Re: Ain't no joy

Mar 14 Nov 2017 - 14:27

Ain't no Joy

Ft Swann & Czarek

Le rictus du gamin n'avait rien de naturel et lui en arracha plus douteux. Il disait se sentir bien, prêt à sortir, capable d'être comme eux... Comme Swann et elle ? Il ne serait sans doute jamais à leur image, mais si tel était le cas, la Canadienne serait la première à revoir son jugement. Blackmore était sombre, ravagé par l'apocalypse, elle l'avait vu mûrir en partant de rien. Des mois plus tôt il n'était qu'un gosse sans expérience, les entraînements l'avaient d'abord usé mais, par la suite, elle l'avait vu prendre son envol jusqu'à ce fameux jour à l'hôpital qui, bien qu'il ait mangé une balle dans l'épaule, resterait gravé dans sa mémoire pour une seule et unique chose : son absence de pitié pour quelques cloportes sans importance, sinon celle qu'ils avaient eu pour éviter aux rôdeurs de bouffer les membres de leur groupe. Alors entendre le Polonais lui certifier que s'ils y parvenaient il saurait le faire à son tour, la faisait marrer intérieurement. Elle n'en montra rien cependant, on verrait donc sur place une fois qu'une goule putride, éventrée et avide de chair humaine, se jetterait sur son petit corps frêle. Si telle chose arrivait, qu'elle n'avait pas l'oeil sur lui mais sur Swann, le gosse devrait très rapidement faire ses preuves faute de quoi – pauvre de lui – il rendrait son dernier soupir avant qu'elle ne lui plante – elle même – une lame dans la tempe pour terminer le boulot. […]

Une demi heure plus tard, n'ayant plus desserré les dents depuis l'instant où elle avait toisé l'armoire à glace qui leur servait de chauffeur, Joann observait le paysage qui défilait depuis la place du mort. Ce type, dont la barbe ne permettait guère de saisir avec exactitude le mouvement de ses lèvres, elle ne l'avait jamais côtoyé, pour autant il était suffisamment silencieux pour lui « plaire ». En sommes il faisait ce qu'on lui avait demandé et évitait de poser des questions. Quant à elle, Cain logea le coude contre la vitre et colla son poing fermé contre sa tempe pour observer les traits des deux garçons sur la banquette arrière. Les dires de Swann dans une oreille, le bruit des pneus sur l'asphalte dans l'autre, l'escort termina par sourire face aux potentiels réactions du novice. Bien des bleus avaient gerbé leur déjeuner lors de leur première sortie, il n'échapperait peut-être pas à ce baptême, ça avait le don de l'amuser même si, une fois sur place, elle ravalerait son côté « fun » pour n'être plus que le glaçon sans cœur que Blackmore connaissait. Elle ne pipa mot durant une bonne partie du trajet mais termina par froncer les sourcils dès lors que des détails, au loin sur la voie entourée de bois, se dessinèrent peu à peu. C'était quoi cette merde ? D'une certaine silhouettes bougeaient – sans doute quelques blattes – de deux, bientôt la brune distingua clairement la scène à en sentir son cœur cogner lourdement et de coller, sans attendre, une main sur le volant que tenait l'hispanique.

- Arrêtes la caisse. Siffla-t-elle en un regard entendu.

Le militaire obtempéra, inutile d'approcher trop et se faire encercler par une horde, certes il n'y avait que quelques saloperies debout un peu plus loin mais c'était davantage les bagnoles retournées qui l'invitaient au scepticisme. Des véhicules de chez eux... Merde, déjà son regard cherchait rapidement les traits de Blackmore dans le rétro et elle ne tarda plus à virer sa ceinture pour se retourner vers eux.

- J'vais voir ! Indiqua-t-elle avant de déposer les yeux sur le plus jeune de la bande. Habituellement, s'il n'avait guère eu sa sœur impliquée dans pareil merdier, Joann aurait quémandé à Swann de la suivre mais là, elle désirait simplement vérifier que Joy – et ce même si elles se détestaient mutuellement – ne faisait guère partie des cadavres ou des quelques corps, sûrement calcinés, étant donné l'état des bagnoles. Tu viens avec moi, Swann tu restes ici avec Santa Klaus pour le moment, faites gaffes. Lorsqu'il ouvrit la bouche, La Canadienne logea le creux de la paume sur ses lèvres en un sourire entendu. la ferme, on vérifie, je fais signe et vous rappliquez avec Sergio, okay ?

Malgré la première demande, Joann n'était pas sèche avec lui, il comprendrait qu'elle désirait simplement vérifier pour lui éviter un possible choc. Cependant, têtu comme il l'était, il n'obéirait sûrement pas. Cain quitta donc l'habitacle et fit signe au Polonais de la suivre. Ah il voulait être comme eux, alors il allait être servi, elle allait le faire entrer en scène sans tarder, il serait vite mis dans le bain. Lame entre les doigts, tout en marchant à ses côtés et en visualisant peu à peu les corps cramés, capturant par la même occasion l'odeur ferreuse du sang mêlée à celle de la mort et de l'essence, Joann ouvrit de nouveau la bouche.

- Tes tripes vont bien Czarek ? Un sourire mesquin étira la commissure de ses lèvres tandis qu'elle capturait l'air livide du gosse. Par la bouche, il te l'a dit... Évites de dégueuler au pire moment tu veux, les morts en ont rien à foutre de s'faire gerber d'ssus en revanche, Suspendit-elle en dressant la lame devant elle. plantes leur bien ça dans le crâne et tu seras tranquille. Pas ailleurs, s'ils sont trop grands, bourrine leurs rotules, attrape leurs vêtements et mets les au sol, ensuite tu les achèves.

Sur place, l'un des macchabées, entrain de vider de ses entrailles l'un des passagers masculins, ne tarda plus à se redresser vers elle. Joann le laissa venir, décryptant sa « fraîcheur », ce n'était pas l'un des leurs, il était crevé depuis plus longtemps que ça, les genoux donc.... Sans attendre, sa rangers rejoignit les rotules, une jambe céda puis en le voyant grogner au sol, elle se retourna froidement vers Czarek.

- Actives ! N'attends jamais, c'est toi ou lui, achève le et explore un peu la zone, j'suis pas ta nounou l'oublies surtout pas.

Reprenant l'exploration, Joann tenta de vérifier les traits des créatures, tous étaient morts, d'autres revenus à eux, l'horreur en sommes, mais pour l'instant aucun des deux qu'elle venait d'achever n'était Joy et lorsqu'elle se retourna, évidemment Swann et le barbu leur avaient emboîté le pas. La brune ne pipa mot, un simple roulement d'yeux fit l'affaire. Face à eux, des tripes collées entre les carcasses et le sol, une marre de sang noirâtre, des râles... Une odeur à vous retourner le cœur à chaque inspiration en somme, tout ce qui ne la touchait guère simplement car le seul – important ici bas – était debout et en pleine santé...