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Your point of view - Emy
Dim 12 Fév 2017 - 14:45
L’épidémie avait été l’égal d’un énorme tsunami. Une vague dévastatrice changeant et bouleversant toute sa vie. Chaque nuit, Jim revoyait le visage de sa femme et de son fils, pour finalement se réveiller en sursaut, ses doigts empoignant fermement un long couteau de cuisine. Ses nuits étaient de plus en plus agitées. Il avait pensé qu’avec le temps, il finirait par oublier, que l’horreur ferait partie de son quotidien. Mais il était loin de penser que les choses n’allaient qu’empirer. Il jeta un regard attendrissant vers sa fille. Le seul amour de sa vie qui lui restait. Elle dormait tranquillement, ses cheveux noirs détachés soulevaient les traits encore innocents de son visage. Elle n’avait que 13 ans et vivait dans un monde fou. Comment l’humanité avait-elle pu prendre un tel tournant ? Jim pensait vivre dans un cauchemar sans fin, un cauchemar qui prendrait rapidement fin. Il gardait espoir.
Même si Seth lui disait que les forces de l’ordre avaient fini par abandonner, qu’ils étaient destinés à vivre dans le chaos jusqu’à la fin de leur vie, Jim restait optimiste. Car comment vouloir continuer à vivre dans un monde pareil, si l’on pensait que tout était perdu d’avance ? Peut-être la peur de mourir … Mais Jim n’avait pas peur de la mort. Il souhaitait simplement retrouver une vie normale, un train quotidien et voir sa fille grandir sans avoir peur de sortir et de tuer pour vivre.
Il caressa la tête de Sarah et lui déposa un tendre baiser sur le front. Il tendit le cou, puis se leva pour regarder au dehors. La nuit était sombre, les rôdeurs gémissaient leurs râles bestiaux au delà des remparts. Nettoyer Seattle des morts vivants aurait pu être une bonne idée, mais il savait qu’il serait impossible de prendre un tel risque. Certaines rues regorgeaient d’une centaine voire plus de ces monstres putrides. Il étira ses bras noueux, puis sortit de la pièce. N’arrivant pas à dormir la tête reposée, il préférait de loin parcourir le long couloir froid du lycée, afin d’oublier Joshua et Lise. Jouant de son couteau, il restait attentif au moindre bruit. Il était quoi ? Minuit tout au plus …
Garfield High School somnolait comme un animal docile. Mais tout le monde savait bien que le moindre bruit suspect pouvait provoquer le réveil de la bête. Jim s’arrêta au bout du couloir. Il s’installa sur une grosse caisse en bois remplie de boites de conserves en tout genre. La lune argentée se dessinait à présent dans le ciel, éclairant d’avantage la cour du lycée qui s’offrait devant lui. Un vent glacé s’engouffra sous le préau, frappant d’une armée de mille aiguilles le visage de l’architecte. Il ferma les yeux et souffla lourdement. Les traits de son visage affichaient une fatigue accumulée depuis les premiers événements. Il paraissait plus vieux qu’il en avait l’air, mais sa carrure importante imposait le respect. Il s’emmitoufla d’avantage dans son épais manteau et pesta intérieurement de n’avoir pas de cigarette pour se réchauffer. Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour tirer juste une dernière cigarette …
Tous les petits gestes du quotidien, anodin au premier abord, lui manquaient terriblement. Son lit, le chauffage confortable de sa maison, un bon café, son bureau, ses collègues, même faire les courses en grande surface. Il donnerait sa vie s’il le fallait, pour que tout redevienne comme avant. Où était le remède contre cette folie ?
Il entendait les râles des rôdeurs par dessus la porte d’entrée. Ses doigts se crispèrent. Il n’arrivait pas à les accepter, à comprendre qu’il était un survivant dans le monde des cannibales. Il n’arrivait pas à concevoir l’idée que tout ce qu’il avait vécu avant, n’était plus qu’un souvenir fugace enfoui dans les limbes du passé. Tout en contemplant le ciel, il revoyait Joshua lui parler de son dernier match de baseball. Il entendait son rire, ses craintes pour l’avenir ou même sa colère quand Jim le contredisait. Josh était parti trop tôt, bien trop tôt. Jim n’arrivait pas à l’accepter et ça le bouffait de l’intérieur.
Sa vision se brouillait de larmes. Le chagrin l’envahissait et il ne put contenir plus longtemps cette tristesse qu’il avait retardée depuis 1 an maintenant. De chaudes larmes coulaient le long de sa barbe et cet homme si bourru d’apparence, sanglotait silencieusement à l’abri des regards. Du moins, c’est ce qu’il croyait. Il entendit la porte s’ouvrir derrière lui et se retourna prestement, sans prendre le temps de sécher ses larmes. Emy se tenait dans l’encadrement de la porte. C’était une femme blonde, d’une trentaine d’années, qu’il appréciait pour sa franchise et pour son caractère. Il ne la connaissait pas beaucoup, mais ils avaient échangé plusieurs fois lors de missions communes. Sarah et sa fille Kaycee s’entendaient plutôt bien. Jim sécha maladroitement du revers de sa manche, les quelques larmes qui lui restait.
« Emy … qu’est-ce que … tu es là depuis longtemps ? » demanda-t-il d’une voix grave tout en reprenant contenance.
Cette question n’en était pas vraiment une. Du moins, ce qu’il voulait surtout savoir c’est si elle l’avait vu pleurer … chose qu’il ne supportait pas. Qu’on le voit faible.
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Re: Your point of view - Emy
Mer 15 Fév 2017 - 12:20
Emy passait énormément de temps avec Sally, ces dernières semaines. Et en parallèle, elle avait plutôt évité Alex, comme pour ne pas revivre ce qui l'avait fait sombré quelques semaines plus tôt. Kendale avait pris beaucoup soin d'elle également, la bougeant, lui proposant des choses, l'impliquant dans la vie du camp. Si Emy n'avait écouté que sa volonté, elle se serait probablement laissée mourir de faim dans son lit, n'en sortant plus pour continuer à pleurer et pleurer encore. C'était fou de voir la quantité de larmes qu'un aussi petit corps amaigri était capable de contenir. La blonde s'en étonnait souvent, avant de se remettre à pleurer bêtement.
Du coup, la présence de Sally l'avait réconforté d'une certaine manière. Surtout quand la mère de famille était venue la tirer du lit après une énième insomnie aux côtés de Kendale, où elle ne faisait qu'écouter les battements de son cœur et le rythme de sa respiration pour s'assurer qu'il vivait toujours, pour venir lui montrer que la vie continuait. Russell allait mieux. Et par conséquent, ses parents aussi. Sally lui avait expliqué qu'ils avaient parlé avec leur fils, et que depuis, il avait beaucoup moins de crises de panique et de cauchemar. Alors, le couple Lockharts avait retrouvé un semblant de sommeil sain.
Malgré sa tristesse, Emy n'avait pu s'empêcher d'en éprouver de la fierté. C'était un petit peu grace à elle si cette famille avait réussi à s'apaiser. Sally n'avait plus de cernes ou les traits marqués par l'inquiétude. Pas que tous les maux du monde avaient soudainement disparus, mais il lui semblait qu'au moins, cette femme qu'elle estimait allait bien mieux parce qu'elles en avaient discuté. Elle ne pouvait cependant pas en tirer toutes les louanges. Elle avait apporté simplement sa pierre à l'édifice, en restant elle-même. Et Emy s'était rendue compte qu'il y avait des hauts, des bas,... Mais que la vie continuait surtout, et c'était ça qui comptait.
Alors, malgré ses insomnies à répétition, et le fait que sa dépression couvait toujours, la blonde avait retrouvé un semblant de vie au sein du lycée. Elle avait l'impression constante d'être suivi par une ombre immense, par une silhouette décharnée, qui posait constamment sa main osseuse sur son épaule pour se rappeler à elle. Si les premiers temps, Emy ne pouvait s'empêcher de regarder cette main, de l'interroger du regard, de se concentrer sur elle, elle avait développé au fur et à mesure du temps une capacité incroyable pour s'en défaire, pour l'oublier. Elle fermait longtemps les yeux, et elle se laissait étreindre par tout son chagrin, sa peine, sa culpabilité.
Et soudainement, elle l'oubliait, et elle avançait. Comme ce soir-là, où, errant dans les couloirs du lycée, elle s'était laissée suivre par cette masse informe, sans visage, sans personnalité, qui n'était qu'un concentré d'horreur et de pensées démentes. Elle avait laissé durant toute sa marche calme ces idées noires l'enserrer, jusqu'à ce qu'un bruit de sanglots ne vienne la sortir de sa torpeur sombre. Relevant le nez, elle avait attendu, comme pour voir si les pleurs reviendraient. Et elle s'était approchée doucement, très doucement, comme une ombre, jusqu'à la porte menant au préau où elle put distinguer la silhouette d'un des survivants.
Jim, il semblait. Jim, les épaules baissées, tremblantes légèrement, écoutant le râle des morts de l'autre côté de ces protections. Durant un bref instant, Emy se sentit de trop. Puis, elle se demanda si l'homme voudrait qu'on le soutienne. Alors, le temps de savoir quoi faire -le laisser ou rester-, elle s'était faite voir de lui. « Désolée... » Souffla-t-elle, un peu piteuse, consciente d'avoir interrompu quelque chose. « J'ai entendu du bruit, je voulais m'assurer que tout allait bien. »
« Du bruit. » ça n'était pas avouer qu'elle l'avait entendu pleurer, pour ne pas le mettre mal à l'aise plus qu'ils ne l'étaient présentement. C'était... Elle ne savait pas. Elle prenait simplement des pincettes en s'approchant, serrant son grand châle autour de ses épaules alors qu'elle venait le rejoindre. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait là. Ce que tout ça voulait dire. Elle devrait être au lit, avec Kendale, pour veiller à ce que son cœur batte toujours dans son torse, et qu'il respirait encore. Au lieu d'errer comme un fantôme dans les couloirs de ce lycée. Et de tenter d'être incroyablement normale...
« Tu es de garde ce soir ? » Lui demanda-t-elle pour faire la conversation, avec un petit sourire en coin qui se voulait aimable. Les râles dehors lui parvinrent plus clairement, lui serrant un peu plus le cœur. Et puis, elle le regarda, lui et son grand manteau, son écharpe, sa barbe presque entretenue. Et elle fit ce qu'elle savait faire de mieux : La maman. « Il fait toujours aussi froid, tu es assez couvert ? On devrait peut-être rentrer se mettre au chaud. »
Du coup, la présence de Sally l'avait réconforté d'une certaine manière. Surtout quand la mère de famille était venue la tirer du lit après une énième insomnie aux côtés de Kendale, où elle ne faisait qu'écouter les battements de son cœur et le rythme de sa respiration pour s'assurer qu'il vivait toujours, pour venir lui montrer que la vie continuait. Russell allait mieux. Et par conséquent, ses parents aussi. Sally lui avait expliqué qu'ils avaient parlé avec leur fils, et que depuis, il avait beaucoup moins de crises de panique et de cauchemar. Alors, le couple Lockharts avait retrouvé un semblant de sommeil sain.
Malgré sa tristesse, Emy n'avait pu s'empêcher d'en éprouver de la fierté. C'était un petit peu grace à elle si cette famille avait réussi à s'apaiser. Sally n'avait plus de cernes ou les traits marqués par l'inquiétude. Pas que tous les maux du monde avaient soudainement disparus, mais il lui semblait qu'au moins, cette femme qu'elle estimait allait bien mieux parce qu'elles en avaient discuté. Elle ne pouvait cependant pas en tirer toutes les louanges. Elle avait apporté simplement sa pierre à l'édifice, en restant elle-même. Et Emy s'était rendue compte qu'il y avait des hauts, des bas,... Mais que la vie continuait surtout, et c'était ça qui comptait.
Alors, malgré ses insomnies à répétition, et le fait que sa dépression couvait toujours, la blonde avait retrouvé un semblant de vie au sein du lycée. Elle avait l'impression constante d'être suivi par une ombre immense, par une silhouette décharnée, qui posait constamment sa main osseuse sur son épaule pour se rappeler à elle. Si les premiers temps, Emy ne pouvait s'empêcher de regarder cette main, de l'interroger du regard, de se concentrer sur elle, elle avait développé au fur et à mesure du temps une capacité incroyable pour s'en défaire, pour l'oublier. Elle fermait longtemps les yeux, et elle se laissait étreindre par tout son chagrin, sa peine, sa culpabilité.
Et soudainement, elle l'oubliait, et elle avançait. Comme ce soir-là, où, errant dans les couloirs du lycée, elle s'était laissée suivre par cette masse informe, sans visage, sans personnalité, qui n'était qu'un concentré d'horreur et de pensées démentes. Elle avait laissé durant toute sa marche calme ces idées noires l'enserrer, jusqu'à ce qu'un bruit de sanglots ne vienne la sortir de sa torpeur sombre. Relevant le nez, elle avait attendu, comme pour voir si les pleurs reviendraient. Et elle s'était approchée doucement, très doucement, comme une ombre, jusqu'à la porte menant au préau où elle put distinguer la silhouette d'un des survivants.
Jim, il semblait. Jim, les épaules baissées, tremblantes légèrement, écoutant le râle des morts de l'autre côté de ces protections. Durant un bref instant, Emy se sentit de trop. Puis, elle se demanda si l'homme voudrait qu'on le soutienne. Alors, le temps de savoir quoi faire -le laisser ou rester-, elle s'était faite voir de lui. « Désolée... » Souffla-t-elle, un peu piteuse, consciente d'avoir interrompu quelque chose. « J'ai entendu du bruit, je voulais m'assurer que tout allait bien. »
« Du bruit. » ça n'était pas avouer qu'elle l'avait entendu pleurer, pour ne pas le mettre mal à l'aise plus qu'ils ne l'étaient présentement. C'était... Elle ne savait pas. Elle prenait simplement des pincettes en s'approchant, serrant son grand châle autour de ses épaules alors qu'elle venait le rejoindre. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait là. Ce que tout ça voulait dire. Elle devrait être au lit, avec Kendale, pour veiller à ce que son cœur batte toujours dans son torse, et qu'il respirait encore. Au lieu d'errer comme un fantôme dans les couloirs de ce lycée. Et de tenter d'être incroyablement normale...
« Tu es de garde ce soir ? » Lui demanda-t-elle pour faire la conversation, avec un petit sourire en coin qui se voulait aimable. Les râles dehors lui parvinrent plus clairement, lui serrant un peu plus le cœur. Et puis, elle le regarda, lui et son grand manteau, son écharpe, sa barbe presque entretenue. Et elle fit ce qu'elle savait faire de mieux : La maman. « Il fait toujours aussi froid, tu es assez couvert ? On devrait peut-être rentrer se mettre au chaud. »
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- Maxine E. Reynolds
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Re: Your point of view - Emy
Sam 18 Fév 2017 - 8:43
Face à Emy, Jim se redressa et ravala ses larmes. Non pas par fierté et parce qu’un homme ça ne doit pas pleurer, mais exposer ses faiblesses dans un tel monde, c’était ouvrir la porte vers le chemin de la mort. Or, Jim était un survivant. Il était certainement le prototype même du gars évitant à tout prix de se faire bouffer par un rôdeur ou de se faire tuer par des types fous à la gâchette facile. Un sourire faible s’étira sur ses lèvres. Le visage de Jim exprimait une certaine fatigue. Pas par manque de sommeil, mais une usure du temps. Il était père d’une gamine encore fragile, encore trop jeune pour affronter ce monde à elle seule. Il s’inquiétait pour elle, de l’influence que Seth pouvait avoir sur elle. Bref, il ne voulait pas la perdre, elle qui était maintenant sa seule famille. C’était un rôle difficile à endosser.
Avant l’épidémie, Jim n’avait jamais mis en exergue toute l’affection qu’il éprouvait pour sa famille. C’était un père distant, très pris par son travail et qui parlait peu avec sa femme et ses enfants. Il avait toujours privilégié son fils à sa fille. Mais Sarah ne lui avait jamais tenu le moindre reproche à cet égard. C’est juste que Jim, constatait maintenant, qu’il connaissait peu sa fille. A vrai dire, tous ses souvenirs étaient braqués sur Josh et non sur Sarah. Il regrettait et se maudissait parfois de n’avoir pas été assez présent pour elle. C’est pour cela que aujourd’hui, Jim essai de se rattraper. Peut-être pas de la meilleure façon qui soit, mais au moins il a réussi à la préserver du danger jusqu’à présent.
D’un geste de la main, Jim invita Emy à prendre place sur une caisse en bois vide. Un faible feu crépitait dans un vieux tonneau de métal rouillé.
« Je ne suis pas de garde, non. J’avais besoin de réfléchir un peu. Trouver le sommeil est devenu un exercice difficile depuis l’incident du mois de février de l’an dernier. Ca fait un an maintenant … » répondit-il d’une voix calme et tranquille.
Jim posa son regard sur le visage d’Emy. La lumière des flammes orangées ressortait les traits doux de son visage. Elle était pétri de grâce, semblait tout droit tombé du ciel. Rien à voir avec Polly, dont le visage creusé de rides, exprimait les vicissitudes de cette vie accablante. Il laissa échapper un soupire lourd, puis à l’aide d’une barre de métal, attisa les braises du feu.
« Je pensais à ma fille, Sarah … tu sais, la petite brune qui traine souvent avec ton adolescente. Elles s’entendent plutôt bien. »
Il n’exprimait ni joie, ni colère. Jim était visiblement perdu dans ses pensées. Il avait perdu trop de gens qu’il estimait durant des expéditions et savait très bien que ces barricades et ces grillages ne pourraient pas retenir le monde extérieur bien longtemps. Il n’était pas dupe et se préparait à une éventuelle attaque. Perdre du monde devenait usant.
« Mon frère Seth pense qu’il faudrait lui apprendre à se défendre. Je sais bien qu’elle s’entraine en cachette au lancer de couteau … mais utiliser une arme à feu, je ne pense pas que ce soit la bonne manière de procéder. Elle est encore si jeune. Elle n’a que 13 ans. »
Un vent froid venait de se soulever. Assez vivifiant pour ne pas plonger les deux protagonistes dans l’ennui et le sommeil. Jim referma le dernier bouton de sa lourde veste.
« Je pensais … peut-être pourrais-tu parler à Kaycee et lui dire de dissuader Sarah de vouloir apprendre à tuer des rôdeurs ? A cet âge là, on écoute plus souvent ses amis que son père. »
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Re: Your point of view - Emy
Sam 18 Fév 2017 - 13:33
Emy vint s'installer là où il lui désigna de sa lourde paume, resserrant sa veste sur elle et rapprochant la caisse du feu. Elle n'était pas assez couverte pour rester trop longtemps dehors, mais près d'un foyer chaud, ça devrait être gérable. Elle s'emmitouffla d'ailleurs dans son châle épais, le serrant bien autour de son cou, prête à le remonter sur son visage quand le moment serait venu pour ça. Aimable, attentive, comme à son habitude, elle écouta les explications et les réflexions de son aîné, sans l'interrompre.
Il n'était pas de garde, il avait juste besoin de réflechir un peu. Trouver le sommeil n'était pas chose aisé et elle ne pouvait que confirmer ça. « Je peux comprendre oui. Ça donne l'impression que les heures s'écoulent encore plus lentement lorsqu'on ne dort pas. » Et vivre dans ce monde, dans leur situation, après toutes les pertes lourdes qu'ils avaient essuyé, et la moitié de l'univers rêvant de les bouffer, ça n'était pas simple. Le fait que tout soit au ralenti accentuait le côté sinistre de cette histoire qui était la leur.
Les mots de l'homme à propos de sa fille arrachèrent à Emy un sourire tendre. Parler de son enfant était sans doute la seule chose qui la sauvait de sa déprime. De Kaycee, elle aurait pu y passer des journées en vantant ses qualités, ses défauts, son caractère, ses yeux magnifiques, ses longs cheveux blonds. Sa fille était sa fierté et la prunelle de ses yeux, et les amies de sa fille étaient comme une part de sa famille. Alors forcément, elle savait parfaitement qui était Sarah pour elle, et leur relation à toutes les deux. Même si la fille de Jim était à peine plus jeune que celle d'Emy, ça n'empêchait rien.
« Kaycee l'apprécie beaucoup. » Confia la chirurgienne en venant tendre ses mains au-dessus du feu pour réchauffer ses phalanges grippées par le froid. Sarah n'était pas la remplaçante des meilleures copines de la petite blonde. Sarah, elle était une autre amie qui lui était chère. « Si ta fille n'était pas là, elle passerait trop de temps avec les adultes. » Rajouta-t-elle comme si c'était un mal, avant de se reprendre : « C'est nécessaire, ça la fait grandir. Je regrette juste qu'elle n'ait pas le droit à une adolescence plus... Normale. »
C'était un point de dispute avec son époux, qui avait pourtant mis de l'eau dans son vin depuis. Le soulèvement avait été un véritable hécatombe pour le lycée, et Kaycee y avait perdu beaucoup de fréquentation. Des adolescents qu'elle n'appréciait pas plus que ça au début, vu son caractère boudeur, mais qui avaient compté pour elle. La mort de ces jeunes l'avait plongé dans une certaine solitude, elle n'avait plus de reflet, d'alter-égo, ou trop peu. Jared, Sarah... C'était peu lorsqu'on y pensait. Et sur le moment, Emy ne put empêcher sa tête de divaguer vers le jeune garçon qu'elle n'avait pas pu sauver avec Axel. Avant d'essuyer ça d'un revers de main.
Néanmoins, la suite de la discussion fit prendre à Emy un peu de recul. D'abord attentive au fait que le frère de Jim tenait à ce que sa nièce apprenne à se défendre, elle fronça un sourcil surpris quand l'homme témoigna du fait qu'il trouvait ça jeune, à 13 ans. Que 13 ans, disait-il. La jeune femme s'était posée cinquante fois la question de savoir si c'était une bonne chose ou pas d'entraîner Kaycee, lui apprendre à se servir d'une arme à feu, et tout ça... Cinquante fois, c'était en deça de la vérité. Et maintenant qu'elle s'était résolue à ne plus culpabiliser sur le fait d'être ou non une bonne mère en fournissant à sa fille unique un moyen de survivre, elle se voyait mal accorder à Jim ce qu'il désirait.
« Oh, je crois que... » Elle eut l'air gêné sur le moment, avant de se racler la gorge. « Hm, ça risque d'être compliqué. » Emy fit une petite grimace avant d'expliquer : « Kaycee apprend, elle. Je me vois mal lui demander de dire à Sarah ça, alors qu'elle a obtenu l'autorisation de ses parents de le faire. » Sarah pourrait trouver ça injuste, et ça pourrait également mettre en péril leur amitié à toutes les deux. Elle se refusait du coup à insinuer quoi que ce soit entre les deux adolescentes. Mais elle se devait aussi d'expliquer à Jim le pourquoi de son refus :
« Après le soulèvement, j'ai pensé ça nécessaire pour elle de savoir se défendre. Je lui ai donné mon arme et elle ne s'en sépare jamais. Même si son père n'était pas des plus embalés à cette idée, il a fini par comprendre que c'était important. » En Jim, elle voyait du Kendale. C'était presque attendrissant. « Et Kaycee a son caractère, je la vois d'ici me dire qu'elle ne le fera pas et au contraire aller apprendre tout ce qu'elle sait à Sarah. » Son adolescente était plutôt têtue, en plus de ça.
Et voyant que ses propos pouvaient être mal pris, elle ajouta : « Je ne veux pas te dire comment élever ta fille. Je ne suis pas un modèle, et je n'ai pas LA bonne méthode pour s'en sortir avec des enfants en pleine fin du monde. » Haussant les épaules, Emy reprit : « Je te dis juste que tu devrais plutôt en discuter avec elle, voir ce qu'elle veut, et tout faire pour qu'elle s'en sorte au mieux. Dans un monde idéal, nous ne serions pas dans une cour de récréation à se réchauffer autour d'un feu, et il n'y aurait pas de morts dehors. Mais ce n'est pas un monde idéal. La menace peut venir de partout. Tu ne voudrais pas que Sarah puisse s'en sortir si toi, tu es ailleurs, ou que tu as un problème ? Qu'elle puisse se protéger ? »
Il n'était pas de garde, il avait juste besoin de réflechir un peu. Trouver le sommeil n'était pas chose aisé et elle ne pouvait que confirmer ça. « Je peux comprendre oui. Ça donne l'impression que les heures s'écoulent encore plus lentement lorsqu'on ne dort pas. » Et vivre dans ce monde, dans leur situation, après toutes les pertes lourdes qu'ils avaient essuyé, et la moitié de l'univers rêvant de les bouffer, ça n'était pas simple. Le fait que tout soit au ralenti accentuait le côté sinistre de cette histoire qui était la leur.
Les mots de l'homme à propos de sa fille arrachèrent à Emy un sourire tendre. Parler de son enfant était sans doute la seule chose qui la sauvait de sa déprime. De Kaycee, elle aurait pu y passer des journées en vantant ses qualités, ses défauts, son caractère, ses yeux magnifiques, ses longs cheveux blonds. Sa fille était sa fierté et la prunelle de ses yeux, et les amies de sa fille étaient comme une part de sa famille. Alors forcément, elle savait parfaitement qui était Sarah pour elle, et leur relation à toutes les deux. Même si la fille de Jim était à peine plus jeune que celle d'Emy, ça n'empêchait rien.
« Kaycee l'apprécie beaucoup. » Confia la chirurgienne en venant tendre ses mains au-dessus du feu pour réchauffer ses phalanges grippées par le froid. Sarah n'était pas la remplaçante des meilleures copines de la petite blonde. Sarah, elle était une autre amie qui lui était chère. « Si ta fille n'était pas là, elle passerait trop de temps avec les adultes. » Rajouta-t-elle comme si c'était un mal, avant de se reprendre : « C'est nécessaire, ça la fait grandir. Je regrette juste qu'elle n'ait pas le droit à une adolescence plus... Normale. »
C'était un point de dispute avec son époux, qui avait pourtant mis de l'eau dans son vin depuis. Le soulèvement avait été un véritable hécatombe pour le lycée, et Kaycee y avait perdu beaucoup de fréquentation. Des adolescents qu'elle n'appréciait pas plus que ça au début, vu son caractère boudeur, mais qui avaient compté pour elle. La mort de ces jeunes l'avait plongé dans une certaine solitude, elle n'avait plus de reflet, d'alter-égo, ou trop peu. Jared, Sarah... C'était peu lorsqu'on y pensait. Et sur le moment, Emy ne put empêcher sa tête de divaguer vers le jeune garçon qu'elle n'avait pas pu sauver avec Axel. Avant d'essuyer ça d'un revers de main.
Néanmoins, la suite de la discussion fit prendre à Emy un peu de recul. D'abord attentive au fait que le frère de Jim tenait à ce que sa nièce apprenne à se défendre, elle fronça un sourcil surpris quand l'homme témoigna du fait qu'il trouvait ça jeune, à 13 ans. Que 13 ans, disait-il. La jeune femme s'était posée cinquante fois la question de savoir si c'était une bonne chose ou pas d'entraîner Kaycee, lui apprendre à se servir d'une arme à feu, et tout ça... Cinquante fois, c'était en deça de la vérité. Et maintenant qu'elle s'était résolue à ne plus culpabiliser sur le fait d'être ou non une bonne mère en fournissant à sa fille unique un moyen de survivre, elle se voyait mal accorder à Jim ce qu'il désirait.
« Oh, je crois que... » Elle eut l'air gêné sur le moment, avant de se racler la gorge. « Hm, ça risque d'être compliqué. » Emy fit une petite grimace avant d'expliquer : « Kaycee apprend, elle. Je me vois mal lui demander de dire à Sarah ça, alors qu'elle a obtenu l'autorisation de ses parents de le faire. » Sarah pourrait trouver ça injuste, et ça pourrait également mettre en péril leur amitié à toutes les deux. Elle se refusait du coup à insinuer quoi que ce soit entre les deux adolescentes. Mais elle se devait aussi d'expliquer à Jim le pourquoi de son refus :
« Après le soulèvement, j'ai pensé ça nécessaire pour elle de savoir se défendre. Je lui ai donné mon arme et elle ne s'en sépare jamais. Même si son père n'était pas des plus embalés à cette idée, il a fini par comprendre que c'était important. » En Jim, elle voyait du Kendale. C'était presque attendrissant. « Et Kaycee a son caractère, je la vois d'ici me dire qu'elle ne le fera pas et au contraire aller apprendre tout ce qu'elle sait à Sarah. » Son adolescente était plutôt têtue, en plus de ça.
Et voyant que ses propos pouvaient être mal pris, elle ajouta : « Je ne veux pas te dire comment élever ta fille. Je ne suis pas un modèle, et je n'ai pas LA bonne méthode pour s'en sortir avec des enfants en pleine fin du monde. » Haussant les épaules, Emy reprit : « Je te dis juste que tu devrais plutôt en discuter avec elle, voir ce qu'elle veut, et tout faire pour qu'elle s'en sorte au mieux. Dans un monde idéal, nous ne serions pas dans une cour de récréation à se réchauffer autour d'un feu, et il n'y aurait pas de morts dehors. Mais ce n'est pas un monde idéal. La menace peut venir de partout. Tu ne voudrais pas que Sarah puisse s'en sortir si toi, tu es ailleurs, ou que tu as un problème ? Qu'elle puisse se protéger ? »
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Re: Your point of view - Emy
Dim 19 Fév 2017 - 10:05
« Humm … »
En écoutant les propos d’Emy, il avait l’impression d’entendre son frère. Pourquoi s’obstinait-il à ne pas vouloir sa fille combattre ? Pourquoi rester sur des idées révolues à ce jour ? Jim ne saurait l’expliquer. Mais donner une arme à feu à sa fille, c’était comme lui voler son innocence, son adolescence. Il avait peur des conséquences. Cette épidémie n’allait pas durer éternellement. Ils allaient bien finir par découvrir un remède ou quelque chose du genre. Ou tout simplement bâtir quelque chose de nouveau, loin de tous ces rôdeurs. En tout cas, Jim avait quelque chose de clair en tête. Il ne comptait pas rester à Garfield High School bien longtemps.
Lors de chaque expédition, il essayait de voir si la possibilité de rencontrer un autre groupe de survivants était possible. Un groupe plus solidaire, un groupe qui s’était construit une vie nouvelle, avec un semblant de société. Le camp n’était pas à plaindre, mais tout ici lui rappelait de mauvais souvenirs. Il fallait s’en aller, pour son bien et celui de sa fille.
Lui donner une arme, c’était la condamner. Si jamais la situation reviendrait à la normale, Sarah ne saurait redevenir la fille qu’elle était autrefois. Elle ne ferait même pas la différence entre un humain et un rôdeur. Il ne voulait pas la voir comme un sérial killeur, sans état d’âme, sans émotion. Une arme n’est pas un jouet et il avait du mal à savoir si les adolescents pouvaient le voir tel quel. Après tout, il faut bien l’avouer, ces ados sont bien moins vigilants et intelligents que l’étaient les adolescents de sa génération.
Sarah avait encore tant de choses à apprendre. Elle pouvait se débrouiller d’une autre manière qu’utiliser une arme. Jim en était convaincu. C’était pour son bien qu’il agissait de la sorte. Même si elle le voyait comme une sorte de punition. Il ferma les yeux et inspira profondément après le discours d’Emy. Au fond, elle avait raison, mais il n’était pas prêt à céder à ce point de vue.
« Et bien dans ce cas, elles arrêteront de se voir. »
Il leva son regard vers celui d’Emy, au travers des flammes dansantes. Il était plus dur, plus convainquant. Jim était un homme qui n’avait qu’une seule parole et le fait d’être borné n’aidait pas beaucoup à revenir sur ses convictions.
« Si Kaycee n’arrive pas à dissuader Sarah. Si elle n’arrive pas à t’écouter, alors elles arrêteront de se voir. Et je m’en chargerais, même si pour cela Sarah me détestera. Je refuse de voir ma fille tenir une arme à feu entre les mains. Il y a plein d’autres moyens pour s’en sortir. Et puis, elle court vite. La fuite n’est pas un mauvais point dans ce monde. »
Il avança ses mains calleuses près du feu pour se les réchauffer.
« Peut-être que les choses reviendront à la normale, ou peut-être pas. Je ne veux tout simplement pas voir ma fille devenir quelqu’un d’ingérable. Je veux qu’elle garde une part d’humanité et que son enfance ne soit pas volée par ce monde. Elle a déjà vécu assez d’horreurs comme ça. Elle a déjà beaucoup trop changée. Si Kaycee n'est pas capable de le comprendre et d'obéir à ma volonté, alors il vaut mieux qu'elles arrêtent de se voir. Et j'interviendrai si nécessaire ... »
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Re: Your point of view - Emy
Dim 19 Fév 2017 - 12:30
« Excuse-moi ? » Manqua de s'étouffer Emy devant la réaction de Jim. Dire qu'elle était surprise était, de loin, un euphémisme. En fait, heureusement qu'elle était bien assise sur cette caisse en bois, sinon, elle serait probablement tombée à la renverse en écoutant la réponse ferme et fermée de son interlocuteur. En dépit du fait qu'il voulait juste bien faire pour Sarah, elle avait l'impression que l'homme essayait juste de plier tout le monde à sa volonté, sans prendre en compte objectivement ce qu'il se passait. Qu'il ne veuille pas que sa fille tienne une arme, ça se respectait, même si Emy trouvait ça incroyablement plus irresponsable vu la teneur de cette vie qu'autre chose.
Mais le fait d'empêcher Sarah d'avoir des amis dans un monde où c'était bien la seule évidence qui faisait tenir le coup, c'était juste... Incroyable, et impensable. Emy n'avait qu'une idée en tête : se battre pour lui faire entendre raison. « Tu as l'intention de les punir toutes les deux pour mes choix ou parce que Kaycee n'aura jamais l'intention de se plier à ce que toi tu veux ? Ma famille, ma fille, n'est pas à ta disposition pour ce qui t'arrange ! Et des amitiés, ça ne se jette pas comme ça ! » Plaida-t-elle d'une voix fâchée, alors que son visage affichait déjà une mine couroucée qui pouvait surprendre venant d'elle.
« Quand tu te rendras compte que tous les adolescents de ce camp apprennent à se défendre, tu feras quoi ? Tu enfermeras Sarah dans un placard, histoire d'être sûr ? » ça n'était que des entrainements, et tous les membres du campement y avaient le droit pour apprendre à se défendre dehors. Emy avait eu droit aussi à son lot vu les fois où elle mettait les pieds dehors pour partir en ravitaillement et aider. « Je ne vais pas mettre cette responsabilité sur le dos de Kaycee pour te faire plaisir, parce que tu ne te sens pas de taille à discuter avec une fille de treize ans, Jim. Une fille de treize ans ! Tu as affronté pire, non ? Alors, non. Il n'en est pas question. »
Les adolescents avaient probablement ceci d'effrayants qu'ils avaient besoin de tout remettre en question. En particulier l'autorité parentale. Mais Emy avait toujours mis un point d'honneur à parler avec sa fille, même lorsque le dialogue était coupé. Elle s'échinait, malgré sa déprime constante, à ne jamais couper la parole à sa famille, à toujours prendre soin de les écouter, si ce n'était de les comprendre, et de concilier tout ça. Voire de réconcilier, en fait. Il n'y avait que comme ça qu'elle arrivait à faire vibrer la fibre humaine à l'intérieur des siens, de ceux qu'elle chérissait plus que tout.
« Tu crois que Kaycee le vivrait comment s'il arrivait quelque chose à son amie, et qu'elle était venue lui dire de ne pas apprendre à simplement se défendre comme il le faudrait ? » Rétorqua-t-elle, à moitié offusquée, rien qu'à l'idée que ça puisse arriver, et de devoir imposer ça à sa petite fille. Elle en avait déjà vu beaucoup, mais pour la protéger, il avait fallu la rendre plus forte, plus tolérente. Ça avait des conséquences évidemment... Mais mieux valait qu'elle puisse encaisser cette vie, plutôt qu'elle ne meurt en ne sachant rien faire de cette vie. Elle ne devait jamais courber l'échine.
Emerson tenta de retrouver son calme, quittant son air emporté pour rétablir le dialogue : « Jim, c'est à toi de lui apprendre l'importance de ce qu'elle fait. Tout ce qu'on choisit de faire à des conséquences, sans exception. C'est ton rôle de parent, et surtout, de dernier parent qui lui reste, de lui faire comprendre et envisager tout ça. » Elle appuyait un fait qui l'énerverait probablement, sauf qu'il le fallait. Qu'il prenne conscience que c'était à lui de l'éduquer comme il voyait les choses. Lui donner toutes les chances pour s'en sortir, sans avoir à y perdre en humanité derrière. « Mais c'est aussi à toi de lui donner les moyens de continuer à vivre dans ce monde, si c'est ce que tu veux pour elle. »
Car oui, la question se posait. Est-ce qu'il abandonnait ? « Kaycee a conscience qu'avoir un couteau sur elle, c'est une responsabilité. Et si un jour elle doit avoir une arme à feu, alors elle saura que ce n'est pas pour s'en servir en tirant en l'air comme un cowboy. Et qu'à partir du moment où on presse la détente, c'est seulement pour survivre. » Martela-t-elle fermement. « Il n'y a pas de mode d'emploi aujourd'hui, il y en avait déjà pas avant pour des enfants, et on a toujours fait au mieux pour eux. Mais tu as vu le dehors, comme moi. Et tu as vu ce dont sont capable les hommes, comme moi. Si ses grilles ne tiennent plus, et si toi tu ne tiens plus, elle deviendra quoi, Sarah ? »
Mais le fait d'empêcher Sarah d'avoir des amis dans un monde où c'était bien la seule évidence qui faisait tenir le coup, c'était juste... Incroyable, et impensable. Emy n'avait qu'une idée en tête : se battre pour lui faire entendre raison. « Tu as l'intention de les punir toutes les deux pour mes choix ou parce que Kaycee n'aura jamais l'intention de se plier à ce que toi tu veux ? Ma famille, ma fille, n'est pas à ta disposition pour ce qui t'arrange ! Et des amitiés, ça ne se jette pas comme ça ! » Plaida-t-elle d'une voix fâchée, alors que son visage affichait déjà une mine couroucée qui pouvait surprendre venant d'elle.
« Quand tu te rendras compte que tous les adolescents de ce camp apprennent à se défendre, tu feras quoi ? Tu enfermeras Sarah dans un placard, histoire d'être sûr ? » ça n'était que des entrainements, et tous les membres du campement y avaient le droit pour apprendre à se défendre dehors. Emy avait eu droit aussi à son lot vu les fois où elle mettait les pieds dehors pour partir en ravitaillement et aider. « Je ne vais pas mettre cette responsabilité sur le dos de Kaycee pour te faire plaisir, parce que tu ne te sens pas de taille à discuter avec une fille de treize ans, Jim. Une fille de treize ans ! Tu as affronté pire, non ? Alors, non. Il n'en est pas question. »
Les adolescents avaient probablement ceci d'effrayants qu'ils avaient besoin de tout remettre en question. En particulier l'autorité parentale. Mais Emy avait toujours mis un point d'honneur à parler avec sa fille, même lorsque le dialogue était coupé. Elle s'échinait, malgré sa déprime constante, à ne jamais couper la parole à sa famille, à toujours prendre soin de les écouter, si ce n'était de les comprendre, et de concilier tout ça. Voire de réconcilier, en fait. Il n'y avait que comme ça qu'elle arrivait à faire vibrer la fibre humaine à l'intérieur des siens, de ceux qu'elle chérissait plus que tout.
« Tu crois que Kaycee le vivrait comment s'il arrivait quelque chose à son amie, et qu'elle était venue lui dire de ne pas apprendre à simplement se défendre comme il le faudrait ? » Rétorqua-t-elle, à moitié offusquée, rien qu'à l'idée que ça puisse arriver, et de devoir imposer ça à sa petite fille. Elle en avait déjà vu beaucoup, mais pour la protéger, il avait fallu la rendre plus forte, plus tolérente. Ça avait des conséquences évidemment... Mais mieux valait qu'elle puisse encaisser cette vie, plutôt qu'elle ne meurt en ne sachant rien faire de cette vie. Elle ne devait jamais courber l'échine.
Emerson tenta de retrouver son calme, quittant son air emporté pour rétablir le dialogue : « Jim, c'est à toi de lui apprendre l'importance de ce qu'elle fait. Tout ce qu'on choisit de faire à des conséquences, sans exception. C'est ton rôle de parent, et surtout, de dernier parent qui lui reste, de lui faire comprendre et envisager tout ça. » Elle appuyait un fait qui l'énerverait probablement, sauf qu'il le fallait. Qu'il prenne conscience que c'était à lui de l'éduquer comme il voyait les choses. Lui donner toutes les chances pour s'en sortir, sans avoir à y perdre en humanité derrière. « Mais c'est aussi à toi de lui donner les moyens de continuer à vivre dans ce monde, si c'est ce que tu veux pour elle. »
Car oui, la question se posait. Est-ce qu'il abandonnait ? « Kaycee a conscience qu'avoir un couteau sur elle, c'est une responsabilité. Et si un jour elle doit avoir une arme à feu, alors elle saura que ce n'est pas pour s'en servir en tirant en l'air comme un cowboy. Et qu'à partir du moment où on presse la détente, c'est seulement pour survivre. » Martela-t-elle fermement. « Il n'y a pas de mode d'emploi aujourd'hui, il y en avait déjà pas avant pour des enfants, et on a toujours fait au mieux pour eux. Mais tu as vu le dehors, comme moi. Et tu as vu ce dont sont capable les hommes, comme moi. Si ses grilles ne tiennent plus, et si toi tu ne tiens plus, elle deviendra quoi, Sarah ? »
What a lovely day.
- Maxine E. Reynolds
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Re: Your point of view - Emy
Lun 20 Fév 2017 - 23:10
Il l’écoutait, sans vraiment l’écouter. Curieusement, Emy lui rappelait Lise. Cette femme qu’il avait aimée jadis, une époque dont les souvenirs brumeux lui parasitait encore les pensées. Elle semblait vouloir le convaincre que son raisonnement ne tenait pas la route. Qu’on ne pouvait pas forcer deux jeunes adolescentes à ne plus se fréquenter et pour cause ? La simple désobéissance de l’autorité d’un père. Mais Emy connaissait mal Jim. Elle ne connaissait pas Sarah et ne connaissait pas l’historique de la famille Vogel. Alors pourquoi venir le sermonner sur sa volonté d’exécuter à bien son éducation ? Comme elle le disait si bien, il n’y a pas de formulaire à remplir, de clé de la réussite dans l’éducation d’une adolescente, alors pourquoi lui balancer tout ça à la tronche ?
Avait-elle été sur le terrain au moins une fois ? Oui. Alors pourquoi ne comprenait-elle pas la réaction de Jim ? Pourquoi voulait-elle absolument lui faire entendre raison, pour qu’il cède aux caprices de Sarah ? Il leva son regard vers la jeune mère, puis la considéra pendant de longues secondes silencieuses. Il n’était pas du genre loquace. Il n’aimait pas échanger sur des idées, surtout quand il pensait avoir raison. C’était peut-être pour ça que son mariage avec Lise n’avait pas tenu le coup. Car il n’était pas ouvert au dialogue, à l’entente du raisonnement. Pour lui, c’était sa vision du monde qui était la bonne. Celle d’Emy était forcément erronée. Elle était une mère, une femme … elle n’avait pas la bonne vision de ce monde dévasté.
Il passa une main dans sa barbe mal rasée, puis massa ses tempes à l’aide de ses gros doigts. Jim commençait à avoir un début de mal de crâne en entendant toutes ces inepties.
« Emy, Emy, Emy … sérieusement … Tu es allée sur le terrain. Tu as combattu ces monstres, tu as vu des horreurs qu’aucun gosse ne devrait voir. Tu sais aussi bien que moi, que chaque expédition est une épreuve de vie. Franchir ces portes … c’est se jeter dans les bras de la mort elle même. »
Il pointait les grandes portes qui faisaient barrage aux rôdeurs. Ces portes qu’il regardait chaque matin avec appréhension. Jim était un homme solide. La vie rude et chaotique qu’était ce monde lui convenait. Il était fait pour ça, sans vraiment le savoir. Les gens comptaient sur lui, alors qu’il n’avait jamais rien demandé. Mais sous cette carapace d’homme costaud, de solide gaillard, la peur siégeait. Il avait peur de perdre Sarah, ou Ian, ou Rowan, Rosaleen, Maxine, Norman, Polly, Tom et tant d'autres … bref, tous ces gens avec qui il avait établi des liens plus ou moins solides. Il savait, au fond de lui, que ces barrières n’étaient que des mirages. Qu’un jour, ils devraient affronter bien plus qu’une petite horde de rôdeurs. Qu’un jour des hommes viendraient les attaquer pour tout ce qu’ils ont. Car ça leur pendait au nez. Et il ne voulait pas que Sarah tue, qu’elle devienne comme ces gens. Qu’elle perde son humanité à seulement 13 ans.
« Je ne dis pas que ta fille ne sait pas ce qu’elle fait. Mais je connais Sarah. Je sais comment elle raisonne. Pour elle, sortir, partir en expédition, c’est un jeu. Les entrainements qu’ils effectuent … si tu voyais la façon dont elle en parle. Elle paraît si enthousiaste à l’idée de sortir. A croire qu’elle a oublié l’horreur de l’année dernière. Josh aurait compris lui … il était bien plus raisonnable, plus compréhensible. »
Il lâcha un lourd soupire, puis courba l’échine. En toute vérité, Jim ne savait pas comment procéder avec sa fille. Mais il se refusait à lui donner une arme.
« Sarah est solide. Elle peut se débrouiller sans arme à feu. Si ces grilles ne tiennent plus comme tu le dis … elle prendra la fuite. Il faut qu’elle se débrouille autrement. Je ne veux pas qu’elle devienne ce que je deviens. »
Le regard plongé dans les flammes, Jim revoyait le visage des rôdeurs qui s’écrasaient sous le poids de sa lame. Il revoyait ces corps tomber, il entendait les cris effroyables de ses amis perdus au combat. Cette vie, il ne voulait pas l’infliger à sa fille. Il ne voulait pas qu’elle perde son humanité, comme c’était son cas. Car il le sentait … tuer des rôdeurs, ne lui procurait plus aucun dégoût. Alors tuer un homme, est-ce que cela éveillerait-il encore quelque chose en lui ? Il se posait continuellement la question, chose dont il n’aurait jamais songé quelques années auparavant.
« Donc si Kaycee ne comprend pas ma décision, je me chargerai de les séparer. Quitte à briser leur amitié. C’est pour leur bien que je fais ça. Pour le bien de ma fille. »
Sa voix était calme et posée, mais son ton catégorique. Il en faudrait bien plus pour le convaincre du contraire.
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