Décidément, l'inconnu en question n'avait peur de rien et la russe étira une grimace face au petit rictus moqueur qui peinait à disparaître sur ses lèvres bien pendues. Elle s'en détourna ensuite vers son compatriote pour croiser son regard qui en disait long avant de lui rendre un hochement de tête approbateur. Si il voulait cogner, qu'il fasse, c'était amplement mérité et elle n'en restait pas moins pleine d'admiration pour le self-control du sportif, elle même aurait sans doute craqué avant. Malheureusement, à mesure que les échanges avançaient le petit con prenait une position bien défendable en affirmant posséder des informations qui aideraient grandement la russe dans sa quête.

Son croisement de bras sous sa poitrine ayant pour but de se rapprocher des crosses de ses armes ne passa pas inaperçu aux yeux de la grande gueule qui l'ouvrit à nouveau, l'invitant à reprendre la route en oubliant les menaces. Le No Man's Land n'était plus très loin, à quelques croisements de rues, et il était bien là le problème, la séparation ne devait pas se faire s'y vite. La "peste" en question l'intéressant maintenant au plus haut point. Quelle survivante du lycée pourrait bien profiter de ce charmant titre ? Cheyenne ? Non, elle n'était plus... Alex ? Non, avec les blessures qu'elle se traînait, elle avait du y succomber, paix à son âme. Kaycee ? Possible, la dure phase de l'adolescence n'épargnait personne. Le reste de la gente féminine de survivantes n'en restait pas moins adorable dans leur genre, que ce soit Calypso, April, Thalia ou Emerson, aucune d'elle ne pouvait porter un tel qualificatif aux yeux de la tatoueuse. Alors qui ?

S'arrêtant à nouveau sur place, elle cala ses mains dans les poches de son cuir pour y écarter la précédente menace et placer de nouvelles négociations. "On y est prrresque et on cherrrche peut-êtrrre les mêmes connards, ouais. Mais j'ai quand même besoin de savoirrr de quelle peste tu parrrles. Donnant, donnant quoi, tu me dis qui elle est et on reprrrend la rrroute vers le saint Grrrraal." Là où la marche se voyait à nouveau stoppée et pour les nerfs de Connor, elle glissa son sac à dos devant elle pour en sortir sa petite flasque métallique gravée d'un marteau et d'une faucille. Elle lui tendit le précieux nectar dans un léger soupir, un peu de wkisky trente-ans d'âge ne faisait jamais de mal, au contraire.

Ils y étaient presque d'après ce que disait la soviet', la question était de savoir s'il était compris dans ce "On". Il y avait de quoi se la poser alors qu'elle observait un nouvel arrêt, l'interrogeant encore sur un point auquel il ne comptait pas ajouter un mot de plus. Il n'avait aucune envie de lui répondre, ce qu'il souhaitait, c'était sortir son flingue et leur coller sous le nez en les sommant de ne pas les suivre pendant qu'il prendrait ses jambes à son cou.
Mais les échanges de regards entre les deux compères et l'excitation qu'il ressentait chez la brune l'obligeait à se plier aux interrogations émises. Il débina son regard aux alentours, à la recherche d'un bâtiment pouvant ressembler à un squat mais rien ne semblait habiter autour d'eux.

- C'est là bas ? Interrogea-t-il en pointant ce qui semblait être une usine. Le regard qu'il reçut en retour et le son des phalanges craquelant derrière lui finirent par le faire passer à table. Bon ok, elle se fait surnommer Lexy ou un truc du genre, c'est comme ça que son copain coincé du derche l'appelle. Et maintenant ? Ton copain va m'éclater le crâne avec son morceau de métal? Putain faut vraiment être débile pour suivre deux tarés dans votre genre ! Conclut-il à sa propre personne. Il était fini maintenant, pour sûr.

Et il se sentait vraiment bête, une simple virée macabre pour écrire des mots sur les morts gelés en espérant que la fameuse "Victoria" tant recherché tombent un jour dessus, si les corps ne finissaient pas en Californie bien entendu et il était maintenant à quelques secondes d'une exécution sommaire.
Il se l'était promis, s'il devait mourir de la main d'un vivant un jour, il le ferait avec la manière ! Tournant le dos, il s'agenouilla à terre et finit par déblatérer ce qu'il croyait être ses derniers mots :

- Allez le costaud, fais toi plaisir maintenant ! Allez vous faire foutre !

Avec toute l'arrogance dont il savait faire preuve lorsqu'il savait que sa langue devenait la seule arme à sa disposition, il fronça autant qu'il put les sourcils à s'en rider le front.
Ses dernières pensées s'en allaient vers sa soeur et la jolie blonde qui partageait sa chambre à Cascadia, il attendait maintenant la lumière...

Roza avait visiblement le don pour agiter leur nouveau partenaire de route. Même si celui-ci était destiné à ne l’être encore seulement pour quelques mètres, Connor n’eut aucun mal à remarquer la pointe de nervosité qui traversa son regard lorsque la russe insista pour obtenir des réponses. Un froncement de sourcil plus tard, il ne put vraiment comprendre ce que le New Yorkais disait concrètement. Son regard coula vers Roza pour essayer de voir si ça lui disait quelque chose pour sa part, ça semblait troublant :

« Tu connais une Lexy ? » Demanda-t-il simplement, faisant fi de la suite du discours de Finan. « Ou… Un coincé du derche ? » Reprit-il.

L’idée était de ne pas penser à Ludwig. Il eut cependant un sourire amusé parce qu’il ne put s’empêcher de le faire de toute façon. Le norvégien avait un don pour avoir l’air coincé lui aussi, naïf serait certainement plus juste dans le genre. Il se contenta de froncer les sourcils en confirmant les propos de Finan :

« Ah ça, oui, faut être sacrément con effectivement. » Appuya-t-il.

C’était comme frapper un homme déjà à terre, mais Connor ne voyait pas de raisons de se priver pour sa part, ça lui faisait bien trop plaisir. Et puis, puisque le zig s’était monté la tête – visiblement persuadé qu’il allait le descendre – pourquoi devrait-il tempérer ses ardeurs ? Le blond voyait là l’occasion rêvée pour se passer les nerfs, et ça ne serait probablement pas Roza qui viendrait l’empêcher de passer ses nerfs. Ça lui permettait d’échapper à la flasque de whisky, à profiter d’une rasade qu’il fuyait suffisamment comme ça. Un sourire victorieux plus tard – qui n’augurait rien de bon pour Finan – il vit ce dernier s’agenouiller, prêt à accueillir la mort.

« Tiens-moi ça. » Demanda-t-il simplement à la russe en lui tendant sa batte en acier.

Elle en prendrait soin.

Lui posa simplement la main sur l’épaule du jeune homme, pour le forcer à se retourner. Non, il n’allait pas le descendre. Mais lorsqu’il se retourna doucement pour voir ce qu’il se passait, Connor lui colla une bonne droite sur le coin de la mâchoire, et l’envoya à terre à la suite. Ses phalanges craquèrent, il relâcha sa paume, secoua la main et ne s’arrêta que pour se mettre au-dessus de Finan :

« Alors, c’est comment ? » Questionna-t-il avec un grand sourire moqueur.

C’était de la part de Connor Shefield, le petit péteux des Lovable Losers.

C'est qu'il désignait la bonne direction en plus le cadet, cependant la russe n'était pas encore ouverte à jouer les guides, elle avait besoin de réponses. Joignant alors ses poings devant elle pour en craquer ses phalanges, elle ouvrit bien ses écoutilles en l'écoutant enfin répondre à ses interrogations sans détour. Lexy ? Mais putain, c'était d'Alex dont il parlait ! La description de la "peste" lui sautait enfin aux yeux, il était vrai qu'elle avait son caractère. Pour le "coincé du derch'" elle ne médita pas bien longtemps, de ce qu'elle savait Clive était à ses côtés lors de leur fuite, ça ne pouvait être que lui et la description lui allait plutôt bien.

"Oui... je... je connais ces deux là."  Battant des cils, il lui fallut de bien longues secondes pour se remettre les idées et accepter ce don que lui apportait Finan. Un temps que choisit son partenaire pour s'approcher du jeune qui se voyait déjà passer de l'autre côté de la barrière. Une scène qu'elle ne put pas vraiment comprendre, ni assimiler, bien trop occupée à méditer sur ses propres sentiments tout juste secoués avec véracité. Elle attrapa donc la batte du sportif sans vraiment tiquer sur le coup.

"Hein ? Non ! Connorrr !" Et le coup qu'elle vit venir bien trop tard partit tout de même en plein dans la mâchoire de son messie, merde alors. Bon, dans un sens, il l'avait un peu mérité mais il fallait encore que la russe lui demande quelque chose, elle pria donc silencieusement pour qu'il soit encore coopératif tout en s'approchant de lui une fois la batte rendue à son propriétaire.

"'Lex et Clive sont des prrroches... On était dans le même camp avant qu'on se fasse allumer la gueule et on s'est paumés en chemin." Il devait s'en foutre des détails, surtout maintenant qu'il venait littéralement d'en prendre plein les dents. "Le No Man's Land est juste à côté de l'usine." Elle fouina ensuite dans son sac pour en sortir un livre, Métro 2034, la suite directe du 2033 qu'elle avait offert à Clive plusieurs mois auparavant. Elle venait tout juste de le terminer, c'était l'occasion d'en faire un don. "Excuse Connorr... et.. heu... dis... tu veux bien filer ça à Clive de ma parrrt, s'il te plait ? Je conviens que ça crrraint le rrrôle de messager, alors librrre à toi de refuser, je taperrrai pas, mais ce serrait cool quand même si tu acceptais." Qui ne tente rien n'a rien, elle lui tendit alors le livre sans trop y croire. Au fond, elle aurait aimé qu'il en fasse bien plus, qu'il les amène à elle ou à son camp mais elle se doutait bien que c'était trop demandé, surtout après la démonstration d'un Connor pas content. Un mal pour un bien, la russe n'était de toute façon pas prête à les mêler à sa guérilla, autant les laisser en paix...

La main qui se posa sur son épaule l'invita à se retourner et à peine ses hanches avaient-elles chavirer en direction de celle-ci que le poing du sportif vint s'écraser sur ganache, fortement, proprement... Pendant quelques secondes il n'aperçut plus rien, quelques sons inaudibles autour de lui, puis une douleur épouvantable venant lui chatouiller les gencives suivit pour finir du goût écœurant de son propre sang lui titillant les papilles.

Puis enfin une vision stable du sportif enragé qui s'était précipité sur son corps inerte afin de l'achever.

- Tou f'appes com'e h'une 'onzesse balbutia-t-il en lui recrachant au visage la marre de sang qui dégoulinait dans sa bouche. Son ultime provocation eut l'effet escompté, le pain gratuit lui fût offert et bientôt les étoiles qui vacillait devant de lui lui firent regretter amèrement d'avoir profité d'une telle promotion. Ok... j'me... calme.

Il se releva bien difficilement et constata avec surprise le visage de la brune qui lui confiait connaître les deux membres de sa famille qu'il avait voulu protéger en les méprisant par son mensonge. Pour le coup, son nez le faisait affreusement souffrir après le second coup asséné par Connor et pourtant, cette déclaration lui indiquait qu'il était tiré d'affaire, autant ne pas remettre de l'essence dans le zippo. Aussi préféra-t-il se montrer coopérant et abandonner ses airs arrogants.

- Ils vont bien... et je les connais un peu plus que ce que j'ai pu te laisser penser se confessa-t-il finalement en tendant la main pour attraper le bouquin avant de le fourrer dans son sac. Je suis donc libre de partir ? J'vais pas te mentir mais j'ai pas trop envie de rentrer là bas avec ton copain le colosse.

Il jeta un dernier regard froid à l'ancien joueur de baseball avant d'échanger une poignée de main avec sa comparse. Peu lui importait ce qui venait de se passer, cette Roza était une amie de ses amis et il était certain de pouvoir rejoindre ce fameux No Man's Land quelques heures plus tard, il avait confiance. Mais il n'y mettrait pas un pied tant qu'il ne les aurait pas vu partir elle et lui, d'abord pour s'assurer que la brune n'ait pas l'idée de le suivre et puis surtout parce que jamais plus il n'espérait croiser la route du Iron Fist des Lovable Losers.