Joséphine laissa son regard traîner tout autour d’elle, ne se sentant pas particulièrement menacée, mais restant sur ses gardes malgré tout. Les excès de prudence étaient sans doute ce qui faisait encore la différence entre les survivants encore en vie, et les autres. Le petit rire de Lily accapara cependant son attention, alors que l’hispanique tournait un regard un brin surpris vers elle, remarquant bien vite la bouteille entre ses doigts. “-Ah...j’en connais un qui adorerait partager cette bouteille avec toi…” dit-elle l’air de rien, détournant le regard sans se départir de son léger sourire, Caleb lui ayant raconté le début de leur idylle naissante. Finalement, elles s'engagèrent dans la réserve, un peu rebutées par les traces de sang, mais pas suffisamment pour renoncer à leurs projets.

Blonde et brune investirent donc le dépôt, Joey tournant son regard vers Lily lorsque celle-ci parla des palettes, alors que la pompier hochait la tête, pour lui signifier qu’elle avait bien compris, et ferait attention. Imitant les gestes de sa comparse, la jeune femme se pencha pour aviser ici ou là, se haussant sur la pointe des pieds à d’autres moments, sortant son couteau lorsque nécessaire pour découvrir ce qui se cachait sous les films protecteurs des palettes. Un soupir blasé quitta cependant ses lèvres quand elle tomba sur des tas de paquets de farine, tous moisis, et dégageant une forte odeur qui lui fit plisser le nez d’écoeurement. La cavalière annonça à cet instant aller voir un peu plus loin, alors que l’hispanique hochait une nouvelle fois la tête, et lâchait : “-Sois prudente !” accompagné d’un clin d'œil complice. Elle n’imaginait pas Lily prendre des risques inutiles, mais Joey n’avait pas pu s’empêcher de lui glisser ces quelques mots, comme une preuve de son attachement, une volonté de voir la blonde rentrer entière à Nisqually.

Laissant donc son acolyte s’éloigner, Joséphine persista encore un peu dans son coin, ne pouvant se résoudre à rentrer les mains vides, se figeant quand elle entendit soudainement un petit bruit, une sorte de grattement, qui la poussa aussitôt à poser la main sur son couteau. Prudente, le coeur battant un peu plus vite, elle s’avança vers la source du son...avant de relâcher un peu brusquement ses épaules crispées de tension en voyant qu’une famille de rats était occupée à grignoter elle ne savait quoi, absolument pas gênée ou effrayée par la présence de la pompier, qui rangea son couteau en se moquant d’elle-même. Ce petit détour lui permit néanmoins de mettre la main sur deux bouteilles d’huile d’olive, qu’elle fourra dans l’un des sacs, puis de tomber sur le rayon sport, où elle dégota un ballon de basket neuf, des plus petites balles, idéales pour les minimoy, et des balles de tennis que Bandit et d’autres chiens du camp se feraient un plaisir de machouiller. Il faudrait juste trouver une pompe, et ce serait parfait.

Des sons de plus en plus vifs en provenance de l’endroit où se trouvait Lily attirèrent l’attention de Joey, qui finit par aller rejoindre la jeune femme, ne pouvant s’empêcher de sourire aussitôt. “-Wow...l’enthousiasme dont tu fais preuve pour trouver ces décos est exemplaire !” dit-elle en rigolant doucement, avisant les dégâts faits par la jeune femme, mais pour une très bonne cause. Se posant donc dans l’encadrement de la porte inexistante, Joséphine regarda faire la jeune femme, ne voulant pas lui gâcher son plaisir et l’excitation qu’elle devinait sur ses traits. D’ailleurs, quand une boîte fit les frais de Lily, une flopée de guirlandes se répandit par terre, alors que Joey quittait son poste avec entrain : “-Yeah ! T’as trouvé !!” dit-elle d’un ton ravi, tout en se dirigeant vers la jeune femme avec un large sourire sur le visage, arrivant vers elle sac grand ouvert pour que la survivante puisse y glisser ses trouvailles.

La bonne humeur et la joie pure qui s’exprimaient sur le visage de Lily faisaient plaisir à voir, et faisaient naître sur les traits de Joséphine un large sourire, allant d’une oreille à l’autre. Elle offrit son sac à la jeune femme, qui y glissa toutes les décorations sur lesquelles elle parvenait à mettre la main, lui en tendant rapidement un autre quand la cavalière vint à bout de la capacité du premier. Aux boules décoratives, elle vint ajouter des guirlandes qui égayeraient sans aucun doute le camp à l’approche des fêtes de fin d’année. La jolie blonde avait d’ailleurs tant d'enthousiasme, et était si excitée qu’elle lui faisait penser à un enfant au matin de Noël, face aux cadeaux amassés sous le sapin de Noël, à côté d’un verre de lait à moitié vide, et de gâteaux dont certains étaient croqués.

Voyant à quel point toutes ces découvertes faisaient plaisir à la survivante, Joséphine se contenta de tenir les sacs qui servaient à Lily à ranger tous les trésors qu’elle trouvait, et qui feraient assurément plaisir aux enfants de Nisqually. “-Tu vas faire beaucoup d’heureux avec tout ça, Mère Noël…” souffla la pompier d’un ton amusé, alors que la blonde fourrait les legos trouvés dans un autre sac à dos. Assurément, les petits bambins du Fort seraient bien contents avec tout ça. Elle se demandait vaguement comment les fêtes allaient se passer, au camp, mais aussi avec les siens, et Joséphine ne pouvait s’empêcher de ressentir une petite pointe d’angoisse en pensant à une quelconque fête derrière les barricades de The Haven. Et pour cause, la dernière soirée de ce genre à laquelle elle avait participé avait viré au drame, puisqu’encore à Détroit, Thanksgiving s’était transformé en massacre quand une horde avait débarqué dans le camp, semant la mort sur son passage.

Lorsqu’elles eurent terminé d’éventrer tous les cartons de cette partie de la réserve, pour en découvrir chaque secret, et chaque ressource, il ne restait plus rien rappelant Noël dans la pièce, puisqu’elles avaient tout fourré dans leurs sacs, désormais pleins à craquer. Les deux comparses trouvèrent également des bougies, rouges, vertes ou dorées pour la plupart, et les prirent également, tandis qu’elles vinrent alourdir leurs sacs déjà bien chargés. “-Hé bah...on a pas chômé...enfin, surtout toi. Mais ton enthousiasme faisait tellement plaisir à voir !” souffla l’hispanique dans un sourire amusé, tout en portant son regard autour d’elle, pour s’assurer qu’il ne restait rien ici ou là, sur lequel elles puissent mettre la main. “-Bon...hé bien je crois qu’on a fini ici ! Et en même temps...les sacs n’en supporteraient pas davantage !” ajouta la brune, dans un léger sourire trahissant sa décontraction, sa bonne humeur. Blonde et brune pouvaient donc quitter la réserve, qui leur avait livré de quoi joliment décorer leur camp.

Les étoiles qui brillaient dans le regard de Lily dessinèrent un léger sourire sur les lèvres de Joséphine, qui trouvait ça adorable de pouvoir encore s’émerveiller de petits riens. Et là, sans trop connaître la blondinette, la pompier pouvait deviner à quel point leurs petites trouvailles la mettait de bonne humeur, et dans une joie non feinte. Finalement, les deux acolytes d’un jour récupèrent leur butin, et quittèrent la réserve, avant que la pompier ne lâche un vague “hm ?” quand Lily annonça qu’elle avait quelque chose à lui demander. Joey sonda de son regard sombre celle qui était son opposée, blonde aux yeux bleus quand elle était brune aux yeux bruns, remarquant ce qui ressemblait à une pointe de gêne sur le visage, qui lui fit froncer doucement les sourcils. Et la question qui trouva finalement le chemin des lèvres de la jolie Lily étira un léger sourire sur les traits de Joséphine. “-Lui-même.” répondit-elle simplement pour confirmer qu’elle parlait du canadien, en hochant doucement la tête.

Tandis qu’elles poursuivaient, l’hispanique ne put s’empêcher de tourner un regard en biais vers la demoiselle, qui s’intéressait à ce que Caleb avait pu dire à son sujet, une question qui la fit sourire davantage, avant que son sourire se crispe, malgré elle. “-Hé bien...il m’a dit que tu avait été là au bon moment pour l’empêcher de faire une grosse bêtise. Et pour ça, je t’en suis infiniment reconnaissante...encore plus que ça, même. Je m’en veux de pas avoir vu qu’il allait si mal…heureusement que tu as été là.” avoua-t-elle, détournant le regard quelques secondes, tout en pinçant ses lèvres l’une contre l’autre. La culpabilité n’avait pas disparu, et risquait d’alourdir ses épaules encore un bon moment. “-Il m’a juste dit que tu avais su trouver les mots pour apaiser sa douleur, et qu’en dépit de la situation, il avait apprécié ce moment que vous aviez passé ensemble. Ca lui a fait du bien, enfin...ta présence, je veux dire.” ajouta-t-elle en haussant les épaules, gardant pour elle le fait que Caleb lui avait avoué être en train de tomber amoureux de la blondinette. Il n’appartenait qu’à lui d’en faire part à l’élue de son cœur, quand il jugerait le moment opportun. Joséphine tut aussi qu’ils avaient parlé d’organiser pour les jeunes gens un dîner aux chandelles, de lui trouver un cadeau de Noël, elle ne dévoila rien de plus que ces quelques mots, qui en disaient pourtant déjà beaucoup. “-C’est un homme génial, Cal. Attentionné, doux, vraiment bon. Il mérite de retrouver le bonheur. J’imagine qu’on le mérite tous.” ajouta-t-elle dans un léger sourire, alors qu’elles retrouvaient les portes d’entrée du magasin.

Tout comme sa comparse, Joséphine vint plaquer son nez contre les vitres pour observer au-dehors, du moins aussi bien qu’elle le put, avisant les quelques rôdeurs qui traînaient encore là. “-On a fini ici, alors autant y aller ensemble, et ne prendre aucun risque.” répondit fermement aussitôt la pompier, arrangeant les sacs sur ses épaules, avant de se positionner devant la porte. L’hispanique lança un coup d'œil à sa comparse, une silencieuse demande pour savoir si elle était prête, puis elles retrouvèrent le bitume usé, crevassé, jonché de détritus, et les râles lointains des charognes du coin. Leurs pas les menèrent tout droit dans la boutique dans laquelle elles avaient laissé les chevaux, qui n’avaient pas bougé, et fait aucun dégât, aucun bruit susceptible d’attirer le moindre danger, humain ou mort. “-Là, là...Braves petits…” dit-elle, tapotant doucement la tête de l’un des canassons, tout en restant à une distance plus que respectable de l’animal. Ne pas prendre de risques inutiles, jamais, même s’il s’agissait juste d’une brave bestiole à quatre pattes qui ne demandait rien d’autre qu’un peu d’attention.