Sauter d'une cascade ? Levia n'avait jamais fait ça de sa vie, donc l'image de la marquait pas vraiment à dire vrai. Mais elle comprenait plus ou moins la comparaison. Dans la sexualité, tout était une question de lâcher prise. D'acceptation. D'épanouissement dans la simplicité de l'acte. La juive n'était pas vraiment prête à être super ouverte d'esprit à ce sujet, pas prête tout court à se lover comme un chat contre le torse d'Erik à chaque fois qu'ils en auraient fini, mais elle aimait bien l'idée qu'elle pourrait y arriver un jour.

Oui. Rien que d'y penser, ça lui plaisait. Ça pourrait être comme dans un jeu d'enfants, où ils s'aimeraient simplement et se parleraient comme si tout était normal. Comme si leur intimité ne pouvait leur être enlevé, qu'il n'y avait d'ailleurs que ça qui comptait. Le genre de choses qu'elle pourrait tout à fait faire avec Erik, vu leur tempérament respectif et leur entente en général. Ils arrivaient déjà à se faire découvrir plein de trucs, culturellement parlant. Elle était persuadée qu'Erik avait bien des choses à lui apprendre sur tout le reste.

Et surtout sur elle-même. Néanmoins, Levia arrêta d'y penser à la question de Carmen sur sa volonté d'avoir des enfants. « Quoi ? » Articula-t-elle dans sa langue natale en la regardant avec de gros yeux. Non, elle disait ça juste pour l'embêter vu son rire. « Oui j'en veux mais pas comme ça et pas tout de suite. » Réussit à répondre Levia le plus naturellement du monde, en s'empêchant de rougir comme une adolescente au passage. « Pas toi ? »

Et c'était pas un mal de vouloir des enfants, elle en était sûre ! Quand elle disait « pas tout de suite », en plus, c'était parce qu'elle voulait encore quelques années pou se préparer. Trois, ou quatre ans. Le temps de construire un abri plus sûr que ça ! D'avoir une vraie communauté où ils pourraient vraiment compter sur tout le monde. Une vraie grande famille qui n'aurait pas à s'arrêter, partir, bouger, s'inquiéter. Et Levia se disait qu'il faudrait du temps pour tout ça. Des années donc. Juste le temps d'être vraiment prête.

« Tu as raison. Je vais arrêter de m'en faire. » Céda-t-elle après la remarque de Carmen sur tout ça. Erik, lui, ne devait pas tant s'en inquiéter que ça, se disait-elle. Il devait prendre la chose très naturellement, comme si c'était normal entre eux. Et il n'avait pas l'air spécialement pressé avec tout ça. S'il y pensait, il laissait justement entendre que ça n'était pas un poids d'y penser, d'en avoir envie, de ne pas pouvoir l'obtenir immédiatement, et tout ça... La patience rendrait ça plus délicieux encore le moment venu, non ?

« Ou alors, on les garde pour le jour où on réequipera cette écurie, non ? » Plaisanta Levia devant la mine mitigée de Carmen. « Viendra bien un moment où on devra en retrouver pour les utiliser. Il faudra que tu montes dessus et tout... » Rajouta-t-elle l'air de lui dire que ça serait probablement un passage obligé. Enfin, elle disait ça, certes, mais elle pensait surtout que s'il fallait lui trouver un cheval, elle devrait probablement se contenter d'un poney vu sa petite taille. « Tu aurais beaucoup de classe sur un étalon ! »

Levia lui fit d'ailleurs un grand sourire pour appuyer son propos, imaginant parfaitement la navajo, cheveux aux vents, sur une belle bête à la robe blanche tachetée de brun. « Axel pourrait s'en occuper non ? Il n'a pas grandi dans une ferme ? » Demanda-t-elle innocemment, n'ayant que peu d'informations en générale sur la vie des autres du campement. La personne qu'elle connaissait le mieux était Erik. Ensuite, Carmen, et enfin Shawna. Les autres étaient des énigmes pour elle.

D'accord, c'était probablement très compliqué d'élever des chevaux et de s'en occuper, Levia ne se rendait pas vraiment compte de la charge de travail que ça pouvait être. Mais si elle voulait faire du ranch un endroit viable durablement, il faudrait penser de toute façon à devenir plus indépendant, et à tous les niveaux. Faire pousser de quoi manger, l'élevage, ce n'était qu'un premier pas avant la véritable indépendance. Quand il n'y aurait plus de quoi faire rouler des voitures, Carmen serait probablement ravie de pouvoir monter, même si elle ne semblait pas très rassurée par cette idée.

« Je suis sûre que tu pourras gérer quand même. » Fit-elle en haussant les épaules. « Tu as bien une moto. Ça n'est pas la même chose, mais ça ne doit pas être si différent fondamentalement... » Plaida la petite brune sans vraiment être convaincue par son argumentaire. Bon, après tout, elle n'allait tout de même pas lui ramener un cheval demain à son réveil, elle savait que ça n'était pas pour tout de suite. Il fallait préparer son arrivée, commencer à s'équiper, les recherches et tout ça... Avant de mettre la main sur un animal comme celui-ci...

Du coup, elle n'insista pas plus, attrapant plus d'équipement pour le mettre aussi sur son épaule et aider la brune à tout transporter jusqu'au ranch. Leur tour était quasiment terminé, elles n'eurent qu'à gagner l'arrière de l'écurie et faire le tour des barrières pour voir s'il n'y avait rien. De la neige jusqu'au dessus des chevilles, à guetter les empreintes un peu louches dans la poudreuse. Elles ne trouvèrent rien de toute façon, regagnant finalement la chaleur du foyer qui ronronnait paisiblement dans la cheminée du ranch, et les autres.

Levia jeta un coup d'oeil à la Navajo avant de regagner sa chambre. Le regard teinté d'une complicité nouvelle maintenant qu'elle y pensait. Comme si cette discussion avait apporté plus qu'elle ne l'imaginait.