Clive était revenu dans un sale état. Elle n'avait pas réellement suivi l'histoire, occupée à ce moment là à partir en ravitaillement avec Fitzgerald. Mais en apprenant qu'il avait été victime d'une agression, elle n'avait pas pu s'empêcher de s'inquiéter sincèrement. Lui qui n'était pas du genre à se battre... Elle se doutait bien que désormais, il ne voudrait plus jamais sortir son nez ailleurs que la bibliothèque ou sa propre chambre. Et elle n'était pas sûre que ce soit la bonne solution, pour l'avoir vécue elle même. Se renfermer sur soi ne serait que le meilleur moyen pour lui de déprimer d'avantage, elle ne le savait que trop bien.
Mais elle lui avait laissé quelques jours de répit, continuant ses ravitaillement en compagnie des autres. Discrètement, elle avait récupéré des bouquins dans la bibliothèque, triant ses propres livres qu'elle avait déjà terminé. Romans autobiographiques, roman de fiction, revues scientifiques... De quoi s'occuper quelques jours pour un type comme Clive.
Profitant d'une journée sans avoir à partir en extérieur, elle avait finalement pris la direction de la chambre du blessé.
Un fin sourire avait gagné ses lèvres en l'écoutant répondre à contrecoeur, entrant enfin dans la pièce avec sa pile de livres.

Salut le grande malade. lança t-elle en le gratifiant d'un clin d'oeil, s'amusant du regard qu'il jeta à la pile de livre qu'elle posa sur la table d'appoint. Me suis dit que ça t'occuperai. Mais avant, on va aller faire un tour.

Ce n'était pas vraiment une question. Rester enfermé entre quatre murs ne l'aiderait en rien à se sentir mieux, encore moins si il s'acharnait à rester dans son monde rempli de bouquins.
Joignant le geste à la parole, elle lui retira le livre de Baudelaire des mains, s'attardant sur la page qu'il lisait. Quoi de mieux pour se remettre d'aplomb que de lire un truc aussi déprimant... marmonna t-elle en soupirant, secouant doucement la tête. Tu compte t'achever avec Romeo et Juliette ?

Au moins, il ne pouvait plus baisser le nez dans son livre maintenant qu'il était entre ses mains. Allez, prépare toi. Prendre l'air te fera du bien.

Et moi je n'avais pas envie que ma petite vie tranquille se termine avec une apocalypse.
Mais on à pas tout ce qu'on veut dans le vie. souligna Lex avec un air sérieux. Elle n'en démordrait pas, il aurait beau prendre cet air boudeur, ça ne changerait pas sa vision des choses.
Et puis au moins, prendre un peu l'air devrait chasser ses idées noires. Au moins une petite heure, espera t-elle sans pour autant le lui dire.
Promis. fit-elle avec un sourire sincère en écoutant sa question. Et t'aura même ceux là en prime, je les ai fini depuis un moment, ça te fera même de la lecture supplémentaire.

C'était un bon deal. Une promenade contre une avalanche de bouquins en tout genre. Récupérant sa veste qu'elle avait posé dans un coin en arrivant, lui laissant le temps de se préparer tandis qu'elle zippait la fermeture malgré la température douce de juin, elle ouvrit la porte en le laissant passer devant.
Tu sais, rester enfermé ad vitam eternam ici ne t'aidera pas à aller mieux. avait t-elle lancé presque avec innocence en l'attrapant par le bras, saluant d'un bref sourire les survivants qu'ils croisaient. J't'emmène juste prendre le soleil.

Ca par contre... C'était une demi vérité. Et Clive dût s'en rendre compte bien rapidement quand ils arrivèrent au niveau du parking et qu'elle lui tendit un casque tandis qu'elle récupérait le sien. Le soleil, l'air frais en zone safe, et une autre vision que tes quatre murs.

Elle jugea bon de rajouter le terme safe, de peur qu'il ne panique à l'idée de revenir en extérieur. Lui offrant un regard rassurant pour qu'il n'essaie pas de courir - ou boiter - à l'intérieur du lycée, elle lui posa autoritairement le casque sur la tête, clippant l'attache pour qu'il ne cherche pas à le retirer. Prends ça. fit-elle en tendant la veste en cuir que Fitzgerald avait accepté de lui prêter pour la sortie. Il te manque que le jean déchiré et tu ferai presque biker. ria t-elle en le laissant s'installer à l'arrière de la Harley, venant prendre place en démarrant le moteur. Mets tes mains là. Venant les saisir pour les poser contre ses hanches, elle attendit une petite seconde qu'il soit bien accroché pour démarrer en trombe. Le trajet ne fût pas bien long, alors qu'elle garait la moto près d'une vieille librairie que ses amies avaient eu l'habitude de fréquenter dans une autre époque. La zone à été nettoyée ce matin, alors ne panique pas. Retirant son casque en secouant ses cheveux pour qu'ils retrouvent un semblant de forme, Lex le laissa reprendre ses esprits avant de demander. Alors, cette expérience en moto ?

Il avait bien tenté de refuser l'éventualité d'une sortie en moto, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Et finalement, il s'était retrouvé devant ce lieu, alors que Lex encaissait sa tentative de crise de nerf en souriant légèrement.
Elle le laissa vider son sac sans pour autant répondre, le laissant aller jusqu'à réaliser ou il se trouvait.

Tu sera obligé de remonter sur cette moto pour rentrer. souligna t-elle presque avec un rire, rajoutant. Pour ce qui est des rôdeurs, le bruit ne les fera pas venir ici. Pas tout de suite en tout cas.


Ils avaient roulé à presque 100 km/h, avant qu'un quelconque mort ne se pointe ici en sprintant, ils avaient tout de même assez de marge. Et oui, c'est une librairie. C'est Fitzgerald qui est tombé dessus la dernière fois. Elle est impeccable.

A nouveau, un sourire naquit sur ses lèvres alors qu'elle s'approchait de la porte d'entrée. Ca doit être un des seuls lieux qui n'a pas été pillé ou squatté en réalité. expliqua t-elle avec douceur en poussant la porte, soulevant un amas de poussière en foulant le sol du bâtiment la première.
C'était une petite librairie comme une autre, qui avait au moins le mérite de ne pas être le théâtre de morts sanglantes, ou de vitres brisées. En dehors de la poussière accumulée, on aurait pu croire que l'endroit avait été quitté la veille. Du siège décalé du bureau à l'entrée, jusqu'à la tasse de café vide posée sur le plan de travail.
Et puis... J'me suis dit que ça te ferait du bien pour une première sortie, de te retrouver dans un environnement dans lequel tu te sens à l'aise.

Un instant, son regard capta le sien avant qu'elle ne détourne la tête vers la première étagère de livres, en prenant un au hasard. Comment tu te sens, depuis...

La dernière fois qu'un taré t'es tombé dessus. Elle ne le fit pas remarquer à voix haute, mais la question se suffisait à elle même pour comprendre de quoi elle parlait.