Pourquoi, mais sérieusement, pourquoi rien ne se passe jamais sans complications ?! Même pour des putains d’instruments de musique. On aurait pu s’attendre à ce que tout se passe bien, à ce qu’on trouve tranquillement ce qu’on cherche, sans rencontrer la moindre emmerde, la moindre embûche, mais...non. Ça aurait sans doute été trop beau, pas vrai ? On parle pas de bouffe, de médocs, de capotes...juste de simples instruments de musique. Et voilà que des pointeurs lasers se vrillent sur certains d’entre nous, qu’Isha manque de se faire câliner par des rôdeurs un peu trop affectueux, et que des voix retentissent pour lancer quelques exigences. Quel bordel !

Pour tempérer nos agresseurs, je tente d’expliquer la raison de notre présence, le fait qu’on soit tout sauf une menace, enfin...qu’on soit pas venus casser des bouches en tout cas, et qu’on veut juste des instruments. J’invente même une carrière musicale à certains d’entre nous, moi la première, en espérant les convaincre, alors que Corray et Chris vont jusqu’au combattant de la Cage pour le tirer du trou dans lequel il s’est fourré. Bon...on est encore tous entiers, et personne n’est mort...pour l’instant. Je vois Curtis bouger légèrement, subtilement, et si j’ignore ce qu’il fait, je continue à raconter mes blabla pour garder l’attention des survivants hostiles sur moi.

Pendant quelques instants, on entend plus grand-chose, et je lance des regards à mes comparses, sourcils haussés, d’un air de dire que je ne comprends pas plus ce qui se passe qu’eux, ni même dans quelle merde on s’est fourrés. Puis les voix retentissent de nouveau, alors que je fronce les sourcils, sans même chercher à me cacher. Ils sont en train de se prendre le chou, en plein milieu de tentatives de négociations ? Mais...bordel c’est...ce sont…des putains de gosses ?! A en croire leurs revendications à la con, et notamment les magazines playboy ou mes boobs, ouais, ça fait aucun doute qu’on est face à une armée d’ados qui a chaud au cul, et la nouille qui les démange. La pouf a bien envie de leur répondre de se la foutre derrière l’oreille, mais les mots meurent sur mes lèvres quand Chris vient se placer derrière moi, mains sur mes hanches.

Le geste me surprend tellement que j’en perds mes mots, littéralement, encore davantage quand je sens ses mains remonter sur mon ventre, et s’arrêter juste sous ma poitrine, alors qu’il parle d’une contre-proposition, allant jusqu’à appeler ces blaireaux “messieurs”, proposant que mes petits doigts magiques s’occupent de leur faire voir de jolies étoiles. Une chance, je connais suffisamment Chris pour savoir que son comportement et ses mots même, cette façon qu’il a de proposer mon corps à ces petits cons cache sans doute quelque chose, et qu’il ne m’offrirait jamais en pâture à qui que ce soit. Je ne tarde d’ailleurs pas à en avoir la confirmation, me retenant de jeter un coup d'œil à Curtis quand il évoque sa situation, et la cabane à rôdeurs. “-Bordel…” Je grommelle entre mes dents, serre la mâchoire, avant de hocher à peine la tête à l’attention de mon petit frère, pour lui dire que j’ai bien compris, mieux encore, que je vais aller dans son sens.

Je prends une inspiration, et pose ce que j’espère être le sourire le plus éblouissant du monde sur mes lèvres, alors que dans ma tête je rêve déjà d’émasculer ces ados, et de leur accrocher le petit asticot autour du cou, et lève la tête vers les fenêtres d’où proviennent les voix...enfin, de ce que j’en ai déduis, à quelques carreaux près. “-Faites-moi entrer, et je peux vous promettre que vous le regretterez pas. Vous avez déjà entendu parler du motel du No Man’s Land, où travaillent les prostituées ? J’y bossais...avant. Mais certaines choses sont comme le vélo, elles ne s’oublient pas…” Je lance un sourire en coin, sans même savoir s’ils peuvent le voir de là où ils sont, avant de poursuivre. “-L’un d’entre vous pourra même me fouiller avant que j’entre pour vérifier que je ne porte pas d’arme sur moi…” Mon naturel un peu trop sauvage me fait me taire juste à temps pour que j’évite de demander lequel de ces blaireaux a envie de tremper sa spaghetti aujourd’hui, mais je muselle ma délicatesse habituelle, pour éviter de vexer ces prépubères à la con, et éviter le moindre bain de sang.

Je pense que je suis parvenu à passer inaperçu. Les autres font diversion puis moi j'ai réussi à placer dans un angle où je parviens à me faire discret pour que ceux dans le bâtiment ne me voient pas. Je m'approche de la cabane pour voir de quoi il en retourne et j'entends les paroles de Chris. Je suis partagé entre l'envie de rire parce que je sais bien qu'il déconne et l'idée de me demander si ce n'est pas un jeu dangereux que de leur offrir Zola en pâture. Oh la brune sait se défendre j'en doute pas, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter un peu de la voir partir toute seule si les cons à l'intérieur acceptent de la faire rentrer. Pour le moment la diversion semble fonctionner, à croire que les gamins pensent avec leurs hormones avant tout. Zola leur répond et se vend quasiment à eux. Ok ,ok. Plus de temps à perdre.

En m'approchant de la cabane, je constate que putain ça grouille à l'intérieur et que c'est évident qu'ils y ont enfermé des crevards et qu'ils sont prêts à les lâcher sur nous à tout moment. Une foule d'idées me passent par la tête, mais je ne sais pas laquelle est la plus réaliste à mettre en pratique. Barricader la porte ? Ils vont m'entendre, je n'aurai pas le temps de le faire. Foutre le feu à la cabane ? Pas certain que ce soit le plus judicieux. On va se retrouver avec des rôdeurs torche au cul. Je scrute un peu mieux et mon regard se pose sur le mécanisme d'ouverture.

Mon regard retrace le trajet de la corde jusqu'aux étages. Ok il faut la couper cette putain de corde, mais je n'ai rien sur moi qui puisse faire l'affaire. Fuck. J'enroule la corde d'un tour autour de mon bras. S'il leur venait l'idée de tirer, je pourrais au moins tenter de faire barrière sur la pression de la corde. Je me tourne vers les autres, toujours caché par la cabane et je leur fais signe qu'il faudrait couper la corde. Espérant que l'un deux puisse intervenir avec un couteau ou autre objet tranchant.

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