Page 2 sur 2 • 1, 2
Re: Laughing out loud.
Mar 8 Aoû 2017 - 23:14
Sa main avait rejoint celle de son ami avec un certain naturel. Sans qu'il n'y pense réellement. C'était pourtant rare, même en ces temps troublés, de faire ça pour ne pas se perdre. À croire que le moindre contact était prohibé, sans qu'il ne sache pourquoi. La chaleur de la paume d'Andy lui donnait le courage d'avancer et il se rendait même compte qu'elle avait le pouvoir d'apaiser sa peur. Est-ce que chaque contact était comme cela ? Ou est-ce que seul Andy avait ce pouvoir-là ? Toujours est-il que, malgré les pommettes de Ludwig rendues rouges par la gêne, il ne desserra pas son étreinte. De crainte d'être séparé pour toujours s'ils venaient à se lâche, peut-être.
Leur traversée jusqu'à la maison d'Amityville se fit sans accro. Cela permit au libraire de se détendre un peu.
Il hocha la tête face à ses réponses, bien qu'il ne pouvait pas le voir. Regard focalisé sur leur objectif, il n'ajouta rien. Il espérait juste, que le bien de l'ancien mécanicien soit bien restée entre ces murs.
Une fois vaguement assuré qu'il n'y avait rien de dangereux à l'intérieur, les deux hommes s'y infiltrèrent. Ludwig observa le lieu à la dérobée, un sentiment étrange le faisant respirer difficilement. Il savait qu'ils avaient désobéis en venant ici sans prévenir personne, en pleine nuit d'autant plus. Et s'il y avait eu l'adrénaline de faire quelque chose de nouveau avec son ami, à présent, il n'était plus vraiment sûr de lui. Dans sa tête, une pensée surgissait : s'ils étaient en danger, il n'y avait qu'eux. Et personne d'autre pour leur venir en aide.
Le sol était en béton, poussiéreux. Digne d'un garage, à vrai dire. Alors qu'il s'avançait lentement, le pied du norvégien tapa dans une clé à molette, qui glissa et se heurta à la roue de l'un des véhicules.
- Hm … répondit-il distraitement aux remarques d'Andy.
Du plat de la main, il caressa la carrosserie, il laissa son empreinte. Une petite moue dégoûtée s'afficha sur son visage. Il regarda sa paume, puis hésita une seconde à s'essuyer sur son pantalon, avant de chercher des yeux un vieux morceau de tissu autour de lui. Il trouva finalement, gisant sur une chaise, une vieille combinaison tâchée de cambouis séchée, et y étala rapidement la poussière grasse qu'il avait sur la main, avant de rejoindre Andy.
Sous cette mezzaninne, le sol en béton s'arrêtait pour laisser place à une plaque de contreplaqué, posée à même le sol. Il y avait sûrement une sorte de cave dessous. Pour rien au monde il n'aimerait y mettre les pieds. De toute manière il ne trouvait pas s'y trouver quoique ce soit d'intéressant. Un vieux générateur inutilisable, sûrement. Ou des pièces de mécanique.
Hm. Peut-être que si, il pouvait y avoir des choses intéressantes. Néanmoins, Ludwig préférait pour l'instant faire comme si. Andy ne semblait pas l'avoir remarqué, et, de toute manière, ce n'était pas l'important pour le moment.
Le libraire éclaira le plafond afin d'aider Andy dans son escalade. De son autre main, il maintenait l'échelle. Il grimpa à son tour une fois assuré que son camarade était arrivé en haut en un seul morceau, après lui avoir tendu sa lampe.
- Tu dormais ici ? S'enquit-il une fois qu'il l'eut rejoint.
Ça ne devait pas dépasser les deux mètres. Ludwig frôlait le plafond et devait se tenir quelque peu penché en avant pour ne pas se prendre les poutres qui dépassaient à intervalles réguliers. Le sol en bois était par endroit rongé par les mites, et au fond, proche d'une fenêtre à la vitre inexistante, un tas de couvertures. Était-ce là qu'Andy passait ces nuits ? Seul, ici ? Un frisson parcouru la colonne vertébral du norvégien. Lui aurait été terrorisé de demeurer ainsi seul. Cela dit, l'endroit était stratégique : par la fenêtre, on avait une bonne vu sur la clairière et sur l'entrée des bois.
Il fit un pas vers elle mais s'arrêta dans son élan. Le sol craquait dangereusement sous son pied, si bien qu'il s'en trouva quelque peu déséquilibré.
Leur traversée jusqu'à la maison d'Amityville se fit sans accro. Cela permit au libraire de se détendre un peu.
Il hocha la tête face à ses réponses, bien qu'il ne pouvait pas le voir. Regard focalisé sur leur objectif, il n'ajouta rien. Il espérait juste, que le bien de l'ancien mécanicien soit bien restée entre ces murs.
Une fois vaguement assuré qu'il n'y avait rien de dangereux à l'intérieur, les deux hommes s'y infiltrèrent. Ludwig observa le lieu à la dérobée, un sentiment étrange le faisant respirer difficilement. Il savait qu'ils avaient désobéis en venant ici sans prévenir personne, en pleine nuit d'autant plus. Et s'il y avait eu l'adrénaline de faire quelque chose de nouveau avec son ami, à présent, il n'était plus vraiment sûr de lui. Dans sa tête, une pensée surgissait : s'ils étaient en danger, il n'y avait qu'eux. Et personne d'autre pour leur venir en aide.
Le sol était en béton, poussiéreux. Digne d'un garage, à vrai dire. Alors qu'il s'avançait lentement, le pied du norvégien tapa dans une clé à molette, qui glissa et se heurta à la roue de l'un des véhicules.
- Hm … répondit-il distraitement aux remarques d'Andy.
Du plat de la main, il caressa la carrosserie, il laissa son empreinte. Une petite moue dégoûtée s'afficha sur son visage. Il regarda sa paume, puis hésita une seconde à s'essuyer sur son pantalon, avant de chercher des yeux un vieux morceau de tissu autour de lui. Il trouva finalement, gisant sur une chaise, une vieille combinaison tâchée de cambouis séchée, et y étala rapidement la poussière grasse qu'il avait sur la main, avant de rejoindre Andy.
Sous cette mezzaninne, le sol en béton s'arrêtait pour laisser place à une plaque de contreplaqué, posée à même le sol. Il y avait sûrement une sorte de cave dessous. Pour rien au monde il n'aimerait y mettre les pieds. De toute manière il ne trouvait pas s'y trouver quoique ce soit d'intéressant. Un vieux générateur inutilisable, sûrement. Ou des pièces de mécanique.
Hm. Peut-être que si, il pouvait y avoir des choses intéressantes. Néanmoins, Ludwig préférait pour l'instant faire comme si. Andy ne semblait pas l'avoir remarqué, et, de toute manière, ce n'était pas l'important pour le moment.
Le libraire éclaira le plafond afin d'aider Andy dans son escalade. De son autre main, il maintenait l'échelle. Il grimpa à son tour une fois assuré que son camarade était arrivé en haut en un seul morceau, après lui avoir tendu sa lampe.
- Tu dormais ici ? S'enquit-il une fois qu'il l'eut rejoint.
Ça ne devait pas dépasser les deux mètres. Ludwig frôlait le plafond et devait se tenir quelque peu penché en avant pour ne pas se prendre les poutres qui dépassaient à intervalles réguliers. Le sol en bois était par endroit rongé par les mites, et au fond, proche d'une fenêtre à la vitre inexistante, un tas de couvertures. Était-ce là qu'Andy passait ces nuits ? Seul, ici ? Un frisson parcouru la colonne vertébral du norvégien. Lui aurait été terrorisé de demeurer ainsi seul. Cela dit, l'endroit était stratégique : par la fenêtre, on avait une bonne vu sur la clairière et sur l'entrée des bois.
Il fit un pas vers elle mais s'arrêta dans son élan. Le sol craquait dangereusement sous son pied, si bien qu'il s'en trouva quelque peu déséquilibré.
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Laughing out loud.
Jeu 17 Aoû 2017 - 13:25
Ah qu'ils étaient beaux, les deux survivants, accroupis sur une mezzanine instable, dans une grange à deux doigts de s'écrouler, au coeur d'un environnement infesté de mort-vivants. Y avait-il pire endroit pour un rencard? C'était difficile à dire, et vînt à l'esprit d'Andy l'image d'un rendez-vous dans un quelconque café, deux mecs qui se regardaient dans le blanc des yeux, sans rien se dire. Y'avait pas à tortiller du cul, leur rendez-vous à eux avait de la classe, mais une classe dangereuse. A la question de son ami, à savoir s'il avait dormi là la paire de jours qu'il avait passée à observer le ranch, Andy eut un peu de mal à répondre. En effet avec le recul son matelas ressemblait davantage à la vieille couverture d'un chien de chasse, abandonné dans un chenil à l'odeur pestilentielle qu'à un endroit où se reposer correctement. L'image était peu ragoûtante et Ludwig lui arracha une brève réponse.
Oui, j'étais pas regardant à cette période...
Le libraire était assurément un mec chic. Andy l'imaginait, avant l'apocalypse, à commander en ligne des fringues The Kooples, à aller chez le coiffeur tous les quinze jours, à se mettre de la crème anti-rides, même si son visage n'en présentait pas beaucoup. Ludwig devait certainement être adepte des 5 à 7, ou des brunchs du samedi. D'un coup il ne se sentît pas à la hauteur: qu'est-ce qu'un gars simple comme lui avait à offrir à la sophistication incarnée? Andy était une petite main de l'ombre, il bossait pour pas grand chose, s'habillait simplement n'avait pas de grandes ambitions sinon celle de mener une vie heureuse. Malheureusement, et c'était un point pour lui, le chaos avait fait table rase des différences et ils étaient tous sur un même pied d'égalité.
Au delà, d'abord, de ces putains de considérations de genres, de castes, de types sociaux, il y avait avant-tout l'essence même des gens. Andy se sentait en phase avec Ludwig, comme si la communication entre eux deux était passée à un plan second, et s'effectuait dans une dimension où en dépit de toutes leurs différences, ils se comprenaient tout de suite, presque instinctivement. Peut-être que le mécano délirait, peut-être que l'adrénaline lui faisait ressentir ces émotions à cause du danger, ou bien peut-être que quelque chose naissait, entre lui et Lu'. Quelque chose de particulier, peut-être une amitié sincère, une connexion profonde, ou bien autre chose. Andy ne voulait pas catégoriser à la hâte, mais plutôt vivre l'instant, l'instant que la vie voulait bien leur laisser, pute vache qu'elle était devenue.
S'avançant vers une fenêtre au fond de la mezzanine, qui ornait de l'extérieur le pignon de la grange, Ludwig fît craquer le sol sous ses pieds. Un son sourd de bois abîmé résonna dans tout le bâtiment. Décidément, après avoir envoyé valser une clef à molette contre une jante métallique, il semblait avoir décidé qu'ils n'avaient pas été encore assez bruyants. Andy n'espérait qu'une chose, que le raffut qu'ils faisaient tous les deux n'attire pas l'attention des rôdeurs, ou bien des guetteurs du ranch. En faisant geindre le plancher, Ludwig perdit un peu l'équilibre. Mais que foutaient-ils ici putain? C'était un coup à se rompre le cou en tombant à l'étage d'au-dessous. Andy se mordait les doigts d'avoir emmené Lu' ici. Alors que le libraire allait choir sur une caisse de bois, Andy se précipita sans réfléchir sur lui et enjamba le mètre cinquante qui les séparait. Il attrapa avec fermeté le bras de Ludwig et passa instinctivement sa main sur la taille du jeune homme, afin d'amortir un peu le choc. Malgré sa réaction, Andy ne pût empêcher Lu' de tomber d'une petite hauteur et fût entraîné avec lui. Reprenant ses esprits, au sol, son bras toujours autour de la taille de son compagnon d'expédition et leurs corps à dix centimètres l'un de l'autre, Andy demanda à Ludwig, d'une voix tremblante:
Est-ce que ça va?
Oui, j'étais pas regardant à cette période...
Le libraire était assurément un mec chic. Andy l'imaginait, avant l'apocalypse, à commander en ligne des fringues The Kooples, à aller chez le coiffeur tous les quinze jours, à se mettre de la crème anti-rides, même si son visage n'en présentait pas beaucoup. Ludwig devait certainement être adepte des 5 à 7, ou des brunchs du samedi. D'un coup il ne se sentît pas à la hauteur: qu'est-ce qu'un gars simple comme lui avait à offrir à la sophistication incarnée? Andy était une petite main de l'ombre, il bossait pour pas grand chose, s'habillait simplement n'avait pas de grandes ambitions sinon celle de mener une vie heureuse. Malheureusement, et c'était un point pour lui, le chaos avait fait table rase des différences et ils étaient tous sur un même pied d'égalité.
Au delà, d'abord, de ces putains de considérations de genres, de castes, de types sociaux, il y avait avant-tout l'essence même des gens. Andy se sentait en phase avec Ludwig, comme si la communication entre eux deux était passée à un plan second, et s'effectuait dans une dimension où en dépit de toutes leurs différences, ils se comprenaient tout de suite, presque instinctivement. Peut-être que le mécano délirait, peut-être que l'adrénaline lui faisait ressentir ces émotions à cause du danger, ou bien peut-être que quelque chose naissait, entre lui et Lu'. Quelque chose de particulier, peut-être une amitié sincère, une connexion profonde, ou bien autre chose. Andy ne voulait pas catégoriser à la hâte, mais plutôt vivre l'instant, l'instant que la vie voulait bien leur laisser, pute vache qu'elle était devenue.
S'avançant vers une fenêtre au fond de la mezzanine, qui ornait de l'extérieur le pignon de la grange, Ludwig fît craquer le sol sous ses pieds. Un son sourd de bois abîmé résonna dans tout le bâtiment. Décidément, après avoir envoyé valser une clef à molette contre une jante métallique, il semblait avoir décidé qu'ils n'avaient pas été encore assez bruyants. Andy n'espérait qu'une chose, que le raffut qu'ils faisaient tous les deux n'attire pas l'attention des rôdeurs, ou bien des guetteurs du ranch. En faisant geindre le plancher, Ludwig perdit un peu l'équilibre. Mais que foutaient-ils ici putain? C'était un coup à se rompre le cou en tombant à l'étage d'au-dessous. Andy se mordait les doigts d'avoir emmené Lu' ici. Alors que le libraire allait choir sur une caisse de bois, Andy se précipita sans réfléchir sur lui et enjamba le mètre cinquante qui les séparait. Il attrapa avec fermeté le bras de Ludwig et passa instinctivement sa main sur la taille du jeune homme, afin d'amortir un peu le choc. Malgré sa réaction, Andy ne pût empêcher Lu' de tomber d'une petite hauteur et fût entraîné avec lui. Reprenant ses esprits, au sol, son bras toujours autour de la taille de son compagnon d'expédition et leurs corps à dix centimètres l'un de l'autre, Andy demanda à Ludwig, d'une voix tremblante:
Est-ce que ça va?
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Laughing out loud.
Ven 25 Aoû 2017 - 13:53
- On fait comme on peut, répliqua-t-il, un brin touché par le ton gêné d'Andy.
Qui était-il pour juger, après tout ? Lui avait eu la chance d'être accompagné depuis le début de l'épidémie, d'avoir toujours plus ou moins un endroit confortable où dormir et de la nourriture dans son assiette. Il était conscient d'avoir eu une chance inouïe de se retrouver au bon endroit au bon moment. Sans cela, il savait parfaitement que cela ferait longtemps, oh, bien longtemps, qu'il ne serait plus de ce monde. Et Dieu qu'il admirait les voyageurs solitaires capables de s'en sortir sans personne. Et Andy, bien sûr, en avait fait parti. Il avait bien droit, à présent, de se reposer un peu.
Son déséquilibre fit pousser des ailes au mécanicien, et les deux hommes chutèrent alors, d'une petite hauteur certes, mais assez pour que le cœur du libraire manque un battement. Il crut même, l'espace d'une seconde, qu'ils allaient carrément passer par-dessus la petite barrière de bois pour s'écraser sur le bitume, en-dessous.
- Est-ce que ça va ?
L'air quelque peu hébété, Ludwig papillonna des paupières. Le visage d'Andy était dangereusement proche du sien, et, stupidement, le rouge lui monta aux joues. Il sentit seulement maintenant le bras de son ami autour de son corps. La situation était tout à fait inédite et étrange. Si bien qu'il en balbutia comme jamais.
- Euh … hm et bien … et bien oui, oui, ça va !
Un petit rire resta coincé au fond de sa gorge. Il essayait de fuir le regard de son ami par tous les moyens, mais avec son visage aussi proche, il était difficile de regarder ailleurs. Sa respiration lui chatouillait la base du cou.
- Et … et toi, alors ? Ç-ça va ?
C'était ridicule. Il était ridicule. S'il avait pu, il se serait lui-même mit une gifle. Pourquoi se mettait-il dans des états pareils ?
Malgré cela et la piètre luminosité, il remarqua la couleur des yeux de son ami, et se fit la réflexion que c'était une très jolie couleur, qui lui allait parfaitement bien. Cette pensée rajouta un malaise en plus, et il bénissait l'obscurité de cacher en partie son visage à lui, rouge pivoine.
- On … on se relève ? Bafouilla-t-il encore.
Ce ne fut que lorsqu'ils amorcèrent des mouvements pour se mettre sur leurs jambes que le sol fragile se rappela à eux. Il craqua, de nouveau, proche de l'oreille de Ludwig. À l'évidence, le bois était bien pourri. L'humidité, plus la sécheresse, plus l'absence totale d'entretien devaient y être pour beaucoup.
- C'était moins dangereux quand tu étais ici seul ? S'enquit-il alors qu'il venait de garder son geste en suspend.
À moitié assis, il observait les lattes de bois comme si cela était suffisant pour les empêcher de craquer de nouveau.
- Okay … avant de se relever pour de bon, est-ce que ta photo est ici ? Tu arrives à voir ?
La lampe torche gisait proche de l'échelle et diffusait son halo de l'autre côté du garage.
- Je... Je vais juste me déplacer un peu. Histoire de répartir notre poids un peu mieux.
Il bascula lentement sur les genoux et s'éloigna à quatre pattes en prenant soin de ne pas trop s'appuyer sur l'un de ses membres.
Lorsqu'il s'étira pour tenter d'attraper la lampe torche, un énième craquement, bien plus sinistre cette fois-ci, s'éleva, grinçant à ses oreilles. Et avant qu'il ne comprenne ce qui lui arrivait, le sol se déroba sous son poids dans un bruit de tremblement de terre. Il eut à peine le temps d'avoir peur qu'il atterrit lourdement sur le contreplaqué qu'il y avait sous la mezzannine, et avant, bien évidemment, que celle-ci ne se brise également.
Sa chute se termina dans cette espèce de cave. Le choc fut tel que ses poumons se vidèrent de leur air. Secoué et tétanisé par la douleur de l'atterrissage, il demeura ainsi étendu sur le ventre, à moitié sur le bitume, à moitié sur les débris de bois.
Après une fraction, il parvint à remettre de l'ordre dans ses idées. Un grognement plaintif lui échappa tandis qu'il se redressait à genoux. Ses bras entourèrent son estomac, là où le choc avait été le plus intense. Une grimace de douleur tordit ses traits.
- Je … je vais bien, articula-t-il à l'intention d'Andy. Je crois.
Il ne savait pas où il était, s'il était tombé ou pas. À vrai dire, il avait du mal à savoir où lui, était.
Qui était-il pour juger, après tout ? Lui avait eu la chance d'être accompagné depuis le début de l'épidémie, d'avoir toujours plus ou moins un endroit confortable où dormir et de la nourriture dans son assiette. Il était conscient d'avoir eu une chance inouïe de se retrouver au bon endroit au bon moment. Sans cela, il savait parfaitement que cela ferait longtemps, oh, bien longtemps, qu'il ne serait plus de ce monde. Et Dieu qu'il admirait les voyageurs solitaires capables de s'en sortir sans personne. Et Andy, bien sûr, en avait fait parti. Il avait bien droit, à présent, de se reposer un peu.
Son déséquilibre fit pousser des ailes au mécanicien, et les deux hommes chutèrent alors, d'une petite hauteur certes, mais assez pour que le cœur du libraire manque un battement. Il crut même, l'espace d'une seconde, qu'ils allaient carrément passer par-dessus la petite barrière de bois pour s'écraser sur le bitume, en-dessous.
- Est-ce que ça va ?
L'air quelque peu hébété, Ludwig papillonna des paupières. Le visage d'Andy était dangereusement proche du sien, et, stupidement, le rouge lui monta aux joues. Il sentit seulement maintenant le bras de son ami autour de son corps. La situation était tout à fait inédite et étrange. Si bien qu'il en balbutia comme jamais.
- Euh … hm et bien … et bien oui, oui, ça va !
Un petit rire resta coincé au fond de sa gorge. Il essayait de fuir le regard de son ami par tous les moyens, mais avec son visage aussi proche, il était difficile de regarder ailleurs. Sa respiration lui chatouillait la base du cou.
- Et … et toi, alors ? Ç-ça va ?
C'était ridicule. Il était ridicule. S'il avait pu, il se serait lui-même mit une gifle. Pourquoi se mettait-il dans des états pareils ?
Malgré cela et la piètre luminosité, il remarqua la couleur des yeux de son ami, et se fit la réflexion que c'était une très jolie couleur, qui lui allait parfaitement bien. Cette pensée rajouta un malaise en plus, et il bénissait l'obscurité de cacher en partie son visage à lui, rouge pivoine.
- On … on se relève ? Bafouilla-t-il encore.
Ce ne fut que lorsqu'ils amorcèrent des mouvements pour se mettre sur leurs jambes que le sol fragile se rappela à eux. Il craqua, de nouveau, proche de l'oreille de Ludwig. À l'évidence, le bois était bien pourri. L'humidité, plus la sécheresse, plus l'absence totale d'entretien devaient y être pour beaucoup.
- C'était moins dangereux quand tu étais ici seul ? S'enquit-il alors qu'il venait de garder son geste en suspend.
À moitié assis, il observait les lattes de bois comme si cela était suffisant pour les empêcher de craquer de nouveau.
- Okay … avant de se relever pour de bon, est-ce que ta photo est ici ? Tu arrives à voir ?
La lampe torche gisait proche de l'échelle et diffusait son halo de l'autre côté du garage.
- Je... Je vais juste me déplacer un peu. Histoire de répartir notre poids un peu mieux.
Il bascula lentement sur les genoux et s'éloigna à quatre pattes en prenant soin de ne pas trop s'appuyer sur l'un de ses membres.
Lorsqu'il s'étira pour tenter d'attraper la lampe torche, un énième craquement, bien plus sinistre cette fois-ci, s'éleva, grinçant à ses oreilles. Et avant qu'il ne comprenne ce qui lui arrivait, le sol se déroba sous son poids dans un bruit de tremblement de terre. Il eut à peine le temps d'avoir peur qu'il atterrit lourdement sur le contreplaqué qu'il y avait sous la mezzannine, et avant, bien évidemment, que celle-ci ne se brise également.
Sa chute se termina dans cette espèce de cave. Le choc fut tel que ses poumons se vidèrent de leur air. Secoué et tétanisé par la douleur de l'atterrissage, il demeura ainsi étendu sur le ventre, à moitié sur le bitume, à moitié sur les débris de bois.
Après une fraction, il parvint à remettre de l'ordre dans ses idées. Un grognement plaintif lui échappa tandis qu'il se redressait à genoux. Ses bras entourèrent son estomac, là où le choc avait été le plus intense. Une grimace de douleur tordit ses traits.
- Je … je vais bien, articula-t-il à l'intention d'Andy. Je crois.
Il ne savait pas où il était, s'il était tombé ou pas. À vrai dire, il avait du mal à savoir où lui, était.
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Laughing out loud.
Sam 9 Sep 2017 - 18:25
La situation était pour le moins cocasse. Andy se trouvait juste au-dessus de Ludwig, son visage dangereusement près du sien, et son bras autour de sa taille. Cette proximité accidentelle n'était pas pour déplaire au mécanicien, qui sans le vouloir plongea son regard dans celui du libraire. Souvent, les gens ne prenne pas le temps de s'observer, et sont gênés par des regards trop appuyés: on dit souvent que dans les yeux de l'Homme se trouvent sa vérité, ses forces mais surtout ses faiblesses. Ce face à face avec son compagnon d'infortune rapprocha tout à coup Andy du jeune homme, physiquement, mais aussi sur un plan secondaire, relativement impalpable. Un cap était franchi entre eux deux, et cela semblait gêner le rouquin, qui papillonna des yeux et poussa un ricanement d'évitement. Le trentenaire tenta de s'écarter légèrement, pour rendre à Ludwig un peu de son espace vital, et lui répondit:
Oui, ça va, je suis heureux que tu n'aies rien. Je m'en serais voulu.
...
Beaucoup.
La manœuvre était difficile, car à mesure qu'ils tentaient un autre mouvement, le plancher hors d'âge de la mezzanine craquait de plus belle et leur faisait redouter une dangereuse chute.
Moi ça va, je... Je suis désolé je ne voulais pas te tomber dessus comme ça. C'est pas trop mon genre.
S'excuser? Putain mais pourquoi? Andy se trouvait foutrement bien, à moitié avachi sur Ludwig, à profiter de cette proximité imprévue; même si cela lui rappelait combien il se sentait seul. Partager avec le groupe c'était bien, mais trouver un véritable compagnon, un ami, peut-être plus, Andy s'en languissait. N'être plus seul, s'attacher, vivre par passion. Mais la vie qu'ils menaient, cette salope, le leur permettrait-elle un jour?
Ouais, on se relève.
Enfin, on essaye quoi. Andy esquissa de légers mouvements de jambe, quitte à frôler celles de son ami, et le sol craqua.
Je sais plus, je crois que je m'en foutais, j'aurais pu crever, je me rends plus compte.
Tout ce qui comptait était la situation présente, le groupe, les promesses sur l'avenir, Lu', la vie. Ressasser le passé remuait un poignard acéré dans le cœur d'Andy, et il fallait absolument qu'il s'évite cette souffrance. Putain, sa photo. Le mécano eut l'impression d'avoir le cœur broyé, littéralement, rien qu'à se dire qu'il avait presque oublié pourquoi ils étaient là-haut en premier lieu. Son fils, putain.
Ma photo, euh, ouais, attend, je regarde.
L'entreprise était difficile, il fallait bouger un minimum pour ne pas abattre la frêle construction de bois et risquer de se tuer par la même occasion, mais aussi scruter les environs proches pour trouver la photo. La lampe de poche qu'ils avaient apportée avec eux gisait non loin mais éclairait dans la mauvaise direction, et bien entendu il était hors de question de se déplacer pour aller la chercher. Pendait qu'il tournait la tête dans toutes les directions à la recherche de la petite photographie, Ludwig chercha à s'extirper de la position gênante dans laquelle il se trouvait. Quoi déjà? Lors que le plancher craquait de plus en plus, Andy ne pût s'empêcher de le regarder s'éloigner, à quatre pattes, devant lui. Le point de vue était assez exceptionnel et lui arracha un léger sourire. Ce contentement fût de trop courte durée, et le dénouement de la situation assez stupéfiant.
Dans un nuage de poussière, Lu' disparût tout à coup. Les planches pourries qui le soutenaient se brisèrent dans un fracas assourdissant et le pauvre garçon termina sa chute quelques mètres plus bas, dans la fosse qu'ils avaient repéré en entrant. Le cœur d'Andy battait à tout rompre, et pourtant il fallait qu'il garde son calme et qu'il analyse la situation. Une fois le nuage de poussière dissipé, il jeta un coup d’œil hasardeux par-dessus la balustrade. Ludwig était au fond de la fosse, allongé à terre, et n'avait pas encore bougé.
Ludwig! Ludwig!
Non putain, non! Lu' ne pouvait pas crever putain, non! Pas comme ça, pas maintenant. Andy palliait à l'urgence, et parvenait à garder malgré tout un calme olympien. Et si tout était de sa faute, était-il un assassin? Mais pourquoi avait-il amené son ami avec lui! Pour un papier glacé! Il refusait que son ami ne crève pour un souvenir illusoire. Prudemment il longea la balustrade de la mezzanine, où les renforts étaient plus nombreux, et descendit quatre à quatre les marches de la mince échelle de bois. En courant il se jeta à genoux devant la fosse et jeta un regard désespéré à l'endroit où gisait Ludwig.
Je ... je vais bien. Je crois.
Tu es tombé dans la fosse...
Putain Lu', dis-moi que ça va, je suis désolé.
Le visage d'Andy était défait, décomposé.
C'était trop d'émotions pour lui, et cette mésaventure lui prouvait presque à ses dépens qu'il y perdrait beaucoup, en perdant Ludwig. C'était pour les deux hommes la naissance d'un attachement qui dépassait la pure amitié, mais qui restait pourtant encore difficile à définir.
Prenant ses précautions, Andy descendit au fond du trou avec Ludwig, pour l'aider à s'en extraire. Dès qu'il eût touché le sol, le mécano sentît un mouvement désarticulé, à leur opposé, dans un coin. Là, dans cette fosse de deux mètres sur trois, un râle glaçant résonna et acheva de pétrifier le cœur d'Andy.
Ils n'étaient pas seuls.
Oui, ça va, je suis heureux que tu n'aies rien. Je m'en serais voulu.
...
Beaucoup.
La manœuvre était difficile, car à mesure qu'ils tentaient un autre mouvement, le plancher hors d'âge de la mezzanine craquait de plus belle et leur faisait redouter une dangereuse chute.
Moi ça va, je... Je suis désolé je ne voulais pas te tomber dessus comme ça. C'est pas trop mon genre.
S'excuser? Putain mais pourquoi? Andy se trouvait foutrement bien, à moitié avachi sur Ludwig, à profiter de cette proximité imprévue; même si cela lui rappelait combien il se sentait seul. Partager avec le groupe c'était bien, mais trouver un véritable compagnon, un ami, peut-être plus, Andy s'en languissait. N'être plus seul, s'attacher, vivre par passion. Mais la vie qu'ils menaient, cette salope, le leur permettrait-elle un jour?
Ouais, on se relève.
Enfin, on essaye quoi. Andy esquissa de légers mouvements de jambe, quitte à frôler celles de son ami, et le sol craqua.
Je sais plus, je crois que je m'en foutais, j'aurais pu crever, je me rends plus compte.
Tout ce qui comptait était la situation présente, le groupe, les promesses sur l'avenir, Lu', la vie. Ressasser le passé remuait un poignard acéré dans le cœur d'Andy, et il fallait absolument qu'il s'évite cette souffrance. Putain, sa photo. Le mécano eut l'impression d'avoir le cœur broyé, littéralement, rien qu'à se dire qu'il avait presque oublié pourquoi ils étaient là-haut en premier lieu. Son fils, putain.
Ma photo, euh, ouais, attend, je regarde.
L'entreprise était difficile, il fallait bouger un minimum pour ne pas abattre la frêle construction de bois et risquer de se tuer par la même occasion, mais aussi scruter les environs proches pour trouver la photo. La lampe de poche qu'ils avaient apportée avec eux gisait non loin mais éclairait dans la mauvaise direction, et bien entendu il était hors de question de se déplacer pour aller la chercher. Pendait qu'il tournait la tête dans toutes les directions à la recherche de la petite photographie, Ludwig chercha à s'extirper de la position gênante dans laquelle il se trouvait. Quoi déjà? Lors que le plancher craquait de plus en plus, Andy ne pût s'empêcher de le regarder s'éloigner, à quatre pattes, devant lui. Le point de vue était assez exceptionnel et lui arracha un léger sourire. Ce contentement fût de trop courte durée, et le dénouement de la situation assez stupéfiant.
Dans un nuage de poussière, Lu' disparût tout à coup. Les planches pourries qui le soutenaient se brisèrent dans un fracas assourdissant et le pauvre garçon termina sa chute quelques mètres plus bas, dans la fosse qu'ils avaient repéré en entrant. Le cœur d'Andy battait à tout rompre, et pourtant il fallait qu'il garde son calme et qu'il analyse la situation. Une fois le nuage de poussière dissipé, il jeta un coup d’œil hasardeux par-dessus la balustrade. Ludwig était au fond de la fosse, allongé à terre, et n'avait pas encore bougé.
Ludwig! Ludwig!
Non putain, non! Lu' ne pouvait pas crever putain, non! Pas comme ça, pas maintenant. Andy palliait à l'urgence, et parvenait à garder malgré tout un calme olympien. Et si tout était de sa faute, était-il un assassin? Mais pourquoi avait-il amené son ami avec lui! Pour un papier glacé! Il refusait que son ami ne crève pour un souvenir illusoire. Prudemment il longea la balustrade de la mezzanine, où les renforts étaient plus nombreux, et descendit quatre à quatre les marches de la mince échelle de bois. En courant il se jeta à genoux devant la fosse et jeta un regard désespéré à l'endroit où gisait Ludwig.
Je ... je vais bien. Je crois.
Tu es tombé dans la fosse...
Putain Lu', dis-moi que ça va, je suis désolé.
Le visage d'Andy était défait, décomposé.
C'était trop d'émotions pour lui, et cette mésaventure lui prouvait presque à ses dépens qu'il y perdrait beaucoup, en perdant Ludwig. C'était pour les deux hommes la naissance d'un attachement qui dépassait la pure amitié, mais qui restait pourtant encore difficile à définir.
Prenant ses précautions, Andy descendit au fond du trou avec Ludwig, pour l'aider à s'en extraire. Dès qu'il eût touché le sol, le mécano sentît un mouvement désarticulé, à leur opposé, dans un coin. Là, dans cette fosse de deux mètres sur trois, un râle glaçant résonna et acheva de pétrifier le cœur d'Andy.
Ils n'étaient pas seuls.
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Laughing out loud.
Mar 12 Sep 2017 - 0:05
- Non mais t'en fais pas, hein …
Ces mots maladroits étaient ceux de Ludwig, qui tentait, comme il le pouvait, de déculpabiliser Andy, qui s'excusait de lui être tombé dessus.
- T'as pas pensé à mal.
Et un sourire.
Sa chute fut néanmoins beaucoup moins agréable que ce tête à tête rapproché. Car oui, ça avait été agréable. Beaucoup plus que de tomber de cinq mètres en emportant plafond et contreplaqué avec soi.
Il toussa et garda les yeux fermés, aveuglé par toute la poussière qu'il avait soulevé. Plaquant son nez dans son coude pour se protéger un minimum, il toussa encore et cracha ses poumons. Et la douleur du choc le fit grimacer. Ça n'avait pas l'air d'être bien grave – il pouvait bouger, respirer sans vraiment souffrir -, mais ça l'était assez pour avoir brouillé tous ses repères.
La voix alarmée d'Andy le fit lever la tête. Il essuya ses joues trempées de larmes à cause de ses yeux qui le piquaient et leva un pouce dans la direction de son ami.
- Ca va … ça va, rien de grave.
En grognant, il se remit doucement sur ses jambes, tituba un peu avant de parvenir vaguement à se stabiliser.
Il renifla, appuya son dos contre le mur glacial, essuya son nez et encore ses yeux et plissa les paupières pour apercevoir la silhouette d'Andy. La poussière, lentement, retombait.
La main du libraire secoua ses cheveux, rendus gris par la saleté. Il ressemblait à présent à une image en noir et blanc.
Il pressa l'épaule de son ami et lui adressa un sourire pour le rassurer. Il avait fait bien vite, l'ancien mécanicien, pour le rejoindre. La peur donne des ailes, apparemment.
Déboussolé, Ludwig ne sentit pas le mouvement qui avait alerté son coéquipier. Il continuait de s'épousseter inutilement en faisant l'inventaire de ses possibles blessures. Quelques écorchures et griffures qui laisseraient de jolies cicatrices sur ses avants-bras et sûrement au niveau de son abdomen et de ses jambes, et une veste déchirée. Fantastique. Et lui qui souhaitait que cette sortie nocturne demeure secrète …
- Que d'émotions, pas vrai ? Plaisanta-t-il, désireux de détendre Andy.
Ce fut seulement lorsqu'il se redressa pleinement qu'il remarqua une présence inconnue. Une silhouette courbée en avant, aux allures bestiales, qui grognait et poussait des râles qu'il avait beaucoup trop entendu dans sa vie.
Et avant qu'il n'eut le temps d'ouvrir la bouche pour alerter son compagnon, celle-ci se rua sur lui dans un gémissement à faire pâlir un fantôme.
Dans un réflexe de protection que certains qualifieront comme étant suicidaire, Ludwig se projeta en avant en bélier, envoyant son épaule dans le visage du rôdeur. La puissance de son geste l'envoya au tapis. Malheureusement, l'adrénaline de la chute lui coupa, à lui, les jambes, au niveau des genoux. Un vertige l'accompagna au sol, il roula sur la goule et termina sur le dos, sur le bitume.
La créature ne souffrant d'aucun problème semblable, elle en profita pour se traîner jusqu'à lui, accrochant ses doigts dénués d'ongle à son t-shirt. Elle avança sa face immonde vers lui. Stupidement et hors du contexte, le libraire se posa même la question de genre du monstre. Était-il une femme ou un homme, avant tout ça ? Il était dans un tel état de décomposition qu'il lui était impossible de se faire un avis.
Homme ou femme, le résultat était le même : il avançait sa gueule cassée vers la sienne, et l'odeur putride qui s'échappait de sa bouche arracha un haut-le-coeur au Norvégien. Il plaqua sa main contre le visage du rôdeur pour le repousser et poussa en même temps sur ses jambes pour s'éloigner de lui, en vain. Les doigts décharnés de la bestiole le tenaient, et le tenaient bien. Et, pour une créature censée être morte, elle avait une force remarquable.
La scène s'était passée en une fraction de secondes. Pourtant, Ludwig eut l'impression de pouvoir compter le nombre de vers qui gigotaient, dans la peau flasque de son ennemi.
Le cœur battant la chamade, la respiration saccadée, il tentait de le repousser. Il craignait, par-dessus tout, que les doigts de la bestiole parviennent à percer sa chair. L'infection était si simple ...
- Andy !
Le timbre de sa voix était clair: c'était un appel à l'aide.
Ça faisait beaucoup de frayeurs en peu de temps, tout de même.
Ces mots maladroits étaient ceux de Ludwig, qui tentait, comme il le pouvait, de déculpabiliser Andy, qui s'excusait de lui être tombé dessus.
- T'as pas pensé à mal.
Et un sourire.
Sa chute fut néanmoins beaucoup moins agréable que ce tête à tête rapproché. Car oui, ça avait été agréable. Beaucoup plus que de tomber de cinq mètres en emportant plafond et contreplaqué avec soi.
Il toussa et garda les yeux fermés, aveuglé par toute la poussière qu'il avait soulevé. Plaquant son nez dans son coude pour se protéger un minimum, il toussa encore et cracha ses poumons. Et la douleur du choc le fit grimacer. Ça n'avait pas l'air d'être bien grave – il pouvait bouger, respirer sans vraiment souffrir -, mais ça l'était assez pour avoir brouillé tous ses repères.
La voix alarmée d'Andy le fit lever la tête. Il essuya ses joues trempées de larmes à cause de ses yeux qui le piquaient et leva un pouce dans la direction de son ami.
- Ca va … ça va, rien de grave.
En grognant, il se remit doucement sur ses jambes, tituba un peu avant de parvenir vaguement à se stabiliser.
Il renifla, appuya son dos contre le mur glacial, essuya son nez et encore ses yeux et plissa les paupières pour apercevoir la silhouette d'Andy. La poussière, lentement, retombait.
La main du libraire secoua ses cheveux, rendus gris par la saleté. Il ressemblait à présent à une image en noir et blanc.
Il pressa l'épaule de son ami et lui adressa un sourire pour le rassurer. Il avait fait bien vite, l'ancien mécanicien, pour le rejoindre. La peur donne des ailes, apparemment.
Déboussolé, Ludwig ne sentit pas le mouvement qui avait alerté son coéquipier. Il continuait de s'épousseter inutilement en faisant l'inventaire de ses possibles blessures. Quelques écorchures et griffures qui laisseraient de jolies cicatrices sur ses avants-bras et sûrement au niveau de son abdomen et de ses jambes, et une veste déchirée. Fantastique. Et lui qui souhaitait que cette sortie nocturne demeure secrète …
- Que d'émotions, pas vrai ? Plaisanta-t-il, désireux de détendre Andy.
Ce fut seulement lorsqu'il se redressa pleinement qu'il remarqua une présence inconnue. Une silhouette courbée en avant, aux allures bestiales, qui grognait et poussait des râles qu'il avait beaucoup trop entendu dans sa vie.
Et avant qu'il n'eut le temps d'ouvrir la bouche pour alerter son compagnon, celle-ci se rua sur lui dans un gémissement à faire pâlir un fantôme.
Dans un réflexe de protection que certains qualifieront comme étant suicidaire, Ludwig se projeta en avant en bélier, envoyant son épaule dans le visage du rôdeur. La puissance de son geste l'envoya au tapis. Malheureusement, l'adrénaline de la chute lui coupa, à lui, les jambes, au niveau des genoux. Un vertige l'accompagna au sol, il roula sur la goule et termina sur le dos, sur le bitume.
La créature ne souffrant d'aucun problème semblable, elle en profita pour se traîner jusqu'à lui, accrochant ses doigts dénués d'ongle à son t-shirt. Elle avança sa face immonde vers lui. Stupidement et hors du contexte, le libraire se posa même la question de genre du monstre. Était-il une femme ou un homme, avant tout ça ? Il était dans un tel état de décomposition qu'il lui était impossible de se faire un avis.
Homme ou femme, le résultat était le même : il avançait sa gueule cassée vers la sienne, et l'odeur putride qui s'échappait de sa bouche arracha un haut-le-coeur au Norvégien. Il plaqua sa main contre le visage du rôdeur pour le repousser et poussa en même temps sur ses jambes pour s'éloigner de lui, en vain. Les doigts décharnés de la bestiole le tenaient, et le tenaient bien. Et, pour une créature censée être morte, elle avait une force remarquable.
La scène s'était passée en une fraction de secondes. Pourtant, Ludwig eut l'impression de pouvoir compter le nombre de vers qui gigotaient, dans la peau flasque de son ennemi.
Le cœur battant la chamade, la respiration saccadée, il tentait de le repousser. Il craignait, par-dessus tout, que les doigts de la bestiole parviennent à percer sa chair. L'infection était si simple ...
- Andy !
Le timbre de sa voix était clair: c'était un appel à l'aide.
Ça faisait beaucoup de frayeurs en peu de temps, tout de même.
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Page 2 sur 2 • 1, 2
Page 2 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum