d’avant, entendre de nouveaux vos rires à la maison… » Te voir sourire… « Je n’aime pas cette vie, Emerson. Même si des fois tu as l’impression que j’arrive à m’y faire… Mais ce n’est pas le cas. C’est juste, qu’on… On n’a pas le choix. »
Mes doigts viennent caresser le dos de sa main, mon regard ne quitte plus le sien. Il faut qu’elle comprenne qu’elle ne doit pas s’en vouloir de toutes les mauvaises choses qu’elle a pu faire. « Emy… Tu ne dois pas te détester pour ce que tu as fait. Ce n’est pas simple, je sais… Mais tu n’avais pas le choix. J’aimerais te dire que tu n’auras pas à le refaire, mais… Je te mentirais, si je te disais ça. On ne sait pas ce qui nous attend, ni ce qu’on sera obligé de faire. On… On doit simplement se contenter de faire notre maximum pour survivre… Rester… Rester tous les trois… » J’aimerais lui promettre tant de choses mais je ne peux pas. Tout ce que je peux faire, à cet instant, c’est être à ses côtés et essayer de la réconforter comme je peux. Malheureusement, je sais que mes mots ne suffiront peut-être pas à lui redonner le sourire, à la rassurer.
« Je t’aime, Emerson. »
- Kendale J. Barnett
- Survivor
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: One day, the shadows will surround us...
Mer 18 Jan 2017 - 12:39
Les lèvres d'Emerson tremblèrent encore sous le poids du chagrin. En écoutant son mari parler à nouveau, lui expliquer à quel point il était désolé de ne pas avoir vu sa détresse avant ça, la petite blonde ne sut trop quoi lui répondre, mais elle sentit le poids de l'émotion l'écraser encore. Elle fut trahie par tout ça quand ses yeux s'embuèrent à nouveau devant l'inévitable horreur qui s'abattait sur cette vie, et de voir à quel point ils étaient impuissants devant tout ça. Même les mots de son mari, qui se voulait rassurant, fort, pourtant, ne réussirent pas à lui retirer le poids mort qu'elle avait sur la poitrine et qui l'étouffait progressivement un peu plus.
Elle sanglota. Et crut sur l'instant ne plus jamais être capable de rire ou de sourire simplement. Mais sur le moment, elle comprit également que si elle se raccrochait à cet enfer, c'était seulement pour deux personnes. Pour Kendale, mais surtout pour Kaycee. Si elle était encore vivante, et presque debout pour supporter le pire qui était devenu leur quotidien, c'était pour cette famille qu'elle avait construit à la force de ses petits bras, et avec l'aide d'un homme qu'elle aimait d'une passion dévorante.
Mais si cette passion était si dévorante, alors elle finirait par la bouffer aussi à petit feu, et à faire d'elle une loque. Un rôdeur. Comme ces créatures qui vivaient à l'extérieur. Comme ces monstres qui lui faisaient incroyablement peur. Ça faisait des semaines, des mois, qu'elle avait l'impression de se laisser mourir à petit feu, alors que vivre était tout ce qui devait compter. Mais par pour Emy. Pas après tout ça. Vivre, survivre, ne POUVAIT pas, pour elle, être le seul intérêt de cette vie incroyablement sinistre. Ça ne DEVAIT pas être possible. Elle ne voulait pas dire à sa fille que, qu'importait ses scrupules, sa conscience, sa culpabilité, tant qu'elle était vivante, plus rien n'avait de sens, de but, d'intérêt.
C'était un discours trop creux, et trop vide. Même si dans les faits, si. A partir du moment où Kaycee vivait, alors pour Emy, le reste n'était que totalement secondaire, accessoire, voire illusoire. Il n'y avait que sa fille, la chaire de sa chaire, qui avait grâce à ses yeux. Mais s'imaginer tenir ce discours lui donnait envie de mourir et de s'arracher la langue, tout comme ça augmentait ce besoin pressant et urgent de se faire du mal pour évacuer toutes ces horreurs. Toutes ces pensées malsaines, toutes ces angoisses, tout... Simplement tout.
« Je t'aime, Kendale. » Lui souffla-t-elle. Ça n'était QUE la vérité. Rien que ça. Nue, crue, aussi indécente que possible. Simplement ça.
Et sur le moment, elle se demanda si c'était le moment de le dire à Kendale. De lui confier à quel point elle était la pire des ordures sur terre, la traitresse qu'elle avait l'impression d'être depuis la révolte. Elle qui s'était jurée de sauver des vies en avait pris deux de sang froid. Et elle savait que si c'était à refaire, elle ne changerait probablement rien à sa démarche pour sauver sa fille. S'enfermer dans l'infirmerie était peut-être son seul moyen de s'éviter de revoir sans arrêt les mêmes scènes tragiques, ce moment indiscutable ou elle avait pressé sèchement la détente, estimant qu'ils ne valaient rien.
« J'ai tué deux hommes. » Murmura-t-elle à Kendale. « Quand ils sont rentrés dans le gymnase en tirant sur tout le monde, Meg a été touché, et je me suis cachée avec elle et Kaycee pour leur échapper. Mais... Meg perdait trop de sang, et ta fille a été comme toi. Extrêmement forte et courageuse. » Dans sa voix, il y avait de la fierté à savoir que sa chère petite tête blonde n'avait pas eu peur de se mettre en danger pour sauver une amie. « Elle a trouvé une arme. Elle me l'a ramené, pour que je nous protège. Je crois que c'est ce que j'ai fait. Mais tout était si froid, si urgent, si... » Elle eut l'impression d'avoir la bile aux bords des lèvres. « Même si c'était pour la protéger, je ne suis pas sûre que ça soit excusable. »
Elle sanglota. Et crut sur l'instant ne plus jamais être capable de rire ou de sourire simplement. Mais sur le moment, elle comprit également que si elle se raccrochait à cet enfer, c'était seulement pour deux personnes. Pour Kendale, mais surtout pour Kaycee. Si elle était encore vivante, et presque debout pour supporter le pire qui était devenu leur quotidien, c'était pour cette famille qu'elle avait construit à la force de ses petits bras, et avec l'aide d'un homme qu'elle aimait d'une passion dévorante.
Mais si cette passion était si dévorante, alors elle finirait par la bouffer aussi à petit feu, et à faire d'elle une loque. Un rôdeur. Comme ces créatures qui vivaient à l'extérieur. Comme ces monstres qui lui faisaient incroyablement peur. Ça faisait des semaines, des mois, qu'elle avait l'impression de se laisser mourir à petit feu, alors que vivre était tout ce qui devait compter. Mais par pour Emy. Pas après tout ça. Vivre, survivre, ne POUVAIT pas, pour elle, être le seul intérêt de cette vie incroyablement sinistre. Ça ne DEVAIT pas être possible. Elle ne voulait pas dire à sa fille que, qu'importait ses scrupules, sa conscience, sa culpabilité, tant qu'elle était vivante, plus rien n'avait de sens, de but, d'intérêt.
C'était un discours trop creux, et trop vide. Même si dans les faits, si. A partir du moment où Kaycee vivait, alors pour Emy, le reste n'était que totalement secondaire, accessoire, voire illusoire. Il n'y avait que sa fille, la chaire de sa chaire, qui avait grâce à ses yeux. Mais s'imaginer tenir ce discours lui donnait envie de mourir et de s'arracher la langue, tout comme ça augmentait ce besoin pressant et urgent de se faire du mal pour évacuer toutes ces horreurs. Toutes ces pensées malsaines, toutes ces angoisses, tout... Simplement tout.
« Je t'aime, Kendale. » Lui souffla-t-elle. Ça n'était QUE la vérité. Rien que ça. Nue, crue, aussi indécente que possible. Simplement ça.
Et sur le moment, elle se demanda si c'était le moment de le dire à Kendale. De lui confier à quel point elle était la pire des ordures sur terre, la traitresse qu'elle avait l'impression d'être depuis la révolte. Elle qui s'était jurée de sauver des vies en avait pris deux de sang froid. Et elle savait que si c'était à refaire, elle ne changerait probablement rien à sa démarche pour sauver sa fille. S'enfermer dans l'infirmerie était peut-être son seul moyen de s'éviter de revoir sans arrêt les mêmes scènes tragiques, ce moment indiscutable ou elle avait pressé sèchement la détente, estimant qu'ils ne valaient rien.
« J'ai tué deux hommes. » Murmura-t-elle à Kendale. « Quand ils sont rentrés dans le gymnase en tirant sur tout le monde, Meg a été touché, et je me suis cachée avec elle et Kaycee pour leur échapper. Mais... Meg perdait trop de sang, et ta fille a été comme toi. Extrêmement forte et courageuse. » Dans sa voix, il y avait de la fierté à savoir que sa chère petite tête blonde n'avait pas eu peur de se mettre en danger pour sauver une amie. « Elle a trouvé une arme. Elle me l'a ramené, pour que je nous protège. Je crois que c'est ce que j'ai fait. Mais tout était si froid, si urgent, si... » Elle eut l'impression d'avoir la bile aux bords des lèvres. « Même si c'était pour la protéger, je ne suis pas sûre que ça soit excusable. »
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