Zola était d'une humeur massacrante.. Enfin, encore plus massacrante qu'en temps normal. Quelques mots secs et qui ne donnaient pas envie de la contrarier, c'est à peu près tout ce qu'on avait pu lui soutirer. Pas de bol pour l'ambiance, j'étais pas vraiment à même de faire la discussion, en bon associable notoire.
Isha fut désigné volontaire pour jouer le chauffeur de bus et je ne m'en plaignis pas, après tout ça me laissait tout le temps de me perdre dans mes pensées sans ouvrir la bouche, alors que lui restait concentré sur la route cahoteuse et sur les morts qu'il esquivait au mieux. Parce qu'il ne fallait jamais sous-estimer les dégâts d'un corps qui percute l'avant d'une voiture. Au début de l'invasion, j'avais écrasé un rôdeur qui devait approcher les 150 kilos, ben il m'avait foutu en l'air le radiateur de la bagnole. Mauvais souvenir. Surtout que la tête n'avait pas été touchée, donc il avait continué à vouloir me bouffer, rampant sur ses membres en miette.
Bref.

Arrivé devant le grand bâtiment, je m'était tellement perdu loin dans mes pensées que je m'étais assoupi, et c'est donc avec la tête dans le cul que je m'extirpai du camion. Un coup d'œil vers le conservatoire me confirme ce que j'espérais, les lieux sont visiblement inhabités et laissés à l'abandon depuis belle lurette.
La rue, elle, n'était malheureusement pas déserte, et rapidement, chacun trouva ses marques pour se rendre utile sans qu'on ne se marche sur les pieds. Deux rôdeurs avançaient côte à côte, un mec dans une salopette et un petit badge nous apprenant qu'il s'appelait Bob, et un vieux style trappeur, avec le bonnet en raton-laveur sur la tête. Je dégainai ma batte et me précipitai vers eux. L'arme s'abattit lourdement sur la tempe du premier, qui dans un craquement d'os broyé, s'effondra pendant que j'esquivais le second d'un mouvement agile qui m'étonna moi-même. Le pauvre n'ayant pas inventé l'eau chaude, il ne sembla pas comprendre comment je venais de me retrouver dans son dos. Je ne lui laissai pas le temps d'y réfléchir et un second coup de batte l'envoya au sol, où je l'achevai d'un coup de talon entre les deux yeux. Splotch. Berk.

Une autre silhouette attira mon regard, bien vivante cette fois. J'esquissai un vague sourire et saluai Corray de la main, lui faisant signe d'approcher pendant qu'on s'occupait du dernier rôdeur.

- Salut mec. Content que t'aies pu venir.

Spoiler:

Je récupère la main tendue de Curtis, lâchant un « groumpf » quand il m’aide à me relever, et s’enquit de mon état. Je vérifie juste au cas où en faisant le tour de moi-même, avant de relever la tête vers le jeune homme, un sourire contrit sur le visage : « -A part mon égo froissé, rien à déclarer ! » Enfin ça, et le genou qui lance sacrément aussi, je ne peux le nier. Je prends donc le temps de plier et déplier ma jambe quelques secondes pour la soulager, en vain tout en essayant d’avancer dignement vers les autres, n’oubliant pas mes découvertes d’il y a quelques secondes. Mais…c’est moi où on est subitement un de plus qu’à l’arrivée ?! Je laisse un regard traîner sur le nouveau venu, venant poser ma main sur la crosse de mon arme à feu, avant de voir Chris lui adresser un signe qui indique qu’il avait l’air de le connaître, ce qui en soit, était largement suffisamment pour moi.

D’un coup d’œil je regarde tout autour de nous les cadavres de rôdeurs qui jonchent le sol, Isha venant de s’occuper de la dernière charogne, avant de nous rejoindre, nous dépassant même pour aller vers la porte d’entrée de la bâtisse, et de mon côté, je relève instinctivement mon regard vers les étages, prête à faire part de mes découvertes. « -J’ai vu bouger à l’intérieur, et… » Et rien du tout. Isha vient de tomber dans un trou, et on se précipite déjà, avant de se figer quand, au même moment, une voix retentit depuis l’intérieur du bâtiment, et je retiens un « je vous l’avais bien dit ! » qui me brûle les lèvres, au moment où deux petits points rouge se posent sur Curtis et Leonard, et que les revendications sont lâchées. Qu’on dépose nos armes, et qu’on se barre en laissant le camion ? Ah ouais, rien que ça…Je plisse les yeux, essaye de tendre le cou pour voir d’où vient la menace, et les tireurs potentiels, même si ce machin-là, ce laser, me fait plutôt penser à un truc de gosses, les petits bidules qui rendent dingues les chats. Et j’y crois d’ailleurs tellement que je viens me placer devant celui qui menace Curtis, le point rouge se posant désormais sur ma poitrine à moi. « -On va déjà commencer par sortir notre ami du trou que vous avez fait, si vous voulez bien. » Je leur indique d’un signe de tête Isha et ses potes qui ont l’air de vouloir grignoter, certaine qu’on épie nos faits et gestes, et que de toutes façons, ils doivent bien le voir agrippé au bord. « -On s’avance, ne tirez pas. » Et je laisse à d’autres, plus costauds que moi, le soin d’aller récupérer Isha de son trou.

De mon côté, je lève un peu les mains dans un geste qui se veut inoffensif, voire coopératif, avant de parcourir les fenêtres du regard, déglutissant légèrement. On est carrément à découvert, et s’ils sont effectivement armés, ils ne feront qu’une bouchée de nous, avant qu’on ai réussi à se mettre à l’abri. Mais en même temps…ces lasers de foire…la voix peu assurée…ces revendications en catimini, comme si rien n’était préparé…ouais, je pense qu’ils bluffent. « -Vous n’avez pas besoin d’avoir peur de nous. Si ça peut vous rassurer, on est pas là pour prendre votre lieu de vie, vos armes, ou vos vivres. Nous ne sommes pas hostiles. On est juste un groupe de musiciens, venus chercher des instruments, pour notre groupe. » Mes mains sont toujours levées, alors que j’explique la plus ou moins vérité sur notre venue jusqu’ici. Si nous ne sommes pas tous musiciens, notre présence est pourtant pacifique au possible. « -Eux deux, ils font de la guitare, lui de la basse, moi je chante, lui aussi d’ailleurs, eux deux ils nous aident pour ce qui est trop lourd. » Il parait que plus on donne de détails, plus ça embrouille les gens, et des détails, je peux en donner pleins s’ils en veulent, montrant tantôt l’un, tantôt l’autre de l’index au milieu de mes bobards. « -On a fait le tour des magasins de la ville, mais tout est abîmé, par l’humidité, ou le passage d’autres survivants. On s’est dit que le conservatoire restait une bonne option. On veut que ça, des instruments de musique. Juste ça. » Ouais, je l’ai déjà dit, je sais. Mais je le répète, juste au cas-où.

Spoiler:

Zola me rassure sur sont état alors je lui fais confiance. Elle doit savoir ce qu'elle dit et si elle ne souffre pas trop ce n'est pas à moi d'abuser en la forçant à se préserver. J'ai le temps de tourner la tête vers Chris quand il insiste sur le nom de Corray et subitement ça fait tilt dans ma tête. Mais oui je le connais, je me souviens très bien même et le gars a un talent fou, une voix qu'on n'oublie pas. Merde alors, je n'aurais jamais pensé croiser une rock star ici. Si bien que mon cerveau n'a même pas voulu faire le lien, mais maintenant ça me paraît juste évident. Je hoche la tête en lui souriant et en levant un pouce en l'air. Je n'ai pourtant pas le temps de m'égarer d'avantage qu'un pointeur rouge se pose sur moi. Le cœur s'accélère, le sang ne fait qu'un tour. Merde. Et la tout se passe si vite. Isha qui tombe, la voix qui retentit et surtout Zola qui vient se placer devant moi. Non ce n'est pas possible, il est exclus qu'elle envisage de prendre les risques à ma place. Ma main se pose délicatement sur son épaule et je me place à côté d'elle. Le point rouge ne reviens pas pour autant sur moi et je serre les dents à m'en péter la mâchoire.

Ok ça ne sent pas bon du tout vu ce qui est annoncé. Zola tente de parlementer et je me contente de hocher la tête à côté d'elle quand elle explique le but de notre venue. Corray et Chris viennent en aide à Isha et pendant tout le temps de la manœuvre il me semble presque que je retiens ma respiration. Prêt a m'emparer de mon flingue a tout instant pour les couvrir si les coups de feu devaient retentir. Ma main part libre derrière moi et se pose fermement autour du poignet de Dany. Pas de coup de feu pour le moment. Isha est sortis de là sain et sauf, mais les pointeurs rouges sont maintenant sur Chris et Corray. Je tente de respirer calmement. Il doit bien y avoir un moyen de se mettre d'accord, il est exclu qu'on parte en courant en laissant nos affaires et la voiture derrière nous.

Je n'ai rien à ajouter, les autres en on dis bien assez. Je me contente simplement de faire maintenant quelques pas sur le côté. Je tente de me rapprocher de la cabane pour briser l'angle de vue qu'ils ont sur moi. J'avance doucement, on est nombreux et leur attention semble pour le moment focalisée sur les autres. Si j'arrive à disparaître de leur champ de vision, il est peut-être possible de contourner directement le bâtiment, de tenter d'y entrer par l'arrière et qui sait de les prendre par surprise. Cela reste une alternative si les tentatives de persuasion viennent à échouer.