Elle suppose qu'elle l'a un peu vexé. Les hommes sont fiers. Ils aiment bien laisser penser qu'ils sont forts et solides alors qu'ils ont un coeur tout tendre. De ce qu'elle en sait, c'est la société qui les poussait à cacher leurs larmes et à jouer aux durs. Du coup il faut interpréter ce qu'ils disent de la manière inverse. Alors quand Terrence lui dit qu'il n'a jamais eu de problèmes avec les femmes, cela signifie qu'il n'a jamais réussi à en avoir une... Ce qui est tout de même un peu triste quand on y pense, non ? « T'sais, j'te juge pas... » lui indique-t-elle avec une certaine douceur, posant sa main sur l'avant-bras de l'énergumène. « Enfin si, j'te juge un peu quand même ! On va pas s'mentir hein ! Mais... c'est pour ton bien ! » nuance-t-elle tout de même dans la foulée. Elle ne peut pas dire qu'elle ne porte aucun jugement à son égard. Mais tout le monde le fait. C'est ainsi que l'humanité fonctionne ! « T'as l'droit d'avoir été battu, t'sais ? Par contre c'pas une raison pour t'montrer désagréable... » Pourquoi est-ce qu'il s'entête à vouloir la dénigrer et à lui rappeler qu'elle n'est encore qu'une adolescente ? Ça lui fait plaisir ? « Pour info j'ai eu quinze ans pendant notre rp ! Eh ouais ! » Qu'il arrête de dire qu'elle n'est qu'une gamine alors qu'il n'y a même plus de loi pour dire à quel âge la majorité est atteinte ! « Et rien que pour t'faire chier on l'arrêtera pas avant qu'j'aie vint ans ! » Boum ! Clyde, prépare-toi : va falloir trouver de quoi alimenter notre histoire jusqu'à l'an deux-mille-vingt-trois !

Mais quoi qu'il en soit Terrence a eu moins eu le bon goût de leur trouver un abri à peu près potable pour la nuit. Et par dessus le marché, il lui demande - en utilisant une formule de politesse - si elle arrêtera enfin de lui faire chier. L'adolescente arque un sourcil en posant le regard sur son interlocuteur. Il est déjà à bout ? « Comme t'as dit s'il-te-plaît, y'a moyen qu'j'étudie ta r'quête ! » Non en fait pas du tout ! Faut pas déconner ! « Mais t'sais c'est pas d'ma faute si j'suis chiante ! C'est génétique ! » Et puis elle vient aussi d'un pays où le soleil tape rudement sur la tête des gens. Ça doit sûrement jouer un peu... C'est dommage en tout cas parce que Terrence rajoute qu'il ne sait pas encore pourquoi il ne lui a pas fait sa fête. Elle n'est pas certaine du sens de sa remarque mais elle suppose tout de même raisonnablement qu'il ne parlait pas de lui organiser un anniversaire surprise et de lui faire une tonne de cadeaux ! L'australienne hausse les épaules : « C'est parce que t'as peur ! T'sais que si on d'vait lancer les dés, tu perdrais ! » relève-t-elle avec une insolence nimbée d'espièglerie. Suite à quoi ils pénètrent dans l'immeuble et se retrouvent dans ce qui devait être la demeure d'une ancienne famille. Après un procédé un peu immoral, Zelda hérite même de la chambre d'enfant. De quoi lui arracher une grimace. « Mais c'est un lit pour les bébés... » gémit-elle en se rendant compte de la taille du lit. Bon, d'accord, c'est Tigrou qui a choisi. Mais comme c'est Clyde qui le jouait alors c'est quand même une arnaque rpgiesque ! M'enfin...

La gamine se retrouve à arpenter la pièce à la recherche d'une quelconque distraction. Au final elle se préoccupe plus d'une éventuelle trouvaille que de Terrence qui souhaite finalement s'ouvrir à sa condition d'homme battu. « Vas-y, accouche ! » le presse-t-elle tandis qu'elle se dirige vers l'armoire de la chambre. C'est alors qu'elle sent une main poilue se refermer sur sa tignasse. L'espace d'un bref instant, lorsque l'homme balaie ses appuis, elle se retrouve en apesanteur. Elle aurait pu s'en émerveiller sans la douleur qui explose dans ses jambes presque immédiatement. Et puis, surtout, sans les coups de ciseaux que l'autre psychopathe s'acharne à donner dans ses cheveux. « Terreeeeeeeeeence ! » supplie-t-elle. Elle se débat, frappe et tente même de mordre. Mais au final le physique avantageux du cul-terreux lui permet de prendre l'ascendant et de massacrer sa chevelure. « Mais ?! PUTAIN MAIS T'ES PAS NET !! » s'emporte-t-elle quand la colère supplée la surprise. Qu'est-ce qu'elle est sensée faire dans ce genre de cas, hein ? Comment réagir quand un mec se permet de s'en prendre à la sacro-sainte capillarité ? Ben ouais, elle est obligée de faire ce qu'elle s'apprête à faire... Question d'honneur, vous voyez ? Donc l'adolescente tire son flingue, le pointe sur le pied de l'autre coiffeur improvisé et appuie sur la détente ! « Oh merde ! » souffle-t-elle quand elle remarque que la balle a miraculeusement atteint son objectif. Depuis quand sait-elle tirer, elle ? Zelda considère le trou fumant dans la chaussure de Terrence et pousse une grimace. « Pardon ! Pardon ! » répète-t-elle, un brin choquée par sa propre témérité. « J'ai pas fait exprès ! » Enfin si, un peu quand même ! Elle va avoir des problèmes ?

Oui, bon, elle n'est pas très fière d'elle ! Pour le coup elle aimerait bien pouvoir remonter le temps et modérer ses ardeurs. Il est vrai qu'elle s'est un peu emportée dans le feu de l'action. Mais d'un autre côté elle ne pouvait pas non plus laisser passer l'audace de son compagnon d'infortune. Le flingue dans sa paume, sa main libre agrippant nerveusement les mèches qui pendant encore sur le flanc de son visage, l'australienne fait les cent pas sans savoir ce qu'elle est vraiment sensée faire. Elle prête à peine attention aux reproches du blessé qui lui rappelle qu'elle a un peu exagéré en lui tirant dessus pour une bête histoire de cheveux. « J'AI PANIQUÉ !! » se justifie-t-elle maladroitement en jetant un regard à la fois curieux et ennuyé au trou dans la chaussure de son aîné. Qu'est-ce qu'elle sensée dire ? « À la base j'voulais juste t'faire peur, okay ? C'est pas ma faute si la balle est arrivée là où j'voulais pas !! C'est... » Quel est le terme exact pour ce genre de situation, déjà ? « C'est un dommage collatéral ! » Et puis elle n'aurait peut-être pas éprouvé l'impérieux besoin de lui trouer la peau s'il n'avait pas décidé de la priver de sa chevelure. « Et j'te rappelle quand même qu'c'est toi qui m'a attaquée l'premier !! Non mais juste pour dire, hein !! » June n'a cessé de lui répéter que les actes menaient à des conséquences. Si Clyde avait eu la rouquine comme mentor, il se serait probablement abstenu de déclarer la guerre à sa sainte capillarité...

Toutefois Terrence marque un point en arguant que la riposte de l'adolescente est un peu exagérée en comparaison du tort qu'elle a subi. Zelda hausse les épaules et continue de faire les cent pas face au blessé. Selon lui l'os est touché et il ne pourra plus marcher avant un bon moment. « Oh c'est bon ! T'vas pas mourir à cause d'une balle dans l'pied non plus ! T'exagères... » suppose-t-elle, faisant à peu près l'effort de le rassurer. Par contre c'est sûr qu'il marchera beaucoup moins bien, désormais... « Essaie d'positiver, s'te-plaît ! » Il ne va pas se mettre à paniquer lui aussi, non ? « Faut qu'tu gardes la tête froide ! » Elle suppose d'ailleurs qu'il la traite de sauvage et s'interroge sur son cursus à cause de la colère. Après une rapide délibération, elle décide de la considérer comme légitime. « J'T'AI DIT QU'J'ÉTAIS DÉSOLÉE !! » Ils peuvent peut-être passer à autre chose ? Ces gens qui vivent trop dans le passé, c'est un peu pénible...

Elle ne sait pas si ce sont ses paroles pleines de sagesses ou simplement la douleur qui force Terrence au calme mais ce dernier préfère finalement se focaliser sur le bandage de son pied. Zelda le regarde faire avec une petite moue. Est-ce que ce sera suffisant ? « On d'vrait pas plutôt t'poser du métal chauffé à blanc sur la plaie ? » Mais elle décide pourtant de lui faire confiance. Il sait probablement ce qui est le mieux pour lui. Et le voici qui lui propose d'enterrer la hache de guerre et de coopérer entièrement, comme des gens sensée. « C'est pour ça qu't'as décidé d'me transformer en garçon ? » maugrée-t-elle en désignant ses cheveux qui, maintenant, son bien trop courts à son goût. « Et quand tu dis élever Tigrou ensemble, t'veux dire... Comme un papa et une maman ? » Elle hoche la tête négativement et croise les bras. Elle croyait lui avoir dit qu'il n'y aurait jamais une relation de ce genre entre eux, non ? Et puis... « D'toute façon on peut pas rester trop longtemps ensemble parce que sinon j'vais m'attacher et après j'voudrai plus t'quitter et que j'veux pas qu'un truc débile du genre arrive ! » le prévient-elle avant de lever son arme en direction du visage de son aîné. Un air désolé se dessine sur ses traits encore juvéniles. « Tu veux que j'aille... heu... fouiller dans ton pied pour retirer la balle ? Vu qu'c'est un p'tit peu d'ma faute, j'me dis que c'est à moi d'le faire ? » C'est une bonne manière de se racheter, ça, non ? Et puis après il pourra mettre le projectile sur un collier et l'arborer fièrement devant d'autres jeunes en leur racontant que c'est un souvenir et en modifiant un peu l'histoire pour qu'il n'ait pas trop l'air d'un con qui s'en prend à d'innocents cheveux...