Je tiens Emerson dans mes bras, je la serre fortement contre moi, aussi fort que je peux. Je fais tout mon possible pour la calmer, pour apaiser sa peine et ses larmes. Mais ni mes paroles, ni ma présence tout contre elle ne semble la rassurer. Ses lèvres tremblent, et viennent une fois encore les sanglots. Ses joues s’inondent d’un flot humide que je viens essuyer du bout de mon pouce. La voir dans un état pareil me bouleverse. Je ne sais plus quoi faire. Que dois-je faire ? Je tente de trouver des réponses dans ses yeux larmoyants, mais je ne peux que la serrer encore plus fort alors qu’elle me dit à son tour qu’elle m’aime. Je pose alors mon front contre le sien et je ferme les yeux, malheureux de la voir ainsi.

J’aimerais calmer ses craintes, ses peurs, balayer ces démons qui la hantent… Mais je reste face à elle, totalement impuissant, incapable de trouver une solution pour lui redonner le sourire. Depuis combien de temps ne l’ai-je pas vu ce sourire si magnifique ? Beaucoup trop longtemps. Putain d’épidémie. Putain de rôdeurs. Putain de lycée. Putain de vie. Comment faire pour la rendre heureuse à nouveau ? Il faut que je trouve un moyen, pourtant ? Je ne peux pas la laisser souffrir comme ça. Je soupire doucement, en colère après ce monde parti en vrille, après moi-même aussi.

Puis sa voix résonne de nouveau, dans un murmure. Mes paupières se rouvrent, et alors qu’elle me raconte un nouveau récit de ce qu’elle a dû supporter durant la révolte, mon regard se remplit de peine. Emerson a toujours été une personne admirable, généreuse, dévouée et passionnée pour son métier. Sûrement plus que moi. Sauver des vies, c’étaient ce qu’elle faisait de mieux. Et je sais qu’abattre ces deux hommes n’a pas dû être simple. Mais il faut qu’elle comprenne… Il faut qu’elle prenne conscience que maintenant, elle devra encore le faire. Peut-être. J’aimerais tant que ce ne soit pas le cas, mais j’en doute. « Schhht… » Doucement je me rallonge, gardant Emerson contre moi. Laissant une de mes mains caresser ses cheveux, je ne quitte pas ses yeux. Puis je finis par lui souffler. « Toi aussi tu as été forte et courageuse Emy. Si tu n’avais pas tiré ce jour-là… Tu… Tu ne serais sûrement pas là aujourd’hui. Ils n’auraient pas hésité à t’abattre. Toi. Et Kaycee aussi. Tu as fait ce qu’il fallait faire. Tu as sauvé Meg. Tu as sauvé Kaycee. Tu t’es protégée. Et c’est tout ce qui compte… » Je n’ose imaginer si ce n’avait pas été le cas. Perdre ma femme et ma fille. Non. Je n’aurais pas pu le supporter. Je sais que tout cela la ronge, qu’elle s’en veut… Mais si elle ne s’était pas défendue, je les aurais probablement perdues. Mes yeux se ferment une fois encore, ma gorge se serre. Je resserre notre étreinte, la berçant doucement. Il faut qu’elle se repose, qu’elle essaye de dormir un peu, qu’elle oublie tout cela, rien que quelques heures.

Allongés, l’un contre l’autre, je continue de la rassurer durant un long moment. Essuyant de nouvelles larmes, l’embrassant pour lui faire comprendre que je ne la laisserais jamais tomber. Puis, au bout d’un moment, la fatigue finit par l’emporter. Emerson finit par s’endormir dans mes bras. Je reste là, à la regarder, me demandant bien comment je vais faire pour qu’elle remonte la pente, qu’elle aille mieux. Je ne peux m’empêcher de repenser à tout ce qu’elle m’a raconté, ces épreuves horribles qu’elle a traversées. Et malgré toute la peine que je ressens, je ne peux qu’être fier d’elle…

FIN