A peine arrivée de l'autre côté de la barrière, Blake récupéra la laisse de Khan et tourna sur elle même pour voir les rôdeurs s'agglutiner contre le portail. Restant deux secondes silencieuse, les paroles de Connor lui vinrent aux oreilles. Oui ils devaient les éliminer. Sinon, à ce rythme, ils finiraient par faire briser les chaînes et le cadenas qui gardait ce lieu fermé. Mais surtout, à s'entasser comme ça, ils devraient faire un énorme détour pour rejoindre leur véhicule. Ledit détour serait, de toute façon, inévitable. Même s'il réussissait à en tuer une grande partie, les autres, au loin, viendraient eux aussi voir ce qu'il se passait derrière ce portail.

D'un geste rapide, le lieutenant récupéra son couteau, coincé dans sa ceinture. Le bras levé, prête à donner le premier coup, elle s'arrêta et tourna la tête vers Connor. « Pas d'armes à feu. » Ses yeux verts vinrent fixer les armes quelques secondes avant de remonter vers les visages qui constituait son équipe. « Connor, Abel. On en descend le maximum. » D'un coup de menton elle désigna l'ensemble des maisons derrière eux. « Arthur. » Elle n'eut pas besoin d'en dire plus, elle savait très bien que l'homme avait compris qu'il devait inspecter les alentours avec le reste de l'équipe. Avant de se lancer dans le grand nettoyage, la militaire décrocha la laisse de son malinois et lui ordonna de suivre Arthur.

Et elle frappa un premier coup. Le couteau s'enfonça directement le crâne du mort. D'un coup sec, elle retira la lame crantée et réitéra l'opération juste après que le corps s'étale au sol. Un, deux, trois. Elle fit une pause. Les morts s'agglutinait tellement qu'il était difficile de faire le tri. Une nouvelle occasion se présenta et elle enfonça une nouvelle fois sa lame dans l’œil d'un rôdeur.

    Ne pas traîner, ne pas perdre de temps inutilement en se demandant s'il y avait une autre possibilité : il n'y en avait pas. Il n'y avait plus d'autre possibilité dans ce monde que fuir, encore et encore, et nous retrouver ici avec autant de Coyote me confortait une fois encore dans ce fait. Est-ce que j'avais oublié depuis mon retour comment c'était en dehors de la sécurité relative du chalet ? Absolument pas. M'appuyant sur Blake sans broncher après avoir rangé le Glock pour passer au dessus du portail, j’atterris de l'autre côté non sans grimacer légèrement, restant aux aguets de chaque fait qui nous entourait.

    La blonde ne tarda pas à nous rejoindre, suivie de prêt par Arthur qui avait jusque là assuré ses arrières. Nous étions tous passablement essoufflés par l'agitation, à cran probablement aussi, mais il ne fallait pas traîner. Rien ne nous disait que ce lieu était sûr et si, au premier coup d’œil, ça n'avait pas l'air si habité que cela, nous avions pour la plupart suffisamment d'expérience pour savoir que nous n'étions en sécurité nulle part.

    Me contentant de hocher la tête à la question d'Arthur, je laissais néanmoins voguer mon regard sur chacun de mes compagnons, m'assurant qu'ils étaient encore tous sur pieds et prêts à continuer. La suggestion de Connor était des plus fondée ; si nous nous contentions de nous en aller, récupérer le van serait vraiment difficile et la grille ne tiendrait probablement pas éternellement.

    Aux mots d'Arthur, je récupérais la hache calée dans la sangle de mon sac, refermant fermement mes doigts autour. Si cet endroit était probablement loin d'être sécurisé, user à tout va d'armes à feu était un luxe que nous ne pouvions pas nous permettre. Alors que nous commencions à avancer prudemment, je lançais un coup d’œil à Dante qui évoluait à côté de moi ; comme nous tous, il craignait pour sa vie, craignait de ne pas pouvoir rentrer et retrouver celles qu'il avait laissé derrière lui.

    Zieutant tantôt à droite, tantôt à gauche, je fermais la marche, alerte au moindre mouvement. Mouvement qui ne tarda pas à se faire voir sur ma droite alors qu'un Coyote sortait de l'arrière d'une maison. Inutile cette fois-ci de courir, la précipitation risquait de nous mener à notre perte. M'avançant lentement, je lui assenait le coup fatal avant de reprendre ma marche vers le bout de la rue.

Pas le temps de niaiser, il fallait avancer et vite vu le nombre de rôdeurs s’approchant d’eux. Dante suivit le mouvement et commença à courir jusqu’à arriver devant une grille. Quasiment tour à tour, ils passèrent rapidement de l’autre côté, apercevant Connor un genou à terre, le canadien s’amusa de la situation et ne se fit pas prier pour s’aider de lui afin de grimper ladite grille, bien qu’en soi, il n’aurait pas eu besoin de ce support, mais l’envie d’en profiter pour piétiner l’homme se faisait bien trop forte pour ne pas se laisser aller et craquer, ce qu’il fit donc, car après tout, il rangeait dans son esprit l’ancien sportif dans la même catégorie que Ludwig.

Cependant, le blondinet n’était pas limité au point de ne pas se rendre compte que la remarque faite par l’homme était des plus justes, seulement, jamais il ne lui en ferait part, pas besoin de toute manière. Blake décida de rester avec l’intéressé et Abel afin d’achever un maximum de rôdeurs et de limiter au maximum tout risque de faire céder cette grille pouvant être salvatrice pour le groupe. Dante hocha la tête en guise de réponse à la question posée par Arthur avant d’inverser ses armes et de reprendre finalement sa dague en main en prenant place aux côtés de l’aîné du groupe.

Il connaissait Alan depuis le stade, un homme fiable et faisant le nécessaire si besoin. Ils n’étaient pas proche, mais Dante ne pouvait que ressentir de l’admiration pour l’Homme qu’il était et encore plus avec les récents événements personnels qu’il avait dû traverser. Mais pour l’heure, bien des choses devaient être faites et en tout premier lieu, bien écouter les instructions données par Arthur qui maîtrisait le sujet. Elles étaient claires, nettes et précises, ça plaisait au canadien, tout en l’amusant légèrement par rapport au ton employé, mais il en comprenait très bien la raison.