Je me retiens à grand-peine de ne pas m’esclaffer. Heureusement que mon flegme et mon stoïque légendaire m’aident à accomplir ce prodige. J’ai ma lampe de poche bien en main lorsque l’attirant Josh prend la parole. Même si les hommes ne sont pas ma tasse de thé, disons qu’une mâchoire volontaire et carré doublé d’yeux rieurs ont le tour de me plaire. Je crois mon cher qu’un peu d’humour n’a jamais tué quelqu’un. Si par ma petite blague salace j’ai pu vous détendre légèrement j’en suis fort heureux. Mais la suite de son discours m’enlève mon sourire pince-sans-rire. Comme à mon habitude je passe mes doigts dans ma barbe taillée avec soin. L’exercice est néanmoins plus complexe de par la présence de ma lampe. Mais c’est une de mes petites marottes et j’y tiens comme à la prunelle de mes yeux. Robert défend naturellement Neil et je ne peux admirer la loyauté sans faille du sympathique géant. Je partage l’opinion de notre cher Robert. Je ne crois pas que Neil va filer à l’anglaise si j’ose dire. Mais je peux apporter un point? Les deux hommes me regardent et je deviens l’espace d’un instant un tuteur inégalé en civisme courtois. Je vous saurai gré qu’on s’active messieurs. Ce sera bientôt l’heure du thé et de plus une dame nous attend à notre demeure. Deux éléments que ne sauront manquer des gentlemen tels que vous. Donc bien entendu je vous accompagne dans cette exploration mystérieuse. Je leur fais une œillade espiègle et je suis les deux gaillards à l’intérieur d’une buanderie qui a connu des meilleurs jours.

Je balaie du faisceau de ma lampe chaque recoin pour nous empêcher de subir un grignotage-surprise en règle d’un cannibale camouflé dans la pénombre. Je suis un excellent médecin, mais je ne peux malheureusement rien contre les morsures des charognards. Je sais que ce sera, à ma grande horreur, Betsy qui prendra la relève. Elle va administrer un baiser fumant et constellé de plombs pour abréger les souffrances de la victime condamnée. Mais trêve d’horrible pensée. J’entends Robert annoncer que la porte est verrouillée. Ce qui est souvent la norme depuis quelque temps selon mes récentes constatations. Bloody Hell! J’utilise une injonction typiquement britannique qui est devenue elle aussi la norme dans mon langage habituellement fleuri. Vous croyez que ce battant pourra résister à des forces de la nature telle que vous? Une question légitime pour pouvoir enfin progresser et être à l’heure pour le thé