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Laughing out loud.
Sam 8 Juil 2017 - 23:52
Les débuts de l'intégration d'Andy au ranch d'Issaquah n'avaient pas été de tout repos. Tout d'abord, sa découverte par le groupe composé d'Axel, Tamara et Melvin avait été mouvementée. Ensuite, il avait fallu se réadapter à la vie en société, et c'était une chose avec laquelle Andy avait beaucoup de mal. Il avait été installé dans le baraquement des employés, où il passerait quelques temps en attendant de gagner la confiance du groupe: c'était l'usage et Andy comptait bien s'y plier. Il y avait bien eu Shawna, qui avait tenté une première approche, tout en douceur: grâce à elle et peu à peu, le survivant de l'extérieur laissait place au membre du groupe. Mais ce travail serait encore long, et Andy devrait sans doute encore faire des efforts avant de retrouver un semblant de contenance, si un jour cela était possible.
Peu de gens avaient eu, au final, la primeur d'apprendre à connaître Andy. Parmi eux, l'on comptait Ludwig.
Ludwig était un cas à part, qui suscitait un énorme intérêt chez Andy. Outre un je-ne-sais-quoi de charme auquel était sensible le trentenaire, il possédait une personnalité des plus singulières. L'extérieur semblait faire peur à Ludwig, qui était un homme plutôt sensible, réservé et parfois taciturne. Malgré tout Andy dénotait en lui une force qui semblait dépasser de loin celles ajoutées de tous les membres du groupe. Ludwig s'ignorait, ne se connaissait pas vraiment; et Andy trouvant chez lui des similarités avec son propre fonctionnement, s'attacha à faire sa connaissance. Cela débuta par une discussion bénigne, dans le salon du ranch. Ludwig avait expliqué quelques règles de fonctionnement du groupe à Andy, et celui-ci avait étayé un peu sur sa vie entre le début de l'épidémie et la rencontre avec le groupe d'Axel. Il y avait là des choses personnelles, difficiles à verbaliser, mais face à Ludwig, Andy se sentait en confiance: un poids le quittait dès qu'il était en sa présence. Ces discussions eurent lieu à de nombreuses reprises, les deux compères en vinrent à passer, de temps en temps, des nuits entières à parler de choses et puis d'autres, de la vie, de la mort, de leurs états d'âme, de leurs aspirations. Bien vite la glace s'était brisée et ils étaient devenus amis.
Un soir, ils se trouvaient sur la terrasse du ranch, assis sur un petit banc de bois, le nez levé vers le ciel. Andy dit à Ludwig:
Ludwig... Penses-tu que nos morts nous observent?
Reprise de respiration puis aussitôt, sans laisser le temps à Ludwig de répondre:
Je ne crois plus en toutes ces conneries je te rassure, mais... Pour que l'on soit aussi triste de leurs disparitions, si leur souvenir se rappelle tant à nous, c'est bien qu'il doit rester quelque chose d'eux quelque part, non?
Un soupir, et:
Je veux dire, autre chose que ces amas de chairs qui se traînent.
Lors qu'il avait le nez face à la lune, Andy retint difficilement une seule et unique larme, alors que ses pensées vagabondaient. Il se rendait compte que lui et Ludwig ne dialoguaient pas vraiment, lui étalait ses préoccupations mais ne laissait pas loisir à son ami d'exprimer les siennes.
T'en penses quoi?
Peu de gens avaient eu, au final, la primeur d'apprendre à connaître Andy. Parmi eux, l'on comptait Ludwig.
Ludwig était un cas à part, qui suscitait un énorme intérêt chez Andy. Outre un je-ne-sais-quoi de charme auquel était sensible le trentenaire, il possédait une personnalité des plus singulières. L'extérieur semblait faire peur à Ludwig, qui était un homme plutôt sensible, réservé et parfois taciturne. Malgré tout Andy dénotait en lui une force qui semblait dépasser de loin celles ajoutées de tous les membres du groupe. Ludwig s'ignorait, ne se connaissait pas vraiment; et Andy trouvant chez lui des similarités avec son propre fonctionnement, s'attacha à faire sa connaissance. Cela débuta par une discussion bénigne, dans le salon du ranch. Ludwig avait expliqué quelques règles de fonctionnement du groupe à Andy, et celui-ci avait étayé un peu sur sa vie entre le début de l'épidémie et la rencontre avec le groupe d'Axel. Il y avait là des choses personnelles, difficiles à verbaliser, mais face à Ludwig, Andy se sentait en confiance: un poids le quittait dès qu'il était en sa présence. Ces discussions eurent lieu à de nombreuses reprises, les deux compères en vinrent à passer, de temps en temps, des nuits entières à parler de choses et puis d'autres, de la vie, de la mort, de leurs états d'âme, de leurs aspirations. Bien vite la glace s'était brisée et ils étaient devenus amis.
Un soir, ils se trouvaient sur la terrasse du ranch, assis sur un petit banc de bois, le nez levé vers le ciel. Andy dit à Ludwig:
Ludwig... Penses-tu que nos morts nous observent?
Reprise de respiration puis aussitôt, sans laisser le temps à Ludwig de répondre:
Je ne crois plus en toutes ces conneries je te rassure, mais... Pour que l'on soit aussi triste de leurs disparitions, si leur souvenir se rappelle tant à nous, c'est bien qu'il doit rester quelque chose d'eux quelque part, non?
Un soupir, et:
Je veux dire, autre chose que ces amas de chairs qui se traînent.
Lors qu'il avait le nez face à la lune, Andy retint difficilement une seule et unique larme, alors que ses pensées vagabondaient. Il se rendait compte que lui et Ludwig ne dialoguaient pas vraiment, lui étalait ses préoccupations mais ne laissait pas loisir à son ami d'exprimer les siennes.
T'en penses quoi?
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Re: Laughing out loud.
Dim 9 Juil 2017 - 1:24
- Ludwig … Penses-tu que nos morts nous observent ?
L'arrivée d'Andy au sein du groupe avait fait parler, autour d'eux. Certains qui vivaient déjà au ranch n'appréciaient que très peu le fait de se faire ainsi envahir. D'autres, au contraire, trouvaient l'élargissement de cette communauté tout à fait bénéfique. Du côté de Ludwig, si au début, son avis était mitigé, il changea bien vite sa manière de penser. Il suffisait de poser une personnalité sur un visage, rien de plus simple.
La timidité du libraire était toujours présente. C'était un fait. Ludwig était, est, et sera toujours un homme ridiculement timide. Mais il apprenait à faire avec. Après l'épidémie, il n'avait pas eu d'autre choix que de s'adapter. Et, depuis ces deux années à vivre en communauté presque vingt-quatre heure sur vingt-quatre, il avait eu le temps de s'y faire.
Alors, l'arrivée d'Andy fut, de son côté, particulièrement bien accueillie. Le pauvre homme avait l'air d'avoir traversé de rudes épreuves, et le norvégien était toujours touché de ces solitaires parvenant à s'en sortir seul. Ses pensées, d'ailleurs, s'étaient tournées vers la jeune Megan, rencontré malgré elle il y a quelques temps déjà. Il espérait qu'elle soit toujours en vie et, qui sait ? Qu'elle soit parvenue à trouver un coin assez reculé pour pouvoir y vivre, au moins pendant un temps.
Comme avec Skyler, la conversation s'était très vite mise en route avec l'ancien mécanicien. Si, au début, Ludwig était un peu sur la réserve et plus sur l'observation, il avait pu bien vite se détendre. Andy paraissait être un homme au cœur d'or, tout à fait digne de confiance. Il en oubliait presque sa tentative de suicide. Seules les restes de marques violacées autour de sa gorge lui rappelaient son geste.
Il soupira lentement par le nez. Tête penchée en arrière, les prunelles fouillant la voûte céleste, il écouta avec attention les propos de son nouvel ami, non sans se faire la réflexion que, pour la première fois depuis longtemps maintenant, il se sentait relativement bien. Mieux. À croire que ce qu'il avait fait pour faire sortir ses démons avait vraiment été utile. Même le fait de penser à Alan et Christina ne le faisait pas sombrer. Pas autant qu'avant.
Il eut une moue pensive aux derniers mots d'Andy et demeura un instant ainsi, perdu dans sa distraite contemplation. C'était un sujet délicat qu'il abordait. Ce genre de sujet que jamais Ludwig n'oserait lancer. En parler pouvait même être difficile pour lui.
- Je pense …
Il glissa ses deux mains dans ses cheveux et garda ses doigts liés derrière sa nuque. Une légère brise rafraîchissante le soulageait d'une chaude journée. Au loin, on pouvait même entendre quelques grillons. Il régnait autour d'eux une certaine impression de calme. Et si ce silence avait effrayé Ludwig pendant de longs mois, ce soir-là, il aimait se dire qu'il l'appréciait.
- Je pense que le monde ne se résume pas à ce qui est matériel, souffla-t-il après une seconde d'hésitation. Qu'un être est bien plus qu'une simple enveloppe charnel. On l'a tous constaté : ce n'est pas parce qu'un corps bouge qu'il est vivant.
Il eut un léger haussement d'épaule, déplia sa jambe et étala les deux devant lui. Son regard s'attarda un instant sur son jean, trop sale à son goût.
- Ca va au-delà de ce que l'on peut imaginer. C'est plus puissant encore. C'est ça qui reste, une fois que l'emballage est déchiré. Enfin... J'en sais rien. C'est …
Un petit soupir accompagné d'un regard gêné à son ami.
- C'est ainsi que j'aime voir les choses. Ça … c'est rassurant. De se dire qu'on ne meurt pas vraiment. Non ?
Ses lèvres s'étirèrent en un furtif sourire rêveur.
L'arrivée d'Andy au sein du groupe avait fait parler, autour d'eux. Certains qui vivaient déjà au ranch n'appréciaient que très peu le fait de se faire ainsi envahir. D'autres, au contraire, trouvaient l'élargissement de cette communauté tout à fait bénéfique. Du côté de Ludwig, si au début, son avis était mitigé, il changea bien vite sa manière de penser. Il suffisait de poser une personnalité sur un visage, rien de plus simple.
La timidité du libraire était toujours présente. C'était un fait. Ludwig était, est, et sera toujours un homme ridiculement timide. Mais il apprenait à faire avec. Après l'épidémie, il n'avait pas eu d'autre choix que de s'adapter. Et, depuis ces deux années à vivre en communauté presque vingt-quatre heure sur vingt-quatre, il avait eu le temps de s'y faire.
Alors, l'arrivée d'Andy fut, de son côté, particulièrement bien accueillie. Le pauvre homme avait l'air d'avoir traversé de rudes épreuves, et le norvégien était toujours touché de ces solitaires parvenant à s'en sortir seul. Ses pensées, d'ailleurs, s'étaient tournées vers la jeune Megan, rencontré malgré elle il y a quelques temps déjà. Il espérait qu'elle soit toujours en vie et, qui sait ? Qu'elle soit parvenue à trouver un coin assez reculé pour pouvoir y vivre, au moins pendant un temps.
Comme avec Skyler, la conversation s'était très vite mise en route avec l'ancien mécanicien. Si, au début, Ludwig était un peu sur la réserve et plus sur l'observation, il avait pu bien vite se détendre. Andy paraissait être un homme au cœur d'or, tout à fait digne de confiance. Il en oubliait presque sa tentative de suicide. Seules les restes de marques violacées autour de sa gorge lui rappelaient son geste.
Il soupira lentement par le nez. Tête penchée en arrière, les prunelles fouillant la voûte céleste, il écouta avec attention les propos de son nouvel ami, non sans se faire la réflexion que, pour la première fois depuis longtemps maintenant, il se sentait relativement bien. Mieux. À croire que ce qu'il avait fait pour faire sortir ses démons avait vraiment été utile. Même le fait de penser à Alan et Christina ne le faisait pas sombrer. Pas autant qu'avant.
Il eut une moue pensive aux derniers mots d'Andy et demeura un instant ainsi, perdu dans sa distraite contemplation. C'était un sujet délicat qu'il abordait. Ce genre de sujet que jamais Ludwig n'oserait lancer. En parler pouvait même être difficile pour lui.
- Je pense …
Il glissa ses deux mains dans ses cheveux et garda ses doigts liés derrière sa nuque. Une légère brise rafraîchissante le soulageait d'une chaude journée. Au loin, on pouvait même entendre quelques grillons. Il régnait autour d'eux une certaine impression de calme. Et si ce silence avait effrayé Ludwig pendant de longs mois, ce soir-là, il aimait se dire qu'il l'appréciait.
- Je pense que le monde ne se résume pas à ce qui est matériel, souffla-t-il après une seconde d'hésitation. Qu'un être est bien plus qu'une simple enveloppe charnel. On l'a tous constaté : ce n'est pas parce qu'un corps bouge qu'il est vivant.
Il eut un léger haussement d'épaule, déplia sa jambe et étala les deux devant lui. Son regard s'attarda un instant sur son jean, trop sale à son goût.
- Ca va au-delà de ce que l'on peut imaginer. C'est plus puissant encore. C'est ça qui reste, une fois que l'emballage est déchiré. Enfin... J'en sais rien. C'est …
Un petit soupir accompagné d'un regard gêné à son ami.
- C'est ainsi que j'aime voir les choses. Ça … c'est rassurant. De se dire qu'on ne meurt pas vraiment. Non ?
Ses lèvres s'étirèrent en un furtif sourire rêveur.
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Re: Laughing out loud.
Dim 23 Juil 2017 - 15:51
A vrai dire, Andy avait lancé un sujet au hasard, il avait simplement développé un peu à partir de ce qui lui passait en ce moment par la tête. La mort, était présente sans cesse, dans le quotidien des survivants, comment l'ignorer? L'homme n'avait pas réalisé qu'il demandait à Ludwig un certain effort. Ils ne se connaissaient que depuis quelques semaines finalement, et s'il avait compris que des choses graves s'étaient passées pour son ami, il n'imaginait pas que le bien-être de ce dernier puisse être encore fragile. Néanmoins, Ludwig sembla prendre sur lui-même, et sa réponse apporta un certain réconfort à Andy. Ce dernier détacha son regard du ciel étoilé et le posa sur Ludwig, avant de lui répondre:
Tu as raison.
On perd tellement, qu'il vaut mieux se dire que ceux qui nous ont été chers, qui le sont toujours, sont encore là quelque part. Ça nous donne au moins une raison de survivre, de ne pas abandonner.
Andy esquissa un sourire gêné, et étendit le bras vers Ludwig, il posa ensuite sa main sur son épaule avant de reprendre:
Je suis désolé si j'aborde un sujet sensible, je manque parfois de tact.
La mine contrite du mécanicien laissa place à un visage songeur. Puis, il fouilla dans la poche de sa chemise et déclara:
Je vais te montrer pour quoi je me bats.
Pour qui.
Dans sa poche de chemise se trouvait une photo de son fils, la dernière en sa possession, les autres ayant été volées ou détruites. Alors qu'il fouillait l'une puis l'autre, il poursuivit:
Il s'appelle Trent, c'est mon fils.
Je ne s...
Le visage d'Andy se décomposa, et, livide il dit à ludwig:
Je l'ai perdue.
Tu as raison.
On perd tellement, qu'il vaut mieux se dire que ceux qui nous ont été chers, qui le sont toujours, sont encore là quelque part. Ça nous donne au moins une raison de survivre, de ne pas abandonner.
Andy esquissa un sourire gêné, et étendit le bras vers Ludwig, il posa ensuite sa main sur son épaule avant de reprendre:
Je suis désolé si j'aborde un sujet sensible, je manque parfois de tact.
La mine contrite du mécanicien laissa place à un visage songeur. Puis, il fouilla dans la poche de sa chemise et déclara:
Je vais te montrer pour quoi je me bats.
Pour qui.
Dans sa poche de chemise se trouvait une photo de son fils, la dernière en sa possession, les autres ayant été volées ou détruites. Alors qu'il fouillait l'une puis l'autre, il poursuivit:
Il s'appelle Trent, c'est mon fils.
Je ne s...
Le visage d'Andy se décomposa, et, livide il dit à ludwig:
Je l'ai perdue.
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Re: Laughing out loud.
Mar 25 Juil 2017 - 23:21
Ludwig hocha la tête en réponse aux mots d'Andy. Son sourire rêveur s'étira un peu plus tandis que son regard se perdait encore dans les étoiles.
La main d'Andy se posant sur son épaule le sortit de sa torpeur. Et si, à la base, le libraire redoutait particulièrement le contact, il se surprit à se crisper à peine, par habitude seulement. Mieux encore : il ressentait un certain réconfort dans cette légère pression. Une douce chaleur émanait de la paume de son ami et perçait à travers le tissu de son t-shirt.
Le libraire tourna la tête vers lui lorsqu'il s'excusa. Une expression quelque peu étonnée se dessina sur le visage de Ludwig.
- Oh, euh … Non, ne t'en fais pas ! Je … J'ai beaucoup de mal à parler. Enfin. À m'exprimer. Je prends sur moi. C'est pas toi. T'en fais pas.
Il pinça ses lèvres en piètre sourire. Même son explication était totalement foireuse. Dans tous les cas, c'était rare, les gens qui s'excusaient lorsqu'ils le voyaient mal à l'aise. En règle générale de toute manière, tout le monde avait plus ou moins saisi qui était Ludwig. Et tout le monde avait compris que s'ils devaient s'excuser à chaque fois qu'il était mal à l'aise, ils en auraient pour des heures. Mais il appréciait cette attention du côté d'Andy.
Enfin, l'ancien mécanicien plongea sa main dans sa poche. Ludwig le laissa faire dans un silence solennel et respectueux en l'observant se débattre avec son pantalon. Et alors, totalement blafard et la voix brisée, Andy admit : il ne possédait plus ce pourquoi il survivait. Il avait perdu la photo de son fils. Et c'était quelque chose de tellement affreux que le libraire ouvrit grands les yeux et demeura un instant ainsi à papillonner des paupières, bouche entrouverte, ses prunelles claires allant du visage de son ami à ses poches, au sol – au cas où -. C'est comme si cette mauvaise nouvelle le touchait personnellement, ce qui était presque le cas. Il connaissait la valeur de certains biens. Et une photo, à cette époque … ça n'avait pas de prix. Et c'était généralement tout ce qu'il restait d'un proche. Ludwig, lui, n'avait même pas la chance d'en posséder une. Mais au moins n'avait-il pas l'angoisse de l'égarer à chaque déplacement.
- Perdue … perdue où ?
Il se maudit aussitôt pour cette question bougrement stupide. Pour un peu, il se serait giflé. À la place, il se contenta de secouer la tête et de se reprendre :
- Enfin … enfin je veux dire … à quel moment l'as-tu vu en dernier ? Tu l'as … tu l'as peut-être laissé sur ton lit. Sur ta table de chevet ? Ou … ou dans ta valise, non ?
Il avait conscience que ses suggestions pouvaient être pénibles, mais autrement, il ne savait pas trop ce qu'il pouvait dire ou faire.
Un doute, néanmoins, le fit froncer les sourcils :
- Tu l'avais, à ton arrivée ici ?
La main d'Andy se posant sur son épaule le sortit de sa torpeur. Et si, à la base, le libraire redoutait particulièrement le contact, il se surprit à se crisper à peine, par habitude seulement. Mieux encore : il ressentait un certain réconfort dans cette légère pression. Une douce chaleur émanait de la paume de son ami et perçait à travers le tissu de son t-shirt.
Le libraire tourna la tête vers lui lorsqu'il s'excusa. Une expression quelque peu étonnée se dessina sur le visage de Ludwig.
- Oh, euh … Non, ne t'en fais pas ! Je … J'ai beaucoup de mal à parler. Enfin. À m'exprimer. Je prends sur moi. C'est pas toi. T'en fais pas.
Il pinça ses lèvres en piètre sourire. Même son explication était totalement foireuse. Dans tous les cas, c'était rare, les gens qui s'excusaient lorsqu'ils le voyaient mal à l'aise. En règle générale de toute manière, tout le monde avait plus ou moins saisi qui était Ludwig. Et tout le monde avait compris que s'ils devaient s'excuser à chaque fois qu'il était mal à l'aise, ils en auraient pour des heures. Mais il appréciait cette attention du côté d'Andy.
Enfin, l'ancien mécanicien plongea sa main dans sa poche. Ludwig le laissa faire dans un silence solennel et respectueux en l'observant se débattre avec son pantalon. Et alors, totalement blafard et la voix brisée, Andy admit : il ne possédait plus ce pourquoi il survivait. Il avait perdu la photo de son fils. Et c'était quelque chose de tellement affreux que le libraire ouvrit grands les yeux et demeura un instant ainsi à papillonner des paupières, bouche entrouverte, ses prunelles claires allant du visage de son ami à ses poches, au sol – au cas où -. C'est comme si cette mauvaise nouvelle le touchait personnellement, ce qui était presque le cas. Il connaissait la valeur de certains biens. Et une photo, à cette époque … ça n'avait pas de prix. Et c'était généralement tout ce qu'il restait d'un proche. Ludwig, lui, n'avait même pas la chance d'en posséder une. Mais au moins n'avait-il pas l'angoisse de l'égarer à chaque déplacement.
- Perdue … perdue où ?
Il se maudit aussitôt pour cette question bougrement stupide. Pour un peu, il se serait giflé. À la place, il se contenta de secouer la tête et de se reprendre :
- Enfin … enfin je veux dire … à quel moment l'as-tu vu en dernier ? Tu l'as … tu l'as peut-être laissé sur ton lit. Sur ta table de chevet ? Ou … ou dans ta valise, non ?
Il avait conscience que ses suggestions pouvaient être pénibles, mais autrement, il ne savait pas trop ce qu'il pouvait dire ou faire.
Un doute, néanmoins, le fit froncer les sourcils :
- Tu l'avais, à ton arrivée ici ?
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Re: Laughing out loud.
Mer 2 Aoû 2017 - 16:55
C'était impossible.
Impossible, non. Il ne pouvait pas l'avoir perdue.
Andy ignorait si son fils était encore vivant, si lui et sa mère avaient trouvé refuge quelque part. Il avait erré, comme un chien galeux un an durant, la seule chose qui le tenait en vie était l'espoir. L'espoir et cette putain de photo. Rapidement l'esprit du mécano passa en revue tous les endroits où il pouvait avoir perdu sa photo. Le baraquement? Non, il ne s'était pas éparpillé. Ailleurs, le ranch? Impossible, il n'avait pas encore sorti la photo de sa poche. Cette idée serra brusquement le coeur d'Andy. L'idée qu'il n'avait pas eu besoin, depuis son arrivée au ranch, de prier le ciel en serra la photo de son fils, pour survivre, le blessa profondément. Il allait faire quoi, tirer un trait sur son passé? Abandonner l'espoir de retrouver son fils? Putain, non.
Non, merde.
Andy jeta sur Ludwig un regard désespéré.
Le jeune homme cherchait à l'aider, à comprendre, même s'il se savait impuissant. Il eut en sa direction un regard embué, qui signifiait "merci", mais aussi "aide-moi"...
Je..
En fermant les yeux et en serrant les paupières, Andy tenta de se remémorer les dernières semaines, les heures précédant sa découverte par Axel, Tamara et Melvin, à l'orée de la clairière... Il était resté plusieurs heures allongé sur le sol, observant le ranch. Il se reprit et s'adressa à Ludwig, avec une voix qui reprenait peu à peu de l'assurance.
Avant d'être ramassé par votre groupe, je vous avais déjà repérés.
J'ai passé plusieurs jours dans les sous-bois à vous observer. Je voulais être sûr que votre groupe serait correct, qu'il n'y aurait aucun danger à vous rejoindre, ou à essayer.
Et là, la révélation, tatatataaam.
Elle est certainement là-bas!
Aucun doute possible. Ni aucune autre solution que de retourner sur les lieux pour tenter de retrouver la photo. Mais, seul? Cela faisait des semaines qu'Andy n'était pas retourné à l'extérieur, se remettant doucement de sa vie de survivant. Certes cela serait revenu bien assez vite, mais il lui avait bien, au moins, fallu ça de sécurité, pour éviter la folie.
Tu es avec moi?
Il n'y avait personne d'autre que Ludwig avec qui Andy n'avait plus envie, en ce moment, de retrouver la photo de son fils, ou de crever.
Impossible, non. Il ne pouvait pas l'avoir perdue.
Andy ignorait si son fils était encore vivant, si lui et sa mère avaient trouvé refuge quelque part. Il avait erré, comme un chien galeux un an durant, la seule chose qui le tenait en vie était l'espoir. L'espoir et cette putain de photo. Rapidement l'esprit du mécano passa en revue tous les endroits où il pouvait avoir perdu sa photo. Le baraquement? Non, il ne s'était pas éparpillé. Ailleurs, le ranch? Impossible, il n'avait pas encore sorti la photo de sa poche. Cette idée serra brusquement le coeur d'Andy. L'idée qu'il n'avait pas eu besoin, depuis son arrivée au ranch, de prier le ciel en serra la photo de son fils, pour survivre, le blessa profondément. Il allait faire quoi, tirer un trait sur son passé? Abandonner l'espoir de retrouver son fils? Putain, non.
Non, merde.
Andy jeta sur Ludwig un regard désespéré.
Le jeune homme cherchait à l'aider, à comprendre, même s'il se savait impuissant. Il eut en sa direction un regard embué, qui signifiait "merci", mais aussi "aide-moi"...
Je..
En fermant les yeux et en serrant les paupières, Andy tenta de se remémorer les dernières semaines, les heures précédant sa découverte par Axel, Tamara et Melvin, à l'orée de la clairière... Il était resté plusieurs heures allongé sur le sol, observant le ranch. Il se reprit et s'adressa à Ludwig, avec une voix qui reprenait peu à peu de l'assurance.
Avant d'être ramassé par votre groupe, je vous avais déjà repérés.
J'ai passé plusieurs jours dans les sous-bois à vous observer. Je voulais être sûr que votre groupe serait correct, qu'il n'y aurait aucun danger à vous rejoindre, ou à essayer.
Et là, la révélation, tatatataaam.
Elle est certainement là-bas!
Aucun doute possible. Ni aucune autre solution que de retourner sur les lieux pour tenter de retrouver la photo. Mais, seul? Cela faisait des semaines qu'Andy n'était pas retourné à l'extérieur, se remettant doucement de sa vie de survivant. Certes cela serait revenu bien assez vite, mais il lui avait bien, au moins, fallu ça de sécurité, pour éviter la folie.
Tu es avec moi?
Il n'y avait personne d'autre que Ludwig avec qui Andy n'avait plus envie, en ce moment, de retrouver la photo de son fils, ou de crever.
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Re: Laughing out loud.
Lun 7 Aoû 2017 - 13:10
Le regard que lui jeta le mécanicien suffit à plonger également Ludwig dans une profonde détresse. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que cette photo avait une valeur inestimable à ses yeux. Ludwig craignait qu'il ne perde son entrain pour la vie s'il n'arrivait pas à la retrouver. C'était peut-être idiot, mais il suffisait parfois d'un rien pour sombrer. Comme il suffisait d'un rien pour nous maintenir en vie.
C'est pourquoi le libraire observa avec avidité le visage de son ami pendant qu'il réfléchissait, comme s'il pensait avoir un indice rien qu'en détaillant ses traits. Il s'était redressé sur son banc et semblait inconsciemment prêt à le suivre s'il avait une idée.
Finalement, il ouvrit la bouche. Les souvenirs revenaient, et le souffle de Ludwig aussi. Elle n'était pas loin, cette photo. C'était sûr. C'était obligé. Il le fallait.
- Tu es avec moi ?
Ludwig haussa les sourcils, regarda autour de lui comme s'il découvrait l'endroit où il se trouvait.
- Quoi, maintenant ?
Maintenant, oui. Il ne leur avait pas fallu plus de dix minutes pour prendre leur sac avec torche, eau, un peu de nourritures – au cas où – et leurs armes pour ensuite se mettre en chemin. Dans la plus grande discrétion au départ, afin de ne pas attirer l'attention, et les foudres, de leurs camarades. Ludwig se doutait bien que c'était un plan stupide, ou du moins, à cette heure-ci. Mais la détresse de son ami était beaucoup trop palpable, et il ne supportait pas de le voir mal. Et puis, les environs étaient sécurisés depuis un moment maintenant. Aucun danger ne devrait venir les mettre dans un sale pétrin. Dieu qu'il l'espérait.
Une fois assez éloigné du ranch pour ne pas éveiller de soupçon, Ludwig alluma sa lampe torche pour éclairer le chemin. Les sens en alerte malgré tout, il s'efforçait de rester concentré tout en suivant Andy. Lui-seul semblait savoir où était sa précieuse photo, il ne pouvait rien faire d'autre que de l'assister dans cette tâche. Et il préférait être là, à ses côtés, plutôt que de l'avoir laissé partir seul. Car à coup sûr qu'il y serait allé ce soir-là, avec ou sans l'aide du libraire.
Les deux hommes s'enfoncèrent quelque peu dans la végétation, Ludwig avec un peu plus de difficulté. Ils finirent par déboucher sur une clairière d'où les reflets de la Lune suffisaient pour y voir relativement clair. Au centre de cette clairière, une bâtisse. Cachée, en plein cœur des bois. Sûrement que les premiers habitants du ranch l'avaient déjà découverte et fouillée, mais elle restait tout de même impressionnante. Un petit air à la maison d'Amityville, ce qui n'était pas pour rassurer le libraire.
- Et tu es resté ici pendant combien de temps ? Murmura-t-il alors qu'ils s'étaient arrêté à la lisière des bois.
C'est pourquoi le libraire observa avec avidité le visage de son ami pendant qu'il réfléchissait, comme s'il pensait avoir un indice rien qu'en détaillant ses traits. Il s'était redressé sur son banc et semblait inconsciemment prêt à le suivre s'il avait une idée.
Finalement, il ouvrit la bouche. Les souvenirs revenaient, et le souffle de Ludwig aussi. Elle n'était pas loin, cette photo. C'était sûr. C'était obligé. Il le fallait.
- Tu es avec moi ?
Ludwig haussa les sourcils, regarda autour de lui comme s'il découvrait l'endroit où il se trouvait.
- Quoi, maintenant ?
Maintenant, oui. Il ne leur avait pas fallu plus de dix minutes pour prendre leur sac avec torche, eau, un peu de nourritures – au cas où – et leurs armes pour ensuite se mettre en chemin. Dans la plus grande discrétion au départ, afin de ne pas attirer l'attention, et les foudres, de leurs camarades. Ludwig se doutait bien que c'était un plan stupide, ou du moins, à cette heure-ci. Mais la détresse de son ami était beaucoup trop palpable, et il ne supportait pas de le voir mal. Et puis, les environs étaient sécurisés depuis un moment maintenant. Aucun danger ne devrait venir les mettre dans un sale pétrin. Dieu qu'il l'espérait.
Une fois assez éloigné du ranch pour ne pas éveiller de soupçon, Ludwig alluma sa lampe torche pour éclairer le chemin. Les sens en alerte malgré tout, il s'efforçait de rester concentré tout en suivant Andy. Lui-seul semblait savoir où était sa précieuse photo, il ne pouvait rien faire d'autre que de l'assister dans cette tâche. Et il préférait être là, à ses côtés, plutôt que de l'avoir laissé partir seul. Car à coup sûr qu'il y serait allé ce soir-là, avec ou sans l'aide du libraire.
Les deux hommes s'enfoncèrent quelque peu dans la végétation, Ludwig avec un peu plus de difficulté. Ils finirent par déboucher sur une clairière d'où les reflets de la Lune suffisaient pour y voir relativement clair. Au centre de cette clairière, une bâtisse. Cachée, en plein cœur des bois. Sûrement que les premiers habitants du ranch l'avaient déjà découverte et fouillée, mais elle restait tout de même impressionnante. Un petit air à la maison d'Amityville, ce qui n'était pas pour rassurer le libraire.
- Et tu es resté ici pendant combien de temps ? Murmura-t-il alors qu'ils s'étaient arrêté à la lisière des bois.
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Re: Laughing out loud.
Lun 7 Aoû 2017 - 16:31
Dans quoi Andy s'était-il embarqué? Et surtout dans quoi s'apprêtait-il à embarquer Ludwig?
De ce qu'il en jugeait maintenant, sa demande était foutrement égoïste. Le mécano avait entendu dire que les environs directs du ranch étaient relativement cleans, mais à l'extérieur lui mieux que quiconque savait qu'on pouvait s'attendre à tout. Absolument tout. Alors de quel droit demandait-il à Ludwig, particulièrement lui, de risquer sa vie pour une putain de photo?
Une putain de photo qui appartenait au passé, à un passé qui avait 99.99% de chances d'être définitivement révolu. Mais... Ce moment était difficile pour Andy, et en ce bas monde où tout un chacun est responsable de ses propres décisions, il n'outrepassait pas ses droits en tant qu'ami. Lu' savait certainement à quoi s'attendre, et avait accepté de le suivre en connaissance de cause.
Cette décision prise à deux renforçait le lien qui existait entre les deux hommes, et emplit le cœur d'Andy d'une douce chaleur. Ce dernier plongea ses yeux dans celui du jeune homme et lui dit "merci", simplement par la force d'un regard.
Absolument, maintenant.
Lu', sous ses dehors de dandy trop précautionneux, était avant tout un survivant. Seuls les plus pragmatiques, les battants, les personnalités fortes, avaient réussi à survivre jusque là. Et si le libraire était encore en vie, ça n'était pas seulement grâce à l'aide d'autres personnes, mais aussi et surtout grâce à lui-même. Il fallait simplement qu'il le découvre, ou qu'il l'accepte. Au choix. Les préparatifs furent achevés rapidement: il faisait nuit et un silence de mort régnait sur le ranch, ainsi il fallait que l'expédition soit discrète, et rapide. Un peu d'eau, de la nourriture dans un sac à dos, et des armes à la ceinture: c'était tout ce dont ils avaient besoin.
Les deux hommes empruntèrent un accès dérobé, évitant ainsi les rondes des guetteurs, évidemment actives 24h sur 24, et s'enfoncèrent rapidement dans la forêt, après avoir dépassé la zone vide entourant le ranch. Andy menait le duo, tenant fermement la lampe de poche, voilée et légèrement pointée vers le sol pour qu'on ne puisse pas les repérer. Il faisait nuit noire, et pour ne pas risquer de se perdre, Andy tendit une main assurée à Ludwig. Il n'avait pas véritablement besoin de le faire, car la lumière de la lampe de poche suffisait à ce que les deux hommes voient où ils mettaient les pieds. Simplement, un contact humain, qui plus est celui de Ludwig, rassurait le trentenaire. La sensation que lui procurait ce contact improvisé était si douce, que l'espace d'un instant le meneur oublia dans quel merdier ils étaient. Ainsi, tenant fermement la main de son compagnon d'expédition, Andy les mena à travers les broussailles, attentif au moindre bruissement de feuilles, au moindre craquement de branche.
Cinq minutes plus tard, ils arrivèrent dans une petite clairière au centre de laquelle trônait un bâtiment évidemment à l'abandon. Il devait s'agir d'une grange du début du siècle. La peinture rouge s'écaillait largement et donnait à l'ensemble un air inquiétant.
Je... hum.
En réalité je n'y suis pas beaucoup resté. Je restais la plupart du temps dans les bois, à la lisière de la zone défrichée autour du ranch.
Andy ne voulait pas entrer dans les détails avec Ludwig. Il avait vécu comme un animal, et pas seulement durant les deux jours passés à observer le groupe, mais des mois durant. Que penserait-il s'il était pleinement au fait de l'état dans lequel il avait été trouvé? Axel, Tamara & Melvin avaient eu la gentillesse de ne pas raconter à tout le groupe l'état d'Andy à son entrée dans le ranch, même si tous savaient qu'il était dans un état piteux. Autant qu'ils n'en sachent pas plus.
J'y suis venu une ou deux fois, mais c'est certainement ici que j'ai perdu la photo. Je me souviens en être sorti avec une poche déchirée.
Prenant mille précautions, Andy asséna trois coups avec la paume de sa main sur la porte de la grange, qui s'ouvrit largement dans un grincement digne des meilleurs films d'horreur. Deux minutes plus tard, malgré cette précaution, les deux hommes n'entendirent aucun gémissement ni aucun murmure: l'endroit semblait vide et ils pouvaient y entrer sans craindre de tomber sur un mort-vivant. Enfin, probablement.
Les recherches commencèrent, il n'y avait ici que de vieilles caisses de bois rongées par l'humidité, quelques outils agricoles rouillés ainsi qu'une carcasse de tracteur datant certainement d'après guerre. Andy ne put retenir une remarque s'apparentant fort à une déformation professionnelle sortie d'on ne savait où.
C'est de la belle mécanique...
Puis, plus bas:
Je suis certain qu'avec les outils adéquats, je pourrais réparer quelques véhicules pour le ranch.
L'exploration continua par l'étage, une sorte de mezzanine accessible uniquement par une échelle qui semblait tout sauf stable. Andy s'engagea le premier.
De ce qu'il en jugeait maintenant, sa demande était foutrement égoïste. Le mécano avait entendu dire que les environs directs du ranch étaient relativement cleans, mais à l'extérieur lui mieux que quiconque savait qu'on pouvait s'attendre à tout. Absolument tout. Alors de quel droit demandait-il à Ludwig, particulièrement lui, de risquer sa vie pour une putain de photo?
Une putain de photo qui appartenait au passé, à un passé qui avait 99.99% de chances d'être définitivement révolu. Mais... Ce moment était difficile pour Andy, et en ce bas monde où tout un chacun est responsable de ses propres décisions, il n'outrepassait pas ses droits en tant qu'ami. Lu' savait certainement à quoi s'attendre, et avait accepté de le suivre en connaissance de cause.
Cette décision prise à deux renforçait le lien qui existait entre les deux hommes, et emplit le cœur d'Andy d'une douce chaleur. Ce dernier plongea ses yeux dans celui du jeune homme et lui dit "merci", simplement par la force d'un regard.
Absolument, maintenant.
Lu', sous ses dehors de dandy trop précautionneux, était avant tout un survivant. Seuls les plus pragmatiques, les battants, les personnalités fortes, avaient réussi à survivre jusque là. Et si le libraire était encore en vie, ça n'était pas seulement grâce à l'aide d'autres personnes, mais aussi et surtout grâce à lui-même. Il fallait simplement qu'il le découvre, ou qu'il l'accepte. Au choix. Les préparatifs furent achevés rapidement: il faisait nuit et un silence de mort régnait sur le ranch, ainsi il fallait que l'expédition soit discrète, et rapide. Un peu d'eau, de la nourriture dans un sac à dos, et des armes à la ceinture: c'était tout ce dont ils avaient besoin.
Les deux hommes empruntèrent un accès dérobé, évitant ainsi les rondes des guetteurs, évidemment actives 24h sur 24, et s'enfoncèrent rapidement dans la forêt, après avoir dépassé la zone vide entourant le ranch. Andy menait le duo, tenant fermement la lampe de poche, voilée et légèrement pointée vers le sol pour qu'on ne puisse pas les repérer. Il faisait nuit noire, et pour ne pas risquer de se perdre, Andy tendit une main assurée à Ludwig. Il n'avait pas véritablement besoin de le faire, car la lumière de la lampe de poche suffisait à ce que les deux hommes voient où ils mettaient les pieds. Simplement, un contact humain, qui plus est celui de Ludwig, rassurait le trentenaire. La sensation que lui procurait ce contact improvisé était si douce, que l'espace d'un instant le meneur oublia dans quel merdier ils étaient. Ainsi, tenant fermement la main de son compagnon d'expédition, Andy les mena à travers les broussailles, attentif au moindre bruissement de feuilles, au moindre craquement de branche.
Cinq minutes plus tard, ils arrivèrent dans une petite clairière au centre de laquelle trônait un bâtiment évidemment à l'abandon. Il devait s'agir d'une grange du début du siècle. La peinture rouge s'écaillait largement et donnait à l'ensemble un air inquiétant.
Je... hum.
En réalité je n'y suis pas beaucoup resté. Je restais la plupart du temps dans les bois, à la lisière de la zone défrichée autour du ranch.
Andy ne voulait pas entrer dans les détails avec Ludwig. Il avait vécu comme un animal, et pas seulement durant les deux jours passés à observer le groupe, mais des mois durant. Que penserait-il s'il était pleinement au fait de l'état dans lequel il avait été trouvé? Axel, Tamara & Melvin avaient eu la gentillesse de ne pas raconter à tout le groupe l'état d'Andy à son entrée dans le ranch, même si tous savaient qu'il était dans un état piteux. Autant qu'ils n'en sachent pas plus.
J'y suis venu une ou deux fois, mais c'est certainement ici que j'ai perdu la photo. Je me souviens en être sorti avec une poche déchirée.
Prenant mille précautions, Andy asséna trois coups avec la paume de sa main sur la porte de la grange, qui s'ouvrit largement dans un grincement digne des meilleurs films d'horreur. Deux minutes plus tard, malgré cette précaution, les deux hommes n'entendirent aucun gémissement ni aucun murmure: l'endroit semblait vide et ils pouvaient y entrer sans craindre de tomber sur un mort-vivant. Enfin, probablement.
Les recherches commencèrent, il n'y avait ici que de vieilles caisses de bois rongées par l'humidité, quelques outils agricoles rouillés ainsi qu'une carcasse de tracteur datant certainement d'après guerre. Andy ne put retenir une remarque s'apparentant fort à une déformation professionnelle sortie d'on ne savait où.
C'est de la belle mécanique...
Puis, plus bas:
Je suis certain qu'avec les outils adéquats, je pourrais réparer quelques véhicules pour le ranch.
L'exploration continua par l'étage, une sorte de mezzanine accessible uniquement par une échelle qui semblait tout sauf stable. Andy s'engagea le premier.
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