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    Étendu sur le sol froid et humide, j'avais simplement senti qu'on me soulevait. Terminé la volonté de me débattre, de me tirer des griffes de ces enfoirés. La seule chose que je pouvais encore espérer était que les miens puissent s'en tirer, vivre une vie meilleure que celle qui se profile à l'horizon, que celle que je ne pourrai sans doute jamais vivre désormais. Les yeux à moitié clos, la douleur au niveau de ma blessure ne s'atténuait pas vraiment, plus douloureuse encore à cause des mouvements qui m'étaient infligés. Au loin je cru percevoir mon prénom, la voix de Shawna, puis plus rien. Le vide, le néant.



    Lorsque je repris mes esprit, l'environnement était beaucoup plus sombre, l'air lourd, et le silence autour était presque religieux, entrecoupé simplement de quelques chuchotements éparses et reniflements qui me laissaient bien comprendre que non, les miens n'avaient pas réussi à fuir. Mettant quelques secondes pour m'habituer à la semi-obscurité du lieu, je grimaçais en ressentant la douleur. Combien de sang avais-je déjà perdu ? Sans doute bien trop. Appuyé dans un coin du véhicule, contre la paroi, je percevais une silhouette à côté de moi, une silhouette plus que familière : Shawna. Doucement, je relevais une main pour chercher la sienne, déglutissant difficilement. Comment ces enfoirés avaient-ils pu faire ça ? Nous loger là comme de simples bêtes, comme si nous n'étions rien ? Et surtout : où nous emmenaient-ils ?

« Tout le monde va... bien ? » avais-je soufflé d'une voix faible, ayant l'impression que chaque mot était plus difficile qu'un autre. « Où... Liam ? » Malgré mon air las, l'inquiétude était nettement perceptible. L'endroit était trop calme pour que les enfants soient là, pour que mon fils y soit. Serrant faiblement la main de ma petite-amie, je grimaçais une nouvelle fois en me replaçant.

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La seule chose positive, si l'on pouvait dire, était de voir les tensions internes chez l'adversaire avec à sa tête une jeune femme étrangement douce en comparaison avec tous les autres. Au moins, elle savait comment calmer ses chiens en plus de ne pas vouloir de mort pour les habitants du ranch, à priori. Mais cette parenthèse fut de courte durée, Jonathan vit alors l'état d'Axel. Lui aussi était blessé, mais rien à voir avec l'ancien livreur qui, à côté, avait limite une écharde dans le doigt.

Un mélange de haine, de tristesse et de révolte l'animé, et pour ne rien arranger, les autres avaient décidé de séparer les enfants des parents en les plaçant dans des véhicules différents. « Ca va aller ma puce, t'en fais pas. » Jon essayait de faire bonne figure, de rassurer autant que possible sa fille, mais même sourire lui était difficile et Hope était loin d'être idiote, elle lisait parfaitement les traits graves affichés sur le visage de son père, d'Axel, de Shawna et de tous ceux qu'elle côtoyait quotidiennement.



Leur cheffe allait-elle réellement tous les ramener au ranch ou allait-elle décider de garder les enfants, de tuer les adultes ? Jon était bien présent à l'arrière, mais son esprit lui était à mille lieues d'ici. Comme moyen de protection afin de ne pas totalement sombrer avec ces idées noires, il se réfugia dans son monde idéal en présence d'Ashley et de Hope uniquement, sans trace de gros connard ou de rôdeur. Mais un violent retour à la réalité s'opéra lorsque Axel reprit un peu de force et se mit à parler.

Le regard humide, l'ancien livreur le regarda en se pinçant les lèvres ne parvenant pas à formuler un seul mot. Il s'inquiétait pour lui, se demandait même s'il parviendrait à tenir bon jusqu'au ranch, si par chance ils étaient bel et bien tous ramenés chez eux. « Faut... Faut exercer une pression sur ta blessure... Je crois... Je sais pas... Mais, on est là, on va t'aider, faut juste tenir et Caroline s'occupera de ça hein. »

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Victoria ouvrit sa portière et s’installa au volant. Putain de matinée. Elle ouvrit sa fenêtre et ne manqua pas l’occasion d’adresser un beau majeur levé – avec le sourire néanmoins – à Raikes et sa team de lèche-bottes avant qu’ils ne rentrent dans leur hum-vee. Un instant, ses yeux marron-vert épièrent les silhouettes visibles à travers la vitre, puis elle ne put s’empêcher de prendre sa voisine à partie :

- J’suis sûre qu’ça partouze à mort chez eux. T'les as d’jà vus séparément d’puis qu’ils sont arrivés ?! J’parie qu'leur salon schlingue la bite et la sueur.

Ouai. Ok. Ce n’était pas le genre de sujet qui allait passionner la rouquine. De toute façon, ce n’était pas parce qu’elles étaient d’accord sur le fait que l’autre militaire était tarée qu’elles allaient devenir amies pour autant. Une fois de retour au bercail, elle poserait la question à leur responsable là… Donotruc. Il avait carrément l’air du mec plus enclin à avoir ce genre de conversation.

Poussant un soupir – et marmonnant une petite floppée de grossièretés qui n’étaient intelligibles pour personne d’autre qu’elle-même – Victoria mit le contact. Le moteur vrombit et l’habitable se mit à vibrer. L’autre équipe avait intérêt d’avoir géré de son côté. D’une façon ou d’une autre, cette histoire serait bouclée d’ici la soirée. Another shity day comme dirait l'autre...

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Auprès d'Axel, la métisse avait tenté de lui parler, mais elle n'avait eu aucune réponse. A plusieurs reprises, elle avait prononcé son prénom, mais le brun n'avait pas réagi pour autant. Et déjà, le convoi avait repris son chemin vers les voitures, sans se soucier une seconde de l'état critique de son petit ami. Pire, un soldat lui avait barré la route pour l'empêcher de rester trop près de lui. Les lèvres tremblantes, elle l'avait vu s'éloigner, impuissante, avant que la grand-mère des jumeaux ne lui redonne Liam.

Une fois près des véhicules, l'homme qui soutenait Axel l'installa à l'arrière d'un fourgon sous le regard inquiet de Shawna. Puis en voyant d'autres hommes approcher, la jeune maman recula par réflexe, apeurée. Non. Ce n'était pas possible, ils ne pouvaient pas. « Non... Laissez le moi... Je vous en supplie... » Murmura-t-elle, le regard larmoyant. Mais le grand brun ne broncha pas et lui prit Liam des bras. Elle résista, mais il n'eut aucun mal à lui prendre son bébé. Elle cria alors, avant d'attraper le bras de l'homme. Ses ongles longs s'enfoncèrent dans la chair du type mais il se contenta de s'éloigner encore, sans dire mot. Elle le frappa alors à plusieurs reprises, hurlant à plein poumon, sanglotant en le suppliant de lui laisser Liam. D'autres coups encore, mais elle ne put rien faire, deux soldats s'emparèrent d'elle pour lui lier les mains et la mettre de force à l'arrière du fourgon, où avait été mis Axel et Jon' quelques minutes plus tôt. La porte du véhicule se referma derrière elle.

A l'intérieur, elle retrouva Axel toujours inconscient. La coiffeuse se mit alors à pleurer à chaudes larmes avant de lâcher un nouveau râle sourd. Il lui fallut de longues minutes avant de se calmer, peinant à respirer sous le coup de l'émotion, elle finit par s'installer aux côtés d'Axel. Malgré l'obscurité qui régnait dans le fourgon, elle constata sans grand difficulté la gravité la blessure. Le t-shirt ensanglanté ne présageait rien de bon, et la jeune femme ne s'y attarda pas, préférant garder son attention sur le visage endormi de son compagnon.

Mais c'était trop dur de le voir ainsi, elle ne put retenir de nouveaux sanglots avant de fermer les yeux. Ce fut à ce moment que la voix d'Axel se fit entendre, faible... Lorsqu'il évoqua Liam, le cœur de la jeune femme se serra, et elle prit sur elle pour ne pas fondre en larmes. « Il... Il... Va bien... Il est dans un autre véhicule... » Pas la peine de lui en dire plus, ni même avec qui le petit était... Shawna ne pouvait qu'espérer que rien ne lui arriverait... Axel attrapa alors sa main, elle la métisse referma ses doigts sur la sienne avant de capter son regard. Il n'allait pas bien, pas bien du tout... Et les quelques mots de Jon' lui firent hocher la tête. « Est ce que tu pourrais le faire Jon'? » Prononça-t-elle à l'intention de l'autre jeune homme, affichant alors une mine désolée en lui demandant cela...

La grimace affichée par Axel bouleversa la jeune femme. « Hé... Tout va bien, je... Je suis là... » Elle l'embrassa doucement sur le front avant de replonger son regard rougis par les larmes dans le sien. Elle y chercha un quelconque espoir, mais elle voyait bien qu'il était trop affaibli déjà. Il fallait que quelqu'un le soigne au plus vite... Prenant une profonde inspiration, elle ne put contenir quelques larmes. Elle serra sa main encore un peu plus fort, le regard ne quittant pas le sien elle lui murmura d'une voix douce et triste « Je t'aime... Me laisse pas... » Cela faisait tellement mal...

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