La vie avait continué son cours sans qu'elle ne cherche à s'y intéresser d'avantage. Se contentait de faire son boulot de manière mécanique, sa vie désormais rythmée par les nausées matinales et autres effets secondaires d'une grossesse qu'elle avait pris la décision d'assumer seule.
Siobhan ne s'était pas gênée pour lui donner son avis sur la question, et elle était restée parfaitement silencieuse, se contentant d'acquieser dans un murmure après avoir enfin été congédiée. Si la rumeur de sa séparation avec Donovan avait rapidement été chuchotée un peu partout dans le camp, ce n'était pas pour autant qu'elle l'avait vu se pavaner avec qui que ce soit, et cela avait au moins ramené un certain soulagement dans son esprit tourmenté.
Au moins, il n'avait pas achevé le peu d'estime qu'il lui restait en s'affichant avec la première venue...
Elle avait finalement terminé sa journée en laissant Nina dans les bras de sa mère, se laissant tomber sur son matelas en appréciant le fait de ne pas retourner vomir pour la cinquième fois de la journée. Les nausées matinales, en fin de soirée elle n'y croyait plus tellement mais elles étaient pourtant bel et bien la.
Elle avait tout juste commencé à s'endormir quand un bruit sec contre sa fenêtre la fit se relever en maugréant, ne comprenant pas d'ou cela pouvait bien venir.
Et, quand les premières notes de cette chanson avaient commencé à résonner, elle avait rapidement fait le parralèle.

Donovan... souffla t-elle en descendant les escaliers sans même prendre la peine de lui jeter un regard à la fenêtre, se contentant d'ouvrir la porte d'entrée pour tomber nez à nez avec lui.

Tu ne devrais pas être ici. Ce fût ses premiers mots après des semaines de silence, alors qu'elle croisait les bras contre sa poitrine en prenant sur elle pour ne pas montrer à quel point le fait de le revoir lui brisait le coeur une seconde fois. Les Chambers sont ici, et je ne veux pas d'une esclandre. mentit-elle en gardant une distance de sécurité vis à vis du militaire, s'arrangeant pour ne jamais avoir à croiser son regard gris qui avait toujours su la faire chavirer.

Elle ne voulait rien savoir. Il avait été suffisamment clair quand à son incapacité à accepter sa grossesse, et elle ne voulait plus rien savoir concernant ce sujet. Sans doute qu'elle devait être effrayante avec son teint pâle et ses cernes prononcées, mais qu'importait.

Tu... Tu as été suffisamment clair la dernière fois, tu n'as aucune raison de revenir ici pour me dire quoi que ce soit. rajouta t-elle dans l'espoir qu'il la laisse tranquille.

Elle ne voulait pas l'écouter. Elle avait même commencé à lui tourner le dos quand il avait commencé à essayer de lire son papier, avant d'être retenue malgré elle par les accents de sincérité dans sa voix. Alors, Beatriz n'avait pas bougé, se contentant de fixer le sol en écoutant ses dires. Si une partie d'elle mourrait d'envie de lui pardonner, l'autre en revanche se contentait juste d'imploser. Mais elle avait tout de même pris le temps de le laisser terminer avant d'enfin reprendre la parole.

Il faudrait te décerner une médaille parce que tu as mis trois semaine pour déceler une émotion ?!

C'était ça le problème avec les hommes en général. Dès qu'ils flippaient, ils avaient toujours une excellente raison là ou les femmes n'avaient pas le droit à l'erreur, jamais. Tu es parti, Donovan. TROIS. SEMAINES. martela t-elle sans s'approcher. J'étais autant morte de peur que toi, voir plus. Je porte un enfant, le tien, et tu n'étais pas là. Ni pour le moment ou j'ai dû l'annoncer aux Chambers, ni pour tous les inconvénients que peuvent amener une grossesse non désirée !

Elle n'avait même pas pris le temps de reprendre sa respiration, se permettant enfin d'inspirer profondément en croisant à nouveau les bras contre sa poitrine.

Je n'ai pas besoin d'un homme qui panique et qui part en courant dès que la route devient chaotique. Revenir pour me dire que tu risque de repartir en courant ça ne me donne aucune envie de te laisser une énième chance.

Et des chances, il en avait eu. Des les premiers jours, même après qu'elle l'ait découvert dans le lit d'une autre, même après l'avoir vu tuer un homme à mains nues... Elle avait tout accepté et même plus, prenant ces erreurs pour en faire quelque chose de plus fort, renforçant leur couple. Elle lui avait accordé sa confiance et sa fidélité, et tout ça pour qu'il parte au pire moment ou elle avait besoin de lui ? Félicitations pour ton nouveau rôle. Maintenant, si tu as terminé, j'aimerai que tu me laisse tranquille...

Evidemment que c'était faux. Mais après toute cette peine et cette douleur, elle n'avait aucune envie de retomber au plus bas dès la seconde ou il "paniquerait".

Elle était prête à partir. Elle s'était promis de ne plus l'écouter et d'arrêter d'avoir le moindre contact avec lui, pourtant quand il reprit la parole, ce fût comme si son corps s'était figé entièrement.
Alors, elle écouta. Fermée au début,, malgré les accents de sincérité dans sa voix, jusqu'à ce qu'elle ne remarque ce regard gris qu'elle aimait tant se brouiller. Son coeur se serra alors qu'elle se forçait à être forte, sans grand succès. Donovan... commença t-elle sans grand succès alors qu'il parlait de leur bébé, de leur famille.
Son coeur se brisa à nouveau en réalisant son état, pinçant les lèvres pour les empêcher de trembler, alors que Donovan voyait ses dernières barrières se briser.

Bien sûr que dans un sens elle comprenait. Son passif n'était pas le meilleur moyen de se sentir père de famille, encore moins aussi rapidement. Mais ils avaient leur tort tous les deux, connaissaient les risques d'une relation durable. Arrêtes... murmura t-elle d'une voix enrouée avant de le prendre timidement dans ses bras, venant effleurer sa nuque de la main, le serrant de l'autre. A son tour elle avait envie de pleurer, sans savoir si c'était la faute des hormones ou de la situation mêlée à son manque de sommeil.
Promets moi que tu es sûr de toi.

Elle voulait tellement l'embrasser, et que tout redémarre comme avant. Mais si il paniquait à nouveau ? Sans doute qu'elle ne s'en remettrait pas de sitôt. Ca ne l'empêcha pas de venir effleurer ses lèvres des siennes, comme une invitation hésitante avant de rajouter.

Ce n'est pas ton passé qui fera de toi un bon ou mauvais père. C'est ce que toi,, tu as envie de devenir. dit-elle avec douceur, venant timidement poser la main du soldat contre son ventre encore plat. J'ai envie de croire en toi, mais si tu pars à nouveau...
En silence, elle se mordit la lèvre. Elle voulait y croire, lui faire confiance à nouveau. Si c'est une fille, j'aimerai qu'on l'appelle Louisie.

La remarque était sortie avant même qu'elle n'y pense; elle avait pensé à ce prénom le jour même ou elle avait appris sa grossesse, malgré la panique qui l'avait envahie. Lui offrant un sourire timide, elle vint poser son front contre le sien.