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Re: There's burdens we have to carry.

Ven 2 Mar 2018 - 23:53


« Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux »


La colère retentissante de Ashley était légitime. Sa petite fille figurait parmi les malades, et si elle n'avait pas emmené Hope avec elle cette nuit là, si elle avait laissé la blondinette dans l'infirmerie, Walter l'aurait sans doute tué comme les autres. Il l'aurait arraché à la vie, à ses parents, pour ce qu'il pensait être le « plus grand bien ». Et alors quoi ? Il aurait abandonné son petit corps frêle dans le froid hivernal, il l'aurait laissé dans la neige, comme on se débarrasse d'un déchet nauséabond. Comme si leur vie à tous pouvait justifier de tels actes. La sienne, Elena était loin d'y être farouchement accrochée et c'était le plus troublant dans cette histoire. Walter, lui qui la connaissait si bien, comment avait-il pu songer une seconde seulement que la grecque tolérerait une telle atrocité commise soit-disant pour son bien ?

Elena ne s'étonna pas du silence qui suivit. Chacun à ses pensées, chacun accroché à ce morceau d'humanité pour rassurer sa conscience. Chacun piégé avec ses états d'âmes et forcé de composer avec. Demain et tous les jours qui suivraient ne seraient plus jamais les mêmes. Pour le vieil homme, ses tourments d'âmes seraient bientôt apaisés. Du moins, ici bas. Lorsque le voile noir éternel s'abattrait sur lui, alors il serait seul à comparaître pour ses actes. Il reprit finalement ses excuses, dans des murmures quasiment inaudibles. La jeune femme n'entendait plus. Elle était déconnectée de l'instant présent, et ses yeux suivaient l'horizon qui défilait rapidement jusqu'à ce que le véhicule ralentisse pour finalement s'immobiliser près d'un champ recouvert de neige. Une réflexion qu'elle jugea après coup un peu idiote s'invita dans l'esprit tourmenté de la brune. Elle se demanda si le lieu était assez bien. Existait-t-il vraiment un endroit idéal pour assassiner un homme ?

« Ok... Attend une minute s'il-te-plaît Walter. » souffla-t-elle en s'extirpant de la voiture.

Elle s'approcha d'Axel dont l'état ne s'améliorait pas, mais qui semblait déterminé à aller jusqu'au bout, en dépit du regard horrifié qu'avait posé sur lui Shawna plus tôt dans la journée.

« On a pas discuté de... Comment on allait procéder. » fit-elle à voix basse et la mine grave. « Je vais m'en charger. » assura alors la grecque, sans laisser le temps à ses deux camarades de se compromettre. Elle ne les laisserait pas se salir les mains, alors que le seul secret serait déjà bien lourd à porter. Alors, avant même aussi de les laisser protester, elle reprit :

« Je vais le faire parce que malgré tout ce qu'il a fait je n'arrive pas à le détester. » Elle baissa les yeux avant de remplir ses poumons d'air frais. « Je ne veux pas qu'il soit tué par vengeance ou par haine. Je sais bien que ça n'a pas pas beaucoup de sens, mais qu'est-ce qui en a à présent ?»

Et puis, les deux étaient parents, ils avaient trop à transmettre, ils avaient la responsabilité d'un héritage moral, que se passerait-il s'ils devenaient des meurtriers ? Quel message donneraient-ils à leurs enfants ? Aucun qui ne soit bon, Elena en était convaincue, aussi, elle le ferait. Tant pis si elle ne parvenait plus à croiser son reflet dans un miroir. Elle aurait fait ce qu'elle avait à faire, même si c'était dégoûtant. Elle le ferait, pour que personne d'autre n'ait à le faire, car tel est le fardeau de celui qui mène sa meute. Tous les trois avaient fait un choix, ils l'assumeraient jusqu'au bout. La jeune femme détourna le regard pour croiser celui de Walter, resté dans la voiture. Elle allait le faire.
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Re: There's burdens we have to carry.

Lun 5 Mar 2018 - 13:27

L’air était glacial, suspendu autour d’eux, pourtant ils étouffaient tous, accablés par le poids de la décision qu’ils avaient prise. Cette décision elle avait été prise bien avant de savoir qui était responsable, dès le moment où Ashley avait posé son regard sur le corps sans vie de London, scellée quand Carmen et Axel avaient trouvé le corps frigorifié de Victoria. La jeune mère ne reviendrait pas sur cette décision, et si cela devait se reproduire, elle agirait de la même manière. Pourtant, dans son esprit et dans son cœur, il y avait une pointe douloureuse que le discours de Walter rendait toujours plus vivace. Cet homme avait pris une décision, il devait faire face aux conséquences de ses actes. Ils étaient dans le fond les mêmes tous les quatre, liés par le même choix, par la même culpabilité. Pourtant Ashley ne voyait en lui qu’un meurtrier et en eux des juges, des gardiens qui devaient protéger le ranch et ses habitants.

La voix d’Axel la sortit de ses pensées, la forçant à passer son regard clair sur le paysage autour d’eux. Du vide, sans doute d’anciens champs, d’anciens bois, recouverts par l’épais manteau de neige de cette saison difficile pour tous les êtres vivants encore dans ce coin du globe.
« Okay … » souffla-t-elle en détachant sa ceinture alors que le bruit du moteur s’arrêtait. Les trois bourreaux sortirent du véhicule, Ash’ frotta ses mains entre elles sans parvenir à se réchauffer, son regard clair se posa un bref instant sur la silhouette du vieillard à l’intérieur avant qu’elle ne détourne rapidement le regard.

« Elena … » commença-t-elle à protester, d’une voix faible, trop faible pour être vraiment audible. La grecque continua, visiblement décidée à leur éviter ce poids. Ses paroles pressèrent le cœur de la jeune mère. Peut-être qu’ils faisaient une erreur, peut-être qu’il y avait une autre solution. Peut-être qu’à la place de Walter, elle aurait fait la même chose. « Tu es sûre ? » demanda-t-elle finalement. Sa question était idiote, inutile, mais pourtant Ash’ devait la poser. Tuer quelqu’un, exécuter quelqu’un avec qui l’on avait vécu plusieurs mois, peut-être plus, ce n’était pas une chose simple.

Son regard passa d’Elena à Axel, était-il prêt à la laisser exécuter cette sentence qu’ils avaient décidé tous les trois ? La blonde baissa son regard vers ses pieds, cherchant dans le sol enneigé qu’ils avaient piétiné une réponse, la résolution qui l’avait menée à cette décision. Hope. Elle devait protéger sa fille de tout individu capable de lui nuire. Une petite voix lui souffla qu’elle devait s’éloigner de sa fille car quelque part, elle correspondait à cette description. Comment expliquerait-elle à Hope où était Victoria, où était London ? Où était Walter, ce papy qui lui avait raconté bon nombre d’histoires, qu’elle regardait avec un regard empli d’amour et de respect. Il y avait peut-être une autre solution. Elle voulut le dire, mais les mots restèrent bloqués derrière ses lèvres engourdies par le froid.
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Re: There's burdens we have to carry.

Dim 18 Mar 2018 - 22:22


    Une fois hors du véhicule, je m'étais extirpé avec un réel soulagement de l'ambiance trop tendue qui rendait l'habitacle bien trop étouffant, mais inutile de se leurrer : cette atmosphère lourde nous suivrait même au dehors, et sans doute serait-elle la même sur le chemin du retour. Différente, parce-que celui à qui nous allions donner la mort ne serait plus là, mais similaire, parce-que nous aurions tous ce poids supplémentaire à porter sur nos épaules. Avoir la mort d'un homme sur la conscience, ce n'était pas rien, mais j'avais l'intime conviction que de nous trois, je serai le moins touché par cet acte. Est-ce que cela faisait de moi un monstre ? Probablement, un être aussi vil et sans scrupule que la plupart des vivants que j'exècre tant mais après tout, aller contre sa propre nature n'est pas chose aisée. En temps de crise le pire côté de la nature humaine est exacerbé, mis à jour, et je n'en suis pas exempté, mais inutile d'avancer ce point à mes deux camarades en leur avouant que si j'ajoute un mort à ma liste, je n'en serai pas affecté pour autant. Elles n'ont pas à savoir cela, tout comme Shawna n'aura pas à savoir quel sort aura été celui de ce pauvre vieux qui pensait pourtant ''bien faire''.

    Soupirant en passant une main légèrement tremblante sur mon front qui était devenu plus brûlant que quelques heures auparavant, je relevais mes prunelles sombres vers la Grecque avant de chercher du regard les orbes clairs d'Ashley. Aux mots d'Elena cependant, je n'avais pu m'empêcher de froncer les sourcils, l'air peu approbateur. Ouvrant la bouche pour lui dire qu'elle n'avait pas à faire cela, qu'elle était bien trop impliquée dans ce lien avec Walter pour vivre avec son sang sur les mains, je la refermais rapidement pour la laisser terminer. Hochant la tête en inspirant profondément, je glissais les mains dans mes poches, ne quittant pas la brune des yeux. Qu'elle n'arrive pas à le détester était compréhensible, il était toujours difficile d'accepter que quelqu'un d'important avait commis un acte aussi extrême, et c'était également compréhensible qu'elle veuille lui épargner le fait d'être tué par vengeance ou haine mais... arriverait-elle seulement à vivre avec cela ?

    Ce fut alors la voix de la blonde qui s'éleva, demandant à Elena si elle était certaine. De vouloir le faire, d'en être capable, qu'importait les détails. Et même si la concernée avait affirmé que oui, son regard disait bien tout l'inverse. Elle voulait le faire, parce-qu'il le fallait, mais entre valider cette sentence et l'appliquer... il y avait un fossé considérable. Secouant alors la tête, je n'avais pu empêcher une nouvelle quinte de toux de me brûler la gorge avant de prendre la parole.

« Tu n'as pas à le faire Elena. Je comprends tes motivations et c'est tout à ton honneur mais... autant toi qu'Ashley êtes trop proches de Walter pour pouvoir vous regarder dans une glace dans haine alors... quitte à ce que tu en viennes à détester quelqu'un pour cet acte, autant que ce soit moi, et non toi-même » avais-je lancé sur un ton relativement calme, mais aussi compréhensif.

Ne quittant pas son regard, j'inspirais une nouvelle fois. « La décision te revient, mais on a décidé cela ensemble, tu n'as pas à tout porter sur tes seules épaules » avais-je ajouté en coulant également un regard bref vers Ashley.

    Restait plus qu'à savoir si oui ou non la Grecque se sentait réellement prête à le faire, et si non, je ne rechignerai pas à me salir les mains pour leur éviter des cauchemars destructeurs.
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Re: There's burdens we have to carry.

Ven 23 Mar 2018 - 18:09

« Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement. »


Axel fut de nouveau secoué par la toux, sous le regard cerné de la grecque. Son état n'allait pas en s'améliorant, de toute évidence. Raison de plus pour ne pas tergiverser davantage dehors, exposés à la rudesse du climat. C'était terrible de penser ainsi, songea Elena quelques secondes à peine. Comme s'il s'agissait d'une décision anodine, d'une mission expéditive. La jeune femme se sentit honteuse, et en même temps, n'était-ce pas légitime de vouloir préserver la santé d'un homme au détriment des quelques ultimes minutes de vie de celui qui l'aurait égorgé dans son sommeil si l'occasion lui avait été donnée ? Ses yeux captèrent furtivement le visage défait de Walter derrière la fenêtre de la voiture, alors que le brun se lançait dans une diatribe destinée à la dissuader. Une expression nouvelle illumina le visage malmené de la jeune femme. Une sincère reconnaissance.

« Tu viens d'avoir un petit garçon Axel. Et j'ai bien vu quel regard t'a jeté Shawna. » répondit spontanément la grecque au brun à ses côtés, avant de trouver le regard perçant de Ashley. Elle aussi avait assisté à la scène et elle devait savoir que ce n'était pas plus le rôle de son ami de commettre ce crime. Il était hors de question qu'il agisse comme le monstre que la métisse avait cru voir en lui au ranch. « Ce n'est pas ce que tu dois transmettre à Liam. » Il en était de même pour Ashley évidemment. Si tous les trois avaient été les juges de cette sentence, la brune elle seule, endosserait le masque du bourreau. Ils étaient peut-être tous impliqués, leur conscience bafouée pour toujours, mais ils n'avaient pas tous à presser la détente. Autant que ce soit elle puisque de la colère elle aurait quoiqu'il advienne et qu'elle était prête à la laisser la consumer.

« Votre soutien me permettra de le supporter. » assura la grecque, sans réellement y croire. Prendre frontalement la vie d'un homme qui avait partagé son quotidien pendant si longtemps, ce n'était pas quelque chose qu'elle pourrait oublier. Ce n'était pas le genre d'acte qu'elle pourrait ranger dans un coin de sa tête et ignorait sa présence. A chaque fois qu'elle s'endormirait, elle verrait son visage. Elle verrait le sang invisible sur ses mains. Mais au moins... Elle inspira en posant son regard sombre sur Ashley, puis Axel. « Vos enfants sont les fondements de la société de demain. Vous pourrez leur raconter sans avoir honte que vous avez fait ce qui était juste. Parce qu'on sait tous les trois que nous n'avons pas d'autres alternatives fiables. »

Sur ces mots, Elena inspira une nouvelle goulée d'air frais, pour apaiser le feu qui lui brûlait la poitrine, ou pour s'insuffler quelque courage nécessaire pour faire ce qu'il fallait. Elle s'éloigna des deux et alla ouvrir la portière derrière laquelle le vieil homme sanglotait toujours. Accablée de mille émotions différents, elle baissa les yeux vers lui.

« On y va Walter... » souffla-t-elle tristement.

Oui allons-y. Droit vers le pénitencier. S'acheter un billet d'entrée pour l'enfer.
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Re: There's burdens we have to carry.

Sam 24 Mar 2018 - 11:38

La voix d’Axel vint appuyer ses pensées, rien ne désignait Elena plus qu’eux. Ils ne pourraient pas presser la détente d’un même effort, d’une seule et même personne, mais la blonde ne voulait pas qu’elle soit la seule à porter ce poids. Le brun avança des arguments, leur conscience notamment. Ash’ baissa le nez vers ses chaussures, son pied droit grattant un instant l’étendue enneigée. Pourrait-elle se regarder dans le miroir de toute manière ? Avec cette décision ? Avec ce secret qu’ils garderaient tous les trois ? Tout lui avait paru si clair dans sa colère. Tout lui paraissait si flou désormais ici.

Mais la grecque répondit finalement, forçant la jeune mère à relever ses yeux clairs vers elle. Elle écouta attentivement ses paroles, les enregistrant. Derrière cette exécution, derrière ce choix qu’ils avaient fait, il y avait un sacrifice. Ce n’était pas le sacrifice de Walter qui avait scellé son sort au moment où il avait décidé de tuer London et Victoria. C’était le sacrifice de celui qui presserait la détente. La jeune mère sentit sa gorge se nouer, son estomac se tordre.
« Elena … » Que pouvait-elle dire de plus ? Que comptait-elle dire ? Rien ne changerait leur décision et malgré le poids de cette décision, Ashley savait que c’était la seule qui ait le moindre sens, la moindre logique.

La blonde regarda Elena s’éloigner, aller récupérer Walter. Le vieil homme sanglotait, le visage défait. Aux paroles de la grecque, il ne broncha d’abord pas, relevant avec peine son regard vers elle.
« Vous pouvez encore faire marche-arrière … » souffla-t-il entre deux sanglots. Ashley s’avança alors. « S’il te plait, Walter … » ne rends pas les choses encore plus difficile, mais les mots ne passèrent pas ses lèvres. La blonde lui adressa un regard désolé l’espace d’un instant, avant que l’image de London et Victoria ne lui revienne en tête et que ses traits se durcissent.

Détournant finalement le regard, Ashley entendit qu’il se décidait à quitter l’habitacle du véhicule. Elle devait se concentrer sur ce qu’il avait fait pour ne plus voir ce vieillard qui avait veillé sur sa fille, qui lui avait raconté maintes histoires. Elle devait voir la mauvaise décision, les actes impardonnables derrière le masque de la culpabilité. Comme elle devrait le faire chaque matin dans le miroir, voir la décision prise pour le groupe, pour protéger tout le monde.

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Re: There's burdens we have to carry.

Mer 4 Avr 2018 - 10:49


    Malgré le regard reconnaissant de la Grecque, j'avais ce sentiment qu'elle ne changerait pas d'avis ; elle tenait à se charger elle même de cet acte, qu'importait si elle devait perdre une part d'elle en le faisant. Et au souvenir de ce regard que m'avait adressé Shawna, j'avais simplement soupiré en serrant les dents. Ç'avait été un regard lourd à porter, c'était un fait, mais notre monde était ainsi, et si nous étions encore presque tous en vie à l'heure actuelle, c'était bien parce-que certains avaient dû se salir les mains, dont moi. Hochant tout de même la tête à ses propos sans réellement cautionner sa décision, il était évident qu'il ne servait à rien de batailler ; elle porterait ce poids sur ses épaules. Inutile d'avancer le fait que, de toute façon, ce nouveau monde transmettrait toutes ces horreurs à mon enfant, qu'il y serait confronté même si je n'avais pas directement le sang du vieil homme sur les mains.la suite de ses mots concernant notre soutien me fit à nouveau hocher la tête alors que je lui adressais un regard qui en disait long. Nous porteront en effet ce secret tous les trois, mais être soutenu ne voulait pas dire ''ne pas être seul'', parce-qu'au fond d'elle elle le serait, seule face à ces démons qui la hanteraient. Un soutien ne faisait pas tout, et j'en avais eu la preuve déjà dans ma vie d'avant quand, rongé par un mal que je n'identifiais toujours pas, j'étais constamment seul face à ce dernier et au monde. Mais il n'y avait plus de retour en arrière possible désormais, la décision était fixée et avec elle toutes les répercussions qu'elle engendrerait.

    Inspirant alors profondément lorsque la brune nous adressa une dernière parole concernant nos enfants, j'avais reporté mon attention sur Ashley. Pas d'autre alternative fiable, c'était un fait, celle que nous avions choisie était la plus sûre pour notre groupe, mais il était évident que ce poids accablerait bien plus mes deux partenaires qu'il ne m'accablerait moi. Seul le regard de ma petite amie pourrait faire naître une certaine culpabilité, mais elle n'aurait pas à savoir. Observant alors la Grecque ouvrir la portière arrière du véhicule, rapidement accompagnée de la blonde, je n'avais pas retenu un nouveau soupir aux mots du vieil homme. Non. Il n'y avait plus de retour en arrière possible, et ce dès le moment où il avait décidé de s'en prendre aux nôtres. Walter avait été seul à sceller son destin, nous n'étions que les exécuteurs de ce que nécessité notre sécurité à tous.

    Alors que Walter sortait du véhicule, je m'étais approché à mon tour, déposant une main rapide dans le dos de la blonde comme un gage de soutien qui serait sans doute bien insignifiant comparé à toutes les émotions qui devaient déjà la ronger, à l'instar d'Elena. Intimant alors au vieil homme d'avancer un peu afin de nous arrêter sous un arbre, je jetais un nouveau coup d’œil aux alentours, pris d'un nouveau frisson, m'assurant qu'il n'y avait aucun macchabée prêt à nous tomber dessus ou du moins trop proche pour être attiré par le bruit. Certains le seraient assurément, mais nous aurions le temps de reprendre la route avant.

    Me stoppant à quelques pas de celui qui allait rendre son dernier souffle, je dardais sur lui un regard sans émotion autre qu'une certaine indifférence agrémentée d'une pointe de déception. La déception d'avoir accorder une confiance qui s'était retrouvée bafouée, preuve de plus que les Hommes dans leur globalité était la pire espèce qui soit. Posant alors mes prunelles sur la Grecque, elles se firent moins dures, demandant une dernière fois silencieusement si elle était réellement prête à faire ce qui devait être fait.
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Re: There's burdens we have to carry.

Dim 8 Avr 2018 - 19:26

Ils ne pouvaient plus faire marche arrière non. Quand bien même l'idée leur aurait traversé l'esprit, elle n'était pas une option envisageable. Pas pour les trois qui s'étaient déjà mis d'accord sur ce qu'ils pensaient être la meilleure décision pour la sécurité de leur groupe. Ils avaient déjà réfléchi aux possibilités qui s'offraient à eux, et aucune n'était viable. C'était la seule qui puisse leur garantir son silence une fois loin du campement... Elena aurait voulu lui faire confiance, croire qu'il ne pourrait jamais vendre leur position à d'autres groupes, mais comment y parvenir après ce qu'il avait fait ? Elle savait que sa confiance en lui était ébranlée de façon irréversible. Ce n'était pas une petite trahison ou une tromperie. Il s'agissait d'une démarche qui trahissait la nature profonde de cet homme, celle qu'elle n'aurait jamais pu deviner, derrière autant de bienveillance affichée. Elena ne répondit rien à Walter, s'éloignant mécaniquement de la voiture.

L'air frais soulevait doucement ses mèches de cheveux, lui griffant le visage sans qu'elle n'en ressente pour autant les effets. Sous sa peau glacée, une étrange chaleur venait l'étouffer à mesure qu'ils s'avançaient dans la neige. L'angoisse lui creusait l'estomac, devenait suffocante. Mais la grecque demeura aussi impassible que la situation le lui permettait. Bientôt, trop vite, ils s'étaient arrêtés près d'un arbre, et au regard échangé avec Axel, la jeune femme sut que c'était le moment, que c'était aussi son devoir d'endosser le rôle du bourreau aujourd'hui. Sa responsabilité. Sa gorge s'était asséchée, mais elle n'eut pas besoin de mots pour que Walter comprenne. L'homme lui adressa un nouveau regard larmoyant, le visage défait. A quoi un homme aux portes de la mort pouvait-il penser ? Aussi stupide que ça pouvait sembler, Elena se demanda s'il pourrait lui pardonner une fois envolé vers d'autres obscures horizons. Parce qu'elle, toute dévastée qu'elle était, toute prête à lui ôter la vie ici et maintenant, elle ne lui souhaitait que de trouver la paix de l'autre côté. Elle le souhaitait de tout son cœur émietté.

La jeune femme jeta un regard vers la blonde, se demandant bêtement s'ils devaient dire quelque chose. Son cœur tambourinait furieusement sous sa prison thoracique, résonnant jusqu'entre ses tempes.

« J'espère... » Sa voix enrouée trahissait toute l'émotion qui l'accablait.  « J'espère que tu trouveras l'absolution. »

Elle aurait voulu ajouter autre chose. Lui dire qu'elle espérait qu'il retrouverait son épouse de l'autre côté. Elle aurait aimé avoir une discussion privée avec lui, comprendre ce qui avait pu se passer dans sa tête. Elle en aurait eu des choses à lui dire encore. Mais elle savait que si elle s'engageait dans cette voie là, elle n'aurait plus la force de faire ce qui devait être fait. D'un geste, elle lui demanda de se retourner, et là, derrière l'homme qui attendait la mort, elle se sentit étrangement plus faible que jamais. Il n'y avait aucun sentiment de toute puissance pour l'accompagner dans son exécution. Aucune satisfaction ou soulagement à arracher à un homme son dernier souffle de vie. Aucune sorte de joie malsaine. Seulement une terrible solitude qui la pressait de tous les côtés. Elle inspira l'air qui lui brûla les poumons. Et elle releva son bras tendu vers le crâne du vieil homme, avec à son bout, l'arme qui tremblait légèrement.

Dans sa tête le chaos. Devant elle, entre sa vision brouillée par les larmes, elle ne voyait que l'homme avec lequel elle avait partagé de bons moments. Elle entendait encore ses encouragements. Elle dut alors imposer à son esprit les visions macabres de celles qu'il avait assassiné. Elle força sa raison à ne voir que le danger qu'il représentait. Son combat intérieur dura plusieurs longues secondes, sans qu'elle n'ait conscience de ce qui l'entourait. Et finalement, dans un sursaut de lucidité, elle pressa la détente, sentant au même moment son cœur s'arracher de sa poitrine dans une douleur lancinante. La détonation sembla exploser au milieu du silence hivernal. Et Walter... Son corps, semblable à une poupée de chiffon s'effondra devant ses yeux épouvantés. Privé de vie, il était retourné à la terre, son visage ensanglanté s'évanouissant dans la neige. Elena sentit son bras retomber mollement le long de son corps, ses yeux figés sur la silhouette inerte échouée devant elle. Incapable de bouger, incapable de parler. Peut-être même de penser correctement. La grecque se sentait vidée. Comme privée d'une partie d'elle-même, celle qu'elle aurait voulu préserver, par-dessus tout...

« Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crane incliné plante son drapeau noir. »
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Re: There's burdens we have to carry.

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