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Death in my Pocket
Mar 5 Mai 2020 - 22:55
Death in my Pocket
Jeff & Dany
C'est une belle soirée. On voit que l'été arrive vite, car la nuit peine à tomber. Certains ont même choisi de dormir à l'extérieur, en dépit des dangers qui rôdent toujours. Ils ont allumé des foyers dans des tonneaux histoire de mettre un peu de lumière, donnant à la cour des allures de camp de vacances. Ou de squat. Plutôt de squat.
Et moi j'ai pour une fois choisi de profiter un peu de cette atmosphère. Je cherche un moment Curtis des yeux, mais j'crois que je peux faire une crois sur lui ce soir. Vaughn est occupé à draguer quelque part, j'suis tout seul, mais j'crois que ça me dérange pas. J'vois personne qui puisse me faire du mal, les gens font tous leur vie dans leur coin. Tout est relativement tranquille, ça me va.
Mes doigts tirent une cigarette de leur boîte, que je range dans ma poche. J'sais que j'aurais sans doute pas dû retomber là-dedans, que j'aurais dû profiter de mon sevrage forcé pour pas reprendre mais … quand y'a plus que ça comme vrai plaisir, c'est dur de se priver. Et j'ai chopé ce paquet gratuitement, en plus. Quelqu'un l'avait sans doute fait tomber, et il était tellement abîmé que les gens devaient penser qu'il était vide. Au final, il n'en manque que quelques unes.
Alors j'tire sur ma clope sans me restreindre, le dos appuyé contre le mur du hangar, et j'prends le temps de contempler la fumée qui s'échappe de mes lèvres. Puis j'tousse un peu, un peu bloqué par mon asthme.
J'contemple tout ce beau monde pendant une bonne poignée de minutes, et finalement, mes prunelles accrochent une silhouette que j'pense reconnaître. Aussitôt, un p'tit sourire glisse sur mon visage. J'me donne de l'élan d'une nouvelle taff, et j'décolle mon dos du mur pour le rejoindre de ma démarche nonchalante.
- J't'offre une clope ?
J'braque le paquet ouvert sous son nez, la mienne coincée entre mes lèvres, tandis que mes prunelles le dévisagent un peu. J'me libère la bouche, souffle doucement la fumée, et penche un peu la tête sur le côté.
- Tu te souviens de moi ? On a presque réussi à faire connaissance, le soir de l'ouverture/fermeture de la Taverne.
J'souris, même si la soirée ne s'est pas forcément très bien terminée. J'vais pas dire que je m'en fiche, mais j'suis assez optimiste pour retomber sur mes pattes.
- T'es tout seul ?
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Re: Death in my Pocket
Mer 6 Mai 2020 - 13:03
Death in my pocket Feat Daniel Iacobo |
« Allez Allen, s'te plaît ! » S'exclamait Jeff en sortant de la tente du géant au cœur d'or. Il semblait lui coller aux baskets. Pourquoi ? Parce que lorsqu'ils étaient sur le bateau, Jeff avait vu en lui un allié potentiel. Allen n'était pas bête, loin de là, mais il se montrait extrêmement résilient face aux excentricités de son camarade, avec qui il avait partagé le rafiot. Peut-être avait-il une once de sympathie pour lui au fond, mais il le cachait très bien, au moins pour ne pas l'encourager à se montrer encore plus envahissant.
Jeff se tortillait dans un t-shirt ajusté gris aux inscriptions presque effacées depuis le temps. Sa blessure commençait à bien se cicatriser, depuis les derniers événements de la taverne. Bien sûr, le Jeff d'avant serait parti comme un voleur, sans même remercier ceux qui l'avaient aidé dans la tente médicale, mais Jeff n'était plus aussi fuyard et égoïste qu'auparavant. Il se montrait même plutôt opportuniste sans être toxique. Pour remercier ceux qui l'avaient soigné, il leur avait proposé de leur ramener ce qu'il fallait pour rendre la tente médicale un peu plus confortable et quelques objets de leur choix pour leur simple plaisir personnel. C'est là qu'Allen avait refusé. Jeff n'avait pas vu Jamaal depuis quelques jours et cherchait un autre partenaire de fouille. Le géant aux yeux clairs avait refusé en bloc : il venait à peine de trouver sa place dans le No Man's Land et refusait pour le moment de partir à l'aveuglette avec un déchaîné de la hache comme le tatoué.
S'éloignant en remontant son jean délavé d'un geste boudeur, Jeff croisa alors le regard d'un jeune homme qu'il reconnu. C'était ce gamin de la taverne : il avait un regard pétillant et en même temps quelque chose de profondément triste : Jeff ne connaissait rien de lui, mais accueillit son entrée avec le sourire. « Tiens, salut ! » Il tira une cigarette du paquet que lui avait mis sous le nez Daniel et le remercia avec un sourire. Glissant la cigarette entre ses lèvres, Jeff l'alluma avec l'une des flammes qui dansait dans l'un des barils qui rendait l'ambiance beaucoup plus chaleureuse. Jeff avait l'habitude de ce genre d'endroits, qui lui rappelaient l'époque où il devait avoir l'âge de ce gamin. Un rejeton du système qui avait trouvé refuge auprès de ceux qui l'avaient accepté : les punk et les SDF.
« Bien sûr que j'me rappelle de toi ! Désolé de pas avoir pu faire davantage la causette, j'étais trop occupé à zigouiller du nazi et me faire griller la couenne comme un morceau de lard. » Sans cérémonie, il remonta son t-shirt pour lui montrer la peau irrégulière, encore rose et fragile qui venait remplacer petit à petit les croûtes sur une partie de son flanc droit. Jeff lâcha un rire semblable à un aboiement de chien et plissa les yeux avant de réajuster sur sa tête les lunettes de soleil qu'il portait. « Ecoute ouais, j'ai créché chez Nina y a pas longtemps le temps d'me remettre de tout ça, mais j'dois retrouver un pote demain pour un p'tit business. » Il esquissa a un sourire en coin et pencha la tête vers Dany. « Et toi alors, Dany ? T'as réussi à éviter les ennuis depuis l'temps ? »
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Re: Death in my Pocket
Mer 6 Mai 2020 - 23:17
J'ai un peu honte, maintenant, de me remémorer cette soirée catastrophique, à la taverne. Parce que tout le monde m'a fait dégager de la bagarre, et que j'ai même pas lutté pour leur venir en aide. Ça m'rappelle ma condition de gros boulets, et quand j'vois la sale brûlure que me dévoile Jeff, j'ai une grimace.
- Merde … J'suis désolé hermano.
J'le suis sincérement, personnellement.
Mais je hausse les épaules en replantant mes prunelles sur son visage :
- Ca te donne un charme, t'inquiète. Cicatrices de guerre, tout ça.
J'pourrais lui montrer les miennes pour me la péter, parce que j'en ai une sacrée collection, mais j'ai pas envie de lui expliquer comment je les ai eu. Surtout qu'en règle générale, les brûlures de cigarette, c'est assez explicite comme marques de torture, et il est assez simple de les reconnaître sur mes avants-bras.
Un rire joyeux m'échappe quand m'annonce qu'il a dormi chez Nina. Elle s'est bien gardé de me le raconter, ça. Vu la manière dont les deux se reluquaient à la taverne, ils n'avaient pas fais que crécher.
- Un business ?
J'penche la tête et fronce les sourcils, curieux, tentant de trouver son regard en-dessous des verres de ses lunettes de soleil.
- Quel genre de business ?
J'ai très peu connaissance de tout ce qui se passe. Le fait d'avoir été séquestré si longtemps m'a complétement coupé de la vie à l'extérieur, des nouveaux métiers, du troc et de tout ça. Comme si je débarquais de nul part, j'en apprends un peu chaque jour, et ça me fascine de voir à quel point les hommes sont retombés sur leur patte pour survivre.
Quand il me retourne la question, j'laisse un sourire filer sur mes lèvres alors que je porte un instant mon attention sur ma clope qui se consume doucement. Un peu gêné par les ennuis que je n'ai pas su éviter et stupidement séduit par la manière dont il a prononcé mon prénom, je fais mine d'appuyer ma main sur le tonneau, et la retire vivement en sentant le contact du métal brûlant, une grimace sur le visage.
- Putain j'suis con ! Que j'lâche en secouant mes doigts.
Au moins, ça m'a vite ramené à la réalité.
- Ca va, ici. Les journées s'enchaînent tranquillement, j'fais le ménage, j'donne des cours de guitare à Kaycee, j'ai pas à me plaindre.
Si on en exclu mes anciens tortionnaires qui débarquent et qui me rappellent d'où je viens.
Mon indexe se pose sur ma langue pour apaiser le feu de la brûlure, et j'reprends après quelques secondes:
- J'ai presque une vie normale, ici, c'est assez cool.
- Merde … J'suis désolé hermano.
J'le suis sincérement, personnellement.
Mais je hausse les épaules en replantant mes prunelles sur son visage :
- Ca te donne un charme, t'inquiète. Cicatrices de guerre, tout ça.
J'pourrais lui montrer les miennes pour me la péter, parce que j'en ai une sacrée collection, mais j'ai pas envie de lui expliquer comment je les ai eu. Surtout qu'en règle générale, les brûlures de cigarette, c'est assez explicite comme marques de torture, et il est assez simple de les reconnaître sur mes avants-bras.
Un rire joyeux m'échappe quand m'annonce qu'il a dormi chez Nina. Elle s'est bien gardé de me le raconter, ça. Vu la manière dont les deux se reluquaient à la taverne, ils n'avaient pas fais que crécher.
- Un business ?
J'penche la tête et fronce les sourcils, curieux, tentant de trouver son regard en-dessous des verres de ses lunettes de soleil.
- Quel genre de business ?
J'ai très peu connaissance de tout ce qui se passe. Le fait d'avoir été séquestré si longtemps m'a complétement coupé de la vie à l'extérieur, des nouveaux métiers, du troc et de tout ça. Comme si je débarquais de nul part, j'en apprends un peu chaque jour, et ça me fascine de voir à quel point les hommes sont retombés sur leur patte pour survivre.
Quand il me retourne la question, j'laisse un sourire filer sur mes lèvres alors que je porte un instant mon attention sur ma clope qui se consume doucement. Un peu gêné par les ennuis que je n'ai pas su éviter et stupidement séduit par la manière dont il a prononcé mon prénom, je fais mine d'appuyer ma main sur le tonneau, et la retire vivement en sentant le contact du métal brûlant, une grimace sur le visage.
- Putain j'suis con ! Que j'lâche en secouant mes doigts.
Au moins, ça m'a vite ramené à la réalité.
- Ca va, ici. Les journées s'enchaînent tranquillement, j'fais le ménage, j'donne des cours de guitare à Kaycee, j'ai pas à me plaindre.
Si on en exclu mes anciens tortionnaires qui débarquent et qui me rappellent d'où je viens.
Mon indexe se pose sur ma langue pour apaiser le feu de la brûlure, et j'reprends après quelques secondes:
- J'ai presque une vie normale, ici, c'est assez cool.
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Re: Death in my Pocket
Mer 6 Mai 2020 - 23:49
Death in my pocket Feat Daniel Iacobo |
La mine de Dan est triste à voir, lorsqu'il observe les blessures du tatoué. Cependant, ce dernier secoue une main devant lui, comme pour dédramatiser et sourit franchement. « Ça va t'inquiètes. J'suis pas mort c'est déjà ça ! » Jeff rit de plus belle à la remarque du jeune homme et hocha la tête vivement. « Ah mais grave ! J'en ai un paquet de ces merdes, c'est pour ça que j'suis un sex symbol ! » Plaisante-t-il en mentionnant d'autres blessures. Jeff était un enfant de l'assistance publique, il avait grandit dans un foyer dans lequel il était naturel de subir des sévices corporelles par les plus âgés et même les éducateurs. Puis, quand il fût le plus âgé, ce fût au tour de Jeff de devenir un bourreau. Il n'y avait rien en rapport avec une quelconque recherche de vengeance, non, c'était simplement une habitude : c'était quelque chose d'encré dans la culture de Jeff.
En l'observant, Jeff voit quelques marques sur les bras de Dany. Il arque un sourcil mais ne fait aucun commentaire à ce propos. Chacun a ses casseroles, ses marmites lourdes qu'il traîne derrière lui comme il peut. Jeff n'était pas un sentimental et ne dit rien à ce propos. L'intérêt pour le business premium de la part de Dany avait quelque chose de touchant ; il possédait une sorte d'innocence sincère, qui fit sourire Jeff. Il riait presque comme attendri par le jeune homme. « Ouais, avec un pote on s'est mis en tête de récupérer des trucs, des trucs que même les gars du troc n'ont pas pensé. J'sais pas, t'as jamais eu envie de retrouver un truc "de confort" dans ta p'tite vie de survivant ? » Jeff parlait presque comme un vendeur faisant du porte à porte. Seulement, à poser généralement la question avant d'annoncer ses services, le tatoué parvenait à piquer la curiosité de ses interlocuteurs, qui, centrés sur eux-mêmes – comme la plupart des humains – réussissaient à donner au moins un ou deux exemples à Jeff. Ce dernier n'avait donc plus qu'à trier mentalement le contenu de cette confession : quel souhait était réalisable par Jamaal et lui ? Si plusieurs personnes mentionnaient la même chose, devraient-il constituer un stock ?
La question du stockage était encore un problème pour Jamaal et Jeff, qui revenaient sur leurs décisions tous les quatre matins. Jeff leva une main pour lui retirer le bras du baril, mais le jeune homme s'était déjà appuyé contre ce dernier, la tête ailleurs. « Hoy ! Douc'ment gamin, je sais que les brûlures c'est sexy mais pas question de m'imiter ! » Jeff empruntait sa voix de surveillant, avant de croiser le regard du jeune homme et d'esquisser un sourire en coin. « T'es pas dégourdi toi j'me trompe ? » Dans la bouche de Jeff, dans la manière dont il avait demandé ça, il n'y avait aucune méchanceté, aucun appriori. Jeff tira sur la cigarette que Dan lui avait offert et souffla après un long moment la fumée par le nez, en s'asseyant à quelques mètres du baril, invitant le brun à le rejoindre. Jeff grimaça en sentant ses cicatrices tirer sous l'effort mais lâcha un rire pour montrer que ça n'était rien. « Une vie normale hein ? T'étais où avant d'atterrir dans ce festoch' ? » Car il était clair que les tentes des uns et des autres, les différents survivants discutant autour d'un baril faisait autant penser à un camping de festival qu'à un squat de SDF. Il suffisait de voir les choses sous un autre angle.
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Re: Death in my Pocket
Jeu 7 Mai 2020 - 0:14
J'ai vivement acquiescé en hochant la tête quand il se compara à un sex symbol. Clairement, j'le trouve sexy. Les tatouages, le côté bad boy, ça me plaît pas mal. Il suffit de le mettre à côté de Curtis pour comprendre mon style.
Il m'explique alors son petit business, et j'écoute avec attention, sans le quitter des yeux. Une petite moue pensive se pose sur ma face à sa question, et j'lève un instant le nez en l'air, tombant comme un con dans cette habile stratégie de vendeur, sans même m'en rendre compte.
- Woh, un truc de confort d'avant … ?
J'considère sérieusement la question, et suis un peu déçu de ne me trouver aucune réponse. La musique, à la limite, mais j'ai déjà une guitare que les filles ont réussi à me trouver je ne sais où. La beuh ou les clopes, c'est un peu au-dessus du simple 'confort' et on en troc déjà pas mal ici.
J'suis sans doute pas assez futé ou réfléchi pour avoir une quelconque idée de ce que je voudrais vraiment, alors je me contente de hausser une épaule. À la limite, j'voudrais des trucs pas possible, comme retrouver ma fierté perdue ou les années de ma vie volées par mes bourreaux. Mais ça, c'est au-dessus des compétences de Jeff.
- Nop, j'crois pas. Ah si !
Mes sourcils se haussent en réaction à ma propre surprise de mettre le doigt sur un truc :
- Du maquillage. Ou du parfum. Des trucs pour s'rendre beau gosse dans l'idée. J'rêve de pouvoir me faire des mèches violettes et bleues.
Mon sourire est un peu lointain, un peu rêveur. J'suis pas sûr d'être capable de me foutre du rouge sur les lèvres au sein du No Man's Land sans me faire péter la gueule dans la seconde.
Ça, c'est juste avant que je me crame la main comme un débile. J'me mets une claque mentale mais j'me force à pas trop en faire une affaire d'état, lâchant même un rire à la remarque du sex symbol.
- C'est pas vraiment une fierté, je lâche en le rejoignant. Mais j'crois que j'suis assez dégourdi pour avoir survécu jusqu'à aujourd'hui, quand même.
Je me laisse tomber à côté de lui et avale une nouvelle taff. Mon autre main se pose par terre, le frais du sol apaise un peu la brûlure.
La cigarette coincée entre mon pouce et mon majeur, je la regarde une seconde se consumer lentement, avant de balancer mes prunelles du côté de Jeff à sa question. J'esquisse un sourire et remue un peu pour m'installer un peu plus confortablement, étalant mes jambes devant moi, m'appuyant sur mon coude.
- A droite, à gauche. J'tournais un peu d'un groupe à l'autre.
J'ai presque envie de rire à mon expression qui est ironiquement juste.
- J'ai jamais trop réussi à trouver mes marques nul part. Mon dernier groupe m'aimait pas trop. Enfin, c'est carrément un … un … merde, comment vous dites ? Un enphimiste ? Euphim... ?
Ma langue claque d'agacement contre mon palais mais j'balaie finalement le mot en secouant la tête, avant de reprendre mon gros mensonge. Jeff a pas besoin de savoir la vérité. Mes tatouages sont bien cachés sous mes mitaines de biker, le peu qui est au courant ici de mon vrai parcours n'en parle à personne, et heureusement.
- Plutôt que de me buter ou de juste me dire qu'ils voulaient plus de moi, ils ont attendu un soir où on s'bourrait la gueule pour m'attacher à un radiateur. Puis ils se sont barrés. J'te raconte pas la stupeur au réveil. J'ai vu mieux comme potes de survie.
J'ai une seconde de silence absent, où j'me perds complétement dans ma tête. Regard dans le vide, j'me reprends finalement d'un sourire qui balaie toutes mes sombres pensées.
- Belle histoire, pas vrai ? Et la tienne alors, elle raconte quoi ?
Mon dos se redresse, mes jambes se rangent en tailleur et j'écrase mon mégôt par terre. Prenant aux mots les propos de Jeff concernant le 'festoch' qu'est le No Man's Land, j'ouvre la bouche :
- Les artistes se font attendre, ici. Faut qu'on chante tous en choeur Bohemian Rhapsody pour que le concert commence ?
Il m'explique alors son petit business, et j'écoute avec attention, sans le quitter des yeux. Une petite moue pensive se pose sur ma face à sa question, et j'lève un instant le nez en l'air, tombant comme un con dans cette habile stratégie de vendeur, sans même m'en rendre compte.
- Woh, un truc de confort d'avant … ?
J'considère sérieusement la question, et suis un peu déçu de ne me trouver aucune réponse. La musique, à la limite, mais j'ai déjà une guitare que les filles ont réussi à me trouver je ne sais où. La beuh ou les clopes, c'est un peu au-dessus du simple 'confort' et on en troc déjà pas mal ici.
J'suis sans doute pas assez futé ou réfléchi pour avoir une quelconque idée de ce que je voudrais vraiment, alors je me contente de hausser une épaule. À la limite, j'voudrais des trucs pas possible, comme retrouver ma fierté perdue ou les années de ma vie volées par mes bourreaux. Mais ça, c'est au-dessus des compétences de Jeff.
- Nop, j'crois pas. Ah si !
Mes sourcils se haussent en réaction à ma propre surprise de mettre le doigt sur un truc :
- Du maquillage. Ou du parfum. Des trucs pour s'rendre beau gosse dans l'idée. J'rêve de pouvoir me faire des mèches violettes et bleues.
Mon sourire est un peu lointain, un peu rêveur. J'suis pas sûr d'être capable de me foutre du rouge sur les lèvres au sein du No Man's Land sans me faire péter la gueule dans la seconde.
Ça, c'est juste avant que je me crame la main comme un débile. J'me mets une claque mentale mais j'me force à pas trop en faire une affaire d'état, lâchant même un rire à la remarque du sex symbol.
- C'est pas vraiment une fierté, je lâche en le rejoignant. Mais j'crois que j'suis assez dégourdi pour avoir survécu jusqu'à aujourd'hui, quand même.
Je me laisse tomber à côté de lui et avale une nouvelle taff. Mon autre main se pose par terre, le frais du sol apaise un peu la brûlure.
La cigarette coincée entre mon pouce et mon majeur, je la regarde une seconde se consumer lentement, avant de balancer mes prunelles du côté de Jeff à sa question. J'esquisse un sourire et remue un peu pour m'installer un peu plus confortablement, étalant mes jambes devant moi, m'appuyant sur mon coude.
- A droite, à gauche. J'tournais un peu d'un groupe à l'autre.
J'ai presque envie de rire à mon expression qui est ironiquement juste.
- J'ai jamais trop réussi à trouver mes marques nul part. Mon dernier groupe m'aimait pas trop. Enfin, c'est carrément un … un … merde, comment vous dites ? Un enphimiste ? Euphim... ?
Ma langue claque d'agacement contre mon palais mais j'balaie finalement le mot en secouant la tête, avant de reprendre mon gros mensonge. Jeff a pas besoin de savoir la vérité. Mes tatouages sont bien cachés sous mes mitaines de biker, le peu qui est au courant ici de mon vrai parcours n'en parle à personne, et heureusement.
- Plutôt que de me buter ou de juste me dire qu'ils voulaient plus de moi, ils ont attendu un soir où on s'bourrait la gueule pour m'attacher à un radiateur. Puis ils se sont barrés. J'te raconte pas la stupeur au réveil. J'ai vu mieux comme potes de survie.
J'ai une seconde de silence absent, où j'me perds complétement dans ma tête. Regard dans le vide, j'me reprends finalement d'un sourire qui balaie toutes mes sombres pensées.
- Belle histoire, pas vrai ? Et la tienne alors, elle raconte quoi ?
Mon dos se redresse, mes jambes se rangent en tailleur et j'écrase mon mégôt par terre. Prenant aux mots les propos de Jeff concernant le 'festoch' qu'est le No Man's Land, j'ouvre la bouche :
- Les artistes se font attendre, ici. Faut qu'on chante tous en choeur Bohemian Rhapsody pour que le concert commence ?
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Re: Death in my Pocket
Ven 8 Mai 2020 - 18:35
Death in my pocket Feat Daniel Iacobo |
La question de Jeff laissait apparaître dans l'esprit de ses interlocuteurs, un champ de possibilités énorme, pour ne pas dire sans fin. Il y avait forcément quelque chose qu'ils souhaitaient retrouver, pour se sentir bien, pour se détendre, pour retrouver un semblant de leur vie d'avant. Jeff jouait sur le sentiment et savait que cela fonctionnerait, même sur la pire des têtes de mûle du coin. Il esquissa un sourire en voyant le jeune homme réfléchir et fit une moue satisfaite. Quand il énuméra les quelques éléments qui lui faisaient envie, Jeff fit semblant de sortir un stylo et un carnet et nota d'un air espiègle, ce qu'il venait de dire. Puis, il se frappa la tempe à l'aide de son index avant de sourire et de répondre : « Ah tu vois, y a forcément quelque chose. T'es pas le premier à me demander ça, quand j'irai récupérer du matos, j't'en mettrais un peu de côté ! » Proposa alors Jeff sans se soucier de ce que le jeune homme avait à lui donner en échange.
En fait, le tatoué ne savait jamais trop quoi demander à ses nouveaux clients. Il attendait justement leurs propositions pour acquiesçer, la plupart du temps : de la nourriture, un abri pour la nuit, une lambe de poche, un manteau d'hiver. N'importe quoi qui pouvait toujours être troqué de nouveau derrière. Jeff n'était pas un matérialiste, pour faire simple, il n'avait jamais rien eu à lui, ce qui facilitait les choses. : un dealer est plus efficace s'il ne consomme pas lui-même.
Quand Dany trébucha, il bredouilla un peu vexé qu'il a néanmoins réussi à survivre jusque là, avant de le rejoindre sur le sol. Jeff l'observa alors avec un sourire distrait. Il essayait de voir en lui ce qui avait pu lui arriver : comment avait-il essayé de survivre ? Où était-il au début de tout cela ? Dany n'était qu'un gamin au débu de l'épidémie, tout juste sorti de l'école très probablement. Jeff se passa une main sur le visage et le laissa alors raconter quelques bribes de son existence, avant de tirer une nouvelle fois sur sa cigarette. « Un euphémisme. » Corrigea-t-il d'une voix neutre avant de lui faire un signe de la tête pour continuer. Avec son accent, Dany ne pouvait nier ses origines latines, mais Jeff n'arrivait pas très bien à deviner d'où est-ce qu'il venait.
En fin de compte, ça n'avait pas vraiment d'importance, encore moins qu'à l'époque. Son histoire laissa de marbre Jeff qui cependant essayait d'imaginer ce que le brun avait pu vivre. Il fit une grimace en coin et haussa les épaules : « Mais t'façon, maintenant, t'en as plus rien à foutre... T'es là, t'es vivant... Et peu importe le nombre de brûlure de clopes, tu peux t'estimer être toujours en vie et cracher sur leur mémoire ! » En conclut alors Jeff après un petit temps de silence, en désignant d'un signe de tête l'intérieur des bras de Dany avant d'esquisser un sourire en coin. Jeff était un habitué des sévices corporels, il savait tout le mal intérieur que cela pouvait faire, il avait été à bonne école au foyer. Dans son malheur, le tatoué s'était forgé cette personnalité au fur et à mesure des années, rempli de sarcasme et de nonchalance : la Mort elle-même ne lui faisait pas peur.
« Moi... Au rien, j'suis un fils de riche quoi... » Il rit à sa propre remarque, sachant très bien que ça n'était pas vraiment crédible. « Qu'est-ce que tu veux savoir ? Y a pas grand chose à dire : la vie c'est d'la merde, on s'démmerde pour rester ici quand même... Parce que... J'sais pas, les hormones, l'instinct de survie ou une connerie dans l'genre ! » Lâcha-t-il avant de rire de plus belle à la remarque du jeune homme. « Raaah ouais bordel, ce serait le pied de pouvoir réécouter du son là, ça c'est un vrai truc qui manque ! »
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Re: Death in my Pocket
Sam 9 Mai 2020 - 17:51
J'claque des doigts et pointe l'indexe vers le haut, prenant soudainement un air infiniment sérieux.
- C'est ça. Un eu-phé-misme.
Les syllabes se détachent, j'articule exagérement, histoire d'être sûr de retenir ce putain de mot sorti des tréfonds des Enfers.
Je reprends alors mon récit, balançant tout ça sans y mettre d'émotion, pas vraiment dans l'humeur de me faire plaindre ou de me plaindre.
J'ai un sourire un peu gêné quand il me désigne l'air de rien mes plaies sur mes bras. Stupidement, je tourne mes bras pour en cacher l'intérieur, là où c'est le plus moche.
- Exact, hermano ! Moi j'suis encore là, sur mes deux jambes, et en bonne compagnie.
Mon épaule vient gentiment heurter la sienne. Après hésitation et alors qu'il prend à son tour la parole, j'sors une nouvelle cigarette que je colle entre mes lèvres le temps de l'allumer. Un rire m'échappe, je hausse un sourcil et lui lance un regard en coin.
- Wah, on dirait le discours d'un ado émo. Et après un bref silence : j'ai l'impression de m'entendre.
Même si j'suis plus vraiment un ado, et que je me considère pas vraiment comme un émo. C'est un peu l'image que j'ai dans la tête des gens, et j'ai toujours été doué pour l'autodérision.
- Au pire, on s'en branle de nos histoires, je souffle en même temps que la fumée de ma clope. Faut profiter d'être encore-là aujourd'hui.
Sans gène, je le détaille alors. Mes prunelles glissent sur sa silhouette et ses tatouages, remonte sur son visage, sur sa barbe mal rasée et sa tignasse sombre. Et je peux pas m'empêcher de me poser la fameuse question. La question fait que le ventre se sert et que tout peut être remis en question. Il m'a l'air relativement … efféminé ? J'sais pas trop. Paraît que les gay et les bi ont un radar pour détecter leur semblable, mais j'suis pas doué pour ça. Manquerait plus qu'il se vexe et qu'il me mette la misère parce qu'il ne supporte pas de plaire aux hommes.
Je tire sur ma barre de nicotine, longuement, le temps de réfléchir, et ne peux réprimer une petite toux.
Un peu trop vivement sans doute, la clope au bec, je me penche sur lui et lui attrape le poignet pour lever son bras à hauteur de mon visage.
- C'est quoi tes tatouages ? Ils sont supers cools. J'aurais kiffé avoir des tatouages. Mais la fin du monde est arrivée trop vite, donc j'en ai pas. Mais les tiens sont cools. T'en as d'autres ?
On a fait plus fin comme approche, je conçois. Mais ça reste encore assez détaché pour pouvoir tâter le terrain sans me prendre la raclée de ma vie.
- C'est ça. Un eu-phé-misme.
Les syllabes se détachent, j'articule exagérement, histoire d'être sûr de retenir ce putain de mot sorti des tréfonds des Enfers.
Je reprends alors mon récit, balançant tout ça sans y mettre d'émotion, pas vraiment dans l'humeur de me faire plaindre ou de me plaindre.
J'ai un sourire un peu gêné quand il me désigne l'air de rien mes plaies sur mes bras. Stupidement, je tourne mes bras pour en cacher l'intérieur, là où c'est le plus moche.
- Exact, hermano ! Moi j'suis encore là, sur mes deux jambes, et en bonne compagnie.
Mon épaule vient gentiment heurter la sienne. Après hésitation et alors qu'il prend à son tour la parole, j'sors une nouvelle cigarette que je colle entre mes lèvres le temps de l'allumer. Un rire m'échappe, je hausse un sourcil et lui lance un regard en coin.
- Wah, on dirait le discours d'un ado émo. Et après un bref silence : j'ai l'impression de m'entendre.
Même si j'suis plus vraiment un ado, et que je me considère pas vraiment comme un émo. C'est un peu l'image que j'ai dans la tête des gens, et j'ai toujours été doué pour l'autodérision.
- Au pire, on s'en branle de nos histoires, je souffle en même temps que la fumée de ma clope. Faut profiter d'être encore-là aujourd'hui.
Sans gène, je le détaille alors. Mes prunelles glissent sur sa silhouette et ses tatouages, remonte sur son visage, sur sa barbe mal rasée et sa tignasse sombre. Et je peux pas m'empêcher de me poser la fameuse question. La question fait que le ventre se sert et que tout peut être remis en question. Il m'a l'air relativement … efféminé ? J'sais pas trop. Paraît que les gay et les bi ont un radar pour détecter leur semblable, mais j'suis pas doué pour ça. Manquerait plus qu'il se vexe et qu'il me mette la misère parce qu'il ne supporte pas de plaire aux hommes.
Je tire sur ma barre de nicotine, longuement, le temps de réfléchir, et ne peux réprimer une petite toux.
Un peu trop vivement sans doute, la clope au bec, je me penche sur lui et lui attrape le poignet pour lever son bras à hauteur de mon visage.
- C'est quoi tes tatouages ? Ils sont supers cools. J'aurais kiffé avoir des tatouages. Mais la fin du monde est arrivée trop vite, donc j'en ai pas. Mais les tiens sont cools. T'en as d'autres ?
On a fait plus fin comme approche, je conçois. Mais ça reste encore assez détaché pour pouvoir tâter le terrain sans me prendre la raclée de ma vie.
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