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Finalement les avis de chacun était bel et bien de se rendre chez les Chambers et ''discuter calmement'' sur le fait qu'il ait à se retirer de la gestion du groupe. Les choses ne seraient pas si simples, Davis le savait, mais s'ils voulaient y croire et prendre ce chemin, celui de l'agressivité ne serait sans doute pas plus facile alors soit, ce n'était pas son affaire de toute façon. Ils n'avaient qu'à gérer ces affaires politiques de leur côté, tant que ça n'affectait pas sa branche à lui qu'importait, et mieux valait que ça ne l'affecte pas, parce-que s'il était du genre à se montrer très je-m'en-foutiste sur beaucoup de choses, ce n'était plus le cas concernant son boulot.

Mais apparemment si. Il devrait aller les assister pour représenter le côté scientifique mais... quel rapport ? Les sourcils froncés, il avait soupiré au coup de coude de sa jumelle, lui intimant d'un regard d'y aller. Soit, il avait plus de responsabilités qu'il ne le laissait entendre et les endosserait le temps qu'ils soient tous contents, histoire qu'ils ne le fassent plus chier par la suite. Donovan appuya qu'ils devaient en effet y aller, Clayton qu'Ela serait plus apte que lui.

Et Stanley repartit tout feu tout flamme. Qu'il avance qu'Ela et Clayton suivraient importait peu au fond, mais la suite... Davis grinça des dents, l'air d'un seul coup bien plus menaçant qu'à l'accoutumée. Donner l'exemple ? Remettre en jeu leurs postes ? De quoi était-il question au juste ? Faire tomber Chambers ou foutre en l'air le peu d'organisation viable de ce foutu camp ? L'écoutant sans prendre la parole pour l'instant, le quarantenaire attendit qu'il ait enfin terminé son blabla visant à motiver les troupes avant de parler à son tour. « Ravi de voir que tu es pour le changement, Maverick, mais comme tu l'as dit : tu n'as aucun avis à émettre du côté scientifique, et je n'ai aucunement l'intention remettre mon poste en jeu et le laisser entre les mains d'incompétents. » Son regard avait coulé vers les quelques scientifiques présents dans la pièce, sbires qui ne bronchèrent pas, sachant bien qu'il n'en démordrait pas et que dans le fond, il était le plus apte à mener les recherches. Recalant alors ses orbes clairs sur le jeune militaire bien trop virulent à son goût, il reprit. « J'irai avec vous représenter mon côté et appuyer cette volonté de changement, mais ne mélangeons pas tout : les décisions politiques de Chambers n'ont strictement rien à voir avec les autres corps représentés dans le camp. Alors chaque chose en son temps : faire comprendre au sénateur qu'il n'est pas qualifié pour diriger le groupe et trouver son remplaçant, point. » Son ton avait été sans appel, il était hors de question qu'il lâche ses responsabilités pour qu'un autre bien moins compétent gère cette partie et, quoi qu'il en soit, ce n'était assurément pas à Maverick de décider de la pluie ou du beau temps ici. Si le jeune homme avait d'un seul coup l'impression de se sentir pousser des ailes, Davis, lui, savait pertinemment ce que lui-même valait et quel poids il avait. Il tâchait cependant de rester plus ou moins calme, malgré son regard assombri par la colère de cet imbécile qui ne savait même pas de quoi il parlait.

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Joann ne doutait pas que sans les interventions de Ela et June, certains se seraient empressés de sortir leurs massues pour dégager le sénateur, du bureau tant convoité. La solution de force et du peu de jugeote qu'avait la majeur partie des types ici présent... Il suffisait de s'attarder aux maints beuglements ponctuant les phrases de Stanley ou d'autres, pour comprendre que l'intellect de la plupart était atrophié par ce désir cuisant de frapper plutôt que d'user des neurones encore intacts qu'ils possédaient. D'ailleurs la Canadienne s'étonnait encore de ne guère avoir entendu quelques « A mort ! » qui auraient eu le mérite de faire comprendre aux plus pacifistes des lieux que leurs tâche diplomatique ne serait guère évidente. Mettre en place pareille conversation restait simple certes, mais la contenir alors qu'un tas de crétins n'était là que dans le but de se défouler physiquement, histoire de calmer les démangeaisons de leurs poings, était une autre paire de manches.

Lasse, à son regard, les choses étaient dites non ? Amrani et Phelbs s'accordaient, Stanley tentait même de poursuivre sur le chemin dessiné par ces deux femmes, quant à Donovan, il appuya sans mal cette décision en évoquant que certains proches du sénateur n'avaient aucun rapport avec ses choix merdiques. Ça se décantait enfin, et lorsque la voix de Swann caressa son oreille, Cain esquissa un sourire quant à la véracité des propos.

Prête à lui répondre, elle se tue lorsqu'un enfoiré beugla que Floyd n'était pas le meilleur placé pour représenter les militaires. Encore un qui croyait mieux faire sans pour autant avoir été capable de songer par qui remplacer celui que tous désiraient voir quitter son poste. Evidemment Stan en profita pour tenter d'évincer Rence et Donnie... Mais que cherchait-il bon sang ? Eux n'avaient été que voués au silence, ils changeaient de bord à l'instant, appuyaient les décisions du reste de l'assemblée, pourquoi diable auraient-ils dû démissionner ? Seuls les cons ne changeaient guère d'avis, le fait que deux de ses amis l'aient fait, malgré le silence quémandé par le Sénateur, ne prouvait-il pas qu'ils désiraient ce changement autant que les autres ? Prête à rétorquer, quitte à en déplaire à Stan, Davis lui coupa l'herbe sous le pieds à en reporter le regard brun de l'escort-girl contre lui. Et ne put que sourire à sa conclusion sensée.

- Tous n'sont pas responsables des conneries d'un vieux con trop sénile pour diriger. Elle appuyait Lawrence, Donovan par la même occasion. J'comprends ton agacement Stanley, mais virer tout le monde alors qu'un seul et même connard fait à lui seul tout un tas de conneries, prend tout un tas de décisions qui mettent en péril la pérennité d'ce camp, c'n'est pas juste.

Elle appréciait Stanley certes, mais évincer tout le monde en reviendrait à quoi ? Placer un abruti en tant que chef des militaires et une blouse blanche, dont le lait coulait encore du nez, en guise de leader scientifique ? Et ensuite ? Ils finiraient tous comme ceux de l'extérieur car les nouveaux responsables étaient bien incapables de gérer contrairement à ceux fait pour : des sauvages qui s’entre-tuaient les uns les autres car rien ne fonctionnerait plus logiquement.

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Stan s’était attendu à des protestations de la part des intéressés. Il n’était pas surpris, ces hommes n’étaient finalement ici que par opportunisme et espéraient bien défendre leur bout de gras. Seulement il n’était plus question de ça. Le jeune homme écouta Lawrence s’insurger, puis il dévisagea Joann, déçu par son intervention. Qu’avaient-ils partagés ces derniers mois pour qu’elle reste persuadée que Floyd était blanc comme neige dans les merdes qui avaient secoué le camp ? Il baissa les yeux pour échanger un regard avec Casey.

- La horde qui envahit les rues de notre ville par exemple ? Cette « connerie » n’appartient qu’à Chambers ? Il avait haussé les sourcils. On l'blâme parce que c’est un incapable, et on est tous d’accord. Mais le remplacer ne nous apportera pas le changement qu’on désire ! Parce que toutes les mauvaises décisions ne lui appartiennent pas ! Tu l’as dit Davis : il ne gérait rien tout seul. Et si j'ai bien compris, t'as ta part de responsabilité aussi... Alors oui, il n’y avait aucune raison de ne pas questionner la position du scientifique aussi. Il reçut quelques encouragements plus ou moins assumés de la foule, comme d'Elias et Armand. Puis remettre vos postes en jeu ne veut pas nécessairement dire que vous les perdrez… ajouta-t-il néanmoins, en haussant une épaule. S’ils se pensaient si légitimes, quelle inquiétude pouvaient-ils avoir ? Ils retrouveraient leurs fauteuils sans problème…

Cependant les arguments que June souleva ensuite se trouvèrent médiateurs. Elle avait raison, ça pouvait attendre. Elle promettait du changement, mais uniquement dans un second temps. Après l’éviction de Chambers et donc la nomination de ce fameux « leader » ! Mais sur quels critères ? Mystère... Stan voulait l’inverse : voir de nouveaux responsables et que tout cela mette en lumière un individu qui les porterait. Ce n’était qu’une différente approche, et le jeune homme aurait pu l’évaluer si la rousse ne choisit pas subitement de l’évincer. Et avec lui tout le « mouvement » que d'une certaine façon il représentait. Il haussa un sourcil. Ben tieeens ! Il fut obligé de sourire.

- Je ne sais pas ce qu'en pense les autres, répondit-il avant Ela, mais vous êtes très amie avec Mrs Chambers, Miss Phelbs, non ? rétorqua-t-il dans la foulée, très calme. Est-ce qu'on ne frôlerait pas le conflit d'intérêt ? Il lui envoya un sourire. Le sous-entendu était clair : pouvaient-ils tous lui faire confiance ? Devait-il ajouter quoi que ce soit ? Il avait sa place bien autant qu'elle dans ce combat. Ne me sous-estimez pas, je sais m'tenir ! La rue pourra se passer d'moi. Je crois au contraire que quelqu’un de réellement dévoué à cette cause est important pour cette entrevue. Car contrairement à ce qu’elle pouvait bien penser, cette « révolution » ne commençait pas aujourd’hui, simplement parce qu’une poignée de notables avait finalement décidé d’en faire partie ! Ça faisait des semaines qu’une bonne partie d’entre eux s’agitait ! Et si Stan et ses amis n'étaient pas à l'origine de cette réunion aujourd'hui, c'était un simple concours de circonstance... N'est-ce pas ? Conclut-il en s'adressant à bon nombre des gens présents dans cette salle : les militants !

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Il y eu des contestataires, mais dans l’ensemble, sa proposition intéressait la plupart de l’assemblée. Ela avait inclus Stanley dans cette délégation, mais June ne semblait pas de cet avis. Il est vrai que si l’israélienne ne pouvait contester l’autorité de Stanley sur le terrain, les négociations politiques étaient une autre paire de manches. Et Stanley grignotait déjà beaucoup. Il était important de calmer ses ardeurs, s’il n’était peut-être pas de taille pour des négociations diplomatiques, il avait le charisme des foules, ce qui était tout aussi dangereux. Elle ne doutait pas que la plupart des personnalités présentes ici le suivraient, les armes au poing, pour obtenir ce qu’il désirait. Mais après ? Un changement de pouvoir pouvait se faire sans violence, elle y croyait.

June la rejoignit, descendant de la table pour tenter de couper Stanley dans son élan. Lawrence était réfractaire à céder son poste. A dire vrai, Ela n’en voyait pas la nécessité. La notoriété de Lawrence le précédait, ses pairs l’auraient élu comme représentant. Et elle avait une totale confiance en Donovan, mais elle se garda bien d’en parler. Elle avait écouté tout le monde, réservant son opinion. Jusqu’à ce que Stanley attaque June sur son affinité avec Madame Chambers. C’était bas. Vraiment. Stanley voulait en être, mais était-ce vraiment judicieux ? L’avocate finit par se tourner vers elle, lui demandant son avis. Elle prit le temps, avant de regarder Stanley. « Me fais-tu confiance ? » La question pouvait le déstabiliser aussi, elle développa. « Tu ne l’ignores pas, j’étais l’épouse de l’Ambassadeur d’Israël, je fais partie de ce système. » Dit-elle en désignant June et son statut d’avocat du diable. « Phelbs a bien une amitié avec Chambers, je les ai connu aussi, jusqu’à ce qu’ils nous évincent mon mari et moi, malgré l’aide que nous aurions pu fournir. » C’était peut-être présomptueux, mais à cause de leurs origines, les Amrani avaient été écartés, alors que leur expérience d’un pays en crise aurait pu les aiguiller.  « Aujourd'hui, mon mari est mort à cause des mensonges du Sénateur Chambers. » Sa voix se fit un peu plus dure, pour ne pas trembler. « Tu m’entraines depuis un an, tu me connais sur le terrain. Je suis une civile qui veut défendre les siens, comme toi j’en appelle à l’unité et à la transparence. » Elle ancra son regard dans le sien. « Me ferais-tu confiance pour défendre tes intérêts, nos intérêts… en toute diplomatie ? » Parce que c’était ce qu’elle proposait. Dans le fond, la fougue de Stanley serait plus utile ailleurs, dans les rues, auprès des habitants. Pour convaincre les habitants du Fort de s’unir, d’être ensemble. Ela proposait ses compétences pour défendre ses idées. La question était donc importante ; si d’autres lui faisaient confiance, le ferait-il ?

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