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Jusqu’au très léger souci mécanique, le trajet se passait plutôt bien malgré l’impatience naissante des plus jeunes. Plutôt que de passer encore un temps inconsidérable sur un sujet qu’aucun d’eux ne maîtrisait, l’heure tournait, la fatigue et le stress grimpaient en flèche, sans parler de l’impatience logique des enfants. Du repos, voilà ce que chacun avait besoin tant la route était usante, surtout psychologiquement. Et pourtant, le lendemain matin, un énorme regret envahit Jonathan. N’auraient-ils pas dû tenter de continuer avec des équipes de deux se relayant ou tout simplement de chercher un autre véhicule ?

« Putain d’merde… » lâcha-t-il en voyant par la fenêtre Morgan et ses camarades alors qu’ils s’apprêtaient à quitter la maison. « Papa t’a dit un gros mot ! » protesta Hope, ce à quoi il réagit en prenant malgré tout le temps de se mettre à la hauteur de sa fille. Attrapant ses mains, il les plaça sur les oreilles de Hope « Pardon. Tu comptes jusqu’à cent en gardant tes mains forts comme ça, d’accord ? » Hochant la tête, elle commença à compter à haute voix.

« On est dans la merde là… Ils nous ont retrouvé… » annonça-t-il dépité. Comment ce groupe était parvenu à retrouver aussi facilement leur trace ? S’étaient-ils totalement ratés ? Puis, un chant de Noël commença à se faire entendre, une voix féminine presque agréable à entendre… Mais pas en plein mois de mai. « Quinn, Shawna, montaient et dîtes-nous c’que vous voyez aux fenêtres, regardez s’ils nous encerclent déjà et… On avisera. » dit-il d’une voix faible. Le mince espoir trouvé la veille au fil des kilomètres les éloignant du ranch se volatilisa bien rapidement. Regardant Axel, l’ancien livreur lâcha un soupir pour accompagner son haussement d’épaules. Que pouvaient-ils faire à présent ? Cacher les enfants en haut ? Et ensuite ? Fuir ?

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C’était bien la première fois de sa vie qu’elle portait un gilet pare-balle. Pas super confortable ce truc. Victoria l’avait enfilé par-dessus un haut noir moulant à manche longue et avait, jour exceptionnel, laissé de côté son habituel blouson. Même sa batte chérie était restée dans la voiture, mais elle avait piolet, couteau et 9 mm. On aurait beau dire : ils faisaient du bon taf les vacanciers là.

Repérer la voiture, les suivre discrètement, organiser un assaut là où ils faisaient halte… jamais la team Zack n’aurait pu faire tout ça seuls. Ce matin alors, c’était l’heure de la cueillette, et quelle équipe la pigiste avait avec elle ! Si ce n’était pas la vraie vie, elle aurait cru à un sketch. Sensation qui se confirma quand la blondinaine à ses côtés se mit à fredonner une chansonnette pour enfant.

- What the f-qu’est-ce qui t’prend meuf ? C’ta décoloration qui t’a cramé les méninges ?! Siffla-t-elle à sa voisine. Elle tenait toujours son arme au poing et yieutait que les gus se mettent pas à canarder par la fenêtre, hey, Nabila, la trentenaire se tourna brièvement vers Ela pour lui souffler à mi-voix, ils ont tous pris leurs médocs dans ton équipe ?!

Si c’était le cas, la dose de cette nana n’était clairement pas assez forte. Qu’on dise pas qu’elle n’avait pas prévenu.

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    Comme souvent, ma négativité habituelle était avérée : si nous avions espéré que le trajet jusqu'à la prison se fasse sans encombre, nous connaissions tous les risques auxquels nous nous exposions en prenant la route, et le soucis de moteur de notre véhicule n'était que le début du cauchemar ; si on considérait toutefois que la situation dans laquelle nous étions depuis quelques jours n'était pas déjà un foutu cauchemar. Nous avions décidé de nous accorder une nuit de repos bien mérité dans une baraque à priori sûre mais, malgré nos tours de garde, il n'avait suffit que de quelques minutes où nous étions tous à l'intérieur, prêts à repartir, pour que les ennuis se pointent. Et la rouquine qui faisait partie de ce groupe qui nous était tombé dessus approchait de la maison, me glaçant immédiatement le sang. Comment avaient-ils pu nous repérer ? Nous avaient-ils suivis depuis le début ? C'était une éventualité, mais inutile de se demander à présent le pourquoi du comment, il fallait trouver une solution, et vite.

    Récupérant mon fusil déposé non loin de mes affaires, je hochais la tête aux paroles de Jonathan qui intimait à Shawna et Quinn de monter à l'étage pour en voir un peu plus. Mon regard croisa alors celui du livreur. Un regard grave, signe que la situation était plus qu'alarmante. Ne pas céder à la panique, réfléchir convenablement. Facile à dire au vu des circonstances.

« Je vais sortir par derrière, tu me suis ? On peut essayer de les distraire suffisamment pour tenter une diversion » avais-je lancé au brun avant de me tourner vers Isha. « Si vous trouver une brèche pour partir, faites-le. » Mon ton avait été grave mais je n'en démordrais pas : quitte à se retrouver piégés, autant tenter le tout pour le tout et essayer une diversion pour permettre aux mieux de profiter d'un potentiel moment d'inattention de ces enfoirés pour qu'ils puissent fuir.

    Suivi de Jon, je m'étais donc dirigé vers la sortie arrière de la maison, l'ouvrant lentement. Il ne me suffit que de quelques pas pour apercevoir l'un de ces connards, braquant immédiatement ma carabine sur lui.

« Si vous ne jouez pas au con, je ne tirerai pas » avais-je lancé d'un ton sec, ne croyant pas moi-même à mes paroles. Il ne me fallait pas grand chose pour tirer sans le moindre scrupule, mais l'autre en face n'était pas censé savoir que j'étais bien plus habile en attaque rapprochée qu'avec une arme à feu.

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