Pourquoi Diable certains désiraient automatiquement en arriver au sang, à la guerre, lorsqu'il existait des façons de faire plus civilisées ? N'était-ce pas ça d'ailleurs que le camp prônait ? La vie malgré la mort, une existence plus paisible que celle qu'elle avait connu au dehors avant de tomber sur eux ? En y songeant, la jeune fille observa Swann qui s'entretenait avec celle qu'elle aurait dû oublier sans se soucier du fait qu'elle puisse encore respirer. Car quand la voix de Stanley retentit de nouveau, accompagné des paroles dures d'un autre homme, ses yeux bifurquèrent sur Phelbs à qui elle devait le fait d'être encore présente parmi eux. Tandis que l'avocate se ralliait à la cause de l’israélienne, la gamine soupira. Fort bien, elle n'allait guère devoir trahir les siens pour se protéger et prouver sa bonne foi à l'avocate.

Un poids quitta son cœur, néanmoins Monsieur Davis, suivi de Joann, semblèrent remettre en cause les dires du jeune militaire encore campé sur la table qu'avait quitté June. Même si elle ne les appréciait pas beaucoup, eux aussi semblaient s'accorder sur le fait que tous n'étaient guère fautifs, mais quand bien même avait elle prôné que l'erreur était humaine plus tôt, tous ces gens se fichaient bien de son avis hormis celle à laquelle elle offrit un sourire d'encouragement. Merl avait porté son nom, Clayton tout autant, Ela était diplomate dans l'âme, et malgré son aversion envers elle, June Phelbs semblait l'être tout autant.

Muette, Collins croisa les bras sur sa poitrine et suivit d'une oreille ce que Maverick disait avant d'être pris dans les filets de la rousse. A ses yeux, sans doute car elle n'avait jamais eu affaire à lui avant, Floyd ne méritait pas ces affronts. Il n'avait rien dit, pas même clamé qu'il se joindrait à Davis, Phelbs et Ela. Pourtant l'ami de Swann s'accrochait au fait que Donovan n'avait guère sa place en tant que chef des soldats. Était-ce une affaire personnelle que tentait de régler le jeune homme ? Peu importait, elle ne le connaissait que peu, n'avait guère d'affinité avec lui. Pour lui avoir appris ce qu'elle savait, lui avoir permis de s'en sortir, Evelyn tiendrait toujours en estime le trentenaire près duquel elle se tenait. Il avait son soutient, même s'il râlait sur elle, Collins savait qu'au fond c'était uniquement pour son bien... Sans lui, si elle avait quitté les murs sans sa formation précieuse, elle serait sans doute morte à l'heure actuelle. Pour autant, le souvenir du séisme bien présent lui rappela que Stanley et Casey, eux aussi, l'avaient aidé... Alors elle secoua les épaules comme pour chasser l'étrange culpabilité ressentie et se concentra sur les paroles de Ela que venait d'interroger l'avocate.

- Moi je te fais confiance Ela. Lanca-t-elle pour appuyer le discours de l’israélienne qui résonnait en elle. Je suis pour que Monsieur Davis, Madame Phelbs et Ela discutent avec le sénateur. Elle n'avait mentionné personne d'autre.

Cependant, Evy espérait encore que Donovan change son fusil d'épaule et croisa son regard comme pour l'inciter à se joindre aux autres. Elle ne dirait guère son nom s'il ne le désirait pas néanmoins.

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Joann remarqua bien le regard de Stanley. Elle l'appréciait certes, mais la raison principale de l'assemblée concernait le Sénateur et ses décisions de merde, pourquoi fallait-il qu'il veuille tout dégager d'une traite ? Si la Canadienne avait le cul entre deux chaises ? Autrefois ça aurait été le cas, choisir entre Maverick et Floyd ne lui serait guère venu à l'esprit et d'ailleurs, sans doute n'aurait-elle fait aucun choix et serait restée neutre, cependant elle avait Swann désormais, et un poids conséquent pesait sur les épaules de l'étudiant au point que ses choix définissaient clairement ce qu'elle désirait avant tout : assurer leurs miches à l'un et à l'autre. Certes parfois la trentenaire s'était imaginée Stanley prendre la place de Floyd, mais à le voir s'agiter ainsi en ce jour, elle revenait lentement sur sa décision. S'il détestait Chambers pour ses mauvais choix, s'il désirait ainsi évincer Donovan de sa place, comme Rence de la sienne, que penserait-il du fait que son élève et ami ait pu torturer un type pour avoir ne serait-ce qu'imaginé la toucher elle ?

Non, autant qu'il ne saurait jamais rien de cette histoire, autant elle imaginait sans doute Donovan plus apte à comprendre pareil geste quand il ne désirait que protéger les proches de ce vieux con qui leur servait encore de leader. Elle se fourvoyait peut-être, mais avec Lawrence et Donovan à leurs places, hypothétiquement Ela et Phelbs pour les mener, Cain serait plus sereine que si Clayton, Merl, Jason, Lucas ou même Aaron, et bien d'autres têtes creuses, décidaient de qui devait les mener.

Ses yeux allaient et venaient entre Maverick et Phelbs. Stanley taclait où ça faisait mal, néanmoins la rouquine avait un mordant qui séduisait la Canadienne. D'ailleurs, ses doigts cherchèrent ceux de Swann, pour qu'il comprenne que bien qu'elle n'ait guère eu le temps de répondre à ses dires, elle le soutiendrait comme lui l'avait soutenu et pas uniquement dans cette salle. Stanley avait apporté un argumentaire que son interlocutrice contra sans mal avant de chercher l'appuie d'une Ela plus convaincante. Même si elle le l'avouerait pas, Cain avait confiance en elle pour dialoguer en compagnie de ceux cités plus tôt et lorsque Donovan reprit la parole, la jeune femme réprima un rictus. Stan lui en voulait. Mais S'il était à la place de Floyd ne ferait-il pas de monstrueuses conneries lui aussi, ne désirait-il pas à cet instant que la niaise lui clame que tout Humain avait droit à son lot d'erreurs ?

Alors, Joann fixa Donnie qui prenait conscience qu'on avait encore confiance en lui pour se joindre à ceux désireux de s'entretenir avec Chambers et défiait Maverick de prendre part à son tour... Stan n'avait qu'à dire oui s'il désirait prouver qu'il n'avait aucune rancune capable de foutre en l'air ce qu'il idéalisait depuis quelques temps déjà... Peu lui importerait la présence de son supérieur dans ce cas.

- De combien de temps avez vous besoin pour vous mettre au point sur les choses à quémander ?

Que tous sachent au moins quand ils iraient discuter avec ce connard incapable de nouer ses lacets, comme l'avait si bien souligné Floyd.

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A la suite des propos adressés à Maverick, Joann avait pris la parole, appuyant ses dires. Automatiquement, son attention s'était reporté sur elle et, s'il n'avait pas sourit, elle avait sans doute pu voir dans ce coup d’œil qu'il appréciait son soutient. Peut-être viendrait-elle lui poser des questions par la suite, questions auxquelles il répondrait, mais il y avait plus important pour l'instant. Fait que June souleva, parlant de sa propre expérience et de tout un blabla de gestion politique qui n'intéressait que peu le quarantenaire. Gérer des sous-fifres il savait, mais s'occuper d'un groupe où la moitié n'était même pas foutu de prendre une décision, très peu pour lui. Lorsque l'avocate suggéra à Stanley de plutôt s'occuper de ce qu'il se passerait dans les rues, le brun avait haussé un sourcil amusé, ne quittant pas la réaction du jeune fougueux des yeux. Forcément, ce dernier répondit sans plus attendre, se contentant d'un regard supérieur lorsqu'il s'adressa à lui, ne prenant pas la peine de répondre : il n'avait rien à se reprocher, pas de sang sur les mains. Quoi que, il avait mis le feu au lycée et ne faisait rien pour empêcher des meurtres de masses mais comment pouvait-il se reprocher quoi que ce soit quand il ne connaissait même pas le principe même de la ''culpabilité'' ?

Il s'était désintéressé de la suite de ses propos, secouant simplement la tête lorsqu'il avait avancé le fait que June était proche des Chambers. À part essayer de monter les membres les uns contre les autres, ces propos n'avanceraient à rien. Diviser pour essayer d'avoir sa place dans le combat, c'était précisément ce que le militaire faisait. Il devait en effet être question d'unité et même si Davis n'en n'avait pas grand chose à faire de cette unité, il ne pouvait nier que s'il voulait pouvoir continuer à mener ses petites affaires au labo, mieux valait que le camp ne soit pas à feu et à sang. Les propos de Floyd à l'égard du jeune militaire lui arrachèrent un sourire franc qu'il ne prit pas la peine de masquer. L'intervention d'Ela, un peu moins agressive, eu le don de calmer un peu les troupes. Le fait qu'elle aborde la mort de son mari ne fit ni chaud ni froid au virologue, les aléas de la vie ; il avait eu à porter le deuil d'un premier ami suite au séisme, inutile de prendre sur ses épaules ceux des autres.

Avant que Stanley ne puisse répondre, la voix de Collins s'était élevée, agaçante à souhait, mais au moins elle n'allait pas leur casser les noix. Et Floyd avait repris, assurant qu'il en serait également. Si le virologue n'appréciait pas plus que cela le militaire, il ne pouvait nier qu'il préférait avoir avec lui quelqu'un de solide, ils n'étaient pas en accord tout le temps mais ils avaient déjà dû travailler ensemble et au moins, là, ils semblaient du même avis. Hochant brièvement la tête, il avait inspiré à la question de Joann. « Mieux vaut ne pas y aller trop hâtivement. Demain matin, première heure. On est plus à un jour près et ça nous laissera le temps d'en discuter et aux autres de prévenir ceux qui ne sont pas là » avait-il lancé en consultant du regard ceux qui étaient censés faire partie de cette ''discussion'' avec Chambers.

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Le lendemain, le groupe désigné s’est retrouvé devant chez les Chambers pour négocier. Parce que c’était important, l’israélienne s’était reprise en main. Habillée avec élégance, coiffée d’un chignon un peu lâche qui lui donnait pourtant un air sophistiqué, la jeune femme avait beaucoup plus d’allure que la veille. Elle se sentait également plus en confiance, plus à son aise dans ce milieu. Mais le Sénateur était à cran, écoutant nerveusement la délégation désignée pour venir lui parler, en paix. L’homme se sentait pris au piège et refusait d’écouter, alors que selon l’israélienne, les choses étaient bien menées. Elle observa June mener rudement son plaidoyer. Elle était douée, Ela devait le reconnaitre. Implacable, mais juste. Humaine. Avec Clayton, Ela était restée légèrement en retrait, cette rencontre était un échec cuisant. Elle pensait qu’ils rentreraient bredouille, jusqu’à ce que le Sénateur sorte son arme et tire. Un accident, sans doute. Ils n’avaient rien vu venir.

Le temps de réaliser ce qu’il venait de se passer, la porte du bureau claqua et le Sénateur hurlait ses revendications pour fuir les lieux au plus vite. Un peu assourdie par la détonation, Ela n’entendit pas bien. Ce qu’elle ressentit par contre, c’était une brûlure vivace à son bras gauche. Une douleur lancinante accompagnée d’une odeur de poudre. Elle baissa les yeux, son bras se couvrait de sang peu à peu. Et elle réalisa soudain qu’elle avait été touchée. « Je suis blessée… » Murmura-t-elle, complètement sous le choc. Placée en retrait, les autres durent se retourner pour constater l’état d’Ela. La balle n’avait fait qu’effleurer la chair, traçant un sillon de feu sur sa peau, déchirant la veste qu’elle portait. Elle porta sa main libre à sa blessure – peu profonde. C’était impressionnant comme une blessure superficielle pouvait saigner. Elle releva les yeux, captant le regard de l’avocate. Ils avaient tous été pris de court. Le monde s’activa autour d’elle, avant de s’éloigner de la porte pour sortir sur le perron du bâtiment. Rester devant le bureau était dangereux s’ils voulaient éviter un autre tir. Soutenue par June dans un premier temps, ils arrivèrent devant une foule curieuse et excitée par le coup de feu. Qui avait tiré ? Le Sénateur était-il mort ? Pressant son épaule, la main dégoulinant de sang, Ela balaya les gens présent du regard, complètement sous le choc d’avoir été touché. C’était la première fois. A quelques centimètres prêts, la blessure aurait pu être grave. Elle avait mal, mais c’était superficiel. Son cœur battait à tout rompre, alors qu’elle tenait droite grâce à l’adrénaline. Elle croisa quelques regards, surpris de la voir blesser, jusqu’à croiser un regard en particulier.

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Il ne se souvenait plus exactement des raisons qui l'avaient poussé à participer à la réunion chez la vieille Dewitt. Si Elias avait été plus casse-pieds qu'autre chose -à défaut d'être vraiment convaincant- Aaron s'était dit en définitive que ça risquerait d'être assez intéressant, même s'il n'avait pas spécialement pris part au débat qui s'était déroulé la veille, et à part quelques apartés avec le trentenaire ou des encouragements envers Stanley, il demeura assez calme. Pas qu'il n'avait pas d'avis sur la question, mais étant donné qu'il n'était pas réputé pour être le plus assertif des citoyens du camp... Et puis, y avait pas besoin d'un tel débâcle  c'était clair comme de l'eau de roche que le sénateur était pourri jusqu'à la moelle. Tout le merdier de ces derniers mois n'a fait que prouver qu'il était temps que ce gros con se remette en question. Et cette île sur laquelle il vivait depuis dix ans... Il y tenait quand même assez que pour se sentir concerné.

Alors tous ceux qui ne s'étaient pas contentés de seulement avoir conscience du problème et qui se sentaient prêts à agir s'étaient donné rendez-vous le lendemain, le blond, tout comme leur ami polynésien avaient promis à Stan d'assurer ses arrières et l'avaient donc bien évidemment accompagné également jusqu'à ce que le groupe des négociateurs entre dans la demeure des Chambers. Ils étaient tous alors restés sur le qui-vive, alors que les minutes passaient, faut dire que la tension était un peu palpable. " Mec ça fait longtemps non ? Je sais pas viens, on va leur tenir la porte ou ... " BANG ! " 'Chier ! ... " il s'était alors dirigé vers l'entrée de la demeure, à une bonne centaine de mètres, mais le groupe fini par en ressortir, sous les yeux surpris de la foule de découvrir Ela, blessée. " Et merde... ".  Le coursier porta alors sa main à son visage, secouant négativement la tête. " Et vive la démocratie ! ".

D'un regard entendu, il capta l'attention d'Elias, lui avisant sans dire mot de faire de son mieux pour la blessure de l'israélienne. S'il s'était rapidement mis au courant de ce qu'il s'était passé, tous comme ceux restés dehors. Il était loin de voir ça comme un obstacle, ou du moins, pas assez imposant pour qu'ils ne puissent pas le contourner.  "  Rien à foutre ! Ça ne change rien à ce qui était prévu ! Il faut qu'on ait un point de vue sur ce qu'il se passe à l'intérieur, d'une façon ou d'une autre ! " l'architecture de la maison des Chambers était assez particulière, mais il pourrait éventuellement réussir à obtenir ce point de vue en grimpant le long du portail, puis en prenant appui sur l'un des murs... Peut-être, il s'approcha alors de June. " Tu penses qu'il est prêt à tout ? … Il doit bien y avoir une manière de prendre l'avantage sur lui, malgré son moyen de pression... "

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