"Un seul verdict : la vengeance. Une vendetta, telle une offrande votive mais pas en vain..."

En vain. Presque chaque jour, Jaden se demandait si tout cela n’était pas vain. Ce jour-là ne faisait pas exception. Quelles étaient les chances pour qu’ils le retrouvent maintenant ? Alors qu’il regardait à travers la fenêtre d’une des chambres de la maison qu’il avait investie, une autre question lui vint en tête. Une question qu’il finissait par se poser à chaque fois qu’il se trouvait ici, ou ailleurs, à attendre. Combien de temps encore ? Combien de temps avant que les autres ne décident d’arrêter ? Combien de temps avant qu’ils ne concluent que cette tâche était celle d’un fou et qu’ils n’y arriveraient jamais ? Combien de temps avant que lui-même n’arrive à la même conclusion ? Cela semblait presque... Inéluctable. Un peu plus de deux mois que ça durait. Et si l’épidémie de grippe dont avait souffert le camp les avaient ralentis, ils n’avaient quand même pas progressé d’un pouce. Si Preston connaissait la réponse à la question "Comment trouver une aiguille dans une botte de foin ?", celle-ci d’aiguille restait irrémédiablement hors de sa portée. Jay appuya sur le bouton du talkie.

- Quelque chose de votre côté ? demanda le blond aux autres.

Les autres, c’était les quelques-uns qu’il avait mis au courant. Les plus proches. Les plus dignes de confiance. Ceux dont il savait qu’ils pourraient comprendre ses intentions. Ils n’étaient pas nombreux. Une poignée d’Hommes seulement. Fitzgerald. Kendale. Trey. Alex. Finn. Eli. Garcia. Simons. Lee. Aaron. La liste était exhaustive. Si ça n’avait tenu qu’à lui, Jaden aurait mobilisé l’intégralité du camp, toute la machine de guerre Emerald, pour retrouver le misérable pourceau qui s’en était pris à sa femme. Il était conscient que c’était impossible. La colère avait beau être omniprésente, elle ne l’aveuglait pas encore totalement. Il savait pertinemment qu’il ne pouvait pas allouer toutes les ressources du camp dans cette traque. Ils avaient besoin d’hommes ailleurs, dans les rues, à chercher des vivres. Et si tous avaient fini par voir l’état dans lequel Maxine était rentrée, beaucoup ne l’aurait pas suivi de toute façon. Les plus raisonnés. Les plus objectifs. Lui... Il ne pouvait pas laisser passer ça. C’était tout bonnement impensable. Avant même qu’ils ne se disent oui devant l’autel, quand le monde était encore ce qu’il était, Jaden avait toujours su que si il arrivait quelque chose à sa compagne, sa rage lui ferait commettre l’irréparable, quitte à passer le restant de sa vie derrière les barreaux. Maintenant qu’il n’y avait plus de barreaux, il ne restait plus qu’un homme et sa soif de représailles. Cette dernière ne l’avait pas quitté, pas depuis que Maxine s’était assoupie dans l’infirmerie ce soir-là. Elle était toujours là, quelque part, dans un coin de sa tête. L’idée que la personne qui avait fait ça errait probablement encore dans les rues de Seattle le rendait dingue mais ce n’était pas cela le pire. La peur, c’était ça le pire. Celle que l’ancien marine avait vu dans les yeux de sa compagne à son retour. Elle était effrayée. Et ça, Jaden le refusait. Il refusait de la voir vivre dans la peur et l’inquiétude constante que le bâtard qui lui avait fait ça puisse à nouveau croiser son chemin. Il ne pouvait pas le tolérer et il fallait que ça cesse. Avant même de satisfaire ses propres vœux de vengeance, plus que tout, c’était ça qui le faisait persévérer dans cette entreprise de fou.

- RAS pour l'autre fils de pute mais j'ai des rimes sales en tête ! fit la voix mécanisée de Cassidy à travers la radio.

La remarque aurait presque pu le faire rire si la situation avait été différente. Et puis il ne pouvait pas blâmer le rappeur de s’occuper. Un maigre sourire étira tout de même ses lèvres alors que de vagues réminiscences de ses précédentes planques se rappelaient à lui. Ce n’était pas la première fois que Jaden se retrouvait dans une telle situation. Avant d’être infiltré, il ne comptait plus les heures passées derrière un volet à moitié fermé, à guetter les moindres allées et venues de quelques narcotrafiquants sur lesquelles la DEA voulait mettre la main. Attendre jusqu’à ce que la cible commette des erreurs avait toujours été la partie la plus dure de ce job. Et forcément, lorsque votre travail consiste à attendre, le temps paraît long. Terriblement long. Un agent finissait toujours par sortir une connerie pour détendre l’atmosphère, lui compris. Le trait d’humour de la superstar du hip-hop était presque le bienvenu. Preston espérait juste qu’il ne se mette pas à sortir ses rimes et à monopoliser leur fréquence radio. Son sourire s’effaça rapidement. Une minute passa. Puis une autre. Puis encore une autre. Attendre. Attendre. Et attendre encore. Jusqu’à ce que la cible commette une erreur.

- Putain de merde. Il n’aurait su dire combien de temps avait passé avant que la voix d’Eli ne grésille. Je... J'crois qu'je l'ai... Le rythme cardiaque du blond s’emballa.
- T’es sûr de toi ? demanda-t-il pour confirmer.
J'en sais foutre rien, mais c'est trait pour trait la description qu'a filé Maxine. Il arrive vers toi. Le graffeur n’avait même pas terminé sa phrase que Jaden était déjà debout, prêt à quitter la maison dans laquelle il s’était établi pour la journée.
- Seul ?
On dirait ouais.
- Continue de suivre ses mouvements. Personne n’intervient, je me charge de lui, ordonna l’homme en insistant bien sur ce point. L’idée qu’il puisse échouer, celle que l’autre puisse l’avoir ne lui avait même pas traversé l’esprit. Il y avait bien trop de colère, bien trop de rage en lui pour que ça arrive. Il l’aurait, quoi qu’il en coûte. Il n’y avait aucune autre alternative possible. Couvrez mes arrières. Si il a des petits copains dans le coin qu’on aurait pas encore vu, occupez-vous d’eux.

Histoire de ne pas se faire repérer bêtement, le caporal coupa sa radio avant de sortir de la maison par la porte de derrière et alla se tapir dans la petite allée de jardin qui encadrait la bâtisse. Une lunette de fusil en guise de jumelles, il braqua l’objet en direction de la gueule du type au moment où il passait dans la rue face à lui, à plusieurs de mètres de là. Eli avait raison. Trait pour trait. Et les tatouages correspondaient également. Comme quoi toutes ces longues journées à se relayer les uns et les autres pour surveiller le quartier avaient finalement payé. L’autre revenait sur les lieux du crime. Jaden compta mentalement jusqu’à dix avant de se relever. Voûté, il fonça droit vers la première voiture et se plaqua contre la taule froide. Un regard discret et il suivit l’agresseur à mesure qu’il remontait le quartier, jusqu’à le voir rentrer dans une maison non loin de là.

- Je vais y aller, prévint le trentenaire après avoir rallumé son talkie.

Son Five-seveN pointé vers l’avant, Jaden traversa les mètres qui le séparait du bâtiment. Poussant lentement la porte, il inspecta directement le salon. Personne. L’agent spécial progressa à pas de loups pour rejoindre la cuisine. Aucun bruit, rien. Il ne savait pas ce que l’autre foutait mais le blond n’aimait pas ce silence. La sentence tomba au moment même où le pied du connard s’écrasant contre ses mains lui firent lâcher son arme. Surpris, il fallut une seconde au leader pour réaliser ce qu’il venait de se passer et s’adapter. Il eut à peine le temps de lever son bras pour se protéger du coup que ce fils de putain lui asséna. Profitant de sa garde et de leur proximité, Jay donna un coup pour le repousser. Même si ça aurait été sans doute le choix le plus logique, il ne tenta même pas de ramasser son arme pour maintenir le chien en laisse. Son envie d’en découdre était bien trop grande. Il allait pouvoir déchaîner toute cette colère, toute cette rage qu’il avait accumulé au fil des dernières semaines. Il devait le massacrer. Jaden allait le massacrer.

Les bras fermement verrouillés autour du cou de l’autre, Jaden écrasa sa trachée encore quelques secondes et ne relâcha son emprise qu’une fois certain que son adversaire était bel et bien ko. Laissant s’écrouler sans aucun ménagement le corps inanimé, le blond recula d’un pas et prit un instant, les mains sur les genoux, pour retrouver son souffle et un rythme cardiaque normal. Le combat auquel il s’était livré était flou. Tout s’était passé très vite. Ce fut en tout cas l’impression qui resta à l’ancien soldat tandis qu’il regardait le type étendu sur le sol. Il ne savait pas trop quoi penser de son opposant. Cette façon qu’il avait de se battre montrait clairement que ce n’était pas la première fois qu’il se livrait à cet exercice. Il avait du en voir bien d’autres et se battait comme on pouvait le faire dans la rue. Au moins aussi brutal que lui-même l’avait été, le côté brouillon de son approche du combat avait fait face à celle presque méthodique de Preston. C’était d’ailleurs bien ça qui avait permis au père de famille de prendre l’ascendant. Son entraînement dans le Corps avait élevé l’art du combat au rang de science, une science qu’il avait appris à maîtriser avec les années. S’il y avait pourtant une chose que Jaden ne pouvait retirer à son adversaire, c’était bien sa force. Ce gars frappait comme un bœuf. Ce ne fut qu’en encaissant les premiers coups que l’époux put réellement comprendre le calvaire et la douleur que sa femme avait endurés. Et encore, il estimait s’en sortir à bien meilleur compte qu’elle. Ses côtes le lançaient. Les muscles de ses bras également. Lui aussi rentrerait avec quelques hématomes mais bien moins que son épouse. Au final, cela l’avait presque arrangé que l’autre rende les coups. En entrant dans cette maison, Jay n’avait nullement eu l’intention de retenir les siens. Il y avait trop de colère en lui pour qu’il parvienne à se contenir. Jusqu’à présent le gars d’en face s’en sortait bien lui aussi. D’un certain point de vue en tout cas. Il était toujours en vie après tout.

Lentement, le blond passa le revers de son poignet contre sa lèvre inférieure, marquant sa peau d’un petit sillon de sang. L’ancien marines alla récupérer son couteau, perdu au cours de l’affrontement et déchira sans aucun égard le pull de l’autre. Un drapeau sur le bras. Sa lame rengainée, un genou posé au sol, il attrapa la main gauche de l’homme. Plusieurs points y avaient été tatoués. Exactement comme Maxine l’avait décrit. Il n’y avait dorénavant plus aucun doute possible. Le connard qui gisait au sol était bien celui qui l’avait attaqué. La colère gronda de nouveau en lui alors qu’il regardait encore la main de l’autre. C’était cette main. Cette main qui avait frappé sa femme. Cette main qui avait meurtri sa chair et fait couler son sang. Refermant son emprise sur le poignet du coupable, Jaden attrapa trois de ses doigts et les brisa sans l’ombre d’un remord. La décharge de douleur qui avait dû parcourir le corps de l’autre avait suffi à le réveiller. Sa tignasse fermement agrippée, Preston frappa sa tête une, deux, trois fois contre le sol avant de lui asséner plusieurs coups de poings. Cette fois-ci, l’autre allait voir des petites étoiles pendant un bon moment. Du bout du pied, le trentenaire fit rouler le fils de catin sur le dos pour accéder à la boucle de sa ceinture. Une fois convenablement joints, Jay noua soigneusement l’épaisse lanière de cuir autour des poignets du type. Ça ne valait pas des menottes mais ça irait pour le moment. Ne restait plus qu’à traîner sa carcasse à l’extérieure.

Jaden poussa la porte et avança d’un pas décidé vers son captif avant de lui coller directement son poing dans la mâchoire, lui arrachant un grognement de douleur au passage. Celui-ci n’était qu’un préambule. Préférant rester debout, le leader du lycée alla poser dans un coin de la pièce la batte de baseball qu’il tenait en rentrant et se mit à faire les cent pas. Certains aménagements avaient dû être fait dans cette dernière pour garder l’autre prisonnier, fort heureusement, l’un des appartements qui servaient de planque de secours aux survivants d’Emerald était tout désigné pour le job. L’agent spécial prit quelques secondes pour observer l’autre d’un œil méprisant et dédaigneux. Son visage était au moins autant si ce n’est plus tuméfié que celui de Maxine à son retour. Le sang qui avait coulé de sa bouche, de ses narines et des quelques coupures résultant de leur combat avait séché et commençait à se craqueler sur sa peau. À ses chevilles et à ses poignets, la ceinture de cuir avait été remplacée par une épaisse corde pour le maintenir à la chaise qui servait de seul mobilier dans la pièce.

- Ton nom, demanda l’homme d’un ton froid. L’absence de réponse de l’autre lui fit écoper d’un autre coup en pleine face. J’ai dit, ton nom. Un grognement s’échappa de sa gorge à plusieurs reprises comme s’il essayait de dire quelque chose mais jusqu’à preuve du contraire, Grrr n’était pas un prénom. Il recommença, en vain. Entre sa bouche constamment entrouverte, le filet de bave qui s’en échappait et ses difficultés à parler, Jay n’eut aucun mal à comprendre qu’il avait dû lui briser la mâchoire en fracassant sa tête contre le sol la veille. Grrrr. Ant. Connard. Même si le connard lui était sûrement adressé, on y était. Tu as passé une nuit ici, Grant, reprit le blond pour que l’autre comprenne sa situation. Maintenant tu as deux options. Soit tu coopères, soit tu ne coopères pas. Ton choix déterminera si tu vas passer une seule autre nuit ici ou plusieurs, mais je peux d’ores et déjà te garantir une chose. Le caporal se courba légèrement pour planter son regard froid dans celui du captif. Tu ne quitteras pas cette pièce en vie donc il ne tient qu’à toi d’abréger tes souffrances. Commençons, veux-tu ? Tu as un groupe, Grant ?

Si la guerre pouvait parfois amener à certaines extrémités, Jaden, lui, n’avait jamais eu recours à la torture. D’autres personnes étaient payés pour le faire. De toute façon, en était-ce vraiment, de la torture ? Tout dépendait du point de vue adopté. Les signataires de la Convention de Genève auraient certainement dit que oui. Pourtant, d’après un autre texte, "les douleurs et souffrances résultant uniquement de sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles" n’étaient pas à considérer comme peines ou traitements cruels au regard de la loi. Question légitimité, vu l’état dans lequel Grant avait mis sa femme, Jay aurait estimé être dans son bon droit. Et la sanction était tombée. Mais en réalité, toutes ces choses lui passaient au dessus de la tête à cet instant et il n’y avait pas songé une seule seconde. Jaden avait toujours su qu’il pourrait tuer quiconque s’en prenait à Maxine. Ce n’en était que la confirmation. Il s’était fait juge et juré. Et une seule règle était applicable : Lex Talionis.

Son interrogatoire musclé dura près d’une heure avant que Preston ne comprenne que les maigres informations qu’il avait obtenues seraient les seules.

- Tu sais... Je me suis toujours demandé ce qu’il se passait dans la tête des gens de ton acabit, fit le trentenaire en essuyant à l’aide d’une serviette le sang qui avait maculé ses mains. Que ressentent les types dans ton genre quand les rôles sont inversés ? Jaden réunit rapidement les seules affaires qu’il avait amené avec lui et se dirigea vers la sortie. Peut-être que maintenant tu comprendras ce qu’elle a ressenti, lâcha l’homme avant de quitter la pièce. Si il restait encore quelques neurones en état de marche chez l’autre, sans doute serait-il en mesure de comprendre que tout ce qui lui était arrivé n’était pas le fruit du hasard. Il récoltait simplement ce qu’il avait semé.

Jaden s’était levé de bonne heure le lendemain matin afin de régler un maximum de choses avant que Maxine ne se lève à son tour. Évidemment, son épouse n’avait pas manqué de remarquer la coupure sur sa lèvre et les nombreux bleus apparus sur son corps. Les questions qu’elle avait posées, il y avait répondu en étant aussi évasif que possible. Ils étaient tombés sur un survivant, timbré et coriace, qui s’en était pris à lui pendant qu’il fouillait une maison. Si ce n’était pas un mensonge en soi, ce n’était pas non plus la vérité pleine et entière. Jay n’était pas encore certain de comment il devait amener la chose. Traquer Grant avait été une chose. Et après ? Sa vengeance personnelle était loin, très loin derrière celle de Maxine. C’était à elle que cette dernière revenait. Mais il y avait une différence entre tuer quelqu’un en situation de légitime défense, comme sa femme avait pu le faire pendant le soulèvement des civils, et tuer quelqu’un sciemment, de sang froid, comme lui l’avait fait en abattant Moore. Max avait toujours été plus forte qu’elle ne s’en doutait. De ça, Jaden en avait toujours eu l’intime conviction. Mais il n’était tout de même pas du tout certain de vouloir la confronter à ça. Il avait fallu au trentenaire une bonne nuit de réflexion pour vraiment réaliser que tout comme la vengeance, ce choix-là ne lui revenait pas. Ce serait à elle de prendre cette décision. Et il serait là à ses côtés le moment venu.

Elle avait le regard posé sur leur fils endormi lorsqu’il revint dans leur chambre plus tard dans la matinée. D’un pas aussi léger que possible, il s’approcha du berceau et observa Elliot dormir pendant quelques secondes. Posant une main contre son flanc, Jay effectua une petite pression pour amener son épouse à le regarder.

- Je vais dire à Anna de s’occuper de lui, commença le mari d’un ton bas. Il faut que tu ailles te préparer. Tu viens avec moi aujourd’hui, il y a quelque chose que tu dois voir. On l’a retrouvé Max, fit l’homme sans quitter sa femme des yeux.

Un proverbe dit que lorsqu’un événement malheureux survient, nous avons trois choix : Le laisser définir notre vie, le laisser nous détruire ou s’en servir pour devenir plus fort. Maxine n’était pas prête à laisser sa rencontre avec Grant la détruire. Parce que les répercutions ne s’arrêtaient pas seulement à sa personne. Elliot serait touché, Jaden également. Et il était impensable que cette mésaventure la fasse devenir une mauvaise épouse et encore moins une mauvaise mère. Mais elle n’avait pas choisi véritablement entre définir sa vie ou devenir plus fort. Si celle de se laisser détruire était inimaginable, l’institutrice avait préféré mélanger les deux autres options pour continuer de vivre. Définir sa vie. Quelque part, c’était le cas puisqu’elle apprenait de ses erreurs et qu’elle ne laisserait plus jamais une telle chose se produire. Devenir plus forte n’était même pas un choix mais une obligation et elle pouvait compter sur son époux pour l’y préparer. Il fallait seulement un peu de temps.

Même si avec le temps les blessures qu’elle avait au visage s’étaient estompées, les faits restaient gravés dans sa mémoire. Pas un jour ne s’était passé sans qu’elle n’y pense. Il fallait du temps. Du temps pour que le traumatisme passe, que le sentiment d’insécurité s’en aille définitivement, que la confiance en elle revienne. Au bout d’un moment la brune s’était convaincu que le mieux à faire était d’arrêter d’y penser, de se consacrer aux siens et qu’elle finirait par oublier.

Maxine avait presque réussi. Ses moments de panique s’étaient fortement espacés. Ses nuits étaient beaucoup plus calmes. Elle s’était rythmé un quotidien tout à fait banal qui n’incluait aucune sortie. L’extérieur…rien qu’à le regarder au travers des mailles du grillage qui entourait le lycée, Maxine se sentait mal à l’aise. Sa crainte avait de nouveau pointée lorsque Jay était revenu la lèvre fendue et des hématomes sur le corps. Encore une mauvaise rencontre. Un survivant seul et fou s’en était pris à lui. Maxine n’avait rien dit sur l’instant mais les blessures de son mari étaient venues remplir un vase déjà trop plein qu’elle s’efforçait de cacher.

Ce matin là, lorsqu’elle ouvrit les yeux et qu’elle sentit le vide sous sa main qui tapotait les draps à la place de son époux, Maxine eut un soupire. Avant même de s’extraire du lit, l’institutrice leva les mains pour venir plaquer les paumes dans le creux de ses yeux. Après deux ou trois pensées d’auto-motivation, elle réussit enfin à se lever et elle commença sa routine du matin. Souvent, pendant qu’elle se préparait, Elliot commençait à pousser quelques petits cris dans son lit. Une fois son fils récupéré, calé contre elle en étant porté à un bras, Maxine s’occupait de préparer son biberon et s’installait dans le fauteuil qu’ils avaient monté dans leur chambre. Le temps défilait ensuite. Donner le bain demandait pas mal de préparation et de temps maintenant qu’ils ne disposaient plus d’eau chaude et de salle de bain. Maxine s’était lavée et habillée à la suite puis, après une demi-heure à jouer avec Elliot, celui-ci avait commencé à se frotter les yeux tout en ne lâchant plus la peluche qui lui servait pour dormir. Les petites siestes étaient encore nécessaires, même à son âge.

Avec une tendresse infinie, Maxine caressa les cheveux de son fils qui commençait déjà à s’endormir confortement emmitouflé dans les petites couvertures douces installées dans son berceau. Ce fut à ce moment là que Jaden apparu dans la pièce. En levant doucement son index vers elle, l’institutrice lui fit signe de ne pas faire trop de bruit puis, elle baissa de nouveau les yeux vers Elliot. Mais la pression qu’exerça Jaden sur son flanc l’obligea à relever le regard et le planter sur lui. En entendant ses premiers mots, Maxine fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas. Elle n’avait pas besoin d’Anna puisqu’elle-même était là et que le programme de sa journée était justement de s’occuper de son fils. Son regard interrogatif se transforma en un regard légèrement apeuré. Il fallait qu’elle se prépare pour sortir. Le reste des mots que prononça son mari la figea complètement. Ses pupilles se dilatèrent progressivement alors que ses yeux ne quittaient pas le regard de son blond. Jaden n’avait pas besoin d’être plus précis. Elle savait exactement de qui il parlait mais…la surprise était totale. Où l’avait-il trouvé ? Quand ? Avant même d’ouvrir la bouche pour laisser ces questions inutiles sortir d’entre ses lèvres, Maxine se reprit. Puis elle inspira en hochant doucement la tête, l’air toujours aussi déboussolée. Pendant un instant elle hésita. Devait-elle vraiment revoir cet homme ? Après tout, mis à part lui rappeler ce qu’il avait fait à Ayden et à elle-même, cette rencontre ne servirait sans doute à rien ? Mais….et si elle ne le faisait pas ? N’allait elle pas regretter toute sa vie de ne pas avoir affronté ce monstre ?

« J’arrive. » Dit-elle à la volée alors qu’elle dépassait déjà Jaden pour se ruer vers leurs armoires. Le ton décidé qu’elle avait employé n’était pas volontaire mais il reflétait parfaitement la férocité du résultat de son questionnement intérieur. Oh que oui elle irait voir cet homme. Elle voulait le regarder dans les yeux, elle voulait avoir des réponses. Très nerveuse, ses gestes devinrent un peu confus. Les coups de brosse qu’elle infligea à sa tignasse pour la mettre en ordre furent rapides et violents. Jay réapparu dans la pièce, accompagné d’Anna. Maxine ne leur prêta pas d’attention pour l’instant et, en deux mouvements, sa queue de cheval était faite, son manteau était enfilé, son sac était sur son épaule. Assise sur le bord du lit, elle se baissa pour faire glisser les fermetures éclairs de ses bottines. D’un bond, elle se mit de nouveau debout et elle alla se pencher par-dessus le berceau afin de déposer ses lèvres sur le petit crâne de son fils. « Je suis prête. » La main qu’elle glissa doucement dans celle de son époux contrastait avec son comportement plutôt agité. « Emmène moi le voir. » Lui murmura elle pour que lui seul puisse entendre.

Les émotions se succédèrent rapidement sur le visage de sa brune tandis qu’il lui expliquait la situation. Incompréhension. Angoisse. Pour sûr, Jay aurait certainement plus se montrer plus prévenant. Amener les faits en douceur. Mais à quoi bon ? Stupeur. Il l’avait su avant même d’ouvrir la bouche. Qu’importe la manière dont il présentait les choses, qu’importe les moyens mis à l’œuvre pour tenter de ménager sa compagne, l’annonce ferait, quoi qu’il arrive, l’effet d’une bombe. Il ne pouvait pas en être autrement, pas après le calvaire qu’elle avait traversé. Ce dernier touchait presque à sa fin. Hésitation. Peu importe ce que sa brune décidait de faire, à la fin de cette journée, cette sale histoire ne serait plus qu’un mauvais souvenir, une épreuve dont elle avait su se relever. La main toujours posée contre le flanc de sa compagne, Jaden attendit sans mots dire les quelques secondes qui furent nécessaire à Maxine pour se reprendre. Détermination. Oui, c’était de la détermination qu’il lisait dans les yeux de sa femme et dans l’intonation qu’avait prise sa voix. Et peut-être même un peu de hâte. La décision de l’institutrice prise, l’agent spécial quitta la pièce et revint quelques instants plus tard, la matriarche de la famille à ses côtés.

Jaden ne prononça pas un seul mot pendant le court trajet qui les menèrent au gymnase. Maintenant qu’ils avaient laissé derrière eux le cocon familial qu’était leur chambre, le blond préférait attendre de retrouver l’intimité de l’habitacle d’une voiture pour répondre aux questions que devait se poser sa compagne. Ce qu’il avait à dire ne concernait qu’elle après tout et les murs des couloirs du lycée avaient la fâcheuse tendance de porter les sons. Gardant ses doigts noués à ceux de son épouse, arborant un léger sourire, Preston se contenta donc de marcher silencieusement. C’était la fierté qui étirait ses lèvres. Et c’était cette force, cette volonté qu’il y avait chez celle qui était sa femme qui faisait sa fierté. Elle l’avait toujours fait, même lorsque les choses allaient au plus mal entre eux. Elle n’avait jamais abandonné. Elle ne l’avait jamais abandonné. Beaucoup d’autres n’auraient pas eu le courage dont elle avait fait preuve à l’époque, celui dont elle faisait de nouveau preuve aujourd’hui. Ensemble, le couple arriva au gymnase et grimpa rapidement dans l’une des voitures du camp.

- Je suppose que tu as compris que le survivant que j’avais croisé il y a deux jours, c’était lui ? demanda l’agent fédéral dès qu’ils passèrent les grilles du camp. La question se voulait rhétorique. Bien sûr que Maxine avait dû comprendre. On l’a retrouvé du côté de Madison Park, enchaîna le blond sans attendre de réponses, pas très loin de là où tu l’as croisé la première fois. Je l’ai suivi dans une maison. Il avait dû voir que je le suivais puisqu’il m’est tombé dessus. On s’est battu, il a perdu, résuma-t-il. Je l’ai gardé enfermé dans notre planque sur East Blaine street. Jaden posa sa main droite sur la cuisse de sa femme et quitta un instant la route des yeux pour croiser le regard clair de sa brune. Je suis désolé de te l’avoir caché et de ne pas en t’avoir parlé, fit l’homme, sincère. Il fallait que je l’interroge. Que je m’assure qu’il était seul et que ce qu’il t’a fait n’arrive pas à quelqu’un d’autre.

Sa main toujours au creux de celle de son époux, Maxine traversa les couloirs la tête baissée, concentrée mais surtout incapable d’affronter le regard des autres. Elle avait peur de trahir ce qui était en train de se passer et que, quelqu’un ou quelque chose intervienne et l’empêche d’y aller. C’était impossible, clairement. Jaden était là. Personne ne l’empêcherait de faire quoi que ce soit. Maxine n’avait pas vraiment d’explication logique à donner à son ressenti. Elle voulait se dépêcher, voilà tout.

D’un pas pressé les époux Preston s’étaient donc rendus jusqu’au gymnase afin de récupérer un véhicule. L’un comme l’autre, ils étaient restés parfaitement silencieux jusqu’à ce qu’ils se retrouvent enfermés dans l’habitacle du SUV. Un coude appuyé contre le rebord de la vitre, la main posée sur sa bouche, l’institutrice écouta son mari sans l’interrompre. Lorsqu’il posa la main sur sa cuisse, elle ne put s’empêcher de venir à nouveau la saisir. Silencieusement, Maxine encaissa toutes les informations. La lèvre fendue de son mari ne provenait pas exactement d’un survivant inconnu. Mais il ne lui avait pas vraiment menti. Timbré et coriace étaient des mots qui caractérisaient bien l’homme qui l’avait agressé. Seul le fait qu’il se soit mit en danger sans la prévenir la dérangeait. Et ce.. « on. » qu’il avait dit. De qui parlait-il ? Dans tous les cas, la seule chose que retenait Maxine était que, bien que cela soit minime, ce monstre s’en était aussi pris à son mari. Et ce constat ne fit qu’accroître sa colère. La main qui portait son alliance se serra légèrement autour des doigts de son époux.

« On ? » Demanda-t-elle pour savoir qui avait aidé à la capture de l’homme. Pour le coup, elle lui en voulait un peu de ne pas l’avoir convié à la traque. Personne n’était plus à même de le reconnaître qu’elle. Mais ce n’était pas le moment de lui faire une scène et, elle comprenait qu’il ait préféré demander de l’aide à d’autres plutôt qu’à elle. « Est-ce qu’il t’as dit quelque chose ? » Demanda l’institutrice alors que son pouce caressait nerveusement la peau de son blond. « Il était vraiment seul ? » La main qui était appuyée sur sa tempe alla faire un geste dans le vide. Jaden comprendrait tout seul de quoi elle voulait parler en lui demandant ça. Le sniper installé sur le toit était donc bien une invention destinée à les faire capituler en se pensant pris au piège. Ce détail n’était pas vraiment important désormais puisque, comme venait de lui dire son mari, il l’avait interrogé. Et si Jay emmenait sa femme lui rendre visite ce jour là, c’était bien parce qu’il s’était assuré que son agresseur agissait seul.

Ses questions s’étaient enchaînées, ne laissant pas le temps à Jaden de répondre. Mais son débit de parole trahissait un paradoxe. Maxine était angoissée mais aussi extrêmement pressée de le rencontrer. Ce fut sans doute pour ça qu’elle secoua sa main libre dans les airs. « C’est pas important. » Dit-elle pour en revenir à ses questions. « On sait tous les deux ce qu’on doit faire si on veut que cela n’arrive à personne d’autre. » Le ton de l’institutrice avait changé. Comme au moment où elle lui avait donné sa réponse dans leur chambre, Maxine s’était montré déterminée et sûre d’elle. Il n’y avait pas d’autre possibilité, elle le savait. Cet homme devrait mourir.

À chaque fois qu’il se déplaçait en ville, Jaden était toujours gagné par l’impression que l’épidémie avait figé le temps. Ça ne durait jamais très longtemps mais cette pensée finissait toujours par lui traverser l’esprit à un moment ou à un autre. Hormis les migrations aléatoires des rôdeurs, il n’y avait plus aucun changement dans le décor. Rien ne bougeait. Tout était toujours à la même place, abandonné, à subir le passage du temps. C’était comme regarder chaque jour le même tableau. Il n’était pas compliqué, à force, d’en apprendre chaque détail. Ici, plusieurs voitures laissées à la va-vite encombraient la rue. Là, sans aucun entretien, plusieurs petites crevasses dans le goudron déformaient la chaussée. Si Jay n’avait d’ordinaire aucun mal à circuler dans ce dédale, il préférait cette fois-ci rouler à faible allure. Il préférait prendre le temps, le passer avec sa femme et répondre à chacune des questions qu’elle se posait.

Jaden inspira profondément et serra un peu plus la main de son épouse dans la sienne. Elle était prête. S’il en était désormais convaincu, l’entendre prononcer ces quelques mots n’eut rien de particulièrement plaisant. Maxine n’aurait jamais dû avoir à dire qu’elle était prête à tuer un homme de sang froid. Elle n’aurait jamais dû avoir à le dire et encore moins à le faire. Pourtant, il le fallait. Tuer était ce qu’ils devraient faire pour protéger les leurs. Elliot. Anna. Les autres habitants du lycée. C’était ça, la réalité du monde dans lequel ils vivaient à présent. Leur réalité. Le soupir qu’il poussa fut tout aussi profond. Hochant légèrement du chef, l’agent spécial se permit de quitter la route des yeux une seconde pour adresser un sourire à sa brune.

- Je suis... Le trentenaire laissa sa phrase en suspens le temps de trouver le mot approprié. Je suis fier de toi Max, dit finalement le blond. Mais je me dois d’être en désaccord tu sais. Ces questions sont importantes. Si elles le sont pour toi, elles le sont pour moi. Il marqua une pause l’espace de quelques secondes pour se concentrer sur sa conduite. Je n’ai pas pu tirer grand chose de lui malheureusement. J’ai... Cassé sa mâchoire le jour où on s’est battu. Ça n’a pas vraiment aidé à obtenir des réponses. Il était bien seul le jour où on lui a mis la main dessus et c’est ce qu’il a affirmé après mais... Il secoua la tête. Avec des types comme lui, on ne peut jamais être sûr. J’étais avec Trey et Eli ce jour-là. D’autres ont aidé aussi. Je suis désolé de ne pas t’avoir impliqué plus que ça mais... Autre pause. Je ne t’avais jamais vu aussi effrayée tu sais. Ce qui est normal compte tenu de ce qu’il t’a fait vivre mais pour moi... Ça m’a fait penser qu’il était préférable te laisser du temps pour guérir. Aussi bien de corps que d’esprit. Je... Je n’étais tout simplement pas certain que tu puisses lui faire face, reconnut l’homme. Maintenant, je le suis, fit l’époux Preston, serrant un peu plus les doigts de son épouse pendant un court instant. Et c’est pour ça que je suis fier de toi, fit Jaden en regardant Maxine du coin de l’œil.

Quelles étaient les chances qu'ils retrouvent un jour cet homme ? Maigres, elles étaient très maigres. Pourtant, Jaden n'avait pas abandonné. Son époux était même parti demander de l'aide à d'autres pour réussir à le retrouver. Pas une seule fois Maxine ne s'était douté de ce qui se tramait dans son dos. Peut-être que si elle avait su, l'institutrice s'y serait opposée. Tout simplement pour préserver son mari. Leur vie était désormais bien assez risquée. Aller à la rencontre des problèmes n'était pas vraiment une bonne idée. Mais maintenant que cela était chose faite, la brune devait bien avouer qu'un début de soulagement s'était immiscé en elle. Peu importe ce qu'elle verrait, ce que lui dirait cet homme qui avait tué son ami. Désormais il était leur captif et son sort ne dépendait que de la volonté des époux Preston.

Ses pensées étaient désordonnées comme en témoignaient les questions qu'elle avait posé à Jaden avant de les effacer d'un geste de main. Pourtant, y répondre semblait important pour son blond. Alors que ses doigts jouaient distraitement avec le collier que son mari lui avait offert pour le premier Noël qu'ils avaient passé au lycée, Maxine tourna la tête, interpellée par les premiers mots que son époux avait laissé en suspens. Dans un premier temps elle ne comprit pas vraiment où il voulait en venir. Il était fier d'elle. Mais..pourquoi ? Malgré son questionnement, Maxine le laissa continuer. Tout ce qu'il disait, Maxine le notait et le rangeait quelque part dans sa tête. Eli et Trey avaient aidé. Trey lui avait donc menti lui aussi lorsqu'elle était venue lui soutirer quelques informations supplémentaires quant à la blessure que Jay arborait à la lèvre. Mais encore une fois, Jaden se montrait prévenant et doux. Malgré l'horreur qu'ils s'apprêtaient à faire et la violence du plan qu'il avait mis en œuvre, l'ancien militaire avait pris toutes les précautions pour protéger au maximum son épouse. Et même encore là, dans l'habitacle du véhicule, Jay restait soucieux des réflexions de sa femme.

Même si quelque part Maxine était déçue qu'il ait attendu autant de temps avant de lui avouer, elle devait bien reconnaître que son mari avait fait parfaitement les choses. Elle n'avait compris que tard tout le chagrin et la colère que cette histoire avait pu causé à son mari. « Tu as fait ce qu'il fallait. » Répondit elle plus calmement. Il était inutile qu'elle en vienne sur le sujet de la fierté qu'elle ressentait pour lui. Depuis qu'ils étaient ensemble, la brune n'avait jamais cessé d'en ressentir et ce malgré que la vie avec lui ne soit pas tous les jours évidente. Maxine avait de nombreuses raisons d'être fière de son mari. Pour son rôle d'homme, de mari, de père, de leader. Dans chacun de ces rôles, la brune avait au moins une dizaine de raison d'être fière de lui. Finalement, le silence s'était installé dans le véhicule. Leurs doigts s'étaient détachés durant ce court instant afin que Jay puisse changer de vitesse. Lentement, la brune avait levé son bras pour venir ranger quelques mèches blondes rebelles derrière l'oreille de son mari. La tête tournée vers lui, laissant ses doigts venir se caler dans le cou de son époux et son pouce caresser la ligne de sa mâchoire, Maxine brisa le silence. « Merci. » Dit elle simplement. Les traits toujours aussi durs, l'institutrice ne bougea pas d'un millimètre. Elle n'avait pas besoin d'en dire plus de toute façon. Jaden la connaissait par cœur et elle n'avait pas besoin de se lancer dans de grandes explications pour qu'il comprenne pourquoi elle le remerciait maintenant. Il n'y avait de toute façon pas d'autre mot plus précis pour décrire toute la reconnaissance qu'elle éprouvait pour lui. Toute l'énergie qu'il avait déployé pour le retrouver. Toute la détermination dont il avait du faire preuve pour ne pas abandonner après tant de temps. D'avoir fait tout ça pour elle. Pour qu'elle aille mieux. D'avoir cherché à la protéger même lorsqu'elle devrait faire face à ce monstre. Pour que ce qu'il lui était arrivé n'arrive pas à d'autres. Maxine n'était pas sûre d'être capable de faire autant pour lui. Elle n'était pas aussi forte, c'était une certitude. Mais si elle avait préféré lui dire maintenant, c'était tout simplement parce qu'elle ne savait pas exactement comment elle réagirait face à l'homme. Maintenant que les rôles étaient échangés. Qu'il était devenue la proie et elle, le chasseur.