Le grand brun continuait de fouiller dans l'armoire, essayant de sélectionner les vêtements au coup d'oeil, et balança ceux qui lui semblaient plutôt correct sur le lit. Pour le coup, il n'allait pas forcément faire l'homme difficile pour le coup, et prenait surtout des vêtements qui lui semblaient suffisamment chaud. Et comme il savait que le printemps allait revenir bientôt, il ne les utiliserait pas bien longtemps. Heureusement ! Que dirait April si elle le voyait avec des fringues vieilles comme le monde ? Elle se foutrait de lui, très certainement.
Enfin, l'ancien agent immobilier s'assit près d'Heather, et l'écouta alors un instant, avant de se pencher pour récupérer certaines des affaires qu'il avait au préalablement sélectionnés, mais qui n'avaient pas réussi à atteindre le lit.

- Les pauvres. Bon, au moins, ils n'auront pas loupé grand chose. D'un côté, c'est l'avantage de la "sélection naturelle" ! Il ne put s'empêcher de rire un peu, puis repris rapidement. Bon, par contre, même si la criminalité est en chute libre, elle reste quand même très présente avec le peu de population qui reste. Donc bon, oui et non, je trouve.

Puis, il lui montra plusieurs des vêtements qu'il avait choisi, et il ne put s'empêcher de froncer un peu les sourcils, et de lui faire une tape sur l'épaule en lâchant un petit son de mécontentement.

- Oh, eh ! Tu crois vraiment que j'ai le choix ? C'est pas de ma faute si le type s'habillait mal, hein ! Et ne dis rien à April, sinon je vais faire en sorte de te trouver des vêtements encore pire que les miens !

Il rit un peu, et se leva. Enfin, il attendit qu'Heather s'en aille, pour ensuite mieux se vêtir. Il décida donc d'enfiler deux des sweats qu'il avait sélectionné, laissant celui qu'il avait, rempli de sueur, de sang, et qui sentait une forte odeur d'homme. Les sweats étaient un poil trop grands et imposants, alors il se sentait légèrement comme un bibendum, mais il arrivait encore à se mouvoir suffisamment. Mais surtout, il avait l'air de paraître ridicule, vraiment. Tant pis. Il se redressa, renfila son manteau qui n'était pas très chaud, et alla ensuite vite à son tour dans la salle de bain. Il alla à son tour y fouiller, et découvrit ranger dans un coin plusieurs rasoirs, et les pris sans hésiter. Se refaire une petite beauté ne ferait pas trop de mal.
Enfin, il descendit et alla à la rencontre d'Heather qui semblait avoir fait ses petites courses. Elle était en train de lire, l'attendant. Kerwan ne put s'empêcher de sourire grandement lorsqu'il vit le paquet de PQ sur la table, cela lui rappelait sa chiasse en automne dernier; ce n'était vraiment, mais vraiment pas drôle. Enfin, il se posta juste devant la jeune femme.

- Les nouvelles sont intéressantes ? Pas trop de famine dans le monde ou d'accidents tragiques ? Dans ce cas, plions bagages et rentrons. On a un animal qui attend d'être mangée, je te rappelle.

Lorsqu'il entendit les mots "période gothique", il ne put s'empêcher d'éclater un grand coup de rire. Il imaginait tellement mal Heather avec des cheveux noirs, une frange un peu longue, des pantalons léopard ou encore des vêtements tout noirs avec d'éventuelles têtes de mort ou des roses, des chaussures à clous ou compensées de dix centimètres, voire même le maquillage tout noir.

- Toi ? Heather en gothique ? Naaaaaaaaaaan ! J'y crois pas ! Je payerais très cher pour voir les photos dossiers !


Après avoir bien rit et après s'être bien rhabillé -mais particulièrement mal-, il avait rejoint la jeune femme. Néanmoins, lorsqu'il arriva à sa rencontre, il senti un moment qui fut extrêmement gênant. En effet, dès lors qu'il entendit sa coéquipière éclater de rire, il tourna un peu la tête, haussant les épaules et soupirant fortement. Le rouge lui était monté au visage, de honte. Il plissa un peu les yeux, et lorsqu'il remarqua du coin de l'oeil qu'elle en avait même des larmes, il fronça un peu les sourcils. Bon, au moins, Heather vivrait un peu plus longtemps, et ce, grâce à lui. Alors au fond, il en était plutôt content, car la thérapie du rire était le meilleur remède pour rendre les gens heureux -et éviter de trop penser à toute cette merde qui se tramait dehors-.
Puis, la jeune femme lui fit un rapide topo de ce que devait être le monde quelques années auparavant toute cette catastrophe. Le bon vieux temps lui manquait atrocement. Il ne put s'empêcher d'avoir un repas porté un instant dans le vide, avant de sourire tristement. Sortir sans crainte d'être bouffé, avoir un travail, aller faire ses courses, trouver de la nourriture en abondance, traîner le soir après le boulot, avoir de l'eau potable et de l'électricité à foison; tout cela lui manquait. Et son chez lui, à Orlando, lui manquait. Son chez lui avec ses consoles, ses jeux et son PC. Tant de choses lui manquaient désormais, et il était persuadé que, de son vivant, il ne pourrait goûter de nouveau et revivre à cette forme de "luxe".

- Il connaît déjà son destin, pauvre petit.

Mais heureusement que les journaux n'avaient pas tous été brûlés ou complètement détruits ou décomposés; ils serviraient de papier-toilette de secours.

Enfin, il était temps pour les deux de repartir. La jeune Heather lui avait fait signe de sortir, alors il ne tarda pas à s'exécuter, derrière elle. Il avait remplacé le PQ qu'il avait entre ses mains par la hache, et après avoir effectué une énième vérification, les deux prirent le chemin du retour, direction la maison de retraite.
Ce soir, ils mangeraient pas trop mal. Et en plus, ils auraient le luxe de se torcher les fesses avec un rouleau de papier-toilette neuf, voire même un journal, pour les moins "chanceux". Mais Kerwan avait pu bouger aujourd'hui, et cela lui avait fait grandement du bien.