On ne changeait pas les équipes qui gagnaient, alors ce fut sans étonnement que les deux groupes d’exploration furent approuvés. Selene avait hoché la tête et était partie avec Duncan, pénétrant dans les sous-bois d’où étaient précédemment sortis les mordeurs. Sur le qui-vive, elle conserva son couteau dressé, prêt à frapper dans un geste réflexe, mais il n’y avait rien. C’était presque trop tranquille, jusqu’à ce qu’ils atteignent une partie de la muraille, effondrée. Sourcils froncés, elle avait suivi son partenaire et enjambé les débris, jusqu’à un vieux grillage qui cerclait la propriété d’une espèce de manoir.

- J’en ai une, dit-elle à Duncan tout en lui emboîtant le pas.

Le bâtiment avait l’air d’avoir été laissé à l’abandon mais en même temps… il lui faisait froid dans le dos. Même en l’observant de loin, suivant un peu le grillage jusqu’à une autre ouverture volontairement créée dans les briques de la muraille, la musicienne ne pouvait pas s’empêcher de garder ses yeux bleus rivés sur la baraque désolée. Ainsi donc, cet endroit aurait un rapport avec la base militaire ? Ses méninges turbinaient déjà pour essayer de comprendre mais à défaut de pouvoir avoir des réponses, elle fit signe à son partenaire de s’accroupir. Ils n’étaient pas vraiment cachés par la haie sèches – s’il y avait bien quelqu’un pour les voir depuis la maison – mais ça lui donnait virtuellement l’impression d’être moins à découvert. Selene ouvrit son sac pour prendre sa lampe torche, qu’elle confia au magasinier ; elle avait bien l’intention d’aller visiter cette demeure sans tarder.

- Je vais te couvrir, lui précisa-t-elle avant de parler dans son talkie, Riley, tu me reçois ? Y’a un passage dans le mur qui a été volontairement fait pour relier la base aux voisins. Ça te dit quelque chose une espèce de manoir ?

Spoiler:

La végétation dense, le cadenas, la grille, les rôdeurs, le bruit, et la séparation. Connor poussa un petit soupir en nettoyant sur son jean déjà sali le sang sur la face de son arme. Sa batte de base ball, pareil à elle-même, toujours fidèle au poste, un poignard rangé à sa ceinture et un 9mm dans son dos qui servirait en dernier recours, l’homme releva le regard vers le batiment qu’ils dépassèrent et trop bien fermé pour être honnête. Bizarre, surtout lorsqu’il s’agissait d’un batiment administratif !

« C’est normal de blindé à ce point un endroit comme ça ? » Demanda-t-il à la brune en fronçant les sourcils. « Si y’a qu’des dossiers à l’intérieur, ça m’parait disproportionné. » Admit-il.

Et il n’était probablement pas le seul à le penser. Sauf que la configuration actuelle faisait qu’ils ne pouvaient pas y rentrer comme ils le voulaient. Tout avait été colmaté, fermement. C’était à peine s’ils avaient l’opportunité de voir à l’intérieur : chose que Connor voulait au moins pour se faire une idée de ce qu’ils y trouveraient. Si c’était pour se donner la peine de tout ouvrir, de faire du bruit, tout ça pour rien, il allait s’énerver. Pile au moment où le talkie de Riley grésilla pour découvrir la voix de Selene :

« J’reste à portée, j’vais voir si on peut jeter un coup d’œil dedans, si y’a des morts ou si y’a moyen de trouver une entrée… Pour un ou deux p’tits gabarits par exemple. » Fit-il en zieutant Roza et Riley, à côté.

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La brune avançait presque silencieusement depuis qu’ils s’étaient séparés, ses réflexes revenant au triple galop son regard courait dans tous les sens à la recherche du moindre mouvement suspect dans les branches. Couteau et pistolet toujours en main et pointé dans la direction observée, elle progressait avec ses deux comparses vers le bâtiment de l’administration.

Son esprit était parfois parasité par les réactions de l’équipe quant à sa - leur ? - volonté de ne prendre aucun risque, même avec un nombre limité de rôdeurs. Elle espérait qu’il ne s’agissait là que d’un cas isolé, les cimetières - Ou les routes, à l’heure actuelle - étaient remplis de gens plein de confiance en leur capacité.

Chassant cette idée pour le moment, elle offra à Connor la réponse à laquelle il s’attendait sans doute déjà, s'exprimant à voix basse : “Négat’... Les dossiers des militaires sont privés, mais en général on met ça dans des coffres, ou des locaux spécifiques. On blinde pas tout un bâtiment. Peut-être que quelques soldats ou autres ont survécu et ont installé ça pour empêcher les gens d’entrer… Ou de sortir.”

Elle avait prononcé ses derniers mots avec l’accent typique d’un acteur de blockbuster d’épouvante… Elle gardait son humour pour le moment, ce qui la rassura sur son état mental. La radio grésilla alors que Selene s’interrogeait sur le manoir qu’elle pu vaguement apercevoir entre les arbres. “Non, j’ai pas souvenir que ça ai été inclus à la base avant mon départ. On a trouvé un bâtiment complètement barricadé et blindé de notre côté. J’pense qu’il y a eu des survivants à l’époque, et qu’ils ont construit un genre de complexe en reliant plusieurs bâtiments ensemble… On va enquêter de notre côté, on vous tient au courant.”

Reportant son attention vers Connor, hochant la tête à sa proposition, elle ajouta simplement : “Faut essayer de trouver des traces de passage s’il y a plusieurs entrées, ou de présence vivante. Déchets, empreintes… Reste en vue, j’vais vérifier cette porte de mon côté.” désignant la porte blindée, elle entreprit de l’étudier, d’en étudier le cadre également, le matériel était militaire ? Le travail bâclé ? Récent ? Toutes ces questions qui les aideraient en cas d’entrée dans le bâtiment. Elle appliqua, bien sûr, ses propres recommandations et vérifia l’éventualité d'un passage humain récent, empreintes, douilles, vêtements ?

Résumé:

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La réponse de Riley lui fit froncer les sourcils. Mince. Sur ce coup, ils ne pourraient pas compter sur les connaissances de la militaire pour la suite. Pensive, le talkie à quelques centimètres des lèvres, la musicienne écoutait le viking sans le regarder. Il avait raison, bien entendu : avant de rentrer, ils devaient repérer les issues et n’importe quel signe que cette vieille maison était – ou non – encore habitée. Elle hocha brièvement la tête et souffla à l’intention des autres :

- On fait le tour et on essaye d’entrer. On vous dira ce qu’on trouve.

Ça sentait mauvais, effectivement, mais ils y étaient tous préparés. La bande de Roza, Selene et Duncan, ils n’étaient pas le genre à reculer devant la difficulté. La jeune femme raccrocha donc le talkie à sa ceinture et avisa le manoir en tirant son glock de son étui. Puisque son aîné tenait la torche et sa hache, elle le couvrirait au 9 mm. Avec des allures de félin, elle épiait leur cible tout en proposant à voix basse :

- On traine pas pour approcher et on va là, elle désigna le pan de mur sans fenêtre le plus proche, ensuite… on fait tout le tour en vérifiant discrètement les fenêtres et les portes, voir s’il y avait quelqu’un dedans, essayer de les ouvrir, on avisera après comment rentrer.

Frapper ? De pas frapper ? Là était la question. Dans un sens, s’il y avait effectivement quelqu’un, les choses se passeraient peut-être mieux si le duo ne se faisait pas surprendre à inspecter les ouvertures ; mais en même temps… l’endroit était tellement sinistre qu’elle n’était pas certaine qu’annoncer sa présence à de potentiels locataires, avant qu’elle les ait vus elle-même, soit une bonne chose. Pour le reste… elle n’omettrait aucun détail : tous les indices étaient bons à prendre.

- Go ?

Spoiler:

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