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Re: Good news, nobody died. Bad news ...

Lun 15 Jan 2018 - 2:44

Le visage plongé au creux de son cou, sentant de la pointe de son nez le moindre grain de sa peau, la moindre odeur, le moindre frisson. Il avait besoin de sentir sa présence, il avait besoin de la sentir dans ses bras, de la sentir tout contre lui. Les yeux fermés et la tête concentrée à l’idée de chasser la moindre pensée négative. Il ne devait pas réfléchir, il le savait pertinemment dès qu’il passerait la porte, les songes reviendraient et le doute le saisirait à nouveau. Il se connaissait sans vraiment se connaître mais dans le fond, il en était persuadé lorsque Frankie ne serait plus avec lui, lorsqu’il devrait partir pour une autre mission de reconnaissance, à ce moment précis il réfléchirait au pire. Il se faisait lui-même peur, depuis quand il avait tant changé, depuis qu’il était devenu un idiot sans cœur, depuis quand était-il devenu si lâche. Il se dégoutait et à la fois, il ne pouvait se résoudre à changer, toutes ces révélations et l’idée même de devoir assumer et revivre un tel danger, cela l’effrayait jusqu’au plus profond de ses entrailles. Une douleur invisible et à la fois marquante qui lui broyait et marquée sa chair au plus profond, qui lui tordait les viscères et le rendait malade à la simple idée que tout pouvait s’arrêter. Il avait beau vivre la pire des situations, il ne pouvait se résoudre à accepter que la fin viendrait tôt ou tard.

Mais alors qu’il était plongé dans sa propre tête, à faire taire ses démons et ses pulsions, le trentenaire se mit à trembler légèrement. S’étonnant lui-même il recula la tête regardant doucement ses bras comme grelotant pourtant il n’avait pas froid, il ne craignait pas pour sa propre vie du moins pas sur l’instant présent. Puis il se rendit vite compte de la situation en sentant Frankie comme bouffée par les frissons qui semblait comme l’appeler à l’aide.
Devant cette image le blond prit sur lui et son regard jusqu’alors vaseux, se reteinta de vigueur et vint faire face à la mine perdue de la Coréenne. Elle avait besoin de lui et pas uniquement aujourd’hui, elle aurait besoin de lui tout au long de cette grossesse, elle aurait besoin de lui lors de l’accouchement et même après, lorsqu’il faudrait élever cet enfant. Ce petit être arrivé par mégarde, par un simple acte d’amour anodin devenait un véritable fardeau pour tout le reste de deux vies et si l’Allemand se sentait à nouveau d’humeur à porter le poids du monde pour Frankie, il savait tout aussi qu’il ne tiendrait pas tout le temps et probablement rapidement.

Il attrapa le visage de sa ravissante compagne et plongea son regard bleuté dans ses mirettes chocolat, essayant d’insuffler, de partager, ce courage éphémère à sa chère et tendre. Puis d’une voix tendre et douce il reprit la parole : « Eh, eh, eh… Du calme, il faut que tu te calmes avant tout. Ça va aller, ça va le faire… Tu vas y arriver, tu vas t’en sortir à merveille. Tu es la plus forte de tout le groupe et ce n’est pas un bébé qui va t’arrêter. C’est comme c’est, c’est comme ça, on ne peut plus faire marche arrière, c’est une fatalité mais je… *il hésita un instant* je suis là, tu n’es pas seule, Billy, Nigel, on sera tous là pour t’épauler, personne ne t’abandonnera, on est une grande famille maintenant… ». Il répondit avec passion et force au baiser de la brune, essayant de lui transmettre cette faible flamme de vigueur qu’elle avait fait naître chez lui puis alors qu’ils rompirent cette étreinte, il ajouta avant elle : « Alors maintenant tu dois te reposer, accepter de ne rien faire bien que… étrangement je suis sûr que tu vas faire ça à merveille *dit-il avec un petit sourire forcé et triste, essayant d’ajouter une petite touche d’humour* et surtout, tu dois te concentrer pour te dire que… *il n’était pas vraiment prêt lui-même à l’imaginer mais il était déjà passé par cette étape* que… rapidement, tu vas pouvoir un petit toi sur deux pattes qui va pouvoir te prendre en modèle et vouloir être aussi joli que toi, et y a du boulot pour t’égaler, crois-moi… ».

Mais alors qu’il terminait son petit speech, la future maman lui fit par de son manque de force, posant une main sur son front le blond fronça les sourcils avant de glisser ses bras sous les jambes et le dos de Frankie puis de la porter comme une princesse jusqu’au lit avant de la déposer délicatement puis de lui ôter tout doucement ses chaussures ainsi que son pull, repliant dans la suite logique, la couverture sur elle tout en ajoutant : « Regarde comment c’est beau la vie de mère, t’vas te faire bichonner comme une princesse pendant 9 mois. *dit-il à peine convaincu, essayant de se mentir presque de se mentir à lui-même* Ne bouge pas, je vais faire réchauffer quelque chose. » Suite à ces mots, il fit quelques pas en direction des plaques chauffantes en céramique du camping-car, soufflant : « Je sais qu’on a dit de faire attention avec les économies d’énergie mais là c’est un cas exceptionnel, hein… ». Tirant d’un placard un vieux sachet de pâte, il mit à chauffer un peu d’eau chaude avec du sel, c’était peut-être du gâchis mais la demoiselle avait besoin de force et de courage. Rajoutant avec un autre petit sourire forcé, le blond ajouta : « Tu vas voir, je fais les meilleures Deutsch pasta que tu n’aies jamais goûté auparavant ! Et si tu conteste, dis-toi que je dois bien être le dernier Allemand de la ville donc hein… ». Isiah faisait décidément de son mieux pour ne pas paniquer et pour essayer de supporter Frankie.
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Re: Good news, nobody died. Bad news ...

Sam 20 Jan 2018 - 11:49

Frankie était paniquée, cela n’était pas arrivé depuis longtemps et c’était assez rare pour être noté. La coréenne était d’ordinaire pleine d’assurance, parfois trop, elle avait confiance en ses capacités. Mais cette fois, c’était trop nouveau, trop soudain. Comment pouvait-elle avoir confiance en ses capacités à devenir mère alors qu’elle n’avait jamais eu l’ombre d’un désir de maternité. Ce n’était pas qu’elle ait eu une enfance mauvaise, au contraire. Frankie avait eu les meilleurs exemples possibles de parents, aimant, à l’écoute, parfois trop gentils avec elle. Mais de son côté ce souhait n’avait jamais fait partie de sa liste. Et égoïstement elle craignait pour sa propre vie.

La voix d’Isiah qui tentait de la rassurer l’aida à sortir un peu de sa torpeur. Elle voulait croire en ses mots, que tout allait bien se passer. Qu’elle s’en sortirait. Qu’il était là. Son cœur était lourd, la brune savait combien ce devait être difficile pour lui, lui qui était la seule personne qu’elle voulait éviter de blesser et de perdre. Quant à savoir si personne ne l’abandonnerait … La coréenne esquissa un sourire, amer. Ils ne lui devaient rien, ni Nigel, ni Billy. Et elle n’était pas assez imbue de sa personne pour se dire qu’ils l’adoraient. Frankie était une peste et à part Isiah, il n’y avait pas grand monde qui la supportait. S’il partait, elle serait seule parce que Nigel et Billy partiraient avec lui. A nouveau la panique lui pressa la poitrine, elle avait l’impression de suffoquer.

Même cette vision que lui offrait Isiah du repos et plus tard d’un petit être modelé à son image ne l’enchantait pas. Tout était trop effrayant à cet instant-là. Elle se sentait affaiblie, apeurée. En faisant part au blond, Frankie se sentit rapidement soulevée du sol. Enroulant son bras autour du coup du blond le temps qu’il la dépose sur le matelas relativement confortable du camping-car, la brune tenta d’esquisser un sourire. Plus sincère. Mais à peine plus. Son regard noir se posa un instant sur Isiah avant qu’elle ne tourne la tête pour regarder par la fenêtre au-dessus du lit. Elle l’entendait parler mais aucun son ne parvenait à quitter ses lèvres en réponse.

C’était toute sa vie qui était à nouveau bouleversé. C’était la deuxième fois en deux années. C’était la deuxième galère après la mort de ses parents. L’épidémie ce n’était pas vraiment un problème, parce qu’elle avait su s’y faire, mais le deuil n’était pas passé. Et c’était à nouveau un deuil pour elle, celui de sa liberté. Rongée par la peur et une pointe de culpabilité, Frankie réalisait durement qu’elle ne voulait pas cet enfant. Est-ce que cela changerait un jour ? Son regard se posa à nouveau sur Isiah.


« Isiah … quand … Quand tu es devenu père la première fois … C’était … désiré ? Comment … Comment on fait pour s’y faire ? Je sais pas comment faire ça parce que tout ce que j’ai toujours fait, c’était pour moi. Ça c’est … entièrement différent. » Se redressant dans le lit, la brune remonta ses genoux contre sa poitrine, restant enroulée dans la couverture pour se protéger du froid qui commençait à pointer le bout de son nez. Dans le fond, plus encore que de l’abandon, ce qui lui faisait peur c’était elle-même. Comment ferait-elle si même après la naissance de ce bébé elle ne se sentait pas mère ? L’abandonnerait-elle comme elle avait abandonné tant de personnes dont elle refusait de se soucier ? Un frisson lui parcourut l’échine, la forçant à resserrer ses bras autour de ses genoux.
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