Drinking, drinking, drinking, drinking, drinking 'til we drop

« Allez Stew, encore un verre ! » encouragea un blondinet couvert de piercings, marquant son enthousiasme en frappant sur la table. Un autre entièrement tatoué le suivit, conscient que la chance était en train de tourner et qu'il avait une bonne chance de retrouver sa mise. « Stew, te laisse pas faire par une gonze ! » Cela vexa l'autre compétitrice, qui posa son verre avec fracas pour lui lancer un « Tu sais ce qu'elle te dit la gonze ?! » n'attendant qu'un début de réponse pour sauter à la gorge de l'insolent. Pendant ce temps, Stewart finissait son dernier shot cul sec, remportant la victoire. « Po po po, il a gagné !! » se réjouit Eddy, le blondinet, pendant que le tatoué récupérait son argent, embrassant ses billets avec autant de ferveur que s'il s'était s'agit de sa petite copine. Bonne joueuse, l'autre participante s'inclina face à sa victoire et paya une nouvelle tournée. Stewart l'accompagna jusqu'au comptoir du bar en titubant légèremment.

Que faisait-il ici ? On était vendredi. Le dernier du mois. Et le dernier vendredi du mois, c'était le jour de congé qu'il n'oubliait jamais, celui où il se déchirait avec un groupe d'amis dont les membres changeaient tout le temps. Ce soir, on lui avait donné rendez-vous au « Reign of the New Seattle », nouveau bar à la mode du moment. Tout le monde devait y être passé au moins une fois, juste pour pouvoir donner son avis dessus. Stew s'était dit qu'il allait juger la concurrence, voir ce qu'on y proposait de si particulier. Il avait adoré le nom des cocktails, en avait testé plus d'un avant de finalement passer aux shots, plus rapide pour réduire son foie à l'état de loque à la fin de la soirée. La musique était bonne, la compagnie aussi... Il lui manquait peut-être juste Zack. Meh, même pas, il préférait se mettre misérable sans avoir à supporter les regards condescendants de son homme. Ah, son homme... Il ne comprenait pas pourquoi il continuait à l'appeler comme ça dans sa tête, alors qu'il ne lui avait jamais rien donné de concret. Ouais, il avait rencontré ses parents, et ouais, ils étaient ensemble depuis un an, et après ? Est-ce qu'il lui avait jamais dit qu'il l'aimait, bien en face ? Non, jamais. Et Stewart ne comprenait pas pourquoi il s'entêtait à attendre que ça sorte de lui avant qu'il ne le lui dise. Sûrement à cause de sa foutue arrogance : si Stew n'avait pas aussi peur d'avoir l'air stupide devant lui, ça serait sûrement sorti plus vite.

Alors il était là, ce soir, sans son mec, à se bourrer la gueule avec des amis qui ne comprenaient pas son dilemme, et qui en désespoir de cause, avaient choisi de le laisser boire autant d'alcool qu'il le souhaitait, promettant juste de le ramener chez lui en un seul morceau, Stewart profitait. C'était déjà pas mal. Il buvait pour oublier sa dispute d'aujourd'hui.

Arrivé au comptoir, il posa ses deux coudes dessus et laissa son amie, Angela, attirer l'attention d'une barmaid. Lorsqu'elle vint vers eux, elle passa commande, et Stewart la reluqua sans se cacher. Difficle d'être discret de toute manière, après autant de verres. Rousse. Il adorait les rousses. Qu'est-ce qu'il foutait avec un blond frigide ? Alors que de si jolies femmes ne demandaient qu'à être cajolées et chouchoutées ? Il lui offrit un de ses sourires les plus enjôleurs et se laissa glisser vers elle, les yeux charbonneux. « Hey ! Mary-Jane ? J'suis Peter Parker. Enchanté ! Tu as besoin d'aide ce soir ? » Angela ricana à sa phrase d'approche, secouant la tête, mais ne fit rien pour lui venir en aide. Il allait se débrouiller comme un grand pour se sortir de là s'il se prenait un méchant râteau. Elle ne pouvait pas croire qu'un truc aussi bidon fonctionnerait. Mais Stew était plein de surprises, elle pouvait se tromper. On ne savait jamais rien à l'avance, lorsque Stew était inclu dans l'équation.

Vendredi ou l'un des soirs de plein régime.  En effet le Reign' était plein, un groupe de musique jouait et mettait une ambiance sympathique. Elle ne cessait de travailler, la rouquine était une sorte d'accro au boulot et sortait peu de son bar pour aller faire la fête, de plus en tant que patronne et propriétaire elle n'avait pas que ça à faire. Elle surveillait le ballet de ses serveurs et le boulot de son coéquipier et ami barman. La rousse répondait à chaque demande, tout en profitant elle aussi de la musique qu'elle entendait et faisait vibrer sa cage thoracique. Elle dansait, du moins bougeait au rythme de la musique tout en enchaînant cocktails, shots, pintes, verre de vins, alcools forts qu'elle servait sans soucis.
Le bar, la musique, contrôler l'addiction des gens venant dans son bar, c'était son plaisir, sa vie, elle y était accro et ne s'arrêtait pas souvent. Même malade elle était capable de venir tenir son bar.

Il avait ouvert il y  quelques mois et déjà on disait doucement que le Reign' était un bar montant à la mode. Et Morgan n'allait as descendre de ce pied d'estale elle était bien trop désireuse de monter en échelon avec son bar, son petit bijoux, sa création. Elle ferait tout pour gravir les marches et rester au top niveau. Déjà à chaque saison elle changerait la carte des amuses gueules et des boissons. Et la demoiselle avait déjà des idées pour la suite. Rien qu'au niveau des noms elle savait ce qu'elle allait inscrire sur la carte : Ramsey Bolton. Anna Karenine. Sillicon Valley...  Bine entendu tout restait en rapport avec la littérature et la culture geek, les deux choses qui, en plus de la musique, représentaient bien la rousse.

Tout en servant des verres, elle secouait la tête au rythme de la musique et restait pourtant concentrée dans son boulot. Elle entendit alors une voix l'appeler et la tenancière s'approche. Elle entendit la commande et sortit les verres ainsi que les alcools pour préparer ce qu'on lui réclamait, c'est alors qu'en approchant les commandes elle leva ses yeux noisettes vers l'un des clients. Bruns, la peau mate, les yeux foncés. Profil charmant. Elle tendit l'oreille pour l'entendre causer et arqua un sourcil tout en souriant en coin amusée par ce qu'il lui disait. Morgan en avait déjà vu des zigotos comme ça, et elle les trouvait amusant, d'ailleurs elle s'amusait à rentrer dans leur jeux avant de les repousser. Morgan Reine Cole n'est as barmaid ni femme facile à avoir, elle est fourbe, grande gueule et pas stupide. Et bon nombres d'hommes, essentiellement avaient cette fâcheuse tendance à penser que les femmes sont idiotes. Et ce genre de pensée  avait le don d'agacer la rousse. Comme d'autre type d'homme aussi, ceux imbus de leur personne. Qui pètent plus haut que leur cul et veulent asseoir leur supériorité partout où ils passent.
D'ailleurs Morgan connaissait un de ces spécimen.  Type ô combien agaçant et détestable et qui pourtant éveillait sans cesse sa curiosité et son envie de lui foutre une bonne claque. D'ailleurs cela semblait réciproque, du moins, concernant l'envie de lui donner une bonne claque. Mais au lieu de se frapper, ils s'envoyaient des piques, c'était comme un match de tennis, le premier qui faisait taire l'autre remportait la manche. Et pour l'instant, du moins, c'est ce qu'elle se disait, ils étaient à égalité.

Retournant son attention vers le jeune homme accoudé au comptoir, la rousse, remit ses cheveux derrière ses oreilles avant de lui répondre avec un sourire franc et presque charmeur.

"Peter Parker , Vous en êtes sûr ? Je vous prenez plutôt pour Tarzan."

Morgan y allait aussi de sa petite référence et son petit pique. Rien de bien méchant ou vexant, simplement elle le taquinait un peu. Les bruns et les brunes, c'était plutôt son genre. Les roux et les blonds, eux n'avaient aucune chances avec la barmaid et pourtant elle en connaissait qui avaient déjà tenté leur chance : en vain. Mais il faut dire que le soit disant Peter Parker ou Tarzan avait du charme. Puis elle reprit parole.

"Enchantée aussi, mais hélas je ne suis ni Mary-Jane, ni Jane. Navrée, tu vas devoir chercher ces demoiselle ailleurs, je le crains !"

Elle sourit et lui adressa tout de même un clin d’œil presque complice. Elle avait vu un de ses serveur aller régulièrement vers la table du brun, et Morgan supposait de part son attitude qu'il commençait à être bien alcoolisé, alors elle allait se montrer sympa mais s'il se montrait lourd, chiant et agressif, elle se ferait une joie de le renvoyer de son bar.

« Ouh, et c'est raté pour le petit Stew ! » chantonna Angela moqueusement à la réponse de la barmaid. Stewart, bon joueur, s'inclina face à elle, amusé par sa répartie. Il rit avec Angela de la comparaison, encore jamais entendue avant. Tarzan, hein ? Il le prenait comme un compliment. Il allait devoir travailler sur son cri de gorille maintenant, pour honorer son modèle. Le sien ressemblait davantage à un des grognements de Chubacca. « Nah, oubliées les Mary-Jane et Jane, Tarzan en a eu marre ! Tu as pris leur place dans mon cœur. » Il se saisit des verres et ajouta en ignorant avec dignité Angela, prise d'un fou rire face à sa tentative de séduction : « Je peux connaître ton prénom ? Ah ! A moins que tu ne sois Pamela Isley, reconvertie en barmaid. Ça expliquerait les cocktails aussi bons, tu mets des aphros dedans. J'ai bon ? » Il espérait avoir gain de cause. En un an, c'est fou ce qu'on pouvait se rouiller en matière de séduction ! Voilà, un an en couple, vous perdez vos bonnes habitudes. Encore heureux que Zack ne soit pas le style de trentenaire pépère, il aurait fini par ne plus sortir du tout à coup sûr. Oh mon Dieu, il se serait mis à traîner le dimanche en pyjama ! Non non, il était pris dans un cercle vicieux, il allait s'en sortir. Ce soir, il reprenait ses bonnes vieilles habitudes.

Il lui adressa un nouveau sourire, plus sincère cette fois-ci, et reposa les verres pour lui tendre la main : « Stewart, enchanté. Super boulot au niveau des boissons, d'ailleurs, et j'parle en pro. »il se rendit compte que ses derniers mots pouvaient être mal interprétés et les corrigea sans attendre : « Hum, j'veux dire en tant que barman, hein, pas en tant qu'alcoolo ! » « Bon, Casanova, tu bouges ou pas ? Y'a d'autres alcoolos fiers de l'être qui attendent leurs verres, eux ! » « Ouais ouais, je viens... Continue comme ça, chérie! » Il reprit les verres, attentif à ne rien renverser, et repartit vers sa table après un dernier regard énamouré.

Arrivé à destination, après avoir distribué les commandes, il mima s'être fait tirer sur le cœur lorsqu'Angela raconta la rencontre aux autres. « Dès qu'elles sont rousses toi... » « Eh oui Angela, désolé, il ne fallait pas être blonde ! J'ai donné avec les blonds en général... »  « Regardez-le, petit Stewart qui vit une peine de cœur ! 'Tain, juste pour une 'tite dispute, tu te vois déjà célib' à nouveau. Ça a duré combien de temps, ta plus longue relation ? » « Heu... Bah un an. C't'une première. »  « C'est qu'il y a raison pour que ça dure alors. Oh putain, j'y crois pas, j'suis en train de jouer à la psy en pleine soirée, t'as une mauvaise influence ! » « Ouais, t'inquiètes Stew, si tu voyais le nombre de fois par jour où on se prend la tête Angie et moi ! C'est sain de se disputer ! » « Ouais, un peu trop sain en l'occurence... Bois et tais-toi, Eddie ! Je gère. »  « Et moi j'm'en tape de vos disputes, c'est les miennes qui m'intéressent, et elles sont hardcores, ça saoule, j'suis pas avec quelqu'un pour me prendre la tête. Tu m'aimes, tu me le montres, tu ne m'aimes plus, tu t'en vas, c'est pas difficile. » « Et tu le lui as dit, ça ? » Stewart piqua du nez dans son verre, pris en faute. Non, il ne lui avait jamais dit. Peut-être qu'il devrait. Il prendrait sa décision plus tard, sûrement aidé par l'alcool.

Plus tard dans la soirée, les quatres amis allaient partir lorsque Stewart, après avoir fouillé ses poches, s'aperçut qu'il avait réussi à perdre son porte-feuille. « Merde, il était là ! » « Où ? »  « Mais là, dans ma poche arrière ! » « Atta', on va chercher ici, Angie va t'accompagner jusqu'au comptoir. » Il acquiesça et repartit vers le comptoir, aidé par la jeune femme. Heureusement qu'il résistait bien à l'alcool, avec tout ce qu'il avait bu ce soir, il aurait pû être bien plus mal. Là, même si ses pensées n'étaient plus vraiment cohérentes et que le sol tanguait un peu, il tenait encore debout.

Apercevant la barmaid rousse, il attira son attention, content de la revoir avant de partir. « Hey ! Salut... Hum... Bon, j'ai réussi à perdre mon porte-feuille, et j'me d'mandais si toi ou quelqu'un d'autre l'avait trouvé ? Ce s'rait cool. » « Il a dû le faire tomber en voulant le ranger, et comme il ne l'a sorti que près du comptoir, on a pensé qu'il pouvait être là. Vous seriez sa sauveuse si vous l'aviez. » « Ouaip. » confirma sobrement le brun en pensant aux photos qui s'y cachaient.

Mais quel charmeur ce gars ! Morgan en était presque sur le cul, elle cligna des yeux surprises et amusée par son manque de tact et jeta un coup d’œil sur la demoiselle accompagnant le petit rigolo. Vu comme ça la fait rire, la jeune femme doit être habituée à ce comportement là, venant du brun. Morgan l'écoute et sourit tout en secouant un peu la tête de façon presque dépitée. C'est alors qu'elle le fixe longuement avant de lui répondre franchement.

"En attendant c'est surtout l'alcool qui prend place dans ton esprit, et surtout pas moi dans ton coeur !"

Morgan et le tact infaillible dont elle sait faire preuve, il en est presque légendaire. Et ça on peut le demander aux gens qu'elle côtoie et qui la connaissent. Morgan ou l'art de dire les choses avec un aplomb proche de l'indécence.
Elle continue de mettre sur un plateau les verres commandés et de les arranger, en les décorant un peu avant de reculer en voyant la main du brun. Elle l'observe, comme s'il s'agissait d'un ovni, puis la lui serre avec force. On apprend beaucoup sur une poignée de main. Si l'autre est mou et ne serre pas la main on sait directement qu'il est du genre à se laisser marcher dessus, à ne pas prendre de décision et encore moins faire preuve d'initiative ou de créativité. Par contre, si la poigne est franche et forte, la personne en face est droite, et sait ce qu'elle veut. Morgan a donc toujours serré des mains avec force et détermination. Elle relâcha sa main après l'avoir serré franchement et se remet à son travail tout en l'écoutant. Elle finit par sourire et s'arrêter un peu pour lui répondre.

"Je m'appelle Morgan, Oui il y a des aphro dans certains de mes cocktails, mais on va peut-être les réduire pour toi ! Ca  fat un peu trop bon ménage chez toi !"

Elle était agréablement surprise qu'il reconnaisse cela au goût, mais en ayant enfin son explication, elle le regarda exprimant une certaine curiosité à son égard, avant de sourire en coin. Tient donc, ainsi des bars envoyaient leur barman chez elle. C'est amusant et ça a un air de compétition. Et la compétition, la rousse aime ça. Elle a une mentalité de battante, et est capable de tout et de beaucoup pour remporter les choses et devenir la meilleure. Et c'est justement son but. Dans ce quartier des bars elle veut que le sien devienne le meilleur, l'incontournable bar, sans devenir un de ces bars de riches ultra pompeux. Oh que non, elle veut garder son authenticité.
Elle termine de donner les verres et le regarde partir ensuite. " Continue comme ça, chérie!" Et puis quoi encore ? Il faut qu'elle lui donne aussi un petit surnom !? C'est beau de rêver, mais la rousse ne se laisse pas facilement surtout par un type plutôt mignon, mais fortement alcoolisé.

Tout en reprenant son service, elle sourit et continue de danser par moment. Elle aime cette ambiance et surtout cette chanson que le groupe reprend, une de ses préférées concernant le groupe qui chante l'originale. Ca lui donne envie de sauter et de secouer la tête au rythme de la batterie et de chanter en même temps. Mais étant de service, elle se contente simplement de danser un peu et de remuer la tête légèrement.
Bières, shots, vins, cocktails, et encaissement. Tout y passe, elle gère son bar avec une certaine organisation. Elle regarde Enzo par moment, et discute parfois avec lui, avant de le regarder secouer un shaker et verser le contenu dans un verre. Le brun est un de ses meilleurs amis depuis qu'elle est dans cette ville. Et depuis l'université ils ne se sont jamais quittés. Mais il n'y a jamais eu rien d'autre que de l'amitié entre eux. Enzo a beau être brun, grand et sympa à regarder, Morgan ne l'a jamais autrement que comme un ami.
Revenant à son poste, la barmaid, nettoie son côté du comptoir et remarque  ce qui semble être un porte feuille. Elle lâche un soupire et se retourne pour le ranger en sécurité. On viendra sûrement le réclamer. Tout en continuant de faire son rangement et de nettoyer son plan de travail, avant de se remettre à prendre les commandes, elle jette des coups d’œil bienveillant sur la salle, surveillant toujours les clients pour vérifier qu'il n'y ait pas de débordements.
Tout en rangeant ensuite des verres sortant du lave vaisselle, elle entendit qu'on l'appelait. La rouquine se retourna et vit le dénommé Stewart. Elle leva de façon brève les yeux au ciel et rangea le verre à pied avant d'écouter sa requête. Elle rit un peu.

"Je crois que je l'ai oui. Je l'ai rangé là."

Elle ouvrit un tiroir de dessous la caisse et lui montra le porte feuille. Elle le lui tendit tout en ajoutant.

"Je ne suis pas ta sauveuse ""chéri"", mais la prochaine fois, au lieu de draguer, vérifies tes poches."

Elle lui sourit doucement, sensible tout de même au charme que pouvait dégager le jeune homme. Elle le regarda un peu plus intensément se demandant s'il n'avait pas vraiment trop bu.

"Rassurez-moi. Vous ne rentrez pas en voiture ? Personne ne conduit, et j'vais vous appeler des taxis, ce sera mieux pour vous tous !"

Elle n'attendit pas vraiment de réponse que déjà elle décrochait le téléphone et appelait la boîte de taxi avec qui elle fait un partenariat. Elle commanda alors une voiture pour un groupe de jeunes et raccrocha.

"Un taxi sera là d'ici une vingtaine de minutes. Asseyez-vous au bar pour patienter. Vous voulez grignoter un truc ?"

Stewart poussa un cri de joie en voyant la rouquine tirer de derrière le comptoir son porte-feuille, heureux de sa chance. Avec son exubérance habituelle, il l'embrassa avant de le ranger bien au chaud dans la poche intérieure de sa veste, sous le regard amusé et exaspéra d'Angela, qui avait décidemment l'impression de lui servir de grande sœur. « Morgan, je t'aime. Tu es merveilleuse ! » déclara-t-il avec emphase, ignorant sa remontrance. Pourquoi se priver de conter fleurette à une jolie fille en soirée, hein ? Ça n'avait pas de sens, et il pouvait bien perdre son porte-feuille si ça lui permettait de lier connaissance avec une femme comme elle. Sentant le poids de son regard s'alourdir sur lui, il se redressa, essayant bêtement de paraître à son avantage malgré tous les verres qu'il avait bu pour être digne de son joli sourire. Eh, il tenait encore debout ! Et articulait encore correctement ! Il était encore bon, il avait ses chances. Bon, peut-être pas avec quelqu'un de totalement sobre, mais il ne doutait pas pouvoir avoir son numéro avant de partir. « Make terrible choices and regret nothing », vous vous souvenez ? Il n'avait pas choisi de se tatouer cette phrase pour rien.

Il se penchait déjà pour poser ses coudes sur le comptoir et réduire la distance entre eux lorsqu'elle annonça subitement qu'elle allait leur commander un taxi. «C''pas la peine, Luis est pas- » voulut-il argumenter, mais il réagit trop tard. Elle avait déjà décroché son téléphone et saluait son interlocuteur. Il haussa les épaules et s'installa sur un des tabourets, comprenant qu'ils ne seraient pas prêts à partir tout de suite. Angela partit prévenir les autres et l'abandonna là sans plus se préoccuper de lui. Pendant sa conversation téléphonique, Stewart observa la jeune femme un peu plus attentivement, le menton dans sa main. Vraiment, il lui trouvait un air charmant, et le petit caractère dont elle lui avait donné l'aperçu n'avait fait que renforcer son attirance. Son regard se fit doux et admiratif. Lorsqu'elle raccrocha et proposa de leur servir de quoi manger, il se retourna vers son groupe d'amis, retournés s'assoir à leur table. « Nah, j'pense que ce sera KFC... Vieille tradition d'après-soirée. J'suis sûr que la cuisine de ton bar est s'per, mais on testera à une autre occasion. » Il reprit sa position initiale, le menton dans la main, et recommença à la dévorer des yeux.

« Alors Morgan, puis-je prétendre à un rôle de chevalier servant ? J't'ai fais ma déclaration, j'crois que tu dois me donner un mouchoir brodé, ou quelque chose dans le genre si tu m'acceptes. J'ai crû comprendre que tu aimais Game of Thrones, vu le nom des boissons ? Je peux être ton Oberyn Martell. » Il avait en effet quelques similitudes avec ce personnage, de par sa peau bronzée et son attitude conquérante, mais il espèrait ne jamais avoir à connaître une mort aussi douloureuse et répugnante que la sienne. Il tapota du bout des doigts sur la surface du comptoir, incapable d'être totalement immobile, même alcoolisé. Stewart était une pile, infatiguable, ce qui tapait sur les nerfs de beaucoup de personnes restant trop longtemps auprès de lui. Même Zack n'y était pas totalement immunisé, quand bien même il l'aidait à sa manière à la dépenser. Il n'y avait peut-être que Jackie et Bill qui supportaient cette partie de lui sans se plaindre, la trouvant peut-être divertissante. L'alcool aidait à l'empêcher de sauter partout, heureusement, lui donnant une étrange sensation d'engourdissement. Le monde tournait au ralenti dans ce genre de moments.

Sa tête se penchait petit à petit vers le comptoir, ruinant son capital séduction sans qu'il ne s'en rende compte. Lorsqu'elle se retrouva finalement entre ses deux bras sur la surface, il comprit qu'il ne réussirait probablement pas à charmer la demoiselle ce soir. « Désolé, j'crois que j'm'suis un peu trop chargé. La prochaine fois, j's'rai au top, juré. Encore plus sexy. » Et il commença à s'endormir. Eddie fut le malheureux désigné pour le soutenir jusqu'au taxi.

Avant de quitter l'établissement, Angela s'approcha de Morgan et accomplit son devoir de wingwoman. « Hey, merci pour la soirée ! Super bar, super ambiance ! Et comme tu as pu le remarquer, tu as sacrément tapé dans l'oeil de mon ami. Est-ce que tu voudrais le revoir ? Et je le promets, il est bien plus charmant lorsqu'il n'a pas autant d'alcool dans le sang. Ça te dit ? »

Voir cette exubérance soudaine l'étonna fortement, elle n'était pas réellement habituée à ce genre d'attitude. Elle se laissa surprendre par l'embrassade et se recula bien rapidement. Mais ce qui la surprenait le plus était sans aucun doute cette joie exubérante quand elle lui avait rendu son porte-feuille. Mais après tout chacun réagit différemment aux choses de la vie.
Amusée par son attitude et ses essais pour se donner contenance elle souriait doucement, puis détourna son regard amusé du jeune homme. Elle ne fit pas vraiment attention à ce qu'il répondait concernant les taxis, mais Morgan désirait la sécurité pour ses clients. Et surtout en voyant l'état du dit barman elle serait bien plus rassuré s'il rentrait n étant raccompagné et en un seul morceau. S'il arrivait quoique ce soit, la rouquine culpabiliserait à en mourir. Elle n'aurait pas bien fait son boulot et ça elle ne se le pardonnerait pas.

Elle alla prendre un verre et se le remplit avec du sirop de menthe et de la limonade, puis ajouta une paille dedans pour mélanger un peu, se faisant un diabolo menthe. La barmaid ne buvant pas pendant et hors service. Ou du moins excessivement rarement hors service. Elle l'observa tout en buvant une gorgée de sa boisson. Le bar se vidait doucement et devenait lentement plus calme, même si la musique tournait toujours.
A sa phrase elle haussa les épaules et posa son verre derrière le comptoir, puis croisa son regard. Il était culotté tout de même. Mais c'était plaisant d'un certain côté, même si elle avait cette fâcheuse tendance à se méfier des gars trop alcoolisés. Tandis qu'il lui parlait elle croisa ses bras sous sa poitrine et pencha légèrement la tête sur le côté. Elle finit par doucement rire à ses idioties et répondre.

"Oberyn a une fin tragique, choisis un autre personnage. Comme par exemple.... "You know nothing, Jon Snow"."

Elle y retournait de ces petits pics presque mesquin. Elle s'éloignait un peu de l'Oberyn Martell, malgré cette légère ressemblance, mais au moins Jon Snow était toujours presque vivant, du moins pour l'instant. Mais il y avait autre chose qui plaisait à Morgan, du moins en plus de son physique sympathique à regarder. En effet la rousse, avait profité de le regarder de la tête aux pieds quand il était reparti avec les boissons, et il n'était pas du tout laid, loin de là. Il était parfaitement son genre à quelques détails près, certes, mais il remplissait pas mal de critères. IL semblait être énergique et plein de vie, tant mieux, au moins avec lui on ne risque pas de s'ennuyer !
Tout en se perdant un peu dans son observation, elle le regardait piquer progressivement du nez. Ca par contre c'était un peu rédhibitoire, se mettre minable comme ça, dommage, il perdait ses chances.

Morgan rangea alors un peu son bar tout en l'écoutant. Elle rit "Encore plus sexy !". En effet là, il avait zéro chance la concernant, mais c'était amusant, sa façon de ne pas perdre espoir.
De son côté la rousse secouait doucement la tête avant de soupirer. Misère misère, il avait beau faire le coq, il ne tenait pas si bien que ça l'alcool. Et somnoler ainsi en public, bonjour l'image qu'il peut donner.
Tout en continuant de ranger et de nettoyer, elle vit un des amis du brun venir le chercher, puis son amie l'interpeller. La barmaid s'approcha et sourit tout en secouant la tête.

"Draguer de façon aussi minable, il devrait avoir honte, crois-moi."

Même dans son dos elle le taclait un peu, mais son sourire était en aucun cas désagréable, moqueur ou dédaigneux, juste naturel. Elle l'observa partir avant de reporter son attention sur la blonde.

"J'ai cru comprendre oui, et pourquoi pas, il ne m'a pas l'air trop méchant et il est barman. Et merci, je suis contente que mon bar vous ai plut ! "

Elle rit doucement, puis prit un papier et un stylo et nota son numéro et son prénom sur le bout de papier avant de le donner à la demoiselle, et de lui souhaiter bon courage. Car oui, il leur en faudrait sûrement pour traîner ce type tout le reste de la nuit. Les pauvres, elle les plaignait un peu.  

En grognant, une masse remua sur un matelas, trouvant visiblement le réveil bien difficile. Elle passa en position assisse et y resta bien dix minutes, en se frottant les yeux. Passées ces dix minutes, elle décida de se lever, mais fut stoppée abruptement dans son élan par sa traîtresse de couverture, jetée au sol au cours de sa courte nuit à cause de la chaleur du mois d'août. Elle devait se venger de l'affront. Les pieds empêtrés dedans, la masse s'écroula au sol bruyamment, laissant un râle de douleur lui échapper lorsqu'elle tomba sur de nouveaux hématomes. « C'est pas possible d'être aussi con ! »

Stewart, gracieux et léger comme il pouvait l'être un matin avec une magnifique gueule de bois. Il se frotta le visage pour essayer de se réveiller davantage, ne se levant pas pour autant. Trop risqué, d'être debout. D'une main maladroite, il tatonna à l'aveuglette sur sa table de chevet, à la recherche de son téléphone portable, en bon premier réflexe d'une nuit agitée. Grimaçant à cause de la luminosité, il passa en revue les derniers messages, guettant ceux qui pouvaient lui garantir des ennuis, mais rien. Tout était clean. Ça avait été une brillante idée de le confier aux bons soins d'Eddie, s'il omettait la grosse rayure dans le coin gauche du haut. Rassuré, il daigna finalement se lever pour aller se chercher de l'eau et ensuite aller prendre une douche, souffrant par avance du bruit qu'il allait devoir supporter. Est-ce qu'il lui restait de l'aspirine ?

Dans sa cuisine minuscule, après avoir satisfait sa soif et prit le médicament merveilleux, son regard se posa sur un papier tenu par un magnet sur son frigo, dont il n'avait aucun souvenir. Curieux, il le décrocha et parcourut rapidement l'écriture presque illisible. Alors, dur le réveil ? Les bleus, c'est normal, on a essayé de te retenir d'escalader une grille, on a raté et tu t'es viandé. Souffre ! Mais comme je suis merveilleuse, devine ce que j'ai pour toi ? Regarde sur ce qui te sers de poubelle étalée ! Bisous, Angela. Il rit avant de grimacer à nouveau, sentant le mal de tête horrible arriver. « Il est très bien mon bureau, s'pèce de maniaque... » Mû par la curiosité, il partit voir ce qu'elle lui avait laissé. Un nouveau bout de papier se trouvait sur la table, et dessus s'étalait une écriture inconnue. Lorsqu'il le prit, il se jura de ne plus jamais douter des talents d'entremetteuse de son amie, même si elle l'avait inconsciemment mis dans le pétrin.

Indécis, il fixa longuement le papier lui offrant le numéro de la jolie barmaid de la veille, preuve qu'il n'était pas aussi rouillé qu'il le pensait. S'il l'appelait, il allait lui donner de fausses attentes et Zack allait le tuer. Ou la tuer, au choix, vu sa jalousie maladive. Sauf que s'il ne l'appelait pas, il pouvait faire une croix sur une rencontre prometteuse. Le brun avait aimé sa répartie, elle ne lui plaisait pas seulement physiquement. Oh, s'il proposait une sortie en tout bien tout honneur... Il avait bien le droit de rencontrer des gens lui aussi ! Et il était un gentleman : lorsqu'il était en couple, sa durée aussi courte soit-elle, il restait fidèle. C'était un de ses rares principes. Sa décision prise, il enregistra le numéro dans ses contacts puis reposa le papier sur une pile de feuilles dont il ne savait même pas leur but, et partit prendre sa douche. Pour aujourd'hui, il allait s'occuper à se rendre figure humaine. Il verra plus tard pour lui proposer une sortie.


La semaine suivante, le mercredi après-midi, alors qu'il s'ennuyait à mourir dehors et jouait sur son téléphone pour se distraire, une fausse manipulation l'amena sur la page des contacts, ce qui l'amena à repenser à cette Morgan. Il hésita quelques secondes avant d'hausser les épaules et de chercher son numéro. Lorsqu'il tomba sur Ygritte, il secoua la tête, amusé par sa propre bêtise. Sans attendre, il l'appela, espèrant ne pas mal tomber. Lorsqu'on décrocha à l'autre bout de la ligne, il se présenta rapidement. Pourvu qu'elle ne l'ait pas oublié ! « Salut Ygritte ! Tu te souviens de moi ? Jon Snow ! Ou Stew, pour les intimes. Je ne te dérange pas ? Ça te dit une après-midi fête foraine ? Tu pourras me narguer avec ton « You know nothing » quand tu me battras à plat de couture au stand de tir. » proposa-t-il sur un ton taquin.  « Je serais content de te revoir. » ajouta-t-il honnêtement.