Le No Man's Land était calme et pour cause, il était nettement moins animé qu'à l'accoutumé. Les choses restaient cependant ce qu'elles étaient et la vie n'avait aucune changé dans le vieil entrepôt qui était bien loin de s'imaginer que les masqués étaient de retour et sévissaient en ce moment même.

Clyde est le premier à l'atteindre pour la sortir de son précieux livre de compte. Un convoi arrive et ce n'est pas bon signe. Elle se précipite alors vers l'entrée, machette qui pend contre à sa hanche, couteau de chasse à la ceinture et push dagger dans la botte. Armand est juste à ses côtés et saute presque sur son collègue pour obtenir un premier retour, premier retour qui n'a rien de rassurant. Le visage de la forgeronne reste pourtant de marbre, la blonde à tresses et dreadlocks reste impassible alors que stoot continue de s'exprimer. Son cœur bat pourtant la chamade alors qu'elle analyse minutieusement chaque mot soufflé par le boiteux. Quand Armand se tourne vers elle, elle ne répond pas immédiatement et lance un regard à Alexander qu'on prend en charge. Une grande inspiration plus tard et elle relève enfin les yeux vers le membre de New Eden. 

"C'est bien eux, et visiblement ils ont trouvé autre chose que des flèches et des battes." Le constat est simple à tirer pour qui possède un semblant d'observation et de déduction. Elle se tourne ensuite vers Stoot, son visage se fait plus dur alors qu'elle l'inspecte de haut en bas. "Ou est-ce que le convoi à été attaqué ? Combien étaient-ils ? Comment était la situation à votre départ ?" Ça fait beaucoup de questions, mais elle n'a pas vraiment le choix. "Je veux tout savoir Stoot, jusqu'au moindre détails. Concentre-toi." Et le temps qu'il se remette les idées en place, elle fait signe à Idriss et d'autres vagabonds autour. "PRÉPAREZ DES VÉHICULES !." Elle n'est pas encore sûre de devoir s'y rendre, mais au moins ainsi, dans le doute, tout sera déjà prêt pour le départ, chaque seconde peut compter.

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Alors que je discute tranquillement avec Richard, ça s’agite brusquement dans l’entrepôt. Suivant le mouvement, je me retrouve rapidement dehors, découvrant alors avec stupeur l’une des voitures du convoi. J’aperçois alors Jimmy, salement amoché. Je me précipite vers lui avant qu’il ne s’écroule. « Putain Jimmy ! Qu’est-ce qu’il s’est passé bordel ? » Pas de temps à perdre, il faut tout de suite l’emmener à l’infirmerie.

Faisant de mon mieux pour le soutenir, je remarque qu’un autre type est très mal en point à l’arrière de la bagnole. « Sortez le d’là ! Faut l’emmener à l’infirmerie ! Grouillez vous p’tain ! » Et alors que j’aide le photographe, j’entends rapidement les explications de Stoot. « P’tain d’enfoirés ! Oh Jim’ reste avec moi ! Il s’est passé quoi ?! Et Kaycee ? » Il ne me faut pas beaucoup de temps pour virer rouge. Et alors que j’attends une réponse de la part de mon pote, nous arrivons sous la tente. Je le fais s’allonger sur un des lits, alors que l’on amène l’autre blessé.

Je suis rejoint par une nana de ces New Eden, Susan, un médecin de l’armée. Je lui désigne Xander. « Occupez-vous d’lui. Il est salement touché, j’suis pas sûr d’pouvoir soigner ça ! » Quel sacré merdier ! J’attrape plusieurs compresses avant d’appuyer sur la blessure de Jimmy. « Ils t’ont pas loupé ces connards ! »

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C'est allé vite. Ils étaient montés tous les trois dans la voiture criblée de balles une fois les autres partis, pour se traîner au No Man's Land et prévenir les autres. Stoot avait aidé Jimmy à se relever, et ils avaient soutenu un peu Alexander, toujours dans la voiture, mais aussi toujours en vie.
Et ils avaient filés chez les leurs, Stoot au volant, le moins susceptible de s'évanouir.

Heureusement, ils avaient reçus un comité d'accueil au No Man's land. Jimmy avait vu Kendale arriver en courant, les yeux écarquillés. Il l'aida à sortir de la voiture, pour le porter à l'intérieur.

- Ils nous sont tombés dessus. Ils nous attendaient.

Il essayait de reprendre ses esprits. Le sang coulait moins, c'était déjà ça de pris. Mais l'esprit n'était pas très clair.

- Il était de retour. God. Il a tué... Thomas... Je sais plus les noms.

Mais pas Kaycee. Elle, elle avait été prisonnière. Elle lui avait sauvé la vie, en le poussant sous la voiture.

- Raina a pu s'enfuir, mais je sais pas où elle est allée. Prévenir les autres.
Ils ont beaucoup de prisonniers. Kaycee... Faut y aller. Vite.

Même si Jimmy prenait appui pour avancer, sa jambe le lâcha d'un coup, manquant de s'écrouler au sol. Mais il devait au moins marcher. Il aurait aimé aller sauver Kaycee à son tour. Mais il n'allait pas être très utile.

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À l’annonce de Clyde, rapidement suivit d’un clapotement de moteur inquiétant, Valérian échangea un coup d’oeil rapide avec Yulia, palpable de tension. D’un geste vif, il tira son Colt de son holster et se précipita sans perdre de temps à la suite de Kara pour accueillir les nouveaux venus. Lorsqu’il aperçut le véhicule et les survivants qui en sortaient, bien mal en point, les doigts du grec se resserrèrent sur la poignée de son arme et il jura à voix basse. Le convoi. « Ils » avaient attaqué le convoi et, visiblement, massacré son escorte : comment ce petit groupe était-il parvenu à se tirer d’affaire ? Y avait-il d’autres survivants ? Les pensées de Valérian s’orientèrent aussitôt vers Raina, qui avait fait partie de ladite escorte. L’amazone était une combattante redoutable, mais, au vu de l’état de la voiture et des impacts de balles qui la parcouraient, leurs assaillants avaient été lourdement armés. Et possiblement nombreux. Tant et si bien que Valérian se mit à redouter le pire pour la jeune femme.

En silence, Valérian écouta alors les propos du dénommé Stoot. Lorsque furent évoqués les « foutus connards masqués, » le grec serra les dents et échangea un nouveau regard furibond avec Yulia. S’il avait eu des doutes quant à l’identité de leurs assaillants, ceux-ci n’avaient plus lieu d’être. Tandis qu’on accourait pour extirper les blessés du véhicule, Valérian reconnut, parmi eux, le visage pâle de Jimmy, qu’il avait déjà eu l’occasion de croiser au No Man’s Land : « Les salauds. » marmonna t-il, en secouant la tête d’un air navré.

Merde alors ! Comment ces enfoirés masqués pouvaient-ils avoir constamment un coup d’avance sur eux ? Et comment avaient-ils su pour le convoi ? Qui avait bien les en informer ?

Jimmy, soutenu par Kendale, apporta un premier éclaircissement sur la situation. Raina en avait réchappé. Bien. Cela faisait au moins une bonne nouvelle au sein de cette incommensurable merde. Lorsque le jeune homme demanda à ce que l’on aille secourir le reste du convoi, Valérian s’agita alors, quelque peu excédé : « Et aller où, au juste ? » Il s’interrompit, puis repris plus calmement : « As-tu vu dans quelle direction ils sont partis ? As-tu une piste à nous fournir ? » Il paraissait très peu probable que les Scarecrows se soient attardés sur le lieu de l’attaque. Par ailleurs, Valérian était peu d’avis de se jeter dans la gueule du loup.

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Le retour de la voiture avec Jimmy, Xander et Stoot dedans a pas d'quoi faire plaisir. Quand l'annonce tombe, il suffit qu'd'un regard avec Valérian pour comprendre que ça pue salement et qu'on va pas aimer. Nerveuse, la suite de la discussion m'enjaille pas davantage, et j'dois bien admettre qu'mon coeur loupe chaque battement à chaque nouvelle découverte. Le convoi a été attaqué, beaucoup ont disparu, on sait pas si on va les trouver mort là bas ou pas. Et Raina ? Ou est Raina ?

Masqués ?! J'crois que je m'étrangle presque avec ce mot, de nerf quasi. La gorge nouée, j'me sens soudainement tellement tendue, mes doigts s'resserrent autour de mes armes. Quand on conduit les blessés à l'intérieur, j'reste en dehors de la conversation, parce que j'perds mes mots là. Ils ont refait surface. Ils sont dans le coin. Ils ont peut-être tué Raina.

Clyde a pour une fois une réaction intelligente, et ça arrive pas assez souvent. On est pas forcément tous équipés pour partir en guerre, mais on a suffisamment les crocs pour vouloir essayer. J'serre la mâchoire, et mon index se lève vers Armand :

Ils en ont, eux. Les New Eden. Des armes, des protections. Ce qu'il faut.

Le gusse me regarde quelques secondes, conscient de c'que ça veut dire. Ses hommes aussi ont participé au convoi. Il va pas m'dire que ça l'intéresse pas d'aller y jeter un coup d'oeil.

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