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Hopelessly.

Mar 1 Aoû 2017 - 17:05

Au moins, je me suis rapproché du Sud. C'sont quelques jours de gagnés, pour le moment où j'me déciderai enfin à bouger. J'me sentirai infiniment moins coupable qu'avant. Certes, ce serait tout de même abandonner Roza et Calypso. Mais elles feront tout aussi bien sans moi. Je n'ai plus l'impression d'avoir quoi qu'ce soit à perdre. Plutôt qu'attendre la mort dans cet hôtel, autant se jeter directement dans la gueule du loup avec le maigre espoir de la défaire.

Ça fait sept nuits, passées dans le Georgetown. On attend tous bien sagement que les blessures de la russe et d'April se referment. Ensuite ? Personne ne sait vraiment. La vieille voudra courir après Rowen d'elle-même s'il le faut - belle ironie. J'pense en profiter pour filer d'mon côté. Encore, mais cette fois, sans avoir le droit à l'erreur, sans refuge sûr dans lequel se replier. Jackson nous a rejoint, entre temps. Ça donne le vague espoir de voir d'autres têtes connues s'pointer. Mais ça n'a rien pour arranger la tension ambiante. Alors qu'il fricote sans doute avec ma meilleure amie dans la chambre qu'elle s'est appropriée, j'suis en tête à tête avec Roza dans la pièce commune de l'hôtel. Un petit salon qui fut sans doute, avant, joliment décoré. D'ici, on a une vue imprenable sur l'entrée, le seul accès à l'intérieur. D'où les flingues posés sur la petite table. Juste au cas où.

J'jète mes cartes sur la table, soupire, affalé sur ma chaise. "Ouais, j'me couche." Et j'lève le sourcil vers la russe qui, de ses petites mains, emporte les pièces entassées de son côté. Elles n'ont plus la moindre valeur, mais font un bon prétexte à tuer le temps pendant que les autres se reposent. "Tu triches, nan ?" Nan, j'suis juste une merde à ce genre de jeux. J'en ai jamais franchement capté les subtilités, et c'pas quelques conseils de Roza ou de Mark qui suffiront à sauver mon cas. J'secoue la tête et m'lève, reprends mon arme au poing. Juste pour approcher de la baie vitrée, glisser un regard sur l'extérieur. Le soleil aura bientôt fini sa course jusqu'à l'horizon, laissant la ville baigner dans un orangé profond. A cette heure-ci, les contrastes sont mauvais. J'm'attarde donc quelques instants à détailler la rue devant moi. Et j'plisse les yeux, quand j'vois deux silhouettes bousculer l'immobilité des alentours. "Roza..." J'l'appelle doucement, pour ne pas lever un vent de panique inutile sur l'hôtel. S'il ne s'agit que d'un couple de rôdeurs, on aurait vite fait de leur régler leur compte.

Pourtant, alors que les visages se dessinent plus précisément, émergent de l'obscurité, j'sens mon souffle lourdement se couper. C'est... Lisandro...? Et... Sans rien annoncer, précipitamment, j'ouvre la porte vitrée, m'engouffre dehors. Et quand il serait d'une bête évidence de se mettre à courir pour fondre dans leurs bras, j'me retrouve bêtement paralysé, les pieds plantés dans le béton par la stupéfaction, à quelques mètres de l'hôtel. J'articule faiblement, d'une certaine façon persuadé d'avoir repris ma voix d'enfant, "Maman...?"
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Re: Hopelessly.

Mer 2 Aoû 2017 - 8:12

Allongée sur le lit, elle fixait le plafond sans vraiment le voir. Combien de temps depuis qu’ils étaient arrivés ici ? Une semaine ? Un peu plus ? Elle avait essayé de tenir le compte, mais les longs demi-coma réparateur ainsi que l’obsession pour Rowen lui avaient fait perdre le fil. April avait eu de la chance que ses blessures ne s’infectent pas, que le peu qu’ils avaient pour la soigner suffise. Même si elle aurait des cicatrices, c’était toujours mieux que de mourir. Toujours mieux que de mourir…. Elle poussa un soupir las. Pâteux. La vérité, c’était que mourir aurait pu être une option. Elle se sentait seule ici. Pas physiquement, bien sûr, l’hôtel était réchauffé par les présences de Roza, Calypso, Mark, Eli, et Jackson depuis peu. Néanmoins, aucune de ces personnes ne la « connaissait » vraiment. Tous avaient leurs propres cadavres à traîner, mais devoir porter les siens tout en étant la maman de l’assemblée, c’était… c’était lourd. Au moins, avec l’illustrateur, elle savait qu’il savait. Pas besoin de mot, un simple regard lui renvoyait la sensation d’être comprise.

La quadragénaire se mit débout, fit quelques gestes. Quelques faiblesses dans la jambe, quelques raideurs dans le bras et un fond de douleur qui tiraillait le tout. Elle n’était pas prête. Pas comme ça. Surtout depuis que le militaire qui provenait de Mercer Island lui avait appris que Rowen n’était jamais arrivé à destination. Il s’était enfui, perdu, pendant l'évacuation. April pinça les lèvres à cette simple pensée : comment Finn avait-il pu laisser faire ça ? Elle lui faisait confiance, il en était responsable… si seulement elle avait pris le couple dans sa voiture, rien de tout ça ne serait arrivé. Elle s’approcha de la fenêtre, cherchant à y voir quelque chose dans les lueurs du crépuscule, comme si son protégée et sa moitié allait se détacher dans les rues enflammées.

Alors… la blonde croyait rêver d’abord, mais c’était bien deux silhouettes qui se distinguaient pour avancer vers eux. Les sourcils froncés, elle observait leur trajectoire mais pas de doute : ils visaient le Georgetown inn. De là, elle ne reconnaissait pas la chevelure flamboyante de Rosaleen, ni la petite taille de Rowen, mais que disait-on de l’espoir déjà ? En vitesse, elle enfila l’une des robes de chambres piquée dans l’établissement, histoire de ne pas se présenter en boxer et bustier abimé, et descendit au rez-de-chaussée aussi vite que lui permettait son état.

En bas, April réalisait qu’Eli était déjà sorti. Plissant les yeux, son cœur tomba en chute libre en reconnaissant Lisandro. Certes, elle ne souhaitait pas que l’homme – porté disparu depuis l’attaque de la horde – soit effectivement mort. Mais… aussi miraculeuse qu’était sa résurrection, il n’était pas son fils de cœur. A ses côtés une femme qu’elle n’avait jamais vue mais dont les traits lui rappelaient vaguement quelqu'un.

- C’est sa mère ?

Question enrouée qui s’adressait aux personnes les plus proches, qu’elle ne regardait même pas tant son attention était mobilisée sur les arrivants.
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Re: Hopelessly.

Mer 2 Aoû 2017 - 10:47

Que c'était facile de piner le mexicain sur un jeu de carte où le bluff' portait tout son intérêt, on pouvait lire en ce gosse comme dans un livre ouvert et la Bromance ne l'aidait que davantage pour se faire, un regard, et il était grillé. Le pauvre se faisait massacrer et le bras en écharpe de la russe portait alors tout son intérêt, y avait plus d'une carte de planquer là dedans ! Des as, et Eli n'y voyait que du feu. Ça arrachait toujours un rire à la tatouée qui se régalait de cette partie de poker improvisé, bon, heureusement que la mise restait fictive, sans quoi, elle n'userait pas de tel stratagème.

"M'ahaha j'suis douée pourrr te coucher hein !"

Et là voilà qui repartait à nouveau dans un rire bien moqueur alors qu'elle secouait déjà la tête pour continuer de mentir en beauté. Bien sûr qu'elle trichait, mais ça, c'était juste pour le finir en vitesse, même sans cartes cachées dans son bras en écharpe, elle le battrai en beauté de toute façon. Enfin, il était déjà lassé de perdre tout ses petits jetons et quittait déjà le coin salon pour aller bouder du côté de la baie vitrée. Alors qu'il l'interpellait déjà, la russe secouait mollement la tête avant de comprendre le sérieux de la situation en le voyant sortir sans prévenir. Ni une, ni deux, elle se redressa en s'armant d'un des pistolets qui siégeaient sur la table, un sourcil arqué. Le collant aux fesses, elle resta bouche bée en voyant Lissandro débarquer, le "maman" soufflé par la suite, lui, eut le don de refermer sa bouche géante.

"Hein ? Nan j'veux bien êtrre ta frrangine à la limite mais pas ta ... "
Et calma aussitôt son élan quand elle repéra la belle plante qui accompagnait le chilien, à tous les coups, ce devait être à elle qu'était destiné ce fameux "maman"... Et quelle maman ! Pile dans les critères de la russe : le bon âge, la bonne bouille et tout ce qui va bien, de quoi faire briller ses iris alors qu'elle étirait un sourire carnassier en se tournant vers l'homme qu'elle croyait mort.

"Lis ! P'tain, tu es vivant et t'sais bien t'entourrrer dis donc !" Rien que ça, et rien de plus, la prochaine scène à venir se devait d'être charmante si la dame se relevait bien être la mère de son ami. Elle aurait tué pour avoir du pop corn, genre là, tout de suite, maintenant ! April, quant à elle vint souligner la possible évidence et l'encrée lui répondit par un simple hochement de tête suivi d'un "j'crrrois." sans même décoller ses iris clairs de la scène.
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Re: Hopelessly.

Ven 4 Aoû 2017 - 0:00

Un mois, ça passait vite jadis, tellement vite. Je m’en plaignais souvent, avant, maudissant par conséquent la routine de ma vie et de mon couple. Je la détestais à force d’ennui et, aujourd’hui, mes habitudes me manquaient cruellement. J’y songeai à chaque nouveau coup dur que Lisandro et moi avions été forcés d’affronter sur ce laps de temps. Il y eut la horde qui tarda à se dissiper et qui nous obligea à demeurer coincés dans notre abri dépourvu de confort, mais qui nous apportait un semblant de sécurité. Ensuite, durant une de nos expéditions en quête de nourritures, je chutai de la plus bête des manières qui soit. Bête. C’était le mot. Au lieu de courir droit devant afin d’atteindre une échelle de secours, je pris le risque de jeter un œil par-dessus mon épaule pour évaluer la vitesse de nos assaillants et je trébuchai à cause d’un nid de poule creusé dans le bitume à une époque révolue où la circulation était dense dans les rues de Seattle. J’en hurlai de douleur par imprudence, rameutant d’autres ignominies anthropophages tandis que Lisandro revenait sur ses pas au nom de la reconnaissance ou pour Eli. En effet, à force de discussion, j’appris plus tôt qu’il connaissait mon petit garçon, qu’il avait veillé sur lui, comme un père ou un grand frère. Il me confirma alors que ma première impression à son sujet n’était pas seulement motivée par mon désir de chasser ma solitude. Il était bon, le Chilien. Il le démontra à plusieurs reprises, et ce, bien avant qu’il me sauve la vie in extremis. Autant dire que je le regardais d’un œil neuf, un chargé de gratitude qui m’obligeait à culpabiliser de nous ralentir. « Tu crois qu’ils seront encore à votre point de ralliement ? » m’étais-je tracassée, une fois, tandis que j’avançais moins vite qu’une torture, nous mettant tous deux dans la ligne de mire du danger. Et lui, il m’avait rassurée, me soutenant par la taille alors que je me servais de son épaule comme d’une béquille. Ma blessure n’était pas des plus graves bien sûr, mais je ne voyais pas le bout du chemin. Nous mangions peu. Nous ne buvions pas assez. J’étais à bout de force et de nerfs, cédant parfois à de terribles crises de larmes pendant que ce nouvel ami prenait son quart de repos. Mais, je tenais bon, pour mon fils et parce que la nature optimiste de notre bienfaiteur – du moins était-ce l’image qu’il me renvoyait – m’aidait à ne pas perdre la foi en nos chances d’être accueilli par les siens.

Aurais-je imaginé qu’Eli serait le premier visage que je distinguerais devant la porte de cet hôtel ? Non ! Évidemment. L’apercevant au loin, je crus même rêver, mais sa voix ne me trompa pas. Il se tenait bel et bien là, à quelques mètres, fier malgré cette galère et plutôt bien portant. Certes, il avait maigri, comme nous tous, mais il était beau, mon fils. Le bonheur m’envahit avec une telle ardeur que je me redressai, par vanité, trouvant un second souffle et puisant dans mes dernières forces pour presser le pas et pou me jeter entre ses bras. « Oh, Niño, si tu savais combien de temps je t’ai cherché. » attestais-je en l’étreignant si fort que je lui en aurais bien brisé les côtes. « Et, tu vas bien. Et je le savais. Je l’ai toujours su. On m’a pris pour une folle, mais j’ai toujours su que tu avais survécu à tout ça. » Je luttai contre mes larmes, mais elles roulèrent depuis mes paupières sans que je puisse les contenir. « Laisse-moi te regarder, tu veux ? » Je me reculai un peu, je tâtai son minois de mes menottes tremblantes, caressant ses joues et vérifiant sa température davantage par réflexe que par nécessité. « Tu as plutôt bonne mine. » Autant que cela puisse être possible en pareilles circonstances et ce fut plus fort que moi. J’embrassai son visage et ses mains comme à l'époque où il n’était qu’un gamin pour finalement me souvenir que nous n’étions pas seuls. Ô, pas tant à cause de la pudeur, non. Y en avait-il une lorsqu’une mère si longtemps dans l’angoisse retrouvait son Saint-Graal ? J’avais cependant à cœur de ne pas oublier celui qui prit soin de lui, qui ne m’abandonna pas, qui me ramena auprès de lui. « Je ne te remercierai jamais assez, Lis. Jamais. » Il venait de gagner une amie fidèle et loyale et je lui tendis la main, à défaut de pouvoir lui offrir l’accolade. Je serais forcée de lâcher les doigts d’Eli et c’était trop tôt. Beaucoup trop tôt. « Merci à tous en fait. D’avoir pris soin de lui. » ajoutais-je alors que je remarquais pour la première fois que nous étions entourés d’une belle brochette de survivants. J’en essuyai mes larmes à la hâte de peur d’être prise pour une faiblarde à laisser d’urgence sur le bas-côté de la route. « Je suis désolée d’ailleurs. Je ne me suis pas présentée. Moi, c’est Alma… » Et ça semblait bien peu de chose comparé à tout ce qu'ils avaient fait pour moi, indirectement.   

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Re: Hopelessly.

Dim 6 Aoû 2017 - 22:42

Un mois, putain. Un mois qu'il avait perdu les siens. Un mois qu'il priait pour les retrouver sains et sauf. Mais aussi un mois qu'il avait rencontré Alma qui lui avait sauvé la vie. Ils avaient peiné à avancer. D'abord à cause du bras du chilien qu'il avait fallu remettre en place. Quitter leur abri avait été aussi dangereux que nécessaire... difficile de tenir un siège sans ressource. La ville était envahie de cadavres ambulants tous attirés par un seul et même lieu... le lycée. L'angoisse avait alors pris la gorge des deux hispaniques s'inquiétant pour une seule et même personne. Il n'avait pas fallu très longtemps pour que le nom d'Eli ne quitte ses lèvres et nourrissent nombre de leurs conversations. Il ne pouvait plus nier l'inquiétude et l'importance qu'il portait au garçon. Encore moins devant sa mère. Et ce petit homme avait achevé de les lier tous les deux. Les jours qui ont suivi auront achevé de construire leur confiance mutuelle.

Il y a une semaine, alors qu’il portait Alma sur son dos, la pauvre ne pouvant toucher terre suite à une mauvaise chute, il avait vu la fumée noire s’élever du ciel alors qu’ils se rapprochaient du lycée. Il avait été forcé de s’arrêter, de la déposer. C’était le lycée qui brûlait, il en était certain. Le temps de comprendre, un étau s’était resserrer autour de sa gorge, il lui avait fallu un moment. Un moment pour retrouver sa faculté de parole et d’expliquer ce qu’il se passait à Alma. Le silence avait été si pesant. Avec l’éventualité que… Eli. Finn. Ian. Roza.

C’était pour elle qu’il avait pris la direction de Georgetown. Alors que le chemin du lycée était sans appel, la zone étant encore gardée par des hommes que le chilien ne connaissait pas, il avait pris la décision de continuer à marcher. Il y avait des lieux de replis. Les chances pour y retrouver Eli étaient minces, mais le mouvement c’était la vie. Ils ne pouvaient pas rester là, attendre, sans savoir où aller. Si Eli n’y était pas, les autres seraient peut-être là. Et il y avait les autres zones de replis. Donner un but à Alma avait semblé apaiser ses inquiétudes, il y avait encore une chance.

Ils approchaient lentement de Georgetown, la jeune femme peinait encore à marcher et Lisandro s’appliquait à la soutenir en l’enlaçant par la taille. Ils avançaient. Se rapprochaient. Jusqu’à distinguer le bâtiment et quelques silhouettes. Le cœur de Lisandro se serra. Il y avait si peu de monde… Alma fut la première à reconnaitre Eli et le chilien de la retint pas quand elle se libéra pour se précipiter vers son fils. Lisandro la suivait de près, balayant l’assistance avec un soulagement et une inquiétude non feinte. April, Roza, Eli et d’autres à l’intérieur.

« Gracias Dios… »

Il cherchait Finn, Ian, Thalia du regard, mais ils n’arrivaient pas. Ce fut Roza qui le rappela sur terre. Il eut un sourire amusé, et terriblement fatigué. Pourtant, quand Alma se retourna pour lui tendre la main, le remerciant pour tout ce qu’il avait fait pour elle depuis leur rencontre. Il l’avait ramenée à son fils. Et lui, il avait rencontré une personne précieuse à qui il devait la vie. Il ne l’oublierait jamais. Il se saisit de la main de son amie, l’enferma dans les deux siennes pour les amener à ses lèvres, sans la quitter des yeux. Dans un geste exagérément gentleman, un peu pour provoquer Roza, même si le regard qu’il portait à Alma était on ne peut plus reconnaissant.

« Te debo mi vida. Soy yo quien tiene que darte las gracias a ti, Alma.* »

Il prit le temps de bien ancrer son regard dans le sien, avant de la libérer et d’offrir une œillade à Roza qui n’avait pas dû en louper une miette. Comme il l’espérait. L’espièglerie revenait dans son regard alors qu’il retrouvait ses amis. Lisandro s’approcha d’Eli, posa une main sur son épaule et fixa son regard sur le sien. Il aurait dû dire quelque chose, mais il y avait trop de regard, dont celui d’Alma posé sur eux. Il était vraiment soulagé de le revoir en vie, et sans la présence d’Alma et des autres, il l’aurait probablement pris dans ses bras. Au lieu de ça, il sourit et lui ébouriffa les cheveux avant de lui laisser son intimité avec sa mère. Il se tourna vers Roza à la place. Ouvrant les bras avec un sourire plus qu’heureux.

« Viens dans mes bras, Ruskie. »

Il n’attendit pas qu’elle proteste pour l’emprisonner dans ses bras, la soulever de terre et lui laisser un gros baiser claquant sur la joue. Il partit d’un rire franc et joyeux, ça faisait longtemps. Une part de son inquiétude s’envolait. Il la libéra, lui ébouriffant les cheveux à son tour avant d’aller retrouver April pour qui il réservait un accueil plus respectueux. Il attendit un signe de sa part avant de la prendre dans ses bras, et se laisser à soupirer et murmurer à son oreille.

« J’ai cru vous avoir tous perdu … »

Il se redressa alors pour mieux la regarder. Elle semblait partagée, d’autres soucis noircissaient son regard. Lisandro jeta un coup d’œil autour, cherchant à reconnaitre les autres personnes présentes ici avant de souffler, s’adressant à elle car il apparaissait qu’elle semblait être la plus compétente pour répondre à ses questions.

« Où sont les autres ? Finn, Ian … ? Et Jaden ? Que s’est-il passé ? »

Il se retourne vers Roza, Eli et les autres, avec un air plus grave.

« On a vu la fumée qui s’élevait du lycée… »

mots doux à Alma:
Lisandro Sedillo
Lisandro Sedillo
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Re: Hopelessly.

Lun 7 Aoû 2017 - 12:05

En temps normal, j'aurais certainement ri à la plaisanterie de Roza. Mais ses mots, tout comme ceux des autres, je n'les entends qu'à moitié. Un brouhaha où il n'y a rien de net, sauf elle. Après avoir fouillé notre maison à Tacoma, j'avais vraiment, sincèrement perdu espoir. Elle pouvait être si loin, comme elle pouvait simplement ne plus être. Je n'pensais pas, non, pas un seul foutu instant, qu'elle serait à ma poursuite en plein Seattle. Et putain, on a dû passer si près l'un de l'autre à tellement de reprises, sans jamais se croiser. J'garde les yeux grands ouverts sur ma mère, déglutis difficilement, complètement dépassé, halluciné, hébété.

"Tu..." Elle vient m'étreindre, et mon corps met une courte seconde à réagir. Et puis j'l'enlace aussi, écrase ma joue contre son crâne, l'coeur explosant sans vergogne. Ça réveille les blessures à peine rétablies de mes côtes, de mon dos, de mes mains. Mais j'm'en fous, putain. J'la serre et m'y accroche désespéramment, la gorge me lançant atrocement sous les sanglots que j'peine à contenir. Elle a maigri. Elle est blessée. Mais son parfum est resté le même, sécurisant et familier.

Et elle s'écarte pour m'regarder, de ces yeux toujours profondément amoureux. Le reflet parfait des miens. J'lui souris, nerveusement, heureux, embarrassé en même temps alors qu'elle m'embrasse, me tâte la gueule pour vérifier que je n'suis pas encore totalement brisé. "M'man, arrête.." J'ris plus franchement cette fois, chassant mes larmes d'un revers de la main. Ces débordements d'affection me saoulaient, m'éreintaient. Sa manie de jauger ma température au moindre prétexte était insupportable. J'pensais pas qu'un jour j'aimerais ça.

Elle me retrouve au point le plus bas de ma vie : sans rien, sans toit, endeuillé jusqu'à la moelle par la perte de mes amis, de Kate, la dispersion à l'arrachée du seul groupe auquel j'me serai attaché. Son apparition sonne comme un miracle. Même sans être un enfant, il y a toujours cette impression que la mère aura une solution à tous les maux du monde. Et c'est exactement le genre de certitude dont j'ai besoin, maintenant.

C'est quand elle tourne le menton vers le chilien, que je suis le mouvement. "Lisandro, putain, j'te croyais..." mort. Et certainement qu'il aurait trouvé le moyen de s'enterrer lui-même. Mais non. Il m'a ramené ma mère, en vie. Il lui offre même un baise-main un peu gênant mais qui pour le coup, me passe bien au dessus de la tête. Pour mon compte, il se contente d'une sobre main sur l'épaule, et j'y attrape son poignet le temps d'une seconde, sans me défaire d'Alma. Pas besoin d'en rajouter une couche sur ces remerciements qui se bousculent. Le regard que l'on échange en dit déjà bien assez long. Je lui serai éternellement redevable.

Un sourire figé sur les lèvres, je la laisse fièrement se présenter à mes compagnons, et suis des yeux le chilien qui va étreindre la russe, probablement contre son gré. April s'occuperait de lui résumer la triste situation. Moi, je baisse à nouveau les yeux sur ma mère, lui offre mon épaule comme appui pour soulager sa jambe. "J'vais bien..." C'est un murmure forcé discrètement par dessus le discours de la doyenne. Alma paniquerait sans doute plus que de raison à entendre ce par quoi l'on venait de passer. Alors, je m'assure de capter l'attention de ses grands yeux bruns, quoi qu'il advienne. "'Faut que tu t'reposes. Tu..." J'la remarque seulement, la veste de mon père sur son dos. "Papa, il est avec toi ?" Le réflexe naïf me pousse à relever le menton pour regarder la direction par laquelle ils viennent d'arriver, dans l'espoir d'y voir apparaître une troisième silhouette. "Il est encore à la bourre, c'est ça ?" L'évidence est là, tire doucement le sourire vers le bas, et pourtant reste impossible à envisager. Je préfère apprendre de sa bouche qu'il s'est perdu en chemin, même s'il s'agit d'un mensonge. Il y a de ces vérités qui ne sont pas bonnes à entendre.
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Re: Hopelessly.

Mer 9 Aoû 2017 - 9:43

Finalement, elle aurait pu se passer de la confirmation de Roza : cette femme était bien la mère d’Eli. April baissa ses yeux bleus devant l’effusion. Pudiquement, honteusement même, car son cœur était broyé par une jalousie acide. Pourquoi celle-ci avait le droit de retrouver son fils saint et sauf ? Elle n’avait jamais été là pour lui depuis le début des horreurs alors que la quadragénaire s’était battue sans cesse, pour quand même voir disparaître un à un les membres de sa famille. Il y avait dans le destin une forme d’injustice qui lui donnait envie d’envoyer au diable tous les préceptes de Rowen sur le karma, mais lui non plus n’était plus là pour l’entendre démonter ses croyances.

Elle s’appelait donc Alma et les remerciait d’avoir pris soin de son fils unique. L’amertume de la blonde lui brûlait la gorge, son « April » eut un peu de mal à sortir. Elle était contente pour Eli, sincèrement : le pauvre avait suffisamment souffert comme ça pour avoir droit à un rayon de soleil. Mais inconsciemment, également pour lui, elle s’était sentie comme une mère de substitution. Qui avait été là pour lui après qu’il ait craqué, des mois suivant la mort de Kathlyn ? Qui l’avait discrètement veillé comme un enfant ? Qui l’engueulait sévèrement si nécessaire ?

Pire encore que privée de sa famille, April se sentait de trop. Dépassée, remplacée. Affreux sentiments égoïstes bricolés par sa tristesse, parce qu’elle aurait simplement dû se réjouir pour eux. Lisandro l’arracha à ce sombre débat intérieur et malgré son mal-être qui devait se lire sur ses traits fatigués, elle eut une mimique signifiant qu’il pouvait l’étreindre aussi. Elle ne répondit rien quand le croque-mort avoua qu’il pensait les avoir tous perdu, elle se contenta de fermer les yeux. N’était-ce pas le cas ? Ils s’écartèrent, le regard insistant du chilien la mettait mal à l’aise, parce qu’il lui donnait l’impression de lire même ce qu’elle ne voulait pas montrer.

- On s’est fait attaquer, résuma-t-elle d’une voix grave, un autre groupe. On a dû évacuer tout le monde.

…du moins, ceux qui restaient. Mais elle n’avait pas le cœur de le préciser, pas plus qu’elle n’arriverait à entrer dans les détails. Laissant Eli à ses retrouvailles avec mère, la quadragénaire réalisait que la présence de Lisandro symbolisait un espoir. Il avait été porté disparu depuis la horde ; personne ne savait ce qui avait pu lui arriver, ni même s’il était encore en vie. Alors s’il avait pu le faire… peut-être Rowen aussi, allait finir par les rejoindre à l’hôtel.

- Que t’est-il arrivé ? demanda-t-elle finalement, tout le monde t’a cru mort.
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Re: Hopelessly.

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