Le trentenaire n'avait pu s'empêcher de secouer la tête aux mots de son cadet. Friends, il n'avait jamais fait ce rapprochement et ça lui semblait même réellement déplacé mais il n'avait pas l'intention de relever, tant mieux si ça avait l'air d'amuser le brun, il se rendrait probablement rapidement compte que les liens entre chacun n'avaient rien à voir avec Friends. Zack haussa un sourcil quand Ariel parla de Gretel, encore plus amusé par la situation. Un fin sourire étira ses lèvres alors qu'il glissait les mains dans les poches de son manteau, lançant à son cadet un regard où se mêlaient ironie et sérieux. « Vaut mieux en rester là, à moins que tu veuilles le même sort qu'elle. » Une manière de dire qu'il ferait mieux de ne pas faire trop de vague s'il ne souhaitait pas se retrouver abandonné dehors ? Peut-être. Quoi que de toute façon, le blond lui devait bien trop pour le mettre dehors et le laisser mourir dans les rues ; ce n'était pas exclus, certes, mais il en faudrait beaucoup pour en arriver à un tel extrême.

Marchant sans se presser pour rejoindre la seconde maison, celle où ils se rejoignaient tous, Zack s'arrêta devant les quelques marches menant à la porte, lançant un nouveau regard à son ex-revendeur. « On fait ce qu'il faut pour en effet. » Quoi que pour l'instant ils avaient eu relativement de chance dans ce coin, si on omettait la rencontre avec le groupe de Gabriel et les longs jours de torture que le blond avait subi, suivis de sa crainte nouvelle pour l'eau qui le rendait bien trop nerveux dans l'enceinte du phare. Mais ç'avait une importance relativement moindre comparé à la sécurité apparente qu'offrait le coin ; coupé en partie de la ville par une bonne demi-heure à pied, les morts comme les vivants se faisaient relativement rares. Quoi qu'il en soit, le trentenaire avait bien l'intention de tout faire pour que les siens soient hors de danger, quitte à tuer de pauvres innocents qui de toute façon n'avaient pas la moindre foutue importance à ses yeux. Heureusement d'ailleurs qu'Ariel ne faisait pas partie de ces inconnus, nul doute sinon qu'il ne serait clairement pas sorti indemne de sa petite promenade sur la plage quelques jours plus tôt.

Entrant dans la maison, le blond essuya machinalement ses pieds sur le tapis, et lança un coup d’œil dans la pièce. Kyle était assis à la table entrain d’écrire, encore, Ansel lisait dans le canapé et Stew… Stew devait s’occuper de traîner dans le parc pour s’assurer qu’aucun mort n’y rôdait. Tant mieux, il valait probablement mieux éviter les affronts entre Ariel et lui dans l’immédiat. « Tu connais donc déjà Ansel. » avait lancé le blond en désignant le concerné. Son cadet avait dû comprendre qu’il était le doc du groupe, et aussi celui qui s’était chargé de le surveiller pendant ces quelques jours. « Et là c’est Kyle. » L’intéressé qui avait relevé la tête s’était contenté d’observer d’un air un peu sceptique avant de sourire, ne sachant probablement pas réellement ce qu’il y avait à dire dans ce genre de situation. ‘’Oh un être humain, tant mieux’’. Au vu de la relation tendue qu’il y avait entre le journaliste et Zack, le plus jeune ne devait pas être très rassuré de savoir que le nouveau était un proche au blond.

Zack se retourna alors vers Ariel avant de se remettre vers la sortie, se doutant bien qu’il allait le suivre. De retour à l’extérieur, il reprit. « Pour le moment tu es dans la maison d’Ansel parce-que c’est le plus simple, si tu veux changer quand tu te sentiras mieux libre à toi. » Au fond le blond s’en fichait bien, s’il voulait les rejoindre dans la maison principale il y avait de la place de toute façon. Se tournant vers la tour radio, il la désigna. « On monte nos gardes de là-haut, et on fait des tour dans le parc par lequel tu es arrivé aussi. » Quoi qu’ils n’y passaient pas la journée, mais le faisaient régulièrement, juste au cas où. Heureusement d’ailleurs qu’ils avaient été aux aguets quand Ariel était arrivé ; impossible que qui que ce soit ne s’immisce chez eux sans qu’ils ne s’en rendent compte.

A peine fut-il sorti que le trentenaire se retrouva à nouveau partagé entre l'agacement et la nervosité. Avec le vent, les vagues étaient encore plus bruyantes, il avait comme cette impression désagréable que la prochaine serait sur lui et qu'il n'aurait même pas le temps de s'en éloigner. Mais mieux valait prendre sur soi et ne pas laisser entrevoir à son cadet une quelconque faiblesse. Le fait qu'il accepte de le garder ici, écrasé sous le poids de la culpabilité, était déjà en soi une faiblesse suffisamment grande, inutile d'en rajouter d'autres et de donner l'occasion au brun de s'immiscer dans une quelconque brèche pour le mettre complètement à terre. Tant pis pour les non-dits, le temps ferait le reste.

A la réponse d'Ariel concernant la maison du doc, le trentenaire hocha la tête, le coin de ses lèvres à peine étiré en un léger sourire. Ils avaient déjà assez de problèmes à gérer là-dehors, pas besoin d'avoir en plus des ''sorcières'' ici. Suivant des yeux l'endroit où était orienté le regard de son cadet, Zack fronça les sourcils à sa demande. Monter là-haut ? Il était vraiment sérieux ? Bien sûr qu'il s'en sentait capable, mais s'il dégringolait en plein dans la montée ils auraient tout gagné. Il ne pouvait toutefois pas nier que le brun avait intérêt à se rendre utile, s'il devenait un poids ce ne serait vivable pour personne ; aucun survivant ne se devait d'être un poids pour un autre, ni dans ce nouveau monde, ni dans l'ancien. Même s'il fut un temps où ils avaient été tous les deux des poids se traînant pitoyablement dans le fond l'un avec l'autre. Mais les temps avaient changé désormais. Zack espérait néanmoins que son ex-revendeur reprenne du poil de la bête, maintenant qu'il était ici, il pouvait délester un peu tout le poids de sa survie qui pesait depuis autant de temps sur ses épaules et retrouver un semblant de normalité.

Le suivant sans mot dire alors qu'Ariel s'avançait vers la tour, prêt à y grimper, le trentenaire s'arrêta juste à côté de lui quand il reprit la parole, le toisant de cet air relativement fermé et supérieur qui était le sien. Il n'y avait toutefois aucune animosité dans son regard, aucune rage, il écoutait tout simplement. Son histoire sur le destin le laissa légèrement perplexe, un peu plus et il croirait entendre sa mère lui parler des signes du bon Dieu. Il n'y croyait pas réellement au fond, il pensait simplement que le hasard avait simplement bien fait les choses, mais également que toute la culpabilité qui pesait dans son estomac n'était qu'un juste retour des choses à son égoïsme bien trop prononcé. Ariel lui affirma clairement qu'il était prêt à tout, ou presque, pour trouver sa place ici, simplement vivre. Une nouvelle fois, Zack hocha la tête et fit signe à son cadet de grimper en haut de la tour sans rien dire.

Il monta à son tour, s'assurant que le plus jeune ne flanche pas avant d'être arrivé en haut. S'installant juste à côté de lui, le trentenaire jeta un coup d’œil à la mer avant de reporter son attention sur Ariel. « C'est compliqué comme tu dis et oui, je suis parfaitement conscient que je n'aurais pas dû... partir comme ça. » Parlant d'une voix morne pour se protéger de toute émotion, le blond avait sorti de sa poche la boîte contenant ses cigarette, en tendant une à son cadet avant d'allumer la sienne et de tirer longuement sur la première bouffée. « Je sais qu'il te faudra du temps pour passer l'éponge, ou au moins faire comme si de rien n'était, mais comme tu l'as dis : c'est ta seule chance. » Et, au fond, Zack n'avait aucune envie de voir le brun repartir dans la nature ; qui sait s'il survivrait à des mois supplémentaires là-dehors ? Probablement que la cohabitation serait compliquée, que les pics venant du plus jeune n'allaient pas arrêter de pleuvoir, mais il fallait bien payer un prix à son abandon et il était prêt à le faire.