Bon, au moins, Myles n'est pas perdu. Elle obtient ainsi une confirmation à ce qu'elle espérait et qu'elle n'avait d'ailleurs jamais réellement remis en doute. C'est sûr qu'il aurait été un peu inconscient de prendre un tel risque. Zelda ne doute pas que l'homme soit un professionnel. Elle l'imagine d'ailleurs volontiers comme ce Rambo qui, de ce qu'elle est sait, était un as de la survie en forêt, apte à se sortir des pires pièges. « Ouais, c'est sûr qu'ça aurait un peu con... Et puis t'aurais pas été super crédible comme instructeur si tu t'étais perdu toi aussi, non ? » plaisante-t-elle. Mais d'un autre côté... « N'empêche que ça aurait aussi été un peu badass, j'trouve ! Genre nous deux, qui nous jetons volontairement dans les ennuis pour pouvoir en triompher héroïquement, armes aux poings et sang séchés sur l'visage ! » C'est sûr que ce n'est pas aussi épique que la quête de Frodon pour jeter l'anneau dans ce foutu volcan sans l'aide des aigles. Mais ouais, ça aurait encore renforcé l'immersion de leur petite aventure. « Mais bon, ouais, c'est quand même mieux comme ça ! » conclue-t-elle finalement, en revenant au bon sens. Parce que quand on y pense, les Hobbits, ils étaient pas super heureux de devoir se trimbaler un anneau jusqu'à l'autre bout du monde... Sans carte, en plus !

Ce qui n'est heureusement pas le cas de leur duo. Myles accepte de lui donner un indice. Et quel indice ! Il lui montre carrément où ils se trouvent et où ils doivent aller. Les choses seront clairement plus faciles à présent : elle n'aura qu'à pointer sa boussole pour trouver le nord et le garder à sa gauche. Le doigt de la gamine glisse plusieurs fois le long d'une ligne invisible entre leur position et leur destination. Mais le ranger lui rappelle que les choses ont changé, que le plan n'est plus forcément d'actualité. Elle hoche la tête. « Ouais... J'pense pas non plus qu'le chemin l'plus court soit l'plus indiqué. Si on était des piafs, j'dis pas ! Mais comme on a pas la chance d'avoir des ailes... » Quel dommage, d'ailleurs ! Ce serait tellement chouette de pouvoir voler. Les Rôdeurs auraient bien de la peine à les attraper pour les manger. Ou pas, en fait. Ils pourraient aussi voler quand on y pense... Merde ! « On est d'accord que quand les lignes sont super rapprochées, ça veut dire qu'le terrain est pentu ? Genre là, par exemple, c'est limite une falaise c'est ça ? » Le plus sage, selon elle, c'est de contourner ce qui semble être une zone difficile d'accès. Les lignes de nivellement sont plus espacés un peu plus au sud. Oui, c'est par là qu'ils vont passer ! « Si Monsieur veut bien s'donner la peine d'suivre la guide... » l'invite-t-elle d'un mouvement du bras en s'inclinant poliment et aussi, sans aucun doute, exagérément. Une petite trotte les attend. Pour peu qu'elle ne se trompe pas de chemin en cours de route...

Zelda se montre alors plus attentive. Lorsque son regard n'oscille pas entre l'environnement qui les entoure, sa boussole ou la carte, elle s'accorde de bref instants pour observer l'influence de la nature. Les chemins pédestres qu'ils croisent ont été envahis par les arbustes et les rangées de troncs alignés, coupés, se sont pour la plupart effondrés en pourrissant sur place. L'activité humaine commence déjà à être gommée. Est-ce que la Terre se souviendra de ce qui fut autrefois une espèce aussi imparfaite qu'impressionnante ? « Myles ! Regarde ! » s'exclame-t-elle d'une voix volontairement étouffée quand son regard se pose sur une biche. Le regard de l'adolescente se teinte d'une lueur enfantine et un petit sourire absent naît très vite sur son visage. Du moins jusqu'à ce qu'elle se rend compte que l'animal semble être à bout de souffle. Ils peuvent très vite comprendre pourquoi alors que trois rôdeurs s'avancent maintenant en direction de ce qui semble être leur cible. Ils vont l'avoir, c'est sûr. Peut-être pas tout de suite. Mais ils ne se fatiguent pas, eux. C'est une course que la biche ne peut pas gagner. Alors l'adolescente n'hésite même pas une seule seconde : « FUIS !! ALLEZ !! » Les mots semblent adressés à l'animal mais leur finalité concerne bien les morts. L'un d'eux réagis et dévie sa course dans leur direction. Les deux autres préfèrent se concentrer sur leur proie initiale. « On doit la sauver ! » Et la voici qui se rue en direction des deux cadavres, évitant le troisième en opérant un léger détour. Elle n'a que son couteau. Mais il est hors de question qu'elle reste sans rien faire. Et elle se met à nouveau à hurler, à agiter les bras. Le duo se focalise enfin sur elle. Et maintenant ?