Re: Get it on

Sam 21 Jan 2017 - 19:41

A la question de sa sœur concernant la manière dont ils s'étaient rencontrés, Zack n'avait pu s'empêcher de se crisper un peu. Si le barman balançait tout tel quel... ce serait indéniablement une catastrophe. Si ses proches savaient beaucoup de choses sur lui, ils n'étaient en rien au courant de ses magouilles de drogue et autres histoires illégales. Sûr que s'ils l'apprenaient, une grande déception se lirait dans leur yeux, la culpabilité aussi, et sa mère demanderait jusqu'à la fin des temps au seigneur ce qu'ils avaient mal fait pour que leur enfant tourne aussi mal et devienne un ''mauvais type''. Le trentenaire fut soulagé de la réponse du brun malgré sa petite remarque à la fin qui le fit sourire en secouant la tête. Stewart savait-il seulement à quel point il lui avait tapé dans l’œil ? Probablement pas.

Prenant une gorgé de sa bière, il écoutait sans mot dire, comme toutes les personnes autour de la table dont sa mère qui s'était amenée derrière avec un saladier. A entendre le gamin parler comme ça, il y croyait presque lui aussi, à sa sincérité ; décidément, il jouait vraiment bien son rôle de petit ami parfait, de petit ami tout court à dire vrai. Soupirant légèrement alors que le plus jeune s'adressait à Molly, Zack récupéra le contenant que tenait sa mère. « Assieds-toi, je vais chercher le reste. » Oui bon, ce n'était pas très correct de laisser Stew comme ça tout seul dehors, mais il avait d'un seul besoin de rentrer, souffler, et se dire que de toute façon c'était ce qui était prévu ; ne pas se laisser envahir par l'affection qu'il avait déjà pour le gamin pour ne pas se mener vers une chute certaine quand il déciderait de sortir de sa vie.

Dans la cuisine, appuyé contre le plan de travail, il entendait encore les conversation au dehors. Molly avait repris de sa voix enjouée et légèrement amusée par ses propose. « Tu peux me tutoyer oui. Nous vivons à Salem avec Chris, il est ingénieur et moi institutrice. Et toi que fais-tu ? » Entendant le gamin répondre, la blondinette avait rapidement repris. « Ça ne doit pas être simple tous les jours la vie avec Zack hein, en tous cas tu as du courage, je ne le supporterais pas moi. » Levant les yeux au ciel, le trentenaire récupéra au frigo les assiettes de viande et apporta le tout dehors. « Je t'ai entendue Molly. » Mais elle n'en n'avait pas grand chose à faire, amusée de pouvoir descendre un peu son grand frère. Bien, elle allait sûrement lui déballer quelques histoires bien bidons concernant le gamin ô combien exigent et égoïste qu'il avait été, et ses petits écarts à l'adolescence quant à la drogue et autres joyeusetés. Et Stew se foutrait de lui pendant des jours et des jours. Quoi que même sans anecdotes, l'homme d'affaires se préparait déjà psychologiquement au retour de bâton de la part de son compagnon, probablement qu'il s'amuserait bien de voir que les siens étaient aussi pauvres, ou qu'il le prendrait pour le plus grand des connards à ne pas les avoir sortis de là ; oh il avait essayé, à plusieurs reprises, mais sa mère bien trop bornée n'avait rien voulu savoir, probablement que c'était d'elle qu'il tenait ce côté tête de mule.

En parlant de sa mère... elle prit à son tour la parole, voyant son fils revenir, d'un air empreint de sermon. « La prochaine fois, vous viendrez plus tôt, comme ça vous pourrez venir avec nous à la messe. » Soufflant d'exaspération, Zack posa une main calme sur l'épaule de la vieille femme, essayant de faire abstraction au ''vous viendrez'' ; il n'avait pas l'intention de forcer le barman à quoi que ce soit, surtout pas à ça. « Je viendrais pour Noël, d'accord ? » Maria sembla plus ou moins ravie de sa réponse et avait hoché la tête ; c'était un bon compromis, aller au moins à Noël et à Pâques, toujours mieux que rien.

Après avoir encore apporté sur la table ce qu'il manquait, tous s'étaient mis au repas, discutant de choses et d'autres en profitant de la douce chaleur de ce début de Septembre. Et forcément, Molly n'avait pas pu s'empêcher de raconter à Stew deux-trois anecdotes sur lui. Comme cette fois où il avait boudé pendant cinq jours parce-qu'il voulait un lapin mais que sa sœur étant allergique, ses parents n'avaient pour une fois pas cédé à ses demandes et qu'il n'avait eu qu'un poisson rouge. Ou celle où il s'était baladé dans le petit jardin, une casserole sur la tête pour se protéger de la pluie et avait finit par glisser pour revenir plein de boue en râlant. Un sale gosse, capricieux et ronchon, mais qui était pratiquement toujours parvenu à avoir tout ce qu'il souhaitait. Zack lui avait lancé quelques regards noirs, discutant de chose et d'autre avec son beau-frère et son père.

Le repas terminé, le trentenaire s'était levé, intimant une nouvelle fois à Maria de rester assise ; probablement que sa serviabilité pouvait choquer, étant trop peu habituelle, mais avec ses parents il étaient bien moins suffisant qu'avec les autres, malgré le ton toujours relativement hautain dans sa voix. Il emporta le tout dans la cuisine, furetant au passage dans le frigo pour repérer le fameux fraisier de sa sœur. Celui qui le poussait à tomber dans les pires débauches ; à bas l'intolérance au lactose, il pouvait bien faire un écart de temps en temps.

Mar 24 Jan 2017 - 17:28

La conversation avec la charmante sœur de Zack se poursuivit, lui donnant l'impression de véritablement apprivoiser ces personnes qu'il ne reverrait probablement plus jamais. C'était ce qui lui paraissait le plus probable, il dépannait Zack, après tout. Sûr que les membres de sa famille allaient cesser de le tanner pour qu'il se trouve un compagnon maintenant, il serait tranquille pour un bon bout de temps ! Il pourrait toujours inventer des cracks quand au pourquoi Stewart ne viendrait pas cette fois-ci. Alors que Molly plaisanta à propos de la vie en commun avec son frère, Stewart se détendit et se coula dans la peau du nouveau possible beau-fils avec aisance.

C'était un exercice avec lequel il était familier, à vrai dire. Bien sûr, parfois, les partenaires qui lui présentaient leur famille espéraient vraiment continuer à le compter parmi les invités aux futurs autres repas, mais la plupart du temps, il servait juste d'alibi ou de remplaçant, lorsque le véritable gendre ou belle-fille n'était pas présentable. Ah, quel bon Samaritain il faisait... Même si ce n'était pas uniquement par bonté d'âme qu'il se pliait à ces mascarades. La vie de famille lui manquait, quoi qu'il en dise. N'étant plus le bienvenu dans celle qui lui restait, il profitait de celles des autres lorsqu'il le pouvait. Ça ne la remplaçait pas, certes. Il n'empêche qu'il se retrouvait tout de même entouré par des gens, et c'était tout ce qu'il demandait.

Zack, partit à la cuisine, revint en râlant contre sa sœur, avant d'être exaspéré par sa mère, manifestement fervente catholique. Aller à la messe en famille... Ah, heureusement que ce n'était pas la sienne que Zack rencontrait, sinon elle en aurait eu des choses à raconter concernant ces fameux dimanche matins ! Comme la fois où il avait joué un air de rock&roll à l'orgue alors que le prêtre venait de terminer son sermon sur la dépravation des jeunes et toutes les tentations qui les détournaient du droit chemin, comme la musique d'aujourd'hui. En y repensant, il dû se mordre les lèvres pour ne pas rire. Ça avait été mémorable, tout comme l'engueulade qui avait suivie.

Ils commencèrent à manger, Stewart prenant par à la discussion comme s'il avait toujours était là, s'entendant particulièrement bien avec Molly, qui le régalait d'anecdotes sur le gamin que Zack avait été. Tant de dossiers à exploiter ! Il en avait presque la tête qui tournait. Le sourire qu'il adressa à son homme ne signifiait rien de bon pour lui : à la moindre occasion qu'il lui laisserait, Stewart se ferait un malin plaisir à le charrier. Et sans rester uniquement dans l'enfance, il pouvait également se servir de ce qu'il avait sous ses yeux maintenant. Zack, serviable ? Il grava les scènes qui le démontraient au fer rouge dans sa mémoire. Quel fils modèle... Un sourire moqueur apparut sur ses lèvres alors qu'il se levait une nouvelle fois à la place de sa mère, pour débarrasser. Allez, puisqu'il fallait faire bonne impression... Il allait lui filer un coup de main. Et non, ça n'avait rien à voir avec la possibilité que l'aller jusqu'à la cuisine pourrait lui donner pour le charrier discrètement. Presque rien à voir.

Il récupéra d'autres assiettes et un plat, arguant que c'était bien la moindre des choses, et suivit Zack avc un petit temps de retard. Lorsqu'il arriva dans la cuisine, son expression était la même que celle qu'affichait un chat en coinçant une souris. Surprendre Zack la tête dans le frigo valait son pesant d'or. Il posa les assiettes silencieusement et se rapprocha de lui. « Mais monsieur Zack ne serait-il finalement qu'humain ? » susurra-t-il en passant un bras autour de lui, s'approchant pour avoir un meilleur aperçu du gateau qui avait attisé sa gourmandise. « Ok, je retiens, tu as un faible pour les fraisiers. T'es trop mignon ! » ajouta-t-il en lui collant un baiser sur la joue avant de le libérer à contre-coeur. Zack, gourmand : il n'arrivait pas à imaginer les deux mots l'un à côté de l'autre, et pourtant, il venait d'en avoir la preuve vivante. « Entre ça, les histoires de ta sœur et ton côté fils prodigue, ta street-credibility vient de se prendre un méchant coup ! Je peux t'appeler Zackounet ? Zack chéri ? Zack d'amour ? » le dernier surnom fut à peine compréhensible alors qu'il était pris d'un fou rire. Il s'accrocha comme il put à une surface pour ne pas se laisser glisser au sol en riant. «Mec, je t'adore ! »

Mer 25 Jan 2017 - 1:44

Durant tout le long du repas, Zack avait essayé de ne pas virer au rouge sous l'agacement à tout que balançait sa sœur et aux rires francs du gamin. Ça plus les regards mi-amusés mi-moqueurs qu'il lui avait lancé ; regards qui n'avaient rien de comparable à ceux, pleins de reproches que le trentenaire avait adressé à sa sœur. Si elle voulait le ridiculiser c'était gagné ; il s'y était attendu en amenant Stew ici mais au fond, l'once de naïveté qu'il avait avait eu l'idiotie d'espérer qu'elle ne dirait rien. Raté. Et le brun n'allait certainement pas de priver de lui en parler encore et encore. Il ferait payer à sa sœur sa langue trop pendue, restait plus qu'à trouver comment.

C'était du moins avec cet état d'esprit qu'il était entré dans la cuisine, se retenant pour ne pas ronchonner. Mais là, devant le fraisier toujours aussi parfait de Molly, il était à mille lieues de ses idées de revanche. Tellement à l'ouest qu'il manqua de sursauter en entendant la voix du barman qui passa un bras autour de lui pour voir l'objet de ses convoitises. Humain ? Qu'est-ce qu'il lui baragouinait encore comme bêtises ? Tournant le visage vers lui pour le toiser d'un air mauvais, presque vexé que le gamin se foute de sa tronche, il secoua la tête d'un air excédé alors que son cadet s'était éloigné après lui avoir accordé un léger baiser sur la joue. Mais le barman ne sembla pas enclin à arrêter là ses moqueries, en rajoutant encore une couche en lui balançant qu'il était ''trop mignon'' à apprécier les fraisiers. Se redressant en sortant le dessert du frigo, le trentenaire soupira doucement avant de bloquer aux mots de son cadet. Zackounet ? Les sourcils froncés, il le zieutait d'un air à la fois outré et vexé alors que l'autre se fendait la poire comme s'il avait trouvé la blague du siècle. « Zack tout court, ça ira très bien. » avait-il répondu d'une voix qui se voulait détachée mais où un léger agacement était perceptible.

Déposant le plat sur le plan de travail, le blond récupéra dans le placard six assiettes pour servir le dessert avant de glisser un regard vers le plus petit. « Tu vas tout oublier en repartant. Tout. D'accord ? » Fronçant à nouveau les sourcils en le voyant toujours aussi amusé, il passa à son tour un bras autour de sa taille, l'attirant un peu plus à lui en lui soulevant doucement le menton de l'autre main, dardant sur lui un regard exagérément menaçant. « Je veux pas entendre parler de ''Zackounet'' ni de quoi que ce soit. Sinon j'te jure que tu vas t'en souvenir. » Au fond, il savait très bien qu'il n'en ferait rien, et probablement que cette semi-vérité était perceptible également. Son ton et son regard bien que relativement condescendants n'avaient rien de comparable à ceux qu'il avait eu quand ils s'étaient engueulé tous les deux suite à la mort de Rudy. Le zieutant encore quelques secondes, il le lâcha finalement pour prendre les assiettes et les cuiller et lui mettre entre les mains ; non mais quand même, il se foutait ouvertement de lui, le blond n'allait pas encore se montrer sympa et le bécoter comme si de rien n'était.

Prenant à son tour le fraisier, il l'apporta à l'extérieur avant de retourner à l'intérieur et aller dans la salle de bain pour prendre ses comprimés au lactase. De là, il retourna dans le jardin et fronça les sourcils au regard amusé de sa sœur. « Quoi encore ? » « Tu as pris tes médicament monsieur petite-nature ? » Poussant légèrement la tête de sa sœur qui pouffait de rire, le blond leva les yeux au ciel. « Ta faute. T'as qu'a pas venir avec ton fraisier. » Et sur ce il se rassit tandis que Molly revenait à la charge, expliquant au gamin que son frère était intolérant au lactose mais qu'il était trop faible pour résister à son gâteau. Soufflant exagérément, il sorti de sa poche sa boîte en métal pour prendre une cigarette, reculant un peu sa chaise pour ne pas enfumer sa mère juste à côté qui s'était attelée à découper le dessert et à servir la tablée, tandis que Christopher était parti préparer des cafés.

Sa cigarette terminée, le trentenaire se ravança pour récupérer son assiette, la zieutant avec envie avant d'attaquer avec sa cuiller. Alors que les discussions avaient repris de bon train, l'homme d'affaires sentait le regard du brun sur lui. Tournant doucement la tête vers lui, la cuiller dans la bouche, il la récupéra avant de se pencher vers son cadet pour lui chuchoter « Je sais, t'aimerais que je te regarde comme je regarde ce fraisier » afin de parer à toute éventuelle pique à ce sujet, avant de se remettre droit sur sa chaise, lui adressant un regard où flottait une légère mesquinerie.

Ce qu'il pouvait avoir l'air coincé du cul quand il prenait cet air vexé et méprisant ! Stewart dut se mordre l'intérieur des joues pour contenir son hilarité, Zack étant après tout un peu près des couteaux de cuisine pour qu'il puisse vraiment lui laisser libre cours, mais cela ne l'empêcha pas de le couver des yeux, surpris et attendri. Lui qui donnait toujours l'impression d'être le male alpha, parfaitement en contrôle de tout, c'était rafraichissant de le voir redevenir quelqu'un de normal, avec des goûts et des réactions humaines. Parfois, Stewart se surprenait à se comparer à son ainé, et à s'inquiéter de leurs différences flagrantes. Ce n'est pas qu'il se voyait déjà finir sa vie avec lui, bien sûr que non, mais tant que leur histoire durait, il profitait. Autant faire en sorte qu'elle ne soit pas trop courte, puisqu'il se sentait bien dans cette relation. Le « Zacknounet » aurait en revanche le désavantage de probablement la faire s'arrêter plus tôt que prévu, il allait donc effectivement éviter de l'employer. Et puis même pour lui, c'était décridibilisant. Non, il aimait trop l'image intouchable que projetait Zack pour venir la briser en mille morceaux, d'autant qu'il ressentait toujours un peu de fierté en pouvant montrer qu'il avait réussi à scorer un homme comme lui. L'appeler Zackounet, ce serait non seulement lui retirer toute aura de puissance, mais également se tirer une balle dans le pied. Assumer une relation homosexuelle dans son milieu n'était pas encore un détail insignifiant, c'était plus simple pour lui que son homme ait déjà une réputation de dur, qui donnait à la sienne un petit peu plus de tangibilité. « Zackounet » en public... Trop dangereux.

Mais le voir prendre autant au sérieux ce possible surnom ridicule restait très divertissant. Il lui lança un regard de tueur en sortant des assiettes d'un placard, Stewart y répondit en bougeant les sourcils d'une façon suggestive. Il n'avait pas prévu qu'il vienne l'attraper par la taille et lui soulève le menton. Il fit la grimace alors qu'il le sermonnait comme un enfant désobéissant, la menace présente dans sa voix à peine sérieuse. Le jeune homme dégagea son menton de sa prise pour le défier, incapable de laisser les choses couler, comme d'habitude. «Je vais m'en souvenir dans le même sens que toi lorsque tu t'es mangé un pain ou dans le sens de la soirée de retrouvailles ? »le charria-t-il, conscient qu'il n'aurait de toute manière pas droit à une embrassade. Pas avec toute la famille juste à côté et pas après avoir osé le défier ! Zack le relâcha en haussant les épaules, puis se réintéressa à l'objet de sa gourmandise, l'apportant à sa famille avec un air princier. Sa sœur, que Stewart appréciait de plus en plus, se moqua également de lui, écopant d'un décoiffage en règle, puis elle lui fournit une information concernant son ainé. Allergique au lactose ? « C'est bien que je l'apprenne par ta sœur, Zack, j'aurai eu l'air malin moi si tu t'étais mis à gonfler après avoir bu un verre ! » Et puis maintenant qu'il le savait, il se sentait gêné de connaître cette faiblesse, qui lui donnait l'impression d'être trop intime avec l'homme. Coucher avec n'impliquait pas forcément autant d'intimité, alors que rencontrer sa famille, connaître ses petites particularités... D'un seul coup, Stewart se sentir réellement en couple, et cela lui fit perdre ses moyens.

Il ne participa pas vraiment au reste de la discussion, complimentant seulement Molly pour son délicieux gateau et riant aux plaisanteries des membres de la famille Atkins, mais le cœur n'y était plus. Tout ça était trop... personnel. Trop familial, justement. On ne l'avait encore jamais emmené rencontrer la « belle-famille » en vrai, sans que ce ne soit pour couvrir quelque chose ou faire une mauvaise blague. Lui qui se plaignait du manque d'investissement de Zack dans leur relation... Voilà que tout allait un petit peu trop vite pour lui. Il termina sans enthousiasme son dessert, l'esprit ailleurs, lançant de temps en temps un coup d'oeil vers son partenaire, comme si cela allait lui permettre de lire dans son esprit pour deviner le but de cette présentation imprévue. Evidemment, aucun indice ne lui fut donné.

Finalement, l'heure de s'en aller arriva. Stewart remercia sincèrement la famille Atkins de leur accueil chaleureux, honnête lorsqu'il disait espérer les revoir. Molly et lui s'étaient particulièrement bien entendus, rapprochés par leurs histoires sur Zack et leur propension à se moquer gentiment de ses manies princières. Les deux hommes quittèrent la maison et se mirent à marcher vers le point de rendez-vous convenu avec le chauffeur par Zack. Après un bref moment de silence, Stewart annonça tranquillement : « Super sympa, ta famille. J'avais oublié ce que ça faisait, les repas dominicaux où tout se passe bien. C'est cool. » Il lui décocha un petit coup de poing joueur dans l'épaule, ajoutant en ne plaisantant qu'à moitié : « Tu ne comptes pas m'offrir une bague prochainement, par contre, hein ? »

Le trentenaire ne pouvait nier le fait qu'en effet, la situation aurait été relativement problématique si Stew lui avait apporté un truc bourré de lactose sans avoir connaissance de son intolérance, mais Molly aurait tout de même pu éviter de se foutre de sa tronche de la sorte en le faisant passer pour le petit faiblard de service. Son intolérance ne l'empêchait pas de vivre, il n'y avait vraiment pas de quoi en faire toute une montagne. Rapidement, la conversation fut détournée de sa propre personne, partant sur des broutilles sans grand intérêt mais qui mettaient au moins tout le monde plus ou moins d'accord ; ou presque. Le gamin n'avait plus vraiment parlé, se contentant de rire à certaines paroles. Évidemment, ce fait ne passa pas inaperçu au blond qui était plutôt habitué à voir son cadet bien plus enjoué et bavard que cela, mais il n'allait pas se lancer dans de tels questionnements en plein repas. Au fond, peut-être que le barman était juste mal à l'aise mais n'avait-il pas lui-même accepté de venir ? Jouer au petit ami parfait et tout ce qui va avec ? Il n'avait qu'à assumer.

Vers le milieu de l'après-midi, le repas était enfin terminé et chacun se dirigeait peu à peu vers la sortie ; Molly et Chris allaient reprendre la direction de Salem, Maria peinait à laisser partir ses deux progénitures, les noyant de mots bienveillants, tandis que Richard profitait d'une dernière bière dans le calme. Zack promit à la blondinette qu'il descendrait les voir rapidement, si le boulot le lui permettait, comme toujours. Et finalement, Stew et lui s'engagèrent dans la rue principale du quartier, se rendant au point de rendez-vous avec Walter. Ils n'en n'auraient que pour deux minutes et c'était tant mieux, inutile de préciser à quel point le trentenaire avait en horreur ce quartier pourri et tous ses habitants ; quoi qu'au moins il se fondait un peu plus dans la masse avec son pantacourt et son sweat plutôt qu'avec ses costumes habituels.

La voix du plus jeune le tira de ses pensées, lui arrachant un faible sourire agrémenté de ce haussement de sourcil mi-amusé mi-hautain ; s'il était content c'était tant mieux, en tous cas, la présence du plus jeune avait fait plaisir à sa mère, c'était le principale. Les mots qui suivirent lui firent secouer la tête, percevant le léger sérieux dans le ton de son compagnon. « Ce n'est pas au programme non. » Mariage ? Engagement ? Très peu pour lui. Il faisait déjà l'effort depuis qu'ils s'étaient rabibochés de rester fidèle -tout en sachant que ça ne faisait que le rendre un peu plus attaché au gamin mais ça, hors de question de lui dire- alors il ne fallait pas non plus lui demander la lune.

Apercevant la voiture un peu plus en avant, il laissa le soin à Walter d'ouvrir la portière arrière pour s'engager dans le véhicule. À peine le brun l'eut-il rejoint qu'il reporta son attention sur lui, se passant machinalement une main dans les cheveux. « Tu bosses ce soir ? Ou tu veux venir ? » Sous-entendu chez-lui, évidemment. Il aurait pu ajouter sur le ton de la plaisanterie que maintenant que Stewart savait que sa famille vivait dans un quartier pourri et qu'il n'était pas né richou qu'il comprendrait qu'il préfère ne pas venir, mais autant dire que s'il ne reniait pas ses origines, il n'en plaisantait pas non plus. Rien que le terme ''plaisanterie'' pour Zack était plus similaire au sarcasme ou à une pique bien placée qu'à une réelle boutade. Attendant la réponse du barman, l'homme d'affaires soupira légèrement en se calant un peu mieux dans le siège, presque avachi à dire vrai ; le trop plein de nourriture agrémenté du fraisier n'aidait pas. Certes, il avait pris ses comprimés mais il avait ce problème de ne jamais savoir quand réellement s'arrêter ; contrairement à l'alcool où, la plupart du temps, il arrêtait avant de risquer de ne plus être maître de sa personne.